Comment le GIEC informe les décideurs et les citoyens sur le changement climatique Spécial

Écrit par  Aoû 08, 2019

e Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie cette semaine un Rapport spécial sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres.

À l´ocassion de la Conférence de Bonn sur le climat, en juin dernier, nous avons rencontré le Secrétaire du groupe, Abdalah Mokssit, qui explique le rôle important du GIEC à l'heure d'informe les décideurs et les citoyens sur les effets du changement climatique et les solutions à y apporter.

Le GIEC s’apprête à publier en août un Rapport spécial sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres. Que faut-il en attendre ?

Ce rapport va informer les décideurs politiques et les citoyens concernés par le changement climatique des dernières conclusions de la recherche.

Car en effet, le GIEC évalue la recherche mais ne fait pas de recherche. Ce rapport va renseigner sur les façons dont les changements climatiques ont affecté l’utilisation des terres, la désertification et les autres domaines cités dans le titre (du rapport) ; mais renseigner aussi sur les possibilités d’y faire face, notamment par des options de gestion proposées par le GIEC aux politiques. Bien entendu, ces derniers restent libres de choisir l’option qui leur semble la plus adaptée.

Je crois que l’attente est très importante parce que ces thématiques sont fondamentales et intéressent toutes les régions du monde.

L’approbation se fera aussi bien par les scientifiques que par les politiques au sein des États. Le résumé à l’intention des décideurs qui sera approuvé ligne par ligne, sera l’émanation de cette interface scientifique et politique. Ce rapport sera donc très utile pour ajuster ou réorienter des politiques en matière de gestion des changements climatiques.

Le GIEC va ensuite publier un rapport sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique : à quel moment ?

Effectivement, ce deuxième rapport spécial vient selon moi compléter les deux premiers rapports spéciaux (Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C et le Rapport spécial sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres). Car le changement climatique ne concerne pas uniquement les terres, mais aussi les océans et la cryosphère.

Nous avons prévu d’approuver ce rapport spécial sur le changement climatique, l’océan et la cryosphère entre le 20 et le 23 Septembre 2019 à Monte-Carlo, à Monaco, lors de la 51e session du GIEC. Le GIEC n'a pas véritablement de siège : toutes nos sessions sont accueillies soit par l'un de nos gouvernements membres, soit par une agence des Nations Unies. Monaco avec son institut océanographique a fait montre d’un grand intérêt pour la recherche océanographique. Monaco est l'un de ceux qui a proposé ce rapport spécial et a donc offert d'accueillir la plénière d'approbation.

Bien entendu, figureront dans ce rapport toutes les options que les États, les gouvernements, les décideurs, les citoyens et les secteurs pourront choisir, selon leurs régions, leurs activités… selon une approche sectorielle, car tous les secteurs ne subissent pas les changements climatiques de la même façon.

Il est prévu que ce rapport soit publié lors de la clôture de la plénière à Monaco vers 18h le 23. Pourquoi à cette date et cet horaire précis ? 18 heures à Monaco, c’est midi à New York. Or, le 23 Septembre se déroule le haut sommet qui a été initié par le secrétaire général des Nations Unies, M. Guterres. On s’attend à ce que, au cours de ce Sommet sur l’action climatique, des solutions concrètes soient apportées pour la gestion climatique dans tous les secteurs et notamment pour les océans.

Je crois que ces deux derniers rapports spéciaux vont constituer la base politique d’orientation de toutes les discussions de ce sommet de septembre à la COP 25à Santiago, au Chili, et au-delà.

Comment les citoyens s’emparent-ils de vos rapports ?

Aujourd’hui, le GIEC donne une grande importance aux jeunes et à l’égalité des sexes. Celui sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1.5 °C a été très bien compris et utilisé par les jeunes. L’introduction des travaux du GIEC dans les communautés autochtones a aussi été très important.

Je me réjouis de pouvoir dire que le cinquième rapport de 2014 a été résumé en trois phrases qui étaient les trois phrases clés pour l’Accord de Paris :

  • L'influence de l’homme sur le système climatique est évidente.
  • Plus nous perturbons notre climat, plus nous risquons des répercussions graves, omniprésentes et irréversibles.
  • Nous avons les moyens de freiner le changement climatique et de construire un avenir davantage prospère et durable.

Le rapport spécial 1.5 °C en 2018 a été résumé en quatre messages que j’ai fait tenir au dos de ma carte de visite parce que c’est exactement le type de message clé qu’un chef d’État ou un premier ministre a besoin de lire pour prendre une décision, mais que les citoyens aussi peuvent facilement comprendre !

  • Le changement climatique affecte déjà les populations, les écosystèmes et les moyens de subsistance dans le monde entier.
  • Limiter le réchauffement à 1.5 °C n’est pas impossible mais exige des transitions sans précédent dans tous les aspects de la société.
  • Il y a des avantages indéniables en limitant le réchauffement à 1.5 °C par rapport à 2 °C, voire plus. Chaque bribe de réchauffement compte.
  • Limiter le réchauffement à 1.5 °C peut aller de pair avec la réalisation d'autres objectifs mondiaux tels que le développement durable et l'éradication de la pauvreté.

Bien entendu, derrière ces quatre messages qui tiennent sur une carte de visite, il y a des milliers de pages qui émanent des travaux d’évaluation des auteurs du GIEC !

On peut dire que l’année 2019 aura été une année très chargée pour le GIEC !

Effectivement je l’ai d’ailleurs appelée « l’année à trois rapports », à trois réunions, et à beaucoup de discussions ! De fait, durant cette année, nous avons approuvé la Révision 2019 des Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre, et nous allons approuver ces deux rapport sur les terres et l’océan, à juste un mois de différence.

Avec trois plénières, c’est l’année la plus intense de toute l’histoire du GIEC qui a célébré son trentième anniversaire l’année passée. Elle appartient au sixième cycle, le plus intense de toute l’histoire du GIEC, au cours duquel nous allons produire quatre rapports habituels plus quatre rapports spéciaux, ce qui ne s’est jamais produit dans un cycle. Notre travail, intense, se base sur un effort tout autant volontaire des scientifiques que des États. Nous espérons évidemment que cycle après cycle, nous apporterons beaucoup plus d’informations pour les décideurs.

Pouvez-vous nous expliquer ce que sont ces cycles ?

Le GIEC, quand il a été créé par l’Organisation Météorologique Mondiale et par le Programme des Nations Unies pour l’environnement en 1988, avait décidé de mener les travaux par des cycles d’évaluation qui dureraient entre 5 et 7 ans.

Je peux faire un petit historique très important. Beaucoup de monde ignore que grâce au premier rapport du GIEC, qui a été publié en 1990, la mise en place de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) a été déclenchée.

Le deuxième rapport de 1995 a été le rapport clé pour le protocole de Kyoto, le moyen de rendre applicable. Le troisième rapport en 2001, a introduit la notion « d’adaptation » pour la première fois. Le quatrième rapport en 2007 a introduit la limite « d’anomalie de température à deux degrés ». C’est ce rapport qui a eu le prix Nobel qu’on partage avec le vice-président Al Gore. Le cinquième en 2014 a été ce rapport-clé qui a permis l’Accord de Paris. C’est véritablement avec ce rapport que nous avons compris que l’activité humaine était responsable du changement climatique et que ce dernier était « inéluctable ».

En quelle année se terminera le 6ème cycle et quand entamerez-vous le 7ème ?

Le sixième cycle va se terminer en 2022. Et juste avant le fameux « Global Stocktake », le Bilan global (qui intégrera les rapports du 6e cycle) proposé par la CCNUCC, nous publierons notre rapport de synthèse en avril 2022. En 2023, nous commencerons le septième cycle, et on espère que nous serons là, encore vivants, mais vous, vous le serez, ça c’est sûr !

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