Baye Salla Mar

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L'Homme dépend de la nature mais la détruit méthodiquement: jusqu'à un million d'espèces animales et végétales pourraient être menacées d'extinction, dont beaucoup "dans les prochaines décennies", selon un projet de rapport de l'ONU sur la biodiversité, obtenu par l'AFP.

Eau potable, forêts qui absorbent le CO2, insectes pollinisateurs nécessaires aux cultures, poissons... La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) va se réunir du 29 avril au 4 mai à Paris pour adopter la première évaluation mondiale des écosystèmes depuis près de 15 ans. L'état des lieux de la biodiversité devrait être aussi inquiétant que les prévisions sur le changement climatique.

Le rapport de 1.800 pages sur lequel travaillent 150 experts de 50 pays depuis 3 ans sera accompagné d'un "résumé pour les décideurs" qui doit être discuté ligne à ligne et adopté par les 130 pays membres de l'IPBES, sur le modèle des rapports du Giec sur le climat.

 

Selon le projet de résumé obtenu par l'AFP -- dernier en date, daté de janvier --, diverses "preuves indépendantes signalent une accélération rapide imminente du taux d'extinction des espèces (...) même si les facteurs (de cette extinction) ne s'intensifient pas".

Sur les 8 millions d'espèces estimées (dont 5,5 millions d'espèces d'insectes) sur la planète, "un demi-million à un million d'espèces devraient être menacées d'extinction, dont beaucoup dans les prochaines décennies", poursuit le texte. La formulation peut changer selon ce que les gouvernements décideront de mettre en avant, mais pas les conclusions scientifiques.

Ces projections correspondent aux mises en garde de nombreux scientifiques qui estiment que la Terre est au début de la 6e "extinction de masse", la première attribuée à l'Homme qui a déjà fait disparaître au moins 680 espèces de vertébrés depuis 500 ans.

 Agriculture et pêche
 

Le rapport est en partie basé sur l'analyse d'espèces bien étudiées, notamment les vertébrés, mais met en avant les "incertitudes" concernant nombre d'autres moins connues, en particulier les insectes.

La disparition de cette biodiversité a un impact direct sur l'Homme. Nourriture, énergie, médicaments: "les apports que les gens tirent de la nature sont fondamentaux pour l'existence et la richesse de la vie humaine sur Terre, et la plupart d'entre eux ne sont pas totalement remplaçables", met en garde le texte. Par exemple, plus de 2 milliards de personnes dépendent du bois pour l'énergie, quatre milliards utilisent une médecine naturelle et 75% des cultures ont besoin d'être pollinisées par des insectes.

Premiers responsables de cette sombre situation: l'utilisation des terres (agriculture, exploitation forestière, mines) et l'exploitation directe des ressources (pêche, chasse).

 

Viennent ensuite le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives, dont l'impact est "à ce jour relativement moins important", mais "s'accélère".

Mais le texte met aussi en avant les liens entre cette perte de biodiversité et le changement climatique, parfois encouragés par les mêmes facteurs, en particulier le modèle agricole dans un monde de plus en plus peuplé.

"Nous devons reconnaître que le changement climatique et la perte de la nature sont tout aussi importants, pas seulement pour l'environnement, mais pour des questions économiques et de développement", avait indiqué récemment à l'AFP le patron de l'IPBES Robert Watson, appelant à une "transformation" de la production alimentaire et énergétique.

"Si nous voulons une planète durable qui fournit des services aux communautés autour du monde, nous devons changer de trajectoire dans les 10 prochaines années, comme nous devons le faire pour le climat", a souligné de son côté Rebecca Shaw, scientifique en chef de WWF.

 

Le rapport estime d'autre part que trois-quarts des surfaces terrestres, 40% de l'environnement marin et la moitié des cours d'eau ont été "gravement altérés".

Et les régions les plus touchées sont celles où vivent des peuples autochtones particulièrement dépendants de la nature ou des populations pauvres déjà plus vulnérables aux impacts du changement climatique.

© 2019 AFP 

Changer le modèle agricole, séparer bonne qualité de vie et croissance matérielle, revoir le système financier... Ces pistes, esquissées par les scientifiques pour sauver la nature, sont au coeur de négociations sensibles à Paris entre 132 Etats.

Reste à voir comment les responsables politiques s'empareront de cet appel à des changements profonds de société.

Un projet de rapport de 1.800 pages, qui dresse un état des lieux des écosystèmes dans le monde et dont l'AFP a obtenu copie, est présenté depuis lundi aux membres de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) pour qu'ils en adoptent un résumé, dont le contenu peut évoluer.

Ce texte, non prescripteur, "va servir de base pour redéfinir les objectifs de l'agenda" avant une COP biodiversité très importante en Chine en 2020, expliquait à l'AFP une de ses auteurs, Yunne Jai Shine, avant le début des négociations.

 

Cinq facteurs contribuent à la chute brutale de la biodiversité : les changements d'utilisation des terres (dont l'agriculture), la surexploitation (chasse et pêche), le changement climatique, la pollution et les espèces invasives, avec en toile de fond la croissance démographique (11,4 milliards d'habitants attendus en 2100) et la hausse de la consommation par habitant, à l'heure où les classes moyennes des pays émergents adoptent les modes de consommation des pays riches.

Pour ralentir cette érosion, il faudrait "des changements en profondeur", selon une version provisoire du résumé du rapport.

Finis l'agriculture intensive à outrance, la surpêche, la surconsommation et le gaspillage, ou encore l'association entre croissance économique et bien-être : pour protéger la nature, qui fournit à l'Homme des services indispensables, et assurer une bonne qualité de vie au plus grand nombre, certains secteurs doivent profondément évoluer.

 
 

"Nourrir le monde de manière durable (...) implique la transformation des systèmes alimentaires", constatent les scientifiques. Ils soulignent les conséquences néfastes de l'agriculture intensive. Les pistes sont à chercher du côté des "principes agro-écologiques", "l'aménagement des paysages et des technologies d'intensification durable". La lutte contre la surpêche passe notamment par "des quotas de prises, une limitation de l'effort de pêche et des moratoires".

"Réduire la demande pour les produits animaux", en premier lieu la viande, dont la production accapare une part importante des terres agricoles et génère des gaz à effet de serre, est évoqué plusieurs fois.

- Six scénarios pour l'avenir -

Le rapport s'intéresse aussi à la finance et aux investissements. Il cite un chiffre édifiant : les fonds provenant de paradis fiscaux financent 70% des navires impliqués dans la pêche illégale, non déclarée ou non réglementée et 68% des capitaux étrangers investis dans le soja et l'élevage bovin "qui transforment l'Amazonie".

 

Les systèmes actuels "favorisent largement des activités privées préjudiciables pour l'environnement". Une réponse serait "d'éliminer les subventions néfastes".

Le produit intérieur brut (PIB) ne peut plus être le seul indicateur pour mesurer le développement d'un pays, dit en substance le texte. Plus généralement, le rapport encourage à "favoriser des conceptions où une bonne qualité de vie n'implique pas une consommation matérielle toujours croissante".

L'impact du tourisme et du transport aérien n'est pas oublié : le tourisme a explosé au cours des 20 dernières années et son empreinte carbone a bondi de 40% entre 2009 et 2013.

Certains sujets, comme les subventions, la référence à une "évolution", "réforme" ou "transformation" du système économique ont donné lieu à des discussions plus longues, selon des sources de l'Institut international du développement durable (IISD).

 

Mais dans l'ensemble, "tout le monde a été constructif", selon plusieurs observateurs. "L'idée est d'avoir un document de référence solide et je crois qu'on l'a", a indiqué l'un d'eux avant l'adoption du rapport, qui doit être publié lundi.

Les scientifiques ont travaillé sur six scénarios pour les prochaines décennies. Le plus favorable sur le long terme, pour un "développement mondial durable", combine des actions en faveur de l'environnement, une régulation importante, une croissance faible de la population mondiale, une croissance économique modérée, avec une faible demande de biens de luxe, une consommation moindre de viande et encore une utilisation modérée des énergies, en particulier des énergies fossiles.

© 2019 AFP 

Le terme « déforestation » est utilisé pour qualifier la régression ou la disparition des espaces forestiers. Elle est est le plus souvent due à l’urbanisation, l’extension des terres agricoles et l’exploitation, souvent illégale, d’essences forestières.

La déforestation : quel impact ?

- plus de CO2 relâché dans l’atmosphère. Les forêts sont des puits de carbone : un hectare d’arbres peut ainsi absorber jusqu’à 6 tonnes de CO2 par an.
- des sols qui s’érodent. Le sol forestier filtre les polluants, facilite l’infiltration de l’eau dans le sol et régularise le débit des rivières.
- moins de précipitations. Les arbres maintiennent le taux d’humidité dans l’atmosphère et donc la fréquence des pluies.
- une biodiversité qui s’éteint. La disparition de la forêt menace la survie d’un grand nombre d’espèces animales dont elle constitue l’habitat naturel.

L’Amazonie, première victime de la déforestation

Les grandes forêts tropicales d’Indonésie et du Bassin du Congosont parmi les plus touchées par la déforestation. Mais la première victime de ce phénomène demeure l’Amazonie, qui a perdu 18% de sa surface (deux fois la France) depuis 1970. Selon les projections du WWF, plus de la moitié du « poumon de la planète » aura disparu à l’horizon 2030 si son exploitation se maintient au rythme actuel.

 
 

La déforestation en un chiffre

80 000, comme le nombre de km2 de forêt qui disparaissent chaque année, selon un rapport de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). Cette surface équivaut à la superficie d’un pays comme l’Autriche.

L’actu

Les députés européens ont voté fin avril renforcement du projet de règlement visant à mettre fin aux importations de bois illégalen Europe, qui représenteraient aujourd'hui 20% des stocks, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). Le texte doit être examiné en juin par le Conseil des ministres de l’Agriculture.

 Geo

Créé en 1988 par l’ONU, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a pour mission d’étudier les risques climatiques qu’encourent les sociétés des pays en voie de développement et des pays développés dans un futur proche et moyen. L’organisme a été fondé par deux institutions de l’ONU : l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). En tentant de mettre en perspective les activités humaines et les modifications récentes du climat, le GIEC a également une force de proposition. Il collecte des travaux scientifiques menés dans le monde entier, et les experts réfléchissent à des stratégies pour permettre aux sociétés d’éviter ou de s’adapter aux conséquences du changement climatique.

Comment travaille le GIEC ?

L’activité principale du GIEC est la production de rapports, issus d’une collecte d’informations scientifiques et techniques disponibles dans le monde entier, en ce qui concerne l’évolution du climat. Le GIEC ne possède pas son propre laboratoire et réalise une synthèse d’études déjà existantes. 

Le GIEC a pour objectif de créer, tous les cinq à sept ans, des rapports de mission exhaustifs permettant de mettre en exergue les évolutions climatiques sur une période de temps moyenne.

Le GIEC fonctionne en 3 groupes dont chacun est co-présidé par un représentant des pays en voie de développement et un représentant des pays développés.

- Le Groupe 1 travaille sur les principes physiques et environnementaux de l’évolution du climat.
- Le Groupe 2 a pour mission d’identifier les conséquences probables du changement climatique sur nos sociétés.
- Le Groupe 3 tente de trouver les moyens de minimiser les risques du changement climatique.

Une équipe spéciale s’occupe de mettre à jour des inventaires nationaux sur les gaz à effet de serre.

Une fois par an, représentants gouvernementaux, responsables institutionnels et scientifiques se rassemblent lors d’une grande table ronde sur les activités et les projets du GIEC.

 
 

L’actualité du GIEC

- Le GIEC a obtenu le Prix Nobel de la Paix en 2007.
- Le groupe d’experts prépare actuellement le Rapport d’évaluation n°5, en accord avec les décisions prises lors de la session annuelle de 2008. Le rapport devrait être publié de 2013 à 2014.
- Un rapport spécial sur « l’Energie renouvelable et les moyens de minimiser les changements climatiques » est en cours de préparation et devrait être publié en 2010.
- Un deuxième rapport spécial intitulé « Gérer les risques de catastrophes naturelles pour améliorer l’adaptation aux changements climatiques » vient d’être commencé par le GIEC. Sa publication est prévue pour 2011.

Le GIEC en un chiffre

+2°C. C’est, selon le GIEC, la hausse moyenne des températures dans l’hémisphère Nord depuis 1970.

Créé en 1988 par l’ONU, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a pour mission d’étudier les risques climatiques qu’encourent les sociétés des pays en voie de développement et des pays développés dans un futur proche et moyen. L’organisme a été fondé par deux institutions de l’ONU : l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). En tentant de mettre en perspective les activités humaines et les modifications récentes du climat, le GIEC a également une force de proposition. Il collecte des travaux scientifiques menés dans le monde entier, et les experts réfléchissent à des stratégies pour permettre aux sociétés d’éviter ou de s’adapter aux conséquences du changement climatique.

Comment travaille le GIEC ?

L’activité principale du GIEC est la production de rapports, issus d’une collecte d’informations scientifiques et techniques disponibles dans le monde entier, en ce qui concerne l’évolution du climat. Le GIEC ne possède pas son propre laboratoire et réalise une synthèse d’études déjà existantes. 

Le GIEC a pour objectif de créer, tous les cinq à sept ans, des rapports de mission exhaustifs permettant de mettre en exergue les évolutions climatiques sur une période de temps moyenne.

Le GIEC fonctionne en 3 groupes dont chacun est co-présidé par un représentant des pays en voie de développement et un représentant des pays développés.

- Le Groupe 1 travaille sur les principes physiques et environnementaux de l’évolution du climat.
- Le Groupe 2 a pour mission d’identifier les conséquences probables du changement climatique sur nos sociétés.
- Le Groupe 3 tente de trouver les moyens de minimiser les risques du changement climatique.

Une équipe spéciale s’occupe de mettre à jour des inventaires nationaux sur les gaz à effet de serre.

Une fois par an, représentants gouvernementaux, responsables institutionnels et scientifiques se rassemblent lors d’une grande table ronde sur les activités et les projets du GIEC.

 
 

L’actualité du GIEC

- Le GIEC a obtenu le Prix Nobel de la Paix en 2007.
- Le groupe d’experts prépare actuellement le Rapport d’évaluation n°5, en accord avec les décisions prises lors de la session annuelle de 2008. Le rapport devrait être publié de 2013 à 2014.
- Un rapport spécial sur « l’Energie renouvelable et les moyens de minimiser les changements climatiques » est en cours de préparation et devrait être publié en 2010.
- Un deuxième rapport spécial intitulé « Gérer les risques de catastrophes naturelles pour améliorer l’adaptation aux changements climatiques » vient d’être commencé par le GIEC. Sa publication est prévue pour 2011.

Le GIEC en un chiffre

+2°C. C’est, selon le GIEC, la hausse moyenne des températures dans l’hémisphère Nord depuis 1970.

En haut d'un gratte-ciel coréen s'activent les animateurs d'une organisation clé, mais sérieusement grippée: le Fonds vert de l'ONU pour le climat, "épicentre" de l'action mondiale contre le réchauffement.

Digues pour les îles Marshall, fonds d'investissement agricole en Afrique, toits solaires en Inde... Le principal fonds climat au monde, à destination des pays en développement, a depuis sa mise en route en 2015 engagé 3,5 milliards de dollars dans 74 projets.

Une toute petite portion des 100 milliards annuels de financements globaux promis par les pays du Nord pour que le Sud s'adapte au réchauffement et se développe sur des énergies propres. Mais un soutien majeur pour des projets peu rentables ou incertains.

Ce fonds, géré de manière inédite à la fois par les donateurs et les bénéficiaires, avait été promis par les pays riches à la conférence de Copenhague (2009). Incarnant la confiance entre le Sud et le Nord, responsable historique du réchauffement, sa création a été essentielle au processus des négociations climat.

 

Le Fonds vert, "c'est l'épicentre de la mise en oeuvre de l'accord de Paris" de 2015 contre le réchauffement, dit à l'AFP Javier Manzanares, son directeur par intérim.

"Son soutien peut être vital", témoigne le Maldivien Amjad Abdulla, négociateur climat des Etats insulaires, dont le pays fut l'un des premiers bénéficiaires: "Un projet pour alimenter en eau des milliers de personnes sur des atolls de plus en plus frappés de sécheresse".

"Ce mécanisme permet de réaliser des projets à hauts risques, ouvrant la voie par exemple à de nouvelles technologies," et à des financements privés, ajoute le Néerlandais Jacob Waslander, ex-membre du conseil d'administration. "Sans ça, impossible de réaliser l'accord de Paris".

- Retrait américain -

A Incheon, le QG se prépare à monter en puissance, avec 250 personnes à la mi-2019 (contre 210 aujourd'hui), chargées d'accompagner et évaluer les projets.

 
 

"Nous sommes prêts à traiter 4 à 5 milliards de dollars par an", et plus encore à l'avenir, annonce M. Manzanares.

Problème: le Fonds traverse une crise, révélée en juillet par un conseil d'administration incapable de s'accorder sur aucune décision ni aucun des 20 projets présentés.

"Peut-être est-ce l'approche de la recapitalisation qui génère ces tensions", suggère le directeur.

Quand renflouer le Fonds, doté initialement de 10 milliards de dollars (8 après que Washington fut revenu sur son engagement)? Le timing et la méthode divisent pays du Nord et du Sud, répartis à parts égales au CA.

Outre les Etats-Unis, Tokyo, Paris, Londres, Berlin avaient contribué chacun à hauteur d'environ un milliard en 2015, avant la COP21. Qu'en sera-t-il cette fois? Qui pour compenser le retrait américain?

Les Etats-Unis restent présents au CA, avec trois représentants différents en 18 mois et une position immuable, résumée par des témoins: "celui qui paie décide".

 

Pour la recapitalisation, "nous pouvons commencer le travail" et "proposer un calendrier de réunions", souligne M. Manzanares, espérant des annonces fin 2019 après un sommet climat "crucial" prévu en septembre à l'ONU.

- "Que ce truc marche!"-

En attendant, les appels à réformer la gouvernance du Fonds se multiplient. Parce qu'en cas d'impasse dans la prise de décision par consensus, il n'y a pas d'alternative. Le sujet, déjà mis sept fois à l'ordre du jour du CA, avancera-t-il au prochain, à Bahreïn, cette fin de semaine?

"Le Fonds vert n'est pas assez efficace, même s'il s'est amélioré, et il n'est pas assez financé", dit Lidy Nacpil, observatrice au CA au nom de la société civile des pays en développement.

"Le grand sujet est que le Fonds soit opérationnel: que ça décaisse vite, que ce soit des projets innovants et que ça aide les pays", dit Laurence Tubiana, co-architecte de l'accord de Paris, espérant "un réveil", "que chacun se dise +il faut que ce truc marche!+" et une implication politique à plus haut niveau.

 

"C'est petit, le Fonds vert. Mais ses projets doivent être emblématiques, montrer que les investisseurs privés peuvent s'y retrouver", plaide-t-elle.

Alors crise de croissance ou crise plus profonde de confiance entre Nord et Sud qui pourrait nuire aux négociations climat et la COP24 en décembre?

Javier Manzanares espère des prochains CA qu'ils calment les tensions, rendent possibles des décisions à la majorité, délèguent l'approbation de projets au secrétariat. "Il faut du temps pour construire une équipe. Mais je suis confiant."

© 2018 AFP 

Le message des scientifiques est transmis: les gouvernements du monde ont approuvé samedi, en dépit de contestations saoudiennes, le dernier bilan du Giec sur le dérèglement climatique, qui montre de forts impacts au-delà de 1,5°C de réchauffement.

La réunion à huis clos du Groupe des experts climat de l'ONU (Giec), entamée lundi à Incheon en Corée du Sud, a dû être prolongée d'une journée et ses dernières heures ont été consacrées en particulier à résoudre l'opposition montrée par Ryad, ont relaté plusieurs participants.

Dans leur rapport, dont le résumé a été approuvé par consensus mais ne sera rendu public que lundi à 01h00 GMT lors d'une conférence de presse, les scientifiques décrivent, sur la base de 6.000 études, la grande différence d'impacts entre un réchauffement de +1,5°C et de +2°C. Et ils listent les différentes pistes d'actions, qui passent d'abord par une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre (issues aujourd'hui pour les trois quarts des énergies fossiles).

 

Premier exportateur mondial de pétrole, l'Arabie saoudite a, selon plusieurs participants, âprement contesté en fin de parcours un chapitre rappelant l'insuffisance globale des engagements de réductions d'émissions pris à Paris par les pays pour rester à 1,5.

Avant de "finalement lever son blocage, parce que cela était sur le point de s'achever par une note en bas de page", a indiqué un observateur requérant l'anonymat.

"C'est assez rare qu'un gouvernement accepte d'avoir son nom au bas de la page, parce que c'est un peu gênant pour lui", expliquait il y a quelques semaines le responsable de la communication du Giec, Jonathan Lynn.

Ce dernier baroud saoudien ne fut cependant pas une surprise tant la délégation est intervenue toute la semaine, sur le fond comme sur les formulations, ont décrit des témoins.

Dans le passé Ryad a aussi souvent été très active pour freiner l'action onusienne contre le réchauffement, qu'il s'agisse des rapports du Giec ou des négociations pour trouver un accord sur les réductions d'émissions. Et si fin 2015 le royaume a adopté l'accord de Paris visant à garder la planète "bien en-deçà de 2°C" et si possible 1,5°, il était aussi opposé à l'ajout de ce 1,5, revendication des Etats les plus vulnérables.

 
 

- "Se l'approprier" -

Outre Ryad, les scientifique du Giec ont aussi eu à répondre à toutes les questions, voire les contestations exprimées pendant cette semaine de relecture ligne par ligne de son résumé de 20 pages. Il semble cependant qu'elles aient été résolues sans infliger de "dégâts" majeurs au texte original, selon le terme d'un participant.

"Nous nous attendions à des négociations difficiles, et nous sommes heureux de voir que les gouvernements ont fait preuve d'une vraie réflexion sur les éléments scientifiques", a réagi en fin de réunion Stephen Cornelius, conseiller principal climat pour le WWF.

"Les engagements actuels des pays pour réduire les émissions ne suffiront pas à limiter le réchauffement à 1,5°C, vous ne pouvez pas négocier avec la science", a-t-il ajouté.

Commandé par l'ONU au moment de l'accord de Paris, ce rapport doit nourrir le processus de révision des engagements nationaux, qui doit être lancé aux prochaines négociations climat, à la COP24 de Katowice en décembre.

 

"Ce rapport est le plus important rapport scientifique sur le climat que nous ayons eu", a estimé samedi Jennifer Morgan, la directrice de de Greenpeace International. "Les gouvernements l'ont demandé, alors maintenant qu'il est adopté, ils doivent se l'approprier et agir sur cette base".

L'ONG espère qu'il sera évoqué dès mardi lors du conseil environnement de l'UE.

Dans de nombreuses capitales, ce "résumé" de 20 pages sera à son tour résumé dans les cabinets à destination des ministres. Au sein des gouvernements, les rapports du Giec sont souvent "une arme" des ministères de l'Environnement pour gagner des arbitrages face à leurs collègues de l'Economie, explique aussi Bill Hare, du centre de recherche Climate Analytics.

Pour lui, il aura également "un impact sur les industriels, les entreprises, les villes, la société civile. La communauté financière l'attend, qui nous réclame elle aussi un +résumé financier pour les décideurs+ et les investisseurs".

© 2018 AFP 

Selon de nombreux scientifiques interrogés par la BBC, il ne resterait que 18 mois pour effectuer une transition écologique durable. Ce consensus scientifique grandissant s'appuie sur le rapport du GIEC publié l'an dernier, selon lequel les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites de 45% d'ici à 2030 pour éviter la catastrophe climatique.

D'après plusieurs scientifiques interviewés par la BBC, les actions environnementales des gouvernements sur les 18 prochains mois seront décisives. En 2018, le rapport du GIECalarmait les dirigeants et les pressait à agir pour résoudre l’urgence climatique. Deux scénarios possibles : une hausse de 1,5° C d'ici à 2100 entraînerait des risques "significativement moins importants en fréquence et intensité des événements extrêmes et les impacts sur la biodiversité". Mais si le seuil fatidique des 2° C venait à être dépassé, une élévation du niveau des mers et une déstabilisation des glaces du Groenland et de l’Antarctique pourraient être observées. Or nous nous trouverions actuellement sur une trajectoire de 3° C.

La priorité : les objectifs du GIEC

Dans ce fameux rapport du GIEC, il apparaît que les émissions de CO2 doivent être réduites de 45% d’ici à 2030 pour contenir la hausse des températures à 1,5° C par rapport à l’ère préindustrielle, le scénario "optimiste" de l’étude.

 

Pour tenir l’objectif, le temps presse. Selon Hans Joachim Schellnhuber, fondateur et directeur honoraire de l’institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique cité dans l’article de la BBC, les calculs climatiques sont clairs : "Si le monde ne peut pas être guéri dans les prochaines années, il pourrait être mortellement touché par la négligence dès 2020."

La priorité, donc, est d’accélérer les actions gouvernementales. Pour cela, le pic d’émissions de gaz à effet de serre ne doit pas survenir plus tard qu’en 2020, toujours d’après le GIEC. Autrement dit, les énergies fossiles devront laisser place aux renouvelables dès l’année prochaine et la déforestation massive être limitée au plus vite.

Une mobilisation croissante des figures publiques

La "prophétesse apocalyptique" Greta Thunberg, comme beaucoup aiment à l’appeler, n’est pas la seule à alarmer les gouvernements sur l’urgence climatique. Le Prince Charles s’est adressé aux ministres des Affaires étrangères du Commonwealth en appelant à une mobilisation de la part des gouvernements. Dans ses propos rapportés par The Telegraph le 11 juillet dernier, il se dit notamment "fermement convaincu que les 18 prochains mois détermineront notre capacité à maintenir le changement climatique à des niveaux viables et à restaurer l’équilibre nécessaire à notre survie".

 
 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres avait quant à lui déjà alerté sur les "conséquences désastreuses [à envisager] pour les humains et systèmes naturels qui nous soutiennent" si rien ne change à l’horizon 2020.

La COP26, date butoir

Au cours des 18 prochains mois, les gouvernements devront redoubler d’efforts, et ce, particulièrement lors des grands rendez-vous pour l’environnement. Antonio Guterres, a organisé un sommet pour le climat qui se tiendra le 23 septembre. En décembre, la COP25 aura lieu à Santiago, au Chili, et devra relancer les objectifs fixés lors de l’accord de Paris en 2015, dont le principal est de maintenir la hausse des températures en dessous du seuil de 2ºC.

Finalement, c’est à la fin de l’année 2020, lors de la COP26, organisée au Royaume-Uni, que l’avenir climatique devrait se jouer. L’événement est considéré comme le plus important sommet politique sur le changement climatique depuis l’accord de Paris. D'autant plus qu’il se tiendra peu de temps après l’élection présidentielle américaine. Si le président Donald Trump venait à être réélu, ce pourrait être le moment où les Etats-Unis se retireraient définitivement de l’accord de Paris.

 

Beaucoup d’efforts restent à faire. Le Royaume-Uni, par exemple, est encore loin de son objectif zéro émission de carbone en 2050. Le gouvernement s’est donné l’année pour changer la donne et organiser au mieux la COP26 en décembre 2020. Pour le professeur de l’Université de Sheffield au Royaume-Uni et ancien conseiller climatique du Premier Ministre Gordon Brown, Michael Jacobs, elle sonne désormais comme le sommet de la dernière chance. "Si nous ne saisissons pas cette occasion pour accélérer les objectifs, nous n’aurons aucune autre possibilité de rester sous le seuil de 1,5 ou 2° C d'ici à 2100."

Geo

Le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi la création d'une nouvelle aire marine protégée dans l'Arctique canadien, où le réchauffement climatique est trois fois plus rapide que la moyenne mondiale.

Lors d'une visite à Iqaluit, dans le territoire du Nunavut, à trois mois d'élections législatives où il visera sa réélection, M. Trudeau a souligné que ce projet permettrait à son gouvernement de dépasser son objectif de protéger 10% des zones marines et côtières du pays d'ici 2020.

Le projet vise à protéger une zone située au large de l'île de Baffin, à l'extrême nord-est du Canada, où la fonte des glaces et le trafic maritime menacent de nombreuses espèces.

"Des populations de bélugas, de narvals, de morses, de phoques, d'ours polaires et de milliers d'autres espèces dont la survie dépend de la présence de glace polaire tout au long de l'année doivent maintenant migrer, voient leur nombre se réduire ou, dans certains cas, disparaissent", a déclaré M. Trudeau lors d'un discours.

 
 

"Pour les Inuits, qui comptent sur la chasse et les récoltes pour nourrir leurs familles, le changement climatique met en péril leurs moyens de subsistance et leur style de vie", a ajouté le Premier ministre, qui a fait de la réconciliation avec les populations autochtones et de la défense de l'environnement deux des priorités de son gouvernement.

Le dirigeant libéral en a profité pour rappeler que son gouvernement avait récemment investi dans la modernisation de la flotte des garde-côtes, avec notamment la commande de deux navires de patrouille de l'Arctique.

L'objectif, a-t-il rappelé, est "d'accroître nos capacités à défendre les intérêts nationaux canadiens" dans cette région convoitée par plusieurs puissances mondiales pour ses ressources et pour la navigation dans le Grand Nord, facilitée par la fonte des glaces.

"Notre gouvernement est engagé à faire respecter le souveraineté canadienne dans l'Arctique, en partenariat avec les peuples qui y vivent depuis des millénaires", a-t-il souligné.

© 2019 AFP 

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