C’est l’année fatale pour les constructeurs automobiles. Les émissions moyennes de CO2 des véhicules vendus en Union européenne ne peuvent plus dépasser les 95 grammes par kilomètre à partir de 2020, sous peine de fortes amendes. Sous l’effet conjugué des baisses de ventes de véhicules diesel et de l’engouement pour les SUV, presque aucun constructeur n’atteint l’objectif.
L’année 2020 s’annonce rude pour les constructeurs automobiles. La réglementation européenne "Clean Air for Europe" leur impose une norme maximale d’émissions de 95 grammes de CO2 par kilomètre en moyenne, faute de quoi ils subiront de lourdes amendes. Un seuil que presqu’aucun constructeur présent sur le marché européen n’a encore réussi à atteindre.
Au contraire, même. Alors que les émissions moyennes des véhicules vendus en Union européenne ne cessaient de baisser jusqu’en 2016 pour atteindre 118 grammes de CO2/km, contre près de 180 grammes en 2000, elles ont entamé une nouvelle ascension à partir de 2017 à 120 grammes de CO2/km. La chute des ventes de véhicules diesels suite au Dieselgate (les moteurs diesel consommant moins de carburant, donc émettant moins de CO2) et l’appétit des automobilistes pour les SUV, plus lourds et plus consommateurs que les autres modèles, en sont la cause.
Sévères amendes en vue
Les constructeurs présents sur le marché européen risquent donc de devoir payer de sévères amendes en 2021, en fonction de leurs ventes de 2020. Le législateur prendra en compte les véhicules effectivement vendus et non les gammes proposées pour calculer ces émissions moyennes. Une précaution importante alors que les industriels ont tendance à promouvoir leurs plus gros véhicules, aux marges plus juteuses, plutôt que les petites citadines moins polluantes. Puis, pour chaque gramme de CO2 dépassant la limite autorisée, une amende de 95 euros par véhicule vendu sera infligée. Multipliée par le nombre de voitures vendues, l’addition grimpe vite.
La firme américaine MSCI a fait les calculs en se basant sur la moyenne d’émissions entre 2015 et 2017. Ainsi, Volkswagen, qui dépasse de 26 grammes de CO2/km ses émissions autorisées, serait exposé à près de six milliards d’euros d’amendes. Renault, Fiat ou Ford à près de 2,5 milliards d’euros. Le groupe PSA (Peugeot-Citroën-Opel) à un peu moins de 1,5 milliard d’euros. Seul Toyota devrait passer entre les gouttes, du fait de son historique dans le véhicule hybride.
Les réactions des constructeurs automobiles, bien que tardive, sont là. Le groupe PSA, par exemple, prévoit de lancer des versions hybrides ou électriques de tous ses nouveaux modèles et atteindre une électrification de 100 % de sa gamme en 2025. Renault, de son côté, prévoit huit modèles électriques et 12 hybrides d’ici 2022.
Convaincre les acheteurs
En attendant, c’est l’automobiliste qu’il faudra convaincre. Les constructeurs l’ont mal habitué ces dernières années, à grands coups de campagnes promotionnelles pour des véhicules très consommateurs. Pour réduire les émissions moyennes de leurs ventes, les constructeurs vont devoir orienter une partie de leur clientèle vers des modèles électriques ou hybrides-rechargeables, dont les émissions moyennes sont bien inférieures à 95 grammes de CO2/km.
Selon une note du centre de recherche de la banque HSBC, la part des ventes de véhicules électriques et hybrides devrait atteindre entre 15 et 20 % des ventes totales pour permettre aux constructeurs d’atteindre les objectifs européens. Bonne nouvelle, la demande pour ces motorisations alternatives est en progression. Mais cette progression est lente… En 2019, la part de marché des véhicules hybrides et électriques n’était que de 9 %.
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