Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Après la Côte d’Ivoire, le Kenya, l’Ethiopie..., le Soudan annonce deux cas suspects de coronavirus.

Deux citoyens soudanais fraîchement de retour de Chine sont suspectés d'être atteints du coronavirus. Le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Faisal Mohamed Saleh, l'a annoncé à l'agence de presse Reuters ce mercredi. « L'un des deux, un homme et une femme, se trouvait dans la région de la ville chinoise de Wuhan, l'épicentre du virus », indique la même source.

Les deux citoyens sont actuellement sous contrôle médicale et les autorités du pays tentent de garantir les mesures nécessaires pour éviter d'autres contaminations, en cas de confirmation des examens.

Le Soudan, devient ainsi le énième pays d'Afrique à déclarer des cas suspects de coronavirus. En Côte d'Ivoire samedi dernier, des symptômes ont été détectés sur une étudiante revenant de Pékin. Les résultats de ses examens devraient incessamment être dévoilés. Au Kenya, un étudiant a été mis en quarantaine mardi à son arrivée à l'aéroport international Jommo Kenyatta de Nairobi, pour avoir présenté des symptômes de la maladie. En Ethiopie, quatre cas suspects ont été signalés par BBC, dont trois concernent des étudiantes résidentes à Wuhan. Ils ont tous été placés en quarantaine.

Après une propagation du virus en Amérique et en Europe, en France notamment, la question de l'exposition de l'Afrique revient ces derniers jours. Et une certaine peur s'installe. A Maurice la semaine dernière, trois personnes de la même famille ont été isolées dès leur arrivée à l'aéroport en provenance de Chine sans pour autant présenter des signes de la maladie. Les autorités entendaient jouer la carte de la prudence.

En Chine, le coronavirus a déjà fait une centaine de morts, près de 6 000 personnes infectées et plus de 9 000 cas suspects à l'heure où nous publions cet article.

A travers l'Afrique, plusieurs mesures ont été prises, notamment au niveau des aéroports et des compagnies aériennes, afin de limiter au maximum les cas de contamination.

LTA

Les cinq prochaines années pourraient être les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde, selon le service météo britannique, qui évoque un risque que la Terre atteigne un réchauffement de +1,5°C d'ici 2024.

Dans des prévisions qui étudient les tendances climatiques des dix prochaines années, le Met Office estime que pour chaque année de 2020 et 2024, la température devrait être 1,06 à 1,62°C plus élevée que la normale.

Et 2016, pour l'instant l'année la plus chaude jamais enregistrée, devrait "probablement" être battu pendant cette période.

"Les dernières prévisions sur cinq ans suggèrent une poursuite du réchauffement, en concordance avec les niveaux élevés de gaz à effet de serre", a commenté le prévisionniste Doug Smith.

"Ces prévisions comportent des incertitudes, mais la plupart des régions devraient être plus chaudes", en particulier le nord de l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord, a-t-il ajouté.

 

A moins d'une éruption volcanique majeure qui ralentirait le réchauffement en bloquant les rayons du soleil, la moyenne des températures sur les cinq années à venir devrait s'établir entre 1,15 et 1,46°C au dessus de l'ère pré-industrielle.

La moyenne pour 2015-2019, période la plus chaude jamais enregistrée, s'est établie à 1,09°C.

L'Accord de Paris sur le climat vise à limiter la température à +2°C, idéalement +1,5°C d'ici à 2100, par rapport à l'ère pré-industrielle, ce qui nécessiterait de réduire drastiquement et immédiatement les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines. Or, celles-ci continuent à augmenter.

Selon le Met Office, il existe un "petit risque" (environ 10%) qu'une des années entre 2020 et 2024 dépasse la barre de 1,5°C.

 

Mais "un dépassement temporaire de 1,5°C ne signifie pas un transgressement de l'Accord de Paris", a souligné Stephen Belcher, chef scientifique du service météorologique britannique.

Les scénarios des experts climat de l'ONU (Giec) se basent en effet sur des tendances à long terme d'augmentation de la moyenne des températures et pas une année unique. "Malgré tout, nos prévisions montrant une tendance à une poursuite du réchauffement, la fenêtre d'opportunités se rétrécit", a-t-il insisté.

Avec seulement un degré de réchauffement, la planète subit déjà les impacts ravageurs du dérèglement climatique, avec une multiplication et une intensification des événements météo extrêmes, des tempêtes aux canicules, en passant par les inondations.

© 2020 AFP

Musulmans sunnites, les Rohingya étaient environ un million avant l’exode massif de septembre 2017 de Birmanie, pays à plus de 90% bouddhiste. La plupart vivent dans le nord-ouest du pays, beaucoup dans des camps de réfugiés, mais sont apatrides. La Birmanie leur refusant la citoyenneté depuis 1982.

Considérés comme des étrangers, ils sont victimes de discriminations : travail forcé, restriction de liberté de mouvement, accès limité à l’éducation ainsi qu’aux services publics. Ils seraient une des minorités les plus persécutées au monde.

Depuis 2011, et la fin de la junte militaire, les tensions entre communauté bouddhiste et musulmane se sont accrues. En 2012 de violents affrontements ont fait plus de 200 morts, principalement des musulmans.

En octobre 2016, l’armée a lancé une opération dans l’état Rakhine après l’attaque de postes de police. Une attaque revendiquée par l’ARSA, l’Arakan Rohingya Salvation Army. L’ARSA, considérée comme une organisation terroriste par le pouvoir central, dit se battre pour défendre les droits des Rohingya contre les exactions des militaires et de la communauté bouddhiste.

 

Des violences qui ont poussé des milliers de Rohingyas à fuir la Birmanie vers la Malaisie, l’Indonésie et le Bangladesh, où ils se retrouvent dans des camps, la plupart du temps .

Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, veut créer un standard de reporting extra-financier pour les entreprises. Il a annoncé le lancement des travaux préparatoires en ce sens. Ce standard européen viendrait compléter le plan européen pour la finance durable, en fournissant aux investisseurs des informations plus homogènes sur les entreprises.

La stratégie pour la finance durable fait de nouveau un pas en avant. Valdis Dombrovskis, le vice-président exécutif de la Commission européenne, a annoncé le 28 janvier le lancement de travaux préparatoires à la mise en place de standards européens de reporting extra-financier. Ces standards devraient permettre de fixer un cadre commun aux entreprises pour déclarer toutes leurs données environnementales, sociales et de gouvernances (ESG), à la manière dont les normes comptables leur permettent de communiquer sur leur état financier.

À l’heure actuelle, les entreprises disposent de plusieurs outils de reporting, comme ceux de la Global Reporting Initiative (GRI), du Sustainability Accounting Standards Board (SASB), de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TFD), etc. "Les nombreux chevauchements des cadres et standards internationaux de reporting embrouillent les entreprises et les investisseurs, estimait toutefois le numéro 2 de la Commission, lors d’un événement sur le financement de la transition. Ils les trouvent également chers."

S’inspirer des cadres existants

La Commission européenne va missionner le Groupe consultatif européen sur l’information financière (EFRAG) pour définir le nouveau standard de reporting. Avec une ligne directrice : ne pas réinventer la poudre. "Les éléments les plus acceptés de ce qui existe aujourd’hui seront notre point de départ", assure Valdis Dombrovskis.

La standardisation de l’information extra-financière devrait faciliter le développement de la finance durable, en permettant notamment aux investisseurs d’avoir accès à une information complète et comparable. Elle vient apporter une brique fondamentale au dispositif européen lancé dans le plan d’action sur la finance durable de 2018, qui est en train de se concrétiser à vive allure.

Ces derniers mois, les annonces se sont enchaînées. En décembre 2019, la commission a présenté son Green deal européen, publié le cadre de reporting extra-financier des investisseurs, et réussi à négocier un accord sur la taxonomie des activités vertes avec le Parlement et le Conseil. Tout en avançant sur le dossier de l’écolabel pour les produits financiers verts, dont les critères sont en cours de consultation.

Reste à mettre tout le monde d’accord autour de normes communes. Ce sera la mission de l’EFRAG, qui, selon Valdis Dombrovskis, devrait travailler avec l’assistance d’experts de la question. La France compte déjà parmi les soutiens du projet. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avait confié l’année dernière une mission à Patrick de Cambourg, Président de l’Autorité des normes comptables, pour améliorer la qualité des informations extra-financières. Le rapport, remis en juin 2019, préconisait justement de constituer un référentiel européen.

 

The Guardian refusera désormais toute publicité des sociétés pétrolières et gazières afin d'agir contre la crise climatique, a annoncé mercredi le quotidien britannique, se félicitant ainsi de devenir le premier média d'envergure internationale à agir ainsi. "Un bon début, qui va aller plus loin ?", a réagi sur Twitter l'activiste suédoise Greta Thunberg.

Cette décision prend immédiatement effet, a annoncé le journal, qui vise la neutralité carbone en 2030. Elle concerne toutes les entreprises impliquées dans l'extraction de sources d'énergie fossile, au rang desquelles certains des plus gros pollueurs mondiaux. La démarche du quotidien marqué à gauche vise à contrer les "efforts menés depuis des décennies par de nombreux acteurs de cette industrie pour empêcher les gouvernements du monde entier de prendre des mesures significatives en matière de climat", ont déclaré la directrice générale Anna Bateson et le responsable des recettes Hamisch Nicklin.

Ils soulignent que la réponse face au réchauffement climatique représente "le défi le plus important de notre époque". "Le modèle du financement du Guardian va rester précaire pour les prochaines années", soulignent les deux responsables du journal, qui tire près de 40 % de ses revenus de la publicité. Ils espèrent que certains annonceurs approuveront leur démarche et se tourneront davantage vers le journal à l'avenir.

Parler d’urgence

"C'est un moment décisif, le Guardian doit être applaudi pour cette initiative audacieuse pour mettre un terme à la légitimité des énergies fossiles", a réagi Mel Evans, chargée de campagne chez Greenpeace au Royaume-Uni, appelant médias et organisations artistiques et sportives à faire de même. À l'automne, le Guardian avait revu ses pratiques éditoriales pour mieux refléter l'ampleur du défi, notamment en utilisant les termes "urgence climatique" plutôt que "changement climatique".

Avant lui, le petit journal suédois Dagens ETC, lancé en 2014, a renoncé en septembre à toute publicité faisant la promotion de biens et services issus des énergies fossiles.

AFP

Très jeune, alors qu'il chassait le gibier dans la forêt et s'y nourrissait de miel sauvage, Davi Kopenawa n'aurait jamais imaginé qu'il deviendrait ce chaman yanomami exprimant à New York ou Paris la colère de son peuple contre l'invasion des Blancs.

"Je ne pensais pas que j'apprendrais leur langue et encore moins que je pourrais aller discourir jusque chez eux", dit le chef indigène d'Amazonie brésilienne dans "La chute du ciel", son long témoignage oral recueilli par l'anthropologue français Bruce Albert (2010).

Le chaman se trouve actuellement à Paris, où l'exposition des photos de son amie Claudia Andujar sur les Yanomami est inaugurée ce jeudi à la Fondation Cartier.

A 63 ans, Davi Kopenawa a eu une vie jalonnée de drames personnels et de combats pour la survie des près de 27.000 Yanomami du Brésil.

"Davi lutte depuis plus de 30 ans pour son peuple, sans trêve, malgré les menaces de mort, les tentatives de corruption et une situation qui ne cesse de s'aggraver", a expliqué Bruce Albert à l'AFP.

 

Une menace qui s'est accrue avec l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, un président qui "n'aime pas les indigènes" et "ne comprend pas la valeur de la forêt amazonienne", a dit M. Kopenawa à l'AFP.

Quand, enfant, il rencontre des Blancs pour la première fois, il est "terrorisé" par leur "effrayante laideur", leur "effarante blancheur".

Puis les Yanomami accordent leur confiance à ces Blancs qui leur apportent des haches et des vêtements. Mais "nous avons vu les Blancs disséminer leurs maladies et nous tuer avec leurs fusils", accuse le chaman dans son témoignage. "Ma colère ne m'a jamais quitté depuis".

Il voit mourir de nombreux proches, puis sa mère, des épidémies. Les missionnaires évangélistes enterrent celle-ci en secret, le privant des rites funéraires traditionnels. Cette offense, cette douleur, seront fondatrices du combat du Yanomami.

- "Un habitant de la forêt" -

 

Pourtant, à l'adolescence, Davi, seul et désemparé, a la tentation de quitter la forêt. "Devenir un Blanc, je n'avais plus que cela en tête", avoue-t-il, fasciné par les montres, les pantalons longs, les bateaux à moteur.

Il quitte son village pour aller travailler parmi les Blancs, à un poste de la Funai, l'organisme public des affaires indigènes. En tant qu'interprète notamment, il y passe plusieurs périodes, enfiévrées par la tuberculose puis la malaria.

Après une hospitalisation d'un an, il retourne finalement auprès des siens: il est resté "un habitant de la forêt".

Davi Kopenawa est révolté par l'invasion massive de ces orpailleurs qui "creusent partout comme des cochons sauvages" et remplissent les rivières d'huile de moteur et de mercure.

Au plus fort de la ruée vers l'or, à la fin des années 80, quelque 40.000 orpailleurs écument les terres yanomami. On compte alors quasiment cinq "garimperos" pour un seul Yanomami dans l'Etat de Roraima.

 

Davi Kopenawa s'insurge aussi contre ces éleveurs qui "brûlent les arbres de la forêt" et "le gouvernement qui veut y ouvrir des nouvelles routes".

- "Parler avec fermeté" aux Blancs -

Vient la rencontre décisive avec la CCPY, ONG pro-yanomami fondée en 1978 par Claudia Andujar et Bruce Albert, qui encouragent cet homme de nature réservée à voyager pour défendre les droits territoriaux de son peuple.

Son beau-père, Lourival, un chaman prestigieux, l'initie quand il a 27 ans.

"Davi jouit d'un très grand respect auprès des Yanomami pour son rôle historique",explique M. Albert à l'AFP, évoquant "l'intelligence de sa synthèse entre chamanisme et politique" et "ses capacités de négociation aussi bien dans les communautés les plus isolées qu'auprès des interlocuteurs internationaux les plus divers".

Car "de plus en plus en colère" face au désastre écologique et épidémiologique dans la forêt, il décide d'aller parler aux Blancs "avec fermeté jusque dans leurs villes".

Mais les voyages lointains sont "dangereux pour les chamans".

A Paris -- "la terre tremblante" pour les Yanomami avec ses tapis roulants et son métro -- Davi Kopenawa est oppressé, pris de vertiges, insomniaque.

A New York, où "les Blancs vivent empilés les uns sur les autres", il rencontre en 1991 de hauts responsables de l'ONU mais est choqué par la misère et tombe malade.

Mais la reconnaissance, par décret présidentiel, d'un territoire yanomami de 96.650 km2 en 1992 est une immense victoire.

L'an dernier, Davi Kopenawa a reçu le "Nobel alternatif", la Right Livelihood Award, pour son combat à la tête de la Yanomami Hutukara qu'il a fondée en 2014 et où Dario, l'un de ses cinq enfants, joue un rôle-clé.

© 2020 AFP

D'habitude très fréquentés, les innombrables centres commerciaux de Pékin restent vides. Paniqués par l'épidémie de coronavirus, les Chinois ont déserté les lieux publics, donnant à la mégapole de 20 millions d'habitants un air de ville fantôme en plein congé du Nouvel an lunaire.

Dans un restaurant pékinois, une affichette l'assure : "Ce commerce a été désinfecté aujourd'hui". Mais aucun convive à l'horizon : paniqués par l'épidémie de coronavirus, les Chinois ont déserté magasins et lieux publics.

D'habitude très fréquentés, les innombrables centres commerciaux de la capitale restent vides. Seuls quelques véhicules s'aventurent sur des avenues silencieuses, donnant à la mégapole de 20 millions d'habitants un air de ville fantôme en plein congé du Nouvel an lunaire.

Alors que l'épidémie de pneumonie virale s'accélère, avec 132 morts et près de 6 000 patients contaminés, les autorités encouragent les gens à rester calfeutrés chez eux, les invitant à porter un masque s'ils doivent sortir.

Des commerces désertés

L'ambiance anxiogène n'incite de toute façon guère à mettre le nez dehors. Dans les stations de métro, des contrôles de température sont effectués par des agents en combinaison intégrale.

 

La température corporelle est également surveillée dans les gares, hôtels, commissariats... et jusque dans les complexes résidentiels, à l'entrée desquels un thermomètre est imposé au front de tous les visiteurs.

Dans ce contexte, difficile pour le centre commercial Taikoo Li, dans l'est de Pékin, d'attirer le chaland. On n'y croise qu'une poignée de clients au fil des étages, où flotte l'odeur entêtante de produits désinfectants. Un peu partout, des posters enjoignent les visiteurs à se couvrir le visage.

Beaucoup d'enseignes sont fermées. Le restaurant de viande braisée Hao Lu Wei reste ouvert, mais malgré sa promesse d'un nettoyage intensif et régulier, personne n'y est attablé.

"Au moment de faire vos emplettes, soyez assurés que notre magasin a fait l'objet d'une désinfection approfondie. Bonne année!", affirme en vitrine un opticien... également déserté.

 

Pharmacies à court de stocks

A l'inverse, les commerces proposant masques et liquides désinfectants sont en rupture de stock, tandis que le prix des produits concernés s'envole sur les site de vente en ligne.

"Nous n'avons absolument plus rien depuis le Nouvel an" chinois, tombé le 25 janvier, se désole un pharmacien, face à un livreur désespérément à la recherche d'une solution hydro-alcoolique.

La demande est immense, encore renforcée par les consignes officielles : la province du Guangdong (110 millions d'habitants) a imposé de se couvrir le visage dans les lieux publics, et plusieurs régions lui ont emboîté le pas. Les autorités poussent à intensifier la production de masques.

Certes, Pékin se vide d'ordinaire d'une partie de sa population au Nouvel an, quand les travailleurs migrants et de nombreux habitants rentrent dans leur région d'origine. Mais de nombreux touristes gagnent alors la capitale, et les Pékinois eux-mêmes se pressent dans les foires du Nouvel an organisées dans les temples et parc de la ville.

 

Or, en raison de l'épidémie, ces événements festifs ont été annulés et les voyages en groupe suspendus dans tout le pays. Les transports sont eux-mêmes paralysés, avec l'annulation d'au moins 2 000 trains inter-provinciaux.

'On ne sait pas quoi faire'

Confinés chez eux, les Chinois trompent leur ennui sur les réseaux sociaux à coups de messages sarcastiques. Dans une vidéo très partagée sur la messagerie WeChat, on voit des joueurs de mah-jong attablés... avec des sacs en plastique transparents autour de la tête.

Dans les rues de Pékin, on croise néanmoins quelques audacieux piétons : dans le quartier de Sanlitun, connu pour ses bars et magasins, deux trentenaires retirent leur masque et se détendent en fumant une cigarette dans une relative insouciance.

Dans une salle de jeux voisine, un homme tente sa chance avec une machine à pince. Interrogé par l'AFP, il juge que ces machines doivent être désinfectées régulièrement mais n'en est pas totalement certain : "On essaye de rester le maximum à la maison", soupire-t-il. Mais finalement, "on est venu ici, parce qu'on ne savait pas quoi faire d'autre".

La nature soutient l’humanité de mille et une façons, certaines évidentes, affectant notre santé physique et mentale, d’autres plus indirectes et néanmoins cruciales.

Les abeilles et papillons pollinisent nos légumes, comme ces carottes qui nous apportent de la vitamine A. Les sols absorbent une part de la pollution (notamment causée par l’ajout d’engrais), évitant à celle-ci de ruisseler dans nos cours d’eau et de contaminer les sources d’eau potable. Le long du littoral, les mangroves aux racines profondes et les coraux protègent les côtes de l’érosion, des inondations et des tempêtes.

Ces cadeaux de la nature sont ce qu’on appelle, dans notre jargon scientifique, des « services écosystémiques ».

Un risque accru pour 5 milliards d’humains

Alors que les spécialistes documentent de plus en plus précisément « la sixième extinction de masse » en cours (voir les rapports l’IPBES sur l’effondrement de la biodiversité), les politiques se préparent à fixer, en 2020, de nouveaux objectifs et plans de conservation des écosystèmes.

Mais protéger efficacement la nature requiert une compréhension fine des processus – variés et très locaux – grâce auxquels elle profite à l’humanité.

Notre équipe – du Natural Capital Project à l’Université de Stanford – a modélisé quelques-uns de ces processus pour établir une carte interactive du monde ; il s’agit de montrer la capacité – en déclin – de la nature à fournir des pollinisateurs pour nos cultures ou protéger les populations contre les tempêtes côtières et les eaux polluées.

On estime aujourd’hui que cinq milliards de personnes pourraient être exposées à un risque accru de pollution, de tempêtes côtières ou de malnutrition (par manque de pollinisateurs) d’ici 2050. Les impacts varient selon les scénarios adoptés. S’ils sont moindres dans l’éventualité d’un changement climatique modéré, ils sont en revanche toujours inéquitablement répartis. L’Afrique et l’Asie du Sud-Est sont particulièrement impactées, notamment en termes de qualité de l’eau et de déclin des pollinisateurs.

Au niveau mondial, des centaines de millions de personnes vivant sur les littoraux deviendraient ainsi plus vulnérables aux tempêtes côtières.

En France, où l’on utilise beaucoup d’engrais – notamment dans le Nord et l’Ouest (voir la carte de gauche ci-dessous qui montre la quantité d’azote appliquée comme fertilisants) –, les sols en absorbent une majorité (c’est la « contribution de la nature »), mais le reste (voir la carte du milieu) ruisselle et viendra polluer les cours d’eau.

Selon un scénario qui dépeint un futur plutôt durable à l’échelle mondiale (carte de droite), ces polluants risquent d’augmenter à l’horizon 2050 dans la majeure partie du pays – à l’exception du Sud-Ouest.

Que racontent ces cartes ?

Où la nature est-elle la plus cruciale pour l’humanité ? Quelles sont les zones clefs à protéger ? La cartographie de processus naturels locaux réalisée à l’échelle mondiale nous permet de répondre à ces questions.

Pour identifier les zones les plus vulnérables, par exemple, on analyse à la fois les services rendus par les écosystèmes et les besoins des populations locales. Ces données spatiales sont fascinantes, incroyablement riches et complexes, voire presque indigestes.

Prenons l’exemple de la pollinisation. Lorsqu’elle est efficace, on obtient un certain niveau de production agricole (appelé le « bénéfice potentiel maximal »). Si elle est insuffisante, la production est moindre. On peut mesurer l’écart lié à cette insuffisance (le « manque à gagner » ou Benefit Gap) ou le ratio entre la production permise par une pollinisation suffisante et celle qui sera obtenue (la « contribution de la nature »).

Les conséquences humaines du manque à gagner lié à la dégradation des services écosystémiques dépendent des besoins des populations locales ; on va alors considérer la contribution de la nature à l’humanité (nature’s contribution to people), si elle se produit là où il y a un besoin (dans ce cas, si les populations locales n’ont pas d’alternatives telles que des cultures qui ne dépendraient pas de la pollinisation).

Dans le cas de la rétention des polluants par le sol, le manque à gagner correspond à la quantité de polluants non-absorbée par le sol, ruisselant jusqu’aux cours d’eau. Dans le cas de la protection littorale, c’est l’augmentation du risque côtier dû à la perte de la protection d’un habitat (mangrove par exemple) qui sera concernée.

Innovation du big data

Ces analyses et cette cartographie ont été rendues possibles grâce à des avancées technologiques récentes, notamment les capacités de traitement de données massives, ou encore la disponibilité d’images satellites de haute résolution.

Nous avons « découpé » la planète en plus d’un milliard de carrés d’environ 300 mètres de coté (soit 9 hectares, soit à peine la taille d’un dixième du plus petit arrondissement parisien). Pour chacun de ces carrés, nous avons analysé les variables conditionnant l’efficacité de trois services écosystémiques (pollinisation des cultures, rétention des polluants par le sol et protection du littoral), et leur évolution pour divers scénarios de changements climatiques et sociétaux.

Quelques milliards de petits carrés que la magie de la data visualisation interactive nous permet d’explorer…

Quantifier les contributions de la nature, pour mieux la protéger

Depuis plus de dix ans, les politiques de gestion territoriale s’appuient sur les outils open-source que nous développons dans le cadre du Natural Capital Project pour mieux comprendre les bénéfices apportés par les biens naturels.

En 2020 seront décidées les grandes lignes des objectifs internationaux de conservation pour les prochaines décennies, notamment lors de la COP26 (à Glasgow, au Royaume-Uni) et de la Convention sur la biodiversité (à Kunming, en Chine). À l’approche de ces sommets, l’IPBES à rappellé l’urgence d’une compréhension fine des contributions de la nature à l’humanité.

Dans un monde confronté aux bouleversements climatiques, au recul du vivant et à la montée des inégalités, les responsables politiques auront besoin de cartes de plus en plus détaillées pour répondre aux défis de la conservation de la nature. Il s’agit dès lors pour nous, scientifiques et experts en données, d’être capables d’intégrer une variété toujours plus grande de services écosystémiques à nos cartes.

 

 : Environmental Data Scientist, Stanford University

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