Ce sont des chiffres qui donnent l’envergure de la dramatique dégradation des sols. Entre la surexploitation des terres, l’agriculture intensive, l’artificialisation des sols et l’extension des villes… 75 % de la surface de la Terre est dégradée. À ce rythme, d’ici 30 ans, ce sont 90 % des sols qui sont menacés d’érosion.
90 % des sols pourraient se dégrader d’ici 2050
"Aujourd’hui, l’équivalent d’un terrain de football est érodé toutes les cinq secondes", rappelle l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport sur l’érosion des sols. Selon Marie Helena Semedo, directrice générale adjointe de l’organisme, "si nous n’agissons pas maintenant, plus de 90 % des sols de la surface de la terre pourraient se dégrader d’ici 2050". À l’heure actuelle, ce sont déjà 75 % des sols qui sont dégradés à différents degrés.
1 500 à 2 400 milliards de tonnes de carbone dans le sol
Les sols sont des alliés contre le changement climatique. La matière organique enfouie dans le sol partout dans le monde stocke entre 1500 et 2400 milliards de tonnes de carbone. C’est "deux à trois plus que dans l’atmosphère", note l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qui explique : "En prélevant le C02 de l’air via la photosynthèse, une plante absorbe du carbone. Lorsqu’elle perd ses feuilles, ses fleurs, ses fruits… ou qu’elle meurt, elle se décompose et restitue ce carbone sous forme de matières organiques qui sont enfouies de plus en plus profondément dans le sol au fil du temps".
Entre 200 et 1 000 ans pour former 1 cm de sol
C’est difficile à imaginer et pourtant… il faut entre 200 et plusieurs milliers d’années pour former seulement un centimètre de sol ! À l’échelle humaine, les terres fertiles sont des ressources fragiles et non renouvelables dont la dégradation est quasi irréversible. Ces sols abritent une très grande diversité d’organismes, filtrent l’eau, contrôlent l’alimentation des nappes souterraines… "C’est le milieu le plus riche de notre environnement", résume aux Échos le microbiologiste Claude Bourguignon, fondateur du Laboratoire d’analyse des sols. Les experts estiment à 10 milliards le nombre de micro-organismes par gramme de sol.
Une baisse des rendements de culture de 50 %
95 % des aliments que nous mangeons proviennent des sols. L'érosion des sols et la dégradation des terres constituent une menace majeure pour la sécurité alimentaire mondiale. "En diminuant les éléments nutritifs disponibles pour les plantes ainsi que l’espace dont elles disposent pour s’enraciner, l’érosion peut réduire le rendement des cultures jusqu’à 50 %", note la FAO, "De plus les cultures qui poussent ont tendance à être de moins bonne qualité : difformes, plus petites et moins nutritives".
40 milliards de dollars par an
Au niveau mondial, la baisse de fertilité et celle des rendements agricoles due à la baisse de biodiversité des sols ont un coût. Selon la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, "Cela représente un coût de 40 milliards de dollars par an aujourd’hui et ce chiffre va aller en s’aggravant rapidement". Une étude publiée en février 2018 par la Commission européenne évaluait à 1,25 milliard d’euros par an le coût de l’érosion des sols pour les agriculteurs européens. Dans la zone, l’érosion des sols touche plus de 12 millions d’hectares de terres soit 7,2 % des terres agricoles totales.