L'agence américaine de l'environnement avait accusé le premier constructeur mondial d'avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel d'un logiciel dissimulant des émissions dépassant parfois jusqu'à 40 fois les normes autorisées.
Reconnue comme une focale stratégique qui contribue aux activités des organisations, la RSO (la responsabilité sociétale des organisations), telle que consacrée dans la norme ISO 26000 en 2010, demeure un concept méconnu par un grand nombre d'entreprise, qui soutient, pourtant agir pour.
Il est vrai que la responsabilité sociale des entreprise ( RSE ) polarise le vocabulaire managériale, mais si l’on se réfère aux mots de Marie France turcotte, Ph.D en Responsabilité sociale et développement durable , c'est seulement après le livre dédié à la RSE ,de jean Pasquero, que l'expression a pris un essor en France; la perception française, qui est aussi une copie de la vision sénégalaise.
Pourquoi ISO a-t-elle opté pour le mot sociétal plutôt que social ? Sous quel angle regarder la RSE ? Réflexions autour d'une notion.
Compétence clé pour les entreprises, la responsabilité sociétale des organisations (RSO) permet de construire, maintenir et rebâtir une légitimité pour toutes organisations. Revenant sur la perception française, la professeure affirme qu’elle offre « un sens plus restreint », soit celui des relations « entre employeurs et employés ». Selon elle, pour éviter la confusion, l'adjectif sociétal a été préféré lors de la traduction de la version anglaise de la norme en français. A la professeure de poursuivre, sur la question du pourquoi avoir opté pour le mot organisation plutôt qu'entreprise ? Elle argue qu’: « on fait référence non seulement aux entreprises privées certes ,mais aussi organisations gouvernementales, organisations à but non lucratif, coopérative ,fondations ,fonds et autres.»
En somme, elle soutient que : « la RSE est un sous ensemble de la RSO. » D'ailleurs, pour parler de son historique et de sa portée, parce que l'expression RSE était plus courante (sauf en France) jusqu'en 2010, les articles signés Jean Pasquero ont privilégié l'expression RSE dans le reste de l’ouvrage ; même si lorsqu’on se réfère à des cas d'entreprises privées, l'expression RSO a été utilisée.
Il en ressort, en dernière analyse que, la RSO est : « le produit temporairement stabilise d'une négociation entre l'entreprise et la société, mettant en jeu les identités, les valeurs et les problèmes sociétaux »(Gond et Igalens,2008, p 57) . Autrement dit, c'est à travers l'engagement d'une organisation avec ses parties prenantes et l'intervention d'acteurs de la société envers les pratiques d'une organisation ou d'une industrie que se détermine ; ce qui est considéré comme responsable ou irresponsable, acceptable ou inacceptable.
En dépit du grand bruit autour du concept, la RSE commence à tourner à vide au Sénégal. Elle est même challengée par le mécénat vert, qui est d’ailleurs l’un des maillons de la démarche.
Avec comme épine dorsale l’éthique citoyenne, la responsabilité sociale ou relève du souci de répondre non seulement à l’attente de certains tiers, mais aussi et surtout d’adapter les relations avec ceux-ci. Ainsi, dans la situation exigeante de la globalisation, la responsabilité sociétale de l’entreprise est-elle une approche comprise dans le contexte des économies et des entreprises sénégalaises ? Analyse d’une stratégie jusque-là en déshérence.
L’engagement de ce plan d’action ne se fait pas de façon concrète. Et pourtant, l’absence de responsabilité fait courir des risques aux entreprises. A travers son environnement, l’entreprise vit en permanence avec des tiers (parties prenantes) qui ont des exigences diversifiées, parfois divergentes et qui sont en mesure d’affecter l’activité ou l’organisation de l’entreprise.
Elle cherchera donc à élargir au maximum son spectre d’information pour répondre à l’attente des populations et de la planète.
- Un passage obligatoire
C’est un passage obligatoire, même si dans son essence celle-ci reste facultative afin de convaincre les partenaires à déployer des fonds et accompagner les entreprises. Tout de même, la démarche se poursuit timidement sur le continent.
Aujourd’hui, aucune entreprise soucieuse de l’éthique ne peut faire abstraction de la stratégie environnementale et les moyens mis en œuvre pour atteindre ses objectifs. Elles doivent avoir les capacités de donner une information objective c’est-à-dire les bonnes pratiques, mais aussi les mauvaises nouvelles (accidents, objectifs de dépollution non atteints…) Faisant aussi état des actions menées en faveur de la protection de l’environnement. Cette démarche indépendante et régulière sert d’exemple et permet d’influer sur le cours des choses.
La RSE AU SENEGAL
Au Sénégal, les gestionnaires ou spécialistes des questions de l’organisation ont convaincu certaines entreprises que c’est dans leur intérêt de mettre en place des procédures de conformité ou d’autorégulation, histoire de s’imposer des obligations morales pour la réputation de leurs produits et le bon fonctionnement de leurs industries sur le long terme, dans ses rapports internes et externes. Celles-ci doivent être intrinsèquement encouragées par les pouvoirs publics.
A ce titre, l’aspect conceptuel se développe et les entreprises se rendent de plus en plus compte de leurs obligations morales qui se traduisent à un niveau élémentaire de philanthropie. Booster par le référentiel ISO 26000, elles sont une dizaine à soutenir l’initiative et s’engagent dans leurs activités respectives à déployer l’approche RSE. Parmi elles, on peut citer la SONATEL qui s’engage souvent dans des activités de réhabilitation du parc forestier et zoologique de Hann.
Le respect des préoccupations d’environnement est l’une des conditions du développement durable acté lors de la conférence de Rio de Janeiro en 1992. C’est certainement ce qui a poussé les bailleurs de la Société financière internationale (SFI) - une structure de la Banque Mondiale à poser des conditions plus contraignantes à une entreprise comme la SOCOCIM Industries qui a une demande croissante de ciment, s’assurant que les risques environnementaux et sociaux dans les opérations sont bien gérés et sous contrôlés.
Ainsi, pour améliorer de façon significative ses performances environnementales, la SFI a accordé un prêt de plus de 13 milliards de francs à la SOCOCIM Industries.
En définitive, l’impertinence de la responsabilité sociétale dans le contexte sénégalais réside dans le non-accompagnement des pouvoirs publics. En ce sens, les acteurs de la démarche doivent convaincre et sensibiliser des dirigeants aux enjeux stratégiques socio-économiques intégrant une structuration des considérations relatives aux ressources et à l’environnement dans leurs processus de planification industrielle et de prise de décisions. Cette intégration permettra de réduire graduellement la quantité d’énergie et de ressources nécessaires à la croissance future, en augmentant l’efficacité de l’utilisation des ressources. Ce qui renvoie à sa pertinence.
L'ancien patron et trois cadres d'Audi ont été renvoyés devant la justice allemande pour "fraude" dans le scandale des moteurs diesel truqués, ouvrant la voie au premier procès pénal de cette affaire en Allemagne, a annoncé mercredi le parquet de Munich.
Rupert Stadler, qui a dirigé Audi pendant onze ans, avait été en juin 2018 le premier dirigeant du secteur automobile placé en détention provisoire dans cette enquête tentaculaire engagée à l'automne 2015, avant d'être remis en liberté en octobre dernier.
Il devra répondre de "fraude", "émission de faux certificats" et "publicité mensongère" devant le tribunal correctionnel de Munich, face à des magistrats spécialisés dans les infractions économiques, a précisé le parquet, sans qu'une date d'audience ne soit encore fixée.
La justice lui reproche d'avoir continué à écouler quelque 434.000 voitures diesel de marques Audi et VW équipées de logiciels truquant leurs émissions de dioxyde d'azote, alors qu'il avait déjà connaissance de cette manipulation destinée à déjouer les tests antipollution.
Entré chez Audi en 1990 et PDG depuis 2007, M. Stadler avait été relevé de ses fonctions en juin 2018 pour être remplacé par le Néerlandais Bram Schot, un transfuge du rival Daimler arrivé chez VW en 2011.
Le dieselgate, scandale à tiroirs dans lequel les constructeurs allemands n'en finissent plus de s'embourber, avait éclaté en septembre 2015 chez Volkswagen, maison mère d'Audi et de Porsche.
L'agence américaine de l'environnement avait accusé le premier constructeur mondial d'avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel d'un logiciel dissimulant des émissions dépassant parfois jusqu'à 40 fois les normes autorisées.
© 2019 AFP
Saviez-vous que grâce à la protection efficace de leurs habitats par les gardes forestiers, le nombre de gorilles de montagne a été multiplié par deux ces 30 dernières années ?
« L’importance du travail effectué par les gardes forestiers et les éco-gardes est visible de plusieurs façons », explique Johannes Refisch, coordinateur du Partenariat pour la survie des grands singes au Programme des Nations Unies pour l’environnement. « Les gorilles de montagne en sont un exemple fantastique : pas un seul gorille de montagne n'a été tué au cours des 10 dernières années. »
En novembre 2018, l'Union internationale pour la conservation de la nature a déclaré que le gorille de montagne n'était plus « menacé d'extinction ». L'espèce a été reclassée « en danger » grâce aux efforts de conservation.
« Néanmoins, il ne faut pas oublier l’important travail des gardes forestiers dans les « parcs en proie aux conflits » de la République démocratique du Congo, tels que ceux des Garama, Virunga, Maiko et Kahuzi-Biega », rapelle Johannes Refisch. « 200 gardes forestiers ont été tués dans le seul parc national des Virunga ces 20 dernières années. »
La Journée mondiale des rangers, une initiative de la Fédération internationale des rangers (International Ranger Federation, en anglais), est célébrée le 31 juillet pour rendre hommage au travail accompli par les gardes forestiers pour protéger les trésors naturels de la planète et commémorer la vie de ceux qui ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions.
« Les gardes forestiers contribuent également à la consolidation de la paix environnementale », affirme Johannes Refisch. « Il existe un certain nombre d'exemples en Afrique où la gestion communautaire des ressources naturelles, associée à une protection efficace par des éco-gardes, a permis de réduire les conflits entre l'homme et la faune sauvage. Le travail du Northern Rangeland Trust au Kenya (en anglais) en est un très bon exemple. »
Les communautés sont en première ligne de la conservation de la faune et doivent prendre la place qui leur revient dans l'économie de la faune. Ce point a été souligné lors du récent sommet sur l'économie de la faune sauvage africaine (en anglais) au Zimbabwe.
« Le commerce illégal d'espèces sauvages profite à un nombre très restreint d'individus, mais nuit à beaucoup d'autres », se désole la chef en charge des questions liées à la vie sauvage à ONU Environnement, Doreen Robinson.
« Les preuves sont claires : lorsque les communautés et les gardes forestiers oeuvrent de concert, avec le soutien des gouvernements et des organisations internationales, nous pouvons protéger la faune et faire en sorte que les personnes qui ont la responsabilité de vivre aux côtés de la faune puissent en tirer le maximum d'avantages. »
Dans certains endroits, les gardes forestiers bénéficient de meilleurs équipements. La technologie moderne leur permet de repérer les activités de braconnage la nuit et / ou de relayer les activités suspectes vers une salle de contrôle en temps réel, afin de pouvoir prendre rapidement des contre-mesures.
Parallèlement, les gouvernements africains intensifient leurs activités de lutte contre le braconnage et ont récemment enregistré plusieurs succès.
Par exemple, le gouvernement kenyan a instauré une réserve de 300 hectares pour la conservation du bongo des montagnes qui est en danger critique d'extinction. Le Kenya Wildlife Service et ses partenaires prendront des dispositions pour la création de zones de protection intensive dotées d'une force de sécurité permanente effectuant des patrouilles quotidiennes, des activités de lutte contre le braconnage et des activités de prélèvement de pièges. Le Kenya Wildlife Service, le Kenya Forest Service et leurs partenaires travailleront en collaboration avec les associations forestières communautaires et les communautés hôtes afin de lutter contre les activités illégales, d'améliorer les pratiques durables et d'assurer la gestion des activités humaines autour des habitats de bongos, affirme le Mount Kenya Wildlife Conservancy.
En Tanzanie, les populations d'éléphants et de rhinocéros ont augmenté grâce à une répression du braconnage. En Ouganda, une nouvelle loi sur la vie sauvage prévoit des amendes lourdes et d'importantes peines d'emprisonnement pour les activités illégales, tout en renforçant le rôle des communautés en termes de soutien et de gestion bénéfiques de la vie sauvage.
Dans une déclaration ce mardi à Dakar, le président sénégalais Macky Sall a indiqué que sa volonté était d'éviter pour son pays les convulsions de l'exploitation du pétrole et du gaz, comme c'est le cas dans certains pays. Cette annonce intervient alors que le Sénégal se prépare à exploiter en 2022 d'importants gisements de pétrole et de gaz découverts récemment.
Macky Sall veut éviter les «convulsions» nées de l'exploitation du pétrole et du gaz dans son pays. Le numéro 1 sénégalais qui présentait une allocution ce mardi lors de l'ouverture d'un atelier sur la mise en œuvre de la loi sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures en a fait la promesse. «Ma volonté, non pas par la parole, mais par des actes déjà posés et d'autres à venir, est de mettre notre pays à l'abri de convulsions symptomatiques de l'exploitation du pétrole et du gaz dans certains pays développés ou en développement», a déclaré le président qui n'a pas hésité à rappeler une stratégie mise en place par le gouvernement.
Ainsi, Macky Sall est revenu sur les travaux du Comité d'orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cospetrogaz) lesquels selon lui visent à garantir une bonne gestion des ressources en hydrocarbures du pays. Le chef de l'Etat sénégalais a confié à ce propos qu'il a toujours veillé à ce que le gouvernement soit assisté d'avocats et juristes spécialisés dans ce domaine lors des négociations des contrats avec les partenaires investisseurs.
Cet engagement s'expliquerait par le fait qu'il est «trop conscient de l'importance de ces actes qui engagent le présent et l'avenir» de la nation «pour laisser le moindre hasard porter atteinte à ces intérêts vitaux». «Ce n'est pas seulement une question de patriotisme que chaque citoyen peut réclamer à juste titre, mais c'est aussi pour moi une obligation unique en tant que responsable suprême de l'Etat du Sénégal», a déclaré Macky Sall.
Evoquant les différentes interventions sur la question du pétrole et du gaz, le président Sall a lancé une invitation à faire «preuve d'humilité et de prudence» parce qu'«il n'y a pas un spécialiste qui peut dans ce domaine de façon sérieuse et honnête réclamer la maîtrise de toute la chaîne de valeur et des corps de métiers émanant de ce secteur si stratégique. Ce serait de la pure prétention».
«Je veux un Sénégal prospère où les ressources naturelles, propriétés du peuple en vertu de la Constitution, profitent à toutes les composantes de la nation. Je veux un Sénégal pour tous», a déclaré le chef de l'Etat sénégalais.
latribune.
Le Sénégal devrait bientôt se doter de deux premières centrales solaires construites dans le cadre du programme Scaling Solar. Un accord de financement, octroyé par Proparco, la Banque européenne d'Investissement et la Société financière internationale, porte sur un montant de 38 millions d'euros, résultat de l'approche Scaling Solar permettant d'obtenir des prix records en attirant des acteurs de premier plan au niveau mondial .
Les deux futures centrales, qui seront les 7e et 8e construites dans le pays, auront une capacité installée totale de 60 MW et seront construites dans les régions rurales de Kahone et de Kael au centre du Sénégal.
En plus de permettre à près de 600 000 personnes de bénéficier d'un meilleur accès à une électricité de source renouvelable, les deux projets permettront d'éviter l'émission de 2,2 millions de tonnes de CO2 sur la durée de vie des installations, tout en produisant l'énergie la moins chère du pays.
Elles contribueront de ce fait à la stratégie bas carbone du pays ainsi qu'à l'objectif ambitieux du Sénégal d'accroître la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique.
Selon Proparco, la filiale de l'agence française de développement dédiée au secteur privé, la construction de ces deux centrales permettra également de créer ou de soutenir plus de 2 300 emplois locaux directs et indirects. Le financement est accordé aux sponsors Meridiam et Engie et au Fonds Souverain d'Investissements stratégiques (FONSIS).
Pour le management de la Banque mondiale Afrique, «avec la signature de ce financement, le Sénégal démontre de nouveau que l'approche Scaling Solar permet d'obtenir des prix records en attirant des acteurs de premier plan au niveau mondial et en faisant jouer la concurrence [...] De nombreux autres pays, en Afrique et au-delà, suivent cette voie et adoptent ce modèle pour accélérer le développement de l'énergie solaire»
afrique.latribune.fr
A Lomé, au Togo, l’association Addel a créé un atelier de recyclage des sachets plastiques. Une initiative utile soutenue par le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne et Crédit Agricole Solidarité et Développement (CASD), et récompensée par le Tremplin Solidarité Internationale 2012.
Un atelier de recyclage des sachets plastiques au Togo
En 2010, le français Walter Gauvrit et le togolais David Chateau-Gaitou créent ensemble Addel (Aide au développement durable économique local). Leur volonté commune : lutter contre la pollution due à l’amoncellement de sachets plastiques à « Lomé, la belle », capitale du Togo.
S’inspirant du procédé Cervald, né au Tchad en 1998 et ayant déjà fait ses preuves dans plusieurs villes africaines, l’association lance un atelier de recyclage et de transformation des sachets plastiques en pavés de voirie.
Concrètement, les sacs plastiques sont mélangés à du sable ; puis l’ensemble est chauffé progressivement afin d’obtenir une pâte, ensuite refroidie à l’eau. Les premières études montrent que « le pavé de Lomé », six fois plus résistant qu’un pavé en ciment, a une durée de vie de douze ans.
Crédit Agricole Info.
Quelle est la dernière fois où vous avez profité d’une once de silence ? Si votre mémoire vous fait défaut sur ce point, c’est que, comme tout être humain, vous êtes soumis à des nuisances sonores du matin au soir, dans l’environnement privé comme dans l’espace public. Ce capharnaüm, loin d’être anecdotique, n’est pas sans danger. Mais alors où se cache le silence ? Et doit-on craindre sa disparition définitive dans un futur proche ?
Le silence est primordial à l’équilibre humain. Impossible de penser et d’agir si un bruit empiète sur le peu de temps de cerveau humain disponible. Pour reprendre un minimum de contrôle sur un temps qui nous échappe, le silence est indispensable mais injustement associé à l’ennui, comme le souligne Alain Corbin dans son ouvrage Histoire du silence : de la Renaissance à nos jours(Albin Michel, 2016). C'est seulement une fois plongé dans la nuit profonde que l’humain peut enfin recharger ses batteries et ancrer ses pensées pour mieux se projeter dans le futur. A contrario, en pleine journée, le bruit ambiant et les technologies parasitent la tranquillité. Environ 125 millions d’européens sont ainsi exposés quotidiennement à des bruits dépassant les 55 décibels, selon une étude de l’Agence européenne de l’environnement datant de 2014. Ce fort bourdonnement cause des troubles du sommeil, de l’hypertension et est à l'origine de plus de 10 000 morts chaque année en Europe (selon cette même étude). Alors comment retrouver le silence ? En quittant les villes ? En renonçant aux nouvelles technologies ?
La première solution envisagée consisterait à s’enfoncer en rase campagne, là où la nuisance sonore est moindre. Des spécialistes sont allés traquer le silence dans le monde entier. L’audio naturaliste français Marc Namblard enregistre les rares espaces sur Terre encore silencieux, et semble avoir trouvé en France, dans une vallée reculée des Vosges, un lieu partiellement vierge de toute cacophonie.
Le bioacousticien américain Gordon Hempton enregistre lui aussi des heures de silence. Moins enthousiaste que Marc Namblard, il n’a pu répertorier qu’une cinquantaine de zones terrestres sans la moindre antropophonie (les sons liés à l’activité humaine), où l’harmonie totale avec la nature silencieuse n’est possible que pendant une vingtaine de minutes avant que le vacarme ne reprenne inexorablement le dessus. Après plusieurs années de recherche, le constat est sans appel chez les deux spécialistes : le silence est bel et bien en voie de disparition.
Outre les casques anti-bruit et les fenêtres filtrantes, des applications pour smartphones permettent d’identifier le bruit et le silence. Noisetube affiche, par exemple, une carte des lieux les plus calmes à proximité de l’utilisateur grâce à la géolocalisation. L’application transforme également le téléphone portable en capteur pour récupérer des données sur la pollution sonore et, ainsi, affiner ses résultats.
Mais là encore, les technologies ne satisfont pas pleinement notre besoin de silence, car elles ne camouflent le son que partiellement. En dernier recours, on peut toujours envisager la solution de l’enfermement dans une chambre anéchoïque, comme celle installée entre quatre murs à l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) de Paris.
Dans cette pièce à l’insonorisation poussée, les parois recouvertes de blocs de mousses aux angles brisés empêchent les sons de rebondir. Après quelques minutes d’adaptation, les nerfs auditifs s’activent soudainement et l’humain peut entendre son propre corps jusque dans ses moindres détails. Désorienté, il finit par mettre fin à l’expérience moins d'une heure après l'avoir démarré, car ce silence parfait devient trop angoissant. Plutôt que de se confronter aux méandres de sa propre psyché, on retourne alors s’imbiber d’un peu d’animation urbaine, et on se demande si un peu de bruit et un peu de silence ne constituerait pas une sorte d’équilibre parfait pour un temps, avant d’explorer un jour le silence total dans les galaxies lointaines.
USBEK ET RICA
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