Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Ce musée-là se visite comme aucun autre, derrière un guide naviguant en rollers de l'une à l'autre des fresques murales qui colorent de bleus et de rouges les murs ternes de ce quartier de Dakar. Au milieu des gamins tapant le ballon sous les maillots de foot de toutes les équipes du monde, c'est un musée informel à l'image de la métropole africaine : lumineux, malicieux ou revendicatif, vivant. Et en expansion.

Visages d'enfants, motifs géométriques ou animaliers aux inspirations naïves ou résolument contemporaines... A l'instigation de l'association Yataal Art, des artistes venus de partout couvrent en ordre dispersé depuis quelques années les murs de dizaines de maisons de la Médina, créant des instants suspendus dans ce vaste quartier populaire et grouillant qui n'en connaît guère.

Mamadou Boye Diallo, président de Yataal Art qui joue aussi les guides en rollers, appelle cela "le musée à ciel ouvert". Yataal Art veut dire "élargir l'art" en wolof, langue locale, et l'association comme le musée ont vu le jour pour rendre l'art accessible "à tous de l'autre côté de la rue", et pas seulement aux "gars en costume-cravate" qui fréquentent les galeries.

 

Comme l'explique Mamadou Boye Diallo, casquette et lunettes de soleil en forme de coeur, il s'agit aussi de conserver son âme à la Médina et de sauver de la destruction les anciennes maisons soumises à la pression immobilière.

Street artists

Ici, au coin d'une rue poussiéreuse où une carriole propose des pastèques ventrues, un dénommé Marto a peint un chat 10 fois plus grand que nature qui attend nonchalamment qu'un homme se laisse appâter par une tapette amorcée avec des billets de banque. Là, c'est un poing brandi sur un bleu hypnotique à côté d'une des innombrables dibiteries servant la viande grillée aux menuisiers du secteur.

Au départ en 2010, c'est Mamadou Boye Diallo et quelques autres artistes locaux qui avaient peinturluré un mur pour une fête. Puis Yataal Art a fait venir les "street artists". Désormais, ces derniers demandent eux-mêmes à venir, assure Mélodie Petit, vice-présidente de l'association. Ils recherchent un lieu et adhérent au projet, assure-t-elle. "C'est pas un contrat avec une société d'autoroute ou une enseigne commerciale, c'est vraiment du contact humain".

Yataal Art fait l'intermédiaire entre les artistes et les occupants d'une de ces maisons caractéristiques de la colonisation française, de plain pied avec la rue. On demande la permission d'utiliser une façade, on applique la matière et, souvent, on partage le repas avec la famille pour toute rétribution, rapporte Mamadou Boye Diallo.

La Médina s'éveille

Yataal Art prospère sur l'histoire de la Médina, refouloir colonial et matrice artistique. La Médina est née en 1914 dans une dépression humide quand les Français ont déplacé là les populations noires en se servant du "prétexte sanitaire" d'une épidémie de peste pour les éloigner du Plateau, le quartier du pouvoir, rappelle l'historien Ibrahima Thioub.

La Médina a conservé une identité, entretenue par les migrations et propice à la création, explique-t-il. Elle a vu grandir le musicien Youssou N'Dour, qui en a fait une chanson. Le peintre Kre M'Baye y avait son atelier où sa nièce Fatoumata Coulibaly et d'autres moniteurs reçoivent des dizaines d'enfants pour badigeonner du papier et les éloigner de la rue.

 

"La nuit, quand le Plateau somnolait, la Médina s'éveillait", glisse Ibrahima Thioub. Sans s'appeler encore "street art", la pratique de la fresque murale existe ici depuis presque aussi longtemps que ce quartier et d'autres de Dakar, souligne Marième Ba, secrétaire générale de la Biennale de l'art africain contemporain.

L'exode rural des années 70, la passion inspirée par le football, l'action des associations de quartier ont stimulé la production. L'activité observée aujourd'hui "marque le bouillonnement en cours dans la capitale et ailleurs au Sénégal", dit-elle.

Patrimoine sacrifié

Mais la Médina, dont "les habitants se connaissaient tous, avec un attachement commun à des valeurs fortes", change, dit le sociologue Djiby Diakhate. De grandes enseignes, des banques ouvrent sur une de ses principales avenues. "Les loyers sont de plus en plus élevés, les nostalgiques ne s'y retrouvent plus".

 

Les vieilles maisons sont sacrifiées à une "bande d'élitistes qui viennent ici faire leurs buildings", s'émeut le président de Yataal Art. Le ravalement "street art" des bâtisses décrépites doit les sauver, avec leurs occupants. "On a commencé petit à petit. Maintenant, on a près de 90 fresques murales".

Les touristes se font plus nombreux, "on tourne même des clips", s'enflamme-t-il. Mais attention, "on veut garder notre originalité, on n'est pas dans TripAdvisor".

AFP

Le cadre réglementaire de la participation économique des femmes s’est amélioré au cours des deux dernières années car 40 économies ont adopté 62 réformes qui aideront les femmes – la moitié de la population mondiale – à réaliser leur potentiel et à contribuer à la croissance économique et au développement, affirme une nouvelle étude de la Banque mondiale. Pourtant, les résultats restent inégaux - dans de nombreux pays, les femmes n'ont qu'une fraction des droits reconnus aux hommes, ce qui freine leur développement économique et social. 

L’étude Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2020 mesure 190 économies pour étudier la manière dont les lois affectent les femmes aux différentes étapes de leur vie professionnelle et en se concentrant sur les lois applicables dans la principale ville économique du pays. Elle couvre les réformes entreprises de juin 2017 à septembre 2019 dans huit domaines associés à l’émancipation économique des femmes.

« Reconnaître les droits des femmes est à la fois la bonne chose à faire et une bonne pratique d’un point de vue économique. Lorsque les femmes peuvent se déplacer plus librement, travailler en dehors de chez elles et gérer leurs biens, elles ont plus de chances d’accéder au marché du travail et de contribuer à renforcer l’économie de leur pays, » a souligné David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale« Nous sommes prêts à soutenir cette mission jusqu’à ce que chaque femme puisse évoluer dans la vie sans être confrontée à des entraves juridiques faisant obstacle à son succès. » 

Les domaines du Travail et du Mariage ont fait l'objet de nombreuses réformes, notamment dans l’adoption de lois visant à protéger les femmes contre la violence. Au cours des deux dernières années, huit économies ont promulgué pour la première fois une législation en matière de violence domestique. Sept économies disposent désormais de nouvelles protections juridiques contre le harcèlement sexuel au travail. 

Douze économies ont amélioré leurs lois dans le domaine de la Rémunération, en levant les restrictions relatives aux industries dans lesquelles les femmes peuvent travailler, les postes qu’elles peuvent occuper et leurs heures de travail. À l’échelle mondiale, les réformes les plus populaires ont concerné la Parentalité, avec 16 économies qui ont adopté des changements positifs dans ce domaine. Parmi ces réformes figuraient la prolongation du congé de maternité payé accessible aux mères, l’introduction d’un congé de paternité rémunéré et l’interdiction de licencier des employées pendant leur grossesse.

Pour atteindre l’égalité entre les sexes, il faut une volonté politique affirmée et des efforts concertés, notamment par les gouvernements, la société civile et les organisations internationales. Toutefois, les réformes législatives et réglementaires peuvent servir de catalyseur important pour améliorer la vie des femmes ainsi que celle de leur famille et leur communauté.

« Cette étude nous aide à comprendre à quel endroit les lois facilitent ou entravent la participation économique des femmes. Elle a incité les pays à entreprendre des réformes qui peuvent éliminer les inégalités entre les sexes, » précise Pinelopi Koujianou Goldberg, économiste en chef au Groupe de la Banque mondiale. « Réaliser l’égalité entre les sexes prendra du temps, mais il est encourageant de constater que toutes les régions se sont améliorées. Nous espérons que ces recherches continueront de servir d’outil important pour éclairer l’élaboration de politiques et pour rendre les règles du jeu plus équitables pour les femmes. »

L’indice de Les Femmes, l’Entreprise et le Droit ne mesure que les lois et réglementations formelles qui régissent l’aptitude d’une femme à travailler ou à créer son entreprise– les normes et les pratiques ne sont pas prises en compte. Le score moyen mondial était de 75,2, ce qui constitue une légère amélioration par rapport au score de 73,9 enregistré deux ans plus tôt. Toutefois, il reste encore bien du travail à faire car, dans de nombreux pays, les femmes n’ont qu’une fraction des droits reconnus aux hommes, ce qui entrave leurs possibilités en matière d’emploi et d’entrepreneuriat.

Les huit domaines couverts par l'indice sont structurés autour des interactions des femmes avec le droit tout au long de leur carrière : MobilitéTravailRémunérationMariageParentalitéEntrepreneuriatActifs et Retraite.

Des réformes sont requises d’urgence dans le domaine de la Parentalité, qui a obtenu un score moyen de 53,9 seulement. Dans près de la moitié des économies qui prévoient une forme quelconque de congé de maternité payé, il incombe à l’employeur de le financer, de sorte qu’il est plus onéreux d’employer des femmes. Pourtant, un congé de maternité rémunéré peut améliorer la rétention du personnel féminin, réduisant ainsi le coût de rotation du personnel et stimulant la productivité. Ces avantages à long terme l’emportent souvent sur les coûts à court terme pour les employeurs, selon l’étude.  

Sur les dix économies ayant marqué le plus de progrès, six se situent dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, trois en Afrique subsaharienne et une en Asie du Sud. Si la région Moyen-Orient et Afrique du Nord affiche des progrès considérables, elle demeure aussi celle qui présente le plus de potentiel d’amélioration. Huit pays ont désormais un score de 100, le Canada ayant rejoint la Belgique, le Danemark, la France, l’Islande, la Lettonie, le Luxembourg et la Suède grâce à une récente réforme du congé parental.

Données clés par région

Économies avancées :  Les économies avancées continuent de progresser sur les indicateurs.  Parmi les 40 économies ayant obtenu des notes supérieures à 90, 27 sont des économies à revenu élevé de l'OCDE.  La République tchèque et les États-Unis ont réformé les lois relatives au congé de paternité et au congé parental, donnant ainsi aux parents davantage de possibilités pour partager les responsabilités liées à la garde des enfants, tandis que l'Italie et la Slovénie ont égalisé les prestations de retraite entre les hommes et les femmes. 

Asie de l’Est et Pacifique : Quatre économies ont réalisé quatre réformes dans trois domaines. La Thaïlande a introduit une réforme dans le domaine de la Rémunération et le Timor-Leste dans celui de la Retraite. Les Fidji ont prolongé la durée du congé de maternité payé et introduit pour la première fois un congé payé pour les pères.

Europe et Asie centrale : Quatre économies ont adopté cinq réformes dans cinq domaines et deux économies ont modifié la législation réduisant les opportunités. L'Arménie a adopté une législation protégeant les femmes contre la violence domestique. Chypre a introduit un congé de paternité payé. La Géorgie a adopté une législation prévoyant des recours civils en cas de licenciement abusif d'une victime de harcèlement sexuel. La Moldavie a également levé des restrictions qu’elle imposait sur l’emploi des femmes et limite désormais ces interdictions aux femmes enceintes, allaitantes ou post-partum.

Amérique latine et Caraïbes : Quatre économies ont réalisé quatre réformes dans quatre domainesLa Barbade a adopté une législation sur le harcèlement sexuel au travail. Le Pérou et le Paraguay ont obtenu un score élevé de plus de 90. Dans les années 1980 et 1990, les économies de cette région ont progressé à pas de géant pour lever les restrictions imposées sur les femmes, mais la cadence des réformes a ralenti au cours de la décennie écoulée.

Le Moyen-Orient et Afrique du Nord : Sept économies ont promulgué 20 réformes dans sept domaines, bien qu’une économie ait mis en œuvre une réforme négative. L’Arabie saoudite a enregistré la plus forte amélioration de son indice depuis 2017 ; elle a adopté des réformes dans six des huit domaines mesurés, y compris la mobilité des femmes, le harcèlement sexuel, l’âge de la retraite et l’activité économique. Les Émirats arabes unis ont aussi adopté des réformes dans cinq domaines. Djibouti, le Bahreïn, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie ont mis en œuvre neuf réformes supplémentaires.

L’Asie du Sud : Quatre économies ont réalisé sept réformes dans quatre domaines. Le Népal a introduit un nouveau droit du travail qui interdit la discrimination en matière d’emploi, un congé de paternité et une nouvelle législation sur les retraites. Trois autres pays ont adopté des réformes : le Pakistan et le Sri Lanka ont fait des progrès dans le domaine de la Parentalité. En Inde, l’État du Maharashtra a éliminé les restrictions sur les emplois détenus par des femmes.

L’Afrique subsaharienne : Onze économies ont mis en œuvre 16 réformes dans sept domaines. La République démocratique du Congo a introduit des prestations de maternité au titre de son régime de protection sociale et elle a uniformisé l’âge de la retraite. En Côte d’Ivoire, les conjoints ont désormais des droits égaux pour posséder et gérer des biens. Le Mali a adopté des réformes sur la non-discrimination en matière d’emploi. São Tomé-et-Príncipe a adopté un nouveau code du travail pour satisfaire aux demandes du marché de l’emploi et aligner les lois sur les normes internationales. Le Soudan du Sud a adopté ses premières dispositions relatives au droit du travail depuis l’indépendance.

Un poste de radio crache du reggae à l'ombre de quelques arbres sur le sable immaculé d'Anse Bazarca, une plage du sud de l'île de Mahé. Quelques vivaneaux frétillent sur le barbecue et Nareen, Seychelloise de 32 ans, se ressert un verre de rhum coca.

Tradition locale oblige, Nareen et sa famille profitent du weekend sur une des nombreuses plages libres de déchets faisant la réputation de l'archipel. Seuls touristes en vue à une cinquantaine de mètres de là, un couple titille du bout des pieds les eaux turquoises de l'océan Indien.

"On n'a pas de tourisme de masse aux Seychelles et c'est très bien ainsi", sourit la Seychelloise, travaillant elle-même dans le secteur touristique, sur un yacht de luxe, qui contribue à plus de 60% du PIB du seul pays d'Afrique considéré à "haut revenu" par la Banque mondiale.

Paradis du tourisme de luxe, les Seychelles ont accueilli plus de 360.000 visiteurs en 2018, principalement européens, soit deux fois plus que dix ans auparavant, et près de quatre fois la population du pays (95.000 habitants).

 

"Plus de touristes, c'est mieux pour l'économie, mais il n'y a pas que cela qui rentre en ligne de compte aux Seychelles", souligne Nareen, résumant parfaitement les débats qui animent cet archipel de 115 îles menacé par le réchauffement climatique et chantre d'un tourisme respectueux de l'environnement.

Car si les Seychelles, en défaut de paiement au sortir de la crise financière de 2008, ont redressé la barre en s'appuyant sur le tourisme, le pays se pose sérieusement la question du nombre de visiteurs qu'il est en mesure d'accueillir.

En attendant les résultats d'une enquête sur la question, le gouvernement a décrété en 2015 un moratoire sur la construction de grands hôtels sur les trois îles principales, Mahé, Praslin et La Digue, à la fois pour protéger son environnement et promouvoir des établissements plus petits tenus par des Seychellois.

Sur les îles extérieures, les autorités pratiquent une politique baptisée "une île, un resort". "L'idée, c'est de contrôler le nombre de touristes en contrôlant le nombre de chambres d'hôtel", souligne le ministre du Tourisme, Didier Dogley.

"Notre estimation à l'heure actuelle, c'est que nous pouvons aller jusqu'à 500.000 touristes par an", explique-t-il, en soulignant que le nombre actuel de chambres d'hôtel est de 6.000 et que la construction de 3.000 chambres supplémentaires est prévue dans le cadre de projets approuvés avant l'entrée en vigueur du moratoire.

"Pas les Canaries"

Cette introspection seychelloise peut sembler disproportionnée au vu des problèmes causés par le tourisme de masse en d'autres endroits du globe.

Près de la moitié des 455 km2 du pays est classée zone protégée. La partie protégée de son immense territoire marin - plus de 1,3 million de km2 - atteindra 30% en 2020, dans le cadre d'un programme de rachat d'une partie de la dette publique par des organisations de défense de l'environnement, contre cet engagement.

Deux sites naturels sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco, la vallée de Mai et ses célèbres cocos de mer, ainsi que l'atoll d'Aldabra et ses tortues. Et à quelques exceptions près, comme la populaire plage de Beau Vallon sur Mahé ou celle d'Anse Source d'Argent sur Praslin, régulièrement citée comme une des plus belles plages du monde, l'absolue quiétude est de mise.

 

De nombreuses plages semblent inviolées et la majorité des hôtels se fondent dans une dense végétation tropicale aux allures de jardin d'Eden.

"Mais tout dépend évidemment des standards que l'on s'impose", analyse Nirmal Shah, directeur exécutif de l'ONG de défense de l'environnement Nature Seychelles, estimant qu'à de nombreux endroits, comme sur La Digue, la capacité maximale a été largement atteinte. Selon lui, les Seychelles "n'ont absolument pas envie" de voir leurs côtes bétonnées comme à certains endroits en Espagne.

Un dimanche de novembre, à Grand Police, quelques kilomètres au sud d'Anse Bazarca, une vingtaine de touristes à peine se partagent une plage de plus de 600 mètres de long.

Un projet d'hôtel y a récemment rencontré une vive opposition de la population, qui a rappelé l'importante biodiversité d'une zone marécageuse avoisinante, sur fond de frustration vis-à-vis des groupes de la région du Golfe contrôlant de nombreux grands hôtels seychellois.

 

A tel point que le gouvernement a promis de discuter avec les promoteurs afin de déterminer sous quelles conditions ils pourraient abandonner le projet, approuvé avant l'entrée en vigueur du moratoire de 2015.

Tourisme à deux vitesses

Mais si les efforts de protection de l'environnement sont salués à l'international, la marge de progression sur la voie d'un tourisme durable est encore importante.

"Au vu de notre population, le nombre de touristes est énorme, et c'est difficile d'absorber l'empreinte d'autant de visiteurs", estime Nirmal Shah, notant que plus d'un quart de la main d'oeuvre est importée, principalement dans le tourisme et la construction, alors que le pays connaît une situation de plein emploi.

Si les grands groupes hôteliers mettent en oeuvre de nombreuses mesures visant à limiter l'impact sur l'environnement (potagers, réduction du plastique, co-gestion de zones protégées, économies d'énergie), l'empreinte de leurs hôtels de luxe est par définition plus importante.

Malgré des mesures incitatives de l'Etat, les établissements seychellois, plus modestes, n'ont pas toujours les moyens d'investir dans des mesures similaires, souligne-t-il.

De plus, les voeux et les projets du gouvernement ont beau être aussi nombreux que pieux, le petit territoire seychellois, essentiellement montagneux, restreint les productions locales d'un pays qui doit importer plus de 90% de ses biens. Ce sont par ailleurs des générateurs au fuel qui produisent encore la plus grande partie de l'énergie.

"On ne savait pas grand-chose du côté écologique du tourisme aux Seychelles, et ce n'est pas ce qui a motivé notre choix pour cette destination, mais une fois ici, c'est quelque chose qui nous a frappé", souligne Romain Tonda, un touriste français de 28 ans rencontré sur l'île de Cousin, une réserve naturelle, et venu passer sa lune de miel aux Seychelles.

"Ce n'est pas parfait, mais on voit que c'est quelque chose qui est important pour les Seychellois".

L'Allemagne s'est dotée jeudi d'un calendrier et a prévu des indemnités pour l'arrêt de ses centrales à charbon, étape importante vers l'abandon de cette énergie très polluante entre 2035 et 2038.

Après des mois de négociations, sous la pression croissante des défenseurs du climat, "la sortie progressive du charbon débute maintenant", s'est félicitée la ministre de l'Environnement, Svenja Schulze.

Le gouvernement et les quatre Etats-régions qui abritent les bassins miniers - Rhénanie du Nord-Westphalie, Brandebourg, Saxe et Saxe-Anhalt - se sont mis d'accord sur un échéancier et un cadre d'indemnisations.

L'ensemble doit être formalisé dans un projet de loi soumis le 29 janvier au conseil des ministres, pour une adoption espérée "au premier semestre 2020", selon le ministère de l'Economie.

Berlin a promis 4,35 milliards d'euros d'indemnités, réparties "sur une quinzaine d'années suivant les fermetures" parmi les exploitants de centrales à charbon.

2,6 milliards ont été attribués au géant allemand RWE, qui opère les centrales du bassin rhénan, dans l'Ouest - un montant "bien en dessous des dommages" évalués à plus de 3,5 milliards d'euros, a déploré le groupe.

Chez le fournisseur d'électricité, 3.000 emplois seront supprimés "à court terme" et 6.000 d'ici 2030, notamment à travers des départs anticipés à la retraite, soit une réduction de 60% des effectifs dans la branche lignite et un quart des effectifs du groupe.

1,75 milliard reviendra aux centrales de l'Est, a détaillé le ministre des Finances Olaf Scholz. Mais la facture pourrait encore gonfler, puisque M. Scholz n'a évoqué que les fermetures "dans les années 2020", sans parler des ultimes mises à l'arrêt des années 2030.

- 'Trop tard !' -

Comme annoncé il y a un an, l'Allemagne vise un abandon du charbon au plus tard en 2038 mais pourrait "avancer de trois ans" cette échéance pour viser 2035, en fonction des bilans d'étape menés en 2026 et 2029.

 

"La sortie du charbon n'est pas une question de technique mais de volonté politique. Elle doit arriver maintenant, 2035 est bien trop tard !", a déploré sur Twitter l'organisation Ende Gelände, à l'origine de plusieurs occupations de mines.

L'accord détaille pour la première fois un calendrier de fermeture des centrales à lignite, charbon brun particulièrement polluant, qui débutera le 31 décembre 2020 avec un des complexes opérés par RWE à proximité de la mine de Garzweiler.

Il prévoit également la fin des autorisations d'exploitation de la forêt millénaire de Hambach, dans l'ouest de l'Allemagne, menacée par l'extension d'une mine de lignite et devenue un symbole de la lutte contre le charbon.

Plus de la moitié des 2,1 milliards de tonnes charbon exploitables par RWE "resteront enterrés", précise le groupe.

"Au lieu des 3 gigawatts prévus" l'an dernier, "seulement 2,8 gigawatts de lignite seront mis hors service d'ici 2022", et la majorité des fermetures "est reportée au-delà de 2030", critique cependant Olaf Bandt, président de l'association écologiste BUND.

 

- Sortie du nucléaire -

Les défenseurs du climat, qui pressent le gouvernement d'accélérer ses efforts, déplorent de surcroît la mise en service d'une nouvelle centrale au charbon dans le bassin rhénan, Datteln 4, confirmée jeudi.

"C'est juste absurde", a tweeté Luisa Neubauer, figure allemande du mouvement Fridays for future.

Dans les régions minières, l'Etat prévoit l'instauration d'un "fonds d'indemnités" pour "les salariés" du secteur, qui pourrait être versé "jusqu'en 2043".

Une aide financière totale de 40 milliards d'euros sera également accordée aux régions minières jusqu'en 2038, conformément à un projet de loi adopté en mai 2019.

L'abandon par l'Allemagne du charbon, énergie bon marché à l'origine de son développement industriel, est compliqué par la décision prise en 2011 de sortir du nucléaire d'ici 2022.

 

Malgré la montée en puissance des énergies renouvelables, intermittentes et difficiles à stocker et transporter, la première économie européenne tire encore plus d'un tiers de son électricité de la houille et du lignite.

Dans un plan adopté en décembre, l'Allemagne s'est fixé l'objectif de diminuer de 55% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990, alors qu'elle est déjà assurée de manquer ses objectifs climatiques pour 2020.

© 2020 AFP

Plusieurs dizaines de leaders indigènes et représentants d'autres communautés amazoniennes sont réunis cette semaine au coeur de la forêt dans le but de former une alliance contre la politique environnementale du président d'extrême droite Jair Bolsonaro.

"Je ne veux plus que personne ne meure devant moi, je ne veux pas que tout le monde s'entretue, les blancs contre les indigènes", a affirmé le chef emblématique Raoni Metuktire, lors de cette réunion organisée dans le village de Piaraçu, dans l'Etat brésilien du Mato Grosso (ouest), en présence de quelques journalistes, dont l'AFP.

Cette localité n'a pas été choisie par hasard: elle se trouve loin des grands centres urbains, sur les rives du fleuve Xingu, en pleine forêt vierge.

L'objectif principal de la réunion: former une union sacrée pour faire face aux projets du gouvernement Bolsonaro qui menacent selon ces caciques le mode de vie des indigènes, notamment une loi qui autoriserait les activités minières sur les terres réservées aux autochtones.

 

"Bolsonaro dit beaucoup de mal de nous. Il n'attaque pas que les indigènes, mais il nous attaque plus que quiconque", a ajouté le cacique Raoni, le corps recouvert de peintures noires, avec son plateau labial si caractéristique et une grande coiffe de plumes.

Le cacique de 89 ans a l'intention d'apporter en personne au Congrès à Brasilia le texte qui sera rédigé à l'issue de la réunion prévue jusqu'à vendredi.

"Là-bas, je vais demander à Bolsonaro pourquoi il dit tant de mal des indigènes", a-t-il conclu, tout en soulignant l'importance d'aller "chercher des soutiens politiques" en Europe, où il se rend régulièrement.

Fin août, il avait notamment rencontré le président français Emmanuel Macron à Biarritz (sud-ouest), en marge du sommet du G7, en pleine polémique sur les feux de forêt en Amazonie.

En septembre, Jair Bolsonaro avait vivement pris à partie le cacique lors de son discours à l'assemblée générale de l'ONU, considérant que "le monopole de Raoni sur l'Amazonie est terminé".

 

"Nous vivons un moment dramatique, presque une situation de guerre", a affirmé lors de la réunion à Piaraçu Sonia Guajajara, coordinatrice de l'Association des peuples indigènes du Brésil (APIB).

Au-delà des leaders indigènes, cette réunion regroupe également des représentants d'autres communautés traditionnelles vivant dans la forêt, comme c'était le cas dans les années 80, avec l'Alliance des Peuples de la forêt formée par Chico Mendes, célèbre militant écologiste blanc assassiné en 1988.

© 2020 AFP

Après une décennie record en termes de températures, l'ONU s'attend à ce que le réchauffement climatique causé par les gaz à effet de serre se poursuive, alimentant de multiples phénomènes météorologiques extrêmes en 2020 et au-delà.

D'après les données dont dispose l'Organisation météorologique mondiale (OMM), 2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, après 2016, confirmant les analyses du service européen Copernicus sur le changement climatique publiées la semaine dernière.

Et 2020 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices.

"Malheureusement, nous nous attendons à voir beaucoup de phénomènes météorologiques extrêmes en 2020 et dans les décennies à venir, alimentés par des niveaux records de gaz à effet de serre qui retiennent la chaleur dans l'atmosphère ", a souligné le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.

"L'année 2020 a commencé là où 2019 s'est arrêtée - avec des événements météorologiques et climatiques à fort impact", comme en Australie, qui "a connu en 2019 son année la plus chaude et la plus sèche jamais enregistrée", a-t-il ajouté.

 

Cette chaleur record "a préparé le terrain aux immenses feux de brousse qui ont été si dévastateurs" pour l'immense île continent, a-t-il expliqué.

Ces incendies monstres qui ont débuté il y a plusieurs mois ont entraîné la mort de 28 personnes selon le bilan officiel, détruit plus de 2.000 maisons et brûlé une zone de 100.000 kilomètres carrés - plus grande que la superficie de la Corée du Sud.

Globalement, les températures moyennes de ces cinq et dix dernières années ont été les plus élevées jamais enregistrées.

Depuis les années 1980, chaque décennie a été plus chaude que la précédente, selon l'OMM, qui s'attend à ce que tendance se poursuive.

Selon l'agence spécialisée de l'ONU, la température mondiale annuelle en 2019 a dépassé de 1,1°C la moyenne enregistrée à l'époque préindustrielle (1850-1900).

 

"D'après la trajectoire actuelle des émissions de dioxyde de carbone, nous nous dirigeons vers une augmentation de la température de 3 à 5 degrés Celsius d'ici la fin du siècle", a prévenu M. Taalas.

"Ce qui se passe n'est pas un incroyable hasard lié à un phénomène météorologique quelconque: nous savons que les tendances à long terme sont déterminées par les niveaux croissants de gaz à effet de serre dans l'atmosphère", a abondé Gavin Schmidt du centre spatial Goddard de la Nasa, qui a fourni des données pour l'étude.

Des données de l'Agence océanique et atmosphérique américaine NOAA révèlent aussi que l'Arctique et l'Antarctique ont connu en 2019 leur deuxième plus petite banquise jamais enregistrée.

"Il n'est pas surprenant que 2019 ait été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée", a réagi le directeur international du programme climat et énergie de l'ONOG WWF, Manuel Pulgar-Vidal, appelant à "accélérer le rythme" des réformes pour stopper le réchauffement climatique.

 

L'Accord de Paris de 2015 vise à limiter ce réchauffement à +2°C, voire 1,5°C, mais même si les quelque 200 pays signataires respectent leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre, le réchauffement pourrait dépasser les 3°C. Les scientifiques ont déjà montré que chaque demi-degré supplémentaire augmente l'intensité et/ou la fréquence des canicules, tempêtes, sécheresses, ou inondations.

Malgré ce constat, la conférence climat de l'ONU (COP25) en décembre à Madrid n'a pas été à la hauteur de l'urgence climatique, une occasion ratée que déplore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui réclame plus d'ambition dans la lutte contre le réchauffement.

Ce réchauffement climatique inquiète d'autant plus l'ONU que les températures record ne sont pas le seul problème auquel est confrontée la communauté internationale.

 

Fonte des glaces, niveaux de mer record, acidification et augmentation de la chaleur des océans, conditions météorologiques extrêmes... sont autant de phénomènes qui ont caractérisé l'année et la décennie écoulées, selon l'OMM.

Et pourtant, face à ce changement climatique, "nous voyons des individus et des groupes puissants qui redoublent d'efforts pour nier une réalité de plus en plus claire", a estimé Chris Rapley, climatologue à l'University College de Londres.

"De toutes les folies auxquelles les humains se sont livrés, endommager notre système de survie est sûrement en haut de la liste!" a-t-il ajouté.

AFP

Une semaine après l’annonce d’un accord de financement de 184 millions de dollars avec le fonds souverain Qatari QIA, la société pétrolière Lekoil s’est rétractée et a suspendu sa cotation à la bourse de Londres. La fausse bonne affaire s’est révélée être une tentative de fraude subie par le groupe.

La compagnie nigériane Lekoil a suspendu ses échanges à la bourse de Londres à la suite de la découverte d'une tentative de fraude dont elle a été confrontée, a annoncé dans un communiqué, le groupe qui a repris sa cotation à la LES le mardi 14 janvier. L'affaire porte sur un accord de prêt de 184 millions avec des individus qui se sont fait passer pour des représentants de Qatar Investment Autority (QIA)via une « façade complexe ».

« L'accord de prêt annoncé le 2 janvier 2020 par la Société, prétendument avec la Qatar Investment Authority (QIA), le Contrat de Facilité ou la Transaction semble avoir été conclu avec des individus qui ont monté une arnaque complexe afin de se faire passer pour des représentants de la QIA », expliquait le communiqué du groupe publié le lundi 13 janvier.

Accusant son partenaire Seawave Invest Limited de fraude, Lekoil met un terme au plan de financement annoncé dans le cadre de ce partenariat. Seawave a été présentée comme une entreprise de conseil indépendante spécialisée dans les transactions transfrontalières avec un accent exclusif sur l'Afrique. Lekoil estime sa perte financière associée au contrat de facilité à environ 600 000 dollars, l'équivalant des frais d'arrangement initial et juridiques versés à la société en guise de bonne foi.

Lekoil, une entreprise sous pression

Sur le plan financier, la compagnie pétrolière nigériane fait état d'une trésorerie positive au niveau opérationnel et recherche en priorité un financement alternatif pour le développement futur de l'OPL 310. Elle se dit prête à réactiver d'autres négociations dans le cadre de ce financement. Lekoil devrait assurer le forage d'un puits d'évaluation au sein de l'OPL 310 avant l'expiration du permis le 2 août 2022. Comme annoncé précédemment le 30 août 2019, le groupe est aussi tenu de payer à Optimum Petroleum Developpent Company Limited les coûts irrécupérables et les frais de consentement d'ici février 2020 estimés à près de 10 millions de dollars.

En cas de non acquittement de ses charges, la société envisage de trouver, d'un commun accord avec Optimum, un repreneur d'une participation de 17,14 % de Lekoil dans le projet OPL 310. Aussi, la compagnie pétrolière et gazière s'engage à couvrir le coût de l'enquête sur site estimé à environ 4 millions de dollars sur OPL 310, comme annoncé le 10 janvier 2020, à partir des liquidités existantes et les revenus issus de l'exploitation d'Otakikpo. Au 31 décembre 2019, la Société a déclaré des liquidités bancaires d'environ 2,7 millions de dollars, incluant les 600 000 dollars payés dans le cadre de l'opération.

LTA

Les chefs d'entreprises sonnent l'alarme face aux risques climatiques qu'ils placent en tête de leurs préoccupations à l'orée de la nouvelle décennie, selon une étude publiée mercredi à quelques jours du forum économique mondial de Davos.

Les organisateurs de la réunion de Davos en Suisse dévoilent ce rapport au moment où les violents incendies en Australie témoignent de l'urgence climatique et de la nécessité pour les gouvernements d'agir davantage.

"Le paysage politique est polarisé, le niveau de la mer monte et les feux liés au climat font rage", a déclaré dans un communiqué le président du forum Borge Brende.

"C'est l'année où les dirigeants mondiaux doivent travailler avec toutes les composantes de la société pour réparer et redonner de la vigueur à nos systèmes de coopération, pas seulement pour le court terme mais pour s'attaquer aux risques profondément enracinés", souligne-t-il.

 

Selon l'étude du forum, les cinq premières préoccupations des chefs d'entreprises pour les dix prochaines d'années sont toutes liées à l'environnement, portant en priorité sur les événements météorologiques extrêmes et l'incapacité des gouvernements et du monde économique à prévenir le changement climatique.

Pour la seule année 2020, les inquiétudes découlent d'abord de la confrontation entre puissances économiques et de la polarisation des forces politiques.

Les organisateurs de Davos ont interrogé en septembre et octobre 750 dirigeants d'entreprises et experts qui vont se retrouver dans les Alpes suisses entre le 21 et le 24 janvier pour la grand-messe annuelle du monde économique et politique.

Ce rendez-vous sera d'autant plus important que la dernière conférence climat de l'ONU, la COP25 qui s'est tenue à Madrid en décembre, s'est achevée sans grande avancée pour répondre à la crise climatique.

 

Or la pression est de plus en plus forte sur les entreprises et les consommateurs pour qu'ils fassent la preuve de leur volonté d'agir, souligne John Drzik, président du cabinet de conseil Marsh and McLennan Insights.

Et "les avancées scientifiques signifient que les risques climatiques peuvent être modélisés avec davantage de précision et être incorporés dans la gestion des risques et les projets des entreprises", explique-t-il.

© 2020 AFP

  1. Magazines
  2. Communiqués
  3. Plus lus
CONTACTEZ-NOUS

QUOI DE VERT, le Magazine du Développement Durable
Edité par African Résilience Communication (ARC)


Adresse : Villa numéro 166 Gouye Salam ll - DTK Dakar - Sénégal

TEL :  77 646 77 49  /  77 447 06 54

Email : redaction@quoidevert.org ; quoidevert@gmail.com