Entouré des principaux pays producteurs de minerais en Afrique, le Bénin compte développer à son tour le secteur minier. Une cartographie de ses ressources minérales laisse entrevoir le potentiel du pays, aujourd'hui doté d'une stratégie d'amélioration de son attractivité auprès des investisseurs.
Au cours des trois dernières années, le Bénin n'a cessé de mobiliser les différents acteurs du secteur des industries extractives autour des richesses de son sous-sol pour attirer les investisseurs. Le pays d'Afrique occidentale qui a organisé sa première édition du Salon international des mines, des carrières et du pétrole (SEMICA) en juillet 2018, veut faire connaitre son potentiel en hydrocarbures et surtout minier, exploité essentiellement par des producteurs artisanaux. Une stratégie qui commence à porter.
« Le Bénin a plus d'une dizaine de dossiers en attente d'un permis d'exploration notamment dans l'or. Nous réalisons actuellement une étude poussée pour apprécier les capacités techniques et financières de ces entreprises avant d'attribuer des titres miniers », confie à La Tribune Afrique Amadou Nomédine, directeur des recherches géologiques et minières du Bénin.
Coincé entre le Togo, le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria, le Bénin absent de la liste des pays africains miniers, est entouré d'Etats riches en pétrole, gaz et minerais. Mais le pays dispose aussi d'importantes ressources minérales, rétorque le ministère des Mines béninois, cartes à l'appui. Il s'agit principalement de l'or, des matériaux de construction, du fer, des phosphates, de l'étain, du Lithium, de l'uranium, mais également des indices de nickel, du rutile, de zircon et de diamant considérés comme de sérieuses cibles de recherches minières pour le pays.
Dans l'or, des travaux de recherches géologiques et minières réalisés au Bénin ont mis en évidence les zones aurifères d'Atacora et d'Alibori au nord du pays et surtout des réserves dans la région centrale. « L'or est aujourd'hui exploité de façon artisanale en dehors de quelques exploitations semi-industrielles », note Amadou Nomédine. L'autre grande richesse minière du pays reste ses ressources en matériaux de construction, à savoir le calcaire, le marbre, le kaolin, le sable siliceux, l'argile, les graviers et les pierres ornementales. Des gisements de fer d'une teneur de 46% et 52% ont été identifiés à Loumbou-Loumbou (266 millions de tonnes) au nord et à Madécali (240 millions de tonnes) dans le nord-est. Toujours dans le nord-est et ouest du pays, et vers la région sud côtière, le Bénin dispose des gisements de phosphates. Celui à la frontière nigérienne aune teneur moyenne de 25% et s'élève à 5 millions de tonnes selon les estimations de l'époque. Des estimations vielles de plus de 20 qui selon les officiels Béninois ne reflètent pas la réalité des réserves du pays.
« Les données existantes sur les réserves datent parfois de 20 à 30 ans et ne reflètent pas toujours le potentiel minier du pays. Rien que les quantités récoltées dans l'exploitation artisanale dépassent les estimations de l'époque », précise le Directeur des recherches géologiques et minières du pays.
Les données préliminaires du ministère des mines et de ses partenaires font état de la présence d'autres minerais, notamment dans les régions médianes où se sont développées des exploitations clandestines et artisanales de pyrite, de corindon, mais aussi des variétés de tourmaline, exploitées par les populations locales ou des mineurs de pays voisins, notamment du Nigéria.
Pour le Bénin, les quantités de minerais les plus importantes ont été localisées dans le nord du pays loin des zones portuaires et dans une moindre mesure dans le centre. « La construction d'un réseau ferroviaire - toujours à l'étude- serait la meilleure option pour exploiter ces gisements », analyse Nomédine. Ce qui requiert la présence d'entreprises dotées d'importants moyens financiers et des compétences avérées dans l'exploration et l'exploitation minière. Le pays à la géologie complexe a aussi besoin d'études géologiques appropriées, une contrainte supplémentaire pour les investisseurs. Le développement des industries extractives béninoises exige surtout un engagement politique et financier de l'Etat. Un volet investissement propre, jusque-là négligé par ce pays de 11 millions d'habitants, réduisant sa capacité à disposer des données récentes et des arguments à faire valoir auprès des investisseurs potentiels.
Pour attirer ces investisseurs, le Bénin qui se définit comme un terrain vierge en termes de développement minier compte actualiser son code des mines pour s'aligner sur les tendances des réformes effectuées au cours de ces dernières par les différents pays de la région. Il s'agit de la La Loi n°2006-17 portant code minier et fiscalités minières en cours de révision. « Le Bénin a déjà un code minier attractif, mais veut rester en harmonie avec la législation de la sous-région Cedeao-Uemoa », selon l'Office Béninois des recherches géologiques et minières. Le pays qui dispose aujourd'hui d'une stratégie bien ficelée devrait être en mesure de capter des investissements dans les mines à partir de 2020, grâce à une réelle volonté politique et son aptitude à attirer et à retenir des partenaires dotés de capacités avérées dans l'exploitation minière.
LatribuneAfrique