Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Longtemps symbole d’un pays qui s’est développé par le charbon, le Royaume-Uni fait désormais figure de modèle en matière de transition énergétique. Le charbon, qui produisait les deux tiers de l’électricité dans les années 1980 et 36 % en 2013, représente désormais moins de 4 % du total. En 2019, la production d’électricité britannique issue d’énergies renouvelables a dépassé pour la première fois au troisième trimestre celle générée par les hydrocarbures. Une première depuis 1882. La production de charbon devrait même disparaître d’ici à 2025 selon le gouvernement.

En parallèle, le Royaume-Uni est devenu une des références mondiales dans les énergies marines renouvelables en l’espace d’une vingtaine d’années. Avec 8 483 MW installés en 2019, il fait figure de leader incontesté de l’éolien en mer. 1 200 MW de capacités nouvelles seront délivrées cette année avec la mise en service du parc éolien de Hornsea Project One, l’un des plus puissants au monde.

À l’heure où la France revoit à la hausse ses ambitions dans l’éolien en mer, comment expliquer la réussite du Royaume-Uni dans cette filière énergétique ?

Une solution pour décarboner l’économie

Le Royaume-Uni a su profiter des opportunités offertes par les accords de Kyoto et les directives européennes en matière d’énergies renouvelables pour redéfinir au tournant des années 2000 sa politique énergétique et acquérir la maîtrise de nouvelles technologies propres.

Un premier livre blanc sur l’énergie est présenté en 2003 par le gouvernement travailliste de Tony Blair, avec un objectif de réduction des émissions de carbone de 60 % d’ici 2050. L’énergie éolienne doit alors représenter 10 % de la production d’électricité à l’horizon 2010, contre 3 % en 2003.

Des subventions sont mises en place et les deux premiers appels d’offres pour l’éolien en mer voient le jour. Sélectionnant 17 projets pour 1,5 GW de production, le premier round (2001) permet de clarifier le cadre réglementaire. Le second round (2003) mène à l’attribution de 15 autres sites d’un potentiel de 7,2 GW de capacité installée. L’éolien offshore passe au Royaume-Uni à une échelle industrielle.

En vertu des nouvelles directives européennes en matière environnementale, le gouvernement de Gordon Brown présente en 2008 le Climate Change Act qui doit engager le pays sur un objectif de réduction de 80 % des émissions de CO2 entre 1990 et 2050. Un plan de plus de 126 milliards d’euros est proposé pour faire passer la part du renouvelable à 15 % dans la consommation totale du pays à l’horizon 2020 (électricité, chauffage et transport), contre 1,3 % en 2005. L’ambition de ce plan exige alors l’installation de 7 000 nouvelles éoliennes, dont 3 000 en mer.

La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables au Royaume-Uni passe de 1,8 % en 2002 à 6,8 % en 2010. Avec 598 MW de puissance éolienne installée et 2 106 MW approuvée, le pays devient en 2008 le leader mondial de l’éolien marin. En septembre 2010, la plus grande ferme éolienne offshore au monde (300 MW) est inaugurée à Thanet au large des côtes du Kent.

Cette stratégie britannique tournée vers l’éolien en mer se veut une réponse à un double défi : d’une part la nécessité de réviser un modèle énergétique en misant sur des énergies décarbonées, et d’autre part, la dépendance énergétique croissante du Royaume-Uni envers l’étranger du fait de l’épuisement annoncé des réserves en mer du Nord. Le pays prend conscience qu’il est désormais dépendant du volatil marché mondial du gaz et d’un parc de centrales électriques vieillissant.

Cette prise de conscience s’accompagne au même moment d’une relance de l’énergie nucléaire, la majorité des réacteurs nucléaires du Royaume-Uni devant alors être arrêtés d’ici à 2023. Cette stratégie de « low carbon transition » conduira au lancement du projet EPR d’Hinkley Point en 2012.

L’ère de la maturité industrielle

Arrivé au pouvoir en mai 2010, le premier ministre David Cameron ne remet pas en question l’engouement des travaillistes pour l’éolien en mer, malgré des critiques de plus en plus prononcées contre les énergies renouvelables (jugées trop onéreuses) et l’attrait des conservateurs pour le nucléaire et les gaz non conventionnels. En 2011 est lancé un troisième appel d’offres. Parmi les 9 projets retenus, seuls deux parcs sont inférieurs à 1 GW de capacité. L’éolien offshore entre au Royaume-Uni dans l’ère des mégaprojets et de la maturité industrielle. Cette ambitieuse politique énergétique s’accompagne par la mise en place d’une politique volontariste en matière de R&D dans les nouvelles technologies énergétiques.

Dévoilé le 7 mars 2019 par la ministre de l’Énergie Claire Perry, le contrat de filière pour l’éolien en mer encourage un développement massif de cette industrie, soutient les entreprises nationales du secteur et promeut l’exportation. Le Royaume-Uni, qui veut rester le premier marché européen en la matière, vise à atteindre 30 % de son mix électrique en 2030 produit par l’éolien offshore. Pour y parvenir, le gouvernement annonce en octobre 2019 le lancement d’un quatrième round d’une capacité combinée d’au moins 7 GW. Dans une période politiquement délicate, l’éolien en mer est présenté comme une opportunité de croissance économique dans une perspective post-Brexit pour le conservateur Boris Johnson.

Cet emballement pour l’éolien offshore en outre-Manche a eu des conséquences économiques considérables sur la filière. Le coût de production de l’électricité issu de l’éolien offshore s’est effondré ces dernières années au Royaume-Uni. Si les prix se négociaient en 2011 autour de 187 euros, les dernières enchères ont vu des prix divisés par quatre, jusqu’à 45 euros, coût de raccordement au réseau compris.

Ces prix se situent en deçà du prix de gros moyen de l’électricité, situé à 50 euros, et bien au-dessous du prix de 109 euros, sur lequel a tablé EDF en 2013 pour l’EPR d’Hinkley Point. Ils sont devenus si bas que les parcs éoliens pourraient produire de l’électricité à un prix plus avantageux que les centrales au gaz existantes dès 2023. Les facteurs déterminants dans la réduction des coûts ont été les volumes soutenus des appels d’offres, l’augmentation de la taille de la turbine et l’évolution exponentielle de la taille des parcs.

L’éolien marin, un relais de croissance

Au-delà des questions liées à ces enjeux énergétiques et environnementaux, le déclin des activités pétrolières en mer du Nord est l’une des principales raisons de cet engouement pour l’éolien offshore. Même si les productions de la mer du Nord semblent connaître une nouvelle phase de croissance, elle reste une des zones du globe les plus marquées par le déclin pétrolier.

Entre juillet 2014 et février 2016, le cours du Brent a chuté de 110 à 35$ par baril, son plus bas niveau depuis 2003. Cette crise énergétique marque fortement un pays déjà sonné par la crise économique et accélère la prise de conscience de la nécessité d’une reconversion du modèle industriel du Royaume-Uni. En 2017, le pays comptait 302 200 emplois (directs, indirects et induits) dans le secteur pétrolier et gazier. Il en comptait 463 900 en 2014.

Le démantèlement des plates-formes pétrolières et l’éolien en mer vont constituer une opportunité de relais d’activité en mer du Nord. Cette stratégie de diversification vise à trouver des complémentarités entre une industrie ancienne et une industrie émergente afin d’accélérer le processus de maturation de l’éolien offshore. Les entreprises sont à la recherche d’un relai de croissance future. Cette dynamique de redéploiement est particulièrement visible dans la ville écossaise d’Aberdeen. La chute du cours du baril a eu en effet des effets dévastateurs sur la capitale écossaise des hydrocarbures, incitant les groupes pétroliers à réduire leurs investissements et leurs personnels. Le centre européen de déploiement éolien offshore (EOWDC) et ses 11 éoliennes de 8 MW au large d’Aberdeen matérialisent aujourd’hui cette transition dans le paysage écossais.

Le Royaume-Uni est ainsi devenu un terrain de jeux des multinationales du pétrole pour tester de nouvelles technologies, à l’image de l’entreprise Equinor et son parc d’éoliennes flottantes inauguré en Écosse en 2017.

Le Royaume-Uni, leader mondial de l’éolien offshore

Les particularités territoriales ont pour principale conséquence d’accroître la diversité du processus d’innovation, en favorisant le développement de trajectoire territorialisée. La géographie physique du Royaume-Uni (qui possède le deuxième gisement éolien d’Europe) explique en grande partie son dynamisme dans l’éolien en mer.

On aurait toutefois tort de se limiter à un simple déterminisme géographique des ressources naturelles. Si l’éolien en mer se développe rapidement au Royaume-Uni, ce n’est pas parce que le pays est scientifiquement en avance, mais avant tout parce que cette innovation doit résoudre des problèmes économiques qui s’y posent avec d’avantage d’acuité qu’ailleurs.

Au Royaume-Uni, c’est une double temporalité de l’urgence qui explique le succès de l’éolien offshore. Une urgence environnementale, obligeant à trouver des alternatives rapides au charbon, et une urgence industrielle, pour espérer sauver des milliers d’emplois issus de l’industrie du gaz et du pétrole. C’est dans cette temporalité qu’un consensus politique s’est constitué au Royaume-Uni autour des énergies renouvelables. Une solide expérience en matière de pétrole offshore a permis d’avancer rapidement dans l’encadrement des projets éoliens en mer (schéma de planification et mise en place d’une réglementation propre).

Le Royaume-Uni a ainsi réussi à tirer parti d’un portefeuille de ressources et compétences accessibles pour se hisser comme une des locomotives européennes de la révolution industrielle verte.

 

 :Docteur en sciences économiques,

spécialiste des énergies marines et de la croissance bleue, Université de Bordeaux

Face à une pénurie d’eau mondiale, la réutilisation des eaux usées, aussi appelée « reuse » (issue de l’expression wastewater reuse en anglais) est une voie d’avenir. Une fois traitées, les eaux usées peuvent en effet être destinées à différents usages : l’irrigation des espaces verts ou des cultures, la lutte contre les incendies, le lavage des voiries ou encore la recharge des nappes phréatiques.

Certains pays ou États – comme l’Australie, la Californie, Chypre, l’Espagne, la Floride, Israël, la Jordanie, Malte ou Singapour – ont pour objectif de satisfaire de 10 à 60 % de leurs besoins en eau par la réutilisation des eaux usées épurées.

L’omniprésence des eaux usées permet d’envisager leur traitement sur l’ensemble des territoires à l’inverse du dessalement, autre solution pour pallier le manque en eau, cantonné aux zones côtières et qui se révèle très énergivore.

La France à la traîne

En France, la « reuse » reste peu développée. En cause : un manque de sensibilisation du public et une réglementation très stricte. Au sein de l’Union européenne, la directive du 21 mai 1991 précise que « les eaux usées seront réutilisées lorsque cela se révèle approprié ». Les pays européens ont donc chacun leur réglementation sur la réutilisation des eaux usées.

La France a ainsi défini des qualités requises pour la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts. Les professionnels du secteur militent pour un assouplissement de la loi qui encadre trop strictement la réutilisation d’eaux usées, avant tout pour des raisons sanitaires. La Commission européenne s’est récemment emparée de ce dossier et a émis en 2018 une proposition de réglementation dédiée à l’irrigation agricole avec pour objectif de faciliter la réutilisation de l’eau usée épurée.

Selon le contexte réglementaire local, la réutilisation des eaux usées connaît donc un développement inégal à l’échelle mondiale.

Certains pays développés soumis à une sécheresse intense se sont tournés depuis quelques dizaines d’années vers la réutilisation des eaux usées : le sud des États-Unis (Californie, Floride, Texas, Arizona, par exemple), l’Australie, Singapour, Israël et les pays du golfe persique. L’État de Californie, pionnier en matière de réutilisation des eaux usées, a instauré au début du vingtième siècle la première réglementation en ce sens. Depuis, cette réglementation a évolué avec des traitements toujours plus poussés pour garantir une eau de très bonne qualité dont de nombreux pays se sont inspirés.

En Europe, les besoins en eaux différents entre Nord et Sud : les pratiques de réutilisation des eaux usées sont ainsi plus répandues dans les pays du Sud. Dans certains cas cependant, comme en Grèce et en Italie, une réglementation trop stricte freine cet usage, car elle entraîne des coûts trop élevés pour le suivi de la qualité de l’eau (74 paramètres à suivre selon la réglementation grecque). En Espagne, pays européen le plus actif dans ce domaine, plus de 150 projets de reuse ont été implantés ces dernières années.

Une évaluation délicate

Si plus de soixante pays pratiquent la réutilisation des eaux usées à l’échelle mondiale, il est cependant difficile d’identifier lesquels réutilisent les plus gros volumes, en raison d’un manque de données normalisées.

En se basant sur les données disponibles, et si l’on considère les volumes annuels, la Chine, le Mexique et les États-Unis sont les pays qui réutilisent les plus grandes quantités, mais les deux premiers cités produisent des eaux de faible qualité liée à un niveau de traitement insuffisant.

En considérant la quantité d’eau réutilisée par habitant, le Qatar, Israël et le Koweït sont les mieux placés. Le Koweït, Israël et Singapour se placent aux premiers rangs si le critère considéré concerne le pourcentage d’eau réutilisée par rapport à la quantité d’eau totale utilisée. Enfin, si l’on considère les avancées technologiques, la Californie, Singapour et le Japon sont probablement les pays les plus novateurs.

La référence Singapour

Le cas de Singapour est mondialement connu et fait référence dans ce domaine. Du fait d’une densité de population très élevée, cette île de 699 km2 a dû faire face à une pénurie en eau accrue et s’est tournée vers la réutilisation des eaux usées après un traitement de pointe associant microfiltration, osmose inverse et rayonnement UV.

Cette eau, dénommée « Newater », est utilisée pour des applications industrielles et dans les tours de refroidissement mais une fraction est aussi mélangée avec de l’eau d’origine naturelle et alimente le réseau d’eau potable. De tels exemples de réutilisation directe pour la potabilisation sont rares, principalement en raison de barrières psychologiques.

La station de traitement des eaux usées de Windhoeck, en Namibie, est ainsi le seul exemple de réutilisation directe pour la potabilisation à grande échelle (21 000 m3/jour).

Des obstacles de taille

On le voit, si la réutilisation des eaux usées est une solution d’avenir, elle souffre d’un problème d’acceptabilité sociale : un récent sondage au Koweït a montré que les deux principales craintes relatives à la « reuse » pour un usage domestique étaient les risques liés à la santé (69 %) et une répugnance vis-à-vis de cet usage (44 %).

En outre, son application pour des usages plus ou moins restrictifs, tels l’irrigation, la recharge de nappe ou la consommation directe, pourrait se trouver limitée du fait de la qualité des eaux en question. En effet, les inconvénients majeurs de ces eaux sont leur salinité élevée, qui peut nuire à la productivité en agriculture et à la qualité des sols ; il y a aussi la présence de polluants émergents, dits « micropolluants », identifiés comme perturbateurs endocriniens.

Cependant, en France et à l’international, les laboratoires de recherche en traitement des eaux travaillent activement au développement de nouveaux procédés innovants, notamment basés sur le couplage de traitements physiques et chimiques qui permettront d’obtenir une qualité d’eau adaptée aux usages visés.

 

 : Maître de conférences, HDR, Université de Montpellier

Après des mois de temps exceptionnellement chaud et sec, des centaines d’incendies ont carbonisé une superficie de l’Australie dépassant les 10 millions d’hectares, soit trois fois la surface de la Belgique. Des milliers de maisons ont été détruites et on déplore, selon un dernier bilan, une trentaine de morts.

Outre les dégâts incommensurables causés à la faune et à la flore, les feux émettent également une quantité massive de gaz et de particules dans l’atmosphère. Vu de l’espace, le spectacle est impressionnant : en deux semaines, depuis le 31 décembre 2019, les fumées portées par les vents ont fait le tour de la Terre et sont revenues près de leur point de départ, dans la région de Sydney.

L’atmosphère sous surveillance

Notre équipe surveille la composition de l’atmosphère en continu depuis 13 ans, grâce à IASI, un instrument exceptionnel embarqué à bord des satellites Metop. Ces satellites météorologiques surveillent l’atmosphère depuis une orbite polaire, à environ 800 km d’altitude ; ils passent matin et soir à chaque endroit du globe.

IASI est ce qu’on appelle un spectromètre à transformée de Fourier, enregistrant le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre. Quand ce rayonnement traverse l’atmosphère, il interagit avec les molécules qui se trouvent sur le trajet, entre le sol et le satellite. Si le ciel est clair, l’analyse du signal reçu fournit une information des concentrations des gaz à l’endroit de la mesure ; si le ciel est nuageux, l’observation n’est possible qu’au-dessus du nuage.

Comme chaque gaz possède une signature spécifique, un peu comme un code barre pour un article de supermarché, les passages successifs du satellite permettent de surveiller, depuis l’espace, les gaz qui se déplacent autour du globe. Les trois instruments IASI fournissent plus de 3,5 millions d’observations chaque jour. Si vous mettez 10 minutes à parcourir cet article, ce sont plus de 25 000 observations à analyser qui se seront accumulées pendant ce laps de temps…

Des feux partout

Nous disposons désormais d’une base de données colossale qui nous permet de suivre, au jour le jour, à la fois les émissions de gaz observées de manière fréquente ou récurrente (pics de pollution, gaz à effet de serre, surveillance de la couche d’ozone en Antarctique) et les évènements qui se produisent à des endroits et des moments inattendus, comme les éruptions volcaniques ou les grands feux.

Pour les méga-incendies, les cartes des six derniers mois montrent une situation exceptionnelle, avec différentes régions du globe en proie aux flammes durant des semaines : outre les feux récurrents dans les régions qui pratiquent l’agriculture sur brûlis – Afrique et Indonésie tout particulièrement –, les observations quotidiennes montrent des fumées consécutives aux feux dévastateurs de 2019 qui ont eu lieu dans les régions boréales en juillet-août, en Amazonie entre août et octobre, et en Australie depuis septembre.

Que voit-on par satellite ?

La composition de l’air que nous respirons est bien connue des scientifiques : il s’agit essentiellement d’azote et d’oxygène (à 99,9 %) ; avec des concentrations bien moindres, on retrouve aussi des quantités significatives de gaz comme la vapeur d’eau (H20), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), les oxydes d’azote (NOx), l’ozone (O3), le monoxyde de carbone (CO), etc. Ils constituent « le fond de l’air » et, comme ils interagissent avec la radiation infrarouge, ils sont visibles sur les données du satellite.

Ce qu’on peut observer depuis l’espace, c’est qu’en plus des cendres et du carbone-suie (particules), les feux de végétation émettent un cocktail de gaz toxiques qui peut varier en fonction du type de végétation brûlée (forêt, savane, toundra, broussailles, etc.). Ces fumées composées de gaz et de particules se déplacent ensuite au gré des vents, plus ou moins loin selon leur persistance dans l’atmosphère et leur altitude d’injection.

Les panaches de fumée sont principalement composés de CO2 et de CO – deux gaz directement lié à la combustion – et de particules (suies). Une multitude d’autres composés sont aussi présents (HCN, NH3, composés organiques volatiles, etc.), mais certains restent moins longtemps dans l’atmosphère et ne sont vus du satellite que tout près des feux.

À quelle altitude s’échappent les fumées ?

Durant la première semaine de janvier 2020, une succession exceptionnelle de « nuages de feu » a été observée. Les scientifiques utilisent le terme pyrocumulonimbus pour désigner ces nuages gigantesques qui s’élèvent parfois au-dessus des panaches de fumée des feux ou des éruptions volcaniques.

La formation de pyrocumulus requiert que les feux brûlent suffisamment pour créer un courant d’air surchauffé qui s’élève très rapidement. Lorsque l’air chaud monte et se répand, il se refroidit, ce qui entraîne la condensation de la vapeur d’eau et la formation de nuages. Dans certaines conditions, de puissants courants ascendants peuvent créer des nuages qui s’élèvent sur plusieurs kilomètres et se transforment en véritables orages lorsqu’ils atteignent le sommet de la troposphère – transformant un pyrocumulus en pyrocumulonimbus. Ces orages présentent de sérieux risques pour les pilotes d’avion en raison des fortes turbulences, et peuvent rendre les feux encore plus incontrôlables en créant des « tornades de feu ».

Les nuages de feu ont fait monter les fumées à des hauteurs inhabituelles dans l’atmosphère, comme l’a confirmé le satellite Calipso qui a observé des particules liées aux feux entre 15 et 19 kilomètres, notamment le 6 janvier 2020. À cette altitude, les suies sont transportées très efficacement par le courant-jet (jet-stream) – un vent rapide et confiné qui se déplace d’ouest en est. Il s’agit d’une sorte de « couloir aérien » qui explique que pour un vol Paris-New York l’aller prendra 45 minutes de plus que le retour !

Jusqu’où les panaches de feux peuvent-ils aller ?

Un élément de compréhension important est que tous les gaz n’ont pas la même persistance dans l’atmosphère. Pour un gaz donné, celle-ci dépend de sa capacité à réagir avec d’autres gaz (réaction chimique), à être détruit par le rayonnement solaire (réaction photochimique) ou à se redéposer sur le sol (dépôt sec ou humide).

Certains gaz sont très réactifs et sont détruits en quelques secondes ou quelques minutes. Même s’ils sont émis en concentration élevée, ils sont détruits quasi instantanément et sont, pour la plupart, invisibles depuis l’espace. D’autres gaz restent quelques heures ou quelques jours. Ils sont détectables par les satellites mais uniquement à proximité immédiate de la source d’émission. Certains gaz, quant à eux, persistent dans l’atmosphère plusieurs mois ou plusieurs années, ce qui leur permet d’être transportés loin de leur source d’émission.

Selon les vents dominants, faire le tour de la Terre leur prendra entre deux et quatre semaines, ce qui est facilement observable par nos instruments puisque nous disposons des cartes deux fois par jour. C’est le cas du CO (dont la durée de vie est d’environ deux mois) et du CO2 qui reste plusieurs dizaines d’années dans l’atmosphère. Mais l’équateur agit comme une sorte de barrière dynamique qui empêche les masses d’air de l’hémisphère Nord de se mélanger avec celles de l’hémisphère Sud (et vice et versa).

Les gaz à effet de serre constituent une exception car leur durée de vie de plusieurs années, parfois plusieurs dizaines d’années, leur permettent à long terme de se répartir partout sur la planète.

En ce qui concerne les fumées australiennes, elles ont donc circulé à latitude constante, partant de la région de Sydney puis passant par l’Amérique du Sud, en survolant des parties de l’Antarctique, puis en revenant dans la zone d’émission par l’ouest.

Les cendres et le monoxyde de carbone n’atteindront donc pas l’hémisphère Nord et seront dissipés avant. En revanche, le CO2 se répartira partout et participera au réchauffement climatique global dans des proportions significatives.

D’après des estimations réalisées mi-janvier, 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone auraient été rejetées dans l’atmosphère par les feux australiens, soit presque l’équivalent des 445 millions de tonnes rejetées par la France durant toute l’année 2018…

 

Directrice de recherche au CNRS, laboratoire LATMOS,

Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), Sorbonne Université

 : Professeur, chimie de l’environnement, Université Libre de Bruxelles

 

C’est une action aussi ambitieuse que risquée. Un collectif de collectivités locales et d’associations assigne Total en justice au sujet de sa politique climatique en se fondant sur la loi sur le devoir de vigilance et sur la Charte de l’environnement. Une action inédite. Il n’est pas ici question de demander des dommages et intérêts mais de forcer le pétrolier à changer de business model.

Mardi 28 janvier, un collectif d’associations (Notre Affaire à tous, Sherpa, France Nature Environnement, ZEA) et de collectivités locales (les éco-maires qui regroupent 14 communes et régions engagées) a assigné Total en justice dans le but de "rehausser les ambitions climatiques d’une multinationale du pétrole". Une démarche qui vise in fine à modifier le business model de l'entreprise et que le pétrolier dit "regretter". Pour certains experts, elle pourrait même s’avérer "dangereuse" en faisant s’immiscer le juge dans la gestion des entreprises.

Accélérer la transition énergétique

L'assignation intervient après deux ans d’échanges et de rencontres entre les associations et l’entreprise. Les plaignants s’appuient sur le devoir de vigilance, dont la première publication de Total date de 2018. Il oblige les grandes entreprises françaises à identifier, prévenir et réduire les risques environnementaux, de sécurité et de droits humains de leurs activités sur l’ensemble de leur chaîne de valeur. Ils en appellent aussi à la charte de l’environnement qui a une valeur constitutionnelle.

"Nos échanges avec Total ont permis de faire intégrer le climat dans le plan de vigilance. Mais nous ne sommes pas satisfaits sur le fond des actions mises en place pour faire face aux risques identifiés. Cela nécessite que nous saisissions le juge pour faire en sorte que l'entreprise fasse évoluer son business model", déclare ainsi Paul Mougeolle, de Notre Affaire à Tous. "Nous ne voulons pas faire disparaître Total mais l’amener à accélérer sa transition énergétique, en réorientant ses investissements vers les renouvelables et en abandonnant les fossiles", précise leur juriste Sébastien Mabile.

Quant aux édiles de collectivités locales plaignantes, ils estiment que le pétrolier "doit rendre des comptes" et faire sa part puisqu’eux doivent déployer "une énergie folle" à s’adapter au changement climatique dont Total est "en partie responsable".

L'interprétation du devoir de vigilance au coeur des débats

C’est là que la bataille juridique commence. De quoi Total est-elle responsable ? Et jusqu’où l’entreprise doit-elle rendre des comptes et agir ? Les réponses dépendront de débats autour de points critiques. En premier lieu, le périmètre des émissions de gaz à effet de serre. Selon que l’on intègre ou pas les émissions générées par les clients de Total (ce que l’on appelle le scope 3), les émissions de l’entreprise varient du simple au décuple (entre 42 et 440 millions de tonnes par an, soit de 0,1 à 1% des émissions totales mondiales). Or pour Total, l'entreprise n'est "juridiquement pas responsable" du scope 3 en ce qui concerne le plan de vigilance. 

Il s’agira aussi de juger les moyens mis en œuvre par Total pour répondre au risque climatique. Le collectif se base sur les derniers rapports du GIEC et l’ambition de l’Accord de Paris la plus forte, soit +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Dans ce cadre, il juge que les ambitions et actions de Total dans son plan de vigilance sont insuffisantes. Pour le pétrolier, celui-ci est "conforme" : les "enjeux climatiques sont reconnus publiquement et intégrés dans sa stratégie en apportant une contribution responsable à la réalisation de l’Accord de Paris". Un texte qui s'applique aux États et non aux entreprises, tient à préciser Total. 

Pas de demandes de dommages et intérêts mais un changement de business model

Les demandes des plaignants ne sont pas financières. Contrairement aux actions judiciaires américaines, il ne s’agit pas d’obtenir des dommages et intérêts pour aider les collectivités à faire face aux coûts d'adaptation, mais de condamner Total à publier un nouveau plan de vigilance avec une nouvelle identification des risques et les mesures préventives à mettre en place. Pour le collectif, celles-ci devraient aller jusqu’à toucher le mix énergétique du pétrolier : -87 % de production de pétrole et -74 % de gaz d’ici 2050 par rapport à 2010.

De telles demandes, qui visent directement la stratégie de l'entreprise, semblent peu susceptibles d’aboutir via ce type de procédure, d'autant qu'il s'agira du premier procès sur le fond du devoir de vigilance. Mais celles-ci pourraient s’installer dans le paysage judiciaire. Déjà au Pays-Bas, en avril dernier, plusieurs ONG ont assigné Shell en justice pour obtenir une réduction de ses émissions en ligne avec les objectifs de l’accord de Paris. Reste à voir jusqu'où ira le juge en France, à qui la loi sur le devoir de vigilance laisse une large marge d'interprétation. Total sera un cas d'école puisque le pétrolier fait l'objet d'une autre procédure, basée sur cette même loi mais concernant des risques de droits humains sur un projet ougandais. Premiers éléments de réponse le 30 janvier.  

NOVETHIC

Un séisme de magnitude 7,7 a ébranlé mardi les Caraïbes entre Cuba et la Jamaïque, mais aucun dégât n'a été rapporté dans l'immédiat, malgré des évacuations rapportées de La Havane à Miami.

L'épicentre du tremblement de terre a été localisé en mer, au sud de Cuba et au nord-ouest de la Jamaïque, à une profondeur estimée à 10 kilomètres, selon l'Institut américain de géophysique (USGS), qui a révisé à la hausse une première estimation de magnitude 7,3.

Le tremblement de terre a été ressenti dans la majeure partie de la Jamaïque.

"J'étais au deuxième étage d'un immeuble, il a tremblé pendant un moment", a dit à l'AFP par SMS le docteur Machel Emanuel, depuis Kingston. "J'ai eu le vertige. La porte n'arrêtait pas de claquer".

Selon Jawara Rawjers, un autre habitant de Kingston interrogé par l'AFP, la terre a tremblé une vingtaine de secondes. "Je n'ai pas eu peur car c'était un petit séisme, j'ai été surpris par la magnitude", a-t-il dit.

 

A La Havane, à Cuba, des centaines de gens se sont retrouvés dans la rue après des évacuations d'immeubles, mais aucun dégât ni blessé n'était rapporté par les médias officiels.

"Le séisme a été perceptible dans de nombreuses provinces, comme Guantanamo, Santiago de Cuba, Holguin, Las Tunas (est, ndlr), Cienfuegos (centre), La Havane, Pinar del Rio et la municipalité Isla de la Juventud (ouest), selon de nombreux témoins via les réseaux sociaux", a indiqué le portail officiel d'informations Cubadebate.

Il s'agit du deuxième séisme ressenti à Cuba depuis le début de l'année: le 24 janvier, le réseau du Service de sismologie avait enregistré une secousse de magnitude 4,2, dans la province de Guantamano (est).

- Pas de tsunami -

Le Centre d’alerte des tsunamis dans le Pacifique du gouvernement américain avait émis dans la foulée une alerte au tsunami pour plusieurs régions côtières de la mer des Caraibes, mais l'a levée un quart d'heure plus tard.

 

L'épicentre du séisme était à 140 km au sud-ouest de la ville cubaine de Niquero.

A Miami, en Floride dans le sud-est des Etats-Unis, la police a évacué plusieurs bâtiments par précaution, mais aucun dégât n'était rapporté dans l'immédiat.

"Aucun blessé rapporté", a tweeté la police de la ville.

La municipalité a toutefois annoncé avoir activé des centres de commandement dans le quartier de Brickell et dans le centre, où des vibrations ont été rapportées.

© 2020 AFP

L'Afrique est en première ligne du changement climatique et il est donc crucial d'écouter la parole de ses habitants lors des forums mondiaux, a estimé mardi la militante ougandaise Vanessa Nakate, au coeur d'une polémique à Davos.

Les réseaux sociaux se sont récemment enflammés après la publication d'une photo de cinq jeunes militantes du climat, dont la Suédoise Greta Thunberg, prise lors du Forum économique mondial de Davos.

Celle-ci avait été recadrée par l'agence Associated Press, qui l'avait publiée en la recentrant sur quatre personnes, excluant Vanessa Nakate.

Celle-ci, soulignant qu'elle était la seule Africaine et la seule Noire présente sur la photo initiale, avait dénoncé sur Twitter un acte de racisme.

"Il ne s'agit pas seulement de la photo. Dans l'article qui l'accompagnait, les différentes militantes étaient citées, mais je n'apparaissais nulle part", a déclaré mardi Vanessa Nakate à l'AFP, lors d'un entretien à Kampala.

 

La jeune femme de 23 ans participe depuis un an aux rassemblements de l'association écologiste Fridays for Future dans la capitale ougandaise.

"Beaucoup de gens ignorent la crise climatique que nous subissons en Afrique. Si nos voix sont réduites au silence, alors nous ne serons pas en mesure d'expliquer la situation que nous vivons. C'est dangereux", a-t-elle déploré.

L'Afrique est selon les experts le continent le plus vulnérable aux variations climatiques extrêmes.

L'Afrique de l'Est subit actuellement la pire invasion de criquets depuis des décennies, survenant après une année 2019 qui a commencé avec une forte sécheresse et s'est achevée avec des pluies et inondations dévastatrices, qui ont fait des centaines de morts.

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Les habitants de Raposos, ville du sud-est du Brésil dévastée par des inondations, survivent grâce à la solidarité, tout en cherchant à récupérer dans leurs maisons recouvertes de boue le peu qui puisse encore l'être.

La tempête suivie d'un véritable déluge a fait 50 morts, selon le dernier bilan officiel provisoire, dans l'Etat du Minas Gerais, où plus de 30.000 personnes ont dû évacuer leurs domiciles.

"Dans ma maison, il n'y a plus rien. Mais Dieu merci, grâce à la solidarité des gens, j'ai obtenu trois matelas et nous sommes retournés dormir chez nous", affirme à l'AFP Marcio Flavio, maçon de 40 ans et père de trois enfants en bas âge.

À Raposos, petite ville d'environ 15.000 habitants située à une dizaine de kilomètres de Belo Horizonte, la capitale du Minas Gerais, le bruit des tracteurs utilisés pour déblayer le terrain est pratiquement ininterrompu.

Et quand le vacarme cesse, s'installe un silence lugubre, mêlé à une forte odeur de boue et d'aliments pourris.

À Raposos, aucun mort n'est à déplorer, mais les dégâts matériels sont considérables.

"En fait, on n'a pas encore pu recenser le nombre exact de sinistrés", explique Samuel D’Avila Assunçao, un ingénieur qui travaille pour la mairie.

"Comme nous n'avons ni internet, ni téléphone et que beaucoup de gens ont été privés d'électricité, nous notons tout à la main pour le moment", explique-t-il.

L'ingénieur a pour principale mission d'inspecter les logement pour vérifier s'ils sont habitables ou non.

"Nous avons dû interdire l'accès à 12 logements, qui seront démolis", poursuit-il.

- "Inondations dévastatrices" -

Depuis vendredi, quand 171,8 millimètres de pluie se sont abattus sur la région de Belo Horizonte en 24 heures, un record depuis le début des relevés il y a 110 ans, les pompiers continuent à rechercher les corps des disparus.

 

Le dernier bilan officiel fait état de 50 morts, 65 blessés et deux disparus.

Une centaine de villes ont décrété l'état d'urgence et le gouvernement de Minas Gerais a relancé mardi son appel à la solidarité, pour des dons d'eau minérale, d'aliments non périssables, de couvertures, de matelas et de tous types de produits de première nécessité.

L'intensité des pluies a baissé, mais les précipitations ont continué. Mardi, la pluviométrie de janvier sur la région de Belo Horizonte avait atteint 814,7 millimètres, la moitié de la moyenne pour une année entière.

La plupart des victimes restent traumatisées par les inondations qui ont provoqué des glissements de terrain et la destruction de milliers de maisons.

"Nous sommes en souffrance, c'était effrayant parce que c'est arrivé subitement. Nous sommes habitués aux crues, mais pas à des inondations aussi dévastatrices", raconte Maria Aparecida, une habitante de Raposos.

"Quand je suis arrivée à la maison de ma mère, à deux heures du matin, l'eau était montée rapidement jusqu'au niveau de la ceinture. Dans notre quartier, tout le monde a tout perdu", dit-elle.

Ces précipitations exceptionnelles sont dues à à un phénomène climatique assez rare: la rencontre d'un front pluvieux avec un système de basse pression au-dessus de l'océan atlantique.

Ce front pluvieux est la Zone de Convergence de l'Atlantique Sud (ZCAS), qui va de la forêt amazonienne, dans le nord du Brésil, vers le sud-est du pays, à plusieurs milliers de kilomètres de là.

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C'est le premier contentieux climatique contre une entreprise française: un collectif de plusieurs villes et ONG a annoncé mardi avoir assigné Total en justice pour lui demander "d'agir de manière préventive" contre le réchauffement climatique.

Cette action judiciaire au civil devant le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui s'annonce d'ores et déjà longue, s'appuie sur la loi de février 2017. Celle-ci contraint les entreprises françaises employant plus de 5.000 salariés à publier un plan pour prévenir les risques en matière d'environnement, a détaillé Me Sébastien Mabile lors d'une conférence de presse.

En mars 2019, le géant pétrolier, classé parmi les 20 plus gros émetteurs de CO2 au monde, avait publié un plan de vigilance, mais les collectivités estiment que les mesures sont "clairement insuffisantes" au regard des objectifs fixés par l'accord de Paris. Ce texte de 2015 vise à limiter le réchauffement de la planète sous les +2°C et plutôt proche de +1,5°C, par rapport à l'ère préindustrielle.

 

Les signataires sont des Etats et non des entreprises, mais les porteurs de ce recours estiment que la justice française peut prendre en compte les objectifs du pacte climatique pour examiner les engagements et les actions de Total.

Dans son plan de vigilance, le géant pétrolier et gazier reconnaît le "risque global pour la planète" du changement climatique, détaille les émissions de gaz à effet de serre liées à ses activités et indique les actions qu'il met en oeuvre. Total développe notamment ses activités dans l'efficacité énergétique, le gaz naturel ou encore les énergies renouvelables.

Mais pour les ONG et les collectivités territoriales, cela n'est pas suffisant et le groupe doit rehausser ses ambitions climatiques.

"Nous demandons au juge de rentrer dans l'analyse intégrale, point par point, du plan de prévention de Total. Est-il adapté ? Est-il à la hauteur des enjeux ?", a poursuivi Me Mabile, précisant avoir opté pour une assignation au fond et non en référé (procédure d'urgence, plus rapide).

 

- "Trois mois de canicule par an" -

A moins de deux mois des élections municipales, plusieurs élus locaux dont les maires de Nanterre (Hauts-de-Seine) et Arcueil (Val-de-Marne) ont également pris la parole pour "demander des comptes à Total", estimant être "en première ligne" dans le combat contre le réchauffement climatique.

"Nous leur demandons des comptes mais aussi des actions positives et concrètes pour nos populations et nos territoires", a insisté Patrick Jarry, maire de Nanterre.

"À Grenoble, les conséquences du changement climatique sont déjà visibles: d'ici 2050, les Grenoblois subiront trois mois de canicule par an, et la neige va continuer à disparaître l’hiver. Les glaciers fondent, les montagnes s'effritent", a dénoncé Eric Piolle, le maire écologiste sortant de Grenoble.

Plusieurs représentants des ONG à l'origine du recours, dont Sherpa ou France Nature Environnement, se sont joints aux critiques des maires, rappelant que Total était "légalement tenu d'évaluer les risques et prendre des mesures qui s'imposent".

 

Dès juin 2019, ils avaient mis Total "en demeure de prendre des mesures nécessaires pour prévenir les risques majeurs liés au changement climatique".

De son côté, le groupe Total affirme "regretter" la démarche engagée par les collectivités et les associations "alors que des solutions pour répondre à la fois au besoin d'une énergie accessible à tous et aux enjeux du changement climatique nécessitent une coopération entre les différents acteurs".

Outre le développement d'énergies moins polluantes, le groupe met en avant ses investissements dans des puits naturels de carbone (forêts...) et dans le CCUS (captage, stockage et valorisation du CO2) ou encore ses efforts pour limiter ses fuites de méthane, un gaz très nocif pour le climat.

Aux Etats-Unis, des villes, des comtés et des Etats ont déjà porté plainte contre des groupes pétroliers pour réclamer le paiement des dégâts ou des travaux rendus nécessaires par le réchauffement climatique.

 

Le géant ExxonMobil a notamment été poursuivi par l'Etat de New York, qui l'accusait d'avoir trompé les investisseurs sur l'impact financier du changement climatique. Mais le juge a débouté l'Etat en décembre, estimant qu'il n'avait pas réuni suffisamment de preuves.

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