Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Un coup de mou sur la rentabilité ? Une dispute avec le conseil d’administration ? Non, les départs forcés des dirigeants d’entreprises sont désormais plus souvent dus à leurs écarts de conduite. Selon l’enquête annuelle de PwC, 40 % des remerciements des patrons des entreprises cotées résultaient d’un manquement à l’éthique en 2018, le double de 2017. Une conséquence directe du mouvement #MeToo qui réclame aux entreprises plus de transparence.

Les dirigeants d’entreprise ne peuvent plus dissimuler leurs écarts de conduite. Pour la première fois en 2018, les manquements à l’éthique ont constitué la première cause de départs forcés des patrons de grandes entreprises cotées, devant la mauvaise performance financière de l’entreprise ! Selon l’enquête annuelle de Strategy&, la filiale du cabinet PwC spécialisée dans le conseil en stratégie, près de 40 % des patrons remerciés l’ont été en raison d’un comportement inapproprié.

Fraude, corruption, délit d’initié, désastre écologique, CV mensonger et harcèlement sexuel font partie des raisons pour lesquelles des patrons ont dû être mis sur la touche. Dans le monde policé des conseils d’administration des entreprises cotées, cette statistique fait désordre. D’autant qu’elle ne cesse de grimper. En 2017, l’éthique n’avait été invoquée "que" dans 26 % des cas de remerciement, soit presque moitié moins qu'en 2018 ; entre 2007 et 2011, cela concernait 3,9 % des départs forcés.

Un contrôle accru

Les dirigeants de grands groupes sont-ils subitement devenus de dangereux criminels ? Non, selon l’étude de PwC. Il s’agit plutôt d’une évolution à la fois sociétale et des méthodes de gouvernance, qui se traduit par un contrôle accru des autorités réglementaires, mais aussi par une plus grande transparence demandée sur les cas de harcèlement sexuel en entreprise.

Cette évolution résulte notamment des conséquences de l’affaire Harvey Weinstein, qui avait initié le mouvement #MeToo sur les réseaux sociaux. Sous la pression médiatique, le fondateur de Miramax, la société de production cinématographique, avait dû quitter son poste suite aux accusations de harcèlement et de viol. Ce mouvement a entraîné de nombreuses révélations dans les milieux économiques qui se sont traduites par des départs de dirigeants de haut niveau.

Un article du Time Magazine dénombrait 414 dirigeants de tous secteurs de l’industrie ayant été accusés de mauvaise conduite dans les 18 mois ayant suivi le lancement du mouvement #MeToo, dont 190 ont été remerciés ou ont quitté leur poste volontairement.

Un fort mouvement de turnover en 2018

Parmi eux, Travis Kalanick, le cofondateur d’Uber, avait fait fortement parler de lui en 2017. Il avait dû se mettre en congé de son groupe en raison de la culture sexiste et discriminatoire qu’il a laissée s’installer dans l’entreprise. Insuffisant pour les investisseurs de ce fleuron de la Silicon Valley, qui ont réclamé son départ et l’ont poussé à la démission.

Cette pression sur le comportement éthique des dirigeants s’est faite de plus en plus forte au fil des mois, le risque de réputation se faisant trop grand pour les entreprises et leurs investisseurs. Le fonds de pension Calpers a ainsi demandé à ses participations de faire toute la transparence sur les éventuelles affaires de harcèlement. Intel n’a pas attendu que l’affaire s’ébruite, en 2018, lorsque l’entreprise a appris la relation extra-maritale de Brian Krzanich, son PDG, avec une employée. Le dirigeant a dû immédiatement quitter l’entreprise pour avoir contrevenu au code de conduite interne.

Cette tendance s’inscrit dans un intense mouvement de "turnover" des patrons d’entreprise en 2018. Le taux de rotation a atteint le niveau record de 17,5 %, contre 14,5 % l’année précédente. Parmi tous les départs recensés par Strategy&, la grande majorité était planifiée de longue date, seuls 20 % constituaient des départs forcés, une proportion en ligne avec les années précédentes.

En 2019, la tendance devrait se confirmer. Une autre étude portant sur 200 départs de dirigeants d'entreprises américaines et réalisée par le cabinet de recherche Exchange, montre que, depuis le début de l'année, 52 % des départs résultaient de décisions de la part du conseil d'administration ou des actionnaires. 

Novethic

Les délégations des 195 pays membres du Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ont approuvé, au terme de cinq jours et demi, un rapport sur les liens entre changement climatique et usage des terres publié ce jeudi 8 août. Il alerte sur le rôle de l’agriculture dans la dégradation des terres mais aussi sur le potentiel du secteur pour séquestrer le carbone dans les sols.

L'agriculture est une des causes majeures de dégradation des sols en raison d'une exploitation et d'une intensification sans précédent de la gestion des terres. Les terres agricoles occupent environ 38 % de la surface des terres, et la superficie augmente, principalement du fait de la demande de produits d’origine animale. Entre 1961 et 2016, les émissions agricoles ont ainsi presque doublé et représentent aujourd’hui plus de la moitié des émissions totales du secteur des terres. Or, normalement, ces derniers agissent comme des puits de carbone, en captant et séquestrant le CO2 de l'atmosphère. Entre 2007 et 2016, ils ont ainsi permis d'éliminer 28 % du total des émissions.

Mais cette propriété est bouleversée par les activités agricoles et le changement climatique. En augmentant l’intensité des précipitations, les inondations, la fréquence et l’intensité des sécheresses, le stress thermique, les vents et l’élévation du niveau de la mer, celui-ci va également dégrader la capacité globale des sols à stocker le carbone. C’est pourquoi les auteurs du dernier rapport du Giec sur le changement climatique et l’utilisation des sols, publié ce jeudi 8 août, appellent à une transformation de nos modèles agricoles et de nos modes de consommation.

Lutter contre le gaspillage alimentaire et manger moins de viande

Actuellement, 25 à 30 % de la nourriture produite est gaspillée. Par ailleurs, l’évolution des modes de consommation a contribué à ce qu’environ deux milliards d'adultes soient en surpoids ou obèses à travers la planète alors que 821 millions de personnes sont encore sous-alimentées. "Il sera impossible de maintenir les températures mondiales à des niveaux sûrs sans changer notre façon de gérer les terres et la manière de produire de la nourriture", alertent les auteurs.

Parmi les mesures avancées par le rapport, il y a la réduction de la demande en produits animaliers pour aller vers des régimes végétariens ou végétaliens. "La consommation de régimes alimentaires sains et durables, tels que ceux basés sur les céréales secondaires, les légumineuses, les légumes, les noix et les graines… offre des opportunités majeures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre", indique le rapport. Et un potentiel de réduction des émissions compris entre 0,7 et 8 gigatonnes de CO2 par an.

Amélioration des pratiques agricoles

Par ailleurs, du côté des pratiques agricoles, les auteurs appellent à intensifier la productivité (à l'hectare ou à l'animal) dans les pays où cela est possible, plutôt situés au Sud. Dans les pays de l’OCDE, l’enjeu est au contraire de trouver un nouvel équilibre entre protection des écosystèmes et production agricole. Le rapport prône ainsi la gestion durable des terres : agro-foresterie, agriculture biologique, rotation de culture, utilisation des eaux de pluie...

"Nous avons une double responsabilité face à la gestion des terres, nous sommes à la fois responsables de la crise climatique qui les appauvrit mais aussi d’une agriculture productiviste polluante qui les dégradent renforçant ainsi la crise climatique. Ce rapport du GIEC doit permettre à nos décideurs politiques de comprendre l’urgence à reformer notre système de production agricole pour assurer la sécurité alimentaire des années à venir", explique Laurence Tubiana, directrice générale de la Fondation européenne pour le climat.

Les auteurs du rapport insistent également sur le fait que "la décarbonation de l'économie ne doit pas reposer sur des changements d'usage des terres à grande échelle". L'utilisation de bioénergie avec captage et stockage de carbone (BECCS), qui consiste à faire pousser des végétaux et à les brûler pour produire de l’énergie tout en captant le CO2 issu de la combustion pour le stocker dans des réservoirs géologiques, aurait ainsi des conséquences sociales en termes d'accès au foncier et environnementales (recours accru aux pesticides...) importantes.

Les scientifiques appellent enfin à décarboner tous les secteurs le plus rapidement possible, et pas que celui des terres, quand bien même celui-ci représente près du quart des émissions liées aux activités humaines.

Novethic

Au terme d'une session marathon, les Etats ont approuvé mercredi à Genève le rapport du Giec sur l'utilisation des terres qui doit être rendu public jeudi, avec en toile de fond la nécessité d'assurer la sécurité alimentaire d'une population croissante et la lutte contre le réchauffement.

Les délégations des 195 pays membres du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) étaient réunies depuis vendredi à huis clos en Suisse pour examiner ce rapport spécial des experts de l'ONU pour le climat consacré au "changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres". En clair : comment le réchauffement climatique affecte les terres consacrées aux cultures, à l'élevage ou encore les forêts, et par ricochet la sécurité alimentaire, mais aussi comment les pratiques agricoles ou la déforestation agissent sur le climat.

Le Giec a finalisé les termes de ce rapport thématique "après une session finale marathon" vers 10h30 GMT ce mercredi, a tweeté Stephen Cornelius, du WWF.

L'examen ligne par ligne du "résumé à l'intention des décideurs politiques" du rapport complet d'environ 1 200 pages aurait dû s'achever mardi en fin d'après-midi, mais les discussions se sont prolongées lors d'une session finale d'adoption d'environ 28 heures.

Le résultat des débats menés par consensus, ce qui peut conduire à édulcorer certaines formulations, doit être rendu public jeudi matin à Genève. "Nous sommes très heureux que le rapport ait été approuvé", s'est réjouie Fernanda Carvalho du WWF.

Alimentation vs climat ?

Ce texte est essentiel car il souligne "que la façon dont nous utilisons les terres n'impacte pas seulement le climat, mais la capacité des terres à fournir les moyens d'existence aux gens, à la nature et à la biodiversité", a-t-elle ajouté.

 
 

Cette expertise scientifique, la plus complète à ce jour sur le sujet, fait le point sur l'état des terres, les impacts des changements climatiques actuels et à venir, mais aussi sur la façon dont la modification de l'usage des terres joue sur le climat.

Ses auteurs se sont aussi penchés sur le système alimentaire mondial, ses limites et l'évolution des régimes alimentaires, avec une consommation croissante de viande. Environ 820 millions de personnes souffrent de la faim, deux milliards d'adultes sont obèses ou en surpoids et 30% de la nourriture serait perdue.

Le rapport aborde également la lutte contre la désertification, le rôle des femmes et des communautés autochtones.

Derrière ce sujet complexe, qui touche à des domaines très divers - les conditions de vie de nombreuses personnes, la préservation des écosystèmes, les intérêts de puissantes industries agro-alimentaires et forestières - se niche une question fondamentale: comment nourrir une population qui pourrait atteindre 11,2 milliards d'individus en 2100 tout en contenant le réchauffement climatique à 1,5°C, objectif idéal de l'Accord de Paris sur le climat.

 

Comment y parvenir sans créer une compétition intense pour l'usage des terres et dégrader encore plus les écosystèmes, alors que les activités humaines ont déjà abîmé environ un quart des terres émergées non couvertes par des glaces ?

Certains sont partisans de solutions fondées sur les bioénergies, c'est-à-dire les énergies produites à partir de bois, de produits agricoles ou de déchets organiques, et la technologie des BECCS, qui visent à produire de l'énergie tout en retirant du C02 de l'atmosphère.

D'autres acteurs mettent en garde contre le danger que représente l'usage de ces techniques à grande échelle, car elles nécessiteraient des surfaces terrestres importantes, qui ne pourraient plus être consacrées à l'agriculture et à l'élevage.

Ce sujet a constitué un des principaux points d'achoppement des discussions à Genève, selon des observateurs.

 

Ce rapport spécial fait suite à celui consacré à la faisabilité de l'objectif de 1,5°C, publié en octobre. Il avait secoué l'opinion publique et conduit des centaines de milliers de personnes à descendre dans la rue pour exiger de leurs gouvernements qu'ils agissent plus vite.

Un troisième rapport "spécial" dédié aux océans et à la cryosphère (banquise, glaciers, calottes polaires) sera adopté fin septembre à Monaco, au moment où l'ONU organisera un sommet sur le climat à New York.

Geo

Voici les principaux points du rapport dédié à l'usage des terres et au réchauffement climatique rendu public jeudi par le Giec, le groupe des experts du climat de l'ONU.

. Des terres dégradées

Les hommes utilisent directement plus de 70% des terres émergées et non recouvertes par les glaces, indique ce rapport. Environ un quart de cette surface est dégradée par leurs activités.

L'expansion de l'agriculture et de la sylviculture et une augmentation des rendements ont permis de nourrir une population croissante, mais ont aussi entraîné une hausse des émissions de gaz à effet de serre, une perte d'écosystèmes et une baisse de la biodiversité.

Le rapport insiste aussi sur la menace posée par la désertification et la nécessité de lutter contre ce phénomène.

. Un réchauffement rapide

La température moyenne mondiale sur les surfaces émergées augmente plus vite que la température globale, océans compris. Depuis la période pré-industrielle, elle a progressé "de 1,53°C", selon le rapport.

 

Ce réchauffement provoque une hausse de la fréquence et de l'intensité des canicules et des sécheresses. "Le changement climatique a déjà affecté la sécurité alimentaire", via des événements climatiques extrêmes, une diminution des récoltes dans certaines régions ou encore une productivité moindre des systèmes pastoraux en Afrique.

"Avec un réchauffement climatique autour de 1,5°C, les risques de pénurie d'eau dans les zones arides, de dommages causés par les incendies, de la dégradation du permafrost et d'instabilité dans l'approvisionnement alimentaire sont prévues comme étant importants". A 2°C, les risques pour l'approvisionnement alimentaire pourraient devenir "très importants".

Les femmes, les enfants, les personnes âgées et les plus pauvres sont en première ligne.

. Le poids du système alimentaire.Notre système alimentaire pèse lourd dans les émissions de gaz à effet de serre. L'agriculture, la sylviculture et les autres usages de la terre, comme l'élevage, représentent 23% du total des émissions.

Elles sont encore plus importantes en prenant en compte la totalité du système alimentaire et devraient augmenter à l'avenir, "tirées par la croissance démographique, des revenus et les changements de régime alimentaire".

Les habitudes alimentaires ont évolué au cours du demi-siècle écoulé: l'approvisionnement en viande par habitant a plus que doublé en moyenne depuis 1961, alors même que 820 millions de personnes souffrent de la faim. Dans le même temps, deux milliards d'adultes sont en surpoids ou obèses et "25 à 30% de la production totale de nourriture est gaspillée".

. Comment utiliser les terres 

Le Giec a élaboré différents modèles pour imaginer comment limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou bien en dessous de 2°C par rapport à la période pré-industrielle. Ils incluent des mesures d'atténuation basées sur les terres et des changements d'usage, combinant boisement, reboisement, une déforestation réduite et des bioénergies.

 

Ces modèles permettent de limiter le réchauffement à 1,5°C sans nécessiter des changements d'usage de terres massifs, fait valoir le rapport.

Les solutions sont à chercher du côté d'une réduction du gaspillage alimentaire, un changement de régime alimentaire - ce qui permettrait de libérer des millions de km2 de terres d'ici 2050 - une restauration des écosystèmes, une amélioration de la gestion des forêts, une hausse de la productivité alimentaire durable...

Les scénarios nécessitant en revanche des conversions de terres à très grande échelle pour lutter contre le réchauffement pourraient avoir "des effets secondaires indésirables sur l'adaptation, la désertification, la dégradation des terres et la sécurité alimentaire".

. Gérer et consommer autrement.Des changements dans les modes de consommation seront nécessaires et peuvent être orientés par des choix politiques, selon le Giec.

 

"Des régimes équilibrés reposant sur des aliments à base de plantes, tels que ceux basés sur les céréales secondaires, les légumineuses, les fruits et légumes, les fruits à coque et les graines et des aliments d'origine animale produits dans des systèmes résilients, durables et à faibles émissions de gaz à effet de serre présentent d'importantes opportunités", souligne le rapport, qui encourage aussi la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Ce texte rappelle aussi la nécessité, déjà mise en avant dans le précédent rapport du Giec, de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre afin d'éviter "des pertes irréversibles" au sein des écosystèmes nécessaires pour la nourriture, la santé et l'habitat des humains.

© 2019 AFP 

Au Japon ? En Espagne ? A Singapour ? On fait le point.

Pour vivre vieux, mieux vaut naître au Japon. Depuis les années 1970, ce champion de la longévité est en tête des classements de l'espérance de vie à la naissance. Mais, en 2040, il pourrait bien se faire détrôner par…l'Espagne. C'est ce que conclut une étude menée par l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l'université de Washington.

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont tout d'abord analysé, dans 195 pays et territoires, l'impact sur l'espérance de vie de 250 causes de mortalité (maladies, accidents…). Causes, dont ils ont, ensuite, évalué l'importance en 2040 en fonction de l'amélioration ou de la dégradation supposée de soixante-dix-neuf facteurs pouvant les impacter (tabagisme, obésité, conflits, hygiène…).

Résultat : une hausse de l'espérance de vie partout, avec une très forte progression dans les pays où l'on vit le moins longtemps aujourd'hui, comme au Tchad. Les écarts se réduiront donc, même s'il vaudra toujours mieux naître dans l'un des pays les plus riches. A noter que les Etats-Unis, qui ne gagneraient que 1,1 année de vie (contre 2 ans pour la France, par exemple), passeraient de la 43e à la 64e place.

 
 

La clé de la longévité des générations à venir ? Pour l'IHME, elle est liée, notamment, à la lutte contre un ennemi à quatre têtes, l'obésité, le tabagisme, l'alcoolisme et la pollution atmosphérique.

Où vivra-t-on le plus vieux en 2040 ?, un “monde en cartes” de Yann Chavance (texte) et Hugues Piolet (carte) paru dans le magazine GEO de juillet 2019 (n°485, Grèce).

Excepté dans le parc national de Chobe, au Botswana, seul pays d’Afrique ayant mis en place une politique efficace de protection de l’espèce, le braconnage décime les populations d’éléphants, partout ailleurs sur le continent.

Les éléphants sauvages auront-ils disparu en Afrique d’ici à vingt ans ? Pour les ONG et les gouvernements réunis en mars 2015 à Kasane (Botswana) lors de la deuxième conférence sur le trafic d’espèces protégées, cette perspective n’a rien d’insensé. Estimé à 473 000 sur le continent en 2013 par les experts de l’Union internationale pour la conservation de la nature, le nombre de pachydermes ne cesse de diminuer, au point qu’ils sont classés "vulnérables" par l’UICN, à peine mieux que leurs semblables d’Asie ("en danger").

Depuis le milieu des années 2000, le massacre s’intensifie : chaque année, entre 25 000 et 33 000 de ces animaux sont tués en Afrique par des braconniers pour leurs défenses, alors que le commerce de l’ivoire est interdit au niveau mondial depuis 1989. En février 2014, un rapport du ministère de l’Environnement français indiquait que les éléphants sont éliminés plus vite qu’ils ne peuvent se reproduire : sur le continent, le braconnage élimine chaque année environ 7 % des éléphants, au-dessus de la capacité de renouvellement de l’espèce. Certains pays sont particulièrement visés. Ainsi, en Tanzanie, la population des pachydermes a chuté de 60 % depuis 2009, et de 50 % au Mozambique durant la même période. Quant à l’Afrique centrale (République centrafricaine, République démocratique du Congo, Cameroun, Soudan du Sud), elle a perdu les trois quarts de ses éléphants en vingt ans.

 
 

"C’est surtout le développement d’une classe moyenne en Chine et en Thaïlande, où la possession d’objets en ivoire est signe de richesse, qui explique la hausse de la demande", indique Lamine Sebogo, du WWF. En tonnage, le trafic d’ivoire a doublé depuis 2007. Le braconnage implique désormais de grandes organisations criminelles, disposant d’importants moyens logistiques. Leurs réseaux prospèrent sur fond de pauvreté locale, recrutant des villageois et s’achetant l’impunité auprès des autorités.

Un exemple à suivre et une lueur d’espoir pourtant : avec une population de 130 000 éléphants, stable depuis 2010 mais qui a triplé en trente ans, le Botswana possède désormais le plus grand nombre de pachydermes d’Afrique. Preuve qu’une politique antibraconnage associant les populations locales à la préservation peut porter des fruits.

Geo

Les menaces liées au changement climatique font peser un risque "extrême" aux deux tiers des villes africaines, en raison de la hausse de la population et d'infrastructures médiocres, selon un rapport publié mercredi.

L'ONU estime que 86 des 100 villes mondiales à la croissance démographique la plus importante sont en Afrique et les experts mettent en garde contre la perte de croissance économique du continent liée au réchauffement de la planète.

L'"index de vulnérabilité au changement climatique 2018" publié mercredi par le cabinet de consultants Verisk Maplecroft utilise une cinquantaine de données existantes allant des modèles climatiques aux facteurs économiques, en passant par les projections démographiques.

Selon lui, la capitale centrafricaine Bangui, la capitale du Libéria Monrovia et Mbuji-Mayi en République démocratique du Congo sont les trois villes les plus à risque.

 
 

Le rapport "évalue la capacité à résister aux chocs climatiques et c'est cela qui fait que les villes africaines sont plus à risque que le reste du monde", a commenté Niall Smith, analyste chez Verisk Maplecroft.

Huit villes africaines figurent au total dans les dix les plus à risque, dont Kinshasa, où les 13,2 millions d'habitants sont déjà régulièrement victimes notamment d'inondations.

Et avec la hausse de la population estimée à 26,7 millions d'ici 2035, les perturbations liées aux événements météo risquent d'augmenter.

"La hausse de la population urbaine à cette allure va sans aucun doute intensifier le profil de risque déjà alarmant de la ville", selon les auteurs, qui pointent du doigt les problèmes auxquels font déjà face les mégalopoles africaines, comme le manque d'accès à l'eau potable ou l'habitat.

 

"Nous ne disons pas de ne pas investir dans ces lieux", a assuré à l'AFP Richard Hewston, également analyste chez Verisk Maplecroft, invitant les investisseurs à y aller "avec les yeux ouverts".

Certaines des villes les plus peuplées de la planète, comme New Delhi, Bombay, Mexico, Karachi, ont un "risque élevé" de voir le changement climatique infliger des dommages à leurs économies et leurs populations, indique également le rapport.

A l'opposé, les villes britanniques de Glasgow, Belfast et Edimbourg sont les trois les moins à risque. Parmi les dix autres villes les mieux classées se trouvent également Rouen et Rennes en France, ou Hanovre en Allemagne.

  1. Magazines
  2. Communiqués
  3. Plus lus
CONTACTEZ-NOUS

QUOI DE VERT, le Magazine du Développement Durable
Edité par African Résilience Communication (ARC)


Adresse : Villa numéro 166 Gouye Salam ll - DTK Dakar - Sénégal

TEL :  77 646 77 49  /  77 447 06 54

Email : redaction@quoidevert.org ; quoidevert@gmail.com