Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Quoi de pire qu'une pandémie qui bouleverse les vies, submerge le système de santé et ravage l'économie mondiale? A moins de deux mois du début de la saison des ouragans, la Floride craint qu'une catastrophe naturelle ne vienne s'ajouter à la crise.

"Le Covid est mauvais, un ouragan est mauvais. Si vous combinez les deux", le résultat est terrible, dit Bryan Koon, qui jusqu'en 2017 dirigeait les services de gestion des urgences de cet Etat, et qui est aujourd'hui consultant dans le même domaine.

"L'impact d'un ouragan sur un environnement affecté par le Covid sera pire que les deux combinés. Cela aura un effet multiplicateur, pas cumulatif", assure-t-il.

Et ce scénario du pire est possible.

Lorsque la saison des ouragans de l'Atlantique commencera le 1er juin, les Etats-Unis seront très probablement encore en train de lutter contre le nouveau coronavirus.

Les météorologues de l'Université du Colorado, ainsi que ceux d'Accuweather, prédisent déjà que cette année, la saison des ouragans sera plus active que d'habitude. Selon eux, entre juillet et novembre, quatre ouragans majeurs pourraient frapper, avec des vents de plus de 180 km/h.

 

"Nous nous préparons au pire, bien sûr", a dit jeudi le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. "Nous espérons ne pas avoir affaire à un ouragan. Mais je pense que nous devons partir du principe que nous en aurons un".

- Le casse-tête d'une évacuation -

Les Floridiens savent quoi faire lorsqu'un ouragan menace leur région: il faut stocker des vivres, protéger les fenêtres avec des planches en bois, et/ou partir pour fuir la tempête si elle s'annonce dévastatrice.

Ceux qui peuvent se le permettre vont à l'hôtel, chez des amis ou dans la famille. Les autres sont évacués en bus et logés dans des refuges.

Au retour, tous doivent faire face à une même réalité: nettoyer, réparer.

La question qui se pose maintenant aux dirigeants de Floride est la suivante: comment maintenir cette stratégie d'évacuation de masse cette année, alors que la population est appelée à la distanciation physique?

 

Comment les refuges, souvent installés dans des gymnases équipés de lits d'ordinaire très rapprochés les uns des autres, fonctionneront-ils en ces temps de virus hautement contagieux?

Rien de tout cela ne sera possible dans la nouvelle réalité imposée par le Covid-19, avertissent des experts.

"Vos amis et votre famille pourraient ne pas vouloir de vous chez eux parce qu'ils essaient de ne pas tomber malades", dit M. Koon.

"Les hôtels pourraient ne pas être ouverts. Ils sont en train de fermer en raison du manque de clients. Je ne sais pas comment on va ouvrir de grands refuges, on ne peut pas remplir des gymnases avec des gens en ce moment. Ça va être problématique", ajoute-t-il.

"Les gens vont devoir prendre des décisions difficiles: est-ce que je reste avec le risque que le toit de ma maison s'envole ou qu'elle soit inondée? Ou est-ce que je pars en voiture avec le risque de m'exposer au virus?".

 

- Stratégie nécessaire -

Sans compter, selon M. Koon, que beaucoup n'auront pas les moyens de payer l'essence ou l'hôtel s'ils décident d'évacuer, étant donné le nombre record de personnes qui se sont retrouvées au chômage avec la pandémie.

Jusqu'à jeudi, quelque 17 millions d'Américains avaient perdu leur emploi en raison du confinement imposé pour enrayer la maladie.

Les sénateurs de Floride Rick Scott et Marco Rubio ont demandé jeudi à la Fema, l'agence fédérale de gestion des urgences, de mettre en place une stratégie en cas d'ouragan pendant la pandémie.

Ils réclament notamment que le chef de l'agence, Peter Gaynor, indique "comment évacuer de la manière adéquate les personnes atteintes ou soupçonnées d'être atteintes du coronavirus en cas de tempête".

Une porte-parole de la Fema a dit à l'AFP que l'agence travaillait avec les autorités locales et de l'Etat sur de nouvelles directives.

 

En 2018, l'ouragan de catégorie 5 Michael avait dévasté le nord-ouest de la Floride, laissant des traces encore visibles aujourd'hui.

L'année d'avant, quand l'ouragan Irma avait frappé, des millions de personnes avaient évacué leurs maisons en Floride, et quelque 300.000 d'entre elles étaient allées dans des refuges.

D'autres régions sont également menacées, comme Porto Rico, endeuillée par l'ouragan Maria en 2017, ou les Bahamas, où l'ouragan Dorian a provoqué une crise humanitaire l'an dernier.

"Ce n'est pas d'espoir que nous avons besoin maintenant. Nous avons besoin d'une stratégie de planification vraiment précise", estime M. Koon.

© 2020 AFP

C'est le "mépris" de notre environnement qui a causé la crise du Covid-19, estime Jane Goodall, 86 ans, primatologue britannique qui a voué sa vie à la défense des animaux, notamment les chimpanzés, et de l'environnement. Mais il est temps d'apprendre de nos erreurs et tenter d'éviter de futures catastrophes, plaide-t-elle.

QUESTION: Comment percevez-vous cette pandémie?

REPONSE: C'est notre mépris pour la nature et notre manque de respect pour les animaux avec lesquels nous devrions partager la planète qui ont causé cette pandémie, qui avait été prédite de longue date. Car à mesure que nous détruisons, par exemple la forêt, les différentes espèces d'animaux qui l'habitent sont poussées en proximité forcée et des maladies passent d'un animal à un autre, et un de ces animaux, rapproché par force des humains, va probablement les infecter.

 

Ce sont aussi les animaux sauvages chassés, vendus sur des marchés en Afrique ou en Asie, notamment en Chine, et nos élevages intensifs où nous parquons cruellement des milliards d'animaux, ce sont ces conditions qui donnent l'occasion aux virus de faire le saut entre les espèces vers les humains.

Q: Concernant ces marchés animaliers, que faire?

R: C'est une très bonne chose que la Chine ait fermé les marchés d'animaux vivants. C'est une interdiction temporaire dont nous espérons qu'elle deviendra permanente et que d'autres pays asiatiques vont suivre. Mais en Afrique il sera très difficile de stopper la vente de viande de brousse, car tant de gens en dépendent pour leur subsistance. Il faudra penser très attentivement à comment faire, car on ne peut empêcher quelqu'un de faire quelque chose quand il n'a absolument pas d'argent pour vivre ou faire vivre sa famille. Mais que cette pandémie nous apprenne au moins quoi faire pour en éviter une prochaine.

 

Q: Et il y a de quoi espérer ?

R: Nous devons comprendre que nous faisons partie du monde naturel, que nous en dépendons, et qu'en le détruisant, en fait, nous volons l'avenir de nos enfants. J'espère qu'en raison de cette riposte sans précédent, ces confinements partout dans le monde, plus de gens vont se réveiller, commencer à penser des façons dont ils pourraient vivre différemment leurs vies.

Tout le monde peut avoir un impact chaque jour, si vous pensez aux conséquences des petits choix que vous faites: ce que vous mangez; d'où ça vient; est-ce que ça a causé de la cruauté envers les animaux; est-ce que ça provient d'une agriculture intensive, ce qui est le cas en général; est-ce que c'est bon marché grâce à du travail forcé d'enfants; est-ce que sa production a nuit à l'environnement; combien de kilomètres a-t-il fallu le faire voyager; avez vous pensé à marcher au lieu de prendre la voiture; comment pourriez vous lutter contre la pauvreté, parce que les gens pauvres ne peuvent pas faire ce genre de choix éthiques, ils doivent faire ce qu'ils peuvent pour survivre, ils ne peuvent pas se poser ces questions sur ce qu'ils achètent, ça doit être le moins cher et ils abattront le dernier arbre parce qu'ils sont au désespoir de trouver de la terre pour faire pousser quelque chose à manger... Ce que nous pouvons faire chacun dans notre vie dépend de qui nous sommes, mais nous pouvons tous faire une différence, tous.

 

Propos recueillis lors d'une conférence téléphonique à l'occasion de la sortie d'un nouveau documentaire produit par National Geographic, "Jane, un message d'espoir".

© 2020 AFP

Donald Trump a menacé de suspendre la contribution américaine à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dénonçant sa gestion de la pandémie du Coronavirus et une attitude à ses yeux trop favorable à Pékin. Une menace qui pèse lourd puisque Washington est le premier contributeur de la planète avec cinq milliards de dollars.

"Nous allons suspendre (le versement) des sommes destinées à l'OMS", a déclaré le président des États-Unis lors de son point de presse quotidien depuis la Maison Blanche, mardi 7 avril. Quelques minutes plus tard, cependant, il a fait machine arrière dans une certaine confusion, en affirmant qu'il souhaitait seulement étudier cette possibilité.

"Je ne dis que pas que je vais le faire mais nous allons examiner cette possibilité", a-t-il déclaré, contredisant sa déclaration initiale. À travers cette menace, qui représente quand même un versement de 5 milliards de dollars sur la période 2018-2019, le Président américain dénonce l’attitude de l’institution européenne vis-à-vis de Pékin. "Tout semble très favorable à la Chine, ce n'est pas acceptable", a-t-il déclaré.

Tensions sino-américaines

"Ils reçoivent des sommes énormes de la part des Etats-Unis", a-t-il insisté. "Ils ont critiqué la fermeture des frontières (aux personnes venues de Chine) quand je l'ai annoncée, et ils ont eu tort", a-t-il ajouté. "Ils ont eu tort sur beaucoup de choses", a-t-il martelé, sans donner plus de précisions. Ces déclarations interviennent après un tweet virulent de Donald Trump qui dénoncer un grand échec de l’OMS face à la crise actuelle.

L’épidémie est particulièrement virulente aux Etats-Unis alors que le confinement des grandes villes et des Etats a tardé à venir. Le pays est désormais le plus touché au monde avec plus de 400 000 malades. Le pays compte 13 000 décès, dont 2000 décès pour la seule journée du 7 avril, jour de la colère de Donald Trump sur l’organisation mondiale de la santé.

Éolien, solaire, batteries électriques... La filière des énergies renouvelables va subir de plein fouet les conséquences du Coronavirus, à l'instar de l'industrie dans son ensemble. Mais le risque est fort que les gouvernements se détournent des renouvelables à la faveur des fossiles, dont les prix sont en chute. D'ores et déjà, les prévisions ont toutes été revues à la baisse. 

Pour la première fois depuis 1980, les nouvelles installations de production solaire vont baisser cette année en raison de la pandémie de Covid-19. Un rapport de BloombergNEF (BNEF) revoit en effet à la baisse ses prévisions pour 2020, avec une demande mondiale en matière d'énergie solaire passant de 121-152 gigawatts (GW) initialement prévus à 108-143 GW. Pour l'éolien, BNEF anticipe également un "risque considérable".  

"Les usines chinoises redémarrent, la pression sur l'offre de composants et équipements clé devrait donc s'alléger", soulignent les auteurs. "Mais nous sommes plus préoccupés par la demande, les décideurs politiques pouvant détourner l'attention des énergies propres au profit de préoccupations plus pressantes", craignant-ils. Et ce d’autant plus que le prix des énergies fossiles, qu’il s’agisse du pétrole, du gaz ou du charbon, est en forte baisse.  

Des effets encore plus forts en 2021

Le cabinet spécialisé Rystad (1) estime que les effets du virus se feront encore plus sentir à partir de 2021 avec un ralentissement des projets de 10 %, "alors que le dollar américain augmente et que les devises chutent à travers le monde". "Nous prévoyons que ces mouvements sur le marché des changes amèneront les entreprises à suspendre la sous-traitance des principaux composants, qui sont généralement achetés en dollars américains" notent les experts.           

Les pays les plus touchés seront l’Australie, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud, qui avaient tous d’ambitieux objectifs d’installation de panneaux solaires. "Les projets pourraient subir des augmentations de coûts en capital pouvant aller jusqu'à 36 % en raison de la dépréciation rapide des devises locales dans ces pays", précisent les experts. En Amérique latine, le Mexique et le Brésil ont la plus grande capacité de projets solaires photovoltaïques en cours de construction mais les deux pays connaissent une forte baisse des devises par rapport au dollar américain et les achats devraient s'arrêter complètement sur la plupart, sinon la totalité, des projets qui n'ont pas encore été engagés.  

Les nouvelles installations éoliennes pourraient quant à elles décliner de près de 5 gigawatts, une baisse de 6,5 % au niveau mondial selon une étude du cabinet Wood Mackenzie (2), alors que 2020 aurait dû être une année record. "L'impact le plus significatif se situe en Chine et aux Etats-Unis où des livraisons record étaient attendues mais la France, l'Espagne et l'Italie pourraient être touchées encore plus fortement en pourcentage en raison des mesures drastiques de confinement", prédit Dan Shreve, directeur de la recherche sur l'énergie éolienne. 

Des mesures de soutien

Du côté de la demande de batteries, BNEF entrevoit 3GWh à 9GWh de moins sur les 74 GWh initialement prévus. Une forte contraction du marché de l'automobile, qui "aura des ramifications sur la demande de véhicules électriques et de batteries", est notamment à l'origine de ce phénomène. Pour ces experts, les difficultés des fournisseurs chinois ont en tout cas "mis en lumière la nécessité de diversifier les chaînes d'approvisionnement et renforcé l'argument en faveur d'une production localisée en Asie, en Europe et aux Etats-Unis, en particulier pour les batteries".

En France, des mesures viennent d’être annoncées pour soutenir la filière : délais additionnels, maintien des tarifs d’achat pour trois mois, appels d’offres décalés. "La crise sanitaire que nous traversons ne doit en aucune façon nous faire renoncer aux objectifs ambitieux en termes de développement des énergies renouvelables", a déclaré dans un communiqué la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.

Plusieurs associations de l’énergie regroupées dans la Électrification Alliance ont demandé aux gouvernements que les investissements de relance soient particulièrement dirigés vers l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, la chaleur renouvelable ou encore la mobilité électrique.  

Face à la pandémie du Coronavirus, les milliardaires ne sont pas immunisés. Selon le célèbre classement Forbes des plus grosses fortunes mondiales, le nombre de milliardaires a chuté, tout comme le montant de leur fortune. Si Jeff Bezos, le patron d'Amazon, conserve son titre d'homme le plus riche du monde, il a perdu 18 milliards en une année. Une perte surtout liée au Covid-19. 

Les milliardaires subissent aussi la pandémie et c’est le traditionnel classement des personnalités les plus riches du journal américain Forbes qui le montre. Comme le note les Échos, qui a repéré l’information, en douze jours du 6 au 18 mars, date à laquelle Forbes a finalisé son classement, le nombre de milliardaires a reculé de 226 personnes, passant de 2321 à 2095 milliardaires. Et la situation a dû se détériorer depuis car mi-mars, tous les pays n’avaient pas encore pris des mesures de confinement comme c’est le cas aujourd’hui.

L’impact est tel que la moitié des milliardaires ont vu leur fortune reculer entre 2019 et 2020. "267 personnes ont été retirées du classement cette année et un nombre record de 1 062 personnes ont vu leur fortune chuter, ce qui reflète les turbulences des marchés et la pandémie du Coronavirus", note Forbes dans un communiqué. Malgré ces perturbations, certaines choses, elles, ne changent pas. 

Jeff Bezos, homme le plus riche du monde, perd 18 milliards

Pour la troisième année consécutive c’est le patron d’Amazon, Jeff Bezos, qui prend la tête du classement. Mais lui-aussi a subi l’impact du Covid-19. Sa fortune est passée de 131 milliards de dollars l’année dernière à 113 milliards cette année, soit une baisse de 18 milliards de dollars. Le fondateur de Microsoft, Bill Gates, conserve la deuxième place du podium tandis que Bernard Arnault, le PDG français de LVMH, pousse Warren Buffet hors du podium. Ce dernier a perdu 15 milliards de dollars en une année. Sa fortune s’élève désormais à 67,5 milliards de dollars.

Dès le 9 mars, Forbes avait noté une spectaculaire chute des fortunes mondiales. En ce "lundi noir", les 10 personnes les plus riches du monde ont perdu près de 38 milliards de dollars en une seule journée alors que le S&P 500 et le Dow Jones chutait chacun de près de 8 %. À cette date, la fortune de Bernard Arnault plongeait ainsi de 6 milliards de dollars. Si ces pertes sont considérables, elles sont à relativiser car, comme le note Le Point, "les grosses fortunes n’ont pas vendu leurs titres et pourront donc regagner l’argent perdu si les marchés se redressent".

NVTC

Depuis le début de la crise, les entreprises ayant les meilleures notations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ont montré une plus forte résistance au choc économique et financier actuel. Une preuve empirique de la pertinence de la RSE (responsabilité sociétale d’entreprise) et de la nécessité d’intégrer l’analyse extra-financière dans l'évaluation des sociétés.

Longtemps considérée comme un simple bonus, la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) fait une fois de plus la preuve de son utilité en cette période de crise. Quelques semaines avant l’explosion de la pandémie, Bloomberg mettait en avant la superformance des fonds ESG, qui regroupent les valeurs les plus durables parmi l’indice S&P500 qui couvre 80% de la capitalisation boursière américaine. Depuis la mise en quarantaine de l’économie mondiale, cette bonne tenue se confirme.

Bien sûr, toutes les entreprises cotées subissent le choc économique et financier général. Mais celles ayant mis en place des politiques RSE fortes résistent mieux. Dans sa dernière analyse publiée le 25 mars, Bank of America Merrill Lynch constate ainsi que les entreprises les plus "sociales" surperforment de 5 à 10 points en Bourse par rapport aux indices de référence. C’est le cas aux États-Unis mais aussi en Europe ou en Asie.

La réponse sociale à la crise du Covid-19 scrutée par les analystes

"Avec la perturbation causée par la crise du Covid-19, les considérations sociales sont de retour au premier plan de l'ESG. Les décisions des entreprises affectant les travailleurs et les communautés pour les investisseurs sont devenues de plus en plus importantes, car un éventail plus large d'investisseurs a commencé à examiner les entreprises sous cet angle", estime aussi Morgan Stanley dans son rapport publié le même jour. Résultat : les entreprises les mieux notées sur Glassdoor, la plateforme qui recense les avis des salariés, surperforment selon le Financial Times. 

Parmi les aspects scrutés pendant cette crise : la protection sanitaire et sociale des salariés, la politique de congés, de garde d’enfants, de télétravail ou de chômage, ainsi que la mise à disposition de la chaîne de production pour produire du matériel médical. Une leçon des manquements du passé ? En 2008, lors de la crise financière, les analystes avaient bien peu pris en compte les dimensions de gouvernance qui avaient pourtant fait défaut, tout comme la dimension sociale des réponses apportées par les banques…

La stratégie environnementale pas oubliée

L’action environnementale et climatique des entreprises est aussi valorisée par le marché. HSBC a étudié plus de 600 grandes entreprises générant au moins 10 % de leur revenu grâce à des solutions climatiques, ainsi que près de 150 entreprises ayant un score ESG élevé au niveau mondial. Entre le 24 février (date du début de la forte volatilité des cours dû au coronavirus) et le 23 mars, les actions axées sur le climat ont surclassé les autres actions de 3 %. Quant aux actions ESG, elles ont battu les autres d'environ 7 %.

"Notre conviction est que les émetteurs réussissent à long terme, et génèrent des rendements pour les actionnaires lorsqu'ils créent de la valeur pour toutes les parties prenantes - employés, clients, fournisseurs, environnement et société. Lorsque des crises comme celles du Covid-19 se manifestent, en particulier avec des causes et des implications sociales et environnementales, les investisseurs peuvent voir l'ESG comme une caractéristique défensive", souligne HSBC. Encore imparfaits, le reporting et l’analyse ESG ont donc tout intérêt à se renforcer pour assurer une plus grande stabilité financière sur le long terme.

NVTC

Ils ont passé la nuit à négocier sur des dispositifs de soutien à l’économie, sans succès. Les ministres des Finances européens, réunis dans l’Eurogroupe, n’ont pas encore réussi à s’accorder sur un plan commun. L’idée d’une dette commune, émise notamment par la France, demeure un point d’achoppement entre pays du Nord et pays du Sud. L’Eurogroupe doit reprendre les discussions jeudi 9 avril.

Mardi 7 avril après-midi, les ministres des Finances européens formant l’Eurogroupe se sont réunis par vidéo-conférence. Ordre du jour : trouver les moyens communs de résister à la crise du Coronavirus et préparer la relance. Les chefs d’État leur avaient donné la mission de définir les principes techniques d’une réponse commune. La réunion, qui a commencé à 16h30, s’est poursuivie toute la nuit. En vain.

Le 8 avril au matin, Mario Centeno, ministre des Finances portugais et président de l’Eurogroupe, a suspendu la réunion une journée, pour une reprise le jeudi. "Après 16 heures de réunion, nous avons été proches d’un accord mais nous n’y sommes pas encore", a-t-il tweeté mercredi matin.

Trois filets de sécurité

Le président de l’Eurogroupe avait un plan tout prêt à soumettre aux autres ministres, sous la forme de trois filets de sécurité. Le premier, pour préserver l’emploi, doit prendre la forme d’un programme de 100 milliards d’euros financés par la Commission européenne afin d’aider les États membres à financer le chômage partiel.

Le deuxième filet de sécurité concerne les entreprises. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) propose de dédier une enveloppe de 25 milliards d’euros pour garantir les prêts des banques pour les entreprises, notamment les PME. Cette enveloppe serait financée par les États membres et permettrait de faciliter l’octroi de 200 milliards d’euros de crédits aux entreprises. Elle viendrait en soutien aux dispositifs déjà mis en place dans certains États, comme la France. En mars, Bercy a annoncé la mise en place d’une garantie publique, octroyée par l’intermédiaire de Bpifrance pour les PME, pour débloquer jusqu’à 300 milliards d’euros de crédit de trésorerie.

Le troisième filet de sécurité concerne les États en difficulté. Ceux-ci pourraient bénéficier de lignes de crédit auprès du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) dont le financement monterait jusqu’à 240 milliards d’euros. Les pays du Nord de l’Europe (Allemagne, Pays-Bas, etc.) et pays du Sud (Italie, Espagne, France, etc.) semblent d’accord pour l’utilisation de ce dispositif. Ils doivent néanmoins avancer sur les conditions permettant à un État d’y avoir accès.

Un fonds de solidarité commun

Mais c’est surtout la question d’une éventuelle mutualisation des dettes entre pays européens qui sème la zizanie entre les ministres des Finances. L’idée des "Corona bonds" a fermement été rejetée par des pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne. La France propose donc un dispositif différent et limité dans le temps.

Car Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances français, estime que le plan de Mario Centeno ne prend pas suffisamment en compte la question de la relance économique. Il propose donc la création d’un fonds de solidarité européen doté de plus de près de 450 milliards d’euros, pour une durée de vie de cinq à dix ans. Il viserait à investir dans des services publics comme les hôpitaux, dans les filières industrielles en difficulté ou encore dans les nouvelles technologies, pour permettre à ces secteurs de repartir du bon pied.

Ce fonds, dans l’idée du ministre français, serait abondé par un emprunt de la Commission européenne. Celle-ci obtiendrait de meilleurs taux d’intérêt sur les marchés financiers, que certains États en difficulté. Si Bruno Le Maire insiste pour dire qu’il s’agit d’une idée nouvelle, et non pas d’un retour des Corona Bonds, l’idée d’une dette commune semble néanmoins toujours difficile à faire passer auprès des pays du Nord…

NVTC

91 000 plaignants britanniques ont obtenu gain de cause devant la justice britannique, via une action collective, lundi 6 avril 2020. La Haute cour de justice estime que le logiciel utilisé par Volkswagen était "trompeur" pour ses clients puisqu’il permettait de baisser artificiellement les émissions de NOx et de CO2 produites par ses véhicules. Volkswagen devrait faire appel.

Nouveau coup dur pour le constructeur automobile. La Haute cour de justice britannique vient de donner raison à 91 000 plaignants britanniques, réunis en "class action", au sujet du Dieselgate. La justice britannique estime que le logiciel que Volkswagen avait mis en place sur ses véhicules diesel pour baisser artificiellement leurs émissions de NOx et de CO2 était trompeur pour ses clients. Selon les juges, il a conduit à les léser dans leur achat de véhicule des marques du groupe. Le Royaume-Uni est particulièrement touché : sur les 11 millions de véhicules Volkswagen, Skoda, Audi ou Seat concernés par la duperie dans le monde, 1,2 million ont été vendus aux britanniques.  

Pour la Haute cour, le logiciel "truqueur" utilisé par le constructeur équivaut à une fraude. Et les arguments avancés par la défense de Volkswagen pour le nier sont "complètement hors de propos", "désespérés" et "très imparfaits". L’affaire, qui est l’une des plus importantes actions en justice de consommateurs du pays, "montre comment Volkswagen se comporte envers ses clients, en refusant d’admettre des fautes et de verser des dédommagements", a déclaré Gareth Pope, un responsable du cabinet d’avocats Slater et Gordon, qui représente 70 000 plaignants. La justice doit encore décider à quel dédommagement auront droit ces derniers. Certains pourraient recevoir une partie de la somme qu’ils ont déboursée pour acheter leur voiture.

Une stratégie de déni à 30 milliards de dollars

La procédure est cependant loin d’être terminée. Volkswagen s’est dit "déçu" de ce jugement et "étudie la possibilité de faire appel". Sa position sur le fond reste inchangée. "Pour être clair, la décision d’aujourd’hui ne détermine pas la responsabilité ni les questions de causalité ou de perte pour aucune des causes d’action invoquées. Celles-ci restent à déterminer par le tribunal au fur et à mesure que l’affaire se poursuit", a déclaré un porte-parole cité par la BBC.

Surtout, cette affaire est loin d’être la seule à occuper les avocats du constructeur. Depuis la révélation du scandale, de multiples procédures sont en cours dans plusieurs pays. En Allemagne, Volkswagen a versé 830 millions d’euros aux 260 000 plaignants. Le constructeur s'est par ailleurs vu infliger 78 millions d’euros d’amende par la justice australienne, et a dû débourser près de 15 milliards de dollars pour dédommager ses clients américains, les organismes de réglementation de l'environnement, des États et des concessionnaires. Une autre class action, lancée par la fondation européenne Diesel emission justice a vu le jour en janvier dernier en France. Au total, le scandale a déjà coûté plus de 30 milliards de dollars au groupe automobile.

NVTC

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