Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Sur les 54 pays du Continent, 40 abritent désormais sur leur territoire une ou plusieurs personnes contaminées au COVID-19. L’Afrique est la région la moins touchée, mais la propagation de la pandémie s’accélère.

Le Niger a enregistré jeudi dernier son premier cas de coronavirus : un homme arrivé à Niamey en provenance du Togo, en passant par le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, a annoncé le ministre de la Santé. A ce jour samedi 21 mars, et après les nouveaux cas confirmés au Cap-Vert et au Zimbabwe, le nombre de pays africains touchés sur le plan sanitaire par le coronavirus passe désormais à 40 selon la dernière mise à jour du site Covid19.africa qui suit l'évolution de la situation par pays et propose aussi celles de l'OMS.

Après avoir signalé un premier cas, dimanche 15 mars, le Rwanda qui s'était arraché les honneurs de la planète pour les mesures d'hygiène mises en place par les autorités, compte déjà huit cas de contamination au COVID-19.

Le Kenya et l'Ethiopie déclaraient respectivement leur premier cas vendredi 13 mars. A Nairobi, l'annonce a provoqué un effondrement de la bourse qui a dû suspendre sa séance en début d'après-midi.

Le Continent a enregistré, jusqu'au samedi 21 mars, 37 décès dont, 15 en Algérie, 10 en Egypte et 3 au Maroc.

Le Maroc, qui enregistre également un troisième cas de guérison, est le pays à avoir rapidement réagi par des mesures draconiennes pour combattre la propagation de la pandémie : fermeture des toutes les frontières, des écoles et certains commerces, des ports, sauf marchandises, des administrations et établissements publics, des mosquées, confinement obligatoire et restriction des déplacements des personnes,... Au-delà de l'interdiction des rassemblements publics d'une certaine densité, l'Afrique du Sud a également fermé ses frontières avec plusieurs pays européens, ainsi que la Chine et la Corée du Sud.

Mais depuis ce mercredi, la majorité des Etats africains sont sous alerte. En RDC, le président Félix Tshisékédi dans son adresse à la Nation a annoncé une batterie de mesures dont la fermeture des frontières à compter de vendredi 20 mars. Au Cameroun, une série de 13 mesures ont été prise après l'arrivée de plusieurs vols transportant des Camerounais et des Français, dans lesquels plusieurs personnes auraient été testées positives au COVID-19. En Ouganda où aucun cas n'a pour l'instant été diagnostiqué, les autorités ont déjà décidé de la fermeture des écoles, l'interdiction des rassemblements religieux et des célébrations de mariages.

Avec l'appui de l'OMS, les gouvernements africains tentent de renforcer leur capacité de prise en charge des malades. Jeudi dernier, le président Macky Sall du Sénégal, pays le plus touché d'Afrique de l'Ouest, a appelé ses homologues à « agir ensemble » pour que le Continent ne devienne pas « le nouveau foyer » du COVID-19.

 

L’impact de la pandémie du coronavirus sur l’économie mondiale devrait pousser la « major » pétrolière et gazière américaine ExxonMobil a révisé le calendrier d’exécution de son projet « Rovuma GNL » au Mozambique dont elle assure le développement en partenariat avec l’italien Eni. Le Mozambique a corrélé l’essentiel de ses projets de développement avec l’exploitation de ses gigantesques réserves de gaz naturel, découverts par le pays éclaboussé par un scandale de dettes cachées.

L'expansion du coronavirus dans le monde risque de freiner les investissements très attendus dans le secteur gazier au Mozambique. En cette période de crise, les entreprises pétrolières et gazières, parmi les premières victimes du ralentissement économique, sont contraintes à l'austérité et à des coupes dans les investissements annoncés. ExxonMobil, en charge du développement du projet gaz naturel liquéfié mozambicain au niveau du bloc 4 de Rovuma, en partenariat avec Eni, révise sa feuille de route. Selon les informations fournies par des sources proches du dossier et relayées par Reuters, ExxonMobil devrait retarder le feu vert de son projet de gaz naturel liquéfié (GNL) de 30 milliards de dollars au Mozambique. La compagnie doit faire face à des imprévues et perturbations dans le lancement des travaux et un marché gazier en baisse alors le Covid-19 poursuit son expansion meurtrière à travers le monde.

Le 17 mars, la compagnie a annoncé une possible réduction de ses dépenses en capital et en exploitation, dans le sillage des baisses de dépenses entreprises par la plupart des entreprises du secteur des énergies au cours de ce mois. Le projet devrait être lancé au premier semestre 2020. Une échéance difficilement tenable dans le contexte actuel avec des restrictions de déplacements et la fermeture des frontières. La crise éloigne aussi les perspectives de la prise rapide d'une décision finale d'investissement (FID) pour ce projet Rovuma voisin de celui de Total, qui a repris les actifs d'Anadarko et a annoncé la prise de la FID en juin dernier pour le Bloc 1. Le bloc 4 du bassin de Rovuma est géré par Mozambique Rovuma Venture, une coentreprise détenue à 35,7% par Exxon et Eni et à 28,6% par China national petroleum corporation (CNPC). Exxon s'est déjà engagé à investir 500 millions de dollars au départ et la décision finale d'investissement est la prochaine étape sur la base de laquelle les banques pourront accorder des lignes de crédit.

Le gaz naturel en gage pour les dettes cachées mozambicaines

Le Mozambique épinglé en 2016 pour ses dettes cachées d'environ 1,4 milliard de dollars a misé sur le GNL pour réguler sa situation vis-à-vis d'une partie de ses créanciers. La révélation de dettes dissimulées par le pays avait poussé le Fonds monétaire international (FMI) et les donateurs étrangers à interrompre leur soutien, provoquant un effondrement monétaire et un défaut de paiement.

 Le Mozambique avait annoncé en novembre 2018 la conclusion d'un accord avec la plupart des créanciers d'euro-obligations. Celui-ci prévoit notamment d'allonger les échéances et de partager les revenus futurs générés par d'immenses projets de gaz offshore sur le bassin de Rovuma. Le pays y dispose de ressources en gaz naturel estimées à 180 milliards de pieds cubes. Des quantités suffisantes pour alimenter d'énormes usines d'exportation de gaz liquéfié en cours d'implantation par des sociétés énergétiques de classe mondiale telles que Exxon Mobil, Anadarko et Eni et plus récemment Occidental Petroleum et Total.

LTA

Sur le continent, plus de 320 millions d'habitants sont encore dépourvus d'un accès à l'eau potable et les problèmes d'assainissement coûteraient jusqu'à 5% de PIB à l'Afrique subsaharienne. Sur fond de défi climatique et de croissance démographique, la géopolitique de l'eau se structure aujourd'hui à marche forcée...

Les plans d'action multilatéraux de la décennie 2005-2015 ont permis à 1,3 milliard de personnes supplémentaires d'accéder à l'eau potable dans les pays en développement, mais cette ressource vitale reste particulièrement inéquitable. Moins d'une dizaine de pays disposent de 60 % des ressources naturelles en eau douce (la Chine, les Etats-Unis, la Russie, le Canada, le Brésil, l'Indonésie, la Colombie, le Pérou et l'Inde). Parallèlement, la consommation domestique est tout aussi inégale. Aux Etats-Unis, elle avoisine 700 litres par jour et par habitant, contre 175 litres en Europe, et en moyenne 50 litres en Afrique.

Près de 2,2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable dans le monde et 4,2 milliards sont dépourvues d'installation sanitaire. Les maladies infectieuses d'origine hydrique provoquent 3,2 millions de morts par an, soit l'équivalent de 6 % des décès dans le monde et enfin, entre 70 % et 80 % des maladies sont imputées à la mauvaise qualité de l'eau en Afrique, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Si l'amélioration de l'accès à une eau de qualité requiert des efforts financiers importants, le retour sur investissement est significatif et chaque dollar investi dans l'assainissement rapporterait 8 dollars. Toutefois, le déficit annuel en infrastructures d'eau sur le continent est de l'ordre de 43 à 53 milliards de dollars et les problèmes liés à l'assainissement coûteraient jusqu'à 5% de PIB à l'Afrique subsaharienne. La gestion de l'eau dans un contexte de bouleversement climatique et de défi démographique impose donc des engagements forts, en termes de financement, mais aussi de rationalisation des ressources, en particulier dans le secteur agricole qui représente près de 70 % de la consommation d'eau.

L'Afrique face à la pénurie d'eau: entre réaction et anticipation...

En 2018, la ville du Cap a été frappée par une pénurie d'eau, qui a conduit les autorités sud-africaines à prendre des mesures drastiques dans la précipitation, en rationnant l'eau à 50 litres par jour et par personne pendant plusieurs semaines consécutives, dans une ville habituellement alignée sur les standards de consommation des métropoles occidentales... La police municipale réquisitionnée pour l'occasion procédait alors aux contrôles de consommation d'eau, afin d'échapper au scénario catastrophe du « Zero Day », à partir duquel les robinets auraient été coupés.

«Cette histoire a fait le tour du monde, car la ville du Cap est emblématique, mais elle n'est pas la seule dans ce cas. Cet épisode reflète une gestion insouciante de l'eau qui rappelle la fable de "La Cigale et la Fourmi" [...] Il nous faut trouver des systèmes pour économiser l'eau, dans le respect de l'environnement. C'est un impératif au regard de la croissance démographique à venir », considère Loïc Fauchon, le président du Conseil mondial de l'eau, une organisation internationale multipartite (à la manœuvre dans l'organisation du prochain Sommet mondial de l'eau qui se tiendra à Dakar en 2021), réunissant aussi bien des experts, des chercheurs, des représentants d'ONG ou de gouvernements que des poids lourds du secteur comme Suez ou Véolia.

Selon l'OMS, 2,2 milliards de personnes sont affectées par le stress hydrique. En Tunisie, les écarts pluviométriques au niveau national ont conduit les autorités à anticiper les pénuries. «Le gouvernement tunisien développe actuellement des infrastructures de conduites, de systèmes de pompes et des stations de traitement de l'eau pour alimenter les villes de Sousse, Monastir et Sfax» explique Frédéric Maurel, responsable-adjoint de la division eau et assainissement de l'Agence française de développement (AFD), qui a investi 100 millions d'euros dans ce projet. Néanmoins, les ressources ne sont pas infinies et cette stratégie de répartition sur l'ensemble du territoire, a ses propres limites. « Le système de transfert mis en place en Tunisie est conçu pour une capacité de l'ordre 100M3 par an, ce qui est suffisant pour répondre à la demande en eau potable de près de 50% de la population jusqu'en 2025. Il faudra ensuite trouver d'autres solutions comme le dessalement, qui suppose le recours aux énergies. Or, le gaz reste très répandu en Tunisie, avec une empreinte carbone

élevée [...] Par ailleurs, le dessalement pourrait perturber l'écosystème marin à travers la production de saumures, qui génère le rejet d'une eau jusqu'à 2 fois plus salée que la mer [...] Si aucune autre solution n'est trouvée, il arrivera un moment où nous n'aurons plus d'autre option », ajoute-t-il, précisant que l'AFD, conformément à ses engagements «100% Accord de Paris» n'est pas amenée à financer ce type de projets.

Un constat que Loïc Fauchon relativise : « Le dessalement n'est pas la solution idéale. Toutefois, la pollution générée dans les pays du Golfe par exemple est essentiellement due à la faible profondeur des unités installées, ce qui a provoqué la modification de l'écosystème marin, faisant apparaître des méduses géantes au large de l'Arabie Saoudite... ».

Vers une «hydrodiplomatie» africaine

Le partage des eaux alimente les palabres depuis toujours: des batailles pour le contrôle des puits menées par les chefs de tribus au barrage de la discorde dans la vallée de l'Omo, en passant par un certain nombre de succès comme celui du fleuve Sénégal. «Les pays riverains ont créé une association du fleuve Sénégal et se sont réparti les droits d'eau. Ils ont examiné les endroits où il était possible de construire les barrages pour produire de l'électricité, tout en étudiant ensemble, les possibilités d'améliorer la navigabilité (...) C'est un exemple de gouvernance partagée et harmonieuse », selon le président du Conseil mondial de l'eau, contrairement à la construction en Ethiopie, du barrage hydroélectrique de la Renaissance (Gerd) sur le Nil, qui a provoqué des échanges bien plus vifs entre pays limitrophes. En vertu d'un traité datant de la colonisation britannique, l'Egypte et le Soudan bénéficiaient de droits historiques sur les eaux du Nil, qui traversent l'Afrique de l'Ouganda à l'Egypte. Or, les besoins en eau des pays hubstream ont sensiblement augmenté et l'équilibre démographique a changé la donne, générant des points de tension, notamment autour de la durée de remplissage du barrage via la construction d'un méga-lac de 70 milliards de m3.

En 2013, le président égyptien Mohamed Morsi allait jusqu'à déclarer : «si une seule goutte du Nil est perdue, notre sang sera la seule alternative»«Depuis cette époque, le dialogue a avancé. Les parties sont condamnées à trouver un accord, même si chacun demande des garanties» d'après Loïc Fauchon, qui milite pour la gestion intégrée des ressources (GIR) et favorise une approche horizontale suivant le principe de la «5 Fingers Alliance» reliant la problématique de l'eau à celles de l'énergie, de l'alimentation, de la santé et de l'éducation, dans un cercle vertueux.

Enfin, avec la raréfaction programmée des ressources en eau douce et la hausse de la demande liée aux croissances urbaine et démographique, revient la sempiternelle question du statut de l'eau. Selon la résolution onusienne de juillet 2010 et celle du Conseil des droits de l'homme de septembre 2010, il s'agit d'un «droit fondamental» garanti en théorie, par les Etats. Toutefois, ce point de vue est loin de faire l'unanimité dans le secteur privé, les gouvernements et même parmi les bailleurs internationaux, qui considèrent l'eau comme un «besoin» ou un «besoin fondamental», c'est-à-dire une denrée commercialisable.

LTA

Parmi les plus de 29 millions d’habitants du Ghana, 2 millions de personnes – soit 10% de la population totale – dépendent du secteur de la pêche. En effet, le poisson représente 60% des protéines consommées par les ghanéens. Cependant, le pays fait face à un constat alarmant : la surpêche et notamment la pêche artisanale a dévasté les fonds marins, ce qui contribue à la destruction des écosystèmes et de la biodiversité sous-marine.

Les chalutiers - bateaux de pêche traînant un filet nommé chalut - n’hésitent pas à pêcher les poissons les plus prisés par les pêcheurs locaux (sardines, maquereaux) afin de les revendre sur la rive à un prix compétitif. En 2017, plus de 100 000 tonnes de poissons ont été vendues par ces chalutiers.

Ces pratiques sont illégales mais font également perdre 50 millions de dollars par an au gouvernement ghanéen et diminuent considérablement les revenus des pêcheurs locaux, qui doivent trouver d’autres techniques pour pouvoir maintenir leur activité. D’autres techniques illégales sont employées dans le pays, notamment la pêche consistant à attirer les poissons avec des produis chimiques ou de la dynamite.

Le gouvernement sanctionne de plus en plus ces pratiques et, en mai 2019, la pêche artisanale a été officiellement interdite. Cette mesure est, selon la ministre de la Pêche et de l’Aquaculture Mme Elizabeth Afoley Quaye, une « saison de fermeture » permettant de préserver certaines espèces menacées de disparition comme le maquereau et les anchois, qui sont victimes de ces pratiques illégales. Cette "saison de fermeture" devrait permettre aux poissons de pouvoir se reproduire et d’augmenter les rendements en pêche à l’avenir.

Dans une démarche de protection de l’écosystème marin sur le long terme, l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a accordé 24 millions de dollars pour la mise en place d’un projet de gestion durable de la pêche (projet USAID/Ghana). Ce projet de cinq ans, qui a pris fin en 2019, avait pour objectif de réduire de manière considérable l’effort de pêche, reconstituer les stocks de poissons et mettre en place une gestion responsable appliquée à plusieurs écosystèmes de pêche ciblés.

  [MOGED]

Moins de transports, moins de production... Dans des pays à l'arrêt ou au ralenti pour cause de coronavirus, la population respire mieux grâce à une réduction de la pollution atmosphérique, même s'il est trop tôt pour en mesurer les effets à plus long terme.

Les images satellite de la Nasa sont éloquentes: en février, la concentration de dioxyde d'azote (NO2), produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, a baissé drastiquement à Wuhan, l'épicentre de l'épidémie du Covid-19. De rouge/orange, la carte est devenue bleue.

Le même phénomène a été observé début mars par l'Agence spatiale européenne dans le nord de l'Italie, zone confinée depuis plusieurs semaines pour lutter contre la propagation de la maladie. Il se produirait également à Madrid et Barcelone, où un confinement strict est de mise depuis mi-mars, selon l'Agence européenne de l'Environnement.

Le NO2, gaz entraînant une inflammation importante des voies respiratoires, est un polluant avec une durée de vie courte.

Il reste "environ un jour dans l'atmosphère" et stationne à proximité des sources d'émissions, ce qui en fait un bon indicateur de l'intensité des activités humaines, explique à l'AFP Vincent-Henri Peuch, du programme européen de surveillance de la Terre, Copernicus.

 

Ces baisses radicales sont inédites. "C'est la première fois que je vois un changement aussi significatif sur une région aussi étendue et lié à un événement", expliquait Fei Liu, chercheuse de l'Agence spatiale américaine, dans le cas de la Chine.

Même lors de la crise économique en 2008/2009, la diminution "avait été plus continue dans le temps", complète Alberto González Ortiz, spécialiste en qualité de l'air à l'Agence européenne de l'environnement.

Dans le nord de l'Italie, "les niveaux de concentration moyen en NO2 ont été presque divisés par deux", relève Vincent-Henri Peuch.

Et à long terme ?

Pour d'autres pays ou régions ayant pris des mesures de confinement - France, Belgique, Argentine, Californie, Tunisie, Bavière, Colombie -, il faudra attendre un peu pour voir l'évolution.

Pour autant, cela ne veut pas dire que l'air est pur: en Chine, Pékin a connu des épisodes de pollution aux particules fines en février, rapporte Nasa Earth Observatory. Idem à Paris, qui a enregistré un indice de pollution moyen en dépit du confinement, à cause de la présence de particules fines et d'ozone.

 

La concentration des polluants peut en effet varier selon la météo, explique Vincent-Henri Peuch. "Certaines sources d'émissions, comme la production d'énergie et celles liées au logement ne diminuent pas visiblement quand plus de personnes restent chez elles", ajoute-t-il.

Pour autant, les particules PM2.5 et PM10 et le monoxyde de carbone "devraient aussi diminuer au fil du temps" du fait notamment de la réduction des transports et de l'industrie, selon lui.

Quel impact sur la santé peut avoir cette parenthèse, quand la pollution atmosphérique provoque 8,8 millions de décès prématurés par an dans le monde, selon une étude récente?

"Toute baisse de pollution est bonne à prendre", souligne le pneumologue français Bruno Housset, président de la Fondation du souffle contre les maladies respiratoires.

A court terme, la pollution aux particules fines provoque une irritation des yeux, de la gorge, des gênes respiratoires. Chez les personnes âgées ou asthmatiques, un recours aux soins peut être nécessaire pour des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires dans les jours ou les semaines qui suivent l'exposition. Dans les cas les plus graves, des décès peuvent intervenir.

 

A plus long terme, elle peut induire des maladies chroniques, respiratoires ou cardiovasculaires ou des cancers du poumon.

Le confinement peut donc permettre de "diminuer les effets inflammatoires", explique-t-il, d'autant que la qualité de l'air à l'intérieur des habitations dépend beaucoup de l'air extérieur.

"Les mesures de confinement font coup double à la fois en limitant le risque de transmission entre les individus mais également en diminuant la pollution notamment aux particules fines du trafic routier", abonde le collectif de médecins français Air-Santé-climat.

Difficile toutefois de mesurer les bénéfices plus lointains car "ce qui a le plus d'impact est l'exposition sur le long terme", rappelle Alberto González Ortiz.

Par un matin brumeux au Caire, des bénévoles embarquent sur des kayaks pour repêcher canettes et autres déchets en plastique flottant sur le Nil, témoin d'une histoire millénaire et aujourd'hui menacé comme jamais.

Sur le fleuve mis en péril par la pollution, la démographie galopante, le changement climatique et les tensions entre pays riverains, la brigade de quelque 300 bénévoles a ramassé, ces trois dernières années en Egypte, 37 tonnes de canettes, bouteilles ou détritus en plastique.

"Les gens doivent comprendre que le Nil est aussi important, si ce n'est plus, que les pyramides", affirme Mostafa Habib, 29 ans, co-fondateur de l'association VeryNile qui tente de nettoyer ses eaux. "Les générations à venir en dépendront."

Long de plus de 6.600 km, le bassin du Nil couvre plus de trois millions de kilomètres carrés, soit 10% de la superficie du continent africain, et s'étend sur onze pays: Burundi, République démocratique du Congo, Egypte, Ethiopie, Erythrée, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Soudan et Tanzanie.

 

Ses eaux constituent une ressource importante pour quelque 500 millions d'habitants du Nord-est africain. Or, en raison de l'explosion démographique et du changement climatique, le Nil, célébré comme un dieu du temps des Pharaons, devrait faire face à une pénurie d'eau douce d'ici à 2025, selon l'ONU.

- Pollutions multiples -

"Le Nil est la principale source d'eau potable. Nous n'avons pas d'autre fleuve majeur" dans le pays, souligne un des bénévoles, Walied Mohamed, 21 ans.

De nombreuses études ont montré que la pollution, en particulier dans la partie nord du Nil, avait augmenté ces dernières décennies.

Les causes sont multiples: les eaux usées et déchets versés directement dans le fleuve, le ruissellement agricole et les rejets d'hydrocarbures et produits chimiques du secteur industriel.

Tous ces rejets induisent une présence élevée de métaux lourds (fer, manganèse, cuivre, nickel, cadmium, plomb), avec des conséquences dramatiques, selon les experts, sur l'état de la biodiversité.

 

Ses riverains en pâtissent pour la pêche, dont beaucoup en vivent de manière informelle, et leur santé car l'eau polluée du Nil, si elle est traitée pour la consommation courante, entraîne des maladies comme la bilharziose ou encore la fièvre typhoïde.

En Egypte, environ 150 millions de tonnes de déchets industriels finissent dans le Nil chaque année, selon un rapport de l'agence publique environnementale de 2018.

Le besoin en eau est d'autant plus crucial que si la croissance démographique se poursuit au même rythme, le pays devrait compter 120 millions d'habitants en 2030. Déjà environ 7% des Egyptiens n'ont pas accès à l'eau potable et plus de huit millions à des installations sanitaires correctes.

- Réchauffement climatique -

Dans le même temps, dans tout le bassin du Nil, le réchauffement climatique entraîne une hausse sensible des saisons chaudes et sèches et aussi, épisodiquement, de plus fortes pluies.

 

"La fréquence des années chaudes et sèches devrait au moins doubler d'ici au milieu du siècle", estime pour l'AFP Justin S. Mankin, professeur de géographie au Dartmouth College et spécialiste du climat qui a participé à une étude sur le bassin supérieur du Nil.

En conséquence, d'après lui, vers 2050, "jusqu'à 45% de la population du bassin supérieur du Nil devrait se trouver en manque d'eau". Toujours selon ce chercheur, les conséquences notées en amont du fleuve devraient se répercuter sur l'aval.

Un autre défi vient compléter ce tableau : la montée des eaux de la Méditerranée liée au réchauffement fait pénétrer les eaux salées dans le Delta du Nil, menaçant la principale région agricole du pays, cultivée depuis des temps immémoriaux.

Le coton est l’une des plantes les plus répandues le long du Nil et elle nécessite beaucoup d’eau. Mais au total, le secteur agricole pourrait diminuer de près de moitié d'ici à 2060, selon les spécialistes du climat.

 

Dans ce contexte, les experts s’inquiètent et appellent l'Egypte à diversifier ses sources d'eau propre.

"L'Egypte doit investir dans des sources d'alimentation en eau autres que le Nil", indique à l'AFP Jeannie Sowers, professeur de Sciences politiques à l'université du New Hampshire, auteur d'un livre sur les politiques environnementales de l'Egypte.

"Cela veut dire donner la priorité aux usines de désalinisation sur les côtes (...) et améliorer l'irrigation et les réseaux de drainage", estime-t-elle. De tels projets ont été entamés par le passé mais n'ont pas été suffisamment développés notamment en raison de la bureaucratie et des troubles économiques liés à la révolution de 2011 et aux changements qui ont suivi à la tête du pays.

- Tensions exacerbées -

Parallèlement, les tensions entre les pays riverains pour l'accès à l'eau se sont exacerbées ces dernières années autour de la construction lancée en 2011 du grand barrage de la Renaissance que l'Ethiopie construit sur le Nil Bleu - qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil.

 

L'ouvrage gigantesque de quatre milliards de dollars (environ 3,6 mds d'euros) doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique.

Pour l'Ethiopie, qui connait une des croissances les plus rapides du continent mais dont la moitié des quelque 110 millions d'habitants sont privés d'électricité, la réalisation d'un tel ouvrage est une question de prestige source de fierté nationale.

Mais l'Égypte craint une réduction drastique du débit du Nil en cas de remplissage trop rapide du réservoir. Le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi a rappelé devant les Nations unies en 2019 que le Nil était"une question d'existence pour l'Egypte".

De son côté, le Soudan, avec ses 41 millions d'habitants, voit le barrage d'un bon oeil car celui-ci lui fournirait de l'électricité, régulerait les crues et contribuerait à améliorer l'irrigation.

Les négociations entre les trois pays concernés par le barrage se sont récemment intensifiées, sous la houlette des Etats-Unis, afin de trouver une issue à la crise. Mais après plusieurs années de pourparlers, elles sont toujours au point mort.

 

Addis Abeba termine son méga-barrage et nourrit des ambitions de développement. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la Paix en 2019 pour la réconciliation avec l'Erythrée, a bien fait comprendre que son pays était prêt à défendre son barrage par la force si nécessaire.

© 2020 AFP

La conférence virtuelle organisée ce 19 mars par Vera Songwe, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) depuis Addis-Abeba a réuni plusieurs ministres des Finances africains. L'heure est à la prévention, mais aussi à l'évaluation de l'impact économique du Covid-19 qui pourrait faire chuter la croissance africaine à 1,8 %.

La Commission économique pour l'Afrique (CEA) appréhende l'impact du coronavirus sur les économies africaines, en passe de compromettre sérieusement la croissance déjà atone du continent. Les pays exportateurs de pétrole perdent actuellement 65 milliards de dollars de revenus selon la CEA, tandis que les prix du baril continuent de chuter pour atteindre 22 dollars d'après le WTI (19/3/2020), soit la plus forte baisse enregistrée depuis 2002. Les recettes pétrolières nigérianes sont en chute libre et passeraient de 14 milliards de dollars à 19 milliards en 2020, toujours selon les estimations de la CEA. Parallèlement, les mesures pour limiter l'impact du Covid-19 pourraient coûter jusqu'à 3 % de PIB aux économies africaines.

A l'occasion de la conférence de presse du 13 mars dernier, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Afrique déclarait que le continent « pourrait perdre la moitié de son PIB (en 2020) avec une croissance qui passerait de 3,2 % à 1,8 % en raison d'un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales», précisant par ailleurs que l'Afrique devra augmenter ses dépenses de santé de 10.6 milliards de dollars, pour endiguer la propagation du Covid-19. Ces pertes de revenus sont susceptibles générer une dette insoutenable aussi, dans une présentation des effets économiques du Covid-19 en Afrique, la CEA a appelé les gouvernements africains à revoir leurs budgets, afin de redéfinir les priorités de leurs dépenses et d'appréhender les impacts négatifs du coronavirus sur leurs économies. C'est dans ce cadre que s'est tenue la visio-conférence de presse organisée ce 19 mars par Vera Songwe depuis la capitale éthiopienne qui a rassemblé plus de 240 participants.

Entre prévention et mutualisation des efforts

Alors que l'Afrique du Sud qui comptabilise 116 cas confirmés a déclaré «l'état de catastrophe nationale», les pays encore épargnés par le Covid-19 anticipent et multiplient les mesures préventives, comme la Sierra Leone ou le Niger.

« Nous avons pris des mesures de confinement. Tous les évènements internationaux sont annulés. Depuis aujourd'hui, les deux principaux aéroports ont été fermés, pour une durée de deux semaines reconductibles. Les frontières sont fermées, tout comme les lieux publics tels que les restaurants. Demain, nous fermerons les écoles [...] La psychose règne, l'activité économique est ralentie et cela pèse sur notre trésorerie [...] Le gouvernement a débloqué des ressources pour un plan d'urgence sanitaire », a déclaré le ministre des Finances du Niger, soulignant la nécessité d'« une action coordonnée au niveau supranational, car la meilleure arme pour nos systèmes de santé fragiles reste la prévention ».

Il en appelle dès à présent à un « Plan Marshall sanitaire ». Outre des infrastructures médicales trop rares et souvent mal équipées, les produits pharmaceutiques sont essentiellement importés des pays eux-mêmes affectés par le Covid-19 (notamment la Chine et l'Union européenne). Or les prix des médicaments pourraient rapidement augmenter et leur disponibilité pour les Africains se réduire simultanément comme peau de chagrin.

A quelques minutes de la tenue d'un Conseil des ministres extraordinaire, le ministre des Finances du Togo a alerté sur l'impact économique du virus : « Nous n'avons pas encore fermé les frontières, mais nous savons que le choc sera sévère pour nous, en tant que hub logistique régional. Nous avons développé un plan d'urgence sanitaire qui représente entre 2 et 3% du PIB, que nous avons transmis au FMI [...] Il serait bien d'avoir une approche coordonnée pour faire face à ce fléau mondial ».

Le Togo a suspendu toute liaison aérienne et interdit le rassemblement de plus de 100 personnes, mais aucune décision en ce début d'après-midi, n'avait été prise concernant le port de Lomé. Pour sa part, le représentant du Tchad a confirmé qu'aucun cas n'était confirmé, mais qu'un plan d'urgence avait d'ores et déjà été validé en Conseil des ministres, d'un coût de 15 milliards de francs CFA, dont 8 milliards restent à mobiliser. « L'aéroport international sera fermé ce soir, seuls les vols cargos seront autorisés et l'école sera bientôt fermée », a-t-il précisé, avant de conclure que faute d'informations suffisantes sur la persistance du virus, il était difficile de prédire l'impact économique réel du Covid-19.

Enfin, la représentante de Côte d'Ivoire a appelé à une communication plus large et disponible pour tous, y compris en langues locales, « ce qui représente un coût important dans des pays africains dotés de nombreuses langues », n'a pas manqué de souligner Véra Songwe.

LTA

Avec un baril du pétrole sous la barre des 30 dollars, les acteurs de l’industrie pétrolière et gazière en Afrique sonnent l’alerte. A l’image des autres domaines fortement impactés par la pandémie de coronavirus, ils exhortent les Etats africains à soutenir le secteur via des annulations ou des reports d’impôts.

Les États africains devraient immédiatement aider les sociétés d'exploration pétrolière et de services locaux, avertit la chambre africaine de l'énergie, qui anticipe sur les difficultés d'un secteur fortement touché par la baisse des prix du pétrole. Depuis le début de la pandémie Covid-19, les cours du pétrole brut s'effondrent progressivement passant en une semaine de 62 dollars le baril à 57 dollars, pour atteindre 53 dollars le 2 mars, avant de descendre sous la barre des 30 dollars le 18 mars.

« La récession dans le secteur pétrolier s'observerait dans l'hypothèse d'une entrée dans un marché baissier avec un taux d'au moins 20 % du prix par rapport à un sommet récent », a prévu l'expert dans le secteur pétrolier Mahaman Laouan Gaya dans une tribune à LTA.

Un seuil largement franchi. À l'heure actuelle, l'Afrique devrait perdre plus de 110 milliards de dollars en taxes, exportations de pétrole, emplois et contrats avec des entreprises locales au cours des trois prochains mois, selon l'estimation de la chambre africaine de l'énergie. Et, les entreprises prennent déjà un coup dans leurs programmes d'exploration et doivent trouver des moyens de lever des capitaux pour réussir à forer des puits. L'institution lance un appel aux Etats africains pour trouver le moyen d'alléger les charges des opérateurs pétroliers et des sociétés de services locaux, face aux effets du coronavirus sur le prix du baril avec la baisse drastique de la demande mondiale. Parmi les solutions proposées, l'annulation ou des reports immédiats des paiements d'impôts pour une période pouvant aller jusqu'à trois mois aux sociétés de services appartenant à des Africains, aux sociétés d'exploration et de production locales et à toutes les sociétés internationales et locales travaillant sur des programmes d'exploration.

« C'est une période difficile pour le pétrole et le gaz africains. Si les prix du pétrole ne connaissent pas de hausse prochainement, il est probable que beaucoup d'emplois soient perdus dans de nombreux pays producteurs de pétrole et que les pays qui préparent leur entrée sur le marché dans les prochaines années soient aussi touchés », a déclaré NJ Ayuk, Président de la Chambre africaine de l'énergie et PDG du groupe Centurion Law.

Il a également précisé que des retards ou des annulations sont à attendre dans les décisions finales d'investissement et dans de nombreux projets gaziers. Ce qui aura un impact négatif sur de nombreuses entreprises et communautés africaines qui considèrent l'industrie comme source de développement de la classe moyenne. La mise la place de ces facilités pour les entreprises du secteur devrait permettre aux employeurs de payer les salaires, d'améliorer leur liquidité et de réduire certaines des pertes de revenus tout en minimisant les pertes d'emplois.

 Les acteurs africains étaient déjà pénalisés par les faibles bénéfices et l'accès difficile aux capitaux pour les projets pétroliers et gaziers. Si la guerre des prix continue, de nombreux producteurs de champs marginaux cesseront probablement leurs activités, les programmes d'exploration seront interrompus, les cycles d'octroi de licences échoueront et les majors devront prendre les décisions difficiles de réduction des opérations, prédit le communiqué de la chambre africaine de l'énergie.

LTA

 

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