Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Dans le parc national de Nyungwe au Rwanda, des scientifiques ont installé des pièges photographiques au niveau du sol et dans les arbres pour documenter les espèces présentes. Une étude qui a permis de mettre en évidence une trentaine d'espèces de mammifères différentes.

Situé au sud-ouest du Rwanda, le parc national de Nyungwe constitue un véritable joyau de nature. Il s'étend sur un millier de kilomètres carrés qui abrite l'une des plus anciennes forêts tropicales d'Afrique. Un vaste écosystème où évoluent des centaines d'espèces animales comme végétales. Y compris des espèces endémiques et des espèces menacées d'extinction.

Malgré l'importance de protéger ce joyau, la biodiversité du parc de Nyungwe créé en 2004 demeure méconnue. C'est pour combler les lacunes que des scientifiques ont récemment lancé une nouvelle étude au sein de ce vaste écosystème. Durant une période de 30 jours, ils ont installé une centaine de pièges photographiques à travers la forêt tropicale, à la base des arbres comme dans leurs branches.

"Parce que ces caméras fonctionnent constamment jour et nuit, elles capturent les animaux qui se déplacent à travers le paysage et que l’œil humain pourrait avoir manqués", a expliqué au site Mongabay, Jennifer Moore, scientifique de l'université de Floride qui a dirigé les recherches. "Grâce à cela, les pièges photographiques sont plus susceptibles de documenter des espèces rares à protéger".

 

Plus de 27.000 clichés à étudier

A l'issue des trente jours d'observation, les chercheurs n'ont pas été déçus. Selon leur étude publiée dans la revue Animal Conservation, les caméras ont permis de collecter plus de 27.000 clichés utilisables révélant une trentaine d'espèces de mammifères dont huit primates et une douzaine de rongeurs. Une vingtaine d'entre elles ont été repérées grâce à la combinaison de caméras terrestres et arboricoles.

Mieux, à l'aide des pièges photographiques perchés en hauteur, l'étude a mis en évidence la présence d'une espèce encore jamais observée dans le parc : un petit mammifère carnivore aux allures de chat connu sous le nom de poyane d'Afrique centrale ou Poiana richardonsii. A l'inverse, les dispositifs ont échoué à observer certaines espèces normalement présentes dans le parc.

Aucun cercopithèque à tête de hibou (Cercopithecus hamlyni), ni cercopithèque ascagne (Cercopithecus ascanius), ni chat sauvage africain n'a pas exemple été observé. Trois autres espèces dont le chat doré africain et l'hylochère n'ont pas non plus été repérées mais les spécialistes pensent que leurs populations ont sans doute disparu en raison du braconnage.

Selon les chercheurs qui ont travaillé en collaboration avec la Wildlife Conservation Society (WCS) Rwanda, le World Wildlife Fund (WWF) et l'université Rice, ces travaux soulignent l'intérêt de poser des pièges photographiques en hauteur - une technologie relativement nouvelle - pour documenter certaines espèces parfois insaisissables, en plus des dispositifs installés au sol.

 

L'abondance d'espèces, un signe de stabilité

Malgré l'absence de certains animaux, l'étude met en lumière la richesse de la biodiversité du parc national de Nyungwe qui fait figure de bonne nouvelle. "La richesse d'espèces nous donne des informations sur la santé d'un écosystème. Une plus grande abondance d'espèces est généralement le signe d'un écosystème plus stable", a confirmé Jennifer Moore.

Les photos capturées pourraient ainsi aider à mettre en place des programmes de surveillance et de protection plus efficaces, explique la WCS dans un communiqué. Elles pourraient également permettre d'en apprendre plus sur les comportements des animaux et leurs mouvements à travers la forêt tropicale qui est, comme cette étude le montre, loin d'avoir révélé tous ses secrets.

"De nombreuses personnes pensent que nous savons tout aujourd'hui, mais la WCS a démarré [son travail] dans le parc national de Nyungwe dans les années 1980 et nous venons juste d'y trouver l'an dernier une nouvelle espèce", a conclu la spécialiste. "Cela tend à montrer que même dans les endroits où les chercheurs sont présents depuis des décennies, il y a tellement de choses à apprendre".

 

Geo

On distingue à peine sa silhouette préhistorique tandis qu'il progresse lentement dans les arbres de la forêt équatoriale centrafricaine. Mais les pisteurs n'ont qu'à écouter le frou-frou de ses écailles caressant les feuillages pour le repérer.

Contre les prédateurs, le maladroit pangolin à longue queue ne peut compter que sur son camouflage d'écailles brunes et sur sa petite taille. Un maigre arsenal.

Mammifère le plus braconné au monde, le pangolin est victime d'un trafic intense sur le continent africain. Selon une étude internationale publiée en 2017 par la revue Conservation letters, entre 400.000 et 2,7 millions pangolins sont chassés chaque année dans les forêts d’Afrique centrale.

Comble de malheur pour lui, le mammifère est aussi soupçonné par une équipe de chercheurs chinois d'avoir transmis le nouveau coronavirus à l'Homme, sur un marché de gibier à Wuhan, en Chine. Une théorie contestée par nombre d'experts, mais qui aurait dû cependant rendre sa chair ou ses écailles moins prisées en Afrique comme en Chine. Hélas...

Des écaille vendus à prix d'or

 

Le spécimen du jour est chanceux: les forêts du parc national de Dzanga-Sangha, dans l'extrême sud-ouest de la Centrafrique, sont le dernier sanctuaire de vie animale dans un pays ravagé par la guerre civile. Et l'un des rares refuges au monde pour ce mammifère menacé d'extinction.

Quant aux pisteurs, ce sont des scientifiques qui n'en ont ni après sa chair - réputée pour son goût -, ni après ses écailles, que la médecine traditionnelle chinoise s'arrache à prix d'or pour des vertus thérapeutiques non prouvées et fortement contestées.

L'équipe emmenée par la vétérinaire Maja Gudehus est à Dzanga-Sangha pour mener à bien un projet de recherche unique sur le continent: étudier les pangolins dans leur milieu naturel, afin de mieux les comprendre et de mieux les protéger.

Car malgré la notoriété qui lui vaut tous ses malheurs, le pangolin est particulièrement méconnu des scientifiques.

 

Longévité, territoire, alimentation, habitudes de vie, de reproduction… "Il n'existe quasiment aucune donnée sur le pangolin à longue queue, et à peine davantage sur les autre espèces africaines", explique Maja Gudehus, en observant son protégé évoluer dans les hauteurs.

Un animal difficile à étudier

L'animal, qui s'immobilise et se roule en boule à l'approche du danger, est particulièrement facile à capturer. Mais c'est un des animaux les plus difficiles à étudier en captivité.

"On ne peut pas les garder plus de quelques jours. Ils ne prennent pas de nourriture, meurent de stress, de gastrites et d'autres problèmes qu'on ne connaît pas encore", déplore Maja Gudehus.

L'unique solution consiste donc à "monitorer" au jour le jour quelques spécimens bien identifiés, avec l'aide des pygmées de la région. La science des Baaka, fins connaisseurs de la forêt, est essentielle pour pister ces animaux fragiles et craintifs.

Sur les trois spécimens étudiés récemment, un premier s'est volatilisé, et un deuxième a été victime d'un parasite jusqu'alors inconnu.

"D'habitude, on peut sentir quand un animal va mal. Mais les pangolins, eux, peuvent mourir en une demi-heure sans qu'on n'ait le temps de s'en apercevoir", explique Maja Gudehus.

Cette vétérinaire suisse doit faire avec les moyens du bord pour prodiguer les soins nécessaires. Son laboratoire est aussi sa maison: une minuscule case assiégée par la forêt, où s'amoncellent ouvrages scientifiques et boîtes de matériel médical, entre le lit de camp et le microscope.

Pas de quoi entamer le moral de cette scientifique passionnée: "tout reste à découvrir ! Les principales références scientifiques, ce sont les ouvrages d'Elizabeth Page, écrits en 1940. C'est vraiment extraordinaire que si peu ait été recherché jusqu'à maintenant. Il faut qu'on se dépêche !", s'enthousiasme-t-elle.

 

Une protection difficile à cause de groupes armés

"Avant, on voyait beaucoup de pangolins", assure Didon, un des meilleurs pisteurs Baaka de la région. "Aujourd'hui, c'est devenu rare".

Même si les quatre espèces présentes en Centrafrique sont protégées, la loi est bien difficile à faire respecter: les deux tiers du territoire sont aux mains de groupes armés rebelles.

"Contrairement aux éléphants, les pangolins sont très difficiles à suivre, et c'est rare de pouvoir arrêter les braconniers pendant la chasse", explique Luis Arranz, en charge du parc national pour le Fonds mondial pour la nature (WWF). "On doit s'en remettre aux saisies sur la route et à nos informateurs".

Quelque part dans les bureaux du parc, il faut pousser une porte de métal pour avoir un aperçu de l'ampleur du trafic:des caisses sur des étagères débordent d'écailles qui étaient destinées au marché chinois. Un butin estimé à plusieurs centaines de milliers d'euros.

 

"Ici, beaucoup de gens font ça", assure un chasseur de la région sous couvert de l'anonymat. "Un pot d'écailles de pangolin, ça se vend environ 30.000 francs CFA (45 euros). S'il y avait du travail ici, les gens ne chasseraient pas", assène-t-il.

AFP

La pandémie de Covid-19 pourrait sérieusement ralentir la transition mondiale vers des énergies propres. C'est la crainte du directeur de l'Agence internationale de l'énergie qui, dans une tribune parue mi-mars, en appelle à un sursaut écologique des gouvernements. Décryptage.

Avions cloués sur le tarmac, trafic mondial fortement ralenti, près de la moitié des habitants de la planète confinés à des degrés divers... La pandémie de coronavirus, bonne nouvelle pour le climat ? "Il n’y a aucune raison de se réjouir de la situation actuelle", assure la paléoclimatologue et co-présidente du Giec Valérie Masson-Delmotte, interrogée par franceinfo.

"Il y a certes une baisse des rejets de polluants, poursuit-elle, mais le premier facteur du réchauffement climatique, c’est le dioxyde de carbone. Son effet est cumulatif. Ce qui compte, ce ne sont pas les émissions instantanées. Si on veut le stabiliser, il faut que les émissions mondiales de CO2 diminuent régulièrement et fortement pendant des décennies. Ce n’est pas une baisse ponctuelle qui réglera la question du changement climatique."

Qui dit réduction des émissions de CO2 dit transition énergétique. Pour Fatih Birol, directeur de l'AIE (l'Agence internationale de l'énergie, organisation internationale rattachée à l'OCDE), aucun doute, il faut "mettre l'énergie propre au cœur des plans de relance pour contrer la crise du coronavirus". "Les effets du Covid-19 sont graves, mais temporaires, écrit-il dans une tribune parue mi-mars. La menace posée par le changement climatique, elle, ne va pas disparaître."

 

Le solaire en recul

Comment faire ? "Aux gouvernements de lancer des investissements à grande échelle pour stimuler le développement d'énergies telles que le solaire, l'éolien, l'hydrogène ou le captage du carbone..." Problème, la Chine, premier pays frappé par le virus, est le principal producteur mondial de nombreuses technologies telles que les panneaux solaires, les éoliennes et les batteries pour voitures électriques.

"Selon une première comptabilité réalisée dès la mi-mars par Bloomberg New Energy and Finance (BNEF), citée par Le Monde, les nouvelles installations de panneaux solaires devraient d'ailleurs reculer en 2020, pour la première fois depuis les années 1980."

D'où l'appel du directeur de l'AIE : "Les gouvernements doivent profiter de la situation actuelle pour intensifier leurs ambitions climatiques et mettre en place des plans de relance durables. La crise du coronavirus fait déjà des dégâts importants dans le monde. Plutôt que d'aggraver la tragédie, nous devons saisir cette opportunité pour accélérer la transition vers des énergies propres."

Geo

Le Covid-19, comme d’autres épidémies de grande ampleur, n’est pas sans rapport avec la crise de la biodiversité et du climat que nous traversons, rappellent Philippe Grandcolas et Jean-Lou Justinedu Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

Le monde est frappé de manière globale par l'épidémie du Covid-19. Elle touche chacun d'entre nous, nous craignons pour notre santé, celle de nos proches ou des personnes fragiles. Pour nous tous, le Covid-19 a pris infiniment plus d'importance en quelques semaines que les crises du climat ou de la biodiversité. Celles-là même qui monopolisaient récemment l'attention mondiale avec des évènements catastrophiques comme les incendies forestiers en Australie, par exemple.

Ces crises environnementales – qui nous réservent de graves problèmes à court et moyen terme – semblent pourtant infiniment moins graves au temps présent que cette épidémie menaçant de pouvoir nous toucher immédiatement dans notre corps.

Il faut cependant souligner que le Covid-19, tout comme d'autres épidémies majeures (sida, Ebola, SRAS, etc.), n'est pas sans rapport avec la crise de la biodiversité et du climat que nous connaissons.

Que nous disent ces pandémies de l'état de la biodiversité ?

Nouveaux agents pathogènes

Nous détruisons les milieux naturels à un rythme accéléré : 100 millions d'hectares de forêt tropicale coupés entre 1980 et 2000 ; plus de 85 % des zones humides supprimées depuis le début de l'époque industrielle.

Ce faisant, nous mettons en contact des populations humaines, souvent en état de santé précaire, avec de nouveaux agents pathogènes. Les réservoirs de ces pathogènes sont des animaux sauvages habituellement cantonnés aux milieux dans lesquels l'espèce humaine est quasiment absente ou en petites populations isolées. Du fait de la destruction des forêts, les villageois installés en lisière de déboisement chassent et envoient de la viande contaminée vers des grandes villes.

C'est ainsi qu'Ebola, par exemple, a trouvé son chemin vers les grands centres humains. Ce que l'on appelle la viande de brousse est même exportée vers d'autres pays pour satisfaire la demande d'expatriés et étend ainsi le risque sanitaire très loin des zones d'endémie.

Nous chassons sans vergogne des espèces exotiques et sauvages pour des raisons sottement récréatives : attrait du rare, repas exotiques, pharmocopées naïves, etc. Le commerce des animaux rares alimente les marchés et là encore permet la contamination des grands centres urbains. L'épidémie du SRAS (syndrome respiratoire aiguë sévère) était advenue du fait ce type de circonstances, par la proximité entre chauve-souris, carnivores et consommateurs humains crédules.

En 2007, la conclusion d'un article scientifique majeur sur cette épidémie du SRAS dénonçait :

« La présence d'un réservoir important de virus de type SARS-CoV dans les chauves-souris Rhinolophidae combiné avec l'élevage pour la consommation de mammifères exotiques dans le sud de la Chine est une bombe à retardement. »

Cette bombe à retardement semble avoir explosé en novembre 2019 avec le Covid-19...

Le danger des zoonoses

La consommation et l'import-export d'animaux exotiques ont deux conséquences majeures.

Ils augmentent d'une part le risque d'épidémie en nous mettant en contact avec des agents infectieux rares. Mais souvent ces agents infectieux sont spécialisés sur une espèce et ne peuvent pénétrer notre corps, vaincre notre système immunitaire, voire même pénétrer et utiliser nos cellules, comme dans le cas des virus. Les trafics mettant en présence divers animaux permettent aux agents infectieux portés de recombiner et d'être ainsi capable de franchir la barrière entre espèces, comme cela a été le cas pour le SRAS et comme cela semble être peut être le cas pour le Covid-19.

Au-delà de la crise actuelle du Covid-19, ce risque n'est pas marginal : Il faut rappeler que plus des deux tiers des maladies émergentes sont des zoonoses, c'est-à-dire des maladies dont le réservoir de l'agent infectieux est un animal ; parmi ces zoonoses, la majorité provient d'animaux sauvages.

Capturer et vendre ces animaux exotiques exerce d'autre part une pression énorme sur les populations sauvages. C'est le cas du [pangolin], récemment mis en lumière par le Covid-19. Ces mammifères (huit espèces en Afrique et en Asie) sont braconnés pour leur viande et leurs écailles malgré leur statut protégé : plus de 20 tonnes sont saisies chaque année par les douanes, amenant à une estimation d'environ 200 000 individus tués chaque année pour ce trafic.

Nous nous mettons ainsi doublement en danger : « création » de maladies émergentes et destruction d'une biodiversité fragile qui assume des rôles dans les équilibres naturels dont nous bénéficions.

Les circonstances de l'émergence de ces nouvelles maladies peuvent être encore plus complexes. C'est ainsi que les virus du Zika ou de la dengue sont transmis par des moustiques exotiques transportés par les humains par le biais du commerce international dans le monde entier.

Le commerce de pneus usagés dans lesquels de l'eau s'accumule et permet aux larves aquatiques des moustiques de se développer et d'être transportées est notamment incriminé. Dans ce cas, la maladie ne se répand pas par un premier contact direct entre espèce humaine et animaux réservoirs suivi par une transmission intra-humaine, mais il est transmis à l'espèce humaine par des moustiques vecteurs, ces derniers se déplaçant efficacement avec notre aide.

Jamais le moustique-tigre ou d'autres moustiques exotiques n'auraient quitté l'Asie sans notre aide !

« Un monde, une santé »

Cette initiative mondiale – « One Health » en anglais – préconise de gérer la question de la santé humaine en lien avec l'environnement et la biodiversité. Elle identifie trois objectifs principaux : lutter contre les zoonoses (maladies transmissibles des animaux aux humains et inversement) ; assurer la sécurité sanitaire des aliments ; lutter contre la résistance aux antibiotiques.

Prévenir les pandémies

Une fois de plus, quand il s'agit de biodiversité, les causes des crises sont connues et les remèdes aussi : quand allons-nous enfin appliquer les remèdes ?

La solution serait d'arrêter la destruction de l'environnement dans les pays du Sud – la déforestation, le transport d'animaux exotiques, le commerce mondial de n'importe quelle denrée ou espèce vivante – pour gagner quelques pour cent de rentabilité par rapport à des productions locales ou des circuits courts... On commence à entendre ici et là que « le monde ne sera pas le même après le Covid-19 ». Alors, intégrons à ce « monde de l'après » un plus grand respect de la biodiversité dans nos nouvelles règles de société... pour notre plus grand bénéfice immédiat !

Le monde que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants sera affecté par de nouvelles pandémies, c'est malheureusement déjà sûr... La question reste à savoir de combien de pandémies il sera question. Cela dépendra de nos efforts pour préserver la biodiversité et les équilibres naturels, partout sur la planète. Espérons qu'au-delà des drames humains actuels, le Covid-19 ait au moins l'effet positif de provoquer cette prise de conscience.

 

Cet article est publié en collaboration avec les chercheurs de l'ISYEB (Institut de systématique, évolution, biodiversité du Muséum national d'Histoire naturelle, Sorbonne Universités). Ils proposent ici une chronique scientifique de la biodiversité, « En direct des espèces ». Objectif : comprendre l'intérêt d'explorer le Vivant et de décrire la biodiversité.The Conversation

Science et Vie

Cette nouvelle opération d'électrification qui entre dans le cadre du présent projet « Prosper I »permettra de porter à 100 % le taux de couverture nationale.

Le Conseil d'administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé la semaine dernière un prêt de 62,3 millions d'euros à la Côte d'Ivoire destiné au financement de la première phase du Projet de renforcement des ouvrages du système électrique et d'accès à l'électricité appelé « Posper I ».

« La réalisation du projet, d'une durée de quatre ans, permettra le raccordement au réseau électrique de 1388 localités, dont 1039 (75 %) ont moins de 500 habitants et jusqu'ici non concernées par les premières opérations financées par la Banque et les autres partenaires au développement », explique la banque panafricaine dans un communiqué.

L'électrification des 1 388 localités dans le cadre du présent projet permettra de porter à 100 % le taux de couverture nationale, selon la BAD. Les 1 388 localités sont réparties notamment dans les districts de Comoé, Denguelé, Sassandra, ou encore Yamoussoukro et Zanzan. Au total, près de 797 000 habitants vont en bénéficier.

La Banque rappelle par ailleurs qu'il est « prévu de donner accès à l'électricité à près de 114 000 ménages aux conditions sociales du Programme électricité pour tous (PEPT) de la Côte d'Ivoire ».

« [...] Avec ce projet, les populations ne verront pas simplement les lignes électriques passer au-dessus de leurs habitations, le projet financera également les frais de raccordements de milliers de ménages afin de leur donner un accès effectif à l'électricité », explique Marie Laure Akin Olugbade, directrice générale pour l'Afrique de l'Ouest de la Banque.

2,1 milliards d'euros d'engagements

Pour rappel, le projet Prosper I s'inscrit dans la cadre du Programme national d'électrification rurale (Proner) qui vise, entre autres, le renforcement des capacités énergétiques du pays et l'amélioration des conditions de vie des populations. Il prévoit la construction de 6 460 km de lignes de 33 kV, 3 419 km de lignes basse tension et 1 394 postes de distribution rurale.

Prosper I vient s'ajouter aux 37 projets du portefeuille de la Banque en Côte d'Ivoire pour un total d'engagements de 2,1 milliards d'euros. Ce portefeuille est prédominé par les infrastructures de transport et celles de l'énergie, qui représentaient 72% des engagements à la fin du mois de janvier dernier.

LTA

Depuis l’annonce du confinement en France, de nombreux salariés du groupe Amazon ont décidé d’exercer leur droit de retrait alors que plusieurs cas de coronavirus ont été détectés dans des entrepôts français. Le géant américain a fait savoir qu'il suspendrait leurs salaires et revaloriserait celui des travailleurs. Par ailleurs, face à la polémique, le groupe annonce se concentrer désormais sur les produits de première nécessité. 

Mardi dernier, le premier cas de coronavirus a été confirmé dans le centre de distribution Amazon de Saran, dans le Loiret. Une trentaine de salariés en contact avec la victime ont été placés en confinement. "Mais toute mon équipe avait été en contact avec cette personne, soit une centaine de salariés, sans avoir été confinés" regrette Jean-François Bérot, syndicaliste chez Sud-Solidaires. "On nous met dans une boîte et on attend de voir sur qui ça tombe" ironise-t-il, amer.

Son travail consiste à faire du "pick and pack", c’est-à-dire qu’il va chercher les articles dans les rayons pour faire des colis selon un parcours optimisé qui s’affiche sur sa tablette. Mais depuis le 18 mars, il a décidé d’exercer son droit de retrait et a déposé un droit d’alerte face au danger que représente le coronavirus. À ce jour, le taux d’absentéisme dépasse les 50 % sur l’ensemble des sites logistiques d’Amazon en France, selon les syndicats, alors que plusieurs cas de Covid-19 ont été détectés dans d'autres sites.

"Cela ne vaut pas le prix d’une vie" 

Les syndicats demandent la réduction des effectifs présents sur les sites ou à défaut leur fermeture, ce à quoi se refuse la direction. "Nous sommes plus de 500 présents à Saran, les distances sont difficiles à appliquer aux entrées et aux sorties, à la cantine ou pendant les inter-shift (roulement de personnel, NDR), raconte Jean-François Bérot. Vendredi, on a reçu des bidons de gel hydroalcoolique mais la société de ménage nous a expliqué que si elle en mettait partout, il n’y en n’aurait pas assez…"

Amazon, de son côté, assure "avoir pris des mesures extrêmes pour assurer la sécurité des personnes, en triplant les processus de nettoyage en profondeur de [ses] sites, en [se] procurant du matériel de sécurité disponible ou en changeant les processus pour garantir que ceux qui travaillent dans [ses] bâtiments respectent les distances de sécurité (distance de 2 mètres au lieu de 1 mètre, horaires et pauses décalés, etc.)."

Le groupe a fait savoir qu’il suspendrait les salaires de ceux qui auront fait valoir leur droit de retrait et propose une augmentation de salaire de deux euros par heure travaillée et le doublement de la rémunération pour les heures supplémentaires. "C’est une belle carotte mais ça ne vaut pas le prix d’une vie", réagit Jean-François Bérot. "Ce sont toujours les plus vulnérables qui sont les plus exposés, ceux qui craignent de ne pas pouvoir payer les factures ou qui ont peur de perdre leur boulot après avoir galéré à le décrocher. La direction a aussi massivement recours aux intérimaires." 

Des produits de première nécessité

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dénoncé les pressions "inacceptables" d'Amazon sur ses salariés français en pleine épidémie de coronavirus. Face à la polémique, Amazon a annoncé qu’elle allait prioriser les commandes de produits de première nécessité en France et en Italie, comme c’est déjà le cas aux États-Unis. Il s'agit de "donner la priorité à la préparation et à la livraison des commandes dont les consommateurs ont le plus besoin”, explique Amazon dans un communiqué.

"Les commandes continuent d'affluer pour de l’épicerie, des produits apéro, des jouets sexuels, des préservatifs, des cahiers de vacances ou encore des jeux pour les enfants, témoigne le syndicaliste orléanais. En réunion, on nous a expliqué que les produits de première nécessité correspondaient à ceux dont la demande était en forte hausse." "J'ai même vu une commande avec des baguettes chinoises et des faux ongles", assure Christophe Néant, élu CGT sur le site de Montélimar cité par Le Parisien.  

NVTC

La destruction des habitats naturels est à l'origine de la pandémie de coronavirus qui frappe actuellement le monde entier. Les humains n'ont eu de cesse de s'installer dans des zones toujours plus reculées, mettant à mal les écosystèmes naturels indispensables à notre survie. En détruisant la biodiversité, ils ont ainsi détruit les barrières qui nous protégeaient jusqu'alors de virus dangereux.

Le coronavirus serait parti d’un marché aux animaux sauvages de la ville de Wuhan, en Chine, épicentre de l'épidémie, obligeant Pékin à fermer quelque 20 000 fermes et à interdire temporairement le commerce et la consommation d’animaux sauvages. D’après les recherches les plus récentes, le Covid-19 pourrait avoir pour réservoir animal la chauve-souris, comme c’était déjà le cas pour le SRAS en 2003. Mais on ne connaît pas encore avec certitude l'animal intermédiaire qui aurait permis la transmission à l’homme.

VIH, MERS, SRAS, Zika, Ebola, Chikungunya, grippe aviaire : 65 % des maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses, c'est-à-dire des agents pathogènes transmis des animaux à l'homme, et 72 % trouvent leur origine dans le monde sauvage. Cela est dû au fait que l’humanité est désormais en contact avec des espèces qu'elle n'aurait jamais rencontrées auparavant, en investissant des endroits de plus en plus reculés et en détruisant leurs habitats naturels. Ces perturbations se produisent dans un contexte de circulation continue et massive des personnes, des marchandises et des animaux, qui favorise la propagation des virus et peut entraîner des pandémies comme celle que nous connaissons.

Supprimer la biodiversité pour supprimer les épidémies ?

"Dans les systèmes péri-urbains, nous avons développé des zones d’élevages connexes avec des zones de biodiversité. Nous avons ainsi bâti des points, des tremplins même, pour que ces virus se transforment, mutent et passent dans nos systèmes urbains où s’entassent les personnes les plus vulnérables face aux virus. Nous avons organisé des systèmes qui représentent de véritables vecteurs de propagation de ces épidémies", alerte Jean-François Guégan, directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE) et conseiller scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

Faut-il alors supprimer toute forme de biodiversité pour éviter tout risque ? De façon tout à fait contre-intuitive, c’est exactement l’inverse qu’il faut faire. Car c'est justement la grande diversité des espèces qui permet que les agents pathogènes soient dilués dans une multitude d’hôtes, voire stoppés, sans jamais arriver jusqu'à l'Homme. "Il ne faut tirer ni sur les chauves-souris ni sur les pangolins. La raison exacte de la diffusion du virus est la destruction des habitats naturels", insiste Jean-François Guégan.

La nature nous envoie un message

Selon plusieurs chercheurs, l’émergence d’une pandémie comme le Covid-19 était prévisible. Une étude de 2007 sur l'éclosion du SRAS avait ainsi conclu que "la présence d'un grand réservoir de virus de ce type dans les chauves-souris, ainsi que la culture de se nourrir de mammifères exotiques dans le sud de la Chine, représentent une bombe à retardement." "C’est presque toujours un comportement humain qui en est la cause et il y en aura plus à l’avenir si nous ne changeons pas", a déclaré le professeur Andrew Cunningham, de la Zoological Society of Londres au Guardian.

En outre, le risque épidémique est également sensible aux changements climatiques, la longueur des saisons pouvant favoriser le développement d’une épidémie et sa durée. "Le dérèglement climatique s’accompagnera (et s’accompagne déjà) d’une large propagation géographique de certains vecteurs infectieux comme le moustique tigre, et de phénomènes délétères comme ceux qui sont liés au rejet de virus quasi oubliés du fait de la fonte du permafrost", prévient Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, dans une note publiée le 23 mars (1).

"La nature nous envoie un message avec la pandémie de coronavirus et la crise climatique en cours", a réagi Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement. "Notre réponse à long terme doit permettre de s'attaquer à la perte d'habitat et de biodiversité", a-t-elle ajouté. 

NVTC

  1. Magazines
  2. Communiqués
  3. Plus lus
CONTACTEZ-NOUS

QUOI DE VERT, le Magazine du Développement Durable
Edité par African Résilience Communication (ARC)


Adresse : Villa numéro 166 Gouye Salam ll - DTK Dakar - Sénégal

TEL :  77 646 77 49  /  77 447 06 54

Email : redaction@quoidevert.org ; quoidevert@gmail.com