Voilà plus de dix ans que Dean Yibarbuk, président de l'organisation Warddeken Land Management, a contribué à formaliser un programme autochtone de prévention des feux sur ce territoire de 14.000 km2 en Terre d'Arnhem, dans l'extrême Nord, dépeuplé par la colonisation et négligé depuis.

Connaissances scientifiques et savoirs ancestraux ont été mis à contribution pour la création d'un programme qui emploie aujourd'hui 150 personnes au service de la gestion des espèces et la protection du patrimoine.

"Nous avons tout changé en remettant les gens au coeur des paysages", a expliqué à l'AFP M. Yibarbuk. "Nous ne sommes pas les seuls. Ça se passe dans tout le Nord de l'Australie, là où les gens n'en pouvaient plus de voir le pays brûler."

 

- Crédits carbone -

Les brûlis anticipés émettent en outre beaucoup moins de gaz à effet de serre que les feux sauvages, ce qui génère pour les communautés qui les pratiquent des crédits carbone qui peuvent être revendus. Et les fonds dégagés sont ensuite réinvestis dans des projets locaux.

Shaun Ansell, un autre responsable de Warddeken Land Management, estime que tout le pays aurait beaucoup à apprendre de l'expérience acquise par les Territoires du Nord, tout en mettant en garde contre la tentation simpliste de répliquer cette approche dans le reste de l'Australie.

"Les paysages du Nord de l'Australie sont bien plus vastes et beaucoup moins densément peuplés, ce qui signifie que le risque de brûler des maisons ou des infrastructures dans le Nord est beaucoup moins élevé", explique-t-il à l'AFP.

David Bowman, professeur à l'Université de Tasmanie et spécialiste des feux de forêt, convient qu'un retour à grande échelle aux méthodes traditionnelles ne serait pas possible dans le sud, où les populations autochtones sont minoritaires.

 

"Cela ne peut être la seule solution au problème des feux de forêt mais cela a un rôle important à jouer, tout en rendant hommage aux traditions anciennes".