Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Les oiseaux chantent à tue-tête, les sangliers se promènent en ville, les dauphins sont de sortie. Avec le confinement, animaux sauvages et plantes profitent du calme retrouvé, tandis que les humains, prennent plus le temps d'observer la nature.

Aux premiers jours du confinement, les habitants des grandes villes ont redécouvert avec bonheur le gazouillis des oiseaux. Des sangliers ont été aperçus à Barcelone, un jeune puma s'est aventuré dans les rues de Santiago du Chili, des dauphins se rassemblent en Méditerranée...

Avec la baisse brutale de la présence humaine, les animaux sauvages urbains "ont quartier libre pour circuler dans les villes", commente à l'AFP Romain Julliard, directeur de recherche au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN).

Il cite l'exemple des renards: "ils changent très vite leurs comportements, quand un espace est tranquille, ils y vont".

Les animaux et les oiseaux vivant dans les parcs urbains, comme les moineaux, les pigeons et les corneilles, peuvent quitter leurs territoire habituel et "libérer de la place pour d'autres animaux".

 

Les oiseaux, d'habitude discrets en ville, sont-ils plus nombreux? C'est plutôt qu'on les entend mieux. Certains d'entre eux "s'arrêtent de chanter quand il y a du bruit. A présent ils arrêtent de s'arrêter", explique Jérôme Sueur, spécialiste de l'acoustique au MNHN.

Le bruit perturbe aussi leurs comportements et génèrent du stress, poursuit-il. Il faut espérer que la disparition de la cacophonie humaine soit "bénéfique" pour les animaux, en pleine période de reproduction au printemps.

"Les animaux sont dépollués du bruit humain", résume le chercheur.

- Gérer la fin du confinement -

A la campagne et à la mer aussi, la faune sauvage pourrait mieux se porter. En France, le confinement a mis fin avec un peu d'avance à la saison de la chasse.

La quarantaine intervient quand, pour certaines espèces, la saison des amours bat son plein. C'est le cas pour le crapaud commun et la salamandre tachetée, qui "traversent les routes et se font écraser régulièrement", indique Jean-Noël Rieffel, directeur régional Val-de-Loire de l'Office français de la biodiversité (OFB).

 

Les mouettes mélanocéphales, qui nichent sur des bancs de sable sur la Loire, sont d'habitude dérangées. Mais à présent, finis promeneurs, chiens, quads ou canoës. Pas de curieux non plus pour toucher les faons.

Dans le parc national des calanques, non loin de Marseille, fermé aux promeneurs et aux plaisanciers, "la nature et les espèces retrouvent leurs espaces naturels à une vitesse qui nous surprend", indique son président Didier Réault. "Les puffins qui nichaient sur des archipels, dans des zones de haute protection, se regroupent aujourd'hui sur l'eau".

Idem pour les plantes. Les orchidées sauvages, protégées, poussent fin avril/début mai et sont parfois cueillies par des promeneurs, raconte Jean-Noël Rieffel. Elles pourraient y échapper cette année.

En ville, les pelouses non tondues fleurissent et offrent "des ressources pour les bourdons, les abeilles, les papillons", explique Romain Julliard.

 

Pour le scientifique, "le phénomène le plus important est peut-être que notre attention à la nature change: les personnes confinées réalisent à quel point la nature leur manque".

Cloîtré chez soi, à sa fenêtre ou dans son jardin, chacun dispose de plus de temps pour observer la nature et la redécouvrir. Le site "Vigienature" répertorie différentes initiatives.

L'opération "confinés mais aux aguets" de la Ligue de protection des oiseaux permet "d'ouvrir sa fenêtre, d'observer les oiseaux, les identifier si on peut", indique son président Allain Bougrain-Dubourg.

Le confinement des humains pourrait toutefois être une mauvaise nouvelle pour des espèces habituées à se nourrir de leurs déchets.

Autre inconvénient: les opérations d'aide aux espèces menacées ou la lutte contre les espèces invasives sont interrompues, relève Loïc Obled, directeur général délégué de l'OFB.

 

Il faudra aussi gérer la sortie du confinement. "Il y aura un besoin de nature, et une surfréquentation qui peut être défavorable à la faune et la flore", avertit Jean-Noël Rieffel. Des oiseaux qui iraient nicher dans une cour d'école déserte se trouveraient dérangés. Le répit restera de courte durée.

© 2020 AFP

Alors que la baisse du prix du pétrole pourrait inciter certains à freiner la transition énergétique, plusieurs experts rappellent l’urgence de se tourner vers les énergies renouvelables. Outre le risque climatique, il s’agit aussi d’éviter une nouvelle crise planétaire  due à des tensions sur l'or noir, une fois la pandémie dépassée. 

Le prix du baril de pétrole est passé sous la barre des 30 dollars. C’est une autre conséquence de la mise à l’arrêt de l’économie mondiale par le coronavirus, sur fond de guerre des prix entre l’Arabie saoudite, la Russie et les Etats-Unis. Résultat, en France, le prix de l’essence n’avait pas été aussi bas depuis 2017. Et les grandes majors pétrolières annoncent des coupes drastiques. Total, prévoit ainsi de réduire ses investissements de plus de 20 % cette année.

Selon une étude du cabinet spécialisé Rystad Energy, publiée le 23 mars (1), les compagnies pétrolières et gazières sont susceptibles de réduire leurs projets de 192 milliards de dollars à 61 milliards cette année, soit une baisse de 68 % par rapport à 2019. Avec un prix du baril autour de 30 dollars en moyenne sur l’année 2020, le nombre de nouveaux projets lancés serait donc réduit à la portion congrue. Une bonne nouvelle pour le climat ? Oui, mais…

Un marché à bout de souffle

"L’effondrement actuel va saper la capacité de l‘industrie pétrolière à gérer la production future. À terme, cela met en danger notre sécurité nationale avec un risque d'approvisionnement dans une Europe qui n’est toujours pas sevrée. Plus immédiatement, il y a aussi un risque de déstabilisation géopolitique dans certains pays pétro-dépendants dont le maintien des capacités de production est incertain, comme l’Iran, mais aussi l’Algérie et même la Russie. Le coronavirus vient donc souligner à quel point il est urgent de sortir des énergies fossiles, pour des raisons qui vont au-delà du changement climatique, dans un marché qui promet de devenir de plus en plus chaotique", analyse Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project.

Début 2019, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) tirait déjà le signal d’alarme quant au resserrement de l’offre de pétrole d’ici 2025. "Ces trois dernières années, le nombre moyen de nouveaux projets approuvés de production de pétrole conventionnel ne représente que la moitié du volume nécessaire pour équilibrer le marché jusqu’en 2025. L’offre de pétrole de schiste américain devrait plus que tripler pour compenser le manque persistant de nouveaux projets classiques."

Or, c’est justement ce secteur qui se trouve ébranlé par la baisse des cours car le pétrole de schiste a un modèle économique fragile. Il n’y a donc guère d’autres choix que de se diversifier en misant sur les renouvelables, répète l’AIE. "Il s'agit d'une opportunité historique pour le monde de créer des plans durables pour relancer l'économie, réduire les investissements sales et accélérer la transition énergétique", a déclaré Fatih Birol, son directeur exécutif. 

Moyen de pression pour changer les business model

Malgré cet appel, des gouvernements prévoient déjà des plans de relance de leur industrie fossile. Le Canada annonce un plan massif de soutien aux secteurs pétrolier et gazier. Idem pour les États-Unis, "où l’industrie de la fracturation pourrait être un bénéficiaire majeur du plan de sauvetage colossal des entreprises avec des conditions limitées ou nulles", s’inquiètent Les Amis de la Terre US.

En Grande-Bretagne, 350.org réagit également à la demande de renflouement de l'industrie pétrolière et gazière britannique dans le contexte de la crise de Covid-19. "Ils ont profité de la destruction délibérée du climat pendant des décennies et joué un rôle dans l'aggravation de l'injustice économique à travers le monde. Au lieu de renflouements, ils doivent être tenus responsables des dommages qu'ils ont causés".

En France, les parapétroliers comme Vallourec ou Technip sont les premiers touchés par cette crise. "La puissance publique, qui va être appelée au secours, va-t-elle maintenir à bout de bras ces entreprises qui ont fait le choix de ne dépendre que du pétrole ou va-t-elle utiliser le moyen de pression dont elle dispose pour les pousser à se transformer et à construire des plans de transition justes et durables ? Cela va être un vrai test", lance Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre France.

NVTC

C’est désormais la planète entière qui fait face à l’épidémie de Coronavirus. À tel point que, répondant à un appel du secrétaire général des Nations unies, plusieurs pays ravagés depuis des années par les confits vont cesser les combats pour lutter contre le virus.

Depuis quelques jours, des arrêts des combats sont envisagés aux Philippines, au Cameroun, au Yémen et en Syrie. C’est l’un des effets inattendus et réjouissants de la crise du coronavirus. Lundi 23 mars, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait lancé un appel solennel "à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde" afin de préserver, face à la "furie" du Covid-19, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit.

Dans un communiqué jeudi, Martin Griffiths, l'émissaire de l'ONU au Yémen, pays ravagé par la guerre depuis plus de cinq ans, a salué les "réponses positives" des rebelles Houthis et du gouvernement yéménite en faveur d'un cessez-le-feu afin de mieux lutter contre le Covid-19 et de permettre une pause humanitaire. Il a réclamé qu'ils participent à une "réunion urgente" pour le concrétiser.

"Nous accueillons favorablement le cessez-le-feu temporaire annoncé le 25 mars par les Forces de défense camerounaises du Sud (Socadef)", a déclaré pour sa part à New York le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. La veille, il s'était déjà félicité du cessez-le-feu temporaire annoncé le 24 mars par le Parti communiste des Philippines avec le gouvernement de ce pays.

Espoir en Syrie

Jeudi soir, le porte-parole, dans un nouveau communiqué, a "salué la déclaration des Forces démocratiques syriennes (SDF) du 24 mars" soutenant l'idée d'un cessez-le-feu et leur "engagement à éviter les actions militaires" dans le nord-est du pays. "Le secrétaire général appelle les autres parties au conflit syrien à soutenir son appel" à l'arrêt des combats, a-t-il ajouté. 

Dans le même temps, selon un diplomate, "un projet de résolution a circulé entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité relatif à l'impact du Covid-19 sur les situations de paix et sécurité à l'agenda du Conseil de sécurité". "Certains pays à l'ONU pensent à un texte visant à soutenir l'appel de Guterres", a confirmé jeudi à l'AFP une autre source diplomatique.

Rôle du conseil de sécurité

Selon des sources concordantes, la France est à l'origine de l'initiative. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Président français Emmanuel Macron a évoqué sur Twitter la préparation d'une "nouvelle initiative importante" face à la pandémie, après une conversation avec son homologue américain Donald Trump. Déjà la présidence de la Tunisie, membre non permanent depuis janvier, avait évoqué dans un tweet un projet de "résolution du Conseil de sécurité" sur la coordination des actions mondiales face au Covid-19, après une discussion entre le président tunisien Kais Said et Emmanuel Macron.

Entre la Russie réticente à ce que le Conseil de sécurité se saisisse d'un sujet de santé et les Etats-Unis qui pourraient insister pour une mention soulignant que le virus vient de Chine, la démarche s'avère délicate pour l'adoption d'une résolution au sein d'une enceinte où les divisions sont légion depuis des années.

Parallèlement à ce processus au Conseil, six pays - Suisse, Singapour, Norvège, Liechtenstein, Indonésie et Ghana -- ont élaboré un projet de résolution pour l'Assemblée générale des Nations unies, a appris l'AFP de sources diplomatiques. Ce projet, transmis jeudi à la présidence de l'Assemblée, vise surtout à insister sur l'importance du "multilatéralisme et de la coopération internationale" pour faire face au Covid-19, selon des diplomates.

 AFP

Tuer le temps en étudiant celui qu'il faisait autrefois: en plein confinement à cause de la pandémie de coronavirus, des scientifiques britanniques ont lancé un appel à volontaires pour retranscrire des relevés pluviométriques anciens et mieux comprendre l'évolution du climat.

"Les Britanniques adorent parler du temps qu'il fait. Ils adorent aussi le mesurer", souligne avec un brin d'humour le projet "Rainfall rescue" sur son site internet. Le problème est qu'avant 1961, il existait des milliers de relevés manuscrits, dont les données n'ont pas été transférées vers une base de données numérique.

Les scientifiques du National centre for atmospheric science et de l'Université de Reading veulent ainsi combler des vides dans leur base, concernant les années 1820 aux années 1950.

Ils veulent par exemple comprendre pourquoi le mois d'octobre 1903 est le mois le plus humide jamais recensé au Royaume-Uni, plus que février 2020 pourtant marqué par des inondations majeures dans plusieurs régions du pays. Ils veulent aussi percer les mystères des sécheresses de 1921 ou des années 1880 et 1890.

 

Le but est de mieux comprendre comment s'articulent périodes de pluies et de sécheresse notamment pour permettre aux compagnies des eaux de mieux anticiper.

Selon Rainfall rescue, plus de 7.700 bénévoles ont répondu à l'appel depuis son lancement jeudi et 68% des tâches avaient été remplies vendredi dans la matinée.

En 24 heures, 450.000 relevés ont été retranscrits a annoncé sur Twitter Ed Hawkins, climatologue à l'université de Reading, manifestement impressionné par le succès de l'appel à volontaires.

© 2020 AFP

La CGT, la Confédération paysanne ou encore la FSU se sont alliés avec de plusieurs associations environnementales telles que Greenpeace, Oxfam ou Attac pour préparer l'après-coronavirus. Ils appellent à la relocalisation de nos systèmes productifs, au renforcement des services publics et au conditionnement des aides versées aux entreprises à leur reconversion écologique et sociale.

18 responsables d’organisations syndicales, associatives et environnementales parmi lesquels Philippe Martinez (CGT), Aurélie Trouvé (Attac), Jean-François Julliard (Greenpeace) ou encore Cécile Duflot (Oxfam), signent une tribune commune publiée ce vendredi 27 mars sur France Info. Elles lancent un appel "à toutes les forces progressistes et humanistes [...] pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social". 

"La crise du coronavirus qui touche toute la planète révèle les profondes carences des politiques néolibérales" écrivent les signataires (1). Celles-ci "ont affaibli considérablement les droits sociaux et le gouvernement ne doit pas profiter de cette crise pour aller encore plus loin, ainsi que le fait craindre le texte de loi d’urgence sanitaire" insistent-ils.

Des aides conditionnées

Ils veulent croire à "l'opportunité historique d'une remise à plat du système, en France et dans le monde" suite à la crise du coronavirus, afin de "réorienter très profondément les systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques". "La relocalisation n’est pas synonyme de repli sur soi et d’un nationalisme égoïste" affirment-ils. 

Pour cela, "les aides de la Banque centrale et celles aux entreprises doivent être conditionnées à leur reconversion sociale et écologique : maintien de l'emploi, réduction des écarts de salaire, mise en place d'un plan contraignant de respect des accords de Paris..." "De même, des soutiens financiers massifs devront être réorientés vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes…" ajoutent-ils.

Le week-end dernier, une quarantaine de députés de tous bords avaient déposé un amendement appelant à réfléchir à un après-crise plus durable. Mais le texte, qui avait reçu un avis défavorable du gouvernement, a été rejeté sans avoir été débattu.  

Concepcion Alvarez, @conce1

(1) Retrouvez la liste des signataires : Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France; Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac France; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne; Benoit Teste, secrétaire général de la FSU; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France; Cécile Duflot, directrice générale d'Oxfam France; Eric Beynel, porte-parole de l'Union syndicale Solidaires; Clémence Dubois, responsable France de 350.org; Pauline Boyer, porte-parole d'Action Non-Violente COP21; Léa Vavasseur, porte-parole d'Alternatiba; Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire; Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement; Lisa Badet, vice-présidente de la FIDL, Le syndicat lycéen; Jeanette Habel, co-présidente de la Fondation Copernic; Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature; Mélanie Luce, présidente de l'UNEF Héloïse Moreau, présidente de l'UNL .

En analysant des tissus de pangolins saisis en Chine, des chercheurs ont identifié deux souches de coronavirus similaires à celui du Covid-19. Une découverte qui suggère que les mammifères pourraient bien avoir joué un rôle dans l'apparition du virus responsable de la pandémie actuelle mais le flou demeure.

Alors que la France a récemment décrété l'état d'urgence sanitaire, la pandémie de coronavirus continue de progresser à travers le monde. Le dernier bilan fait état de plus de 530.000 cas dont 24.000 morts et les Etats-Unis sont désormais passés en tête des pays les plus touchés avec plus de 85.000 cas, dépassant la Chine et l'Italie qui comptent respectivement 81.000 et 80.000 cas.

Si une course contre la montre a été lancée pour trouver un traitement et tenter d'enrayer la pandémie, des recherches sont également menées pour éclairer une autre zone d'ombre : l'origine du virus du Covid-19, appelé SARS-CoV-2. Les travaux réalisés jusqu'ici semblent abonder vers une conclusion commune. A l'instar de l'épidémie de SRAS-en 2003, le pathogène aurait pour origine la faune sauvage.

Toutefois, le scénario exact demeure mystérieux. Si cette hypothèse se confirme, comment le SARS-CoV-2 est-il passé de l'animal à l'homme ? Chauve-souris, serpent, pangolin, les chercheurs ont évoqué plusieurs espèces pouvant avoir joué le rôle d'hôte intermédiaire. Aujourd'hui, une étude publiée dans la revue Nature vient apporter de nouvelles données.

 

On sait déjà que les pangolins, de même que les chauves-souris, sont porteurs de coronavirus qui constituent une vaste famille de virus. Ces travaux révèlent cependant que des chercheurs de l'Université de Hong Kong ont découvert chez des pangolins deux types de coronavirus apparentés au SARS-CoV-2 dont un montrerait une forte similarité avec ce dernier.

Des pangolins saisis analysés en laboratoire

Originaire d'Afrique et d'Asie du sud-est, le pangolin décroche un triste titre : celui d'animal le plus braconné au monde. Selon une vaste étude récemment parue, plus de 900.000 spécimens aurait été capturés dans la nature entre 2000 et 2019. Cible du trafic : les écailles et la viande de pangolin particulièrement prisées sur les marchés asiatiques, notamment en Chine.

C'est justement sur des spécimens saisis en Chine que l'étude s'est basée. Les chercheurs ont analysé les tissus congelés de 18 pangolins javanais (Manis javanica) confisqués par les autorités de la région de Guangxi entre 2017 et début 2018. Ils ont également étudié des écailles, des morceaux de peau et d'autres tissus de pangolins saisis par les autorités de Guangzhou début 2019.

A partir de ces échantillons, l'équipe a mis en évidence deux génomes de coronavirus jamais séquencés. Deux sous-lignées qui se sont montrées similaires à 85,5 et 92,4% au SARS-CoV-2. L'une d'elles, plus particulièrement, a présenté une forte similarité au niveau d'un fragment de protéine située à la surface du virus appelé "receptor-binding domain" (en français, "domaine de liaison au récepteur").

 

Comme l'a souligné le professeur Edward Holmes, virologue de l'université de Sydney qui a participé aux recherches, cette découverte est d'une importance non négligeable. Car ces fameux "receptor-binding domain dictent la façon dont le virus est capable de s'attacher et infecter les cellules humaines", explique-t-il dans un communiqué.

Déjà révélée en février dernier sur le site BioRvix, cette découverte suggère que le pangolin pourrait bien avoir joué le rôle d'hôte intermédiaire dans l'émergence du nouveau coronavirus. Cependant, les similarités mises en évidence demeurent insuffisantes pour confirmer totalement que le Covid-19 provient bien du mammifère à écailles, comme le concède le Pr Holmes.

"Le rôle que les pangolins ont joué dans l'émergence du SARS-CoV-2 (la cause du Covid-19) est encore flou", précise-t-il. "Cependant, il est frappant de voir que les virus de pangolin contiennent certaines régions génomiques très étroitement apparentées au virus humain".

 

Réduire le commerce pour éviter une autre pandémie

Chez la chauve-souris, des souches similaires au SARS-CoV-2 ont déjà été identifiées et ont montré une plus forte proximité, faisant du mammifère volant une piste sérieuse. Une théorie a ainsi récemment avancé que l'agent du Covid-19 pourrait être le fruit d'une recombinaison de deux coronavirus différents, l'un issu des chauves-souris et l'autre issu des pangolins.

Là encore, les données manquent pour le confirmer. Le mystère est donc loin d'être résolu mais ces découvertes "nous indiquent que des virus qui semblent relativement bien adaptés aux humains sont présents au sein de la faune sauvage", souligne le Pr Holmes. "Les chauves-souris sont certainement impliqués, les pangolins pourraient l'être mais il est possible que d'autres espèces animales le soient aussi".

 

Bien que le tableau demeure largement incomplet, cette pandémie alerte sur les conséquences de nos interactions avec la faune sauvage qui contient "de nombreux coronavirus qui pourraient potentiellement émerger chez les humains dans le futur", poursuit le virologue. Avec ses collègues, il appelle ainsi à considérer avec sérieux le cas du pangolin très présent sur les marchés asiatiques.

"Si le rôle des pangolins comme hôtes intermédiaires dans l'émergence SARS-CoV-2 reste à confirmer, la vente de ces animaux sauvages dans les marchés devrait être strictement interdite pour éviter une future transmission zoonotique [de l'animal vers l'humain]", souligne à BBC News, le Dr Tommy Lam, chercheur à l'université de Hong Kong et principal auteur de l'étude.

Face à la pandémie, la Chine a décrété une interdiction complète du commerce et de la consommation d'animaux sauvages. Une décision saluée par les ONG qui espèrent voir cette réglementation devenir permanente.

Geo

En Chine, la Commission nationale de la santé a publié une liste de traitements recommandés contre le Covid-19. Parmi eux, figure un remède traditionnel appelé Tan Re Qing et contenant de la bile d'ours, dénonce une ONG britannique.

Face à la pandémie de coronavirus, la Chine a décrété en février dernier une interdiction totale du commerce et de la consommation d'animaux sauvages. Une avancée majeure que les défenseurs de la faune sauvage ont salué à travers le monde, appelant le pays à rendre cette interdiction permanente. Mais le combat semble loin d'être gagné pour les animaux.

En témoigne l'alerte communiquée par l'Environmental Investigation Agency (EIA), une ONG basée au Royaume-Uni. Le 4 mars dernier, la Commission nationale de la santé en Chine a publié une liste de traitements recommandés contre les cas sévères à critiques d'infection par le Covid-19. Une liste sur laquelle figurent des injections d'un remède traditionnel appelé Tan Re Qing.

Le Tan Re Qing est utilisé pour traiter les bronchites et les infections respiratoires mais ses ingrédients ne sont pas anodins. Il est fabriqué à partir d'extraits de plante du genre Scutellaria, d'extraits de fleurs et surtout de bile d'ours en poudre. Une particularité vivement dénoncée par l'Environmental Investigation Agency.

 

Des messages contradictoires

Si l'interdiction décrétée le mois dernier a rendu illégaux le commerce et la consommation de faune sauvage, elle ne s'applique pas aux produits issus d'animaux utilisés pour fabriquer des remèdes traditionnels ou des objets de décoration. D'après l'EIA, cette recommandation met ainsi en lumière l'approche particulièrement contradictoire de la Chine.

"Réduire la consommation de faune sauvage tout en promouvant des traitements contenant des produits animaux donne un exemple des messages contradictoires envoyés par les autorités chinoises sur le commerce d'animaux sauvages", explique dans un communiqué, Aron White, activiste de l'EIA spécialisé de la Chine.

"Outre l'ironie de recommander un produit issu de la faune sauvage pour traiter une maladie que la communication scientifique a majoritairement décrite comme provenant de la faune sauvage, la promotion continue de l'utilisation d'espèces menacées en médecine est très irresponsable dans une ère de déclin sans précédent de la biodiversité", poursuit-il.

 

Des ours exploités pour leur bile

Le trafic de bile d'ours est dénoncé depuis longtemps par les ONG et pour cause, il expose les animaux à de terribles conditions de captivité. La bile est un fluide fabriquée par le foie et stockée dans la vésicule biliaire. Son extraction nécessite une technique chirurgicale invasive qui consiste à insérer un cathéter ou une seringue dans la vésicule afin de prélever le fluide.

Selon l'ONG Animals Asia qui lutte contre ce trafic, toutes les méthodes utilisées "causent de graves souffrances, des plaies et des infections". La majorité des ours sont gardés de "façon permanente dans des cages, parfois tellement petites qu'ils sont incapables de se retourner ou se tenir sur leurs quatre pattes". Et il n'est pas rare qu'ils souffrent de malnutrition, de déshydratation ou de maladies plus graves.

En Chine, l'utilisation de bile d'ours issue d'animaux captifs est légale. En revanche, la bile extraite de spécimens sauvages est interdite, de même que celle provenant d'autres pays. Ces interdictions sont toutefois d'être respectées. D'après Aron White, de la bile d'ours sauvages est bien produite en Chine et des importations ont régulièrement lieu depuis le Laos, le Vietnam et la Corée du Nord.

 

Au Vietnam, cette pratique est interdite depuis 2005. Mais une faille dans la législation a permis à des centaines de fermes d'extraction de persister et de faire du pays l'un des principaux producteurs de bile d'ours. Un trafic que peine à éliminer le gouvernement vietnamien bien que de nouvelles mesures aient été prises en 2017 et que l'activité soit en déclin face à la bile légale d'ours captifs.

Une exploitation de la faune sauvage "injustifiée"

Les ONG de protection redoutent ainsi que les recommandations chinoises ne stimulent le trafic liés aux produits de médecine traditionnelle. "Les consommateurs conservent une préférence pour les traitements traditionnels qui sont souvent considérés comme plus puissants", justifie au National Geographic le spécialiste de l'EIA.

"Avoir un marché légal issu de la captivité ne réduit pas la pression sur les populations sauvages", poursuit-il. "En réalité, cela maintient juste la demande qui entraîne le braconnage" d'espèces qui sont pour certaines déjà menacées. C'est le cas de l'ours à collier (Ursus thibetanus), l'un des plus communément exploités pour sa bile qui est classé "vulnérable" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

La substance recherchée dans la bile d'ours est un acide connu sous le nom d'acide ursodéoxycholique ou ursodiol. Or, si certains bienfaits médicaux lui sont effectivement attribués, les scientifiques ont depuis longtemps trouvé comment le synthétiser en laboratoire. La substance est même régulièrement employée à travers le monde.

"Le recours à la faune sauvage menacée comme médecine traditionnelle est totalement injustifiée, en particulier vu la quantité d'alternatives artificielles ou à base de plantes disponibles, et de nombreux spécialistes et consommateurs de médecine traditionnelle veulent voir disparaître les produits à base d'animaux sauvages", assure Aron White dans le communiqué.

 

Les ours ne sont pas les seuls menacés par les recommandations des autorités sanitaires chinoises. En février dernier, l'EIA avait déjà émis une alerte au sujet d'un autre remède traditionnel conseillé par la Commission nationale de la santé. Appelé Angong Niuhuang Wan, celui-ci est notamment utilisé pour traiter la fièvre et est également composé d'un mélange de plantes et de produits animaux.

En raison des restrictions internationales, en Chine, l'Angong Niuhuang Wan doit contenir de la corne de buffle. Toutefois, certains pays tels que la Corée du Nord ainsi que certains producteurs continuent de le fabriquer à partir de son ingrédient traditionnel, la corne de rhinocéros.

Geo

Depuis le 20 février, les bourses mondiales ont perdu en moyenne 30 %, suivant des phases de chutes vertigineuses suivies de temporaires remontées. La cause est le recours massif au trading à haute fréquence, géré par des algorithmes préprogrammés qui surréagissent au moindre signal négatif. Pour y remédier, il faudra réintroduire de l’humain et de l’analyse à long terme.Mise en lumière par la crise sanitaire actuelle.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre les variations boursières de ces derniers jours. Elles provoquent les mêmes sensations que les Grand 8 de fête foraine, une descente accélérée suivie d’une remontée plus lente dès qu’un signal positif est envoyé. Les marchés financiers qui sont en réalité aujourd’hui majoritairement pilotés par des ordinateurs, répondent à des stimuli pour lesquels ils ont été programmés. Le Covid 19 n’en fait pas partie mais il offre une chance de revenir aux fondamentaux de l’analyse financière.

Les États-Unis annoncent un plan de relance de 2000 milliards de dollars et l’indice boursier américain reprend dans la foulée 13 % alors qu’il était jusque-là en chute libre. Comment vont être allouées ces sommes colossales ? Vont-elles servir à renflouer les grandes entreprises cotées qui ont perdu plusieurs dizaines de milliers de milliards de capitalisation ou cibler plus directement les Américains pour qu’ils continuent à consommer pour nourrir le principal moteur de la croissance de leur pays ? Dans quelle mesure le plan de relance pourrait aider à renforcer le système de santé qui en l’état actuel expose le pays à une hécatombe liée au COVID 19 ?

Des millions d’ordres traités à la nanoseconde

Toutes ces questions politiques, environnementales et sociales n’intéressent pas les ordinateurs à l’œuvre dans ce qu’on appelle le High Frequency Trading (HFT). Ce trading à haute fréquence représente les trois quarts des échanges sur les marchés américains et près de la moitié en Europe. Reposant sur le traitement à la nanoseconde d’ordres de ventes et d’achats passés en très grand nombre sur les marchés financiers du monde entier, le HFT est réservé à des acteurs très puissants, financièrement et techniquement. Ils doivent être capables de disposer des équipements nécessaires pour passer des volumes d’ordres colossaux en même temps et de programmer des algorithmes très complexes qui, de plus, doivent être régulièrement actualisés.

Comme l’explique pédagogiquement le site ABC Bourse ,  les paramètres qui déterminent la puissance de feu de ce type d’outils sont l’algorithme de management des ordres et le management du risque. "Dans le premier cas l’algorithme de placement des ordres est un point primordial qui peut rendre un système gagnant ou perdant. Tout résidera dans la programmation de cette "boîte noire". Dans le second cas il faut savoir fixer des limites de gains et de pertes".

La programmation de la boîte noire est donc la clef qui explique en grande partie les variations boursières actuelles. On comprend alors qu’un tweet de Donald Trump a un impact immédiat alors que la mise en place d’une stratégie résiliente et durable par une entreprise donnée laissera le marché de marbre. Dans le premier cas, il s’agit d’un signal envoyé immédiatement à des milliards de serveurs, dans le second il s’agit d’un plan stratégique à moyen long terme dont l’analyse des impacts n’est pas intégrée dans le système du HFT pour qui le long terme est à 24 heures.

Un métier sans humains

Pour changer la donne, il faudrait donc reprogrammer ses boîtes noires pour y réintroduire des données ESG, c’est-à-dire la mesure d’impacts sociaux et environnementaux d’une activité ou d’un service donné, le tout sur un horizon beaucoup plus long. En l’état actuel de la qualité des données disponibles, encore très éloignées de modèles mathématiques, la seule possibilité serait de redonner de la valeur à l’analyse financière fondamentale.

Cette évaluation de la stratégie des entreprises doit être faite par des humains qualifiés et formés aux spécificités de tel ou tel secteur. Ce n’est pas la direction que prenait le secteur bancaire avant la crise du COVID 19, qui licenciait massivement en Europe, plus de 100 000 emplois avaient disparu ces derniers mois.  

Pour que le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant, il faudrait donc reparamétrer le secteur financier pour le conduire à considérer ses ressources humaines comme un capital précieux à préserver et non une variable d’ajustement à réduire en cas de crise majeure, quitte à ne pas être capable de se relever pour le coup d’après, celui où la finance durable, plus résiliente, pourrait devenir la pratique dominante.

NVTC

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