Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Nourriture, forêts, absorption du carbone... Les hommes consomment toujours plus sur une planète aux ressources naturelles limitées: c'est ce que marque ce lundi le "jour du dépassement", qui tombe chaque année un peu plus tôt.

Qu'est-ce que le "jour du dépassement" ?

Le "jour du dépassement" ("Overshoot Day") symbolise la date où l'humanité a consommé l'ensemble des ressources naturelles que la Terre peut renouveler sur une année (forêts, poissons, terres cultivables...).

Il est calculé depuis 2003 par l'ONG américaine Global Footprint Network pour illustrer la consommation toujours plus rapide d'une population humaine en expansion sur une planète limitée.

La date est calculée en croisant l'empreinte écologique des activités humaines (surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population) et la "biocapacité" de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par l'Homme, notamment la séquestration du CO2).

 

De plus en plus tôt

Le "dépassement" se produit quand la pression humaine dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels. Ce dépassement se fait en "grignotant" le capital naturel de la Terre et donc "en amenuisant d'autant sa capacité régénérative future", souligne le Global Footprint Network.

Selon l'ONG, ce déficit écologique a commencé à se creuser au début des années 1970: 29 décembre en 1970, 4 novembre en 1980, 11 octobre en 1990, 23 septembre en 2000, 7 août en 2010.

Cette année, il tombe le 29 juillet, même date que l'an dernier (en 2018, la date avait été annoncée pour le 1er août, mais l'ONG qui recalcule en permanence toutes les dates avec les dernières données disponibles l'a réévaluée). L'humanité a donc consommé l'ensemble des ressources renouvelables disponibles sur une année en seulement sept mois.

Pour les illustrer, le Global Footprint Network calcule le jour du dépassement pour chaque pays, ce qui correspond à la date à laquelle le dépassement surviendrait si toute la planète consommait comme ce pays.

Ainsi, en 2019, le dépassement tombe dès le 11 février pour le Qatar et le 16 février pour le Luxembourg, mais seulement le 25 décembre pour la Birmanie et le 26 décembre pour le Kirghizstan.

Pour les Etats-Unis, c'est le 15 mars, le 26 avril en Russie, le 14 mai en France, le 14 juin en Chine, ou le 31 juillet au Brésil.

En d'autres termes, si toute la population mondiale vivait comme les Américains, il faudrait 5 planètes pour subvenir aux besoins de l'humanité de façon durable ou 2,2 planètes si tout le monde vivait comme les Chinois.

 

Des solutions ?

Fait pour marquer les esprits, le "jour du dépassement" est symbolique, mais les comportements qu'il met en cause et leurs conséquences sont largement documentés par les scientifiques, du dérèglement climatique à la disparition catastrophique des espèces et des écosystèmes.

Les derniers rapports des experts de l'ONU sur le réchauffement climatique et sur la biodiversité identifient clairement les directions à suivre: réduction des émissions de gaz à effet de serre, sortie des énergies fossiles, changement drastique du modèle de production agro-alimentaire...

"Nous devons radicalement transformer la façon dont nous produisons et dont nous consommons", résume lundi sur Twitter le Programme de l'ONU pour l'environnement.

Global Footprint Network, qui a lancé la campagne#movethedate (faire reculer la date), assure par exemple que réduire de 50% les émissions de CO2 issues de la combustion d’énergies fossiles permettrait de repousser le jour du dépassement de 93 jours.

 

"En divisant par deux la consommation de protéines animales, nous pourrions repousser la date du jour du dépassement de 15 jours", selon WWF, partenaire de l'événement depuis 2007.

© 2019 AFP 

 
 

Pour le dire d'une autre façon, il faudrait 1,75 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable.

Du Qatar au Kirghizstan

Il existe d'énormes différences entre pays, liées notamment à leur développement économique et aux modèles de production et de consommation.

Selon de nombreux scientifiques interrogés par la BBC, il ne resterait que 18 mois pour effectuer une transition écologique durable. Ce consensus scientifique grandissant s'appuie sur le rapport du GIEC publié l'an dernier, selon lequel les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites de 45% d'ici à 2030 pour éviter la catastrophe climatique.

D'après plusieurs scientifiques interviewés par la BBC, les actions environnementales des gouvernements sur les 18 prochains mois seront décisives. En 2018, le rapport du GIECalarmait les dirigeants et les pressait à agir pour résoudre l’urgence climatique. Deux scénarios possibles : une hausse de 1,5° C d'ici à 2100 entraînerait des risques "significativement moins importants en fréquence et intensité des événements extrêmes et les impacts sur la biodiversité". Mais si le seuil fatidique des 2° C venait à être dépassé, une élévation du niveau des mers et une déstabilisation des glaces du Groenland et de l’Antarctique pourraient être observées. Or nous nous trouverions actuellement sur une trajectoire de 3° C.

La priorité : les objectifs du GIEC

Dans ce fameux rapport du GIEC, il apparaît que les émissions de CO2 doivent être réduites de 45% d’ici à 2030 pour contenir la hausse des températures à 1,5° C par rapport à l’ère préindustrielle, le scénario "optimiste" de l’étude.

 

Pour tenir l’objectif, le temps presse. Selon Hans Joachim Schellnhuber, fondateur et directeur honoraire de l’institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique cité dans l’article de la BBC, les calculs climatiques sont clairs : "Si le monde ne peut pas être guéri dans les prochaines années, il pourrait être mortellement touché par la négligence dès 2020."

La priorité, donc, est d’accélérer les actions gouvernementales. Pour cela, le pic d’émissions de gaz à effet de serre ne doit pas survenir plus tard qu’en 2020, toujours d’après le GIEC. Autrement dit, les énergies fossiles devront laisser place aux renouvelables dès l’année prochaine et la déforestation massive être limitée au plus vite.

Une mobilisation croissante des figures publiques

La "prophétesse apocalyptique" Greta Thunberg, comme beaucoup aiment à l’appeler, n’est pas la seule à alarmer les gouvernements sur l’urgence climatique. Le Prince Charles s’est adressé aux ministres des Affaires étrangères du Commonwealth en appelant à une mobilisation de la part des gouvernements. Dans ses propos rapportés par The Telegraph le 11 juillet dernier, il se dit notamment "fermement convaincu que les 18 prochains mois détermineront notre capacité à maintenir le changement climatique à des niveaux viables et à restaurer l’équilibre nécessaire à notre survie".

 
 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres avait quant à lui déjà alerté sur les "conséquences désastreuses [à envisager] pour les humains et systèmes naturels qui nous soutiennent" si rien ne change à l’horizon 2020.

La COP26, date butoir

Au cours des 18 prochains mois, les gouvernements devront redoubler d’efforts, et ce, particulièrement lors des grands rendez-vous pour l’environnement. Antonio Guterres, a organisé un sommet pour le climat qui se tiendra le 23 septembre. En décembre, la COP25 aura lieu à Santiago, au Chili, et devra relancer les objectifs fixés lors de l’accord de Paris en 2015, dont le principal est de maintenir la hausse des températures en dessous du seuil de 2ºC.

Finalement, c’est à la fin de l’année 2020, lors de la COP26, organisée au Royaume-Uni, que l’avenir climatique devrait se jouer. L’événement est considéré comme le plus important sommet politique sur le changement climatique depuis l’accord de Paris. D'autant plus qu’il se tiendra peu de temps après l’élection présidentielle américaine. Si le président Donald Trump venait à être réélu, ce pourrait être le moment où les Etats-Unis se retireraient définitivement de l’accord de Paris.

 

Beaucoup d’efforts restent à faire. Le Royaume-Uni, par exemple, est encore loin de son objectif zéro émission de carbone en 2050. Le gouvernement s’est donné l’année pour changer la donne et organiser au mieux la COP26 en décembre 2020. Pour le professeur de l’Université de Sheffield au Royaume-Uni et ancien conseiller climatique du Premier Ministre Gordon Brown, Michael Jacobs, elle sonne désormais comme le sommet de la dernière chance. "Si nous ne saisissons pas cette occasion pour accélérer les objectifs, nous n’aurons aucune autre possibilité de rester sous le seuil de 1,5 ou 2° C d'ici à 2100."

GEO

Lorsqu'une méthode de restauration d'écosystème ayant fait ses preuves contribue également à réduire la pauvreté et à renforcer la résilience économique, souvent les gouvernements les soutiennent en tant que solution bénéfique à tous.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement, le Kenya Forest Service, l'Institut de recherche sur la pêche et la marine du Kenya et ses partenaires ont récemment lancé le projet Vanga Blue Forests sur la côte kenyane, une initiative novatrice dont le but est d'échanger des crédits carbone issus de la conservation et de la restauration de la mangrove.

« L'ensemble de ce village, ainsi que d'autres villages voisins dépendent de la pêche. La forêt de mangroves est une véritable zone de reproduction pour les poissons », affirme le chef de Vanga, Kama Abdallah.

« Si les mangroves sont détruites, nous connaîtrons la faim », ajoute Mwasiti Salim, un habitant de Vanga.

En juin 2019, le plan de gestion participative de la Vajiki Community Forest Association a été lancé à Vanga, dans le cadre du projet soutenu par le Fonds des Nations Unies pour l'environnement dans le cadre du projet « Forêts bleues » du Fonds pour l'environnement (Global Environment Facility Blue Forests Project, en anglais) et du programme de petites subventions pour les récifs coralliens de l'Initiative internationale pour les récifs coralliens (International Coral Reef Initiative/UN Environment coral reefs small grants programme, en anglais).

Avec ce plan, les mangroves du comté de Kwale seront cogérées par le Kenya Forest Service et la Community Forest Association. ONU Environnement a contribué à élaborer le plan tandis que l'Institut de recherche sur la marine et les pêches du Kenya a fourni un appui technique à la communauté.

Le plan de gestion comprend également la vente de crédits carbone sur le marché volontaire du carbone, vérifié par la norme d'échange de carbone de Plan Vivo. Elle s'appuie sur le succès d'un projet similaire mené à Gazi, une communauté située à quelques kilomètres au nord, qui négocie des crédits carbone pour la mangrove sur le marché volontaire du carbone depuis 2012.

« À l'échelle mondiale, il s'agit de l'un des premiers projets qui négocie des crédits carbone issus de la conservation et de la restauration de mangroves », affirme Gabriel Grimsditch, expert dans les mangroves à ONU Environnement.

« Le projet préservera et restaurera plus de 4 000 hectares de mangroves dans le comté de Kwale et soutiendra les moyens de subsistance de plus de 8 000 personnes dans les communautés de pêcheurs de la région grâce à des initiatives de développement communautaire », ajoute-t-il.

Lilian Mwihaki de l’Institut de recherche sur la pêche et la marine au Kenya souligne les avantages du commerce du carbone : « Grâce à la vente de crédits carbone, les pêcheurs disposeront de fonds qu’ils pourront injecter dans la communauté. La communauté de Gazi a pu acheter des livres pour ses écoliers. Ils ont pu acheter du matériel pour leur hôpital. Ils ont été en mesure d’apporter de l’eau à leur communauté. »

Le lancement du projet s'est révélé être un événement de grande importance auquel ont assisté le secrétaire du Cabinet kenyan à l'Environnement, Keriako Tobiko, le conservateur en chef des forêts du Kenya, Julius Mwaura, le scientifique en chef de l'Institut de recherche sur la marine et la pêche du Kenya, James Kairo, et le président de l'Institut de recherche sur la marine et la pêche du Kenya, John Safari Mumba.

Les mangroves sont des écosystèmes rares, spectaculaires et prolifiques situés entre terre et mer. Elles abritent une riche biodiversité et constituent un habitat précieux pour la reproduction des poissons et des crustacés. Les mangroves constituent également une forme de défense côtière naturelle contre les épisodes de tempête, les tsunamis, l'élévation du niveau de la mer et l'érosion. Leurs sols sont des puits de carbone très efficaces, séquestrant de grandes quantités de carbone.

Pourtant, les mangroves disparaissent trois à cinq fois plus rapidement que les forêts, entraînant de graves impacts écologiques et socio-économiques. Les estimations actuelles indiquent que la couverture des mangroves a été réduite de moitié au cours des 40 dernières années.

« Les estimations de la superficie totale des mangroves dans le monde varient, mais se situent entre 12 et 20 millions d'hectares. Le projet Vanga ne couvre qu'un infime pourcentage de cette zone, mais étant donné leur caractère évolutif, il est possible de reproduire ce genre d'innovations dans le monde entier en y apportant des modifications locales », déclare Gabriel Grimsditch.

La Journée internationale pour la conservation de l'écosystème des mangroves, célébrée le 26 juillet, a été adoptée par la Conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture en 2015.

Pour davantage d'informations, veuillez contacter Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Le sommet des Nations unies Action Climat se tiendra à New York le 23 septembre 2019 pour renforcer les ambitions, accélérer l'action sur l'urgence climatique mondiale et soutenir la mise en œuvre rapide de l'Accord de Paris sur les changements climatiques. Le Sommet de l'ONU Action Climat 2019 est organisé par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

 

UN.ENVIRONMENT

Un énième rapport qui file le cafard ? Non, un décryptage édifiant sur l'origine des déchets dans le monde. Le cabinet d'analyse des risques Verisk Maplecroft a publié début juillet une analyse fine de la situation.

Un chiffre tout d'abord : les quelque 7,5 milliards d'êtres humains que nous sommes générons chaque année près de 2,1 milliards de tonnes de déchets (ordures collectées par les municipalités, nourriture jetée, plastiques et détritus divers…). De quoi remplir, d'après les calculs du cabinet Verisk Maplecroft, quelque 822 000 piscines olympiques, gloups. (On n'ergotera pas sur la profondeur du bassin ni sur le volume variable des déchets.)

Ce sont les Etats-Unis, qui, à eux seuls, sont à l'origine de 12% des ordures dans le monde, alors qu'ils ne représentent que 4% de la population mondiale, soit 773 kg par individu et par an (contre 530 pour la France et 150 au Bangladesh). Ce qui leur vaut d'occuper la première place de l'Index de production des détritus établi par Verisk Maplecroft. Hip hip hip… oubelle ! Les citoyens américains produisent ainsi trois fois plus de déchets que leurs homologues chinois et sept fois plus que les Ethiopiens et les Kenyans, qui occupent la dernière place du classement.

Les Français seraient bien mal placés pour jeter l'opprobre sur les Américains. Ils font partie - avec les Hollandais, les Canadiens, les Autrichiens, les Suisses, les Allemands et les Australiens – des terriens produisant le plus d'ordures ménagères.

"Les Etats-Unis étant la plus grande économie du monde, il n’est pas étonnant qu'ils soient les plus gros producteurs de déchets, mais ce qui est frappant, c’est leur manque d’engagement à réduire leur empreinte, peut-on lire dans le rapport (à consulter ici). Le taux de recyclage américain est l'un des pires parmi les pays développés, avec seulement 35%, loin derrière l'Allemagne qui recycle 68% de ses détritus."

Les auteurs du rapport notent également que la décision récente de la Chine, des Philippines et de la Malaisie de ne plus traiter les ordures des Etats étrangers n'allait pas faciliter les choses à court terme.

 
 

L'économie circulaire, un enjeu capital pour les multinationales

Alors que faire ? "Nous attendons des gouvernements qu’ils agissent et des entreprises qu'elles paient la note", explique Niall Smith, analyste principal de l'environnement chez Verisk Maplecroft"Au-delà des impacts financiers potentiels (et accessoirement des ravages pour la planète, ndlr), les risques pour la réputation des compagnies sont élevés si elles ne tiennent pas compte de l’intérêt croissant des citoyens et des investisseurs pour ces questions."

Parmi les pays identifiés comme étant les plus à même de contraindre les multinationales à prendre le virage de l'économie circulaire : les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la France, le Canada, l'Australie, la Belgique, le Canada et… les Etats-Unis.

"Pour les entreprises, c'est un enjeu vital. Réduire leur part dans la production de déchets leur permettrait non seulement d'atténuer les risques, mais également d'améliorer leur réputation de marque."

 

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié une mise à jour de sa liste rouge. Sur plus de 100.000 espèces répertoriées, quelque 28.000 sont maintenant décrites comme menacées d'extinction faute notamment à la surpêche, au braconnage et à la perte d'habitat.

Quelques mois seulement après le rapport inquiétant sur la biodiversité publié par l'IPBES, c'est une nouvelle sonnette d'alarme que vient de tirer l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L'organisation a dévoilé une mise à jour de sa liste rouge répertoriant les espèces en danger d'extinction à travers le monde et celle-ci s'est une nouvelle fois allongée.

La liste a passé la barrière symbolique des 100.000 espèces : elle comporte désormais 105.732 espèces dont 28.338 sont considérées comme en danger d'extinction, soit 27% du total. Parmi elles, 9.754 sont décrites comme "menacées", 6.127 comme "en danger d'extinction" et plus préoccupant, 873 sont déclarées "éteintes".

"La liste rouge confirme les découvertes du récent rapport de l'IPBES sur la biodiversité : la nature décline à des rythmes sans précédent dans l'histoire humaine", a expliqué dans un communiqué Jane Smart, directrice du groupe de conservation de la biodiversité de l'UICN. Outre le déclin, cette mise à jour confirme également le rôle des activités humaines dans la disparition progressive des espèces.

 

Des raies et des primates poussés vers l'extinction

Les spécialistes citent notamment l'exemple de deux groupes de raies appartenant à la famille des Rhinobatidae qui font désormais partie des créatures marines les plus menacées. Les 16 espèces - excepté une - sont aujourd'hui en "danger critique d'extinction". C'est le cas de la raie Rhynchorhina mauritaniensisoriginaire de Mauritanie qui a connu un déclin de plus de 80% de sa population en 45 ans.

Les causes de cette disparition sont connues. Elles sont liées à la pêche intense et non régulée menée sur les côtes. Les raies qui évoluent dans les eaux peu profondes sont ciblées par les pêcheurs ou capturées par accident. Leur chair est ensuite vendue sur les marchés locaux tandis que leurs ailerons alimentent le marché international de soupe d'ailerons de requin.

Néanmoins, les poissons sont loin d'être les seuls victimes des activités humaines. En Afrique, la chasse pour la viande de brousse et la perte d'habitat ont poussé sept espèces de primates un peu plus près de l'extinction, souligne l'UICN dans sa mise à jour. Notamment en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale où 40% des espèces de primates sont aujourd'hui menacées.

Sur la liste rouge, on retrouve par exemple le cercopithèque de Roloway (Cercopithecus roloway). Ce primate endémique de Côte d'Ivoire et du Ghana est passé du statut de "menacé" à "en danger critique d'extinction", avec une population estimée à moins de 2.000 individus. En cause : sa taille relativement grande et la valeur de sa chair et de sa peau qui attirent les chasseurs.

"L'Afrique de l'Ouest est l'une des zones les plus prioritaires sur Terre pour la conservation des primates. La combinaison de la destruction de la forêt et de la chasse intense pour la viande de brousse - probablement au niveau le plus élevé que n'importe où dans le monde - a poussé un nombre d'espèces de primates au bord de l'extinction", a déploré Russ Mittermeier qui préside l'un des groupes de l'UICN.

 

Freiner la surexploitation de la nature

Parmi les autres espèces inscrites sur la liste rouge, l'organisation met en lumière le sort des poissons d'eau douce (18.000 espèces connaissent un déclin global), celui des arbres (plus de 5.000 espèces de 180 pays ont rejoint la liste cette année) ou encore celui des champignons européens (79 ont fait leur entrée parmi les espèces menacées). Autant d'exemples qui doivent une nouvelle fois pousser à agir, d'après l'UICN.

La situation est d'autant plus préoccupante que toutes les espèces mondiales ne sont pas répertoriées par l'organisation, souvent par manque de données. Le bilan global pourrait donc être encore plus sombre. "Avec plus de 100.000 espèces maintenant répertoriées sur la Liste rouge, cette mise à jour montre clairement comment les humains surexploitent la faune et la flore sauvages à travers le monde", a souligné le Dr Grethel Aguilar, directrice générale de l'UICN.

"Nous devons prendre conscience du fait que conserver la diversité de la nature est dans notre intérêt et que c'est absolument fondamental pour atteindre les Objectifs de développement durable", a-t-elle conclu appelant "les états, les entreprises et la société civile à agir de façon urgente pour freiner la surexploitation de la nature".

 

geo.

Le président kényan Uhuru Kenyatta a inauguré vendredi le plus grand parc éolien d'Afrique, 365 éoliennes situées dans une zone semi-désertique du nord du Kenya et qui produisent plus de 15% des besoins en électricité du pays.

Construit dans une vallée aux paysages lunaires sur la rive est du lac Turkana, et dans un corridor naturel considéré comme un des endroits les plus venteux au monde, ce projet de 680 millions de dollars (600 millions d'euros) représente le plus grand investissement privé de l'histoire du Kenya.

"Aujourd'hui, nous avons à nouveau haussé la barre pour le continent alors que nous inaugurons le plus grand parc éolien" d'Afrique, a déclaré le président Kenyatta lors d'une cérémonie sur le site du projet.

"Sans aucun doute, le Kenya est en train de devenir un leader mondial en matière d'énergie renouvelable", a-t-il ajouté, au moment d'inaugurer ce projet qui a connu de nombreux contretemps, notamment lors des négociations en amont de la construction et pour la connexion du parc éolien au réseau électrique.

Bien plus ambitieux qu'ailleurs en Afrique, ce projet éolien est suivi de très près car vu comme un test pour les investissements à grande échelle dans les énergies renouvelables sur le continent, où la demande en énergie est de plus en plus grande sur fond de rapides croissances économique et démographique.

Le parc éolien produit déjà 310 mégawatts, plus de 15% des besoins en électricité du pays, où le prix élevé du courant et le manque de fiabilité du réseau sont un frein au développement des manufactures.

"Corridor du Turkana"

Le Kenya produit déjà l'essentiel de son énergie grâce à l'hydroélectrique, la géothermie ou l'éolien, et ce nouveau parc s'inscrit dans le cadre de sa volonté de produire 100% de son énergie grâce à des sources renouvelables d'ici à 2020.

 
 

Les défenseurs de l'environnement estiment toutefois que le gouvernement trahit cette volonté avec un projet de centrale à charbon sur la côte, dans le comté de Lamu, qui a toutefois été suspendu par la justice et est jugé inutile par de nombreux observateurs.

L'installation des éoliennes, à un rythme de plus d'une éolienne par jour, a été achevée en avance sur le planning.

Hautes de près de 50 mètres et fabriquées par le Danois Vestas, elles ont été transportées par la route depuis le port de Mombasa, à quelque 1.200 kilomètres de là. Le modèle d'éolienne a été dessiné pour que ses différentes pièces puissent s'emboîter "comme des poupées russes", et ainsi faciliter leur transport, selon Vestas.

Quelque 200 kilomètres de piste ont été recouverts de tarmac, permettant de réduire drastiquement la durée du trajet. Plus de 2.000 trajets ont finalement été nécessaires pour acheminer tout le matériel jusqu'au bord du lac Turkana, surnommé la "mer de Jade" pour ses célèbres reflets.

 

Ces éoliennes ont été spécialement conçues pour endurer les vents du "corridor du Turkana", formé par le relief et qui offre toute l'année des conditions de vent optimales. Au point d'être jusqu'à deux fois plus efficaces que pour des projets éoliens similaires en Europe et en Amérique.

"C'est sans précédent, c'est un des endroits les plus venteux au monde, et ce de manière régulière", a décrit à l'AFP Rizwan Fazal, directeur exécutif du projet Lake Turkana Wind Power.

'Signal fort'

Le parc éolien a été achevé en mars 2017, mais n'a pu être connecté au réseau électrique kényan que 18 mois plus tard, en septembre 2018. En cause, des problèmes dans le financement de la ligne électrique ad hoc de 428 kilomètres, ainsi que pour l'acquisition de terrains pour la construire, des responsabilités incombant à l'Etat.

 

"Le parc a été construit à temps, mais on ne peut opérer le projet que si on peut amener l'énergie au client", a souligné Catherine Collin, directrice pour l'Afrique de l'Est à la Banque européenne d'investissement. Le projet a bénéficié d'un prêt de 200 millions de dollars (178 millions d'euros) de l'Union européenne et du financement d'un consortium de sociétés européennes et africaines.

"C'est clairement un jour historique", s'est lui réjoui M. Fazal. "Cela envoie un signal fort au sujet du Kenya: nous sommes mûrs pour des projets de cette ampleur".

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