Le président du Sénégal, Macky Sall, a annoncé l’annulation de la centrale au charbon de Bargny, conformément aux engagements du pays dans le cadre de l’Accord de Paris.

Venant au milieu de la COP25, cette annonce a été saluée par les  communautés locales et les militants du Sénégal, qui depuis plus de cinq ans se sont fermement opposés et ont activement fait campagne contre cette centrale au charbon tout en poussant le gouvernement à investir dans les énergies renouvelables. En réponse à cette annonce, Landry Ninteretse, chef d'équipe régional chez 350.org Afrique, a déclaré:  «Au cours des trois dernières années, 350.org ainsi que des partenaires locaux et régionaux ont tiré la sonnette d'alarme, révélant les impacts humains et écologiques catastrophiques auxquels les Communautés de Bargny, Sendou et Rufisque si le projet se concrétise.  

Nous avons dénoncé le rôle de banques telles que la Banque africaine de développement, la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (CBAO) et la Banque néerlandaise de développement (FMO), qui avaient financé le projet.  Cette décision confirme que les voix des communautés concernées et la science appelant à l'arrêt des combustibles fossiles doivent être entendues par les gouvernements.  Le Sénégal a désormais la possibilité de s'engager sur une voie différente et propre vers un développement qui soit axé sur la durabilité et la justice » L'annulation du projet charbonnier intervient après une série d'échecs techniques, de difficultés financières et de conflits entre actionnaires qui avaient paralysé le projet au cours des quatre derniers mois, stoppé l'importation de charbon et provoqué le licenciement des travailleurs du projet.

Récemment, le Khalife général des Tidianes a ajouté sa voix en tant que chef religieux bien respecté dans le pays à celles des communautés et des militants qui se sont mobilisés contre le projet de charbon controversé. Mamadou Barry, directeur exécutif d'Action Solidaire International, a déclaré: «Alors que nous, militants au Sénégal, nous saluons la décision présidentielle, nous nous méfions du« plan de transition »suggéré par le président sénégalais qui envisage de transformer la centrale au charbon en une installation de gaz. Nous résisterons également à cette installation gazière car elle est susceptible d'avoir des effets néfastes similaires sur le bien-être des habitants de Bargny, Sendou et Rufisque. » L'annulation de ce projet Bargny est le deuxième grand projet de charbon à être annulé sur le continent cette année, après que le Tribunal national de l'environnement (NET) du Kenya a annulé la licence précédemment accordée à Amu Power pour la construction de la centrale au charbon de Lamu. Preuve que le pouvoir des gens est vraiment imparable et que la résistance aux combustibles fossiles augmente. 

De même, l'annonce par la Banque africaine de développement en septembre qu'elle ne financera aucun projet de charbon en Afrique montre la préoccupation croissante et le manque de soutien pour les projets de combustibles fossiles à travers le continent et, plus important encore, le fait que les voix des personnes qui demandent une plus grande action climatique est maintenant entendue dans les organes de décision de haut niveau à travers le continent.

   Pape Mbor NDIAYE