Les sept premières économies occidentales de la planète se réunissent à Biarritz dans le cadre du G7. La France veut imposer la question des inégalités sociales, illustrée en France par la crise des Gilets jaunes. Mais les sept dirigeants arrivent en ordre dispersé et une déclaration commune forte est plus qu’improbable. Pourtant, c’est l’idée même du capitalisme et du libre-échange qui est en jeu.
Emmanuel Macron s’y est engagé : le G7 2019 organisé par la France à Biarritz, les 24 et 25 août, sera placé sous le signe de la lutte contre les inégalités. Le Président français, fragilisé par la crise des Gilets jaunes, sait combien ce sujet est désormais essentiel. Et sous une forme ou une autre, ce type de mouvements sociaux trouve un écho dans tous les pays.
Mais les tensions intra et internationales qui touchent le club fermé des sept puissances occidentales laissent penser que rien ne sortira de ces deux jours. Les États-Unis mènent une guerre commerciale avec la Chine qui mobilise pleinement sa diplomatie. La France, fer de lance de la taxe sur les Gafa, est menacée par Washington sur ses exportations. L’Italie est en transition politique après la démission du Premier ministre Giuseppe Conte. Le Royaume-Uni de Boris Johnson a pour seul horizon le Brexit. L’Allemagne, en plein fin de règne d’Angela Merkel, est menacée par une récession. Reste le Japon et le Canada.
Pourtant en ne se mobilisant pas sur la question sociale, les sept dirigeants réunis ce week-end ont beaucoup à perdre. Leur objectif est désormais, ni plus, ni moins que de sauver le capitalisme et le libre-échange. "Peu importe à ses détracteurs que (le libéralisme) ait permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté, ses excès comme ses échecs l’ont aujourd’hui discrédité", écrit dans une tribune aux Échos, Bernard Spitz, président de la Commission Europe et Internationale du Medef.
Les entreprises en soutien
Début 2019, le ministre de l’Économie Bruno Lemaire, en vue du G7 Finance, expliquait : "nous ne pouvons pas payer toujours plus de croissance par toujours plus d'inégalités. Nous sommes au bout de ce raisonnement". Il appelait à une "refonte d'un capitalisme" qui "ne survivra pas à la montée des inégalités dans le monde". L’ONG Oxfam accuse le G7 d’être un pompier pyromane : "Les gouvernements du G7 alimentent dangereusement les inégalités en échouant à mettre en place une fiscalité juste et progressive, préférant privilégier des pratiques fiscales néfastes, tout en sapant la capacité des pays en développement à collecter l'impôt".
Les dirigeants G7 doivent incliner le capitalisme vers un mode de fonctionnement plus responsable. C’est ce que demandent de nombreuses ONG ou syndicats bien sûr… mais aussi, de plus en plus, les entreprises. Le B7, les leaders des organisations d’employeurs des pays du G7 réunis en juillet à Aix-en-Provence, se dit inquiet de l’émergence "des tensions sociales et politiques" et appelle à "faire face aux conséquences sociales des transformations technologiques et économiques à venir". Aux États-Unis, l’association de grandes entreprises Business Roundtable vient de faire sa révolution en assurant que, désormais, le bénéfice de l’actionnaire ne peut plus être l’objectif final de l’entreprise.
Faute de changements, c’est le G7 lui-même qui sera remis en cause. Car si à sa création en 1975, en réponse à la crise pétrolière, le G7 était bien constitué des sept premières puissances économiques de la planète, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il représente bien la moitié des richesses du globe, mais certains de ses membres sont désormais dépassés par la Chine (2e puissance économie mondiale), l’Inde (6e puissance juste devant la France) et le Brésil (8e devant le Canada). En conséquence, l’influence du G7 pourrait s’estomper rapidement face à celle du G20.
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