"Les deux visions sont très claires, entre ceux qui veulent aller plus vite et ceux qui veulent se retrancher derrière ce qui ne fonctionne pas, afin de ne pas avancer", a déclaré la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera, dont le pays a accueilli la réunion au pied levé après le désistement du Chili.

 

Dans le viseur des défenseurs du climat, évidemment les Etats-Unis, qui ont officialisé leur retrait de l'accord de Paris l'an prochain. Mais aussi des pays émergents, comme la Chine, l'Inde et le Brésil, qui ont clairement dit cette semaine qu'ils ne prévoyaient pas de réhausser leurs ambitions prochainement.

"Si mes engagements sont déjà en ligne avec l'accord de Paris, pourquoi devrais-je les réviser encore?", a lancé le négociateur indien Ravi Shankar Prasad.

Pour beaucoup d'Etats, ce n'est de toute façon que la COP26 à Glasgow en novembre 2020 qui doit répondre à cette demande d'ambition.

Alors d'ici là "tout le monde joue l'attente", a commenté Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris. Le relèvement des contributions pour Glasgow sera "une négociation politique au plus haut niveau, c'est Xi Xinping qui va décider pour la Chine, c'est Modi qui va décider pour l'Inde", a-t-elle déclaré à l'AFP.

 

Alors le texte final qui doit être adopté vendredi --ou plus tard, les COP ayant l'habitude de déborder-- pourrait juste appeler les Etats à bien présenter l'an prochain de "nouveaux" engagements. Ou au mieux, des engagements "à la hausse", selon les observateurs.

"Au fond, c'est comme si ce qui se passait dans le monde réel et dans les rues, les manifestants, n'existaient pas", a commenté Alden Mayer, observateur de longue date de ce processus. "On est dans un monde imaginaire ici".

La présence inédite à cette COP de dizaines de jeunes du monde entier, avec en guest star la personnalité de l'année du magazine Time Greta Thunberg, a plus que jamais exposé ce fossé.

"Les solutions sont juste sous nos yeux. Mais où sont les champions? Où sont les leaders? Où sont les adultes dans la salle?", a ainsi lancé la patronne de Greenpeace Jennifer Morgan, laissant éclater sa colère sous les applaudissements. "Le coeur de l'Accord de Paris bat toujours, mais à peine".