La conservation du legmi "vivant" est complexe, tant il tourne rapidement au vinaigre. Des bouteilles d'eau gelée sont donc disposées dans le bidon où coule la sève toute la nuit durant, puis celle-ci est immédiatement congelée avant d'être versée dans un récipient au moment de la vente.

Cette fragile chaîne du froid limite fortement la consommation de legmi. "Même à Sfax (140 km plus au nord), il n'y en a pas", dit Haithem. "Il est resté bio, sans aucun produit chimique, ni ingrédient pour la conservation".

 

Pour les habitants, cette fragilité est salutaire car elle évite que la demande ne s'élargisse, ce qui se passerait immanquablement selon eux s’il pouvait être transporté et vendu plus loin des oasis.

"S'il y a beaucoup de demande, que va-t-il se passer ? Ils vont couper beaucoup de palmiers et on risque de perdre les oasis", s'inquiète ainsi Haithem.

Un autre danger guette : "La pollution chimique des usines est une menace pour les oasis", estime M. Moussa.

Les oasis de Gabès, dont celle en bord de mer -la seule de ce type en Méditerranée-, sont menacées par les activités du Groupe chimique tunisien (GCT), une société publique qui exploite depuis les années 1970 les mines de phosphate pour produire des engrais et qui a déjà été mise en cause pour les risques qu'elle fait courir à ces précieuses zones de végétation.

Le GCT déverse en effet chaque jour des milliers de tonnes de phosphogypse, un déchet toxique, et de l’acide phosphorique dans la nature environnante.

 

Mais la relève est assurée. "J'ai appris le travail à mon fils pour que cette tradition reste à Gabès pour toujours", assure M. Moussa, qui demeure confiant.