INCENDIE D’UNE USINE CLASSÉE SEVESO À ROUEN : QUELS SONT LES RISQUES ? Spécial

Écrit par  Sep 28, 2019

Un important incendie s’est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi à l’usine chimique Lubrizol de Rouen, un site classé Seveso. Les habitants de treize communes, dont Rouen, sont invités à rester chez eux par mesure de précaution. Le point sur la situation.

QUELLE EST LA NATURE DU SITE TOUCHÉ ? 

L’incendie de l’usine Lubrizol s’est déclaré dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 septembre, vers 2h45. L’usine chimique fournit des additifs pour les huiles pour moteurs, pour les lubrifiants industriels et pour les carburants. Elle compte 400 salariés. "Le feu a pris dans un stockage de produits conditionnés type additifs pour lubrifiants", mais son origine est encore inconnue, selon la direction du site. S’en est suivie une série d'explosions d’origine encore indéterminée. Aucune victime n’est à déplorer selon les pompiers.

QU'IMPLIQUE LE CLASSEMENT SEVESO DE L'USINE ? 

L’usine Lubrizol est classée Seveso, seuil haut, depuis 2009 en raison de la présence de produits chimiques dangereux. Selon cette directive européenne, l'entreprise doit prendre des mesures pour identifier les risques, prévenir les accidents majeurs et limiter leurs conséquences pour les riverains, le personnel et l’environnement. L’usine est aussi sous surveillance particulière des autorités.

Depuis l’incendie, une cellule de crise a donc été mise en place et un plan de prévention déclenché pour mettre les installations voisines en sécurité et éviter des réactions en chaîne. La ville de Rouen compte en effet une douzaine de sites classés Seveso. Un périmètre de confinement a été mis en place dans une zone de 500 mètres autour de l'usine. Les établissements scolaires ont également été fermés à Rouen et dans les communes du nord de la métropole.

QUELS SONT LES RISQUES DE POLLUTION ? 

Au regard de la nature des activités de l’usine, les fumées de l’incendie contiennent des hydrocarbures. Une intoxication à l’hydrocarbure liée à une inhalation prolongée des fumées, peut entraîner "une irritation des poumons, causer une toux, une suffocation et un essoufflement". Au cours de la journée, des "traces d'hydrocarbures" ont été observés sur le sol. Pour France Nature environnement (FNE), il est trop tôt pour connaître la dangerosité de cette suie : "On ne connaît pas encore l'origine des produits qui ont brûlé, explique-t-elle. Cela pourrait être simplement du carbone brûlé, par exemple", a ainsi indiqué Ginette Vastel, co-responsable du domaine des risques industriels de FNE au Parisien.

Par ailleurs, selon le préfet de Seine Maritime, des installations pouvant relâcher de l’hydrogène sulfuré, un gaz hautement toxique, se trouvent à l’intérieur de l’usine. Mais "pour l’instant, ce n’est pas le cas", a-t-il assuré. Selon les premières analyses présentées dans la matinée par le préfet, il n’y avait "pas de toxicité aiguë sur les principales molécules" dans la fumée qui se dégage mais, par "mesure de précaution", les Rouennais sont invités à limiter leurs déplacements au strict nécessaire. Et les écoles resteront fermées dans 12 communes ce vendredi. 

Les 200 pompiers qui luttent contre les flammes doivent aussi veiller à leur propre sécurité en raison de la présence d'installations hypersensibles à l’intérieur de l’usine. De nouvelles explosions ne sont pas à exclure.

Au niveau environnemental, il existe également un risque de pollution de la Seine par débordement des bassins de rétention.

QUELS SONT LES CAS PRÉCÉDENTS ?

En 2013, l’usine Lubrizol avait déjà été à l’origine d’une fuite de mercaptan, un gaz nauséabond destiné à donner de l’odeur au gaz de ville pour mieux le détecter. Ce gaz, potentiellement toxique à forte dose s’était fait sentir sur une large zone, de Paris à l’Angleterre. Le rapport qui avait été rendu après l’incident avait pointé de graves défaillances, notamment au niveau de l’entraînement et de la formation des effectifs lors de telles situations. Lubrizol avait ensuite été condamné à une amende de 4 000 euros. En 2015 quelque 2 000 litres d’huile minérale avaient également été déversés dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales après un "incident d’exploitation" à l’usine chimique.

NOETHIC/ AFP

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