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Ce décret, coup de pouce assumé aux énergies fossiles, suscite de vives interrogations sur l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis de l’accord de Paris sur le climat signé fin 2015 par plus de 190 pays, que le magnat de l’immobilier n’a à aucun moment évoqué.
Le signal envoyé par l’administration Trump au reste de la communauté internationale est clair : Washington ne déterminera pas sa politique énergétique en fonction des enjeux climatiques. Le nouveau patron de l’EPA, Scott Pruitt, qui a récemment affirmé, à rebours du consensus scientifique international, que les émissions de CO2 n’étaient pas une des causes majeures du réchauffement en cours, a estimé dimanche que Paris avait « été tout simplement un mauvais accord ».
Un éventuel retrait des Etats-Unis, qui représenterait une véritable déflagration, fait l’objet d’âpres débats au sein de l’administration. « C’est en cours de discussion », a indiqué lundi soir un responsable de l’exécutif sous couvert d’anonymat.
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a souligné, d’un tweet, que la France continuerait à se battre contre le changement climatique « avec tous les gens de bonne volonté, y compris aux Etats-Unis ».
Le président américain a mis un coup d’arrêt aux efforts de son prédécesseur en matière de lutte contre le réchauffement climatique, vantant le « magnifique charbon propre ».
Le président américain, Donald Trump, s’est attaqué frontalement, mardi 28 mars, au bilan de Barack Obama sur le climat, promettant un renouveau de l’industrie du charbon dans un discours au cours duquel il n’a pas mentionné une seule fois la question du changement climatique.
Depuis le siège de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), à quelques centaines de mètres de la Maison Blanche, le président américain a signé le « décret sur l’indépendance énergétique » qui ordonne un réexamen de la mesure phare de son prédécesseur démocrate : le « Clean Power Plan », qui impose aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de CO2.
« Mon administration met fin à la guerre contre le charbon », a lancé, entouré de mineurs, le président républicain qui a, à plusieurs reprises par le passé, mis en doute la réalité du réchauffement de la planète et le rôle des activités humaines dans ce dernier.
Le « Clean Power Plan » (projet pour une énergie propre), qui a pour but d’accélérer la transition énergétique, impose aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de CO2 de 32 % d’ici 2030 par rapport à 2005. S’il entrait en vigueur, il se traduirait par la fermeture de nombre de centrales à charbon, les plus anciennes et les plus polluantes. Il est cependant, pour l’heure, bloqué par la justice, qui avait été saisie par une trentaine d’Etats, majoritairement républicains.
Entre l’indécision américaine et la détermination chinoise à défendre l’accord de Paris, les délégations de plus de 190 pays ont tenté mardi à Bonn d’avancer dans les discussions sur l’application du pacte pour limiter le réchauffement de la planète.
La Maison Blanche a annoncé que la réunion prévue sur ce sujet mardi après-midi à Washington était reportée, sans en préciser les raisons ni annoncer une prochaine date.
Pendant sa campagne, Donald Trump a promis d' »annuler » l’accord de Paris mais depuis son élection il envoie des signaux contradictoires et son équipe est divisée sur le sujet.
L’administration américaine devrait faire connaître sa position d’ici le prochain G7 fin mai en Italie, le climat étant a priori à l’agenda de cette réunion.
Le retrait des Etats-Unis ne serait pas « insurmontable », a estimé à Bonn (ouest de l’Allemagne) Paula Caballero, experte du World resources institute, mais « cela créerait des problèmes ».
Deuxièmes émetteurs de gaz à effet de serre derrière la Chine, les Américains ont un rôle majeur à jouer dans la transition énergétique vers une économie mondiale « bas carbone », à la fois en termes de financement et d’innovation technologique et au niveau politique afin d’entraîner d’autres pays dans leur sillage.
Face aux hésitations américaines, la Chine a de nouveau affiché sa détermination à défendre l’accord de Paris, qu’elle a fortement contribué à construire avec le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama.
Selon la télévision publique chinoise, lors d’une conversation avec le président français élu Emmanuel Macron, Xi Jinping a fait part mardi de sa volonté de « défendre » avec la France « les acquis de la gouvernance mondiale, dont l’accord de Paris sur le climat ».
A Bonn, certains voyaient dans le report de la réunion à Washington un espoir que Donald Trump ne tourne pas le dos à l’accord de Paris, même s’il a déjà commencé à démanteler la politique climat de M. Obama.
Au même moment, ce dernier, qui s’exprimait lors d’une conférence à Milan, en Italie, a justement jugé que son pays et la Chine devaient « montrer l’exemple » en matière de lutte contre le changement climatique.
– Délégation réduite –
« S’il y a besoin de plus de temps pour prendre une décision, nous soutenons cela », a déclaré à l’AFP Thoriq Ibrahim, le ministre de l’Environnement des Maldives, au nom des Petits Etats insulaires.
« Au cours des derniers jours, nous avons vu la communauté internationale dire combien l’accord est important et il serait énormément profitable que la plus puissante économie travaille à le renforcer », a-t-il ajouté.
Bonn accueille chaque année au printemps des négociations sur le climat, entre deux conférences des parties (COP) annuelles. Les pourparlers ont débuté lundi et prendront fin le 18 mai.
La communauté internationale s’est engagée en décembre 2015 à Paris à agir pour limiter la hausse de la température moyenne « bien en deçà de +2°C », un seuil déjà synonyme de bouleversements à grande échelle, et « si possible à +1,5°C » par rapport à l’ère industrielle.
Les engagements actuels conduisant à une hausse de 3°C du thermomètre mondial, l’accord prévoit que les pays renforcent peu à peu leur action mais aucun partage des efforts n’a été décidé à Paris.
La forme que pourrait prendre un premier bilan sur une base volontaire en 2018 fait partie des discussions.
Les règles de transparence sur les politiques climat des pays et la comptabilité des financements climat sont aussi au cœur des discussions sur le « manuel » de l’accord de Paris.
A Bonn, les Etats-Unis sont présents mais leur délégation compte moins de dix personnes contre plus d’une quarantaine habituellement.
Une source au département d’Etat a indiqué à l’AFP que les Etats-Unis voulaient « s’assurer que des décisions ne porteraient pas préjudice » à leur politique, à la compétitivité de leurs entreprises, et plus généralement à leur croissance économique.
Toute idée de renégociation du texte, fruit de plusieurs années d’âpres discussions, a été fermement rejetée lundi après-midi lors des prises de parole des pays en séance plénière.
Par Céline Serrat avec la voix du Nord
Du 24 avril au 05 mai 2017 s’est tenue à Genève, une conférence internationale des parties des trois Conventions des Nations Unies pour l’environnement, Bâle, Rotterdam etStockholm (B.R.S.). Au total plus de 180 pays avec plus de 1600 représentants de différents secteurs tels que les gouvernements, les observateurs, les scientifiques, les industries et la société civile ont pris part à ce grand rendez-vous mondial.
Dénommé la COP triple 2017 sous le thème «Un futur désintoxiqué: gestion rationnelle des produits chimiques et des déchets», cette conférence visait à renforcer les trois traités internationaux contribuant à la gestion globale des produits chimiques et des déchets dangereux afin d’avoir un future désintoxiqué pour tous.
Lors de la cérémonie d’ouverture, Marc Chardonnens, directeur de l’’Office fédéral de l’environnement de la Suisse, évoquant le succès des accords sur les synergies entre les trois conventions, a appelé les Conventions de B. R. S. à « ouvrir leurs portes » à la Convention de Minamata sur le mercure.
Le Conseil départemental de Fatick veut l’application du principe pollueur/payeur. Il réclame des compensations financières pour permettre aux collectivités riveraines de la zone pétrolifère de faire face à la pollution.
Classée parmi les régions des plus pauvres du Sénégal, Fatick fonde beaucoup d’espoir sur l’exploitation du pétrole de la pointe de Sangomar. La région espère tirer les dividendes de cet or noir. «Le conseil départemental a délibéré et a donné un avis favorable pour l’exploitation du pétrole offshore de Sangomar. Nous attendons beaucoup de l’exploitation du pétrole», affirme Omar Sène, le président du Conseil départemental de Fatick.
Cependant, même s’ils comptent sur le pétrole pour que leur localité aperçoive le bout du tunnel, les responsables départementaux de Fatick demandent au pouvoir de prendre toutes les «précautions» pour éviter la pollution de la pointe de Sangomar, connue pour sa diversité faunique et qui est à cheval entre les villes de Fatick et de Foundiougne.
«Nous avons une préférence pour les énergies renouvelables. Ce que l’Etat a signé avec la compagnie pétrolière ne nous regarde pas, mais les pouvoirs publics doivent faire en sorte que cette dernière s’engage à respecter notre environnement», soutient Omar Sène qui veut l’application du principe pollueur/payeur. Il réclame des compensations financières en faveur des populations et des localités riveraines de la zone pétrolifère. «La société pétrolière doit payer des taxes pour promouvoir l’éducation et la santé des populations impactées par l’exploitation de ce pétrole», plaide le président du conseil départemental qui invite les pouvoirs publics à mettre l’accent sur les énergies renouvelables moins chères, moins polluantes et plus accessibles.
As GUEYE
Sokhna Die KA , chargée de programme à l’ONG APTE:
«Que l’Etat accompagne les collectivités locales à mettre en place un système de tri à la base et de valorisation des déchets»
Pour revenir sur les projets complémentaires (GIVAD) et (GAVAD) Sokhna Die Ka, juriste environnementaliste et chargée de programme à l’ONG APTE, a accordé un entretien à Quoi de vert ? pour expliquer les contours et affirmer ses convictions dans la gestion des déchets.
Quel est votre domaine d’intervention et l’objectif de ce projet ?
Sokhna Die Ka : A Joal-Fadiouth, nous intervenons dans la gestion des déchets via deux projets que sont GIVAD (Gestion intégrée et valorisation des déchets) porté par notre organisation, et GAVAD (Gestion amélioration et valorisation agricole des déchets) dans les communes de Joal-Fadiouth et de Mbour, porté par la mairie de Joal et dont nous assurons l’exécution technique.
En réalité, c’est la complémentarité de ces deux projets qui a permis de couvrir toute la commune de Joal-Fadiouth et d’entamer le même processus à Mbour.
L’objectif final de ces projets est d’accompagner les populations, de mettre en place un système de tri à la base, d’aménager des unités de compostage pour valoriser les déchets biodégradables, d’aménager une unité de plastique pour le GIE Femme et plastique, d’aménager des périmètres agricoles pour promouvoir l’agriculture péri urbaine et de faire beaucoup de sensibilisation et de renforcement de capacités pour un changement de comportement.
Nous sommes convaincues que seule la gestion communautaire des déchets est la solution à l’insalubrité des villes.
L’absence de plan de gestion des déchets dans la collectivité locale de Joal-Fadiouth a rendu la collecte déficiente dans la commune. Qu’est-ce qui a motivé le lancement des projets GIVAD et GAVAD sur la Petite Côte ?
La collecte des déchets n’est pas seulement déficiente à Joal. J’ai l’habitude de dire, sur le ton de la rigolade, que quand tu arrives dans une ville du Sénégal, en particulier dans les communes, les déchets sont les hôtesses ; ils t’accueillent et te raccompagnent.
Donc le problème, n’est pas seulement spécifique à Joal, c’est un problème national. Toutes les collectivités locales sont concernées, aussi bien les régions, les communes que les communautés rurales.
L’avantage à Joal-Fadiouth, c’est que la mairie avait déjà expérimenté et réussi un projet-pilote dans la gestion des déchets. Vu l’importance de la réussite de la phase-pilote, quand on a eu l’opportunité avec l’Union européenne (UE) dans le cadre de son programme 10e FED, on a développé un projet commun qu’on a soumis à l’UE et qui a été financé. C’était le premier projet GIVAD. Quelques mois après, l’UE a lancé un autre appel à projet, dans le cadre de son programme «Appui aux autorités locales». On a accompagné la mairie de Joal-Fadiouth à développer un projet. L’idée, c’était de couvrir les quartiers qui n’étaient pas pris en compte par le projet GIVAD. Puisque le montant de l’enveloppe était de 200 000 £ (131 000 000 F), on a dit que ce serait bien de voir comment développer l’intercommunalité. Cette intercommunalité qui est tant développée dans le Code des collectivités locales, mais qui malheureusement n’est pas effective dans sa mise en œuvre.
C’est ainsi qu’on a intégré la commune de Mbour. Au début, l’idée était de commencer sur deux quartiers avant d’élargir. On s’est rendu compte que les moyens nous permettaient d’aller au-delà des deux quartiers. Donc on est parti sur cinq quartiers.
L’autre élément qui a motivé le choix de ces cinq quartiers à Mbour, c’est que vouloir régler le problème en aval sans le régler en amont, ne faisait que le reculer. Et si on prenait les quartiers de Mbour-Maure, Mbour-Sérère et d’Escale, le problème demeurerait entier, car la quasi-totalité de ces déchets provient du quartier Tefess du fait des courants marins, car tous ces quartiers se situent sur le littoral.
Sortir d’une ligne automatique et proposer une tangente, c’est-à-dire la valorisation des déchets dans l’agriculture péri urbaine. Quelle est la nature intrinsèque, voire la catégorie de déchets sur laquelle vous vous appuyez ?
Dans le projet-pilote, la mairie de Joal avait fait une étude qui avait révélé que 95 % des déchets qui étaient produits à Joal pouvaient être valorisés dans le compost. On prend tout ce qui est déchets verts, tout ce qui est déchets ménagers organiques. C’est essentiellement ces types de déchets qu’on valorise dans le compost, tout en sachant que le plastique est aussi valorisé au niveau de l’unité plastique.
La gestion demande une mobilisation de moyens. Certaines actions sont onéreuses d’autres demandent plus d’engagement. Cela peut être du temps ou de la finance. Comment le projet répond-il à ces paramètres ?
Du point de vue financier, l’Union européenne a voulu nous donner assez de moyens à travers deux financements : l’un de 150 000 £ et l’autre de 200 000 £. Sur l’engagement, il y a beaucoup de gens qui sont engagés. L’engagement qui m’a le plus séduite, c’est celui de la mairie. C’est un engagement qui est fort. Elle prend l’ensemble des décisions pour que le projet marche. Les populations sont également preneuses du projet.
Abordant l’enjeu crucial de la gestion des déchets (la focale économie), quelles sont les approches dont vous avez eu recours pour faire comprendre à vos parties prenantes qu’à travers les déchets une activité lucrative peuvent en découler ?
En termes de quantité, les deux projets ont investi dans les deux communes. Nous sommes actuellement à un investissement matériel de 32 charrettes et ânes (20 dans GAVAD et 12 dans GIVAD). Nous avons acheté 20 000 poubelles dont 12 000 dans GIVAD et 8 000 poubelles dans GAVAD.
A Joal, chaque foyer aura deux poubelles et un sac. Pour faire un tri sélectif entre le biodégradable, le non-biodégradable et le plastique. Nous allons réhabiliter l’unité de compostage que vous avez visitée et refaire l’unité de plastique. En même temps, on va construire six nouvelles unités de compostage dont 4 à Joal-Fadiouth et 2 à Mbour.
Pour les charretiers et les ouvriers des unités de compostage, nous avons acheté 170 tenues et 170 paires d’équipements de protection complets (bottes, masques, gants, lunettes, fourches et râteaux). Nous allons renforcer la capacité des bénéficiaires de projet en gestion financière et en gestion des déchets et techniques de valorisation particulièrement le compostage.
Nous allons créer «les emplois verts» par le recrutement de 32 charretiers, de 20 techniciens qui travailleront au niveau des six unités de compost. En plus du personnel qui travaillera dans les périmètres maraîchers qui seront aménagés. On a aussi aménagé trois centres de dépôt autorisés. Nous ne voulons plus parler de décharge, mais de centre autorisé ; là où on ne mettra que 2 à 3 % de déchets produits. On est en train d’aménager une piste pour rendre accessible le centre de dépôts de Fansanda, sur le bras de mer.
L’autre élément qui me semble important, c’est l’organisation de journées avec les élèves pour la «séquestration» du plastique. On accompagne les collèges, le lycée de Joal et certaines écoles à sortir et à aller sensibiliser les parents à récupérer les plastiques qui sont dans leurs écoles et leurs alentours. En plus, on leur demande de ne plus jeter le plastique. Ce qui reste, c’est de terminer les unités de compost et refaire l’unité de plastique.
A 6 mois de la fin du projet, nous en sommes à un taux d’absorption de 60 et 70 % du budget global.
Les approches pour faire comprendre à la population qu’à travers les déchets, il y a une activité lucrative. L’idée, c’était juste d’intéresser la population. Par exemple, si tu prends la TOM, il n’y a que 10 à 15 % qui la payent au Sénégal. Dans ce projet, ce qui a permis aux gens de s’engager, c’est qu’on leur a fait comprendre que non seulement on les accompagne, mais aussi on les autonomise et mieux ils peuvent avoir de l’argent avec les déchets. Si nous prenons le comité de Diamaguène, non seulement, leur charretier à un revenu mensuel de 80 000 F, mais c’est un comité qui réussit à faire des bénéfices et à investir dans le social. Et quand le social est mis en avant, les gens sont beaucoup plus coopérants et adhèrent. Les déchets, personne ne veut vivre avec. Les gens veulent se débarrasser de leurs ordures. Quand ici, à Joal, on leur propose une alternative où ils ne verront plus leurs déchets trainer, où ils verront leur quartier propre et avoir de l’argent qui appartient au quartier, je pense qu’il suffit juste qu’ils y voient les retombées en contrepartie ; c’est-à-dire une bonne gestion du comité de salubrité.
Que nous disent les indicateurs sur la quantité de déchets valorisée ?
On n’a pas fini d’aménager les infrastructures. L’ancienne unité ne valorise que les déchets de trois à quatre quartiers. On ne peut pas trop se prononcer sur la valeur économique. Ce n’est pas encore très important. On est en train de mettre sur pied une stratégie de commercialisation. On a même démarché la SAPCO qui est preneuse de tout ce qu’on produit comme compost. Présentement, je ne peux vous dire exactement ce qu’on sort en termes de produit fini, parce que les infrastructures sont toujours en cours de réalisation. Une fois les infrastructures terminées et qu’on aura commencé la valorisation dans toute la commune de Joal, je sais qu’on aura une grande quantité de déchets valorisés.
Revenant sur le point de la suppléance comme le sous-tend le principe de subsidiarité (l’un des principes du développement durable) quelle est la valeur prise par le renforcement des capacités dans ce cas d’espèce ?
D’une manière générale, notre logique d’intervention s’inscrit dans la durabilité des actions que nous menons sur place. C’est pourquoi, dans la quasi-totalité des projets qu’on a eu à mettre en œuvre, que ça soit à Joal, à Saint-Louis ou à Kayar, nous mettons beaucoup l’accent sur le renforcement des capacités et sur les infrastructures. Parce que cela ne sert à rien de renforcer la capacité des gens s’ils n’ont pas où l’exercer.
Donc on renforce leurs capacités et on leur donne des endroits où ils peuvent les mettre en œuvre. Ça permet de pérenniser le projet parce que nous sommes appelés à partir dans 6 à 7 mois au maximum. On finit au mois décembre les deux projets. Là, ce qui est en train de se produire nous permet d’avoir bon espoir que quand nous ne seront plus là, les gens vont se prendre en charge. Parce qu’il faut le reconnaître, la gestion des déchets incombe aux collectivités locales. Mais le système tel qu’il est articulé au niveau de Joal, c’est une «délégation de service public» qui est mise au niveau des quartiers. La mairie demande à chaque quartier de s’occuper de ses déchets. Quand le quartier ne s’occupe que de ses déchets, ça devient moins problématique. L’essentiel pour nous, c’est que le système marche, que le charretier soit payé à la fin du mois, quand il y a un problème particulier pour la charrette, qu’elle puisse être entretenue.
Concernant les bénéfices qu’ils ont à travers le paiement de la redevance mensuelle des foyers, on n’interfère pas, on fait juste un suivi et un contrôle pour vérifier l’effectivité du respect des procédures de dépense.
Y a-t-il eu une réorientation ou étiez-vous une fois confronté à un problème lors de la mise en œuvre ?
Joal, avant le projet-pilote, était invivable. Vous remarquez qu’entre la mer et le bras de mer, c’est à peu près 700 m de distance et c’est à la fois une zone de migration et d’inondation importante. Et si chaque personne produit au moins 200 grammes de déchets par jour, sur 50 000 habitants, le résultat est vite trouvé. C’est vrai que c’était critique à Joal, mais nous avons été très séduits par le projet-pilote. Et on a dit que l’idéal serait de l’élargir dans la commune de Joal-Fadiouth et dans toutes les villes du Sénégal.
A 6 mois de la fin du projet, quel bilan ou quels impacts positifs sur les dimensions du DD ?
Je parlerais plutôt d’effets, parce que la notion d’impact fait intervenir beaucoup d’autres facteurs. L’effet immédiat, aujourd’hui, c’est le changement de comportement constaté chez les populations. Egalement, on se rend compte que Joal est devenue beaucoup plus propre. J’étais très séduite et agréablement surprise par la propreté des quartiers qu’on a eu à visiter. Economiquement, les comités de salubrité arrivent à être indépendants. On leur a doté de poubelles, de charrettes et d’ânes, et on est en train de renforcer leurs capacités pour leur dire : «Allez-y, vous pouvez y arriver.»
Parallèlement, l’argent que la mairie devait utiliser pour gérer les déchets, va servir à l’éducation, la santé, entre autres. L’autre effet est lié à la santé ; elle est cruciale dans un environnement. Je suis plus adepte de la prévention que de la guérison. Nous profitons de l’occasion qui nous est offerte pour remercier ENDA-Santé avec qui nous sommes en partenariat. Ce qui nous a permis de prendre en charge pas mal de choses. On ne devait pas intervenir au niveau du quai de pêche, ce partenariat nous permet de le faire. Ils sont venus renforcer la mutuelle de santé de Joal-Fadiouth. Ce qui nous a permis d’inscrire tous les charretiers de Joal-Fadiouth et les techniciens de l’unité de compost. Ils ont tous une couverture maladie à hauteur de 80 % sur l’ensemble des actes médicaux fait dans le district sanitaire de Joal et environ. Ils ont également une prise en charge médicale sur l’ensemble des médicaments qui sont disponibles au niveau de la pharmacie du district. On est en train de voir comment externaliser la prise en charge à Mbour et éventuellement dans les pharmacies privées. Mais tout ça est en cours de négociation. Je sais que rien que la prise en charge médicale à elle seule est un facteur d’allégement qui permet aux populations de se faire soigner.
Actuellement, nous réfléchissons avec nos partenaires de ENDA-Santé sur comment prendre en charge les familles de ces charretiers. Ça n’a pas encore démarré, mais c’est là où nous voulons arriver. Que les gens puissent travailler décemment et que ceux qui travaillent dans les déchets soient vus comme des travailleurs nobles. En réalité, la gestion des déchets est un travail noble parce que tu aides la population à vivre dans un cadre et un environnement sain et correct. Pour inciter les populations à la propreté, nous avons lancé à Joal «le prix vert» où on va primer vers le mois de novembre le quartier qui aura fait le plus d’efforts.
Des efforts restent à faire à l’entrée de la ville. Quelles solutions d’ici à la fin du projet ?
Pas d’ici à la fin du projet, mais disons d’ici à un mois. C’est mon objectif.Nous sommes en train de voir comment mettre en rapport le lycée et le séminaire de Ngazobile.Parce que les déchets sont sur une propriété privée de Ngazobile. Bien vrai que ce sont les populations de Joal-Fadiouth qui y déversent leurs déchets, mais c’est un titre foncier de l’Eglise catholique.
Donc, dans un délai de deux à trois semaines, on voudrait enlever tous ces dépôts sauvages à l’entrée de la ville. C’est quasiment les seuls points saillants qui nous restent à régler. L’autre solution, c’est au niveau de Joal extension ou de CARITAS de trouver un endroit pour que les gens puissent y déposer leurs ordures, en attendant qu’on finisse d’aménager les infrastructures. Parce que nous notre credo, ce n’est pas de déposer les déchets, mais c’est de les valoriser à 95 ou 98 %.
La problématique des déchets est un phénomène national. Comment faire bénéficier aux autres communes l’expérience de Joal ?
Nous sommes en train d’élaborer un document de capitalisation. Nous travaillons sur la base de projet et de financement des bailleurs. C’est vrai qu’il n’y a pas mal de communes qui nous sollicitent. Mais comme on n’a pas de moyens disponibles, on propose aux communes deux solutions : monter un projet et aller chercher de l’argent quand il y a des appels à projets. Sinon, s’ils ont un partenaire financier, nous pouvons les accompagner dans la conception technique et la mise en œuvre. Cela ne nous pose aucun problème et on n’est pas non plus fermé vis-à-vis des communes et des collectivités locales, parce que ce qui nous intéressent, c’est que les gens puissent vivre dans un environnement sain et harmonieux.
En guise de conclusion, je demanderai à l’Etat du Sénégal d’accompagner les collectivités locales et de mettre beaucoup plus l’accent sur la valorisation et le tri que sur le dépôt en vrac. Je pense que l’expérience de Mbeubeuss est édifiante. Et ça va être compliqué, à la limite impossible de faire accepter dans les collectivités locales ou dans les communes les centres d’enfouissement techniques. La population de Sindia ne nous démentira pas.
Interview Réalisée Par L’équipe de quoi de vert
La science nous dit que l’Afrique va plus subir les impacts du changement climatique. En effet, sur la période allant de 2005 à 2010, le continent a enregistré des pertes nettes «évaluées à 3,4 millions d’hectares», selon le rapport 2013 des OMD. Pour y voir clair, prenons le pouls sur la forêt tropicale du Congo (La deuxième forêt mondiale de par sa taille).
On assiste aujourd’hui à la décadence d’un des «poumons planétaires».
En témoigne l’image ci-dessus, qui en dit long sur l’état de santé de la deuxième forêt mondiale. Cette déforestation fragilise l’Afrique, rend vulnérables ses agriculteurs, ses pêcheurs, et obère toute possibilité de séquestration du carbone. Etat de fait qui empêche la planète de respirer.
A en croire le rapport 2013 sur les OMD. Depuis 1990 « les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de plus de 46 % ».Prendre des mesures à temps, va éviter au continent tout phénomène «cas pire».
Ligne automatique suivie par la réhabilitation de la mangrove dans le bas Congo.
Financé par la FAO, dans le cadre de son programme de coopération technique, ce projet, d’une durée de deux ans, vient en réponse à une requête formulée par le gouvernement congolais et s’inscrit dans le cadre du domaine prioritaire relatif à la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques défini par la République démocratique du Congo à travers le Cadre de programmation pays (CPP). Il s’inscrit également dans le cadre de la stratégie de la FAO pour les forêts et la foresterie adoptée en 2010 et participe à la mise en œuvre de l’Objectif Stratégique 2 visant à «rendre l’agriculture, la foresterie et la pêche plus productives et plus durables».
Selon le représentant de la FAO, M. Ndiaga Guèye, le projet aidera à inverser la tendance à la dégradation du seul parc côtier de la RDC et unique site d’importance internationale du littoral atlantique congolais. Il contribuera également à développer le programme d’écotourisme pour un accès aux financements de la réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD) en vue de générer des contributions durables.«Les domaines d’intervention de ce programme sont : la restauration du site, la valorisation de ses ressources et le développement des alternatives socio-économiques au profit des communautés riveraines».
Ce projet qui sera mis en œuvre en collaboration avec le ministère de l’Environnement, Conservation de la nature et Tourisme va aider l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) à identifier les activités illicites et proposer des alternatives conformes à la protection du parc. Seront également associées à ce projet, toutes les parties prenantes. Il s’agit notamment de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans l’accompagnement et l’appui des politiques en vue d’une gestion durable des ressources naturelles, ainsi que certaines ONGD locales en ce qui concerne les inventaires et la protection des faunes et flores, le reboisement, la formation, l’accompagnement des structures et la sensibilisation.
Au terme de deux ans de mise en œuvre, il est attendu une amélioration de la gouvernance du parc marin de mangroves (PMM) et de la capacité des services environnementaux, de la santé des écosystèmes, la protection de la biodiversité et l’amélioration des moyens d’existence de la population riveraine.
En mémoire, le parc marin des mangroves (PMM) situé dans la province du Bas–Congo en RDC est une réserve naturelle intégrale de 76 000 ha dans laquelle vivent de nombreux lamantins. Ce site de mangroves est vital pour la reproduction de nombreuses espèces de poissons, coquillages, et crustacés, dont la disparition entrainerait un appauvrissement extrême des réserves halieutiques de la sous-région, voire la disparition de nombreuses espèces.
Le projet a officiellement été lancé le vendredi 11 avril 2014 à Moanda au Bas-Congo par le ministre provincial de l’Environnement, M. Florent Masaki, en présence du représentant résident de la FAO en République démocratique du Congo, M. Ndiaga Guèye.
Par Pape Mbor
Source:
mdgs.un.org/unsd/mdg/Resources/Static/Products/Progress2013/French2013.
PIERRE DIOH, Maire Adjoint, Promoteur des projets GIVAD (Gestion Intégrée et Valorisation des Déchets dans la Commune de Joal-Fadiouth) et GAVAD (Gestion Améliorée et Valorisation Agricole des Déchets dans les Communes de Joal-Fadiouth et de Mbour.)
«Le projet GAVAD pallie les limites de la gestion traditionnelle des déchets»
Quoi de vert ? : La pression démographique et le solde migratoire assez élevé rendent complexe la gestion des externalités négatives. Avez-vous des données sur la production de déchets actuelle dans les localités que couvre le projet GAVAD ?
Pierre Dioh : Une idée sur des quantités en tonnage, non. Mais quand on a démarré le projet, on avait déjà quantifié, au niveau des ménages, quelle était un peu la production. Maintenant, il faut qu’on retrouve ces chiffres et qu’on les multiplie par le nombre de la population, pour avoir une idée.
Mais je pense qu’il n’y a pas à trouver un tonnage. En se promenant, on se rend compte que les villes de Joal et de Mbour sont des zones de concentration et d’externalité, du fait de l’activité de pêche qui attire une très forte migration. Et quand on parle d’externalités négatives, ici, c’est surtout le plastique et les ordures ménagères. Les gens mangent dans la rue, parce que, socialement aussi, ils ne s’en rendent pas compte. Quand vous êtes dans une ville de migration, les populations sont dans des conditions précaires, et elles produisent plus d’ordures. Ce sont des gens qui sont les plus compliqués à gérer, parce que quand les ordures sont générées dans les foyers, c’est possible de les collecter et cela ne pose pas de problème. Mais quand elles sont générées par des gens qui sont là aujourd’hui, là-bas demain, qui n’ont pas de domicile fixe, qui ne s’attachent pas trop à un milieu géographique bien précis, il est difficile de gérer ces ordures-là.
Quand une partie des ordures est générée au niveau domicile et une autre partie régulièrement à travers les restaurants et les vendeurs ambulants, à travers ces gens qui mangent dans la rue, il y a des facteurs aggravants qui rendent complexe la gestion des ordures dans des villes comme Joal et Mbour, qui sont des villes de pêche.
Comment avez-vous accueilli le projet GAVAD ?
Le projet GAVAD, nous ne l’avons pas accueilli, c’est nous qui l’avons promu. Nous en sommes les promoteurs. Il est né d’un projet-pilote qu’on avait déjà essayé à Joal, sur deux quartiers : Ndiong et Mbelegnuim. C’est là-bas qu’on a testé ce qu’on est en train de faire aujourd’hui en grandeur nature, dans la ville. C’est parce que ça avait fonctionné au niveau de ces quartiers qu’on s’est rendu compte qu’une approche communautaire est l’avenir de la gestion des ordures dans les petites villes comme Joal. Je ne sais pas si cette approche est faisable dans les grandes villes comme Dakar, Saint-Louis ou Thiès, mais dans des villes comme la nôtre, il est non seulement possible de gérer les ordures, de les maîtriser, mais aussi de créer des emplois et des richesses tout en assainissant l’environnement.
Malgré les habitudes cultivées, la gestion des ordures ménagères est une compétence transférée. Qu’est-ce qui a bloqué le système traditionnel de la gestion des ordures ménagères ?
Ça n’a pas bloqué. En fait, le projet GAVAD est une réponse aux limites qu’on a constatées dans la gestion traditionnelle des déchets dans les collectivités locales. En tant que compétence transférée, ce que toutes les communes du Sénégal qui avaient les moyens faisaient, c’était d’acheter un camion et de collecter quotidiennement les ordures le long de la route. On s’est rendu compte que cela ne marchait pas. Dans une ville comme Joal, on se rend compte qu’il y a un dessin longiligne avec une seule route goudronnée. Avec 15 tonnes de poids sans les ordures, ces camions ne peuvent pas aller dans les zones sablonneuses. Si vous allez à Mbour, vous avez une zone qui s’étend sur des milliers d’hectares où il n’y a pas de route goudronnée. Cela veut dire que si le camion s’aventure en dehors de la route, il s’embourbe. Ça, c’est un premier facteur qui explique pourquoi ce système traditionnel dont vous parlez a bloqué.
Ici, compte tenu de la longueur de Joal, le camion qu’on avait, quand il prenait départ à la mairie, il ne peut pas aller à Fadiouth, qui est une partie intégrante de la ville, mais malheureusement insulaire. Ce qui veut dire que Fadiouth à lui seul justifie le fait qu’on puisse réfléchir à un système communautaire de gestion des ordures.
Mais dans le cas précis de la ville de Joal qui s’étend pratiquement sur 5 km de long, vous prenez un camion avec une benne le lundi matin, parce que les fonctionnaires ne travaillent pas les week-ends, même s’ils n’ont pas le même statut que les autres fonctionnaires, parallèlement, c’est les jours où les populations sont dans leur foyer, subséquemment, et ce sont les jours où il y a le plus d’ordures et le système ne fonctionnent pas. Ce qui veut dire que pendant deux jours, il n’y a pas de collecte d’ordures.
Le lundi, quand le camion commence la collecte des ordures, avant de faire le tiers de Joal, il est plein. Donc il faut aller décharger. A 16 h, quand les gens descendent, ils n’ont pas fait la moitié de Joal. Ce qui veut que dans certains quartiers, surtout ceux qui sont au bout de la ville ou sur les 2 derniers kilomètres, les ordures du samedi, du dimanche et du lundi n’ont pas été collectées, et celles du mardi sont encore dans la rue, parce que le camion n’est pas venu depuis vendredi. Car les gens n’ont pas travaillé le samedi et le dimanche, et le lundi, ils n’ont pas pu terminer le circuit. C’est ce qui explique la présence, au bout de la ville, des tas d’ordures.
Parallèlement, en plus des animaux errants qui viennent culbuter les bacs à ordures, les femmes n’ont pas envie de se faire voler leurs poubelles. C’est ce système-là qui a échoué. On s’est rendu compte que le système de collecte avec des camions à benne ne marche pas parce qu’il y a des jours qui sont où fériés ou non-ouvrables et l’on ne peut pas obliger les gens de la voirie qui sont des fonctionnaires à aller travailler.
Donc, le projet GAVAD est une réponse à ce système-là. La gestion des déchets est une compétence qui appartient à la commune qui est, par extension, la communauté de Joal. C’est la population, c’est le quartier. Au nom du principe de subsidiarité, on a demandé aux gens d’appliquer la compétence qui était revenue à la mairie et que cette dernière ne pouvait pas assumer, compte tenu des problèmes techniques dont je viens d’évoquer. Donc, au lieu de faire une collecte traditionnelle qui a échoué partout, même à Dakar, on va faire une collecte communautaire.
A quoi consiste la collecte communautaire ?
Elle est simple. Nous avons demandé aux quartiers de gérer leurs ordures eux-mêmes. En quoi faisant ? Nous avons éliminé le véhicule. Nous avons donné à chaque quartier une charrette et un âne ou deux charrettes et un âne, selon sa dimension et celle des foyers. La charrette collecte les ordures du quartier uniquement.
Nous avons demandé aux populations de participer à cet effort, indépendamment de la TOM (Taxes sur les ordures ménagères) qui est versée. La participation est de 500 à 1 200 F CFA par foyer et par mois. Selon un processus de communication et de sensibilisation qui a duré plus de deux ans, nous avons installé des comités de salubrité autonomes dans chaque quartier. Ces comités gèrent la charrette et le matériel qui a été mis à leur disposition par la mairie. C’est-à-dire l’âne, la charrette et le petit matériel. Le charretier devient un salarié du quartier. Tous les foyers payent et c’est le quartier qui gère son argent. A la fin du mois, quand le charretier est payé, il leur reste de l’argent dans les caisses et le quartier est propre. Quand les charretiers se lèvent, ils collectent toutes ordures de tous les quartiers facilement avant 11 h. C’est ce système-là qu’on a essayé comme projet-pilote au niveau de Mbélégnème et de Ndiong, et qui a marché. Il nous a fallu 3 millions de l’ONG Tostan pour faire ce projet pendant 2 ans.
Quel sort réservez-vous aux ordures collectées ?
Les ordures ont une valeur et nous avons rajouté la partie valorisation en faisant du compost. La nécessité de faire du compost donne une autre obligation, celle de trier les ordures. Nous avons réussi à convaincre les populations à trier les ordures à domicile. Ainsi, ce qui est compostable va dans une poubelle rouge et ce qui ne l’est pas et qui pourrait faire aussi l’objet de valorisation est recueilli dans une autre poubelle.
Donc le projet GAVAD prend en compte la gestion communautaire des déchets et leur valorisation en aval. C’est ce qu’on a réussi à faire à Mbélégnème et à Ndiong et que la mairie a continué à faire à travers des financements propres dont certains nous venaient de l’Italie, de l’ambassade des Etats-Unis et de l’USAID d’autres de WWF.
Ensuite, nous avons étendu le projet à quatre autres quartiers sur fonds propres. C’est compte tenu de cette expérience qu’on a eu l’appui technique d’APTE qui nous a aidé à monter un projet qu’on a soumis à l’Union européenne et qui a été financé. C’est le projet GIVAD. Mais son financement ne couvrait pas toute la ville de Joal. Quand vous faites le système sans couvrir toute la ville, c’est comme si vous ne faites rien. Parce que s’il y a une partie qui est propre et une autre qui ne l’est pas, les ordures des quartiers sales vont contaminer ceux qui sont propres. C’est comme dans la médecine, si vous mettez ensemble quelqu’un qui est malade et quelqu’un qui ne l’est pas, le sujet malade va contaminer le sujet bien portant. C’est alors qu’on a eu la chance et l’opportunité, avec l’appui des experts d’APTE de proposer un autre projet qui a été encore financé par l’Union européenne, avec des arguments convaincants. C’est vrai qu’on avait un document qui était bien ficelé, en plus de notre expérience du terrain et qu’on a essayé de vendre à plusieurs communes du Sénégal. Je vous garantis qu’il y a eu plus de 100 communes qui sont venues ici s’imprégner de cette expérience, y compris des communes d’arrondissement de Dakar. On en a eu plus de 80 qui nous viennent de Kaolack, Tamba et qui sont encadrées par le projet CARITAS., mais aussi des éco-villages. Et beaucoup de communes sont en train de tenter cette approche.
Pour résumé c’est une gestion communautaire qui permet aux populations de gérer leurs ordures et que la mairie s’occupe de deux choses : en amont, elle donne l’équipement à travers les ânes, les charrettes et le petit matériel de collecte. En aval, elle s’occupe de la valorisation.
La mairie crée des centres de compostage et des centres de dépôts des 5 ou 6 % qui vont rester et qui ne sont pas valorisables, c’est-à-dire la ferraille, les éclats de verre, etc.
Aujourd’hui, nous y avons même ajouté une autre dimension : la gestion du plastique. Nous avons actuellement la capacité technique et financière de gérer le plastique pour qu’il disparaisse de Joal, même si l’Etat pense faire une loi. Je pense que ce n’est pas une loi qui va régler la problématique du plastique, mais plutôt un comportement. Si vous prenez la drogue, malgré son interdiction, elle est omniprésente au Sénégal.
GAVAD est une réponse aux limites de la gestion traditionnelle certes, mais ce matin, en arrivant à Joal, nous avons aperçu la présence des tas d’ordures à l’entrée. Pourquoi ?
C’est lié au fait que le projet est en cours et qu’il n’est pas fini. On a un projet qui est un peu dangereux, parce qu’il ne peut marcher que quand toute l’infrastructure sera mise en place. Et malheureusement les projets ne fonctionnent pas comme ça. Dans la planification, on n’a pas pu mettre toute l’infrastructure sur place tout de suite.
L’infrastructure c’est deux choses : il y a le matériel qui est destiné à la communauté pour la collecte des ordures et celle qui est destinée au traitement des ordures. Du point de vue des communautés, on a tout donné, et même des sacs pour collecter le plastique au niveau du foyer.
Mais aujourd’hui, dans la zone de Santhie, on n’a pas encore mis sur place les centres de compostage. S’il n’y a pas de centre de compostage, il n’y a aucune raison de demander aux gens de trier les ordures. Et quand ils ne trient pas, parfois vous retrouvez les ordures dans la rue.
Mais quand vous rentrez dans les quartiers qui sont aux alentours de la mairie, il n’y a pas ce phénomène, parce que le projet est parti de ces zones vers la zone de Santhie qui est plus compliquée. On est parti des quartiers traditionnels où il y a plus de connaissance, plus de cohésion sociale, où il y a plus de stabilité sociale. Parce que les populations traditionnelles de Joal vivent-là. Et c’est différent. Quand vous allez dans les villes comme Mbour et Joal, les habitants et les gens qui y vivent n’ont pas le même comportement. La personne qui habite dans les quartiers de Ndiong ou de Mbourdiouham, n’est là parce que son papa, sa maman et son grand papa étaient tous-là. Cette personne s’occupe de son environnement. Et quand vous lui donnez une solution comme GIVAD ou GAVAD, cette population adhère automatiquement. Parce qu’elle y trouve son compte du point de vue de la salubrité et de la vie sociale. Si vous allez dans ces quartiers, les populations ont des «Nguel», des places publiques où elles se retrouvent pour faire vivre ce ciment social.
Or, quand vous allez dans les quartiers d’extension, cette vie sociale n’existe pas. Ce sont des Kadjor-Kdjor, des Baol-Baol, des Diolas, des Toucouleurs qui sont venus pour la pêche.
Comparée à plusieurs autres villes du Sénégal, Joal reste une petite ville. Quelles solutions définitives pour parvenir à ménager ces quartiers d’extension ?
La ville de Joal a quadruplé en moins de vingt ans. C’est très rare au Sénégal.En 1981, cette ville s’arrêtait à peu près à 100 m de la gendarmerie. Le tracé allant du quartier des HLM jusqu’au port n’existait pas.
Aujourd’hui, les trois-quarts de la population de Joal habitent dans la zone d’extension. A titre d’exemple, puisqu’on est dans un contexte d’élection locale, je vous donne un chiffre qui va être facile à calculer. La population électorale de Joal tourne autour de 18 000 électeurs. A Fadiouth, nous avons à peu près 1 000 électeurs. Dans les quartiers traditionnels de Joal, ils sont environ 5 000 électeurs. Pour un total de 6000 électeurs. Les 12 000 électeurs qui restent sont dans des zones qui n’existaient pas. A la place, il y avait une forêt en 1981. Après les mauvaises récoltes de 1981, c’est l’Etat du Sénégal, à travers l’armée qui a aidé la commune de Joal à faire un lotissement. Une grosse partie de cette population n’est pas encore stabilisée à Joal. Parce que vous savez aussi bien que moi que les pêcheurs migrent en fonction des saisons. C’est ce qui fait qu’on note la présence des Guinéens, des Burkinabè, des Maliens, pour au moins 6 mois. Même s’il y a certaines espèces qui sont péchées saisonnièrement, à Joal, la pêche est continuelle.
Parallèlement, les activités de la transformation qui concernent à 80 % la sardinelle, amènent les femmes à s’installer ici. A cela s’ajoute toutes les populations des villes aux alentours qui n’ont rien à faire après l’hivernage et qui viennent à Joal où elles peuvent facilement trouver des emplois, de l’argent et surtout de la nourriture à très bon marché. Une grosse partie de cette population n’est pas stable.
Pour la petite histoire, lors du dernier recensement, il arrivait qu’un agent fasse quatre ou cinq aller-retour dans une maison, avant de tomber sur ses occupants ; ils ne sont jamais là. Ces gens-là, il est difficile de les gérer. Le système est basé sur le principe du chef de la famille. On dit que cette maison appartient par exemple à Mme Dia. Donc quand on fait le recensement c’est le chef de famille qu’on recense. Si vous allez à Santhie, vous trouvez une maison avec 6 pièces ; en dehors du propriétaire qui est absent, il n’y a que des locataires, ce sont des pêcheurs. Ils ne sont jamais là. Quand ils arrivent, c’est pour se débarrasser de leurs bagages, aller dans les restaurants, dans les bars se défouler. Ces pêcheurs, au bout de quelques mois, s’en vont. On ne peut pas les gérer et c’est eux qui génèrent beaucoup plus d’ordures.
L’aspect social qui permet au quartier d’être cohérent et bien organisé autour du comité de salubrité pose aussi problème. Dans les quartiers traditionnels comme Mbélégnème et Ndoubab qui abritent des «Ngeul» ou tout le monde se connaît, dans les quartiers d’extension comme Santh les gens ne se connaissent pas. Sur 10 personnes, le délégué de quartier ne peut identifier que 4 ou 5 individus. Et quand vous voulez faire un projet sur une base communautaire, il faut que la communauté existe socialement. Je n’ose pas prononcer le mot périphérie, ce sont des Joaliens à part entière, mais l’absence d’infrastructures, le problème ardu de la sensibilisation, et de la cohésion sociale rendent difficile la manœuvre dans les quartiers d’extension.
Mais nous espérons que quand nous aurons mis les infrastructures sur place et en mettant en synergie nos efforts, on pourra corriger toutes ces difficultés.
Avez-vous identifié des pistes de solutions ?
Nous sommes en train d’installer deux infrastructures et il y a un troisième chantier qui n’est pas encore ouvert. Quand on aura terminé toutes ces infrastructures, ça sera plus facile. On va reprendre la sensibilisation. On s’est aussi adossé sur un projet d’ENDA-Santé qui est ici à Joal et qui travaille dans le cadre de la santé avec une approche environnementale.
Je pense que la priorité ce n’est pas de soigner les gens, mais c’est d’éviter qu’ils tombent malades. On sait qu’à Joal, la santé est intrinsèquement liée à l’environnement. Aujourd’hui, nous avons un protocole d’accord qui nous lie. C’est dans ce cadre qu’on a formé 26 relais. Des Joaliens qui sont installés ici et qui sont répartis dans les différents quartiers. Et on a fait de telle sorte qu’à la fin du projet, qu’ils puissent continuer à faire cette sensibilisation. C’étaient déjà des relais communautaires qui étaient sur le terrain, mais à qui on a renforcé, en termes de gestion des ordures et de l’environnement.
Nous envisageons aussi d’initier un certain nombre de formations pour que les comités de salubrité fonctionnement mieux. Le projet qui va au-delà de la communauté pose aussi le problème de la participation, de la démocratie et le devoir de rendre compte. Une partie de la population adhère parce qu’elle sait que c’est transparent. L’autre partie refuse parce qu’elle se dit qu’elle ne sait pas où va l’argent. Ce n’est pas seulement les politiciens ou l’administration qui doivent rendre compte, c’est une demande des populations qui sont à la base. Cette demande tourne autour de la transparence et de la démocratie. Dans ce sens, avec les experts qui viendront, nous tiendrons des ateliers de formation pour apprendre aux gens à rendre compte régulièrement pour permettre deux choses :
– convaincre les gens qui hésitent parce qu’ils pensent que l’argent va être bouffé,
– faire fonctionner le projet, parce que si le charretier ne travaille pas, le projet ne fonctionne pas. Et si ce dernier n’est pas payé, il ne travaille pas. Son salaire dépend du payement de chaque foyer. Même s’il existe, dans certains quartiers, des foyers qui n’ont pas la capacité de payer du fait de la pauvreté extrême, socialement la communauté doit les soutenir et continuer à enlever. Parce que si on l’exclut du système de collecte, ses ordures vont rester dans la rue.
– Au niveau des quartiers d’extension, même si on n’a pas la même ambition, je pense qu’il nous faut trouver une masse critique pour que les gens qui participent au projet soient un peu plus nombreux. De ce fait, ceux qui ne participent pas vont être gênés et participer à leur tour.
Nous sommes dans un contexte d’élection locale. Quel bilan pouvez-vous mettre sur la table pour mériter à nouveau la confiance de la population de Joal-Fadiouth ?
La question que vous posez est compliquée, parce que le contexte de Joal est particulier. Le maire titulaire de Joal est sortant. Mais je pense me prévaloir d’un certain nombre d’acquis.
Du point de vue politique, je pense que c’est un projet porteur, parce que pratiqué dans les foyers. Ce sont des femmes qui nous voient chaque jour venir leur parler, leur donner des poubelles quasi gratuitement. Des quartiers qui nous voient leur fournir des charrettes, remplacer les ânes morts, assurer la formation et les sensibiliser, les aider à assainir leur environnement.
De ce point de vue, le projet est porteur politiquement.
Après la fermeture de la décharge de Mbeubeuss et malgré le refus des populations, quels regards portez-vous sur la sur l’implantation du site de Sindia ?
Vous avez posé deux choses : la fermeture de Mbeubeuss d’abord. Du point de vue environnement, c’est un processus qu’on ne peut pas arrêter. Il faut que Mbeubeuss disparaisse. Le refus des populations au niveau de Sindia a peut-être posé un problème de communication et d’incompréhension. Mais je pense que l’Etat doit aller plus loin. La décharge de Mbeubeuss est grande parce qu’on ne gère pas les ordures. Aujourd’hui, l’avenir, ce n’est pas de prendre les ordures en vrac et de les mettre quelque part. Parce que si on fait disparaître Mbeubeuss, en continuant dans le même processus, on recule le problème, on ne le résout pas. On va créer un autre Mbeubeuss parce que tant que les ordures arrivent en vrac, il faudra bien qu’on les mette quelque part. L’avenir de la gestion des ordures, c’est le tri. On a calculé qu’a Joal, quand vous trier les ordures, le reste qu’on doit laisser dans une décharge contrôlée, constitue moins de 5% des ordures ménagères qu’une famille produit. Les chiffres ne doivent pas trop varier à l’échelle nationale.
Donc, il faut que l’Etat du Sénégal prenne une décision courageuse. C’est de faire le tri et la valorisation. Les gens qui se tuent à Mbeubeuss doivent pouvoir faire de la valorisation, mais pas dans les conditions insalubres de Mbeubeuss. Mais il faut que les populations apprennent à faire le tri. C’est l’avenir de la gestion des ordures ménagères.
Réalisée par La rédaction
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