Jamais aucun Etat n'avait publié estimation si précise de ses puits naturels de "carbone bleu", concept désignant la capacité d'absorber le CO2 de certains écosystèmes côtiers comme les mangroves, ces sublimes forêts littorales prenant racine dans des substrats vaseux.

Pour la première fois, plus de quarante chercheurs ont mesuré la contribution carbone desdits écosystèmes côtiers en Australie, kyrielles de chiffres à l'appui. Ces derniers stockent ainsi 5 à 11% du CO2 emprisonné dans l'ensemble des mangroves, des marais littoraux et des herbiers marins du globe, écrivent-ils dans leur étude - "Les écosystèmes côtiers australiens, lieux-clés pour l'atténuation du changement climatique" – parue ce mercredi dans la revue Nature Communications.

Oscar Serrano, du Centre de recherche sur les écosystèmes marins de l'Université australienne Edith Cowan (à Perth) et co-auteur de la publication, a déclaré au Guardian : "Lorsque ces écosystèmes sont endommagés par les tempêtes, les vagues de chaleur, le dragage, l'acidification, la perte d'oxygène, l'intrusion de salinité, l'élévation du niveau de la mer ou tout autre développement humain (autant de menacées identifiées par les experts du Giec dans leur dernier rapport paru fin septembre, ndlr), le dioxyde de carbone stocké dans leur biomasse et leurs sols peuvent être réintroduits dans l'environnement, aggravant ainsi le changement climatique."

 
 

De l'impérieuse nécessité de préserver les écosystèmes côtiers

"Les mangroves – super réservoirs de biodiversité – absorbent le carbone bien plus vite que les milieux forestiers. Or à l'échelle mondiale, s'inquiète Oscar Serrano, les écosystèmes côtiers disparaissent deux fois plus rapidement que les forêts tropicales humides."

"Après la colonisation européenne au XIXe siècle, l'Australie a perdu la moitié de ses marais (- 13 800 km2), entre la moitié et les trois-quarts de ses mangroves (- 11 500 km2) et près d'un quart de ses herbiers marins (- 32 ​​000 km2)", peut-on lire dans cette étude, véritable plaidoyer en faveur de la préservation et de la restauration de ces précieux écosystèmes côtiers, dont le potentiel d'atténuation du changement climatique est estimé à 2% des émissions par les experts du Giec.

 

Sans compter que les mangroves, en plus de constituer d'efficaces barrières contre l'érosion des côtes, présentent l'atout majeur – par gros temps – d'absorber l'énergie de la mer. Puits de carbone… et boucliers anti-tempêtes, donc "Pourtant, leur surface dans le monde recule et serait passée de 200 000 km2 avant le début de la dégradation par l'homme, à environ 140 000 km2 aujourd'hui, selon le chercheur français François Fromard, interrogé par l'AFPPartout défrichées pour construire des bassins à crevettes ou servir de bois de chauffage..."

GEO