Syndicats, ONG, élus, économistes, entrepreneurs, climatologues, citoyens : de nombreuses voix s’élèvent partout dans le monde pour appeler à un "jour d’après" plus juste, inclusif et durable. Pour eux, la crise actuelle doit justement être l'occasion de réinventer une société plus résiliente face aux futurs chocs. Ils espèrent une prise de conscience massive afin de faire pression sur les dirigeants pour des plans de relance économique bâtis autour de l'urgence climatique.
"Cette crise est un énième signal d’alarme qui nous dit que c’est le moment de changer nos modes de vie" estime Pauline Boyer, porte-parole d’Alternatiba. Son organisation fait partie des 16 signataires de la pétition "Plus jamais ça" lancée le 7 avril avec des syndicats (CGT, Confédération paysanne, FSU, Solidaires) et d’autres associations environnementales, étudiantes et sociales. Le texte a recueilli pour l’heure plus de 130 000 signatures.
À long terme, ils appellent à mettre en place "un plan de développement de tous les services publics", "une fiscalité plus juste et redistributive" et "un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et de répondre à la crise écologique", écrivent les signataires.
ONU, G20 et entrepreneurs s'engagent
Outre la société civile, les politiques sont également nombreux à souhaiter que l’environnement soit placé au cœur des plans de relance à venir. Les "sommes énormes" que les États vont dépenser pour remettre sur pied leur économie après la crise doivent permettre de "créer de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises favorisant une transition propre et écologique", appelle Antonio Gutierres, le secrétaire général de l’ONU. Les ministres des finances du G20 et 17 ministres européens de l’environnement s’engagent aussi pour une relance économique "soutenable" tandis que l’association de maires C40 a créé une task force en ce sens.
Le 14 avril, à l’initiative de l’eurodéputé français Pascal Canfin, 180 personnalités ont aussi appelé à la constitution d’une alliance européenne pour une relance verte (1), "inscrivant la lutte contre le changement climatique au cœur du moteur économique". Les signataires, qui comptent de nombreux chefs d’entreprise, assurent que "la transformation vers une économie neutre en carbone, des systèmes agricoles plus durables et la protection de la biodiversité ont le potentiel pour créer rapidement des emplois, de la prospérité et améliorer la qualité de vie des citoyens".
En France, la commission des Affaires économiques du Sénat a appelé le gouvernement à inscrire la transition énergétique "au cœur du plan de relance" alors que les cours du pétrole se sont effondrés. Des députés veillent aussi à que les aides publiques ne soient pas versées sans garantie. Et une plateforme de consultation, "Le Jour d’Après", a été lancée par une soixantaine de parlementaires. Le site a enregistré plus de 5 500 contributions. Parmi elles, il y a l'instauration d'un revenu de base, la généralisation du télétravail partiel ou le soutien à une agriculture locale. Par ailleurs, 400 000 entrepreneurs appellent également à une relance économique verte et inclusive.
"On trouvera l'argent"
Pour peser dans les débats, la Convention citoyenne pour le climat (CCC), composée de 150 citoyens chargés d'élaborer des mesures pour lutter contre le changement climatique, en a déjà transmis 50 au gouvernement. Ils plaident pour que "les financements mobilisés dans le cadre de la sortie de crise soient socialement acceptables, fléchés vers des solutions vertes" et que "les investissements se concentrent dans des secteurs d'avenir respectueux du climat".
Enfin, le Haut conseil pour le climat (HCC) s’est lui aussi auto-saisi du sujet. "Ce n’est pas le moment de soutenir l’aviation coûte que coûte mais d’ouvrir le débat sur le fait de réduire les déplacements en avion et de préférer les aides aux travailleurs des secteurs très émetteurs (formation, reconversion) à une aide sectorielle", prévient sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré. Le HCC prône à l'inverse les transports doux - marche, vélo -, le télétravail, des infrastructures plus résilientes, la suppression des exonérations fiscales dans les secteurs routier et aérien ou encore la mise en place d’indicateurs de bien-être en plus du PIB (2).
"Il faut que le plan de relance soit le plus décarbonant possible" insiste Jean-Marc Jancovici, du Shift Project. "La très, très bonne nouvelle, c'est que l'argent n'est plus un problème : on a besoin de 300 milliards ? On les trouve. On aura besoin de 500 milliards ? On les trouvera," constate-t-il. La question qui se pose alors, c'est évidemment pour quel "après" ? "La transition écologique reste une priorité du gouvernement. Nous avons le socle pour une sortie de crise qui prendra en compte ces enjeux" a assuré la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne.
NVTC
Après son plan climat, Microsoft dévoile son plan biodiversité. Baptisé "Planetary Computer", celui-ci est axé sur l’analyse de larges volumes de données environnementales pour mieux comprendre la situation et agir. Des outils qui seront également mis à disposition des partenaires, entreprises et scientifiques.
La préservation biodiversité est essentielle. Et les entreprises ont un rôle à jouer. C’est l’avis de Brad Smith, le PDG de Microsoft. En pleine crise du coronavirus, et quelques mois après avoir annoncé son engagement pour une empreinte carbone négative, le géant du numérique vient de lancer "Planetary Computer" (l'ordinateur planétaire), un projet qui vise à aider à la protection des écosystèmes et qui complète le programme plus large "AI on Earth" (L'intelligence artificielle pour la Terre) lancé en 2017.
Sachant que la biodiversité est aussi "cruciale pour notre santé et notre prospérité (…) il devrait être aussi facile pour quiconque dans le monde de rechercher l'état de la planète que de rechercher sur Internet des itinéraires ou des restaurants. Nous devons utiliser l'architecture de l'ère de l'information - données, calcul, algorithmes... - pour accélérer un avenir plus respectueux de l'environnement", assure ainsi Brad Smith sur son blog.
Le big data pour prendre les bonnes décisions
Planetary Computer regroupera et analysera, grâce au machine learning, des données environnementales à l'échelle planétaire, qui seront ensuite mises à disposition d’organisation ou d’entreprises prenant des décisions impactant l’environnement. Concrètement, la plateforme fournira des images satellites ou des données de pointe qui pourront aider les gestionnaires forestiers et les ONG à avoir une vue intégrée de la santé des forêts, à moindre coût. Les entreprises pourraient aussi utiliser ces modélisations dans le cadre de projets industriels et les urbanistes et les agriculteurs pourraient bénéficier de données précises et précieuses sur la gestion de la ressource en eau.
Autre volet du plan, devenu classique chez les entreprises : la compensation. D’ici 2025, Microsoft déclare qu’il compensera son impact direct sur les écosystèmes en protégeant, d'ici 2025, plus de superficie terrestre que Microsoft n'en utilise pour la conduite de ses activités, notamment via le financement de zones naturelles protégées. Peu de mesures sont décrites en revanche sur les actions de réduction de sa propre empreinte biodiversité, notamment concernant les 4 000 hectares de terres qu'elle utilise via ses différents sites.
L’entreprise assure enfin qu’elle utilisera sa voix en faveur de politiques de préservation de la biodiversité et des écosystèmes à l'échelle locale et internationale. On attend donc ses positions lors des grands événements à venir comme la COP15 Biodiversité décalée à 2021 mais aussi sur le détricotage des normes environnementales par le président américain.
NVTC
La France a définitivement adopté sa feuille de route climat en publiant au Journal officiel la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et la Stratégie nationale-bas-carbone (SNBC). Ces deux documents, présentés en début d'année, sont restés inchangés malgré la crise du coronavirus et les nombreux appels à construire un monde plus durable. Le pays ne relève pas ses ambitions climatiques pour être en ligne avec l'Accord de Paris.
Le gouvernement est pris en étau. D'un côté, le Medef lui demande de reculer sur la transition écologique pour faire face à la crise du coronavirus. De l'autre, des citoyens, des ONG, des entreprises et des climatologues lui demandent d'aller plus loin et de se saisir de l'occasion pour une remise à plat. Finalement, il est resté au milieu du gué. La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour 2019-2028 et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui fixe comme objectif la neutralité carbone de la France à l'horizon 2050, ont été publiées jeudi 23 avril au Journal officiel sans aucun changement majeur. Le pays continue de revoir à la hausse ses émissions de CO2 autorisés jusqu'en 2023 au lieu de les réduire.
"Tout en prônant qu’il veut bâtir un après coronavirus reposant sur le temps long, la sobriété, la prévention et la résilience, le gouvernement publie une feuille de route pour le climat et la transition énergétique reposant sur des objectifs insuffisants et qui ne comprend même pas les mesures nécessaires pour les atteindre. Comme d’habitude avec Emmanuel Macron et le gouvernement, il y a les paroles et les actes", dénonce Cécile Marchand, des Amis de la Terre. Ce sont "des textes écologiques structurants, qui impliquent la décarbonation de tous les secteurs d'activités et qui incarnent notre volonté intacte de poursuivre la transition écologique de notre pays", a au contraire tenu à souligner Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire.
Tout l’effort est concentré sur 2024-2028
Concrètement, l’Exécutif a choisi de relever le deuxième budget carbone de la France pour la période 2019-2023. En clair, cela va permettre à la France d’émettre plus de CO2 que prévu, alors que la tendance devrait être à la baisse. Dans le détail, ce budget carbone passe à 422 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne par an, contre 398 millions prévus initialement en 2015. Il s'agit pour le gouvernement d'éviter un dépassement qui aurait pu atteindre les 6 % alors que le premier budget carbone avait déjà été dépassé de 3,7 %.
Cet ajustement est prévu pour être compensé au cours du troisième budget carbone, qui couvre la période 2024-2028. Celui-ci reste quasi inchangé par rapport à la première SNBC de 2015 à 359 millions de tonnes de CO2 équivalent en moyenne annuelle. Cela signifie qu’entre 2024 et 2028, il faudra baisser nos émissions de 63 millions de tonnes de CO2 équivalent, contre 41 millions prévus initialement, soit une baisse de 50 % supplémentaire. Un effort qui semble peu réaliste. À titre de comparaison, entre 2015 et 2018, nous avons réduit nos émissions de seulement 13 millions de tonnes.
La crise du coronavirus apporte des incertitudes supplémentaires. Si elle aura pour effet immédiat une baisse des émissions, estimées à 45 millions de tonnes de CO2 d'ici la fin de l'année en France, selon le Haut conseil pour le climat, un effet rebond est à craindre. "Ces réductions ne proviennent pas de changements énergétiques ou structurels, et donc seront vraisemblablement de courte durée, en fonction des mesures mises en place pour la sortie de crise et sa suite" expliquent les experts dans un rapport publié le 21 avril. Ils appellent dès lors à relancer rapidement certains secteurs comme la rénovation des bâtiments et les infrastructures de transport alternatif et ferroviaire.
14 réacteurs fermés et six nouveaux EPR
De son côté, la Programmation pluriannuelle de l’énergie acte la baisse de la part du nucléaire à 50 % dans le mix électrique d'ici 2035 et la fermeture de 14 réacteurs. Le premier a déjà été arrêté en février, le second doit l'être le 30 juin. "Le principe général sera l’arrêt des 12 réacteurs (hors Fessenheim) au plus tard à l’échéance de leur cinquième visite décennale", précise le document, et "sauf exceptions, la décroissance du parc nucléaire ne devra conduire à l’arrêt complet d’aucun site nucléaire." La PPE ouvre par ailleurs la voie à la construction de six nouveaux EPR.
Le texte prévoit également une baisse de la consommation finale d'énergie de 16,5 % en 2028 par rapport à 2012 contre 14 % dans les versions précédentes, ce qui va dans le bon sens. Reste que l'objectif est d'atteindre -20 % en 2030 et que le fossé va être également difficile à combler en seulement deux ans. Enfin, le gel de la taxe carbone, qui a donné naissance au mouvement des Gilets jaunes, est confirmé. Il est précisé que "certaines [mesures] doivent être prises pour encourager les économies d’énergies et atteindre les objectifs climatiques, afin notamment de compenser le gel de la trajectoire de la taxe carbone initialement prévue".
NVTC
Pendant presque deux semaines, un incendie géant a eu lieu dans la zone interdite autour de Tchernobyl. Les flammes ont remis en suspension des radionucléides dans l’atmosphère. Si les niveaux de radioactivité à Kiev sont restés faibles, les autorités surveillent l’impact du panache de fumée sur l’Europe et la France.
Même si l’Ukraine est peu touchée par la crise du Coronavirus, le pays est en alerte et a promis un million de dollar pour participer à l’aide du développement d’un vaccin. Dans ce contexte, Kiev se serait bien passé de cette première quinzaine qui a réveillé une lourde balafre dans le territoire : la centrale de Tchernobyl. Depuis le début du mois, l’un des plus grands incendies a eu lieu dans la région et s’est attaqué à la zone interdite de 30 kilomètres entourant les installations accidentées en 1986.
Depuis le 3 avril, un immense incendie déclenché par de jeune Ukrainiens "pour s’amuser", selon leurs propres dires, s’est étendu dans les zones les plus irradiées et donc interdites autour de la centrale. Il aura fallu le travail acharné de pompiers et l’aide de pluies bienvenues le 14 avril pour enfin maîtriser les flammes jusqu’alors alimentées par le vent et une sécheresse inhabituelle. Les autorités du pays, Greenpeace Russie et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) confirment qu’il n’y a désormais plus de danger alors qu’en début de semaine, les flammes se rapprochaient dangereusement des sites de stockages de déchets radioactifs et du sarcophage du réacteur.
"Il n’y a plus qu’un seul point thermique visible depuis l’espace sur la zone brûlée par le premier incendie [loin de la zone d’exclusion] et plus aucun en ce qui concerne le deuxième feu", détaille l’ONG. "Compte tenu des prévisions météorologiques, nous pouvons dire que le danger semble être écarté", assure l’ONG. Du moins le danger des flammes, car demeure le danger radiologique. Avec les incendies, les radioéléments du sol ont été en partie remis en suspension dans l’atmosphère, en particulier le césium 137, et pourraient se répandre en Ukraine et au-delà des frontières du pays.
Panache jusqu’en France
Des niveaux de césium 137 supérieurs à la moyenne ont été enregistrés selon la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Même si ceux-ci ne représentent pas un danger en raison de leur brièveté, il faut tout de même les surveiller. D’autant plus que dans les premiers jours de l’incendie, le gouvernement ukrainien avait évoqué des taux de radioactivité élevés dans les zones incendiées avant de cesser toute communication sur le sujet.
L’IRSN mène une surveillance du territoire français pour mesurer les conséquences de l’incendie. Il a d’ailleurs publié une modélisation de la dispersion du panache de l’incendie sur l’Europe. "Les masses d’air provenant de la zone des incendies qui se sont produits les 5 et 6 avril ont pu atteindre la France à partir de la soirée du 7 avril 2020. Au 14 avril 2020, ces masses d’air recouvraient encore la moitié du territoire. Les niveaux de radioactivité attendus en France sont extrêmement faibles", explique l’institut français qui en donnera les détails la semaine prochaine.
Un nuage radioactif a déjà survolé la France en 2017. Difficile à identifier, il s’est révélé être dû un accident dans un centre de traitement de déchets en Russie. Des experts en ont confirmé l’origine malgré les démentis de Moscou.
NVTC
Le coronavirus a mis à l'arrêt l'économie mondiale et confiné la moitié de l'humanité. Cette mise en pause va entraîner une réduction drastique des émissions de CO2 par rapport aux années précédentes, de l'ordre de 5 %, peut-être même plus. Mais cela ne saurait suffire pour espérer atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. Pour cela, il faudrait que les baisses d'émissions soient encore supérieures.
En Europe, principal foyer de progression du coronavirus, le confinement entraîne une baisse des émissions de CO2 de 58 % par jour, selon les calculs du cabinet de conseil Sia Partners. Si celui-ci durait 45 jours dans la plupart des pays de l’Union européenne, ce sont 145 mégatonnes de CO2 qui pourraient être évitées en 2020, soit 5 % des émissions annuelles européennes. Dans le transport routier et aérien, les émissions quotidiennes sont dix fois moins importantes que la normale. La baisse atteint 40 % dans l’énergie.
Au niveau mondial, selon Carbon Brief (1), les émissions de CO2 pourraient chuter de 5,5 % en 2020 par rapport à l'an dernier, ce qui correspond à 2 000 millions de tonnes de CO2 (MtCO2) évitées. L’ONG anglaise prend en compte les données disponibles pour les plus gros pays pollueurs, comme la Chine, les États-Unis, l'Inde, l'Europe et le secteur pétrolier, couvrant ainsi les trois quarts des émissions mondiales. Il s’agirait de la plus forte baisse annuelle jamais enregistrée depuis le XVIIIe siècle !
2019, pic des émissions mondiales
À titre de comparaison, la réduction annuelle la plus importante à ce jour a été la chute de 845 MtCO2 en 1944-45, à la fin de la seconde guerre mondiale. La baisse après la crise financière de 2008-2009 ne se situe qu'au cinquième rang, avec 440 millions de tonnes de CO2, et a été suivie un an plus tard d’une augmentation de 1 612 millions de tonnes due à la relance.
Le Guardian a également calculé que la baisse des émissions en 2020 pourrait atteindre 2 500 MtCO2. L’économiste Christian de Perthuis évoque même une fourchette qui pourrait atteindre 5 000 MtCO2. "Le choc de 2020 pourrait faire de l’année 2019 le pic mondial des émissions de CO2", espère-t-il dans une tribune publiée le week-end dernier dans le Journal du dimanche (3).
"Depuis 1959, les chocs extérieurs ont laissé des traces durables dans une région du monde. Au lendemain du réalignement du prix du pétrole en 1980, les émissions mondiales baissent pour la première fois deux années consécutives. C’est aussi le moment où l’Union européenne atteint son pic d’émissions. La seconde baisse, observée au début des années 1990, se superpose avec le pic d’émissions atteint en 1990 pour l’ensemble des pays de l’ex-bloc soviétique. Le choc de 2009 n’a guère affecté la trajectoire chinoise, mais il se superpose avec le pic des États-Unis, atteint en 2007", détaille-t-il.
Emissions égales à zéro
Pourtant, pour respecter l'Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique de la planète à 1,5°C, il faudrait que les émissions mondiales de CO2 baissent d'environ 7,6 % par an d’ici 2030, largement au-dessus de la diminution anticipée pour 2020 par Carbon Brief et le Guardian. Cela signifie que même quand l’économie mondiale est à l’arrêt et la moitié de l'humanité confinée, nous ne sommes toujours pas dans les clous pour lutter efficacement contre le changement climatique.
"Les concentrations de carbone atmosphérique et les températures mondiales continueront d'augmenter tant que les émissions annuelles ne seront pas égales à zéro. Une baisse de 10 % des émissions mondiales de combustibles fossiles entraînerait encore le rejet de quelque 33 000 MtCO2 dans l'atmosphère en 2020, soit un total plus élevé que toute autre année avant 2010. Toute réduction des émissions en 2020 à elle seule aura donc peu d'impact, à moins qu'elle ne soit suivie de changements plus durables", confirme Carbon Brief.
Il y a quand même des raisons d’espérer selon Christian de Perthuis. "La crise sanitaire va aussi nous contraindre à expérimenter des modes d’organisation innovants. Le télétravail à grande échelle en constitue une brique majeure. Il va nous faire découvrir les possibilités de réduire de multiples formes de mobilités contraintes, accroissant inutilement nos empreintes climatiques pour de faibles bénéfices économiques. Concernant les marchandises, les acteurs économiques vont être obligés de tester la diversification de leurs sources d’approvisionnement et le raccourcissement de leurs chaînes d’approvisionnement" explique-t-il.
Il leur aura fallu deux réunions, espacées d’une journée, pour enfin se mettre d’accord sur une réponse commune aux dégâts économiques engendrés par la pandémie. Les ministres des Finances européens, réunis au sein de l’Eurogroupe, se sont accordés sur trois dispositifs de financement du chômage partiel, des entreprises et des États en difficulté pour un montant pouvant atteindre 540 milliards. Un plan de relance est également sur la table, mais son financement est remis à plus tard.
La deuxième séance s’est mieux terminée que la première. Les ministres des Finances européens, réunis dans le cadre de l’Eurogroupe, ont tenu un conseil jeudi 9 avril pour trouver un accord sur la stratégie de soutien de l’économie dans le cadre de la crise du coronavirus. Elle faisait suite à l’échec fracassant de la réunion initiale, tenue dans la nuit de mardi à mercredi.
Cette fois, les ministres des finances ont réussi à se mettre d’accord sur un plan qui pourrait atteindre 540 milliards d’euros pour faire face à l’arrêt brutal de l’économie. La Commission européenne soutiendra les mesures de chômage partiel à hauteur de 100 milliards d’euros, la BEI garantira jusqu’à 200 milliards d’euros de prêts aux entreprises, et le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) ouvrira des lignes de crédit aux États en difficulté jusqu’à 240 milliards d’euros.
Un plan accueilli favorablement par Charles Michel, Président du Conseil européen, l'organe qui réunit les chefs d'État. "Cet accord de l'Eurogroupe est une avancée significative, a-t-il déclaré. Avec ces mesures sans précédent, nous assumons ensemble le fardeau de la crise." Les chefs d'État européens se réuniront le 23 avril pour discuter de l'accord obtenu par les ministres des Finances.
Compromis sur les points de discorde
Les points de discorde, qui ont conduit à l’échec de la réunion du 7 avril, ont donc été aplanis. Moyennant quelques compromis... Les Pays-Bas faisaient en effet barrage d’une part sur les conditions dans lesquels le Mécanisme Européen de Stabilité pourrait financer les États en difficulté, et d’autre part sur toute idée de mutualisation de la dette des États.
Sur le premier point, les ministres européens ont fini par s’accorder sur un assouplissement des conditions d’accès au MES. Ce dispositif, créé pour venir en aide à la Grèce lors de la crise de la dette publique, est normalement assorti d’exigences strictes sur la gestion des États pour les contraindre à réduire leurs dépenses. Exigences que des pays comme l’Italie ou l’Espagne rejetaient dans le cadre de la crise actuelle. Le compromis trouvé permet finalement de s’affranchir de ces conditions. En revanche, les États membres ne pourront utiliser ces lignes de crédit que pour financer leur système de santé, les traitements et la prévention du Covid-19.
Pas de dette commune
Sur la mutualisation des dettes, l’accord est plus timide. Bruno Le Maire, le ministre des Finances français, proposait la création d’un fonds de solidarité abondé par l’émission d’une dette de la Commission européenne. Idée qui ne plaît pas du tout aux néerlandais, qui refusent toute création de dette commune. Sur ce point, la réunion du 9 avril s’est donc soldée par une décision remise à plus tard.
Les ministres déclarent en effet vouloir créer un "Recovery Fund", un fonds de relance pour l’après crise, mais sans rien dire sur son financement. "Des États membres ont exprimé l’idée qu’il devrait être atteint par l’émission d’une dette commune ; d’autres États membres disent que des moyens alternatifs devraient être trouvés", s’est contenté de déclarer Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe et ministre des Finance portugais.
Sur ce point précis, la victoire affichée par les pays du Sud est donc plus diplomatique que pratique. L’idée d’une dette commune aux États européens demeurent encore éloignée.
C'est une bonne nouvelle alors que le monde subit de plein fouet la pandémie de Coronavirus. George R. R. Martin, l'auteur de la saga Game of Thrones, a indiqué profiter du confinement pour écrire la suite et fin tant attendues de cette série version papier. Si l'engouement est tel, c'est aussi car cette saga fait écho au vrai monde. Le manque de réaction face au Marcheurs Blancs évoque en effet la réaction de certains dirigeants face au changement climatique. Dans les deux cas, les visions court-termistes priment.
C’est une nouvelle qui devrait ravir les fans de Game of Thrones confinés à travers le monde. L’auteur de la saga à succès, George R. R. Martin a publié un billet sur son blog, ironiquement baptisé "Not a blog", dans lequel il explique profiter du confinement pour écrire les sixième et septième tomes de Game of Thrones attendus depuis des années.
"Pour ceux d’entre vous qui peuvent s’inquiéter pour moi personnellement… Oui, je suis conscient que je fais partie de la population la plus vulnérable, étant donné mon âge et ma condition physique", écrit-il . "À vrai dire, je passe plus de temps à Westeros que dans le monde réel. J’écris tous les jours (…) Les choses qui se passent au Royaume des Sept Couronnes sont sombres… mais peut-être pas aussi sombres qu’elles sont en train de le devenir ici", ajoute-t-il. La lenteur légendaire de George R. R. Martin est telle que la série a fini par rattraper les livres.
Le danger le plus grave est ignoré
Si la saga Game of Thrones a créé un véritable engouement, c’est en partie car elle trouve écho dans notre propre réalité. Alors que les familles nobles du royaume des Sept Couronnes mènent une guerre sans merci pour s’emparer du Trône de fer, un danger bien plus grand les menace : l’arrivée des Marcheurs Blancs, des morts vivants capables d’exterminer les habitants du continent de Westeros. Pourtant, comme certains de nos dirigeants actuels face au réchauffement climatique, plusieurs gouvernants ne se soucient guère de ce désastre annoncé et se focalisent sur des enjeux à court terme comme l’accès au pouvoir ou le renouvellement d’un mandat.
Alors que les Sauvageons, vivant au nord du mur qui sépare le royaume des Sept Couronnes des Marcheurs Blancs, tentent de passer au sud pour échapper à la mort, la Garde Nuit, qui surveille le mur, lutte, au début, contre leur arrivée. Une situation similaire aujourd’hui avec les milliers de migrants climatiques qui tentent de trouver refuge sur des terres moins arides en Europe et sont repoussés en mer. "Game of Thrones est ce que nous vivons, mais à l’envers : le refroidissement climatique plutôt que le réchauffement, et les migrants -les Sauvageons- qui viennent du Nord plutôt que du Sud, chassés par l’invasion des Marcheurs blancs, qui représentant la maladie, la famine, la mort", résume le pionnier de la collapsologie, Pablo Servigne, dans les colonnes de Reporterre.
Game of Thrones, allégorie du changement climatique, permet aussi de nous mettre en garde contre les dérives de notre système actuel. C’est notamment le cas pour la finance. En guerre incessante depuis la première saison, les maisons nobles sont en permanence à la recherche de fonds pour lever leurs armées. La Banque de fer est la plus puissante institution financière de l’univers de Game of Thrones. Installée dans la cité libre de Braavos, sa puissance est telle que son soutien fait ou défait les grands de ce monde. Or celle-ci a une vision limitée des problèmes et ne prend jamais le temps de voir quels sont les impacts de ses financements à l’échelle globale… une image de l’ancien monde de la finance.
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