La 25e conférence sur le climat des Nations-Unies, la COP25, aura finalement lieu à Madrid, en Espagne. Elle se tiendra aux dates prévues initialement, du 2 au 13 décembre, mais sous présidence chilienne. Confronté à une grave crise sociale, le pays a dû renoncer à accueillir l’événement. Quels sont les impacts de ce changement de dernière minute dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris ?
C’est finalement à Madrid que se tiendra la prochaine COP climat, la 25e conférence des parties à la convention des Nations Unies sur le changement climatique, du 2 au 13 décembre. Cette COP 25 aura été celle des défections, car après le Brésil qui devait l’accueillir, le Chili a dû à son tour y renoncer, à seulement quelques semaines de son ouverture. Une première dans l’histoire des COP qui ne s’étaient jamais trouvées sans pays hôte.
Depuis trois semaines, le pays est en proie à de violents affrontements entre policiers et manifestants. Ces derniers dénoncent la hausse de 3 % du prix des tickets et les inégalités sociales qui traversent le pays. Les heurts ont déjà causé la mort de 20 personnes et fait plus de 1 300 blessés, selon l'Institut national des droits. Malgré un changement de gouvernement et des premières mesures pour tenter d'apaiser la situation, la mobilisation reste forte. Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’annuler la COP25 ainsi que le sommet du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec). "Nous ressentons et regrettons profondément les problèmes et les inconvénients que cette décision signifiera pour les deux sommets", a déclaré le président chilien Sebastian Piñera, mercredi 30 octobre.
L’annonce du Chili a créé un petit vent de panique à travers la planète, forçant la Ccnucc (Convention cadre des Nations Unies pour le climat), à "chercher d’autres options d’accueil de la COP 25". Annulation ou report ? Le suspens aura finalement été de courte durée. Dès le lendemain, le gouvernement espagnol proposait d'organiser la conférence dans sa capitale à Madrid, "vu le court délai disponible et l'importance de garantir que la COP25 se tienne normalement", a expliqué Pedro Sanchez, le président du gouvernement. Cette décision a été saluée par la secrétaire exécutive de la Ccnucc, Patricia Espinosa, qui y voit un signe "encourageant de voir des pays travailler ensemble [...] pour faire face au changement climatique qui est le plus grand défi auquel sont confrontées les générations présentes et futures".
L’Espagne ne fait qu’"accueillir" l’événement, et c’est le Chili qui en prend la présidence, comme prévu. Celle-ci sera effective à compter du 2 décembre, au moment de l’ouverture de la COP 25 et jusqu’à l’ouverture de la COP 26 de Glasgow en 2020 où le Royaume-Uni prendra le relais. Cette conférence doit permettre de finaliser les règles d’application de l’accord de Paris. La présidence chilienne souhaite aussi faire de cette COP une "COP bleue" mettant l’accent sur le rôle de l’océan dans la lutte contre le changement climatique. Ce n'est pas la première fois qu'une présidence de COP est délocalisée. En 2017, la COP2 se tenait à Bonn mais était sous présidence des Îles Fidji.
Cette COP est surtout technique mais elle est essentielle pour préparer la relève des engagements climatiques de chaque pays, à l'heure où les États-Unis officialisent leur sortie de l'Accord de Paris. La communauté internationale s’est déjà réunie en septembre dernier à New York, au siège des Nations-Unies, pour un sommet spécial sur l'action climatique. La COP 25 doit permettre de poursuivre cette dynamique jusqu’en 2020. Car c’est en 2020 que la relève doit être actée, cinq ans après la COP 21 de Paris. Un premier moment de vérité qui nous permettra de savoir sur quelle trajectoire de réchauffement nous nous situons. Actuellement, les contributions climatiques nationales nous mènent à un réchauffement de plus de 3°C.
Outre l’immense défi logistique qui se pose à l’Espagne - préparer en un mois l’arrivée de quelque 25 000 délégués -, les ONG craignent des déséquilibres politiques au sein des négociations. L'ONG internationale Action Aid souligne ainsi que la relocalisation de la COP "présente de réels obstacles à la participation de pays du sud et de la société civile", évoquant notamment des questions de visas et de coûts. Ce qui pourrait selon elle "avoir des conséquences réelles et durables pour les populations vulnérables".
Exemple symbolique avec l’appel lancé par Greta Thunberg depuis les États-Unis sur Twitter. La jeune militante suédoise, qui refuse de prendre l'avion, cherche un bateau pour traverser l'Atlantique dans l’autre sens... "Si quelqu'un pouvait me trouver un moyen de transport, je serais extrêmement reconnaissante" a-t-elle écrit.
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