Des entreprises à l’arrêt, des cours de bourse qui plongent, la chaîne d’approvisionnement mondiale qui se grippe, des États qui se confinent… Alors que l’épidémie de Covid-19 s’étend dans le monde, la croissance économique est revue à la baisse. États et institutions financières essaient de soutenir l'activité mondiale mais avec des résultats limités.
L’ÉCONOMIE MONDIALE TOURNE AU RALENTI
Le Covid-19 met "l’économie mondiale en danger", avertit l'OCDE. L’organisation de développement économique baisse ses prévisions de croissance de 0,5 point et table sur une augmentation du PIB mondial de 2,4 %, la plus faible hausse depuis la fin de la crise financière. La Chine devrait connaitre l’un de ses plus forts ralentissements de sa croissance des vingt dernières années à seulement 4,9 %. Le reste du monde n’est pas épargné, notamment l’Europe, deuxième continent le plus touché par le virus. La croissance du PIB français devrait plafonner à 0,9 % contre 1,2 % prévue en novembre dernier. En 2002-2003, les six mois d’épidémie du SRAS avaient causé un ralentissement de l’économie chinoise de 1,2 % et de 0,2 % au niveau mondial.
LE COMMERCE MONDIAL SE GRIPPE
Il a fallu moins d'un mois pour que le commerce mondial déraille. Au plus fort de la crise en Chine, 80 % du PIB du pays était impacté. Une onde de choc pour le commerce mondial. La Chine compte pour un quart de la production mondiale. Elle concentre 27% de la production d’ordinateurs mondiale et 60% de la production de paracétamol…mais est aussi un donneur d’ordre de poids en Asie ainsi qu’un gros marché mondial pour des secteurs comme le luxe (35% des ventes), l’automobile (40% des ventes de Volkswagen) ou l’électronique (20% des ventes d’Apple), souligne un rapport de KYU associés. Aujourd’hui, 50 à 70 % de l’économie chinoise a redémarré mais, désormais, ce sont désormais les entreprises européennes qui sont à l’arrêt. Selon Euler Hermes, la baisse des exportations mondiales se chiffrerait à 320 milliards de dollars de biens et de services pour ce seul trimestre.
LA DEMANDE ÉNERGÉTIQUE CONTAMINÉE
Lundi 9 mars, le baril de brut plonge et passe sous la barre des 30 dollars, en raison de la guerre des prix lancée par l'Arabie saoudite. Le cours de Bourse de Total a chuté de 16 %. Même si le brut reprend des forces, les tensions vont durer. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), la demande de pétrole devrait fortement baisser avec "la contraction profonde de la consommation pétrolière en Chine (14 % de la consommation mondiale et 80 % de la croissance de la demande, ndr) et des perturbations importantes des voyages et du commerce dans le monde". Les autres énergies - charbon, gaz et renouvelables - devraient également être affectées par la crise, précise l’AIE.
LES BOURSES CÈDENT À LA PANIQUE
En début de semaine, les mauvaises nouvelles sur la contagion du virus et la chute du prix du pétrole font souffler un vent de panique sur les marchés mondiaux. Au point de rappeler les pires heures de la crise financière de 2008. Les bourses asiatiques dévissent et, dans leur sillage, les bourses européennes et américaines. Le 9 mars, véritable lundi noir, Tokyo clôture en retrait 5,07 %, le CAC40 plonge de 8,39 %, sa pire séance depuis 2008, le DAX30 de 7,94 %, le MIB milanais de 11,17 %, le Dow Jones de 7 %... Le S&P500 a même vu ses échanges interrompus pour stopper la frénésie baissière. Le rebond du mardi aura été de courte durée, en fin de semaine, les différentes annonces de confinements et de protectionnisme ont refait plonger les bourses. Pour les analystes, la condition d'un retour au calme durable reste une stabilisation du nombre de cas de coronavirus et surtout, des mesures d'aides conséquentes de la part des autorités.
LES PERTES S’ACCUMULENT POUR LES ENTREPRISES (MAIS CERTAINES EN PROFITENT)
Au niveau micro-économique, le choc est plus rude et plus durable. Les entreprises, notamment les plus dépendantes aux importations chinoises (textile, électronique...), ainsi que les secteurs de l'événementiel et du tourisme, accusent le coup. De même que les commerces de proximité des zones touchées. Le secteur aérien pourrait perdre entre 63 et 113 milliards de dollars. Les grandes entreprises mondialisées font déjà état de pertes de plusieurs centaines de millions de dollars. En France, 3 500 entreprises (60 00 salariés), dont beaucoup de PME, ont demandé à recourir au chômage partiel. Certains secteurs tirent cependant bénéfice de la crise, en bénéficiant des moindres déplacements des habitants. Ainsi, Netflix, Amazon, l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard et consorts, regroupés dans un nouvel indice boursier baptisé "Stay at home" (Rester à la maison, ndr), font de bonnes affaires, tout comme les plateformes de télétravail ou téléconsultation.
LES AIDES BUDGÉTAIRES FLAMBENT
Face aux difficultés économiques, les autorités et institutions publiques mettent la main à la poche pour assurer l'urgence et tenter de maintenir l'économie. La Banque Mondiale prévoit jusqu'à 12 milliards de dollars pour soutenir les systèmes de santé et les économies des pays en développement affectés. La Chine a débloqué 43 milliards de dollars pour aider ses entreprises, le Japon quatre milliards de dollars, l'Angleterre 35 milliards d'euros et l'Italie 25 milliards d'euros. Aux États-Unis, la Fed va baisser ses taux d’intérêts (tout comme la banque d'Angleterre) pour faciliter l’accès au crédit des acteurs économiques, qui bénéficieront aussi d'une suspension de trois mois de taxe sur les salaires, soit plus de 300 milliards de dollars. En France, le gouvernement met lui aussi en place des mesures d’aide pour les entreprises. Enfin, l'Union européenne a annoncé un fonds d'investissement de 25 milliards d'euros (essentiellement des fonds existants). Mais si la Banque centrale européenne prévoit d'acheter 120 milliards d'euros de dettes supplémentaires d'ici la fin de l'année et un programme de prêts pour aider les PME, celle-ci laisse ses taux inchangés.
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