C'est désormais acté. Les marques auront interdiction de jeter ou brûler leurs invendus non alimentaires à partir de 2022. Le réveil est douloureux pour le secteur du textile qui s'est inégalement préparé à cette nouvelle mesure. Pour leur simplifier la tâche, des "facilitateurs" comme Comerso ou Phenix leur tendent la main en prenant en charge la gestion de leurs invendus.
Jeudi 30 janvier, dans le cadre de la loi économie circulaire, une mesure visant à interdire la destruction des invendus non alimentaires a été définitivement adoptée. Cela représente 630 millions d'euros chaque année. À partir de 2022, il en sera fini des chaussures neuves lacérées retrouvées dans les poubelles, les trenchs partis en fumée ou les jeans imprégnés de javel. Reste à savoir si le secteur s’est bien préparé à ce changement. "Le secteur du textile a quatre à cinq ans de retard sur la gestion de ces invendus par rapport à l’industrie alimentaire", estime François Vallée le directeur marketing et communication de Comerso.
La startup dit recevoir depuis quelques mois de plus en plus d’appels de marques de textile qui souhaitent être aidées dans la gestion de leurs invendus. L’entreprise était à la base spécialisée dans l’alimentation. Son rôle était d’épauler les enseignes de la distribution en faisant le lien avec les associations. Un gain de temps pour tous. Elle a ajouté une nouvelle corde à son arc en proposant son aide sur la gestion des invendus non alimentaires comme le textile. "On sent l’urgence portée par la loi", assure François Vallée.
Des réseaux difficiles à identifier
L’atout de la startup angevine est de soulager les marques qui préfèrent mettre leur force sur leur cœur de métier. L’Agence du don en nature craignait d’ailleurs en 2018 lorsque Emmaüs affichait sa volonté d’interdire la destruction des invendus textiles, que les associations ne soient pas prêtes à recevoir les tonnes de dons du secteur. D’où l’appel à Comerso. "C’est un facilitateur", plaide Emmanuel Larrondo, directeur marketing et digital de Besson chaussures. La startup sait cibler les petites associations peu visibles et activer un réseau développé depuis des années. Surtout, son offre est multiple. Elle a créé un site C-Destock, une centrale d’achat numérique qui met en lien les industriels avec les soldeurs ou déstockeurs. Les entreprises ont donc plusieurs options pour prolonger la vie de leurs invendus.
"Vu les petits volumes d’invendus, trouver une filière de valorisation n’était clairement pas une priorité des entreprises jusqu’ici", estime Charles Lottmann, cofondateur de Nous Anti Gaspi, un réseau d’épicerie qui propose à prix cassés les invendus des producteurs et des industriels. "La loi va les pousser à trouver des solutions", avance-t-il. Le réseau d’épicerie a ainsi développé un lien avec Petit Bateau qui est devenu un de ses fournisseurs phares côté textile.
Repenser les business models
Sur ce marché du gaspillage vestimentaire, il faudra aussi compter sur Phenix, concurrent principal de Comerso. "En travaillant avec la grande distribution et donc des hyper-marchés on s’est assez vite intéressé aux vêtements", explique la startup. Depuis plusieurs années, elle travaille avec le fabricant de tissus TDV à Laval. "Nous revalorisons des rouleaux de tissus entiers qui ne peuvent pas être vendus car ce sont des tissus "pro" (pour les uniformes des pompiers par exemple). Nous les donnons à des associations, et notamment des ateliers de couture pour la réinsertion professionnelle", explique l’entreprise.
Reste que pour avoir le moins d’invendus possible, il s’agit d’abord de mieux gérer, en amont, sa production. Et le numérique peut aider les marques dans cette voie. Une étude du cabinet Roland Berger avait ainsi évoqué des cas concrets d’entreprises ayant réussi à baisser leur impact environnemental grâce aux fashiontechs. Mais entre le luxe par exemple et la fast fashion, les problématiques diffèrent. Pour cette dernière, il va falloir interroger le coeur même de son business model, basé sur les prix bas et la surproduction.
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