Le plastique est de nouveau fantastique. Depuis la crise sanitaire, face au risque de contamination, la demande en bouteilles d'eau, produits alimentaires emballés, gants, surblouses ou visières connaît un véritable boom. Une situation qui inquiète les associations qui se battent depuis des années pour une prise de conscience de la pollution plastique.
Alors que la lutte contre la pollution plastique avait beaucoup progressé ces dernières années avec une forte pression citoyenne et une réglementation de plus en plus exigeante, le Covid-19 marque un recul considérable. La consommation du plastique a explosé depuis le confinement. Un sondage réalisé par Elipso, représentant des fabricants d’emballage plastique, indique une hausse de la demande d’emballage de 20 à 30 % pour près d’un quart des répondants. Les bouteilles en plastique et les produits emballés connaissent un regain d’intérêt.
"Les consommateurs se tournent à nouveau vers cette matière : les emballages en plastique en particulier sont extrêmement importants pour sécuriser la chaîne alimentaire", note sur France 24 Alexandre Dangis, directeur général de la Confédération européenne de la plasturgie (EuPC) représentant 50 000 entreprises. S’appuyant sur la crise sanitaire, l’EuPC a ainsi demandé à la Commission européenne de reporter d’une année la directive sur l’interdiction du plastique à usage unique prévue pour 2021 et de "lever toutes les interdictions" déjà mises en place. Une demande refusée .
"Dans les circonstances actuelles où de nombreuses activités économiques essentielles, y compris la gestion des déchets, sont sous pression, il est encore plus important de poursuivre les efforts globaux de réduction des déchets", estime la Commission. Mais la percée du plastique ne concerne pas que l’agroalimentaire, le médical est aussi concerné. Masques, gants, visières… les protections sanitaires marquent le retour du tout jetable. Et avec lui, les déchets qu’ils génèrent. Les rues jonchées de masques et gants postées sur les réseaux sociaux par les éboueurs, agents municipaux et citoyens montre bien l’importance du problème.
"Jetable et propre ne sont pas synonymes"
"Jetable et propre ne sont pas synonymes", prévient dans un communiqué Zero Waste France. "Face à l’enjeu de réduire le risque de contamination, de vieux automatismes se sont instantanément réactivés, sans qu’ils soient toujours fondés. Ce recours massif au jetable dans le cadre du déconfinement se fait par réflexe, et par défaut. Par réflexe, parce qu’il semble plus facile à mettre en œuvre et que l’on part du principe qu’il “rassure” ; et par défaut, faute d’avoir étudié d’autres protocoles, d’autres modalités d’organisation", ajoute l’association.
Le ministère du Travail est donné en parti responsable de ce retour à une société du tout jetable. Selon l’ONG No Plastic in my sea, dans ses recommandations de déconfinement dédiées aux entreprises, le ministère s’appuie presque exclusivement sur le plastique. "S’il paraît nécessaire de sécuriser les matériels utilisés par plusieurs personnes, certaines mesures prévoient de nombreuses protections à usage unique, une plastification de documents papier et évoquent des parois en plastique entre les postes sans rappeler que le risque de persistance du Covid sur le plastique peut être de sept jours", note l’ONG. Ce retour au plastique "loin de préparer le monde d’après, illustre notre difficulté à s’extraire des réflexes et logiques du monde d’avant", estime Zero Waste France.
NTC
Les patrons de 163 grandes sociétés comme Nestlé, Accor, Orange, Schneider Electric, Ecovadis, Sopra Steria ou Suez demandent aux gouvernements et décideurs d’aligner leurs efforts de relance avec l'ambition d’atteindre la neutralité carbone bien avant 2050. Ces entreprises ont déjà elles-même entamé le travail sur des trajectoires 2°C voire 1,5°C via leur engagement dans l’initiative Science Based Targets. Elles sont soutenues par l’ONU.
Alors que les dirigeants planchent sur les plans de relance, des grandes entreprises les exhortent à ne pas oublier leurs engagements sur l’Accord de Paris. 163 grands patrons mondiaux représentant des sociétés employant plus de cinq millions de personnes au total, se sont ainsi alliés sous l’impulsion de l’Initiative Science Based Targets (SBTi) qui accompagne et valide les entreprises dans leur trajectoire climatique. "Pour assurer une meilleure reprise, nous appelons les gouvernements et décideurs à aligner leurs efforts de relance avec notre ambition d’atteindre la neutralité carbone bien avant 2050", écrivent-ils.
L’appel est lancé alors que le plan de relance de l'Union européenne devrait être détaillé d'ici la fin du mois, tandis que de nouveaux plans de relance des États-Unis, de l'Inde et du sommet des chefs d'État du G7 sont attendus au cours des prochaines semaines. Parmi les patrons signataires, ceux de Schneider Electric, Legrand, Accord, Saint Gobain, Sopra Steria… Ces entreprises ont de fait un intérêt à ce que les gouvernements accélèrent la cadence puisqu’elles ont-elles-mêmes entamé le travail de décarbonation.
Entreprises et gouvernements pour une trajectoire 1,5°C
Les entreprises estiment que l’alignement à la fois de leur stratégie et des politiques de relance sur une trajectoire de réchauffement limitée à 1,5°C permettrait de mieux assurer la résilience face aux futurs chocs et risques climatiques ainsi qu’une reprise "plus rapide et plus équitable" via une économie verte. Elles-mêmes s’engagent sur trois axes : démontrer que les meilleures décisions et actions trouvent leur fondement dans la science, investir dans la relance et la résilience pour une transformation systémique et socio-économique et encourager la décision publique.
"La recherche de la durabilité environnementale sera essentielle à la reprise économique à long terme", déclare ainsi Ignacio Galan, le PDG d’Iberdrola, l’énergéticien espagnol. "Ce serait une tragédie si, après avoir dépensé entre 10 et 20 millions de dollars d’argent public, nous reconstruisions simplement la même économie inégale, vulnérable et riche en carbone que nous avions auparavant", renchérit le Dr Andrew Steer, directeur général du World Resources Institute et membre du conseil d'administration de SBTi. L’initiative, qui s’inscrit dans la logique des partenariats des Objectifs de Développement durable, est soutenue par les Nations Unies.
NTC
Dans 30 jours, les États-Unis pourraient quitter l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une menace lourde venant de son premier financeur. Washington accuse l’entité d’être aux ordres de la Chine. En réponse, les États membres ont accepté de mener une enquête indépendante sur l’action de l’OMS pendant la pandémie.
Les passes d’armes entre les deux superpuissances mondiales, les États-Unis et la Chine, se multiplient. Leur dernier champ de bataille est l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Alors qu’une conférence a réuni les 194 pays membres mardi 18 mai, Donald Trump a une nouvelle fois dénoncé la mauvaise gestion de la crise du Covid-19 par l’organisation onusienne.
En particulier, il accuse l'OMS d'être une "marionnette de la Chine", où la pandémie a débuté fin 2019. Le président américain a d’ores et déjà suspendu sa contribution financière. Il va plus loin en lui donnant 30 jours pour obtenir des résultats significatifs. A défaut, les États-Unis menacent de quitter cet organe dont ils étaient traditionnellement le premier contributeur, à hauteur d’un demi-milliard de dollars par an.
"Si l'OMS ne s'engage pas à apporter des améliorations notables dans un délai de 30 jours, je vais transformer la suspension temporaire du financement envers l'OMS en une mesure permanente et reconsidérer notre qualité de membre au sein de l'organisation", a-t-il tweeté. Pékin a répliqué en accusant Donald Trump, dont le pays est le plus endeuillé au monde avec plus de 90 000 morts, de chercher à "se soustraire à ses obligations" envers l'organisation.
Bataille du vaccin
La Russie, où la maladie a entamé une lente décrue mais où des points chauds demeurent, a quant à elle dénoncé ce qu'elle a qualifié de tentatives américaines de "casser" l'organisation. "Nous sommes contre une casse (de l'OMS), qui irait dans le sens des intérêts politiques ou géopolitiques d'un seul État, autrement dit les États-Unis", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.
Face aux accusations et aux menaces de boycott américain, les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé ont décidé mardi de lancer une "évaluation indépendante" de la réaction de l'agence onusienne à la pandémie de nouveau coronavirus. Cette évaluation, dont les contours demeurent flous, devra passer au crible "les mesures prises par l'OMS face à la pandémie de Covid-19 et leur chronologie". L'enquête peut mener à "des missions scientifiques et de collaboration sur le terrain". La Chine s'est déclarée ouverte à une enquête indépendante, mais pas avant la fin de la pandémie.
En parallèle, une autre bataille se prépare sur le plan sanitaire. Washington assure que les États-Unis seront servis en premier lors de la découverte du vaccin grâce à ses partenariats industriels, comme avec Sanofi. Non sans stratégie, à l'ouverture de la réunion de l'OMS, le président chinois Xi Jinping a répondu en assurant qu'un éventuel vaccin chinois serait un "bien public mondial".
AFP
En se promenant dans les rues désertes de Beyrouth confinée, Omar Frangieh a remarqué autour de lui des masques et des gants en plastique, utilisés pour se protéger du nouveau coronavirus puis jetés sans état d'âme, au risque de polluer les villes et la nature.
Le photographe libanais a pris plus de 200 photos de ces objets avant de réunir ses clichés sur Facebook en un album intitulé "Les envahisseurs de Beyrouth".
De Bagdad à Gaza, les masques et gants sont en forte demande dans les pays du Moyen-Orient, dont les populations espèrent grâce à eux limiter la propagation de la pandémie de Covid-19.
Mais comme les "envahisseurs" sont souvent à usage unique, ils sont ensuite jetés par leurs utilisateurs, parfois à même le sol.
"Le principal souci, c'est que ce matériel de protection peut devenir un problème de santé en polluant les rues de Beyrouth", s'alarme M. Frangieh auprès de l'AFP.
Le virus se transmet principalement par les gouttelettes émises par les humains lorsqu'ils parlent, éternuent ou baillent, mais peut aussi survivre sur certaines surfaces pendant plusieurs jours, selon des études scientifiques.
Ceux chargés de nettoyer de ces "envahisseurs" les rues de la capitale libanaise risquent donc d'être contaminés par les masques et gants souillés, estime M. Frangieh, dont le pays compte officiellement 870 cas de la maladie Covid-19 et 26 décès.
- Parkings et plages pollués -
En Arabie saoudite, où 40.000 cas ont été recensés par les autorités, certains supermarchés obligent leurs clients à utiliser des gants jetables.
Une fois leurs courses terminées, les Saoudiens les abandonnent sur le parking de l'établissement et le vent chaud du désert les parsème dans les villes.
Mais, alors que les pharmacies du pays font face à des persistantes pénuries de masques et gants, le débat se poursuit sur leur véritable efficacité.
Pour l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il est plus utile de se laver les mains régulièrement.
Et le Centre américain de prévention des maladies appelle à porter plutôt des masques en tissu, pour laisser leur version jetable aux soignants et autres travailleurs en première ligne de l'épidémie.
Dans l'enclave palestinienne de Gaza sous blocus israélien, la plage, d'ordinaire déjà fortement polluée, est désormais aussi jonchée d'"envahisseurs".
En un coup de vent, ils finissent dans la mer. Non recyclables, ils mettront des années à se dissoudre dans l'eau et risquent d'ici là de mettre en péril la flore et faune maritime.
Quelques commerçants et passants ont pris l'initiative de les collecter pour les jeter dans des bennes à ordures, comme Lina Ouda, venue se promener sur la plage avec son mari.
"J'ai remarqué qu'il y avait des masques et des gants par terre sur la corniche et je les ai mis à la poubelle parce que cela pollue la plage", explique la femme de 30 ans.
"Il n'y a pas d'éducation générale concernant le nettoyage des plages à Gaza, mais certaines personnes le font" d'eux-mêmes, ajoute son mari, Jamal Ouda.
Mais "beaucoup d'autres se baladent en portant des masques et des gants et (à la fin de leur promenade) les jettent sur le sol", déplore-t-il.
burs-cm/all/on
Forêts africaines en péril: le recul des surfaces est reparti de plus belle ces dix dernières années sur le continent, désormais seule région du monde où la déforestation s'accélère, fragilisant des populations déjà précaires, selon les premiers enseignements d'un rapport dévoilé jeudi par l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Alors que certains pays sud-américains sont souvent pointés du doigt pour une exploitation irraisonnée de leurs forêts, l'Amérique latine a divisé par deux le rythme de disparition de ses surfaces arborées: alors qu'elle perdait en moyenne 5,2 millions d'hectares de forêts par an entre 2000 et 2010, la décennie suivante a vu le solde entre déforestation et régénération, naturelle ou de la main de l'homme, ramené à -2,6 millions d'hectares annuels.
Cette tendance ne prend cependant pas en compte les données les plus récentes de pays comme le Brésil où en 2019, première année de mandat du président Jair Bolsonaro, la déforestation a augmenté de 85% par rapport à 2018.
En Afrique, la perte de forêts s'est accélérée entre ces deux périodes, passant de 3,4 à 3,9 millions d'hectares en moins chaque année et accentuant le triste rang de leader de la déforestation désormais octroyé au continent africain.
"C'est effectivement une très mauvaise nouvelle" pour le continent africain, a commenté Anne Branthomme, experte à la FAO, qui travaille au programme d'évaluation des ressources forestières mondiales.
"Une explication, c'est certainement la croissance démographique dans la région. Beaucoup de la déforestation dans la région est due à l'agriculture de subsistance à petite échelle", a indiqué Mme Branthomme lors d'un entretien à l'AFP.
Un recul insuffisant de la pauvreté, combiné à cette croissance démographique, "fait que la pression sur les forêts est augmentée, ce qui est très dommage, puisque les forêts en Afrique représentent aussi une source très importante de nourriture, de bois de chauffage, de bois énergie", a-t-elle ajouté.
Autre facteur, selon Mme Branthomme, l'Afrique fait partie des continents où la proportion de forêts bénéficiant de plans de gestion (24%) est l'une des moins importantes.
- Amélioration au niveau mondial -
Elle a rappelé que la FAO menait "beaucoup d'actions sur l'aménagement durable des forêts", citant notamment l'initiative de la "Grande Muraille verte", programme phare du continent africain pour combattre les changements climatiques et la désertification et lutter contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté, à travers l'Afrique du Nord, le Sahel et la Corne de l'Afrique.
Des actions d'autant plus importantes en ces temps de crise sanitaire: le programme alimentaire mondial, autre organe de l'Onu, a annoncé récemment un possible doublement du nombre de personnes au bord de la famine en raison de "l'impact économique" de la pandémie de coronavirus.
Car en plus d'offrir de l'oxygène, "il y a une interdépendance entre les forêts et l'agriculture. Là où la forêt part, il y a plus de risques d'érosion, des impacts aussi sur l'agriculture, également pour l'eau", a souligné Mme Branthomme.
Au niveau mondial cependant, le recul de la forêt a poursuivi son ralentissement. Mais cette tendance positive s'est nettement fragilisée ces dix dernières années: alors que la moyenne de perte de forêts au niveau mondial avait baissé de 2,6 millions d'hectares par an entre 1990-2000 et la décennie 2000-2010, elle n'a été réduite que de 0,5 million entre cette dernière et 2010-2020, pour atteindre en moyenne -4,7 millions d'hectares annuels.
L'un des objectifs de développement durable fixé par les Nations unies, à savoir mettre un terme à la déforestation d'ici à 2020, n'est donc pas atteint.
Pour autant, "il faut rester optimiste": selon Mme Branthomme, si on observe un ralentissement malgré la croissance démographique mondiale, "ça veut dire qu'on peut arrêter ça".
Depuis 1990, le monde a perdu 178 millions d'hectares de forêts, soit une superficie équivalente à la Libye, ou supérieure aux surfaces additionnées de l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Portugal.
Le total des forêts dans le monde représente un peu plus de 4 milliards d'hectares, soit environ 31% des terres émergées de la planète.
AFP
Le niveau des océans pourrait monter de 1,3 mètres d'ici la fin du siècle, si le réchauffement climatique atteint 3,5°C, avertit vendredi un important panel de spécialistes.
Et d'ici l'an 2300, avec la fonte des calottes glaciaires en Arctique et au Groenland, la montée du niveau des mers pourrait dépasser les 5 mètres avec ce même scénario de réchauffement, selon les estimations de ces 106 experts internationaux, choisis pour leurs publications dans des revues spécialisés à comité de lecture.
Même dans un scénario (improbable au vu des tendances actuelles selon nombre d'experts) de baisse des émissions de gaz à effet de serre en ligne avec l'objectif de l'accord de Paris de 2015, soit un réchauffement global de moins de deux degrés par rapport à l'ère pré-industrielle, l'élévation du niveau pourrait atteindre 2 mètres d'ici 2300, selon l'étude.
Or, quelque 770 millions de personnes, un peu moins de 10% de la population mondiale, vivent à moins de 5 mètres au dessus du niveau de la mer.
"Il est désormais clair que les précédentes estimations de montée du niveau de la mer étaient trop basses", a indiqué à l'AFP Stefan Rahmstorf, du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) et co-auteur de l'étude publiée dans la revue Climate Atmospheric Science.
Ces nouvelles projections sont par exemple nettement plus inquiétantes que celles des experts climat de l'ONU (Giec), qui estimaient dans un rapport publié en septembre que les océans pourraient monter de 50 cm d'ici à 2100 dans le meilleur des cas, de 84 cm dans le pire. Des hypothèses jugées conservatrices par de nombreux scientifiques.
"Le Giec a tendance à être très prudent, ce qui l'a déjà contraint à relever ses estimations à la hausse à plusieurs reprises," a ainsi déclaré M. Rahmstorf.
Benjamin Horton, de l'université Nanyang de Singapour, auteur principal de l'étude, a indiqué dans un communiqué avoir souhaité avec ce travail "donner aux décideurs un récapitulatif de l'état des connaissances scientifiques", afin qu'ils aient "une image large des scénarios futurs (...) et puissent préparer les mesures nécessaires".
D'après le Giec, le niveau des mers a déjà augmenté de 15 cm au XXe siècle et d'ici 2050 plus d'un milliard de personnes vivront dans des zones côtières particulièrement vulnérables aux inondations ou événements météo extrêmes amplifiés par la montée du niveau de la mer et le dérèglement climatique.
Le temps du changement est venu. Dans une tribune, Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique, appelle à se délester du "monde d'avant" mis à l'arrêt par le Covid-19 pour construire un après "radicalement différent". Il donne le cap à travers cinq propositions qui sont les "cinq premières marches vers un nouveau monde". Et l'ancien ministre n'est pas isolé, tant les appels se multiplient en ce sens.
La démission de l’ancien ministre de la Transition écologique avait provoqué, il y a deux ans, un véritable sursaut écologique chez bon nombre de citoyens, via notamment, l’Affaire du siècle, pétition la plus signée de l’histoire, et les marches pour le climat. À l'heure où la France doit engager sa sortie de crise du Covid-19, Nicolas Hulot tente de nouveau de proposer un cap. "Le monde d’après sera radicalement différent de celui d’aujourd’hui, et il le sera de gré ou de force. On ne pourra plus prendre l’avion comme avant, plus avoir un produit par Amazon du bout du monde en 24 heures", prévient-il dans un entretien au Monde.
L’ancien ministre a ainsi publié cinq mesures politiques concrètes, les "cinq premières marches vers un nouveau monde", écrit la Fondation qui porte son nom. Il appelle à une Europe des solidarités via la création d’un fonds européen de relance et de transformation écologique de "plusieurs milliers de milliards d’euros". Nicolas Hulot demande également de financer la transition dans les collectivités territoriales et juge que "le temps est venu de passer du libre-échange au juste échange en mettant fin aux accords de libre-échange par l’Union européenne".
Enfin, Nicolas Hulot appelle à la relocalisation en France et en Europe de certaines activités. Surtout, il demande un engagement écologique explicite des acteurs économiques qui bénéficieraient d’aides financières. L’ancien ministre aspire ainsi à guider la France vers "une troisième voie entre l’autarcie et le néolibéralisme" et espère que la crise sanitaire va "éveiller les esprits, y compris d’Emmanuel Macron".
Une mobilisation massive
Et dans cette démarche, il n’est pas isolé. Dans une tribune publiée le 6 mai dans Le Monde, 200 artistes et scientifiques, de Madonna à Cate Blanchett en passant par Juliette Binoche ou Marion Cotillard, disent "non à un retour à la normale". "La transformation radicale qui s’impose - à tous les niveaux - exige audace et courage. Elle n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. À quand les actes ? C’est une question de survie, autant que de dignité et de cohérence", écrivent-ils.
Et justement, pour pousser les décideurs politiques aux actes, ce ne sont pas moins de 70 organisations qui ont lancé ce 7 mai un appel à une "reconstruction écologique, sociale et sanitaire". Une coalition éclectique et large, rassemblant à la fois Emmaüs, WWF, The Shift Project ou encore Entrepreneurs d’Avenir, qui a pour ambition de créer une mobilisation telle que l’Affaire du siècle avait engendré. Le but est de rassembler un maximum de citoyens pour interpeller les élus.
L'occasion ou jamais de changer de cap
"On est à un carrefour historique en termes de prises de décisions", avance Véronique Andrieu, directrice générale du WWF. "Il est vraiment temps de peser et d’influencer ces décisions", croit-elle. Cette démarche est issue, à l’origine, de mouvements de jeunes, dont le collectif des étudiants de grandes écoles "Pour un réveil écologique", qui ont appelé les autres organisations à les rejoindre. Ils ont réussi à rallier plusieurs associations qui défendent l’écologie, la biodiversité, la démocratie, le partage des richesses mais aussi le service hospitalier. En temps de crise du Covid-19, leur présence était cruciale.
"Aujourd’hui les effets du changement climatique impactent directement la santé environnementale et la population. Nous observons de nouvelles pathologies émergentes liées au changement climatique. Ce qui nous semble important c’est de garantir la pérennité des activités essentielles du service public, de l’éducation au système de santé", appelle Félix Ledoux, président de la Fédération Nationale des Étudiants en soins infirmiers. Tous espèrent qu’au-delà de leurs mots, repris par les élus, parfois même par les grandes organisations patronales, déboucheront des actes à la hauteur de l'urgence actuelle.
NVTC
Le monde entier est concentré sur la pandémie de coronavirus. Pendant ce temps-là, la déforestation de la jungle amazonienne s'est accélérée cette année, suscitant des craintes que ne se répète la dévastation record de l'année dernière.
De fait, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint un nouveau sommet au cours des quatre premiers mois de l'année, selon des données publiées vendredi par l'Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE), qui utilise des images satellites pour suivre la destruction: ce sont 1.202 kilomètres carrés de forêt qui ont disparu de début janvier à fin avril 2020.
Cela représente une augmentation de 55% par rapport à la même période de l'année dernière, la plus élevée depuis que ces observations mensuelles ont commencé, en août 2015.
Ces chiffres soulèvent de nouvelles questions sur la façon dont le Brésil protège sa part de la plus grande forêt tropicale du monde sous le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, un climato-sceptique notoire qui préconise l'ouverture des terres protégées à l'exploitation minière et à l'agriculture.
"Malheureusement, il semble que ce à quoi nous pouvons nous attendre cette année, ce sont des incendies et une déforestation record", a déclaré Romulo Batista, militant de Greenpeace, dans un communiqué.
- "Paracétamol pour mal de dents" -
En 2019, pour la première année de Jair Bolsonaro dans ses fonctions, la déforestation a grimpé de 85% en Amazonie brésilienne, avec la destruction de 10.123 kilomètres carrés de verdure. Cette dévastation, à peu près de la taille du Liban, avait créé un émoi mondial quant à l'avenir de la jungle, considérée comme vitale dans la lutte contre le changement climatique.
La destruction a été provoquée par des incendies de forêt record qui ont ravagé l'Amazonie de mai à octobre, en plus de l'exploitation illégale forestière et minière, et de pratiques agricoles sur des terres protégées.
"Le début de l'année n'est pas le moment où la déforestation se produit normalement, car il pleut beaucoup", observe Erika Berenguer, environnementaliste aux universités d'Oxford et de Lancaster. "Par le passé, lorsqu'on voyait la déforestation augmenter dès le début de l'année, cela indiquait que lorsque la saison de déforestation commencera (fin mai), il y aura également une augmentation".
Jair Bolsonaro a autorisé cette semaine l'armée à se déployer en Amazonie pour lutter contre les incendies et la déforestation à partir du 11 mai.
Il l'avait déjà fait l'année dernière après avoir essuyé de cinglantes critiques de la part de la communauté internationales pour avoir minimisé ces incendies.
Les écologistes, de leur côté, estime qu'il serait préférable de soutenir davantage les programmes de protection de l'environnement. Sous la présidence Bolsonaro, l'agence environnementale IBAMA a dû faire face à des réductions de personnel et de budget. Et le mois dernier, le gouvernement a limogé le plus haut responsable chargé de l'application des lois environnementales de l'agence, qui avait peu avant autorisé une descente de police sur des mines illégales, devant les caméras de télévision.
La stratégie militaire du gouvernement ne porte que sur les incendies, sans tenir compte du fait qu'ils sont souvent causés par des fermiers illégaux et des éleveurs qui abattent des arbres puis les brûlent, déplore Erika Berenguer. "C'est comme prendre du paracétamol quand on a mal aux dents: ça va réduire la douleur, mais si c'est une cavité, ça ne va pas la guérir", dit-elle à l'AFP.
- Tragédies jumelles -
L'épidémie de coronavirus dans le pays, qui a fait officiellement près de 10.000 morts parmi quelque 150.000 personnes contaminées, complique encore les choses.
L'Etat de l'Amazonas, largement couvert par la nature, est l'un des plus touchés. Avec une seule unité de soins intensifs, il a été débordé par l'épidémie. Les craintes portent aussi sur les communautés indigènes, historiquement très vulnérables aux maladies venues d'ailleurs.
Et les écologistes craignent aussi que la protection de la forêt soit délaissée en raison de la lutte contre le Covid-19.
Le maire de la capitale de l'Amazonas, Manaus, a fait le lien entre les deux tragédies cette semaine, dans un appel à l'aide. "Nous avons besoin de personnel médical, de respirateurs, d'équipement de protection, tout ce qui peut sauver les vies de ceux qui protègent la forêt", a lancé Arthur Virgilio.
AFP
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