Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

«Vous ne voyez que des ordures. Nous, nous voyons un trésor. »

Je rentre tout juste de Dakar, où j’ai visité la tristement célèbre décharge de Mbeubeuss, dans la banlieue de la capitale, où toute une communauté de « récupérateurs » gagnent leur vie depuis 1968.J’y ai d’abord vu un énorme chaos d’amas de plastique dans des filets, de cannettes aplaties par des camions-bennes et de centaines de débris de métal. Mais, passée cette première impression, je me suis rendu compte que ce chaos est en réalité organisé et que l’on est peut-être face à l’ébauche d’une filière de recyclage.

Les choses ne sont pas toujours aussi informelles qu'elles le paraissent. Ainsi, dès qu'un camion arrive, les ramasseurs ne se contentent pas de faire les poubelles : en fonction de leur spécialité, ils récupèrent le plastique, les boîtes de conserve, le bois, le métal, les vêtements et même les déchets organiques vendus comme aliments aux élevages industriels de porcs. Une fois qu'ils ont fait le tri, il ne reste plus rien.

Le Sénégal est bien placé pour devenir un modèle de développement durable en Afrique de l'Ouest. Le PIB par habitant s'élève à 1 500 dollars, soit un montant bien supérieur à la moyenne régionale de 1 000 dollars. Le taux de pauvreté ressort à 38 %, alors qu’il atteint en moyenne 45 % dans la région. Et 82 % de la population a accès à l'eau et à l'assainissement, contre un taux régional de 62 %.

Cependant, la gestion des déchets reste un problème majeur. En 2014, sur les 2,4 millions de tonnes de déchets solides produits par le Sénégal, près de la moitié (1,1 tonne) n'a pas été collectée. Comme seule la moitié de la population bénéficie d'un service de ramassage des ordures, les déchets sont couramment déversés dans des décharges sauvages ou brûlés à l’air libre. La mauvaise gestion des déchets entraîne des risques pour la santé et constitue un défi environnemental qu'il faut relever.

Le 5 mars 2020,le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé un nouveau projet d’un montant de 125 millions de dollars dont l’objectif est précisément d’aider à résoudre le problème de la gestion des déchets municipaux au Sénégal et à protéger la santé et la sécurité des ramasseurs. Mbeubeuss, la principale décharge de Dakar et l'une des plus grandes d'Afrique de l'Ouest, sera au cœur de ce programme. Actuellement, les déchets collectés à Dakar y sont accumulés mais ne sont pas traités, et le site continue de s'étendre. Au fil du temps, la décharge de Mbeubeuss est devenue une source importante de pollution de l'air, du sol et de l'eau.

Créée en 1968 sur un lac en voie d'assèchement dans une zone inondable située près de la capitale, non loin de la mer, la décharge couvrait 14 hectares en 1978. À présent, 1 300 tonnes d’ordures sont déversées chaque jour par 230 camions sur 114 hectares. Environ 2 000 personnes y travaillent, réunies au sein de l'association Bokk Djom (« notre fierté commune »). Elles ramassent, lavent et vendent tout ce qu'elles peuvent trouver.

J’y ai rencontré monsieur Ndiaye qui gagne 3 000 francs CFA par jour (5 dollars) en lavant les déchets plastiques tandis que monsieur Gueye reçoit 250 francs CFA (0,40 dollar) par kilo de métal vendu. Ou encore monsieur Seck qui a 70 ans, s'enorgueillit de « vivre de la décharge » depuis 50 ans. Il emploie plus de 100 récupérateurs qui lui vendent les déchets, et lorsqu'on lui demande pourquoi il a choisi ce travail, il répond : « Vous ne voyez que des ordures. Nous, nous voyons un trésor ».

Au total, 571 femmes travaillent à Mbeubeuss, rivalisant avec des hommes plus jeunes et plus forts et gagnant souvent beaucoup moins qu'eux. Environ 200 enfants vivent et travaillent également ici. Certains sont nés sur le site, d'autres sont arrivés avec leur famille et d'autres encore ont fugué et cherchent refuge sur la décharge. Des vendeurs ambulants longent les tas de déchets et proposent des repas et des en-cas. Les vaches se promènent à la recherche de nourriture, car la vie continue autour du site.

Les 475 000 tonnes de déchets qui sont déversés chaque année sur la décharge nuisent à la santé des ramasseurs, mais aussi aux familles, aux agriculteurs et aux éleveurs qui vivent à proximité. De nombreux facteurs aggravent les risques sanitaires : la pollution atmosphérique due aux feux qui couvent sous la terre et à la combustion des déchets à l'air libre, la contamination des sols et des eaux souterraines, et la présence de polluants organiques persistants.

Ce sont des signaux clairs qui montrent que si ce travail de recyclage informel constitue un moyen de subsistance ou une solution temporaire, il est également indispensable de traiter et gérer une grande partie des déchets pour assurer une solution durable.

Le nouveau programme comprendra des mesures de développement social, entrepreneurial et d’acquisition des compétences pour ceux qui dépendent de la décharge pour vivre. Un accès sécurisé au site, la dissuasion du recours à l'incinération des déchets et la mise en place d'un programme de santé amélioreront les conditions des ramasseurs de déchets. Des services de garde d'enfants ciblés et l'inscription dans les écoles permettront d'éloigner les enfants de la décharge.

Il ciblera spécifiquement les villes côtières pour réduire les déversements de déchets dans l'océan, sachant qu'en 2012 ces villes ont généré 129 millions de mètres cubes de déchets non traités (a). Le ramassage des ordures devrait relancer le tourisme, moteur essentiel de l'économie sénégalaise.

L’urbanisation rapide du pays, avec un taux qui devrait passer de 48 % aujourd'hui à 62 % en 2025, pèsera sur la capacité des villes à gérer la collecte et le traitement des déchets. Selon le rapport What a Waste (a), la production de déchets devrait plus que tripler d’ici 2050. Nous collaborerons avec le Fonds mondiale pour l’environnement ainsi qu’avec les agences nationales de développement française et espagnole (es) afin d’apporter un soutien coordonné.

par Simeon Ehui

C’est un secteur d’avenir, mais où les accidents du travail sont parmi les plus fréquents et les plus graves. Dans une étude inédite, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) alerte sur les risques multiples auxquels les travailleurs du déchet sont exposés et qui restent parfois mal identifiés.

En France, le secteur de la collecte, du traitement et de l’élimination des déchets figure parmi les secteurs professionnels rapportant les accidents du travail les plus fréquents et les plus graves, alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) dans une étude (1). En 2016, le nombre moyen d’accidents du travail pour les activités du secteur atteignait 59 pour 1000 salariés alors qu’il est presque moitié moindre pour les salariés tous secteurs confondus (33,8 pour 1000).

Substances chimiques toxiques, moisissures, bactéries, bruit, vibrations, sources d’incendies ou explosions, interventions à proximité d'équipements mécaniques ou électriques, présence d’objets coupants et piquants, port de charges lourdes, gestes répétitifs, travail de nuit ou posté, violence, incivilités, ou manque de reconnaissance liée à une mauvaise image de leur métier : des risques multiples pèsent sur les travailleurs du secteur des déchets, note l’Anses.

Les filières BTP, bois et emballages ménagers parmi les plus à risque

Ces risques sont parfois mal identifiés. C’est le cas par exemple dans la filière "déchets du BTP", qui "représente, avec ses 247 millions de tonnes de déchets produits, le gisement le plus important de l'ensemble du secteur". La filière "bois" présente aussi des risques chimiques présumés élevés. Enfin, la filière "emballages ménagers", qui implique à elle seule 28 000 travailleurs et dont les activités vont (...) augmenter sous l'impulsion réglementaire de l'extension des consignes de tri, va faire l’objet d’une évaluation des risques.

L’Anses insiste pour qu’une réflexion soit également engagée sur les risques psychiques qui peuvent être conséquents, en raison du manque de considération pour les travailleurs des déchets et l'exposition des incivilités. L’Hexagone compte quelque 1300 entreprises de recyclage et le nombre d’emplois non délocalisables sur le territoire a, quant à lui, été estimé entre 26 000 et 126 000 ces dernières années.

Novethic

Avions cloués au sol, événements annulés, usines arrêtés: le coronavirus pèse sur l'économie mondiale, avec comme corollaire inattendu une chute des émissions de gaz à effet de serre en Chine et ailleurs. Mais cette bonne nouvelle pour l'environnement ne pourrait être que temporaire.

Le géant asiatique, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, a vu ses émissions s'effondrer d'au moins un quart entre le 3 février et le 1er mars comparé à 2019, selon une estimation de l'organisme Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA).

Les congés du Nouvel an lunaire, qui tombait le 25 janvier, marquent habituellement une baisse des émissions suivie d'un rebond. Mais cette année, dans un pays mis sous cloche, avec des usines au ralenti ou à l'arrêt, la consommation des centrales à charbon qui alimentent les industries peine à repartir.

La situation fait tâche d'huile dans d'autres régions du monde. L'aviation, qui représente environ 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) et dont le trafic est en plein essor, connaît une baisse de trafic marquée. A tel point que le secteur parle d'une situation "presque sans précédent" depuis la crise financière de 2008-2009.

 

Une bonne nouvelle pour la planète, à l'heure où les pays peinent à réduire leurs émissions de CO2 ? L'urgence climatique exige pourtant une baisse drastique - de 45% d'ici 2030 par rapport à 2010 selon les experts de l'Onu, le Giec - pour limiter les effets dévasteurs qui menacent des millions de vies humaines et des écosystèmes.

Retour de bâton?

Pour le chercheur Joeri Rogelj, qui contribue aux travaux du Giec, il ne faut pas crier victoire trop vite. "Les réductions d'émissions liées au coronavirus ne sont pas structurelles. Elles vont disparaître dès que le transport de biens et de personnes sera rétabli après l'épidémie", prévoit-il.

La Banque centrale américaine (Fed) a déjà réduit ses taux en urgence pour stimuler l'économie, une première depuis la crise de 2008. Les pays du G7, les économies les plus riches du monde, sont prêts à prendre des mesures budgétaires. Pékin a un vaste plan de soutien pour les petites et moyennes entreprises, avec des facilités de crédit.

 

En 2008/09, la crise financière avait été suivie d'"un fort rebond (des émissions de CO2) à cause des mesures de relance des gouvernements", rappelle Glen Peters, climatologue au centre de recherche Cicero, sur Twitter.

"Il n'y a pas la place en 2020 pour de telles +mesures+ qui appartiennent aux années 1990", critique Li Shuo, porte-parole de Greenpeace Chine, à l'AFP.

Le danger est que la crise sanitaire détourne "l'attention du changement climatique et d'autres problèmes à long-terme", alors que l'urgence climatique "nécessite une attention sur plusieurs décennies", estime Michael Oppenheimer, de l'université de Princeton.

Repenser le système

"La seule solution est d'obtenir un engagement ferme à agir" de la part de pays clés, estime-t-il. La dernière conférence de l'ONU pour le climat, la COP25, qui s'est tenue à Madrid en décembre, n'est pas allée dans ce sens. Reste à voir à quelle point la nouvelle épidémie va gêner les préparatifs de la COP26 à Glasgow en novembre.

 

Elle a déjà un impact sur la conférence de l'ONU pour la biodiversité prévue en octobre en Chine, la COP15. Des négociations préparatoires ont dû être déplacées en février à Rome et la Chine "a été empêchée par cette crise de jouer un rôle de présidence active", constate Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).

Pour Amy Myers Jaffe, du groupe de réflexion américain Council on Foreign Relations, il y aura des enseignements positifs à tirer de cette crise sur le long terme, en particulier concernant les "changements d'habitude" et les réductions d'émissions de CO2 qu'elles peuvent entraîner.

"80% des biens sont transportés dans le monde par bâteau (...) Si les chaînes de production sont réduites après le coronavirus, certains avantages en terme de réduction d'émissions pourraient rester", estime-t-elle.

 

Cette crise est aussi l'occasion pour les entreprises de multiplier le télétravail et les téléconférences. Ceci permettra peut-être de "faire sauter le verrou culturel" qui empêche des employés de recourir à ces technologies, ajoute Amy Myers Jaffe.

"L'épidémie du coronavirus est en partie due au fait que nous avons perdu un équilibre sain entre l'humain et la nature", constate Li Shuo. Cette maladie, comme le Sras et le Mers avant, serait née dans le monde animal avant de passer aux humains. Pour le porte-parole de Greenpeace, il ne faudrait pas rater cette opportunité de rétablir cet équilibre. "Nous sommes, après tout, déjà dans l'urgence climatique."

Sous le dôme d'une maison nubienne du village de Gharb Soheil, à 900 km au sud du Caire, Mamdouh Hassan cajole un bébé crocodile sous les yeux ébahis des touristes de passage.

Dans cette petite localité plantée sur les rives du Nil, il n'est pas rare que les habitants élèvent des crocodiles chez eux, à l'instar de M. Hassan, âgé de 45 ans.

Chez les Nubiens, l'élevage des reptiles du fleuve égyptien est une tradition ancienne: les hommes les apprivoisent et aiment à les exhiber aux curieux "en signe de force", assure Abdel Hakim Abdo, un habitant du village âgé de 37 ans.

Principale minorité ethnique d'Egypte, les Nubiens ont leurs racines dans le sud du pays et le nord du Soudan actuels.

Mais aujourd'hui, leurs terres ancestrales sont en grande partie submergées par les eaux du lac Nasser, issu de la construction du Haut barrage d'Assouan (sud), inauguré en 1971.

Avec près de 90% de leurs terres inondées, un grand nombre de Nubiens ont dû quitter les rives fertiles du Nil pour les campagnes arides du Sud, les grandes villes d'Egypte ou du Golfe.

 

Les anges du Nil

Pour la civilisation nubienne, qui remonte à près de 7.000 ans, le fleuve sacré représentait la vie.

Jusqu'au début du 20e siècle, plusieurs rites sociaux nubiens --dont le mariage-- s'articulaient autour du Nil.

"Le Nil fait partie de l'identité des Nubiens (...) Toutes les créatures qui y vivent sont considérées comme des anges", assure M. Abdo, assis au bord du fleuve millénaire.

Héritier de cette tradition, Gharb Soheil la fait perdurer à travers l'élevage de crocodiles et vit des revenus du tourisme que cette pratique a générés.

A l'entrée de certaines maisons blanches et bleues bordant les ruelles étroites du village, trônent des crocodiles empaillés, indiquant que ces foyers accueillent des alligators.

"Je vous présente Francesca (...) Je l'élève depuis sa naissance" dit M. Hassan, désignant un reptile d'environ 1,50 m de long, qui se prélasse dans un bassin à ses pieds.

 

Bien que M. Hassan vende également des objets d'artisanat nubien, les touristes qui lui rendent visite n'ont d'yeux que pour Francesca, qui doit son nom à des visiteurs italiens.

Qu'ils soient Egyptiens ou étrangers, les curieux ne cessent d'affluer pour observer de près les bêtes apprivoisées et se photographier à leurs côtés.

Et si les plus âgés de ces prédateurs peuvent dépasser les sept mètres de long, M. Hassan se veut rassurant. "Ils grandissent à nos côtés. Nous les nourrissons et prenons soin d'eux. Naturellement, avec le temps, ils perdent leur férocité."

"Je suis venu passer les vacances scolaires ici pour que les enfants puissent voir de vrais crocodiles", affirme Hani, un père de famille égyptien âgé de 35 ans.

Pour se procurer ces animaux emblématiques, les éleveurs suivent les femelles au sud du barrage d'Assouan et procèdent à la collecte de leurs oeufs, raconte M. Hassan, qui a appris le métier avec son père, il y a plus de 20 ans.

 

A l'époque, ce dernier était l'un des premiers du village à se lancer dans l'élevage de crocodiles à des fins touristiques, affirme son fils.

"Lui, c'est Franco"

En Egypte, les Nubiens n'ont pas le monopole de l'amour de ces reptiles. Au temps des pharaons, le crocodile était érigé au rang de divinité: Sobek, dieu reptile, protégeait les humains des crues et autres dangers du Nil.

Le temple de Sobek, situé à Kom Ombo, à 40 km au nord d'Assouan, abrite toute sorte de représentations de reptiles, des gravures et plusieurs spécimens d'animaux empaillés.

L'empaillage perdure jusqu'à aujourd'hui en Egypte. Une pratique dont s'enorgueillissent les habitants de Gharb Soheil, qui empaillent certains des crocodiles domestiqués après leur mort.

D'après M. Hassan, l'opération prend entre deux jours et un mois selon la taille et l'âge de l'animal.

"Lui c'est Franco, il est mort il y a un mois", dit-il, portant à bout de bras l'animal empaillé.

 

Les reptiles sont d'abord vidés de leurs entrailles, puis leur enveloppe est fourrée de paille ou de sciure de bois, avant de les figer dans la position choisie par leur propriétaire.

"Même si nous savons que leur cuir vaut son pesant d'or, nous ne souhaitons pas vendre la peau de nos crocodiles", souligne M. Hassan. "Nous en sommes fiers."

C’est un secteur de plus en plus critiqué sur sa responsabilité dans le changement climatique. Attaquée pour la surconsommation, la promotion de produits polluants comme les SUV et son empreinte carbone via ses supports numériques, la publicité doit être mieux encadrée. C’est ce que proposent certains parlementaires.

Avalanche de publicité pour des prix cassés lors du Black Friday, spots vantant les mérites de véhicules polluants diffusés avant des documentaires sur le climat, greenwhashing… La publicité ne fait plus rêver. Pire, elle agace. À l’heure de l’urgence climatique, des citoyens et parlementaires ont décidé de mettre en lumière les "incohérences et les dérives" d’un secteur qu’ils jugent désormais "clé" dans la lutte contre le changement climatique.

Lors du lancement de la Convention citoyenne sur le climat, la publicité s’est rapidement invitée dans les débats, poussée par une personnalité de poids : la paléoclimatologue et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Valérie Masson-Delmotte. "Je savais que les experts parleraient de la fiscalité, du logement ou de l’alimentation mais, à la suite de réflexions personnelles sur le rôle de la publicité dans nos comportements et sur les injonctions contradictoires auxquelles nous sommes soumis sur le climat, j’ai tenu à suggérer cette piste. D’autant que le GIEC abordera pour la première fois les aspects sociaux et la consommation soutenable dans son prochain rapport", explique-t-elle.

Vers une loi encadrant davantage la publicité ?  

Cette piste est déjà suivie par plusieurs parlementaires comme Delphine Batho (Deux Sèvres, EELV), François Ruffin (Somme, FI) et Matthieu Orphelin (Maine et Loire, non rattaché). Plusieurs lois, comme celles sur la Mobilité, l’Économie circulaire et bientôt celle sur l’Audiovisuel public, ont ainsi reçu plusieurs amendements destinés à interdire les publicités sur les SUV ou à permettre aux maires de bannir les écrans publicitaires numériques. Peu d’entre eux ont été adoptés mais cela "permet de faire bouger les lignes", estime Matthieu Orphelin.  

Quelques mesures se sont glissées dans ces lois comme l’obligation d’afficher une mention préconisant la mobilité douce sur les publicités des véhicules les plus polluants, l’interdiction de la publicité agressive en dehors des soldes, l’obsolescence marketing ou les prospectus emballés. "Ce n’est pas mauvais… mais cela n’a que peu d’impact", assure Matthieu Orphelin. Le député travaille donc sur une proposition de loi plus générale de "régulation de la publicité pour accélérer la transition écologique". Celle-ci vise à interdire la publicité pour certains produits nocifs pour l’environnement ou incitant à la surconsommation, à réformer le système d’autorégulation, mais aussi à favoriser une contribution de la publicité à la transition écologique via un "fonds d’encouragement à la publicité responsable" ou une meilleure information sur l’impact écologique des produits. Un rapport commandé par le ministère de la Transition écologique doit également être remis fin mars avec des recommandations d’évolution de la profession.

Mettre la publicité au profit de la transition écologique

Des propositions qui font bondir la profession, qui s’estime déjà extrêmement encadrée et proactive en matière d’autorégulation via des instances regroupant professionnels, experts et ONG comme l’ARPP, l’autorité de régulation professionnelle de la publicité, le Jury de déontologie publicitaire ou encore le Conseil paritaire de la publicité. "En tant que communicants, nous avons une responsabilité dans les représentations que l’on véhicule", convient Gildas Bonnel, patron de l’agence Sidèse, administrateur de l’ARPP et président de la commission développement durable de l’AACC (Association des agences conseils en communication). "Mais attention à ne pas faire de nous des boucs émissaires ! Oui le système de production doit changer mais peut-être vaudrait-il mieux aller voir directement les constructeurs automobiles que de mettre à mal l’intermédiaire et son écosystème".

Tous s’accordent toutefois sur un point, la communication peut aussi être mise au profit de la transition écologique. Certaines agences et régies, distinguées par le label sectoriel RSE Agences actives, y travaillent. L’Ademe et le ministère de la Transition écologique viennent également de publier un "guide de la communication responsable" pour accompagner la profession qui doit engager "un changement systémique incontournable face aux enjeux de la transition écologique".

NOVETHIC

Une neige couleur rouge sang. Voilà ce que l'écologue ukrainien Andriy Zotov a photographié en Antarctique. Si les photos peuvent laisser penser à un bain de sang, la couleur est en fait provoquée par une algue qui prolifère à cause des températures plus chaudes dans la zone. Une conséquence directe du réchauffement climatique qui ne devrait pas s'arranger : la neige rouge réfléchit moins la lumière et fond encore plus vite.

C’est une image effrayante. L'écologue ukrainien Andriy Zotov a publié sur Facebook des photos de glace en Antarctique d’une couleur rouge. Des images dont on imagine qu’elles ont été capturées après un bain de sang, un massacre d’une espèce menacée. Ce rouge sang provient en fait d’une algue des neiges appelée Chlamydomonas nivalis. Et sa présence en cette période de l’année n’est pas une bonne nouvelle. 

Habituellement, ces algues germent entre octobre et février, lorsque les températures sont clémentes. Or, l’Antarctique bat des records de chaleur en ce moment. Le 6 février dernier, le thermomètre a ainsi enregistré une température de 18,4 °C dans la zone. Le dernier record datait de 2015 et affichait une température de 17,5 °C.

Jusqu’à 13 % de la glace en moins

"Avec la chaleur, ces algues prolifèrent car elles se nourrissent de l’eau liquide issue de la fonte. Elles prennent alors une couleur rouge "qui protège les algues des rayonnements ultraviolets", explique le ministère de l’Éducation et des Sciences ukrainien sur sa page Facebook. Problème : ces algues sont à la fois la cause et la conséquence du réchauffement climatique. "En raison de cette couleur rouge pourpre, la neige réfléchit moins le soleil et fond plus vite", précise le ministère.

Preuve en est, une étude publiée dans la revue Nature Communications et citée par le média Slate, établissait en 2016 que la prolifération des ces algues contribuait à faire fondre jusqu’à 13 % de la glace au cours d’une saison. 

97 ans, la démarche alerte, le commerce facile et le sens de l’écoute. C’est la description qui caractérise Fatou Mané, la Reine du village de Sipo, logé au cœur de la mangrove du Bamboung de Toubacouta.

C’était il y a au moins soixante-dix (70) ans, Fatou Mané accompagne un groupe de touristes français pour une randonnée et visite guidée. En cours de route, une touriste en état de grossesse très avancée commence à voir les signes d’un accouchement. Affolés, ses proches ne savaient que faire. Fatou Mané qui n’avait pas froid aux yeux pour avoir été « kidnappée » par des Djinns durant quatorze (14) ans se propose de ramener la femme enceinte au village pour l’assister. Le mari de la française ainsi que le reste du groupe étaient sceptiques et lui demandent si elle est sage-femme ou non. Pour toute réponse, elle leur dit qu’ils n’ont pas le choix et qu’elle sent qu’elle peut l’assister.

Après des heures de travail, elle finit par accoucher d’un garçon dans les toilettes. L’enfant sera baptisé Roi. En reconnaissance à cet acte de bravoure Fatou Mané sera marraine du bébé et déclarée Reine de Sipo.

Th. GUEYE

 

Dans la région de Pipli Pahar (Est), le fracas d'ustensiles en métal vient briser la sérénité des champs de blé. A l'origine du tintamarre, des paysans tentent d'effrayer des criquets pèlerins, dont c'est la pire invasion au Pakistan depuis près de 30 ans.

Chaque jour, au lever du soleil, des nuages de pesticides obscurcissent l'air. Les villageois ramassent alors des pelletées d'insectes morts, qu'ils remettent à des fonctionnaires contre une récompense de 20 roupies pakistanaises (12 centimes d'euros) par kilo.

"Je n'avais pas vu une telle invasion de toute ma carrière", s'effraie Shehbaz Akhtar, un fonctionnaire chargé de l'éradication des criquets dans la province du Pendjab, le grenier à céréales du Pakistan.

Le Pakistan connaît sa pire attaque de criquets pèlerins depuis 27 ans, ont déclaré des responsables fédéraux et locaux à l'AFP.

D'après l'ONU, fortes pluies et cyclones ont déclenché une multiplication "sans précédent" des populations de criquets l'an passé dans la péninsule arabique.

Les essaims ont ensuite quitté le désert du Baloutchistan (Sud-Ouest), près de la frontière iranienne, où ils se reproduisent habituellement, pour s'abattre sur le Pendjab et le Sindh (Sud).

Les criquets pèlerins avaient déjà fait de lourds dégâts dans le nord-ouest de Inde, voisin du Pakistan, ces derniers mois. Une année de conditions climatiques extrêmes les ont également vu dévaster une dizaine de pays d'Afrique de l'Est cette année.

Au Pakistan, aucune donnée officielle ne permet de savoir combien de terres ont été touchées ni combien ils menacent la sécurité alimentaire ou même l'économie du pays, dont l'agriculture pèse 20% du PIB.

 

- 'Vaincre' les criquets -

Les autorités, qui affirment procéder à des enquêtes locales dont beaucoup sont encore en cours, ont déclaré une urgence nationale. Une "opération de combat" a été lancée pour "vaincre" les criquets, affirme Shehbaz Akhtar.

"Nous pulvérisons deux fois par jour ici", acquiesce Fayyaz Azeem, juché sur un tracteur, un masque sur le visage et les mains gantées, pour épandre des pesticides, une fois à l'aube et une autre fois le soir.

Mais la méthode est lente, face à des essaims pouvant parcourir 150 km quotidiennement. Souvent, lorsque les criquets sont tués dans un champ, ils ont déjà détruit le suivant. Les produits chimiques sont en outre si forts qu'ils rendent les céréales inconsommables ensuite.

L'ami et voisin chinois a proposé son aide face au fléau, envoyant des équipes d'experts pour évaluer la crise, se réjouit Muhammad Hashim Popalzai, secrétaire au ministère de la sécurité alimentaire, interrogé par l'AFP.

 

Sur la base de leur recommandations, Pékin pourrait proposer la pulvérisation aérienne - une méthode beaucoup plus rapide et efficace. Le Pakistan pourrait également importer des pesticides de Chine.

- Vigilance -

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), s'implique également, selon M. Popalzai, permettant la tenue de réunions entre Inde et Pakistan, deux puissances nucléaires aux relations exécrables, pour empêcher les essaims de se propager.

Mais pour beaucoup, le mal est déjà fait. Une catastrophe quand "nos moyens de subsistance dépendent des récoltes", déplore Muhammad Ismaeel Wattoo, un autre agriculteur touché par le fléau à Pipli Pahar.

Dans la province du Sindh, les responsables craignent l'impact des criquets sur la production de coton, qui atteint son maximum pendant l'été. D'après la Chambre d'agriculture du Sindh, environ 40% de toutes les cultures ont été détruites "à Karachi et dans les environs".

Zafar Hayyat, le président du Bureau des agriculteurs du Pakistan, impute la faute aux autorités. La dernière invasion de cette ampleur date d'il y a si longtemps que "le gouvernement n'était plus vigilant", regrette-t-il.

Les autorités doivent en outre rester sur le qui-vive car "après la saison de reproduction, il y a un risque que les essaims reviennent en juin", avertit-il.

Mais pour certains à Pipli Pahar, les efforts déjà déployés ont été trop faibles, ou trop tardifs. Assise au coin d'un champ de blé avec sa vache, Rafiya Bibi observe les nuages de pesticides qui l'entourent.

Les criquets ont déjà détruit ses cultures de colza, de tournesol, de piments et de tabac, qu'elle avait payées avec un prêt de 45.000 roupies (260 euros) du gouvernement, une fortune en milieu rural.

Sans récolte, elle craint de ne pas pouvoir rembourser son prêt. Et soupire: "tout ce qu'il me reste, c'est pleurer."

© 2020 AFP

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