Du 05 au 06 mars 2020 à Yaoundé (capitale du Cameroun), dans le cadre de la célébration de la Journée du Commonwealth (du 02 au 09 mars), le ministère des Relations extérieures (Minrex) a organisé une grande foire d’exposition, sur le thème : «Delivering a common future : connecting, innovating, transforming».
À cette occasion, l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) qui représentait le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MINRESI) a mis en vitrine ses nombreuses prouesses en matière ce recherche agricole et agroalimentaire qui lui ont valu des distinctions et prix aux plans national et international.
En effet, la structure que dirige le Dr. Noé Woïn a déroulé les solutions innovantes apportées aux défis du développement durable.
Il s’agit des packages technologiques issus des résultats de recherche des différentes Coordinations scientifiques que compte l’Institut bras séculier de l’État en termes de développement agricole :
- des semences de seconde génération de maïs, haricots, blé,… de la Coordination des cultures annuelles ;
- des arbres fruitiers (manguiers, corossoliers, citronniers, etc.) de la Coordination des cultures pérennes ;
- le Laboratoire d’analyse de sols, plantes, eaux et engrais (LASPEE) ISO 17025, doté d’une capacité de 40 000 déterminations par an, de la Coordination de forêts, sol et environnement ; et
- le Laboratoire de technologie agro-alimentaire de la Coordination des systèmes de production, économie et sociologie rurale.
Des résultats innovants qui visiblement ont permis aux participants de connaître le MINRESI, à travers l’IRAD et leurs rôles respectifs dans la recherche des solutions aux défis de l’agriculture au Cameroun et dans la sous-région Afrique centrale.
Pour édifier les nombreux visiteurs sur la qualité avérée des produits de l’IRAD, une séance de dégustation et de distribution des biscuits faits à base de riz et du café 100% Arabica bio à l’arôme irrésistible.
En rappel, le Commonwealth ou Commonwealth of Nations (littéralement, la Communauté des Nations) est une organisation intergouvernementale composée de 54 États membres qui sont presque tous d'anciens territoires de l'Empire britannique. Le Cameroun fait partie du Club des gentlmen depuis 1995.
Médiaterre
Le 11 mars 2011, le Japon est frappé par un séisme et un tsunami dévastateurs. La centrale de Fukushima Daiichi, où sont exploités six réacteurs nucléaires, est confrontée à une situation d'urgence absolue. Sur place, les équipes dirigées par Masao Yoshida mènent une lutte acharnée. Au fil des jours, les opérateurs parviennent à reprendre la main sur les installations en injectant de l'eau dans les cuves des réacteurs.
Or pour maintenir les réacteurs à basse température, cette injection d'eau doit être assurée en continu. Masao Yoshida prend vite conscience que le liquide, devenu radioactif, va finir par déborder, ou s'écouler par certaines fissures. Ses craintes deviennent très rapidement réalité : le 24 mars 2011, de l'eau fortement contaminée est détectée dans le bâtiment du réacteur 1.
Le 27 mars 2011, lors d’une réunion organisée au siège de l'exploitant Tepco, Yoshida expose sans détour la situation : le traitement des eaux est primordial pour stabiliser l'état des réacteurs. Il propose de rejeter à la mer l'eau faiblement contaminée stockée dans le centre de traitement des déchets afin d’y recevoir de l'eau fortement contaminée.
Il y a aussi le problème de l'inondation des sous-sols des bâtiments hébergeant les réacteurs 5 et 6. Pour Yoshida, la solution passe également par l’évacuation de l'eau et son rejet dans la mer. Il demande alors aux représentants de Tepco, du gouvernement et de l'Agence de sûreté industrielle et nucléaire (NISA) de se prononcer au plus vite sur ces rejets.
Du côté des officiels, tout rejet en mer est inenvisageable, la radioactivité de l'eau dépassant le niveau autorisé pour une telle opération. Yoshida se plie à l'injonction, condamné à laisser les eaux souterraines monter, les infiltrations dans les bâtiments s'intensifier et les eaux stagnantes augmenter. Une telle situation menace les réseaux électriques et les moyens de refroidissement, pouvant entraîner, dans le pire des scénarios, la fusion du cœur des réacteurs. Le directeur de la centrale se projette : en cas d'extrême urgence, si rien n'est décidé, il se tient prêt à désobéir et rejeter ces eaux dans l'océan.
Le 2 avril 2011, une fuite d'eau hautement contaminée est découverte dans le réacteur 2. Une cellule de crise se réunit au matin du 4 avril. Les membres ordonnent à Yoshida de colmater la fuite coûte que coûte, sans proposer la moindre solution pour traiter et stocker l'eau. Yoshida explose, comme en témoigne son récit des événements rapporté dans L'accident de Fukushima Daiichi :
« Quand j'ai posé la question au siège, ils m'ont répondu que cela avait été calculé en fonction de l'impact environnemental, qu'ils avaient déjà communiqué ce chiffre à la NISA et qu'il était trop tard pour revenir dessus. »
Yoshida aurait voulu qu'on l'autorise à évacuer l'eau des tunnels de manière continue. La décision, qui l'étonne par sa rapidité, apporte malgré tout un grand soulagement. Elle va lui permettre de continuer l'injection d'eau dans les installations, en attendant l'arrivée des premiers réservoirs de stockage.
Dans les années qui suivent la catastrophe, les travaux s'enchaînent et les réservoirs d'eau contaminée s'accumulent sur le site. En réponse au manque d'espace, plusieurs options sont envisagées : le stockage durable, l'évaporation, le rejet en mer de l'eau après traitement.
Dès 2014, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) préconise cette dernière solution. En 2016, une commission d'experts mandatée par le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie japonais (METI) s'aligne sur cet avis. Mais le projet suscite trop d'inquiétude au sein de l'opinion publique et le gouvernement décide de ne pas l'autoriser.
La situation évolue sensiblement le 9 août 2019 : Tepco déclare que la limite de stockage de l'eau contaminée sera atteinte à l'été 2022. Une nouvelle commission est alors chargée d'examiner la possibilité du rejet en mer. Si l'Autorité de régulation nucléaire japonaise y est favorable, à l'instar du directeur général adjoint de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Greenpeace se prononce en faveur du stockage à long terme.
Au vu des enjeux, des polémiques et des incertitudes – en particulier en termes de pollution marine –, le gouvernement décide une nouvelle fois d’attendre.
Nouveau rebondissement le 10 septembre 2019 : Yoshiaki Harada, ministre de l'Environnement, annonce aux journalistes que la seule solution au problème de l'eau contaminée consiste à la déverser en mer.
Cette prise de position provoque un tollé, tout particulièrement chez les pêcheurs de la préfecture de Fukushima qui craignent pour leur activité. Le porte-parole du gouvernement tente de limiter les dégâts, réprimandant le ministre pour des propos qualifiés de « personnels ». Désavoué, Harada quitte ses fonctions dès le lendemain. Il est remplacé par le très populaire Shinjiro Koizumi qui se rend à Fukushima le 12 septembre 2019.
Le nouveau ministre condamne l'irresponsabilité de son prédécesseur et déclare vouloir faire sortir le Japon du nucléaire. Il cherche à rassurer l’opinion publique mais aussi les pays voisins de l'archipel, comme la Corée du Sud, inquiète pour l'avenir de ses pêcheurs et la santé de ses athlètes, qui doivent rejoindre en juillet 2020 le Japon pour les Jeux olympiques d’été.
Le 19 décembre 2019, les organisateurs des JO ont dévoilé que le relais de la flamme olympique débutera le 26 mars prochain au J-Village, un complexe d'entraînement de footballeurs situé dans la préfecture de Fukushima et utilisé comme base opérationnelle durant la crise nucléaire.
Une mise en scène soigneusement étudiée pour exposer au monde la renaissance de la région après la double catastrophe, naturelle et technologique, de 2011. Mais l'eau contaminée de Fukushima vient jouer les trouble-fêtes et le dossier est à nouveau évoqué dans les médias le 24 décembre. Selon un fonctionnaire d'État, « l'option d'un simple stockage à long terme n'est plus envisagée ». Les jeux sont-ils faits ? Pas encore, le gouvernement ayant tout intérêt à attendre la fin des JO pour se prononcer.
Aujourd'hui, la capacité de stockage de l'eau est sur le point d'atteindre sa limite et l'urgence se fait à nouveau sentir ; le gestionnaire se retrouve confronté à l'indécision du décideur. Est-ce un retour à la case départ ? Pas tout à fait, car la situation a évolué.
Premièrement, il ne s'agit plus de 1500 tonnes, mais bien d'un million de tonnes d'eau à déverser dans l'océan. Or, pour certains experts, cette eau est trop contaminée et son rejet inacceptable.
Au Japon, le projet divise et reste très discuté. Selon un sondage réalisé fin février 2020 par le quotidien Asahi Shimbun, il est approuvé seulement par 31% des Japonais (57% s'y opposent).
À l'échelle de la préfecture de Fukushima, l'ancien gouverneur Yuhei Sato considère que le rejet en mer serait une grave erreur et qu'il ruinerait tous les efforts effectués pour dissiper l'image négative du public sur les produits agricoles locaux, la pêche et le tourisme.
D'autres voix se font toutefois entendre. Goshi Hosono, conseiller spécial du Premier ministre à l'époque de la catastrophe et actuellement député à la chambre des représentants, se déclare favorable au rejet en mer. S'appuyant sur l'avis du groupe d'experts du METI, il estime que ce plan aurait une faible incidence environnementale et sanitaire.
Hosono a été un interlocuteur privilégié de Yoshida en mars 2011. Au plus fort de la crise, il a témoigné son empathie envers des équipes de la centrale dénigrées par les autres acteurs institutionnels. Figure respectée, sa récente intervention est un coup dur pour les opposants au rejet en mer.
De son côté, l'AIEA a enfoncé un peu plus le clou. Son directeur a rappelé, au cours d'une visite du site le 26 février, que l'option répond aux normes internationales et qu'elle relève d'un moyen courant de libérer l'eau dans les centrales du monde entier.
Le système d'acteurs a également changé depuis 2011. À l'époque, il se composait de l'exploitant, du gouvernement, de l'autorité de sûreté et, dans une certaine mesure, de l'opinion publique japonaise. Entre temps, un nouvel acteur est apparu : la communauté internationale, qui considère avec inquiétude la possibilité d'un rejet en mer et son impact délétère sur le vivant. Le débat désormais est planétaire. En plus de questionner le droit de contaminer le milieu marin, le projet met en jeu l'image du Japon, complexifiant d'autant la prise de décision.
Aucune solution n'est actuellement satisfaisante. Même si l'exploitant parvient à augmenter sa capacité de stockage, il n'est pas à l'abri d'une fissure et d'une fuite de cuve. Sans parler du combustible fondu des réacteurs 1, 2 et 3, matière hautement radioactive dont l'extraction soulève un immense défi technique.
Neuf ans plus tard, l'accident de Fukushima n'est toujours pas terminé.
Aurélien Portelli :Chargé de recherche en histoire des risques industriels,
Centre de recherche sur les Risques et les Crises, Mines ParisTech
Franck Guarnieri: Directeur du Centre de recherche sur les risques et les crises, Mines ParisTech
Ces dernières années, dans le souci de contribuer à un développement durable et autonome des pays du Sud, les organisations humanitaires ont manifesté une attention croissante envers le secteur privé, notamment dans le secteur de la transformation agroalimentaire.
L’intérêt des acteurs de l’aide internationale pour le domaine économique n’est pas complètement inédit. Dans les années 1980-1990, face à l’échec de l’ouverture libérale et à l’énormité de ses coûts sociaux, la « lutte contre la pauvreté » devient un objectif consensuel pour les acteurs de la coopération internationale. La priorité reconnue aux besoins financiers des populations les plus pauvres favorisera l’essor de la microfinance et d’autres activités liées à l’idée du « pauvre entrepreneur ». Dans ce contexte, les programmes de développement évoluent en une sorte d’« économicisation du besoin » et de « financiarisation de l’aide ». En supposant qu’il est possible de combattre la pauvreté à travers des activités productrices de revenus monétaires, ces projets convergent autour de l’idée qu’il suffirait de doter les pauvres « en capital » pour assurer leur développement. Dans ce cadre, les activités génératrices de revenus (AGR) font leur apparition ; elles seront destinées à toucher de manière transversale tous les domaines de l’aide.
L’enquête ethnographique que nous avons conduite entre septembre 2017 et juin 2018 autour de la transformation agroalimentaire dans la ville de Ouagadougou, avec le soutien de la Fondation de la Croix-Rouge française, montre certaines limites de ce modèle.
L’étude a révélé que les stratégies destinées à valoriser ces activités traditionnelles finissent pour cristalliser le secteur informel en un véritable système économique parallèle : l’économie de la survie. L’économie de la survie se différencie du secteur informel et de toutes les autres formes spontanées d’art de la débrouille, puisqu’elle se structure et se développe dans un environnement socioculturel bien précis qui est celui de l’aide internationale.
Les foires alimentaires sont devenues des événements assez fréquents dans la ville de Ouagadougou. Organisées par des ONG ou par les acteurs publics, elles sont destinées à exposer et à promouvoir la consommation des produits agroalimentaires de la tradition ouagalaise. Il s’agit, pour la plupart, de produits d’une variété assez limitée, transformés avec des techniques artisanales par des groupements de femmes sélectionnées dans le cadre d’un projet d’une ONG ou d’une association, selon des critères ethniques, géographiques et sexuels (« les femmes peuls », « les femmes de Koudougou », etc.).
Pour notre enquête, 19 de ces entreprises ont été étudiées, dont 9 artisanales et 10 semi-industrielles. Les méthodes mobilisées ont été celles classiques de l’anthropologie : entretiens de type qualitatif et observation en situation.
Cependant, pour l’étude des activités de production, c’est la méthode des itinéraires qui a été privilégiée. Cette méthode de type ethnographique et microsocial a permis de retracer les itinéraires de vie de ces unités de production et d’observer les activités dans le détail, de répertorier les obstacles et les facilités et de saisir toutes sortes de contraintes matérielles, sociales et symboliques.
L’histoire de Madame T. est assez emblématique des enjeux et des limites des programmes d’aide voués à la promotion de ces microactivités, souvent qualifiées de microentreprises. Madame T. est très connue dans le milieu de la transformation agroalimentaire ouagalaise. C’est une femme forte et énergétique qui a dépassé la cinquantaine depuis déjà quelques années.
L’âge et le sexe des promotrices de ces microactivités ne sont pas des éléments anodins. Dans la plupart de ces programmes d’aide internationale, la transformation agroalimentaire est devenue un secteur « genré », réservé aux femmes, dans le prolongement d’une tradition sexuelle du travail qui veut que les hommes soient producteurs et les femmes transformatrices. En tant que détentrices d’un savoir-faire traditionnel, les femmes les plus âgées, comme Madame T., sont devenues les cibles principales de ces projets qui, en voulant respecter la tradition, finissent par la reproduire.
Ces mini-unités de transformation artisanale se caractérisent aussi par le fait que le lieu de production coïncide avec la cour familiale, avec tous les problèmes d’espace et d’hygiène que cela implique. Le rythme de production est discontinu, ce qui détermine une forte variabilité dans le nombre d’employées. En ce qui concerne les recettes gagnées avec l’unité, elles ne sont pas employées en tant que « capital » pour des investissements dans l’activité, mais en tant que revenus pour satisfaire les besoins fondamentaux de la famille : scolarité des enfants, soins de santé, vêtements, cérémonies et, assez souvent, émigration d’un ou plusieurs membres de la famille.
Ainsi, les techniques de travail de transformation demeurent rudimentaires. La plupart des tâches sont exécutées à la main ou avec du petit matériel que l’on retrouve dans la plupart des foyers de Ouagadougou : bassins en plastique, casseroles, pilons en bois…
Les conséquences les plus importantes de ce faible niveau technologique et de la rusticité du savoir-faire employé sont, d’un côté, l’absence d’innovation et, de l’autre, la multiplication exponentielle de ces activités qui se reproduisent suivant une sorte de mitose cellulaire. Cette segmentation de l’offre entraîne une segmentation de la demande : les marchés sont envahis par des produits homogènes.
Néanmoins, cette situation est aussi le résultat d’un modèle d’aide spécifique et de l’idée implicite de solidarité qu’il véhicule. Les entretiens ont permis de révéler que, dans le cadre de ces projets, les femmes sont encouragées à partager entre elles leur savoir-faire et leur marché. Comme déclare un agent d’une ONG qui appuie ce genre de projet, l’objectif serait de garder ces mini-unités « au même niveau » ; mais, en réalité, ces unités restent immobilisées à un stade proto-industriel où il n’y a ni progression ni régression. Cette observation est confirmée par le fait que, parmi les mini-activités de l’échantillon analysé, aucun passage d’échelle à des niveaux semi-industriels n’a été constaté.
Une autre conséquence, non moins importante, est la totale déconnexion entre les prix des produits et leur coût de production. Les produits arrivent sur le marché avec des prix de vente extrêmement bas qui ne semblent répondre à aucun autre principe sinon à la « fonction sociale » de l’économie de l’humanitaire, puisqu’ils permettent aux biens alimentaires de rester accessibles dans un pays où le pouvoir d’achat demeure extrêmement limité. Cependant, l’observation de certaines filières montre que l’expansion des AGR s’accompagne de la contraction des activités semi-industrielles qui, dans l’impossibilité de rester compétitives sur le marché, et à défaut d’appuis spécifiques, finissent soit par entrer dans l’économie de la survie soit par disparaître.
Cela participe à renforcer l’hypothèse de l’existence d’un « système économique de la survie » qui fonctionne selon des règles et des principes particuliers. Les données de terrain, la reconstruction des relations sociales et de pouvoir et donc de légitimité, et enfin l’analyse des conditions matérielles d’existence de ces unités montrent que malgré leur déplacement en ville, ces activités continuent à fonctionner selon un « mode de production domestique ».
L’analyse du système d’appui et de l’origine des financements montre qu’il ne s’agit en aucun cas de « survivances » ou de quelconques vestiges du passé, mais d’un système contemporain, entretenu par les acteurs de l’aide internationale. Ce système, calqué sur les caractéristiques de modes de production traditionnels ou « informels », a fini par générer les « économies de la survie ». Comme le marché informel, ces économies fonctionnent au-delà de l’État. Néanmoins, ce ne sont pas les pouvoirs traditionnels, mais les ONG et les acteurs de l’aide qui structurent, organisent et légitiment ces économies.
Cependant, les effets ne sont pas seulement d’ordre économique mais aussi politique et social. Si d’un côté, l’économie humanitaire reproduit des modes de production domestique, de l’autre elle finit par renforcer un ordre politico-social spécifique puisque à chaque mode de production correspond un ordre social et politique spécifique.
En fait, au sein de ces unités nous retrouvons des comportements traditionnels qui, avec l’économie humanitaire, se reproduisent – par exemple la division sexuée du travail ou la transmission verticale des savoirs dont les plus âgées restent les dépositaires tout en gardant leur pouvoir. De surcroît, si l’on considère que les pratiques de circulation du profit de ces unités sont destinées à satisfaire les besoins du ménage, on remarquera qu’elles n’ont aucune possibilité de soutenir des structures sociales (école, hôpitaux, etc.) qui dépassent le cadre familial.
C’est pourquoi ces activités ne génèrent aucun changement social, y compris en ce qui concerne la condition des femmes, dont l’autonomie économique ne s’accompagne pas d’une émancipation sociale et politique. Les femmes promotrices restent encastrées avec leurs recettes dans une trame de relations sociales traditionnelles qui continuent à les défavoriser. Bien que certaines d’entre elles aient pu créer de petits espaces d’autonomie à travers leurs activités, ces espaces restent circonscrits à une sphère individuelle qui ne devient jamais collective, à défaut de véritables changements sociopolitiques.
Les AGR ont été pensées pour assurer des revenus monétaires aux familles mais elles sont inadaptées pour répondre aux exigences alimentaires des villes. De plus, elles ne peuvent pas entraîner un passage d’échelle automatique entre la famille traditionnelle et la société puisque ces deux formes sociales révèlent de deux systèmes sociopolitiques et économiques différents.
Roberta Rubino: Post-doctorante Anthropologue, UMR 201,
Développement & Sociétés,
IRD/IEDES,, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Pour conserver leur créneau sur les aéroports, les avions doivent utiliser au moins 80 % de ce qui leur est alloué. Mais nombre d’entre eux sont inutiles alors que le trafic est en chute libre en raison de l’épidémie de coronavirus Covid-19. Aussi les compagnies se retrouvent obligées de faire voler des avions à vide. Face à cette hérésie climatique, la commission européenne a décidé de suspendre temporairement cette règle du trafic aérien.
Avec l’épidémie de coronavirus, plusieurs destinations ne sont plus ou presque plus desservies par les compagnies aériennes. Du coup, ces dernières se sont mises à faire voler des dizaines d’avions à vide, brûlant ainsi pour rien des millions de tonnes de kérosène. Les entreprises se seraient bien passées de ces voyages à perte mais elles n’avaient pas le choix. Elles sont obligées d’utiliser au moins 80 % des créneaux horaires qui leur sont attribués dans les aéroports, sans cela ceux-ci sont perdus. C’est le concept que l’on appelle "Use it or loose it" (Utilise-le ou perd-le).
L’Union européenne a décidé de s’emparer du sujet pour mettre fin à ces "vols fantômes", assure la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. "L'épidémie de coronavirus a eu un impact majeur sur l'industrie aéronautique européenne et internationale. Nous constatons que la situation se détériore quotidiennement et que le trafic devrait continuer de diminuer (…) C'est pourquoi la Commission présentera très rapidement une législation concernant les créneaux d'aéroport. Elle réduira les émissions en évitant les vols fantômes" explique-t-elle.
Des pertes colossales
De son côté, Emmanuel Macron a parlé d’"une hérésie économique et plus encore écologique" en se félicitant de la décision de la Commission, à l'issue du premier sommet par visioconférence de l'histoire de l'Union européenne. Cette dernière va dans le sens de l'Association internationale du transport aérien (Iata) et l'association européenne des gestionnaires de ces créneaux (EUACA) qui avaient appelé à une suspension de ces règles sur les créneaux.
Cette suspension sera temporaire, a toutefois précisé Ursula von den Leyen et elle n’entrera en application qu’une fois que le Parlement européen et les États membres l’auront approuvée. "Cela soulagera la pression sur l'industrie aérienne et en particulier sur les plus petites compagnies", a poursuivi Ursula von der Leyen.
Depuis le début de la crise, les compagnies aériennes sont mises au supplice. En raison de la diminution des trajets et de vols annulés vers la Chine ou l’Italie, il est estimé que le secteur pourrait perdre entre 63 et 113 milliards de dollars. Le trafic des aéroports français est en baisse de 20 % et les réservations de vols long-courriers vers l’Europe ont baissé de près de 80 %. Le 5 mars, la compagnie britannique Flybe a annoncé être placée en redressement judiciaire et stoppé toutes ses activités.
AFP
Des initiatives émergent pour que les bâtiments des villes de demain soient intégrés à leur environnement et exploitent les ressources naturelles, afin de valoriser le patrimoine architectural africain.
L'architecture des constructions et le choix des matériaux sont deux composants majeurs de la smart city. Du Sénégal au Cameroun, en passant par le Burkina Faso et le Niger, naissent des initiatives mettant l'architecture, l'habitat traditionnel africain et ses matériaux au centre du développement de villes intelligentes en Afrique. Le continent ET ses 45 pays sont dotés d'une diversité culturelle et architecturale à valoriser, à travers la formation, la recherche et l'innovation technologique et le recours à des matériaux « biosourcés ».
Il s'agit de mettre en valeur les patrimoines culturels matériels et immatériels, les industries culturelles et créatives, les systèmes économiques, les innovations contemporaines et technologiques, tout en s'intégrant harmonieusement dans son environnement, explique Amélie Essessé, architecte franco-camerounaise, experte en conservation du patrimoine. L'idée est que la smart city en Afrique s'inspire de l'habitat traditionnel, sachant que l'espace habité en Afrique est régi par des codes en rapport avec les us et coutumes locaux.
« Je ne privilégie pas un matériau à un autre. Ma mission en tant qu'architecte est de concevoir un projet en cherchant à l'intégrer au mieux à l'environnement tout en utilisant les ressources naturelles - terre, sable, bois, bambou, feuilles, fibres, lumière et ventilation naturelle... - ainsi que les potentialités locales, afin d'assurer le confort et la santé des occupants », précise Amélie Essessé.
Une vision partagée par Moussa Abou, architecte-inventeur nigérien et promoteur de la « Méthode Abou de construction en dur sans coffrages en bois, ni serre-joints, ni mortier de pose ». Titulaire de trois brevets d'invention dans le domaine de la construction en dur, il a voulu par ses innovations « contribuer à la création d'emplois et à l'adaptation des constructions aux réalités locales », explique-t-il. La technique consiste notamment à recourir à des éléments préfabriqués sur place à base de composants légers en béton servant de coffrage à la place des coffrages classiques. Elle privilégie des matériaux locaux, moins onéreux et assurant une climatisation naturelle.
Sur ce filon de la promotion des constructions à base de ressources locales, le Sénégalais Doudou Dème, fondateur de l'entreprise Élémenterre, a fait de la terre sa principale source de travail, en utilisant la technique du bloc de terre compressée, un matériau climatisé et adapté à la chaleur. Au Burkina Faso, l'architecte Francis Kéré prône des constructions inspirées des structures en bois et en paille sacrées des communautés Dogon. Il fait également la promotion d'écoles respectueuses de l'environnement et du climat africain.
Pour la Sénégalaise Mamy Tall, architecte et militante pour le développement de constructions durables, la réussite de ces initiatives dépendra de la propension des États à valoriser et à intégrer ces travaux dans des projets de développement structurés, mais aussi de la capacité des architectes africains à stimuler la recherche, à innover avec ces matériaux pour concevoir des habitats attractifs alliant durabilité, tradition et modernité
LTA
L'Agence pour la promotion des investissements au Mali (API-Mali) a mis l'accent sur les secteurs de l'agrobusiness, de l'énergie, des télécoms et du bâtiment pour soutenir la diversification d'une économie encore dépendante du secteur minier et sévèrement impactée par la crise sahélienne.
Grâce au guichet unique, « nous sommes passés de 4 000 entreprises en 2014 à 17 000 en 2019 », se félicite Moussa Touré, DG de l'API-Mali, précisant qu'il est possible de créer une entreprise en 72 heures et que la dématérialisation des procédures prévue en 2020 devrait encore accélérer les procédures.
« En 2018, nous avons accusé une chute proche de 50% sur le volume des projets agréés au code de l'investissement, et 2019 n'a pas été à la hauteur de nos attentes, avec 90 milliards de Fcfa de projets d'investissements sur un objectif de 120 milliards. Pour 2020, nous sommes optimistes, car les investisseurs intègrent mieux le critère sécuritaire. Par ailleurs, plus de 80 % des projets représentent des opérations de réinvestissement, ce qui prouve la confiance qui nous est accordée par nos partenaires », relativise-t-il.
En dépit du contexte sécuritaire, le Mali compte de nouveaux partenaires comme la Turquie ou le Maroc très actif dans le secteur financier et les télécoms, mais aussi les Pays-Bas qui sont passés d'une dizaine d'entreprises à plus d'une cinquantaine en six ans. La France compte près de 200 entreprises et le roadshow organisé mi-février à Bamako par Business France et le Medef International a permis d'avancer sur de nouveaux projets tels que « la dématérialisation des recettes de l'Etat, la télémédecine et le renouvellement du parc médical», confie Moussa Touré qui compte s'appuyer sur l'Exposition universelle de Dubaï et sur la 2e édition du forum « Invest in Mali » les 15 et 16 décembre pour attirer de nouveaux investisseurs.
Au Mali, la croissance est encore largement tirée par les mines (13 mines actives employant 11 000 salariés). La production d'or a enregistré une hausse de 20 % en 2018 pour atteindre 60,8 tonnes. Porté par des groupes internationaux comme Randgold (Afrique du Sud), Resolute Mining (Australie) ou encore les Canadiens de IamGold et B2 Gold, le secteur représente 8% du PIB, ¾ des recettes d'exportations et ¼ des recettes budgétaires, toutefois, le Mali entend diversifier son économie en s'appuyant sur la tech, l'agrobusiness, le bâtiment, mais aussi l'énergie, soutenue par de grands projets tels que la centrale Akuo Kita Solar d'une capacité de 50 MW pour un coût de 85 millions d'euros, ou encore la centrale solaire de Ségou de 33MW, portée par les Norvégiens de Scatec Solar, le fonds IFC InfraVentures et la société Africa Power, pour un coût de 48,4 millions d'euros.
Parallèlement, le Mali qui importe encore près de 71 % de son ciment - essentiellement du Sénégal - cherche désormais à réduire cette dépendance. « D'ici avril, nous inaugurerons la 3e cimenterie en 5 ans, financée à hauteur de 20 milliards de Fcfa par Ciment et Matériaux du Mali, une filiale de Vicat. Le projet n'a pas démarré que le groupe a déjà décidé de doubler ses capacités de production, passant de 500 000 à 1 million de tonnes par an, en investissant 20 milliards de Fcfa supplémentaires », se réjouit le DG de l'API-Mali.
Enfin, les projets urbains dont l'aménagement des rives du fleuve Niger à Bamako, alimentent l'optimisme malien, car « quand le bâtiment va, tout va! », conclut Moussa Touré.
LTA
Avec un million de morts liées à la pollution atmosphérique, l'Afrique est région la plus polluée au monde après l’Asie du Sud, selon l’OMS. Un constat alarmant qui mobilise les gouvernements
Aujourd'hui, l'utilisation de combustibles solides, comme le charbon ou le bois, pour cuisiner par près de 1 milliard de personnes alimente la pollution domestique, responsable de 24 % des décès en Afrique, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Par ailleurs, le continent qui abrite 16 % de la population mondiale et ne dispose que de 3 % de véhicules motorisés est néanmoins très impacté par la pollution liée aux transports, responsable de 50 % des décès prématurés, selon Climate Change News.
Entre 1990 et 2013, la pollution extérieure a augmenté de 36 % sur un continent dont le taux d'industrialisation reste pourtant faible. À l'ouest, la croissance reste intrinsèquement liée au gaz et au pétrole, et nourrit une pollution exponentielle. Aussi, les entreprises qui accompagnent la croissance africaine telles que Shell, Total, BP ou ExxonMobil sont régulièrement pointées du doigt.
En juillet dernier, le journal sud-africain Mail & Guardian révélait dans un article intitulé « Respirer tue » les conséquences d'une pollution qui asphyxie les citadins sud- africains, où 20000 décès par an sont imputés à la l'air respiré. « La moitié du temps, la pollution dépasse les niveaux acceptables pour la santé [...] 15 % du temps, on pourrait parler d'airpocalypse », pouvait-on lire dans l'hebdomadaire sud-africain.
La pollution est la principale cause de décès des enfants africains âgés de moins de 5 ans, exposés à des niveaux de nuisance nettement supérieurs aux recommandations de l'OMS. Quant à la ville d'Onitsha au Nigeria, elle s'est rendue célèbre par sa plus forte concentration mondiale de PM10, les particules les plus fines, selon l'OMS, soit 30 fois plus que le niveau recommandé. L'Éthiopie, le Nigeria et l'Égypte caracolent en tête des pays les plus pollués et, en Afrique du Nord, les moyennes de pollution annuelle dépassent de cinq fois les limites autorisées. Enfin, que dire de Madagascar où 20 % des décès lui sont imputés ?
Toutefois, les gouvernements africains réagissent. En mai dernier, la Tanzanie était le 34e pays africain à interdire l'usage des sacs plastiques qui polluent le paysage urbain. Toute personne produisant ou important des sacs plastiques encourt désormais une amende de 390 000 euros ou une peine de prison de deux ans maximum. Quant aux détenteurs de sacs, ils sont passibles d'une amende de 79 euros et jusqu'à sept jours de prison !
Au Kenya, depuis août 2017, la loi est tout aussi sévère et prévoit jusqu'à 32 000 euros d'amende et quatre ans de prison : fini les « flying toilets » ou les sacs qui défigurent les mythiques collines de Ngong. L'Afrique légifère. C'est le cas notamment concernant l'importation des véhicules anciens venus d'Europe. Le Sénégal a récemment interdit l'entrée de tout véhicule de plus de huit ans sous peine d'être « réexporté dans un délai de deux mois ou détruit à l'expiration aux frais du propriétaire ou de l'importateur, sans préjudice d'une pénalité de 2 millions de francs CFA ». À ce jour, Dakar concentre 70 % des véhicules en circulation au Sénégal et représente la 91e ville la plus polluée au monde.
LTA
D'ici la fin du siècle, la moitié des plages pourrait avoir disparu, notent des chercheurs européens dans une nouvelle étude publiée le 2 février. Une érosion d'autant plus dramatique que les plages de sable représentent aujourd'hui un mécanisme de protection contre les tempêtes et les inondations.
Selon une étude parue dans Nature Climate Change le 2 mars, la moitié des plages de sable pourrait avoir disparu d’ici 2100 à cause du changement climatique et de la hausse des océans. Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de scientifiques s’est penchée sur l’évolution du littoral sableux de 1984 à 2015, à travers le monde, grâce à des images satellites.
Plusieurs facteurs sont évoqués par les chercheurs pour expliquer ce phénomène. Ces derniers citent ainsi une érosion due à des constructions nouvelles, les tempêtes ou encore la hausse du niveau des mers. Le dernier rapport du Giec, les experts de l’ONU sur le climat, consacré aux océans et à la cryosphère, établissait d’ailleurs que d’ici la fin du siècle, si les émissions continuaient d’augmenter fortement, le niveau de la mer pourrait monter de 1,10 mètre par rapport à la période 1986-2005.
"En dehors du tourisme, les plages de sable offrent souvent le premier mécanisme de protection contre des tempêtes et des inondations et sans elles, les impacts des événements climatiques extrêmes seront probablement plus forts", a averti Michalis Vousdoukas, qui a dirigé l'étude et est chercheur au Centre commun de recherche de la Commission européenne. Ce constat est d’autant plus inquiétant que, même si l’humanité réduit fortement les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, plus d'un tiers des littoraux sablonneux sont menacés, selon cette étude.
La France n'est pas épargnée
L'Australie pourrait être le pays le plus durement touché, avec près de 15 000 km de plages de sable rayés de la carte d'ici à 80 ans, devant le Canada, le Chili et les États-Unis. Le Mexique, la Chine, la Russie, l'Argentine, l'Inde et le Brésil font aussi partie des pays en première ligne. Et la France n’est pas épargnée.
En août dernier, une note du think tank La Fabrique écologique évaluait que 1,4 million de Français, des dizaines de milliers de bâtiments et des centaines de communes étaient menacés par le recul du littoral français. Or, en 2040, les côtes françaises devraient accueillir 40 % de la population. Face à cette situation, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne a annoncé, à l’issue du 4e Conseil de défense écologique, que, d’ici 30 ans, les nouvelles constructions sur les zones à risques devraient être interdites et les logements existants relocalisés. . À long terme, les nouveaux permis de construire ne devraient être délivrés que pour les constructions non pérennes ou démontables.
AFP
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