Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Tout comme les humains, les animaux doivent accomplir un certain nombre de choses pour s’assurer qu’ils parviendront à transmettre leurs gènes : manger, éviter de se faire manger, se reproduire et dormir. Si l’un de ces impératifs biologiques n’est pas respecté, c’est la mort assurée. Pourtant, lorsqu’on dort, on ne peut accomplir aucune de ces activités. C’est là un des grands mystères de la science : pourquoi dormons-nous ?

En ce qui concerne les humains, les scientifiques ont formulé plusieurs hypothèses. Pour certains chercheurs, le sommeil permet de nettoyer notre cerveau des déchets métaboliques produits par l’activité des neurones ; pour d’autres, il sert à consolider la mémoire. Pour tester la validité de ces hypothèses, on peut observer si elles s’appliquent au sommeil des animaux qui ne sont habituellement pas étudiés sur ce plan, comme les grands mammifères africains.

La recherche a déjà démontré que plus les mammifères sont grands, moins ils dorment. En principe, donc, les éléphants africains – les adultes pèsent entre 3 000 et 5 000 kilos – ne devraient pas dormir beaucoup. Pour vérifier si un animal dort, on enregistre ses ondes cérébrales en posant des électrodes sur son crâne : les caractéristiques de l’activité globale du cerveau montrent si le cerveau est éveillé, s’il est dans une phase de sommeil profond ou dans une phase de sommeil paradoxal (celui des rêves). Mais avec les éléphants, c’est impossible d’un point de vue chirurgical, en raison de la particularité de leur crâne, constitué en grande partie d’un immense sinus frontal.

Pour surmonter ce problème, notre équipe de neurobiologie comparée de l’Université des Witwatersrand a adapté un compteur d’activité utilisé dans les études sur le sommeil humain, avec l’aide de nos collègues de l'ONG Elephants Without Borders et ceux de l'université américaine UCLA. Cela nous a permis de mesurer les habitudes de sommeil de deux matriarches dans une population d’éléphants sauvages.

Les résultats obtenus, qui ont été publiés dans le journal PLoS ONE, sont importants pour deux raisons. D’abord, en étudiant le sommeil à travers les animaux, nous pouvons tenter d’améliorer la qualité du sommeil et la qualité de vie des humains. Mais comprendre le sommeil chez des animaux comme les éléphants nous aide aussi à mieux les comprendre – améliorant ainsi notre capacité à développer des stratégies de gestion et de conservation de la biodiversité.

Les résultats

L’appareil que nous avons utilisé mesurait l’activité des éléphants en comptabilisant le nombre d’accélérations de leurs mouvements par minute. Il est facile à implanter sous la peau, pour savoir quand l’éléphant bouge ou reste immobile. En observant les éléphants dans la nature, nous avons constaté que la partie de leur corps la plus mobile était leur tronc. Nous en avons déduit que si le tronc ne bougeait pas pendant cinq minutes, l’éléphant était susceptible d’être endormi – c’est donc à cet endroit que nous avons implanté le capteur d’activité.

En combinant ce système avec un collier GPS et un gyroscope – qui mesurait les mouvements corporels dans les plans x, y et z, nous avons fait quatre observations vraiment intéressantes :

  • Les éléphants dormaient en moyenne deux heures par jour ;

  • La plupart du temps, ils dormaient debout, mais ils s’allongeaient pour dormir tous les trois ou quatre jours ;

  • Certaines nuits, ils ne dormaient pas et parcouraient une distance de 30 kilomètres ;

  • Lorsqu’ils s’endormaient ou se réveillaient, cela coïncidait avec des conditions environnementales non corrélées au lever ou au coucher du soleil.

Les recherches existantes menées sur des éléphants en captivité ont révélé qu’ils dormaient en moyenne entre quatre et six heures par jour. Cela s’explique : ils ont beaucoup de temps pour dormir et n’ont pas besoin de marcher pour trouver la nourriture dont ils ont besoin pour rester en forme, leur régime alimentaire est de meilleure qualité, et ils n’ont aucun prédateur.

Un grand éléphant doit manger environ 300 kg de nourriture – de qualité nutritionnelle médiocre – chaque jour. Cela lui laisse peu de temps pour dormir. Le cerveau des éléphants, comme celui des humains, comprend des orexines, des neurotransmetteurs qui contrôlent l’équilibre entre la satiété et l’état d’éveil : si vous avez eu assez à manger, les neurones se calment et vous permettent de vous coucher. Sinon, ils vous gardent éveillés.

Cet équilibre entre satiété et état d’éveil, combiné à leur régime alimentaire, explique pourquoi les mammifères les plus gros dorment moins, mais aussi pourquoi les herbivores dorment moins que les carnivores et les omnivores (comme les humains). Les données recueillies sur les éléphants renforcent cette idée émergente dans la recherche sur le sommeil et permettent d’expliquer pourquoi l’éléphant dort si peu.

En captivité, les éléphants passent une grande partie de leur temps à dormir couchés, mais ils dorment parfois debout. Avec les données combinées du gyroscope et du capteur d’activité, nous avons constaté que les éléphants sauvages dormaient principalement debout. Ils ne dorment couchés que tous les trois ou quatre jours, pendant environ une heure.

Pendant le sommeil paradoxal, le tonus musculaire des mammifères disparaît. Donc, pour qu’un éléphant rentre dans le sommeil paradoxal, il lui faut s’allonger, car sans aucun tonus musculaire, il ne peut pas rester debout, à moins qu’il ne s’appuie contre un arbre ou un grand rocher.

Pour certains chercheurs, le sommeil paradoxal sert à consolider la mémoire : les expériences vécues au cours de la journée seraient converties en mémoire à long terme pendant le sommeil paradoxal. Les éléphants ont une bonne mémoire à long terme, mais n’entrent dans le sommeil paradoxal que tous les trois ou quatre jours. Cela permet de penser que la consolidation de la mémoire n’est peut-être pas la fonction du sommeil paradoxal.

Indicateurs environnementaux

Il est arrivé que les éléphants ne dorment pas de la nuit. Cela s’est produit trois fois pour un éléphant, deux fois pour l’autre. Ces jours-là, peu de temps après le coucher du soleil, les éléphants ont été perturbés, peut-être par des lions, des braconniers ou même un éléphant mâle en musth, un état le rendant particulièrement agressif. Pendant le reste de la nuit, les éléphants ont parcouru une distance d’environ 30 kilomètres. Ce comportement n’avait jamais été enregistré précédemment et indique que les éléphants ont vraiment besoin de beaucoup d’espace, un élément important en termes de conservation – dans les petites réserves, ils sont à l’étroit.

Enfin, les moments où les éléphants sont allés dormir (début du sommeil) et se sont réveillés (sortie du sommeil) n’étaient pas liés au coucher et au lever du soleil. Par contre, ces deux moments étaient fortement liés à certaines sensations associées à l’environnement : un mélange de température, d’humidité, de vitesse du vent et de rayonnement solaire. Il semble que certains indicateurs environnementaux soient importants pour les éléphants, pour aller dormir et se réveiller au bon moment. En examinant cela de plus près, nous pourrions être en mesure d’ajuster l’environnement dans lequel nous dormons afin d’améliorer la qualité de nos nuits de sommeil.

Professor of Comparative and Evolutionary Neurobiology,

University of the Witwatersrand

La population du continent africain s’accroît rapidement. Estimée à 140 millions en 1900, elle atteignait un milliard d’habitants en 2010. Elle en comptera 2,5 en 2050 et plus de 4 en 2100, selon le scénario moyen des projections des Nations unies. Un humain sur 6 habite aujourd’hui en Afrique. En 2050, ce sera 1 sur 4, et plus d’1 sur 3 en 2100, selon ces mêmes projections.

À quoi tient cette forte croissance ? Se poursuivra-t-elle ? Le quadruplement d’ici la fin du siècle est-il inévitable ?

Les raisons de la croissance

Si la population de l’Afrique augmente, c’est en raison de l’excédent des naissances sur les décès (quatre fois plus de naissances que de décès). La mortalité a beau y être la plus élevée du monde, elle y a diminué, comme elle l’avait fait auparavant dans les autres continents.

La fécondité y a également diminué, les femmes y mettant au monde 4,5 enfants en moyenne chacune en 2017, contre plus de 6,5 il y a quarante ans et 5,5 il y a vingt ans. L’Afrique connaît là aussi une évolution ayant déjà eu lieu dans les autres continents, où elle y est plus avancée : 2,1 enfants seulement par femme en Asie en 2017, 2,0 en Amérique latine, 1,9 en Amérique du Nord et 1,6 en Europe.

Cette moindre mortalité qu’autrefois et cette fécondité encore relativement élevée expliquent que la population de l’Afrique s’accroisse rapidement. Même si la fécondité continue de diminuer, comme le suppose le scénario moyen des Nations unies, il ne va pas en résulter tout de suite une diminution sensible du taux de croissance et encore moins un arrêt de celle-ci, en raison de l’inertie démographique.

À supposer que la fécondité africaine tombe dès maintenant à 1,6 enfant par femme comme en Europe ou en Chine – scénario hautement improbable –, la population continuerait pourtant d’augmenter pendant encore quelques décennies pour atteindre près de 1,6 milliard en 2050. La population de l’Afrique comprend en effet beaucoup de jeunes adultes en âge d’avoir des enfants ; même si chacun en avait peu, il en résulterait un nombre élevé de naissances.

L’évolution de la fécondité : plusieurs surprises récentes

Les projections de population publiées par les Nations unies en 1981 annonçaient 10,5 milliards d’êtres humains sur la planète en 2100 dans leur scénario moyen. Les dernières projections publiées en juin 2017 en annoncent 11,2, soit 0,7 de plus.

Le total est donc un peu plus élevé mais le véritable changement se trouve dans la répartition par continent : l’Asie, 5,9 milliards d’habitants en 2100 d’après la projection publiée en 1981, n’en a plus que 4,8 à cet horizon dans celle publiée en 2017. La révision est également à la baisse pour l’Amérique latine : 712 millions en 2100 au lieu de 1 187 (40 % de moins). À l’inverse, l’Afrique, 2,2 milliards d’habitants en 2100 d’après les projections de 1981, en a le double, 4,4 milliards, dans celles publiées en 2017 (voir la figure ci-dessous).

Première surprise : les enquêtes révèlent il y a 30 à 40 ans que la fécondité a commencé à baisser très rapidement dans beaucoup de pays d’Asie et d’Amérique latine. Les Nations unies ont donc revu sensiblement à la baisse leurs projections démographiques pour ces continents.

Autre surprise, plus récente, venue de l’Afrique intertropicale : on s’attendait à ce que sa fécondité baisse plus tardivement qu’en Asie et en Amérique latine, du fait de son retard en matière de développement socio-économique, mais on imaginait un simple décalage dans le temps, avec un rythme de baisse similaire aux autres régions du Sud une fois qu’elle serait engagée. C’est bien ce qui s’est passé en Afrique du Nord et en Afrique australe, mais pas en Afrique intertropicale où la baisse de la fécondité, bien qu’entamée aujourd’hui, s’y effectue plus lentement. D’où un relèvement des projections pour l’Afrique qui pourrait donc rassembler plus d’un habitant de la planète sur trois en 2100.

Ce qui se passe en Afrique intertropicale

La fécondité diminue bien en Afrique intertropicale mais dans les milieux instruits et en villes plus que dans les campagnes, où vit encore la majorité de la population. Plusieurs facteurs pourraient expliquer que la baisse de la fécondité y soit pour l’instant plus lente que celle observée il y a quelques décennies en Asie et en Amérique latine (voir la figure ci-dessous).

L’Afrique se développe sur le plan économique, mais lentement, et sans encore avoir atteint le niveau des pays asiatiques ou latino-américains à l’époque où leur fécondité a commencé à diminuer fortement.

Or le développement économique et la baisse de la fécondité vont souvent de pair, la seconde étant souvent considérée comme une conséquence du premier. L’instruction des femmes est un facteur-clé dans ce processus : celles ayant été à l’école mettent moins d’enfants au monde que celles qui n’y sont pas allées. Les pays asiatiques et latino-américains ont beaucoup investi dans l’éducation pour tous il y a quelques décennies. Si l’éducation progresse en Afrique intertropicale, notamment chez les femmes, elle n’atteint toujours pas les niveaux observés en Asie et en Amérique latine lorsque la baisse de la fécondité s’est enclenchée dans ces continents.

Un autre facteur évoqué pour expliquer cette moindre baisse de la fécondité en Afrique est le partage des coûts pour élever les enfants. En Afrique, une partie des enfants est élevée par d’autres adultes que les parents – un grand parent, un oncle, une tante – ceux-ci prenant en charge les frais pour les nourrir, les habiller et les envoyer à l’école. Partout dans le monde, les humains font progressivement le choix d’avoir peu d’enfants, investissant sur chacun d’eux pour leur assurer une vie longue et de qualité, ce qui n’est pas possible quand il y en a beaucoup. Mais si avoir un enfant de plus n’entraîne pas de dépenses accrues du fait qu’il sera pris en charge par d’autres, l’incitation à avoir peu d’enfants reste moindre.

Des élites peu engagées dans la limitation des naissances

La fécondité baisse plus lentement en Afrique qu’en Asie et en Amérique latine il y a quelques décennies ; et cela ne vient pas d’un refus de la contraception chez les Africains.

La plupart des familles rurales ne se sont certes pas encore converties au modèle à deux enfants, mais elles souhaitent avoir moins d’enfants et notamment plus espacés. Elles sont prêtes pour cela à utiliser la contraception mais ne bénéficient pas de services adaptés pour y arriver.

Les programmes nationaux de limitation des naissances existent mais sont peu efficaces, manquent de moyens, et surtout souffrent d’un manque de motivation de leurs responsables et des personnels chargés de les mettre en œuvre sur le terrain. Parmi les rares exceptions, le Rwanda, l’Éthiopie, et le Malawi, pays où les autorités sont très engagées en faveur de la famille de petite taille et ont fait de la diminution de la fécondité une de leurs priorités.

Au Rwanda, celle-ci a connu l’une des plus fortes baisses du continent, y diminuant de plus de 20 % en une décennie (elle est passée de 5,4 enfants par femme au début des années 2000 à 4,2 au début des années 2010). Mais dans la plupart des autres pays d’Afrique intertropicale, les responsables et les élites ne sont pas persuadés de l’intérêt de limiter les naissances y compris au plus haut niveau de l’État, même si ce n’est pas le discours officiel tenus aux organisations internationales. C’est là encore l’une des différences avec l’Asie et l’Amérique latine des années 1960 et 1970.

La question du « dividende démographique »

Pour convaincre les gouvernements africains de faire de la limitation des naissances une de leurs priorités, les organisations internationales leur font miroiter un « dividende démographique ».

En effet, quand la fécondité chute rapidement dans un pays, la part des jeunes diminue fortement sans que la part des personnes âgées n’augmente sensiblement au début. En conséquence, la part de la population d’âge actif augmente beaucoup, offrant une opportunité au pays de se développer économiquement. Cette situation favorable ne dure qu’un moment. Quelques décennies après, les personnes d’âge actif très nombreuses ont vieilli et augmentent alors considérablement le poids de la population âgée.

On estime qu’un certain nombre de pays asiatiques, dont la Chine, ont bénéficié de ce dividende et qu’il a pu représenter jusqu’à 10 à 30 % de leur croissance économique. En revanche, les pays d’Amérique latine n’en auraient pas bénéficié pour la plupart, faute d’emplois créés en quantité suffisante pour occuper le surcroît de personnes d’âge actif.

Mais si l’Asie et l’Amérique latine se sont engagées dans la famille de petite taille, ce n’est pas en espérant bénéficier d’un dividende démographique – on n’en parlait pas à l’époque. Les gouvernements ont développé des politiques de limitation des naissances pour réduire la croissance de la population jugée trop rapide pour un bon développement du pays.

Dans le cas de l’Afrique, les conditions pour qu’un dividende démographique ait lieu ne sont pas réunies : la fécondité baisse à un rythme trop lent ; et à supposer qu’elle se mette à baisser rapidement, les perspectives de croissance des emplois sont modestes et ne permettront sans doute pas d’absorber la main d’œuvre supplémentaire. Au cas peu probable où il y aurait un dividende démographique, celui-ci n’est qu’une perspective lointaine, dans quelques décennies.

L’Afrique n’échappera pas à une multiplication par deux de sa population d’ici 2050 en raison de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. Selon son développement économique dans les prochaines années, la progression de l’instruction chez les femmes et les politiques en faveur de la famille de petite taille, en 2100, elle sera trois, quatre, cinq, ou six fois plus nombreuse qu’aujourd’hui.

theconversation

Anthropologue et démographe, professeur au Muséum national d'histoire naturelle

et chercheur associé à l'INED, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

Au Sénégal, les rapports de genre sont encore souvent envisagés d’un point de vue relativement binaire : les femmes seraient largement confinées à l’espace domestique tandis que l’espace public, de même que les responsabilités économiques, seraient essentiellement réservés aux hommes. Mais depuis les années 1980, suite aux plans d’ajustement structurel, la crise et le chômage de masse ont poussé de nombreuses femmes à entreprendre – notamment dans l’économie informelle – afin de subvenir aux charges de leur famille. Une évolution qui conduit à une renégociation des rapports de pouvoir au sein du couple et à une certaine redéfinition des statuts.

À Dakar, particulièrement, les femmes jouent un rôle économique de plus en plus important. Elles se mettent à intégrer des réseaux d’affaires influents, notamment dans leurs stratégies de contournement fiscal et en entrant en union maritale avec des acteurs confrériques influents et des hommes d’affaires, et mobilisent des liens familiaux dans leurs parcours professionnels. Ces nouveaux statuts sociaux leur permettent de bénéficier d’un meilleur traitement fiscal ou d’une protection en cas de violation de la loi.

Si les entrepreneurs sénégalais sont à 68,7 % des hommes, les femmes sont aujourd’hui majoritaires dans les secteurs de la restauration (72,8 %) et très présentes dans les activités de coiffure et de commerce (38,9 %) selon le rapport 2017 sur le recensement général des entreprises.

Dans la littérature existante les rares travaux socio-anthropologiques existants ont mis l’accent sur les usages de la religion par les hommes d’affaires dans l’informel et différents secteurs de l’économie sénégalaise. Face au faible intérêt accordé à l’entrepreneuriat féminin, il convient d’explorer si la religion est vécue par les femmes qui entreprennent, comme une contrainte, voire un moyen de soumission et d’asservissement.

Notre analyse s’appuie sur les entretiens biographiques réalisés dans le cadre de l’enquête Femmes, Réseaux religieux et entrepreneuriat au Sénégal (FRES) (en cours de publication dans la revue Sociologies Pratiques, 2019, n°39). Des entretiens qualitatifs ont été réalisés auprès d’une vingtaine d’informateurs clés (ministères, ONG, entreprises, associations, etc.) et des entretiens individuels avec 100 cheffes d’entreprises, toutes confessions confondues et réparties dans trois régions du Sénégal (Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor).

La religion, une ressource importante pour l’entrepreneuriat

Il ressort de nos travaux que l’appartenance religieuse et la proximité avec un guide religieux représentent un préalable pour un parcours d’entrepreneure. Ces éléments permettent de construire des relations de confiance, de fonder une légitimité et d’entretenir les relations de clientèle nécessaires aux échanges économiques. En effet, les ressources offertes par la clientèle religieuse sont plurielles.

Une première distinction peut être établie entre les entrepreneures musulmanes et chrétiennes (rappelons que les musulmans représentent 96 % de la population et les chrétiens un peu moins de 4 %). Pour les musulmanes, le clientélisme implique une proximité relationnelle personnalisée avec les chefs religieux. Cette relation est mise en scène lors des événements religieux et à travers des rapports financiers. Les dépenses alors consenties à titre individuel ou collectif, ainsi que les services rendus à ces figures religieuses, sont vécus comme un investissement social.

À travers ces dons, les femmes sollicitent auprès des chefs religieux des contre-dons sous forme de prières de bénédiction, censées constituer un gage de réussite économique et sociale. La médiation des marabouts facilite l’accès des entrepreneures musulmanes à des opportunités et à des réseaux d’affaires. En effet, ces marabouts peuvent user de leur position centrale au sein de la communauté religieuse pour mettre les entrepreneures en relation avec des personnalités influentes.

Pour les entrepreneures chrétiennes, le rapport avec la hiérarchie religieuse est moins direct. La construction d’une clientèle religieuse dépend principalement du niveau d’implantation sur le territoire de la paroisse ou du diocèse (prières, liturgie, chorale, organisation d’événements religieux) et des services (entretien des édifices religieux, vente, préparation des repas, nettoiement, etc.). En contrepartie, elles peuvent bénéficier des faveurs de l’autorité religieuse centrale, l’évêque. Celui-ci, par son soutien, garantit la fiabilité des entrepreneures (demande de crédit, mise en réseaux, logistique, distribution d’intrants, prêt de terrain, etc.).

Le clientélisme donne accès à des marchés grâce aux liens tissés au sein de la communauté religieuse (groupes de prière, associations, mariages, etc.). Les entrepreneures peuvent profiter des événements culturels (sorties de messe, kermesses, retraites, ordinations, pèlerinages, etc.) et des rapports interpersonnels liés aux activités religieuses pour écouler leurs produits. Tout cela en bénéficiant du soutien des figures masculines religieuses (pasteurs protestants, curés catholiques, etc.).

En définitive, ce positionnement religieux procure aux entrepreneures musulmanes des ressources symboliques – bénédictions, prières et reconnaissance par les autorités religieuses – et relationnelles alors que chez les chrétiennes, les choses se passent plutôt au niveau institutionnel et matériel.

La religion, moyen d’émancipation des femmes

Les entrepreneures ne sont pas exclusivement tributaires des espaces religieux. Elles tendent à s’en émanciper, particulièrement lorsqu’elles se tournent vers l’économie de marché. Elles s’orientent alors vers des réseaux d’affaires sécularisés au niveau institutionnel (partenaires techniques, banques, etc.). La prise de distance avec l’espace religieux se traduit par leur insertion dans des réseaux influents sans exclusivité confessionnelle.

Il peut ainsi arriver que des musulmanes déclinent les faveurs d’acteurs confrériques. Elles peuvent, par exemple, refuser des billets pour La Mecque ou renoncer à des postes électifs religieux – dans des fondations ou associations religieuses – pour privilégier une collaboration institutionnalisée.

De même, des entrepreneures chrétiennes n’hésitent pas à coopter des musulmanes dans leurs entreprises associatives, en se basant sur des liens de confiance préexistants (parenté, amitié) pour accéder à des financements.

Ce clientélisme religieux est parfois traversé par des conflits. À l’image des mobilisations féminines internationales, ces conflits remettent en cause l’organisation centralisée et pyramidale et le fonctionnement genré de l’Église.

Conserver les clients religieux demeure néanmoins important pour toutes les entrepreneures. Pour elles, tout l’enjeu est de les fidéliser tout en s’ouvrant sur d’autres réseaux. À travers des concertations ponctuelles et ciblées pour des prières, les entrepreneures gardent ainsi un lien religieux bien ancré… mais en même temps détaché. L’aspect le plus important à ce stade traduit un changement dans les rapports clientélistes avec les acteurs religieux. Ces derniers passent d’une fonction d’intermédiaires à des postures partisanes plus directes, en utilisant l’image des entrepreneures, présentées comme des figures de réussite pour consolider leur pouvoir.

En clair, notre étude révèle que la religion légitime et vient en appoint au travail des femmes (dans les parcours professionnels des entrepreneures chrétiennes plus que dans ceux des musulmanes, pourtant plus clientélistes). Elle apparaît comme un engagement, mais aussi et surtout comme un levier pour entreprendre et s’émanciper. Contrairement aux hommes qui utilisent le clientélisme religieux pour consolider leur domination économique. Mais cette émancipation n’est assumée que sous couvert d’une certaine protection religieuse, censée procurer des ressources multiples.

Aussi bien relationnelles que matérielles, ces ressources permettent de soutenir et de sécuriser les investissements sociaux et économiques des entrepreneures, notamment de celles qui disposent d’un réseau familial et associatif confessionnel bien établi. Le jeu des réseaux sociaux favorise l’ouverture des entrepreneures (musulmanes comme chrétiennes) à des espaces relationnels non confessionnels. En l’occurrence, les ressources religieuses deviennent plus symboliques (prières) et permettent aux entrepreneures de tracer, sur le plan individuel, leur propre voie.

theconversation

 

enseignante-chercheure en sociologie, Université Gaston Berger

On décrit, parfois avec effroi, l’explosion de mégapoles comme Lagos ou Kinshasa, qui compteront plus de 20 millions d’habitants en 2030. Il est vrai que le taux de croissance de la population urbaine africaine est l’un des plus forts du monde – 4 % par an en moyenne entre 1960 et 2010 – et il devrait continuer à être supérieur à celui des autres régions d’ici à 2050.

Une idée reçue : l’Afrique vit un exode rural massif

Pourtant, l’urbanisation africaine se réalise aujourd’hui principalement dans les campagnes et dans les villes petites et moyennes, comme le montre la base de données Africapolis récemment publiée par le Club du Sahel et l’OCDE. Contrairement à ce qu’on imagine, les bourgs ruraux deviennent des villes en se densifiant, et sans grignoter massivement les terres cultivées et irriguées.

En outre, les campagnes ne se dépeuplent pas. Dans certains pays, la population rurale a même augmenté plus rapidement que la population urbaine entre 1990 et 2010 (Égypte, Liberia, Maurice, Zambie, Eswatini). Il n’y a pas d’exode rural massif. Ainsi, dans 22 pays d’Afrique, les deux tiers de la croissance urbaine sont alimentés par les naissances d’enfants de citadins, et non pas par des migrations des campagnes vers les villes. Entre 2010 et 2014, l’indice de fécondité en ville était supérieur à 5 enfants par femme au Mali, au Niger, au Nigeria, en République démocratique du Congo et au Burundi.

Par ailleurs, un phénomène important en Afrique est la transformation de camps de réfugiés en villes. Le camp d’Iriba au Tchad compte à lui seul plus de 141 000 réfugiés du Darfour, la taille d’une vaste agglomération. Lorsque les camps sont éloignés des principaux lieux d’activité économique, l’avenir de leurs habitants est préoccupant.

La croissance urbaine africaine n’est pas synonyme d’étalement spatial au sens de dilution. Dans le monde, les pays riches connaissent un étalement urbain dû à la réduction de la taille des ménages et à l’augmentation du niveau de vie. Ainsi, entre 1990 et 2015, les surfaces bâties se sont accrues de 18,5 % en Europe, tandis que la population n’augmentait que de 1,6 %, ce qui aggrave l’empreinte écologique des villes européennes.

Durant la même période, les villes africaines devenaient plus compactes. En 1990, dans les grandes villes africaines, la densité moyenne de population était de 5 500 habitants/km2 ; elle est de 6 000 habitants par km2 en 2015 (contre 2 500 habitants par km2 à Los Angeles). Cette densification est en grande partie due aux « modes d’habiter ». Selon la Banque mondiale, en 2017 la moitié de la population d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et le tiers de la population de Dar es-Salaam (Tanzanie) vivent en moyenne à 3 habitants par pièce.

Multiplication des mégapoles et création de villes nouvelles

Le nombre de grandes métropoles a quand même été multiplié par 10 entre 1970 et 2015 : le nombre des villes de plus de un million d’habitants est passé de 4 à 41 et elles devraient être 67 en 2030. L’Afrique compte aujourd’hui 3 mégapoles (plus de 10 millions d’habitants) : Le Caire, Lagos et Kinshasa. En 2050, 3 autres dépasseront ce seuil : Dar es-Salaam, Johannesburg et Luanda.

En raison du rythme élevé de la croissance démographique, ONU-Habitat estime les besoins en Afrique à 4 millions de logements supplémentaires chaque année. Si ceux-ci ne sont pas fournis par une offre formelle et planifiée, ils se développent par auto-construction. C’est pourquoi la population des bidonvilles africains a plus que doublé entre 1990 et 2014, passant de 200 millions à 456 millions d’habitants.

Or, les pays dont la majorité (plus de 80 %) des citadins habite dans des quartiers précaires sont les États les plus pauvres : Soudan, République centrafricaine, Tchad, Mauritanie, Madagascar. Certains de ces pays ont subi des crises politiques, l’État dispose de peu de ressources financières. La probabilité pour que leurs gouvernements réussissent à mettre en place une planification rationnelle anticipant l’ensemble des besoins en logements est très faible. L’un des grands défis de la planification urbaine en Afrique est donc l’intégration au reste de la ville des quartiers dits « informels » – c’est-à-dire leur normalisation. Les politiques répressives vis-à-vis de ces quartiers renforcent les inégalités et l’exclusion. Elles sont souvent inefficaces, puisque le développement de ces quartiers répond à des besoins essentiels pour les populations.

Une autre piste encore est la réalisation de polarités secondaires en périphérie des grandes métropoles, voire la création de villes nouvelles, afin d’éviter l’étalement urbain. Le pays précurseur pour les villes nouvelles modernes est l’Égypte. 22 cités ont été construites entre 1977 et 2000, avec des fortunes variables : cités-dortoirs mais aussi embourgeoisement dans le Grand Caire, villes désertes dans le désert.

Au début des années 2000, le Maroc a à son tour lancé la planification d’une dizaine de villes nouvelles, destinées aux classes populaires et aux classes moyennes. En Algérie et en Angola, d’immenses villes nouvelles ont pu voir le jour grâce aux revenus pétroliers et à la construction à bas coût par des entreprises chinoises. D’autres villes nouvelles visent explicitement les classes aisées, parfois en association avec des parcs de haute technologie, comme Sidi Abdellah en Algérie, Diamniado au Sénégal, Hope City au Ghana, Eko Atlantic City au Nigeria ou Konza Technology City au Kenya.

De nombreux observateurs soulignent le fait que ces villes nouvelles récentes n’attirent pas massivement les populations, en particulier lorsqu’elles sont éloignées des lieux d’emploi et mal desservies, contrairement à ce qui était annoncé par les gouvernements. Cependant, il faut comprendre que ces grands projets servent également à thésauriser des capitaux, dans un contexte de fiabilité limitée du système bancaire, et à entretenir une bulle spéculative.

La nécessaire implication des États

Si elles en ont les moyens, les autorités publiques peuvent lancer d’importants programmes de construction de logements sociaux. En revanche, si elles laissent libre champ au secteur privé de la promotion immobilière, ce dernier, dans une recherche de rentabilité, offrira peu de solutions pour les populations peu solvables, qui constitueront pourtant la majorité des citadins africains de demain. Une partie des villes nouvelles et gated communities de dernière génération abritera alors uniquement les classes aisées, ce qui risque de renforcer la ségrégation spatiale et les inégalités, tout en ayant un impact négatif pour le climat et l’environnement (les quartiers aisés sont souvent plus consommateurs d’espaces).

theconversation

 , PhD

Le passage de la tempête Gloria dans les Pyrénées-Orientales et l'Aude a été "parfaitement géré" mais "cela pose des questions sur l'aménagement du territoire", a indiqué samedi la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson.

"Au nom du gouvernement, c’est important d’être là aujourd’hui.Je voudrais saluer l’immense travail accompli par les services de l’État, les services de secours, les maires, les associations. Cette crise a été parfaitement gérée", a-t-elle déclaré lors d'une visite à Claira et Argelès-sur-mer, deux communes catalanes particulièrement touchées.

"Ici, il y a un retour d’expérience qui a été fait, avec une expertise. Il y a une culture du risque", a-t-elle souligné. Près de 2.000 personnes ont dû évacuer leur domicile pendant une nuit mais les pluies diluviennes n'ont fait ni mort ni blessé.

 

En Espagne, douze personnes sont mortes et quatre portées disparues après le passage de la tempête Gloria, selon le Premier ministre Pedro Sanchez, qui a lié le phénomène au changement du climat.

Pour Mme Poirson, "les modèles nous montrent que ce type d’événement va se développer en terme de fréquence et d’intensité".

"Cela pose des questions sur l’aménagement du territoire, en prenant en compte les inondations, y compris en matière de construction", a-t-elle relevé. De nombreuses habitations évacuées sont situées en zone inondable ou à risque.

Selon elle, l’état de catastrophe naturelle sera reconnu: "on est en train de travailler sur le périmètre concerné".

Elle s'est ensuite rendue dans le quartier du Racou, à Argelès-sur-mer, particulièrement exposé à la houle par vent d'est.

 

La tempête Gloria, si elle a été qualifiée d'exceptionnelle pour sa durée par Météo-France, a été moins violente et moins brutale que lors des inondations du 15 octobre 2018 dans l'Aude -- qui avaient tué 14 personnes, notamment à Trèbes--permettant une meilleureanticipation et une plus grande réactivité des pouvoirs publics.

© 2020 AFP

Une vingtaine d'associations et de collectivités parmi lesquelles Bayonne, Grenoble, Nanterre ou l'ONG Sherpa, qui estiment souffrir du réchauffement, ont prévu d'assigner mardi le géant pétrolier Total pour "inaction" climatique, ont indiqué leurs avocats lundi à l'AFP.

Ces collectivités et associations demandent à Total de présenter un plan de vigilance qui prenne en compte la réalité des impacts de ses activités et les "risques d'atteintes grave au système climatique" qu'elles induisent. En vain, estiment-elles dans un communiqué.

"Nous avons des demandes ambitieuses auprès de Total" avec cette "première action climat visant une multinationale et qui se fonde sur les travaux scientifiques du Giec" (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), a indiqué Sébastien Mabile, l'un des avocats des demandeurs.

"C'est la première étape pour obliger une multinationale à appliquer l'accord de Paris" sur le climat de 2015, a souligné son confrère Me François de Cambiaire, estimant que l'on "peut rendre cet accord contraignant grâce à la loi sur le devoir de vigilance" du 27 mars 2017.

 

En mars 2019, Total avait publié un plan de vigilance, mais les collectivités ont estimé que les mesures annoncées étaient "clairement insuffisantes" au regard des objectifs fixés par l'accord de Paris.

L'accord enjoignait les Etats de limiter l'élévation de la température moyenne de la planète bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, voire à 1,5°C.

Le PDG de Total avait l'an dernier affirmé que son groupe était "ouvert au dialogue" en vue "d'engager des initiatives concrètes avec les collectivités locales qui le souhait(ai)ent".

Dès juin 2019, les villes d’Arcueil (Val-de-Marne), Bayonne, Bègles (Gironde), Bize-Minervois (Aude), Champneuville (Meuse), Correns (Var), Grenoble, La Possession (La Réunion), Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), Nanterre, Sevran (Seine-Saint-Denis) et Vitry-le-François (Marne), ainsi que l'établissement public territorial Est Ensemble Grand Paris, et les associations Notre Affaire à Tous, Sherpa, Les Eco Maires, et ZEA avaient mis Total "en demeure de prendre des mesures nécessaires pour prévenir les risques majeurs liés au changement climatique", indiquent-ils dans le communiqué.

 

Depuis, la région Centre Val de Loire et la fédération France Nature Environnement se sont associées à la démarche pour dénoncer l'"inaction de Total", est-il précisé.

Une conférence de presse en présence de plusieurs représentants des demandeurs est prévue mardi matin à Paris pour préciser les contours de l'assignation.

Cette nouvelle procédure s'inscrit dans un contexte de multiplication de plaintes déposées dans plusieurs Etats concernant le climat.

© 2020 AFP

Un siècle d'exploration pétrolière et gazière infructueuse n'a pas entamé le la volonté du Maroc de jouer un rôle important dans le secteur énergétique mondial. Dans le cadre de cette ambition, le Royaume a tenu à Casablanca, du 23 au 25 janvier la première édition du Salon international du pétrole et du gaz.

Le Maroc qui a commencé l'exploration pétrolière et gazière en 1914 tarde à confirmer son statut de pays exportateur, faute de découvertes majeures, en dépit des nombreuses annonces faites par des compagnies pétrolières au cours de ces dernières années. Mais le Royaume qui maintient ses ambitions intactes œuvre pour attirer les investisseurs, développer le secteur, et se positionner en acteur majeur sur l'échiquier mondial. C'est dans cet esprit que la ville de Casablanca a accueilli la première édition de la Conférence et du Salon international du pétrole et du gaz « Petrolia-Expo Morocco 2020 », du 23 au 25 janvier à l'espace d'expositions « Office des foires et expositions de Casablanca ». Placée sous l'égide du Ministère de l'Énergie, des Mines et de l'Environnement et la Fédération marocaines des chambres de commerce, d'industrie et de services du Maroc, la rencontre a été organisée par Brandy Expo en partenariat avec l'Organisation arabe des pays exportateurs de pétrole (l'OAPEC), l'Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et le Conseil d'affaires maroco-saoudien.

Dans son allocution, le ministre de l'Energie et des mines, Aziz Rabbah a souligné que « par sa position géographique, ses infrastructures portuaires », son amélioration du climat des affaires, le Maroc est en mesure de jouer un rôle important dans le secteur énergétique mondial. Le pays mise entre autres sur ses bonnes performances en connectivité maritime, saluées par des organismes internationaux comme la CNUCED. Sur le plan portuaire, le ministre a rappelé que le Maroc est bien doté en matière d'infrastructures, avec notamment le nouveau port de Dakhla Atlantique, le port du Nador West Med et celui de Tanger Med. Rabbah a également rappelé l'objectif affiché du Royaume en 2009 de diversifier ses sources d'approvisionnement d'énergie et de porter « la part d'énergies renouvelables de la production électrique de 42 % en 2020 à plus de 50 % à l'horizon 2030 ».

Maintenir la dynamique dans l'exploration pétrolière et gazière

Par ailleurs, le Maroc accorde une grande importance aux projets d'exploration pétrolière. Depuis l'année 2000, le pays a investi plus de 25 milliards de dirhams, soit 2,62 milliards de dollars dans ce domaine. La découverte et l'exploitation d'hydrocarbures au niveau local permettront de réduire le déficit budgétaire, sachant que le pays est importateur de près de 90 % de ses besoins énergétiques. Ainsi, la présente édition « Petrolia-Expo » s'inscrit dans la dynamique qu'a connue le développement de ce secteur au Maroc, en particulier après le lancement de plusieurs projets d'exploration pétrolière et gazière au cours de ces dernières années. L'événement a également permis aux professionnels du secteur de se rencontrer, d'échanger et de nouer des partenariats. Plusieurs grandes entreprises et équipementiers du secteur pétro-gazier y ont exposé leurs produits. Parmi eux Sapem, CAM Pétrole, IDEM Tech, Schaeffer's, Petrotank, Energy Green Solution,Montrel SA, AZAD Environnent. Des entreprises venues présenter « leurs différentes solutions », nous a expliqué Abdalahe Abdelkader, représentant de Montrel pour le Maroc .

Petrolia-Expo 2020, c'est aussi un riche programme fait de conférences et de tables rondes animées par des experts nationaux et internationaux pour débattre notamment de « la vision stratégique pour la promotion du secteur pétrolier et gazier au Maroc » ainsi que « des défis et opportunités pour l'industrie pétrolière et gazière dans les pays arabes et africains ». La rencontre a été notamment marquée par la présence de Khaled Ali Al-Fadhel, ministre koweïtien du Pétrole, de l'électricité et de l'eau, d'Abass Ali Al Naqi, SG de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OAPEC) et de Rayan Al Sagaf, DG d'AMEER Holding.

LaTribuneAfrique

Promesse hautement symbolique de campagne, la fermeture des quatre dernières centrales à charbon françaises prévues pour 2022 ne sera pas complètement tenue. À Cordemais, en Loire-Atlantique, la production devrait tourner au ralenti jusqu’encore 2024 ou 2026 afin d’assurer la sécurité de l’approvisionnement, se justifie le gouvernement. Au grand dam des associations environnementales.

Elles ne représentent que 2 % des émissions de CO2 en France, mais 30 % des émissions de la production électrique ou encore l’équivalent de quatre millions de véhicules. La fermeture des quatre dernières centrales à charbon de l’Hexagone d’ici 2022, promesse de campagne du candidat Macron, est très attendue car elle doit ouvrir la voie à la fin des énergies fossiles. Mais elle ne sera pas complètement tenue.

400 heures par an maximum

En cause, les retards pris dans la construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche). Pour compenser, la centrale à charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique, fonctionnera donc encore à "10 % de ses capacités" à partir de 2022 et "jusqu’en 2024 au moins, voire 2026", a confirmé Emmanuelle Wargon, Secrétaire d’État à la Transition écologique. De 4 000 heures de fonctionnement par an, elle passerait en-deçà de 400 heures, conformément à ce que prévoit la loi Énergie-Climat.

Cela devrait permettre à EDF de peaufiner son projet Ecocombust, pour l’instant au stade expérimental. L'électricien souhaite produire à partir de 2022, de l’électricité en mixant 20 % de charbon et 80 % de biomasse produite à partir de granulés de bois issus de déchets d'ameublement ou de construction avec à la clé une réduction des émissions annuelles de CO2 de 25 % par rapport à la situation actuelle. À terme, l'objectif est de se spécialiser dans la production de pellets.

Le gouvernement opposé à la biomasse

Le gouvernement, qui devait se prononcer sur le projet à l’automne dernier, semble toutefois réticent. "Ce n'est pas bien d'utiliser du bois ou de la biomasse pour produire de l'électricité parce que le rendement est très mauvais : il en faut vraiment beaucoup pour produire peu d'électricité et ce sont des produits précieux", a déclaré Emmanuelle Wargon sur France Bleu Normandie mi-janvier. "C'est pourquoi ce projet n'est envisagé qu'à Cordemais, qui est obligée de continuer à tourner, et non au Havre où ne se posent pas les mêmes questions de sécurité d'approvisionnement".

Dans le pacte pour la transition écologique et industrielle présenté par le gouvernement, le projet figure d'ailleurs à la marge. Le document fait davantage la part belle à l’installation d’un parc éolien en mer de Saint-Nazaire avec l’implantation de 80 éoliennes près du banc de Guérande. Le pacte mentionne aussi le développement d’une filière hydrogène et d'un réseau de chaleur. Au total, 31 projets sont listés pour un investissement global potentiel de 275 millions d’euros.

Outre Cordemais, la France compte trois autres centrales à charbon, au Havre (Seine-Maritime), où la fermeture est prévue au 1er avril 2021, à Saint-Avold (Moselle), qui doit fermer au deuxième trimestre 2022, et à Gardanne (Bouches-du-Rhône), dont la date précise de fermeture en 2022 n'est pas encore fixée.

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