L’augmentation des concentrations des gaz à effet de serre se poursuit à un rythme sans précédent dans l’histoire du climat depuis 66 millions d’années, et les phénomènes climatiques extrêmes sont devenus la nouvelle norme. C’est ce que montrent les dernières conclusions des recherches climatologiques rassemblées dans un guide explicatif rédigé à l’intention des négociateurs, des décideurs politiques et des médias participant à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP25) de Madrid.
Le guide, intitulé 10 New Insights in Climate Science, a été présenté aujourd’hui à la COP25 par la Secrétaire exécutive de l’ONU Changements climatiques, Patricia Espinosa.
« Les bases de climatologie doivent être comprises par tous. Dans un contexte où de multiples points de vue se font concurrence, la science doit servir de langage commun. Nous approchons de plusieurs seuils d’irréversibilité, et nous devons agir de toute urgence », a dit Mme Espinosa lors de la présentation du rapport qui a servi de base pour rédiger le guide.
« Les gouvernements doivent transmettre leurs plans nationaux d’action climatique l’année prochaine. Les preuves scientifiques et les nombreux exemples d’actions mises en œuvre pour faire face au changement climatique doivent aider les pays à adopter des objectifs beaucoup plus ambitieux », a ajouté Mme Espinosa.
Selon le rapport, la planète n’est pas sur la voie de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme convenu dans le cadre de l’accord de Paris sur le changement climatique. De plus, le changement climatique est plus rapide et puissant que prévu, avec des conséquences graves pour la sécurité alimentaire.
Le rapport met en lumière les plus récents progrès effectués au cours des 12 derniers mois en matière de compréhension scientifique des moteurs, de l’incidence et de l’effet du changement climatique ainsi que des réponses apportées par la société.
Il s’agit de la troisième publication annuelle de Future Earth et de The Earth League, deux grandes organisations internationales qui représentent plusieurs réseaux de scientifiques spécialistes de la durabilité mondiale. Le document résume les dernières recherches dans les domaines des géosciences, de la politique, de la santé publique et de l’économie.
« Le principal résultat des plus récentes recherches climatologiques est que l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C est une limite planétaire que nous franchissons à nos propres risques, en mettant en péril toutes les générations futures », a indiqué le professeur Johan Rockström, directeur de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique et co-auteur du rapport.
« L’observation de la Terre montre que le réchauffement des grands systèmes à seuil d’irréversibilité a déjà atteint 1 °C et que ces systèmes se dirigent vers des changements potentiellement irréversibles, comme la fonte accélérée des glaces du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest, l’assèchement des forêts tropicales et la fonte du pergélisol de l’Arctique », a ajouté le professur Rockström.
Chacun des dix chapitres du rapport a été passé en revue par des scientifiques parmi les plus reconnus du monde afin que le document fournisse un résumé fiable, précis et impartial des derniers résultats de la recherche climatologique.
Ces informations sont publiées après la diffusion en 2019 de deux rapports majeurs du GIEC concernant l’évolution du climat sur le changement climatique et les terres (Climate Change and Land) et sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (Ocean and Cryosphere in a Changing Climate). Elles sont aussi présentées à la suite de la synthèse scientifique United in Science réalisée par les plus importantes organisations de recherches climatologiques du monde, rendue publique en septembre 2019.
Future Earth, qui a publié le rapport présenté à la COP25, est dirigé par le Conseil international des sciences (ICS), le forum Belmont des agences de financement, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Université des Nations Unies (UNU), l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le forum Science and Technology in Society (STS).
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