La crise du Coronavirus ne ressemble pas aux autres. Pour la première fois, nous assistons à un mouvement massif de baisse volontaire des salaires des grands dirigeants d’entreprises par solidarité avec leurs salariés, que leur société ait bénéficié ou non des aides d’État. Même au pire de la crise financière de 2008, de telles mesures n’avaient pas eu cours. Parmi les grands noms à faire ces annonces, on trouve Sodexo, Fiat, Disney ou encore Boeing.
L’arrêt brutal de l’économie mondiale met à mal les entreprises qui voient leur chiffre d’affaires chuter. Elles sont obligées de prendre des mesures drastiques en fermant leur usine et demandent à leurs salariés de rester chez eux. En France, il ne reste que 25 % d’activité industrielle et plus de 300 000 entreprises ont recours au chômage partiel, ce qui concerne 4 millions d’actifs. Du côté des investisseurs, des efforts sont aussi demandés puisque de plus en plus d’entreprises renoncent à leur verser des dividendes en 2020.
Ainsi l’Association française des entreprises privées (AFEP) recommande à ses membres que le salaire des dirigeants soit réduit de 25 % durant le temps où l’entreprise aurait recours au chômage partiel. Pour le regroupement des grandes entreprises françaises, il s’agit de faire preuve de solidarité avec les salariés qui ne toucheront que 84 % de leur revenu. L’incitation a été reprise en l’état par le gouvernement.
Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, la secrétaire d'État française auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher a explique : "Il y a un engagement de ne pas verser de dividendes pour les entreprises qui auraient recours aux dispositifs d'État, de ne pas procéder à des rachats d'actions et de diminuer de 25% la rémunération globale des dirigeants". Si aucune sanction n’est prévue sur la partie salariale, l’incitation de l’exécutif est très forte.
Fonds de solidarité chez Sodexo
Parmi les premiers à réagir, les dirigeants de l'équipementier automobile français Plastic Omnium ont décidé d'abaisser leurs rémunérations pour "contribuer à l'effort du groupe (...) pendant le temps d'arrêt de l'activité". Elles seront diminuées dans la même ampleur que les pertes de revenus subies par les salariés touchés par les mesures de chômage partiel dans les usines européennes et américaines, a expliqué un porte-parole à l'AFP.
Même initiative du côté du géant français de la restauration collective Sodexo. Ses dirigeants ont renoncé à une part de leur rémunération pour financer un fonds d'aide de 30 millions d'euros destiné aux employés ayant perdu leur emploi. Ce fonds sera "financé par les contributions des principaux dirigeants du groupe et par l'entreprise", précise la société dans un communiqué. La présidente du Conseil d'administration, Sophie Bellon, et le directeur général, Denis Machuel, renoncent à la moitié de leur rémunération dans les six prochains mois. Les 200 principaux dirigeants de l'entreprise renoncent de leur côté à leur rémunération variable annuelle.
Michelin s 'est joué au mouvement. "En manifestation de solidarité avec toute la communauté des salariés, les gérants, le comité exécutif et le conseil de surveillance du groupe Michelin revoient à la baisse leur rémunération", a annoncé le groupe dans un communiqué. Florent Menegaux et Yves Chapot, gérants du groupe Michelin, "ont choisi de diminuer d'environ 25% leur rémunération pour les mois d'avril et de mai", a détaillé Michelin.
Salaire supprimé pour l’aéronautique
Cet engagement se retrouve aussi hors de France. Les patrons de Disney, souvent pointé du doigt pour leur rémunération "insensée", ont décidé de montrer l’exemple. Le PDG, Bob Chapek, a annoncé qu’il renonçait à 50 % de son salaire jusqu’à ce que l’industrie soit remise des conséquences de la pandémie. "Alors que nous naviguons dans ces eaux troublées, nous vous demandons beaucoup et comme toujours, vous êtes à la hauteur des défis (…) À partir du 5 avril, les Vice-Présidents verront une réduction de salaire de 20 %, les Vice-Présidents Seniors et Vice-Présidents Exécutifs verront respectivement une réduction de salaire de 25 et 30 %", écrit-il dans un courrier adressé aux salariés.
Mike Manley, patron du géant de l’automobile Fiat Chrysler, l’un des secteurs les plus touchés par la crise, divise aussi sa rémunération par deux. Les membres du conseil exécutif du groupe réduiront leurs salaires de 30 % pendant la même période. "Protéger la santé financière de l'entreprise est la responsabilité de tous, à commencer naturellement par moi et l'équipe dirigeante", écrit Mike Manley, en précisant que l'objectif est notamment d'"éviter une réduction du personnel au deuxième trimestre". La rémunération totale de ce dernier s'est élevée l'an passé à 13,28 millions de dollars, dont un salaire de base de 1,43 million de dollars, selon le rapport annuel du groupe.
Dans l’aéronautique, autre secteur mis à genoux par le Coronavirus, on va même plus loin. Chez Boeing, qui a déjà engagé un massif plan de départs volontaires auprès de ses 150 000 salariés, le directeur général David Calhoun et le président du conseil d'administration Larry Kellner renoncent à l’intégralité de leur rémunération pour toute l’année 2020. Même initiative chez Air Canada, dont le Président et le directeur financier à la totalité de leurs revenus.
NVTC
Des hordes de singes dans une ville en Thaïlande, des cerfs en plein coeur d'une ville japonaise, des bandes de dindes sauvages en Californie... Face au Coronavirus, de multiples animaux sauvages, habitués à être nourris par les touristes, envahissent les villes en quête de nourriture. D'autres profitent juste de ce répit pour s'aventurer en ville, comme ces canards parisiens escortés par la Police en plein périphérique.
Ce sont des conséquences inattendues de la pandémie. Alors que près d’un milliard de personnes sont confinées dans le monde, que les experts enregistrent une baisse des émissions de CO2 en France, en Chine, en Italie… Certains animaux sauvages s’aventurent en plein cœur des villes. À Paris par exemple, la Préfecture de police a publié une vidéo dans laquelle elle escorte des canards en plein périphérique.
Aux Pays de Galles, un journaliste local a filmé des chèvres trottinant dans la ville de Llandudno.
En Thaïlande, un homme a ainsi filmé des centaines de singes courant dans la ville de Lopburi, au nord est de Bangkok. Ces singes, habitués à être nourris par les touristes, se sont lancés dans une bagarre pour ce qui semble être un pot de yaourt.
"C’est l’été, donc généralement nous voyons beaucoup de touristes, mais maintenant, à cause de l’épidémie, il y en a si peu que les marchés sont très calmes. Il n’y a pas assez de touristes pour donner de la nourriture aux singes à Prang Sam Yod", note l’auteur de la vidéo, Sasalu Rattanachai dans le journal Khaosod English. Selon la Tourisme Authority of Thailand, le tourisme a chuté de 43 % en Thailande en février, notamment en raison du confinement en Chine, plus grande source de touristes pour la Thaïlande.
Au Japon, ce sont les cerfs du parc naturel de Nara qui se sont rendus en ville pour trouver de la nourriture. "Plus de 1000 cerfs occupent actuellement le parc de 1240 acres et ils s’aventurent rarement en dehors de ses limites. Cependant, dans les semaines qui ont suivi la mise en place par le gouvernement japonais de restrictions de voyage et la mise en quarantaine des visiteurs de Chine et de Corée du Sud, le parc est devenu dépourvu de touristes et ses cerfs ont commencé à errer dans la ville à la recherche de nourriture", note le New York Times.
Suspension du commerce d'animaux sauvages en Chine
Une journaliste du Guardian vivant en Californie a également remarqué la présence de dinde à Oakland. "Les bandes de dindes sauvages ne sont pas rares dans certaines parties de la région de la baie, mais il semble qu’elles aient un peu plus d’espace pour se promener dans des quartiers qu’elles ne visitent pas normalement", note le Guardian. Dans ce sillage, en Espagne, un automobiliste a filmé un sanglier en plein cœur de Barcelone.
La nature est résiliente si on lui en laisse le temps. Selon une étude publiée dans la revue Nature cette semaine, la vie marine pourrait être restaurée en l'espace d'une génération seulement. Pour cela, les pressions humaines doivent être réduites. Il faut notamment accélérer dans la lutte contre le changement climatique.
La vie marine, les populations, les habitats et les écosystèmes, peuvent être restaurés en seulement une génération. Cette excellente nouvelle a été publiée dans la très sérieuse revue Nature cette semaine. Selon les scientifiques qui ont abouti à cette conclusion, il faut pour cela que les pressions humaines, y compris celles liées au changement climatique, soient atténuées d’ici 2050.
"L’océan est gravement menacé par les activités humaines mais nous démontrons qu’il fait preuve d’une surprenante résilience lorsque les bonnes solutions sont mises en œuvre. Nous avons le choix de transmettre aux générations futures soit un océan fonctionnel plein de vie et de ressources, soit un océan irrémédiablement dysfonctionnel" explique Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et à Sorbonne Université, chercheur associé à l’Iddri et coauteur de cette étude.
Un retour sur investissement multiplié par 10
Les chercheurs estiment ainsi qu'entre 50 et 90 % de la vie marine pourraient être restaurés en l'espace de trente ans moyennant une série d’interventions telles que la protection des espèces, la pêche responsable, la restauration des habitats, la réduction de la pollution et l’atténuation du changement climatique. Les auteurs insistent sur le fait que la reconstitution de la vie marine ne sera possible qu’avec la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui vise la neutralité carbone d’ici 2050 et un maintien du réchauffement global sous la barre des 2°C d’ici 2100.
Or, sous l’effet du changement climatique, les océans deviennent à la fois plus chauds, plus acides, plus salés et moins riches en oxygène. Leur rôle d’absorbeur carbonique s’en trouve de plus en plus affecté, limitant leur action bénéfique et aggravant encore le bilan carbone mondial. La capacité du puits de carbone de l'océan austral est par exemple dix fois inférieure aux précédentes estimations. Depuis 1993, le réchauffement des océans a plus que doublé et leur concentration en oxygène a baissé de 2 % en 50 ans, avec des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins.
Préserver la vie océanique a également un intérêt économique. Les chercheurs estiment que pour chaque dollar investi, le retour est dix fois supérieur, en termes de pêche, d’écotourisme, de protection des rivages et de prévention des inondations. Dans son rapport "Global Futures", publié en février, le WWF a calculé que le coût économique du déclin de la nature était de 479 milliards de dollars par an jusqu’en 2050, dont 327 milliards de dollars proviennent de la dégradation des zones côtières, due aux événements extrêmes et à l'élévation du niveau de la mer. Cela reviendrait à effacer les PIB cumulés du Royaume-Uni, de la France, de l'Inde et du Brésil.
NVTC
Il aura suffi de seulement deux semaines de confinement pour que l’empreinte carbone des Français chute drastiquement. La réduction des déplacements y est pour beaucoup. Mais qu’en sera-t-il quand nous reviendrons à la vie "normale" ?
Ce confinement aura décidément des conséquences inédites sur l’environnement. En plus d’une nette amélioration de la qualité de l’air, l’empreinte carbone des Français a brusquement chuté de deux tiers depuis le début du confinement. Selon une étude de l’application Greenly (1), qui mesure l’empreinte carbone des utilisateurs en fonction de leurs relevés bancaires, celle-ci a diminué de 62 % en deux semaines.
En première ligne, la baisse drastique des déplacements, qui comptent normalement pour un quart de l’empreinte carbone. "L’impact carbone de l’essence, qui représente habituellement 10 % des émissions des Français, chute de plus de 83 % par rapport à la moyenne hebdomadaire du début 2020. Il y a en moyenne deux fois moins de pleins à la station depuis le 16 mars", analyse Greenly. L’impact carbone de l’aviation a quant à lui diminué de 94 %, les achats de billets d’avion ayant été divisés par cinq.
Hausse du e-commerce
Autre poste de dépense connaissant une baisse : l’alimentation. L’empreinte liée à la restauration a chuté de 94 % lors de la première semaine de confinement. L’empreinte de l’alimentation en supermarché a baissé de 10 %. À l’inverse, l'empreinte liée aux achats en ligne a augmenté de 2,5 % en moyenne depuis le début du confinement, et de 15 % chez les personnes de plus de 40 ans.
"Nous ne pouvons en aucun cas nous réjouir d’une baisse des émissions des gaz à effet de serre dans des circonstances aussi dramatiques. Mais cette crise sanitaire est l’occasion de réfléchir à l’après, et aux moyens de construire un monde plus éco-responsable qui ne nous prive pas de notre liberté. Nous sommes déjà en train d’apprendre à vivre autrement, à travailler à domicile, à réduire nos déplacements, à faire sans les voyages professionnels", réagit Alexis Normand, directeur général et co-fondateur de Greenly. Reste à poursuivre sur cette lancée une fois revenu à la vie "normale", une gageure !
NVTC
La tendance se poursuit en 2019 : les projets et mises en service de centrales en charbon ont de nouveau reculé au niveau mondial. Ils ont diminué de 66 % par rapport à 2015. Mais cette bonne nouvelle est ternie par les positions du Japon et de la Chine, totalement à contre-courant, faisant prendre le risque à la planète de rater les objectifs de l'Accord de Paris.
Si la mise en service de nouvelles centrales à charbon se poursuit, les projets et mises en construction reculent. La tendance se confirme en 2019, selon un nouveau rapport du Global Energy monitor, Greenpeace international, le Sierra Club et le Centre de recherche sur l’énergie et l’air propre, publié fin mars (1). Pour la quatrième année consécutive, les mises en chantier ont baissé de 5 % par rapport à 2018 et les projets de 16 %. Depuis 2015, le recul est de 66 %, signe que l’avenir se dessine de plus en plus sans le charbon, énergie fossile la plus polluante.
"Alors que les préoccupations climatiques dominent les gros titres, les constructeurs de nouvelles centrales au charbon sont confrontés à un environnement de plus en plus défavorable, avec notamment l'élargissement des restrictions imposées par plus de 126 banques et assureurs d'importance mondiale, et l’engagement d'éliminer le charbon et d'accélérer la transition vers une énergie propre pris par 33 gouvernements nationaux et 27 régions", explique le rapport.
Deux exceptions : le Japon et la Chine
En Inde, les projets de centrale à charbon ont diminué de moitié. Ils ont baissé de 60 % en Amérique latine, de 40 % en Afrique et de 22 % en Asie du Sud-Est. Aucune mise en chantier n’a vu le jour en Afrique et en Amérique latine. Aux Etats-Unis, malgré la politique pro-charbon de Donald Trump, les retraits ont augmenté de 67 % par rapport à l’ère Obama. Au sein de l’OCDE, la capacité de production d'électricité au charbon est en baisse depuis 2011, dont près de la moitié se trouvait aux États-Unis.
Le Japon et la Chine font toutefois figure d’exception dans ce panorama. "Alors que les Etats-Unis et l’Europe s’éloignent du charbon, le Japon est désormais le principal moteur de la nouvelle production d'électricité au charbon dans l'OCDE" note le rapport. Le Japon possède 11,9 gigawatts (GW) de charbon en cours de développement au niveau national, ce qui augmenterait de 50 % les émissions de CO2 de sa flotte de charbon existante (de 3,9 à 5,8 milliards de tonnes). En dehors de ses frontières, le pays finance 24,7 GW de charbon, c’est plus que le parc à charbon australien.
La Chine, à contre-courant, est responsable de près des deux tiers des nouvelles capacités mises en service en 2019 et le nombre de projets y augmente pour la première fois depuis 2016. Le pays, qui a connu le pic des contaminations au coronavirus début février, a d’ores et déjà approuvé 6,6 GW de nouvelles capacités du 1er au 18 mars, soit davantage que sur l’ensemble de l’année 2019. Dans ces conditions, "le monde n’est pas sur la bonne voie pour respecter l’accord de Paris sur le climat", alertent les auteurs.
NVTC
Après la COP15 biodiversité, c'est désormais la COP26 sur le climat qui a été officiellement reportée en raison du coronavirus. L'année 2020 devait être charnière pour avancer sur ces deux sujets cruciaux. En échange, les experts et les ONG appellent les États à ne pas laisser de côté l'environnement dans les plans de relance qu'ils vont mettre en place au sortir de la crise.
Ce devait être le moment de vérité pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Mais la COP26 sur le climat n’aura pas survécu au coronavirus. Prévue du 9 au 19 novembre à Glasgow, en Écosse, elle a été reportée à 2021, a annoncé mercredi 1er avril la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc). Ce sommet devait permettre aux États de présenter des nouveaux engagements plus stricts en matière d'émissions de gaz à effet de serre, les nouvelles contributions déterminées (NDC).
"Compte tenu des effets actuels de COVID-19 dans le monde entier, il n'est plus possible de tenir une ambitieuse et inclusive COP 26 en novembre 2020. Sa reprogrammation permettra que toutes les parties soient pleinement dédiées aux questions à débattre lors de cette conférence vitale et de disposer de plus de temps pour les préparatifs nécessaires", explique la Ccnucc.
Les plans de relance passés au crible
"Le COVID-19 est la menace la plus urgente à laquelle l'humanité est confrontée aujourd'hui, mais nous ne pouvons pas oublier que les changements climatiques sont la plus grande menace à laquelle l'humanité est confrontée à long terme", explique Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Ccnucc. "Bientôt, les économies vont redémarrer. Ce sera une opportunité pour les pays de mieux se redresser, d'inclure les plus vulnérables dans ces plans et de façonner l'économie du XXIe siècle de manière propre, verte, saine, juste, sûre et plus résiliente".
Les plans de relance qui suivront la sortie de crise seront ainsi passés au crible et serviront de véritables tests pour que les États rehaussent bel et bien leur ambition climatique en amont du sommet climatique. "Le report de la COP 26 offre l’occasion et le temps de revoir les NDC et les stratégies à long terme. Les plans de relance doivent s'appuyer sur la transition écologique et l'accélérer", estime Laurence Tubiana, cheville ouvrière de l’Accord de Paris en 2015.
"Les gouvernements ont maintenant le choix : nous enfermer dans des décennies de dépendance aux combustibles fossiles ou se concentrer sur la santé des gens, les emplois et les besoins pour des systèmes énergétiques résilients et décentralisés basés sur des sources renouvelables. La pandémie de coronavirus met en relief la façon dont le système actuel fait échouer les plus vulnérables et génère de multiples crises, y compris la dégradation du climat", complète Anna Vickerstaff, chargée de campagne au sein de 350.org.
Changement dans l'ordre de priorité
À ce jour, six États ont publié de nouveaux engagements, représentant 2,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre : les îles Marshall, le Suriname, la Moldavie, la Norvège, Singapour et le Japon. Ce-dernier vient juste de publier son NDC révisée, en pleine crise du coronavirus, avec des objectifs inchangés par rapport à 2015 alors qu’il représente plus de 3,7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais avec le report de la COP26, le gouvernement japonais va peut-être revoir sa copie qualifiée de "honteuse" par les ONG.
Ce report arrange en tout cas les affaires de l’Union européenne qui va avoir une chance de prendre réellement le leadership climatique. Bruxelles a lancé une étude sur les impacts d’une rehausse des objectifs à 2030, dont les résultats connus d’ici l’été, n’auraient pas permis un vote d’ici novembre. Les élections américaines, prévues en novembre, pourraient aussi changer la donne si Donald Trump n'était pas réélu. Le Royaume-Uni et l'Italie, qui accueilleront la COP et la pré-COP26, prendront respectivement en 2021 la présidence du G7 et du G20. De quoi mobiliser largement !
Outre le climat, les événements liés à la biodiversité ont également été reportés alors que 2020 devait constituer une année charnière sur ces deux sujets. La COP15 Biodiversité qui devait se tenir en Chine en octobre a été repoussée, et le Congrès mondial pour la Nature, prévu à Marseille en juin, a aussi été reporté à janvier 2021. "Une fois le calendrier clarifié, il faut espérer que la mobilisation pourra reprendre", indique Aleksandar Rankovic, expert à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Le risque est toutefois qu'avec cette crise sanitaire majeure, le ralentissement brutal des économies et le risque de chômage massif, on assiste à un "changement dans l'ordre de priorité", reconnait cet expert.
NVC
Le débat est relancé en France, au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne et même aux États-Unis. Alors que la crise du coronavirus a entraîné le confinement d’un tiers de l’humanité, un revenu de base versé à tous sans conditions se révèle être une solution idéale. Mais sa mise en place doit être accompagnée d’un véritable questionnement sur la société que l’on souhaite voir émerger, préviennent ses défenseurs.
Face à la crise inédite issue du coronavirus, le président américain Donald Trump a dégainé un plan de relance massif qui inclut le versement d’un chèque d'environ 1 000 dollars par adulte et 500 par enfant, pour les ménages les plus vulnérables. En Allemagne, le journal de Francfort, le Frankfurter Rundschau, plaide pour l’instauration d’un revenu de base d’un montant de 1 000 euros par mois sur une période de six mois. Une mesure "sans alternative", écrit le quotidien allemand, qui détourne le slogan de Margaret Thatcher "There is no alternative !" et les mots d’Angela Merkel sur la politique de sauvetage de l’euro "Alternativlos".
Au Royaume-Uni, 170 parlementaires de différents partis ont adressé une lettre au gouvernement britannique lui demandant l’instauration d’un revenu universel d’urgence le temps de la pandémie tandis que le gouvernement espagnol envisage sérieusement une telle option. En France, un collectif de travailleurs précaires (auteurs, pigistes, auto-entrepreneurs, acteurs...), les Sons Fédérés, a également appelé à la mise en place immédiate d’un revenu de base face aux annulations en série dans le secteur événementiel. Des chercheurs suisses ont même imaginé de verser ces sommes sur une carte personnelle permettant seulement certaines dépenses jugées utiles à la transition écologique...
S’inscrire dans un projet de société
"Le revenu de base apporterait en effet une sécurité à tous, mais il ne doit pas servir seulement de pansement pour endiguer la crise actuelle. Sa mise en place doit impérativement s’accompagner d’un débat démocratique sur ses conditions de mise en œuvre au regard de la société que l’on souhaite voir émerger. Le contexte actuel est propice pour réfléchir à des modes de vie plus sobres, alliant transition écologique et justice sociale", estime Elena Ambuhl du Mouvement français pour un revenu de base (MRFB). L'association va publier une tribune collective en ce sens dans les prochains jours.
Il s’agirait de verser à chacun, individuellement, et sans conditions de ressource, de la naissance à la mort, un revenu dont le montant serait fixé collectivement, en complément des allocations chômage, des indemnités maladies ou des pensions de retraite. Cela pourrait prendre tout son sens en cette période de crise, alors que des millions de salariés sont confinés chez eux, en télétravail, au chômage technique ou en arrêt, et que des millions d’autres se trouvent en première ligne, sans pouvoir exercer leur droit de retrait, malgré des rémunérations qui sont souvent trop faibles au regard de leur utilité sociale.
"Un revenu de base permettrait d’identifier les métiers réellement utiles qu’il faudrait alors mieux rémunérer et dont les conditions de travail devraient être améliorées. Au-delà, il permettrait de changer de paradigme : ne plus travailler coûte que coûte mais donner la possibilité aux citoyens de s'impliquer dans des activités réellement utiles et aujourd’hui non rémunérées - œuvrer pour la transition écologique, s’informer et débattre, s'investir dans la vie démocratique et associative locale - car ce sont eux les moteurs de la transition", plaide Elena Ambühl.
NVTC
Aux côtés des fabricants traditionnels d’équipements médicaux, ce sont des industriels de l’automobile ou de l’électronique qui viennent en renfort pour produire des respirateurs, nécessaires à la survie des malades du Covid-19 les plus gravement atteints. En France, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un consortium entre PSA, Air Liquide, Schneider et Valeo pour fabriquer 10 000 unités.
Avec l’épidémie de Coronavirus, le besoin en respirateurs pour les malades en réanimation s’est accru dans le monde entier. En France, le principal fabricant de ces appareils, Air Liquide, a mis les bouchées doubles pour accroître ses capacités. Interrogé sur RTL, François Jackow, directeur adjoint de l’entreprise, explique : "Nous sommes en train de doubler nos capacités de production, avant de les tripler d'ici quelques jours pour enfin les multiplier par quatre d'ici le mois de mai. En France, c'est plus de 6 000 personnes qui sont sur le pont dans cet objectif".
Ainsi la capacité de son usine spécialisée à Antony (Hauts-de-Seine) doit passer de 250 unités par mois à 1 000. Mais le besoin est si fort que l’enjeu dépasse la seule capacité du chimiste du français. Mardi 31 mars, à l’occasion de la visite du Président de la République dans une usine de fabrication de masques près d’Angers, celui-ci a annoncé la création d’un consortium pour répondre à ce besoin.
Il réunit autour d’Air Liquide, les industriels PSA, Schneider Electric et l’équipementier automobile Valeo, sans oublier plusieurs centaines de sous-traitants. Il s’agit de fabriquer 10 000 respirateurs d’ici mi-mai. À titre de comparaison, les hôpitaux français seraient aujourd’hui équipés de 5 000 unités. En France, une autre initiative a été lancée par Renault avec des startups. La marque au losange mise sur son usine du futur au technocentre de Guyancourt pour fabriquer des respirateurs grâce à la technologie d’impression 3D. Théoriquement plus lente, mais elle permet de s’affranchir du besoin de chaînes de production dédiées.
Dyson et Tesla en renfort
Ailleurs dans le monde, les grands fabricants traditionnels font tourner leurs usines à plein régime comme l’américain GE Healthcare ou le suédois Getinge. Mais d’ autres entreprises viennent en renfort. Ainsi, le spécialiste Dyson a révélé un prototype de respirateur CoVent. Le fabricant britannique entend en fournir 10 000 pour répondre à l’appel d’offres lancé par le gouvernement britannique.
Aux États-Unis, c’est Tesla qui est monté au créneau. Même si dans un premier temps son PDG Elon Musk avait moqué la panique autour du Coronavirus, il a décidé de dépenser sans compter. Ainsi, l’entreprise de voitures électriques a acheté 1 255 respirateurs à la Chine, qu’il met à disposition des hôpitaux américains qui en auront besoin. Il a en particulier servi New-York, aujourd’hui épicentre de l’épidémie dans le nouveau monde.
Par ailleurs, il annonce que la Gigafactory 2, son usine géante de Bufallo, va concevoir et fabriquer des respirateurs avec le spécialiste Medtronics. "Nous allons donner tous nos ventilateurs, que nous les ayons achetés ou fabriqués", assure Elon Musk.
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