CHEZ AMAZON, LE BUSINESS PEINE À SE CONCILIER AVEC LE CONFINEMENT Spécial

Écrit par  Mar 30, 2020

Depuis l’annonce du confinement en France, de nombreux salariés du groupe Amazon ont décidé d’exercer leur droit de retrait alors que plusieurs cas de coronavirus ont été détectés dans des entrepôts français. Le géant américain a fait savoir qu'il suspendrait leurs salaires et revaloriserait celui des travailleurs. Par ailleurs, face à la polémique, le groupe annonce se concentrer désormais sur les produits de première nécessité. 

Mardi dernier, le premier cas de coronavirus a été confirmé dans le centre de distribution Amazon de Saran, dans le Loiret. Une trentaine de salariés en contact avec la victime ont été placés en confinement. "Mais toute mon équipe avait été en contact avec cette personne, soit une centaine de salariés, sans avoir été confinés" regrette Jean-François Bérot, syndicaliste chez Sud-Solidaires. "On nous met dans une boîte et on attend de voir sur qui ça tombe" ironise-t-il, amer.

Son travail consiste à faire du "pick and pack", c’est-à-dire qu’il va chercher les articles dans les rayons pour faire des colis selon un parcours optimisé qui s’affiche sur sa tablette. Mais depuis le 18 mars, il a décidé d’exercer son droit de retrait et a déposé un droit d’alerte face au danger que représente le coronavirus. À ce jour, le taux d’absentéisme dépasse les 50 % sur l’ensemble des sites logistiques d’Amazon en France, selon les syndicats, alors que plusieurs cas de Covid-19 ont été détectés dans d'autres sites.

"Cela ne vaut pas le prix d’une vie" 

Les syndicats demandent la réduction des effectifs présents sur les sites ou à défaut leur fermeture, ce à quoi se refuse la direction. "Nous sommes plus de 500 présents à Saran, les distances sont difficiles à appliquer aux entrées et aux sorties, à la cantine ou pendant les inter-shift (roulement de personnel, NDR), raconte Jean-François Bérot. Vendredi, on a reçu des bidons de gel hydroalcoolique mais la société de ménage nous a expliqué que si elle en mettait partout, il n’y en n’aurait pas assez…"

Amazon, de son côté, assure "avoir pris des mesures extrêmes pour assurer la sécurité des personnes, en triplant les processus de nettoyage en profondeur de [ses] sites, en [se] procurant du matériel de sécurité disponible ou en changeant les processus pour garantir que ceux qui travaillent dans [ses] bâtiments respectent les distances de sécurité (distance de 2 mètres au lieu de 1 mètre, horaires et pauses décalés, etc.)."

Le groupe a fait savoir qu’il suspendrait les salaires de ceux qui auront fait valoir leur droit de retrait et propose une augmentation de salaire de deux euros par heure travaillée et le doublement de la rémunération pour les heures supplémentaires. "C’est une belle carotte mais ça ne vaut pas le prix d’une vie", réagit Jean-François Bérot. "Ce sont toujours les plus vulnérables qui sont les plus exposés, ceux qui craignent de ne pas pouvoir payer les factures ou qui ont peur de perdre leur boulot après avoir galéré à le décrocher. La direction a aussi massivement recours aux intérimaires." 

Des produits de première nécessité

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dénoncé les pressions "inacceptables" d'Amazon sur ses salariés français en pleine épidémie de coronavirus. Face à la polémique, Amazon a annoncé qu’elle allait prioriser les commandes de produits de première nécessité en France et en Italie, comme c’est déjà le cas aux États-Unis. Il s'agit de "donner la priorité à la préparation et à la livraison des commandes dont les consommateurs ont le plus besoin”, explique Amazon dans un communiqué.

"Les commandes continuent d'affluer pour de l’épicerie, des produits apéro, des jouets sexuels, des préservatifs, des cahiers de vacances ou encore des jeux pour les enfants, témoigne le syndicaliste orléanais. En réunion, on nous a expliqué que les produits de première nécessité correspondaient à ceux dont la demande était en forte hausse." "J'ai même vu une commande avec des baguettes chinoises et des faux ongles", assure Christophe Néant, élu CGT sur le site de Montélimar cité par Le Parisien.  

NVTC

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