Ce sont des virus qui n'auraient jamais pu se propager aussi vite sans les activités humaines. En déforestant massivement sur le continent africain, la chauve-souris, hôte d'Ebola, s'est retrouvée en contact avec les humains. Les oiseaux, eux, ont transmis la grippe aviaire à cause des élevages intensifs forçant la contamination interespèce. En détruisant les écosystèmes, les humains ont eux-mêmes provoqué les conditions idéales à la propagation massive de virus.
Les experts estiment que la perte de biodiversité et la destruction de l'environnement sont un des facteurs de la pandémie actuelle de coronavirus. Il suffit de jeter un coup d'oeil dans le rétroviseur pour s'apercevoir que ce n'est pas la première fois. 65 % des maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses, c'est-à-dire des agents pathogènes transmis des animaux à l'homme. Et 72 % trouvent leur origine dans le monde sauvage. Trois virus illustrent ce phénomène.
C’est un virus qui hante l'Afrique centrale et de l'ouest où les épisodes de l’épidémie Ebola se succèdent. Le 10 avril, un nouveau cas d’Ebola a été détecté à Béni en RDC après 52 jours sans nouveaux cas. Plusieurs études sont remontées à la source de la propagation du virus et ont identifié les chauves-souris comme agents infectieux. Et c’est la déforestation, causée par l’activité humaine, qui a accéléré la propagation du virus. "Dans des systèmes forestiers très dégradés par les activités humaines, ces chauves-souris se retrouvent beaucoup plus facilement au contact d’hommes, notamment ceux des villages à proximité de ces forêts dégradées", explique dans 20 minutes l’écologue Philippe Grandcolas. "Cette promiscuité fait que la probabilité de transmettre le virus est plus grande. Il y a cinquante ans, la maladie serait peut-être restée confinée à ces villages. Aujourd’hui, elle peut se propager très vite, ces milieux ruraux étant connectés à de grands centres urbains", ajoute le directeur de recherche au CNRS.
C’est un virus qui touche essentiellement les oiseaux et qui est apparu dans les années 1990 en Asie. Normalement, H5N1 est un virus qui tue très rapidement les volatiles et change donc peu d’hôtes. Mais l’élevage intensif a changé la donne et provoqué une transmission à l’humain. "Le passage à l’homme, malgré la barrière interespèces, est dû à la concentration de volailles en un seul endroit et dans des conditions sanitaires dégradées (...) En théorie, le virus aviaire n’est pas transmissible à l’homme, mais à force d’essayer, il finit par passer. Le même scénario ou presque s’est reproduit en 2009 avec le virus H1N1, apparu dans les élevages de porcs au Mexique", analyse dans le journal du CNRS le biologiste François Renaud. D'ailleurs, en ce moment même, la Chine, qui se bat contre le Covid-19, a annoncé l’apparition d’une épidémie de grippe aviaire H5N1, 4 500 poulets sont morts par contagion. Les autorités ont décidé d’en abattre près de 18 000.
Le moustique tigre peut, à lui seul, transmettre pas moins de trois maladies mortelles pour l’humain : le chikungunya, la dengue et le zika. Si l'insecte vit, à l’origine, dans les forêts tropicales d’Asie du Sud, ce sont les échanges internationaux qui ont favorisé sa dissémination à travers le monde. Dans les années 1980, les premiers moustiques sont arrivés aux États-Unis en logeant dans les cargos qui transportaient des pneus usagés en provenance d’Asie. Notre mode de vie a favorisé sa propagation à travers toute la planète. Et le changement climatique pourrait aggraver la situation. Une étude parue en 2019 dans la revue scientifique Plos One a montré que la hausse des températures pourrait étendre l’aire géographique dans laquelle sévissent les moustiques tigres. Dans le pire scénario, avec une augmentation des températures de 4 °C d’ici 2080, un milliard d’individus pourraient contracter des maladies transmises par ces insectes. Le Vieux continent serait particulièrement touché.
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