Baye Salla Mar

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Agriculteurs et écologistes se succèdent dans les rues de Berlin vendredi et samedi, signe des tensions entre un monde paysan en crise et une opinion publique allemande toujours plus sensible aux questions environnementales.

"N'oubliez pas que l'agriculture vous nourrit", "agriculteurs ruinés, aliments importés", "Vous ne faites rien, mais vous savez mieux que nous": les pancartes installées vendredi sur les tracteurs illustraient la colère des manifestants.

Dans une ambiance tendue, ce rassemblement précédait celui, attendu ce samedi, de plus de 15.000 personnes pour réclamer un "changement du modèle agricole", à l'appel du collectif écologiste "Wir haben es satt" (On en a marre!).

Les deux événements se tiennent à l'occasion de la "Grüne Woche", 85e salon de l'agriculture allemand, qui réunit les exploitants de tout le pays depuis vendredi.

"Wir haben es satt" appelle à une "réforme de la politique agricole" en "faveur des petites fermes", de la "protection des sols", de la "biodiversité" et du "bien-être animal", indique à l'AFP Saskia Richartz, une porte-parole du collectif.

 

"Ces gens n'ont rien à voir avec l'agriculture", balaie de son côté Mark, 22 ans, jeune exploitant agricole du nord du Brandebourg.

- Protection des insectes -

Le fossé entre agriculteurs et écologistes s'est creusé ces dernières années en Allemagne, alors que les mobilisations pour le climat poussent le gouvernement à agir davantage en faveur de l'écologie.

Les principales organisations agricoles craignent que le durcissement des règles environnementales aggrave leurs difficultés économiques et limite leur compétitivité.

Depuis plusieurs mois, le collectif d'agriculteurs "Landschaft Verbindung" manifeste dans tout le pays contre la politique environnementale de Berlin.

Il critique particulièrement les restrictions d'usage de fertilisants pour lutter contre la pollution des cours d'eau, qui doivent s'appliquer cette année, et le "plan de protection des insectes" annoncé début septembre par le gouvernement d'Angela Merkel.

 

Fruit d'un compromis entre les ministères de l'Environnement et de l'Agriculture, ce programme implique notamment une interdiction de l'usage du glyphosate d'ici 2023 et l'interdiction, avant 2021, des herbicides et insecticides dans les zones "vulnérables d'un point de vue écologique".

Selon le collectif, ces règles vont "menacer les entreprises agricoles allemandes", ce qui "augmentera les importations de denrées alimentaires étrangères".

- Traité de libre-échange -

Les nouvelles réglementations sur le bien-être animal sont également dans le viseur du collectif, alors que Berlin a annoncé son intention d'interdire certaines pratiques, comme le broyage des poussins et la castration à vif des porcs "d'ici 2021".

Écologistes et agriculteurs ont pourtant des combats communs, comme la lutte contre l'accord de libre échange entre l'Union européenne et le Mercosur, point fort de la contestation paysanne, qui est également un mot d'ordre des écologistes.

 

"Nous sommes prêt au dialogue avec les agriculteurs, mais nous devons avoir le même objectif: la transition écologique. Parfois j'ai l'impression que ce n'est pas le cas", regrette la porte-parole de "Wir haben es satt", Saskia Richartz.

La ministre conservatrice de l'Agriculture, Julia Klöckner, a de son côté appelé à "construire des compromis" entre "la ville et la campagne".

L'utilisation des terres à des fins agricoles émet au total 23% des gaz à effet de serre produits par l'activité humaine, selon le GIEC. Elle est la principale responsable de la disparition de 80% des insectes en moins de 30 ans en Europe, selon une étude allemande de 2017.

© 2020 AFP

Le cyclone Tino s'est renforcé samedi en catégorie trois en se dirigeant vers les îles Tonga, après avoir fait la veille deux disparus aux Fidji voisines où plus de 3.000 personnes ont été évacuées en urgence, selon les autorités.

Les services météorologiques des îles Fidji ont annoncé que les vents s'étaient renforcés à 180 km/h et devraient durement toucher le nord des Tonga à l'arrivée de Tino attendu dans la soirée.

"La mer est très grosse et je suis sûr que des plages sont balayées dans les zones les plus exposées et les îles les plus éloignées", a déclaré à l'AFP Tupoutu'a Tonutonu, un habitant de l'archipel septentrional de Vava'u aux Tongas. "Il pleut à verse depuis trois jours, le sol est gorgé d'eau et il y aurait des arbres à terre dans le village".

Le petit royaume du Pacifique se remet encore du cyclone Gita qui l'a dévasté en février 2018, sans faire de morts. Gita avait globalement épargné les îles Fidji mais provoqué d'importantes destructions notamment dans la capitale des Tonga, Nuku'alof.

 

Aux Fidji, la police a indiqué samedi continuer ses recherches pour retrouver un père et sa fille, portés disparus après avoir tenté de traverser jeudi soir à la nage une rivière en crue, alors que des pluies diluviennes s'abattaient avant l'arrivée de ce cyclone alors classé en catégorie deux.

Selon le Bureau des services d'urgence, 3.115 personnes ont été hébergées dans des abris au plus fort de la tempête mais la plupart ont pu ensuite retourner chez eux et les dommages ont été moindres que redoutés.

"La plupart de ces personnes ont trouvé refuge dans des centres d'évacuation en raison des fortes pluies et des avertissements", selon un responsable gouvernemental dans la région nord de l'archipel, Uraia Rainima.

"Nous avons reçu des informations selon lesquelles la majorité sont rentrés chez eux", a-t-il ajouté.

L'île de Taveuni, où vivent quelque 19.000 personnes, a été privée d'électricité, a-t-il ajouté. Les vents ont dépassé par endroits les 155 km/h samedi, un mois après le passage du cyclone Sarai, qui avait fait deux morts, selon les services météorologiques de l'archipel.

 

Les îles du Pacifique sont des destinations touristiques très populaires au cours de l'été dans l'hémisphère sud. Mais cette période est également la saison des cyclones.

© 2020 AFP

Après les terribles incendies sur l'île Kangourou qui ont dévasté ce sanctuaire naturel australien, Rick Morris a dû affronter une épreuve supplémentaire en tant qu'agriculteur et se résoudre à enterrer 400 de ses moutons morts dans son exploitation en flammes.

Et encore, "nous comptons parmi ceux qui ont eu de la chance", observe-t-il.

Les gigantesques incendies qui sévissent depuis septembre en Australie ont fait 28 morts, dont deux sur l'île Kangourou dans l'Etat d'Australie-méridionale, et dévoré 10 millions d'hectares soit une superficie supérieure à celle de la Corée du Sud ou du Portugal.

Une bonne partie des vastes étendues brûlées servaient de pâturages à des troupeaux de bovins et d'ovins.

Le cheptel australien dépasse 100.000 têtes de bétail dont au moins 43.000 sur l'île Kangourou, selon les estimations officielles. Et les agriculteurs comme Rick Morris, avec son exploitation de 930 hectares, ont subi trois incendies en à peine dix jours.

 

"Nous avons pu voir toute l'étendue de la colère de Mère Nature", confie à l'AFP Rick Morris qui est également président de la Chambre d'agriculture de l'île.

- Du foin par hélicoptères -

Le feu a balayé "l'île depuis le côté sud jusqu'au côté nord et n'a fait aucun quartier entre les deux", observe-t-il. "Je suis étonné qu'il n'y ait pas eu davantage de gens tués".

L'armée australienne, qui a déployé 3.000 hommes pour contribuer aux secours dans les zones affectées du pays, a transporté par avion des pompiers sur l'île Kangourou. Elle a aussi largué par hélicoptères des balles de foin à des agriculteurs de l'île coupés du monde.

Pour le général Damian Cantwell, qui commande la force conjointe de lutte contre les incendies en Australie-méridionale, l'île Kangourou a "un long chemin devant elle" pour récupérer.

 

"J'ai vu un niveau de destructions qui me surprend encore", déclare-t-il à l'AFP. "Beaucoup d'agriculteurs sont dans la détresse, beaucoup d'habitants souffrent, certaines familles ont tout perdu et se débattent pour savoir ce qu'elles vont pouvoir faire".

"Il n'y a pas de date de fin pour cette mission et c'est très important que personne (...) ne se demande quand cela va se terminer", ajoute-t-il.

Les activités agricoles sur l'île Kangourou représentent 150 millions de dollars australiens (93 millions d'euros) de chiffre d'affaires.

L'agriculture est le principal employeur de l'île et les feux laisseront une trace durable, souligne un agronome local, Daniel Pledge.

Selon lui, les paysans devront acheter de la nourriture supplémentaire pour leur bétail, des semences pour leurs parcelles incendiées. En outre, leurs bêtes seront moins fertiles en raison du stress enduré.

"C'est un effet boule de neige que nous ne pouvons pas mesurer et, à dire vrai, nous sommes très inquiets pour notre économie locale", déclare-t-il à l'AFP. "Pour certains individus, ces effets pourraient perdurer durant cinq ans et c'est long".

 

Les agriculteurs australiens ont déjà subi une sécheresse prolongée qui a pesé sur l'accès à l'eau dans le sud-est du pays. Pour Fiona Simpson, qui préside la Fédération nationale des agriculteurs, tous les agriculteurs australiens sont sous tension.

- "Brûlés, pas brisés" -

"Que ce soit la sécheresse ou les incendies récentes, les conditions d'aridité poussent à bout beaucoup de nos agriculteurs", dit-elle. "La situation s'aggrave de jour en jour et il n'y a aucun signe d'amélioration".

Le gouvernement a promis une aide immédiate aux agriculteurs de 75.000 dollars australiens, puisée dans les 2 milliards (1,2 milliard d'euros) sur deux ans affectés à un fonds national de soutien à la reconstruction.

Cette aide sera bienvenue sur l'île Kangourou, estime Rick Morris. En attendant, il garde enfermé son troupeau qui compte encore 4.500 bêtes, jusqu'à ce que le feu ne menace plus.

"Nous les nourrissons à la main avec tous les nutriments dont ils ont besoin et ce sera comme ça jusqu'en avril ou mai à l'arrivée espérée de la pluie", explique-t-il.

Durement atteints psychologiquement et financièrement, les agriculteurs de l'île devraient voir disparaître certaines exploitations mais beaucoup se tournent quand même déjà vers l'avenir. A l'instar de Rick Morris, qui se veut optimiste: "quand ces feux vont cesser, nous pourrons nous regrouper et avancer tous ensemble", assure-t-il. "Nous avons été brûlés, pas brisés".

© 2020 AFP

La Tunisie va se doter d’une centrale solaire à Gafsa. La construction de l’ouvrage a été confiée à un consortium composé d’Engie et de Nareva. C’est l’un des composants de « Independent Power Producer » (IPP) en faveur du développement des énergies renouvelables.

Un consortium composé d'Engie et d'Areva a été déclaré adjudicataire provisoire pour la réalisation de la centrale photovoltaïque de Gafsa, lancée en appel d'offres international par le Ministère de l'Industrie et des PME et la STEG (Société tunisienne de l'électricité et du gaz). Ce groupement aura ainsi la charge de développer, de concevoir, de financer, de construire, d'exploiter et d'assurer la maintenance de la centrale photovoltaïque de Gafsa, d'une capacité de 120 MW sur une période de 20 ans à partir de sa mise en service.

 "Nous nous réjouissons de ce projet solaire remporté avec notre partenaire Engie en Tunisie. Nareva est honorée de contribuer au déploiement du Plan solaire tunisien constituant la pierre angulaire de la politique de transition énergétique du pays », a précisé Saïd Elhadi, PDG de Nareva.

Ce projet d'envergure fait partie des premiers projets IPP « Independent Power Producer » solaires lancés par la Tunisie et s'inscrit dans le programme de développement du secteur des énergies renouvelables avec pour objectif d'atteindre, à l'horizon 2030, une part de 30% d'énergies renouvelables dans la production nationale d'électricité. La centrale de Gafsa devrait alimenter plus de 100 000 foyers tunisiens par an et contribuer à éviter 150 000 tonnes d'émissions de CO2 par an.
Ce projet constitue la première collaboration entre Engie et Narena en Tunisie, après une expérience commune au Maroc avec la réalisation, notamment, du parc éolien de Tarfaya, l'un des plus grands d'Afrique.

« Le succès de cette offre scelle encore davantage notre partenariat à long terme avec Nareva. La Tunisie s'est engagée dans un plan ambitieux de construction de nouvelles capacités de production d'électricité renouvelable avec pour objectif d'installer 3800 MW d'ici 2030. Le programme actuel a montré des résultats très compétitifs pour le pays et nous sommes fiers d'y participer », a déclaré Yoven MooroovenCEO d'Engie Afrique.

La Tunisie va se doter d'une centrale solaire à Gafa. La construction de l'ouvrage a été confiée à un consortium composé d'Engie et de Nareva. C'est l'un des composants de « Independent Power Producer » (IPP) en faveur du développement des énergies renouvelables.

C’est l’année fatale pour les constructeurs automobiles. Les émissions moyennes de CO2 des véhicules vendus en Union européenne ne peuvent plus dépasser les 95 grammes par kilomètre à partir de 2020, sous peine de fortes amendes. Sous l’effet conjugué des baisses de ventes de véhicules diesel et de l’engouement pour les SUV, presque aucun constructeur n’atteint l’objectif.

L’année 2020 s’annonce rude pour les constructeurs automobiles. La réglementation européenne "Clean Air for Europe" leur impose une norme maximale d’émissions de 95 grammes de CO2 par kilomètre en moyenne, faute de quoi ils subiront de lourdes amendes. Un seuil que presqu’aucun constructeur présent sur le marché européen n’a encore réussi à atteindre.

Au contraire, même. Alors que les émissions moyennes des véhicules vendus en Union européenne ne cessaient de baisser jusqu’en 2016 pour atteindre 118 grammes de CO2/km, contre près de 180 grammes en 2000, elles ont entamé une nouvelle ascension à partir de 2017 à 120 grammes de CO2/km. La chute des ventes de véhicules diesels suite au Dieselgate (les moteurs diesel consommant moins de carburant, donc émettant moins de CO2) et l’appétit des automobilistes pour les SUV, plus lourds et plus consommateurs que les autres modèles, en sont la cause.

Sévères amendes en vue

Les constructeurs présents sur le marché européen risquent donc de devoir payer de sévères amendes en 2021, en fonction de leurs ventes de 2020. Le législateur prendra en compte les véhicules effectivement vendus et non les gammes proposées pour calculer ces émissions moyennes. Une précaution importante alors que les industriels ont tendance à promouvoir leurs plus gros véhicules, aux marges plus juteuses, plutôt que les petites citadines moins polluantes. Puis, pour chaque gramme de CO2 dépassant la limite autorisée, une amende de 95 euros par véhicule vendu sera infligée. Multipliée par le nombre de voitures vendues, l’addition grimpe vite. 

La firme américaine MSCI a fait les calculs en se basant sur la moyenne d’émissions entre 2015 et 2017. Ainsi, Volkswagen, qui dépasse de 26 grammes de CO2/km ses émissions autorisées, serait exposé à près de six milliards d’euros d’amendes. Renault, Fiat ou Ford à près de 2,5 milliards d’euros. Le groupe PSA (Peugeot-Citroën-Opel) à un peu moins de 1,5 milliard d’euros. Seul Toyota devrait passer entre les gouttes, du fait de son historique dans le véhicule hybride.

Les réactions des constructeurs automobiles, bien que tardive, sont là. Le groupe PSA, par exemple, prévoit de lancer des versions hybrides ou électriques de tous ses nouveaux modèles et atteindre une électrification de 100 % de sa gamme en 2025. Renault, de son côté, prévoit huit modèles électriques et 12 hybrides d’ici 2022.

Convaincre les acheteurs

En attendant, c’est l’automobiliste qu’il faudra convaincre. Les constructeurs l’ont mal habitué ces dernières années, à grands coups de campagnes promotionnelles pour des véhicules très consommateurs. Pour réduire les émissions moyennes de leurs ventes, les constructeurs vont devoir orienter une partie de leur clientèle vers des modèles électriques ou hybrides-rechargeables, dont les émissions moyennes sont bien inférieures à 95 grammes de CO2/km.

Selon une note du centre de recherche de la banque HSBC, la part des ventes de véhicules électriques et hybrides devrait atteindre entre 15 et 20 % des ventes totales pour permettre aux constructeurs d’atteindre les objectifs européens. Bonne nouvelle, la demande pour ces motorisations alternatives est en progression. Mais cette progression est lente… En 2019, la part de marché des véhicules hybrides et électriques n’était que de 9 %.

NOVETHIC

Une tempête de tweets #RogerWakeUp a ciblé le 13 janvier, Roger Federer, le champion de tennis, interpellé sur son partenariat avec Crédit Suisse accusé de financer les énergies fossiles. Ce jour-là, étaient jugés en Suisse douze jeunes activistes qui avaient envahi une succursale de la banque à Lausanne en 2018 déguisés en joueurs de tennis pour dénoncer les financements charbon. Bilan de la journée : Federer mobilisé, banque acculée et activistes acquittés. 

Arrivé à Sydney pour disputer l’Open d’Australie, Roger Federer a été confronté aux conséquences dramatiques des incendies aggravés par le réchauffement climatique. Il a dû aussi affronter une campagne sur les réseaux sociaux lui demandant de faire pression sur le Crédit Suisse avec qui il a des liens étroits. C’est non seulement l’un de ses 12 sponsors depuis 2009, mais la banque verse aussi un million de dollars par an à sa Fondation et sponsorise la compétition qu’il organise, la Laver Cup.  

Depuis deux ans, l’ONG suisse Lausanne Action Climat dénonce les financements de Crédit Suisse au charbon. Ils auraient augmenté en 2016 et 2017, après l’Accord de Paris ! Greenpeace Suisse a calculé qu’en 2017, Crédit Suisse avait financé l’équivalent de deux fois plus d'émissions nocives pour le climat que toute la consommation d'énergie du pays en un an. La stratégie médiatique de l’ONG : s’attaquer à la figure emblématique de la communication de la banque : Roger Federer. En novembre dernier, ils ont organisé une fausse partie de tennis dans la succursale du Crédit Suisse de Lausanne, déguisés en joueurs. Ils étaient jugés le 13 janvier pour violation de domicile.

Le buzz généré par la campagne ciblant Roger Federer a conduit le champion de tennis à réagir : "J’apprécie les rappels sur ma responsabilité en tant que personne, athlète et entrepreneur et je m’engage à utiliser cette position privilégiée pour dialoguer sur des questions importantes avec mes sponsors". Il a aussi participé au match de charité organisé par les stars du tennis pour lever des fonds pour les victimes australiennes et fait un don personnel. La Banque Suisse a aussi réagi. Elle a écrit au tribunal pour reconnaître que "Le combat contre le changement climatique est important et qu’elle ne financera plus de nouvelles centrales à charbon"… même si on ne trouve pas de trace visible de cet engagement sur son site web.

Procès de la place financière helvétique

L’ONG a doublement gagné son combat puisque les activistes environnementaux ont finalement été acquittés au nom de l’urgence climatique et médiatisé leur affaire dont ils voulaient faire "le premier procès climatique contre la place financière helvétique". Ils ont cité à comparaître trois témoins, deux scientifiques climatiques et un ancien trader algorithmique d’HSBC, Jérémy Désir. Celui-ci a dénoncé le mécanisme suivant : "La finance a absolument besoin de croissance puisque la dette proposée à l’industrie doit être remboursée avec un taux d’intérêt. Or l’énergie nécessaire à cette croissance est à 90 % fossile. Les grandes banques le savent et, en soutenant le système, elles bafouent sciemment l’Accord de Paris sur le climat".

Il a aussi reproché au Crédit Suisse de faire partie des institutions financières qui ont facilité l’introduction en bourse de Saudi Aramco, contrevenant ainsi à la limitation du réchauffement climatique à 2 degrés prévue par l’Accord de Paris. Au vu des arguments, le juge a estimé que leur action de désobéissance civile n’était pas condamnable compte tenu de l’urgence climatique. Il a estimé que "l’acte incriminé était nécessaire et proportionné, d’ampleur raisonnable et sans violence ni dégradation de matériel".

Une fausse partie de tennis ciblant une star mondiale du sport a donc non seulement permis de mobiliser Roger Federer sur la cause climatique, créer une jurisprudence en Suisse sur la désobéissance civile raisonnable et pousser Crédit Suisse à prendre des engagements climatiques sérieux. Un peu tôt quand même pour déclarer jeu set et match puisque dès le lendemain le procureur a fait appel de la décision. Les activistes environnementaux sont remontés au filet et ont envahi UBS, l’autre grande banque suisse, en dessinant des slogans avec des morceaux de charbon. La partie continue !

Il a été nommé envoyé spécial pour l’action climatique des Nations-Unies en décembre dernier. Cette fois, Mark Carney vient d’être appelé par Boris Johnson dès qu’il aura terminé son mandat à la tête de la Banque d’Angleterre pour l’aider à mettre en place la COP 26 qui se tiendra à Glasgow en novembre 2020. Conseiller financier auprès du Premier ministre britannique, il devra mobiliser les acteurs financiers en amont du sommet international.

Et une casquette de plus pour Mark Carney. L’actuel gouverneur de la Banque d’Angleterre vient d’être nommé conseiller financier du Premier ministre Boris Johnson en vue de la COP 26. Le sommet international doit se tenir à Glasgow, en Écosse, au mois de novembre 2020. Mark Carney venait tout juste d’être nommé début décembre envoyé spécial de l’ONU pour l’action climatique, en remplacement de Michael Bloomberg. Il exercera ses deux nouvelles fonctions en parallèle dès qu’il aura terminé son mandat à la tête de la banque centrale britannique, au mois de mars.

"Partout dans le Royaume-Uni, différentes générations se sont rassemblées pour demander le changement, poussant notre parlement à déclarer l’urgence climatique et le Royaume-Uni à devenir le premier de 70 pays à déclarer son intention d’atteindre la neutralité carbone en 2050", a rappelé Mark Carney dans une déclaration faite au 10, Downing Street, lors de sa nomination le 16 janvier. En amont de la COP26, il va désormais devoir mobiliser le secteur financier pour atteindre ces objectifs

Verdir la City

La City a déjà adopté, en juillet 2019, une "Green finance strategy" dont l’ambition consiste à généraliser la prise en compte du facteur climatique dans les décisions financières, à renforcer les financements de l’économie verte et à faire de la place financière britannique une spécialiste mondiale de la finance verte. Le nouveau conseiller de Boris Johnson dispose donc d’une base de travail favorable. "Le Royaume-Uni a été à la pointe de l’innovation pendant des siècles, déclare-t-il. Et il héberge le système financier le plus grand du monde. En rassemblant les deux, nous pouvons atteindre le monde neutre en carbone que vous avez demandé et que les générations futures méritent."

La tâche est toutefois loin d’être simple. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, l’un des premiers banquiers centraux à avoir souligné le risque que fait peser le changement climatique sur la stabilité financière, déplorait encore récemment dans une interview à la BBC4 la lenteur des acteurs économiques à prendre en compte le changement climatique dans leur stratégie.

Pour mener à bien sa nouvelle mission, Mark Carney semble toutefois vouloir s’appuyer sur les revendications des citoyens britanniques, qu’il a interpelés à plusieurs reprises dans sa déclaration. "Vous demandez de l’action, il est temps maintenant pour le secteur financier de s’y mettre", a-t-il lancé.

NOVETHIC

Plus de 600 leaders indigènes brésiliens, réunis autour du chef emblématique Raoni Metuktire en pleine forêt, ont dénoncé vendredi la politique "de génocide, ethnocide et écocide" encouragée selon eux par le gouvernement Bolsonaro.

Dirigeants indigènes et représentants d'autres communautés amazoniennes étaient réunis depuis mardi, dans l'Etat du Mato Grosso (ouest), pour former une union sacrée contre la politique environnementale du président d'extrême droite brésilien, qui menace selon ces caciques le mode de vie des indigènes. En cause notamment, une loi qui autoriserait les activités minières sur les terres réservées aux autochtones.

"Nous avions pour objectif d'unir nos forces et de dénoncer le fait qu'un projet politique du gouvernement brésilien de génocide, ethnocide et écocide est en cours", affirme le projet de manifeste rédigé à l'issue de la réunion, et qui devait être approuvé dans la nuit.

 

Le président Jair Bolsonaro "menace nos droits, notre santé et notre territoire", souligne le texte, qui a été lu en portugais puis dans les différentes langues autochtones dans "la maison des hommes" de Piaraçu, un village éloigné des grands centres urbains, situé sur les rives du fleuve Xingu, en pleine forêt vierge.

"Nous n'acceptons ni l'exploitation minière sur nos terres, ni les bûcherons, ni les pêcheurs illégaux ou l'hydroélectricité. Nous sommes opposés à tout ce qui détruit la forêt", poursuit le texte.

Les leaders indigènes regrettent aussi que "les menaces et paroles de haine du gouvernement encouragent la violence contre les peuples indigènes et les assassinats de nos leaders" et exigent "une punition pour ceux qui tuent nos proches". Les indigènes doivent affronter "non seulement le gouvernement mais aussi la violence de toute une partie de la société qui exprime clairement son racisme", dénoncent-ils.

 

En 2019, au moins huit leaders indigènes ont été assassinés, dont trois en moins d'une semaine.

Le cacique Raoni, âgé de 89 ans, a l'intention d'apporter en personne le manifeste au Congrès à Brasilia.

© 2020 AFP

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