Baye Salla Mar

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Le cabinet McKinsey s’est intéressé aux impacts socio-économiques liés à la crise climatique au cours des 30 prochaines années. Il estime que d’ici 2050, ces impacts pourraient augmenter de deux à vingt fois par rapport aux niveaux actuels. 

"Bien que l’impact direct du changement climatique soit local, il peut avoir des effets d’entraînement dans des régions et des secteurs, en raison des systèmes socio-économiques et financiers interconnectés", prédit McKinsey. "Alors que les entreprises et les communautés se sont adaptées pour réduire les risques climatiques, le rythme et l’ampleur de l’adaptation devront probablement augmenter considérablement pour gérer les niveaux croissants de risques climatiques physiques", soulignent les chercheurs.

Mieux s'adapter aux risques liés au changement climatique

Les risques sont nombreux, touchant à la fois les systèmes alimentaires, les infrastructures ou la productivité. Ainsi, en se basant sur le pire scénario climatique du GIEC, le groupe d’experts de l’ONU sur le climat, McKinsey estime qu’en Inde, d’ici 2030, la productivité des métiers exercés à l’extérieur baissera au point de menacer 2,5 à 4,5 % du PIB. Et les pays développés ne sont pas épargnés. En Floride, aux Etats-Unis, les inondations pourraient dévaluer les maisons exposées de 30 à 80 milliards de dollars d’ici 2050. "Cela pourrait affecter à son tour les revenus de l’impôt foncier dans certains des comtés les plus touchés de 15 à 30 %", notent les chercheurs.

Mais tout n’est pas perdu. Le cabinet appelle les décideurs politiques et les chefs d’entreprise à mieux s’adapter à ces risques. Pour les entreprises, cela implique "de prendre en compte les considérations climatiques lors du développement des produits ou des services et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement notamment". Les institutions financières devront, elles, intégrer ces risques dans leurs portefeuilles et les villes impliquer le climat dans les décisions d’urbanisme.

Le changement climatique va provoquer la prochaine crise financière

Bonne nouvelle, les dirigeants d’entreprises et experts semblent avoir conscience de l’urgence climatique. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier Global Risks Report publié tous les ans à la veille du lancement du Forum économique mondial. Pour la première fois cette année, les 750 dirigeants d’entreprises et experts du monde entier ont classé cinq sujets environnementaux et climatiques en tête des risques majeurs pour l’humanité et la planète. C’est en particulier l’inaction climatique, les événements extrêmes et la perte de biodiversité qui inquiètent les décideurs mondiaux. 

Une inquiétude renforcée par une nouvelle étude publiée le 20 janvier par la Banque des règlements internationaux. Selon l'organisme, le changement climatique pourrait provoquer une nouvelle crise financière mondiale. Une projection qu'il n'est pas le seul à porter. En février dernier, l'Institute for publicy research (IPPR) avait déterminé que la crise climatique pourrait déclencher une crise financière similaire à celle de 2008 pointant les interconnexions entre risques climatiques, sociaux et économiques, aujourd'hui sous-évalués. 

NOVETHIC

Les grands pétroliers ont entamé un virage vers des énergies alternatives aux fossiles, mais bien trop timidement assure l’Agence Internationale de l’énergie. Pour ces experts, les entreprises privées et publiques doivent aller beaucoup plus vite. Pour l’heure, les investissements hors cœur de métier restent quasiment anecdotiques.

Le secteur pétrolier et gazier peut "faire beaucoup plus" pour répondre à la crise climatique, en se diversifiant davantage dans les énergies propres, alerte l'Agence internationale de l'énergie. "Le secteur peut faire beaucoup plus pour répondre à la menace du changement climatique", écrit l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié lundi 20 janvier.

"Quel que soit le chemin suivi par le monde, les impacts climatiques vont devenir plus visibles et plus graves ces prochaines années, augmentant la pression sur tous les éléments de la société pour trouver des solutions. Ces solutions ne se trouvent pas dans le paradigme actuel du pétrole et du gaz", juge-t-elle. L'agence estime ainsi qu'un changement "beaucoup plus significatif" dans la destination des investissements des entreprises du secteur serait nécessaire.

Les groupes pétroliers ont certes plus ou moins pris le virage de la diversification vers le solaire, vers l'éolien maritime et terrestre, ou les biocarburants. C’est le cas par exemple du Français Total qui multiplie les projets. L’entreprise vient par exemple d’annoncer la construction d’une gigantesque centrale solaire de 800 MW au Qatar, un chantier à plus de 420 millions d’euros qui doit s’achever début 2022.  Toutefois, ces investissements hors de leur cœur de métier ne représentent aujourd'hui que 1 % de leurs investissements totaux. Même pour les entreprises les plus avancées dans la transition, ce chiffre plafonne à un maigre 5 %, regrette l'AIE.

Des pétroliers nationaux à mobiliser

"Pour le moment, il y a peu de signes d'un changement majeur dans les dépenses d'investissement des entreprises", pointe-t-elle. Autre point avancé par l'agence basée à Paris : la réduction des émissions liées directement aux opérations du secteur (de l'extraction à la distribution des hydrocarbures) "devrait être une priorité de premier ordre pour tous". Elles représentent aujourd'hui 15 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l'énergie.

Il faudrait notamment s'attaquer aux fuites dans l'atmosphère de méthane, un gaz au pouvoir très réchauffant. L'AIE note au passage que la solution n'est pas seulement entre les mains des "supermajors", ces groupes privés géants comme BP, ExxonMobil ou Total vers lesquels se tournent généralement les regards.  Les compagnies nationales représentent en effet plus de la moitié de la production mondiale d'hydrocarbures, et "nombre d'entre elles sont mal placées pour s'adapter aux changements dans la dynamique énergétique mondiale".

Preuve en est, le premier émetteur de la planète est nul autre que l’entreprise nationale Saudi Aramaco, premier producteur de pétrole de la planète. À lui seul, le poumon économique du Royaume Wahhabite a émis 4 ,4 % des émissions de CO2 de la planète depuis 1965 selon une enquête du Guardian, devançant l’américain chevron et le russe Gazprom.

AFP

17 millions d’hectares brûlés, près de 3 000 maisons détruites, 28 personnes mortes, plus d’un milliard d’animaux tués… Les méga-feux en Australie auraient même émis en quelques mois autant de CO2 que le pays n’en émet chaque année. Alors que les pluies tombent depuis quelques jours, les autorités craignent un regain des températures et des vents attisant de nouveau les feux. Une situation exacerbée par le changement climatique dont l’Australie est l’un des principaux responsables.

Au niveau de l’OCDE, l’Australie est le premier pays émetteur de CO2 par habitant, devant le Canada et les États-Unis. Il faut dire que l’île-continent est riche en minerais. Elle détient les principales réserves mondiales en or, en nickel ou encore en zinc dont l’extraction nécessite beaucoup d’énergie. Or, le mix énergétique national est à 93 % composé d’énergies fossiles, et à 75 % dépendant du charbon.

Mais pour les gouvernements successifs, difficile de renoncer à une telle manne financière. En pleine crise, le Premier ministre australien a ainsi continué à défendre cette industrie. Ce qui pousse l’écrivain australien Richard Flanagan a parlé de "suicide climatique" dans une récente tribune parue dans le New York Times. "Les gouvernements conservateurs qui se sont succédé depuis 1996 se sont battus pour renverser les accords internationaux sur le changement climatique au nom de la défense de l’industrie fossile nationale", fustige-t-il.

Tony Abbott, premier ministre australien de 2013 à 2015, climatosceptique avéré, avait enterré la taxe carbone aussitôt élu. Scott Morrison, l’actuel Premier ministre, a martelé qu’il serait irresponsable de tourner le dos au charbon, alors que le pays était ravagé par les flammes. En 2017, alors ministre de l’Économie, il avait frappé les esprits en faisant circuler un morceau de charbon dans l’assemblée parlementaire, invitant à "ne pas en avoir peur". Le pays a également renoncé à inscrire dans la loi les objectifs de réduction d’émissions pris en amont de l’Accord de Paris.

 

À la COP25 de Madrid, en décembre dernier, l’Australie a même fait partie des pays accusés d’avoir fait capoter les négociations notamment sur les marchés carbone. Pour Greenpeace Australie, le gouvernement "est incapable de faire passer la sécurité des familles australiennes avant son obsession pour l’industrie des combustibles fossiles".

Or, des scientifiques australiens et britanniques, dans une note publiée dans ScienceBrief, préviennent que les feux en Australie ne font que préfigurer de ce que pourraient être les conditions normales dans un monde futur qui se réchaufferait de 3°C. À l'échelle mondiale, entre 1979 et 2013, les saisons des incendies se sont globalement allongées. De plus, selon eux, les situations extrêmes comme celles que connaît l'Australie se reproduiront désormais à chaque fois que des événements naturels combineront leurs effets avec ceux du réchauffement climatique.

Seule solution, limiter au maximum le réchauffement sous la barre des 1,5°C. Une position de plus en plus défendue par les citoyens du monde entier y compris en Australie où le fossé se creuse de jour en jour avec le gouvernement conservateur. Selon un sondage réalisé en novembre, 81 % des Australiens redoutent que le réchauffement n'entraîne davantage de sécheresses et d'inondations, et 64% souhaitent que le gouvernement se fixe un objectif de zéro émission en 2050.

NOVETHIC

Le groupe minier Vale, l'entreprise de certification allemande TUV SUD et 16 responsables des deux entreprises ont été mis en accusation mardi pour la rupture du barrage de Brumadinho, qui a fait 270 morts il y a un an.

Le parquet de l'Etat de Minas Gerais (sud-est) a requis l'inculpation de Fabio Schvartsman, ex-patron de Vale, ainsi que de 15 autres personnes liées à la compagnie minière ou à TUV SUD, pour "homicide volontaire" et "crime environnemental". Ils encourent de 12 à 30 ans de prison.

Les chefs de crime environnemental ont également été retenus contre les deux entreprises.

Vale et TUV SUD "ont imposé un risque à la société (...) en agissant de concert pour occulter systématiquement la réelle gravité de la situation du barrage", a précisé le procureur William Garcia Pinto Coelho, soulignant que de "faux certificats de stabilité" avaient été délivrés.

 

Il a ajouté que Fabio Schvartsman avait "pris des risques inacceptables pour créer une fausse impression de sécurité" et éviter des pertes financières à l'entreprise.

"Ils ont mis le paquet pour que l’image de l’entreprise ne soit pas mise en péril par rapport à ses actionnaires", a insisté le procureur-général Antônio Sérgio Tonet

Le procureur a également expliqué que Vale disposait d'une sorte de "boîte noire consistant à dissimuler des informations sur les risques inacceptables que présentaient ses barrages".

- "Triste coïncidence" -

Un rapport de l'Agence nationale des mines (ANM) datant du mois de novembre accusait déjà Vale d'avoir omis d'informer les autorités d'anomalies qui, si elles avaient été rapportées, "auraient pu permettre d'éviter la catastrophe".

L'ANM a notamment souligné que les informations qu'elle avait reçues de la part de Vale avant la rupture du barrage "ne concordaient pas avec les éléments présentés dans des documents internes du groupe minier".

 

Vale a fait part dans un communiqué de sa "perplexité quant aux accusations d'homicide volontaire", considérant qu'il était "prématuré d'évoquer une prise de risque consciente pour provoquer la rupture délibérée du barrage".

TUV SUD, qui a certifié la stabilité du barrage de Brumadinho, a pour sa part affirmé être "profondément attristé" par la tragédie, mais a considéré que les "causes réelles" n'avaient "toujours pas été élucidées".

À la Bourse de Sao Paulo, le titre de Vale cédait mardi 2,40% peu avant la clôture.

Après la rupture du barrage, le numéro un mondial du minerai de fer avait perdu un quart de sa capitalisation boursière mais il a effacé toutes ses pertes en un an.

Les procureurs ont rappelé mardi que cette mise en accusation avait lieu un an après la catastrophe, une "triste coïncidence".

 

La rupture du barrage a libéré des millions de tonnes de résidus miniers qui ont englouti toute une région et provoqué un désastre écologique majeur.

Un an après la tragédie, 259 corps ont été retrouvés dans l'océan de boue toxique et les pompiers continuent de rechercher les 11 cadavres encore ensevelis.

Dans tout le pays, les barrages de type Brumadinho -- dont la hauteur augmente avec l'accumulation de résidus miniers -- devront être démantelés d'ici à 2023.

Vale a déjà commencé à verser des indemnités aux victimes, à hauteur de deux milliards de réais (435 millions d'euros).

L'entreprise avait déjà été impliquée dans une autre tragédie de ce type.

Le 5 novembre 2015, le barrage de Fundao, géré par Samarco, joint-venture du groupe brésilien et de l'Anglo-australien BHP, avait libéré brutalement dans la nature 40 millions de mètres cube de déchets hautement toxiques, faisant 19 morts et causant des dégâts environnementaux sans précédent au Brésil.

© 2020 AFP

Le recyclage des petits emballages métalliques est "en forte progression", grâce à la modernisation de centres de tri et l'élargissement des consignes de tri, a indiqué mardi le Club de l'emballage léger en aluminium et en acier (CELAA).

Le recyclage des aluminiums légers a progressé de 44% en 2018, avec 950 tonnes recyclées en 2018 contre 660 tonnes en 2017, a précisé le CELAA, qui estime que la barre des 1.000 tonnes a été franchie en 2019 (sur 12.000 tonnes d'emballages aluminium recyclées au total).

Les petites pièces en aluminium sont notamment les dosettes de café et de thé, les capsules de bouteilles, les opercules et couvercles, les emballages de fromages ou de chocolats, etc.

L'amélioration du recyclage a été permise par les investissements dans les centres de tri, dont 28 sont aujourd'hui équipés en machines à courant de Foucault (tri de l'aluminium) et en "overbands" (aimants pour le tri de l'acier). En 2015, seulement 9 centres de tri étaient équipés.

 

Les petites pièces représentent "beaucoup plus de volume qu'on ne l'imaginait", a expliqué Marc Teyssier d'Orfeuil, délégué général du CELAA devant la presse.

Les équipements spécifiques de tri permettent de récupérer 50% d’aluminium en plus et 10% d'acier en plus, selon l'initiative Projet Métal qui soutient le dispositif.

L'objectif de Projet Métal est d'arriver à ce que les 60 centres de tri soient équipés d'ici 2022, ce qui permettra à 30 millions de Français de trier ces petits emballages (contre 19 millions actuellement). Après Paris en 2019, de nouvelles villes seront concernées: Lyon, Nantes, Montpellier, Lens, Brest, Limoges.

Au-delà, "ce qu'on vise, c'est la France entière", a souligné Jean Hornain, directeur de Citeo, l'éco-organisme emballages.

"Plus on avance, plus on découvre des solutions techniques" et "ce qui n'était possible que pour les grands (centres de tri) devient possible pour les petits", a estimé le directeur général de Nespresso France, Arnaud Deschamps.

 

Le recyclage d'une tonne d'aluminium permet d'économiser 95% de l'énergie nécessaire pour produire de l'aluminium de première fusion à partir de la bauxite. Pour l'acier, l'économie d'énergie peut aller jusqu'à 75%, selon le CELAA.

Le CELAA a été créé en 2009 à l'initiative de Nespresso avec France Aluminium Recyclage et le groupe Bel. D'autres entreprises de l'agroalimentaire l'ont rejoint, ainsi que des fédérations et entreprises fabricantes d'emballages métalliques.

© 2020 AFP

Améliorer sa gestion de l'eau et des déchets, réduire les gobelets à usage unique, proposer plus de produits à base de plantes: sur fond de débats sur l'urgence climatique, la chaîne américaine de cafés Starbucks s'est fixé mardi de nouveaux objectifs environnementaux.

L'entreprise célèbre pour ses boissons à emporter dans des récipients en plastique ou en carton veut parvenir d'ici 2030 à réduire de moitié les émissions de carbone de ses activités et de sa chaîne d'approvisionnement, ainsi que les déchets envoyés en décharge par ses magasins ou entrepôts.

Le groupe souhaite parallèlement mieux utiliser 50% de l'eau consommée pour ses activités et la production de son café.

Autre initiative: Starbucks veut proposer plus de produits à base de plantes.

Le groupe n'a pas précisé lesquels exactement mais il offre déjà de remplacer le lait par des boissons végétales dans ses lattes et autres cappuccinos - sachant que les produits laitiers représentaient la part la plus importante de l'empreinte carbone de la chaîne en 2018 (21% contre 11% pour le café et 9% pour les déchets).

 

Starbucks pourrait aussi offrir plus de produits servant d'alternatives à la viande dans ses sandwichs. L'action de la start-up vegan Beyond Meat bondissait à cet égard de 13,38% à Wall Street mardi à la mi-séance quand celle de Starbucks reculait de 0,61%.

Parmi les autres initiatives évoquées, le groupe souhaite investir dans des pratiques agricoles plus durables et rendre plus écologiques ses magasins et l'ensemble de ses opérations, de la production des gobelets aux livraisons. Il avait déjà annoncé en 2018 la suppression des pailles en plastique d'ici 2020.

"Ce ne sera pas facile", reconnaît dans une lettre le directeur général Kevin Johnson.

Le groupe s'était par exemple fixé en 2008 des objectifs sur la réutilisation des objets et le recyclage "sans précédent pour notre industrie, mais aussi largement tributaires de changements radicaux dans le comportement des clients", souligne-t-il. "Les résultats n'ont pas atteint nos attentes et ont souligné la nécessité d'une approche différente."

 

Comme les autres grandes entreprises, Starbucks fait face à la pression grandissante des consommateurs et des investisseurs sur la question de son impact environnemental.

Quelques-unes tentent d'amorcer des changements, à l'instar du gestionnaire d'actifs BlackRock qui a annoncé la semaine dernière vouloir devenir un leader des investissements durables, ou de Microsoft qui a promis que son empreinte carbone serait négative d'ici 2030.

© 2020 AFP

Un an après la rupture d'un barrage minier qui avait fait 270 morts à Brumadinho et quatre ans après celle de Mariana et ses 19 tués, l'Etat brésilien du Minas Gerais, toujours très marqué, a renforcé la sécurité pour ne plus revivre de telles catastrophes.

Après ces deux tragédies humaines et écologiques, les autorités de cet Etat du sud-est et le groupe Vale – impliqué dans les deux accidents – ont mis en oeuvre des travaux et protocoles de sécurité pour que l'extraction de minerai, activité qui a donné son nom à cette région, ne soit plus dévastatrice.

Le 25 janvier 2019, une gigantesque coulée de boue a englouti la région de Brumadinho après la rupture d'un barrage, rappelant l'effondrement, non loin de là, le 5 novembre 2015, d'un barrage de retenue de résidus de minerai de fer près de Mariana, le pire désastre écologique jamais vu au Brésil.

 

Dans tout le pays, les barrages de type Brumadinho, dont la hauteur augmente avec l'accumulation de résidus miniers, devront être démantelés d'ici à 2023. Et des travaux sont en cours sur des sites de barrages du Minas Gerais considérés "à risque", pour les sécuriser.

Cet Etat, où se trouvent 428 barrages miniers dont 26 considérés "à risque", a également voté la loi "Mer de boue plus jamais" un mois après la tragédie de Brumadinho. Le texte durcit les conditions d'obtention de la licence permettant l'activité des entreprises minières.

Après Brumadinho, la Défense Civile a également mis en place des plans d'évacuation d'urgence pour les zones proches des barrages "à risque". Les pompiers, militaires et policiers qui composent la Défense civile entraînent les populations.

"Pour l'instant, on n'a pu pratiquer des simulations de situation d'urgence qu'avec la moitié des zones à risque", faute de temps, dit le lieutenant-colonel Flavio Godinho, coordinateur de la Défense civile de l'Etat. "Chaque habitant doit savoir exactement où aller, après avoir entendu la sirène qui signalerait la rupture d'un barrage".

 

A Brumadinho l'an dernier, la sirène n'avait pas retenti.

- "Peur liée au barrage" -

Mais pour voir disparaître vraiment les risques, il va également falloir repenser la manière d'extraire le minerai.

Dans d'autres Etats, "il existe déjà des méthodes d'extraction dites 'sèches', avec beaucoup moins de rejets, donc moins d'eau pleine de résidus à stocker", explique le coordinateur. C'est l'accumulation d'eau dans le barrage qui avait conduit à la rupture de celui de Brumadinho.

Enfin, pour ne mettre aucune vie en danger, il faudrait que les zones d'extraction soient loin des quartiers habités, conclut le lieutenant-colonel Godinho.

Le village de Macacos, lui aussi dans le Minais Gerais, est cerné de plusieurs barrages, dont l'un est entré en alerte niveau 3 (niveau maximum) le 16 février 2019.

Les habitants, anxieux juste après la tragédie de Brumadinho, ont immédiatement évacué les lieux. Même s'il s'est agi d'une fausse alerte ce jour-là, plus de 300 personnes résidant dans des quartiers exposés ont été relogées dans des hôtels par Vale.

 

Elles s'y trouvent toujours. C'est le cas de Sebastiana Gonçalves Leal. "On ne sait pas si on va pouvoir retourner chez nous un jour ou si Vale va nous indemniser pour qu'on puisse acheter une autre maison", dit-elle.

La localité vit au ralenti. "La peur liée au barrage a anéanti Macacos, il n'y a plus aucune activité ici", poursuit l'habitante.

Dans la bourgade qui était touristique, presque tous les restaurants et cafés ont fermé.

"L'entreprise Vale dit qu'elle a un plan pour revitaliser la ville mais les touristes ont peur que le barrage ne cède", explique Hellen Jesus de Souza, qui a elle-même perdu son emploi au Judith Bistrô, fermé faute de clients.

Les habitants de Macacos semblent néanmoins confiants dans les travaux en cours et le plan d'évacuation d'urgence. Partout dans les rues, des panneaux "Route d'évacuation", installés par la Défense civile, montrent le chemin à suivre en cas d'urgence.

 

Pour que cette situation n'arrive pas, des travaux financés par Vale sont en cours. Un mur de contention en pierres, de 30 mètres de haut, doit être achevé en décembre, pour contenir une coulée de résidus si le barrage cédait, a indiqué Vale.

© 2020 AFP

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