Baye Salla Mar

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Les fortes précipitations attendues en Australie donnaient mardi un regain d'espoir sur le front de la lutte contre les incendies, au moment où Melbourne était enveloppée d'un nuage de fumée toxique.

Ces derniers jours, un temps frais a déjà offert un certain répit aux pompiers épuisés par ces gigantesques incendies qui dévastent depuis septembre de vastes régions de l'immense-île continent.

Certains des plus importants brasiers, notamment le "méga-feu" qui était hors de contrôle depuis presque trois mois en Nouvelle-Galles du Sud, ont enfin été maîtrisés.

Ce regain d'optimisme a été amplifié mardi par l'annonce de l'arrivée de fortes précipitations sur certaines des régions les plus affectées par ces feux, notamment dans les Etats très peuplés de Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, au sud-est de l'Australie.

"C'est une très bonne nouvelle", s'est félicité le chef des pompiers dans les zones rurales de Nouvelle-Galles du Sud, Shane Fitzsimmons.

"Nous en parlions depuis des mois maintenant, janvier pourrait connaître la première vraie chute de pluie digne de ce nom et il semblerait que cela se produise dans les tout prochains jours", a-t-il expliqué.

 

Des dizaines de feux demeurent cependant hors de contrôle. De nombreuses semaines de forte chaleur sont encore attendues en cette saison d'été austral et rien ne laisse présager une fin prochaine de la crise.

Un nuage de fumée toxique dégagé par ces incendies a enveloppé dans la nuit de lundi à mardi Melbourne, la capitale de l'Etat de Victoria, qui doit accueillir la semaine prochaine l'Open d'Australie.

Entraînements du Grand Chelem suspendus

Le niveau de pollution à Melbourne, qui figure habituellement dans le palmarès des villes au monde les plus agréables à vivre, a atteint un niveau "dangereux", et les autorités sanitaires ont conseillé aux habitants de demeurer chez eux.

Les entraînements prévus mardi en préparation de ce tournoi du Grand Chelem, notamment celui du N. 1 mondial Rafael Nadal, ont été suspendus.

Les qualifications ont été retardées de quelques heures et l'annonce de leur reprise par les organisateurs, mardi en fin de matinée, a suscité désarroi et inquiétude chez certains joueurs.

La Luxembourgeoise Mandy Minella, numéro 140 mondiale,a exprimé son désaccord surTwitter.

"Je suis choquée de voir que les matchs de qualification ont commencé à l'Open d'Australie. Qu'en-est-t-il de la santé des personnes qui travaillent ici, notamment les enfants qui ramassent les balles?", a-t-elle tweeté.

Ce brouillard de fumée ne devrait cependant pas demeurer sur Melbourne toute la semaine. Un temps pluvieux et un changement de direction du vent sont attendus, ce qui devrait permettre de dégager ce nuage de pollution.

Depuis le début des ces feux dévastateurs en septembre, au moins 27 personnes sont décédées, plus de 2.000 maisons ont été détruites et une zone de 100.000 kilomètres carrés (10 millions d'hectares) - plus grande que la superficie de la Corée du Sud - est partie en fumée.

Liés à une sécheresse particulièrement grave en Australie, ces incendies sont aggravés par le réchauffement climatique, alors que les scientifiques prédisent de longue date que la récurrence de ces événements météorologiques extrêmes ne fera que s'aggraver.

 

L'année 2019 a été la plus chaude et la plus sèche jamais enregistrée.

L'ampleur de la catastrophe a soulevé un immense élan de solidarité à travers la planète et les dons affluent pour venir en aide aux habitants et aux animaux sinistrés.

La flore et la faune australiennes, qui comptent des espèces uniques au monde, ont été durement touchées. Selon des estimations, un milliard d'animaux ont été tués.

La ministre de l'Environnement, Sussan Ley, a prévenu que dans certaines régions les koalas devront être classés espèce en danger.

Pour financer une transition énergétique "juste" qui va coûter des milliards, la Commission von der Leyen dévoile mardi à Strasbourg un plan d'investissement qui s'appuie sur un nouveau fonds pour soutenir les régions les plus dépendantes au charbon.

Avec son "Pacte vert" présenté en décembre, quelques jours seulement après sa prise de fonction, Ursula von der Leyen a fait du climat la priorité de sa Commission. Mais la transition du continent vers la neutralité carbone d'ici 2050 comme le souhaite l'Allemande - l'objectif n'a pas été encore finalisé par les différentes institutions - sera coûteuse.

Où trouver les quelque 260 milliards d'euros d'investissement supplémentaires par an que Bruxelles estime nécessaires pour réaliser ses ambitions?

La première proposition législative de la nouvelle Commission y répond en partie.

Avec son "mécanisme de transition juste", elle espère mobiliser jusqu'à 100 milliards d'euros au cours de la prochaine décennie tout en s'assurant que les communautés encore très dépendantes économiquement des énergies fossiles ne soient pas laissées sur le bord du chemin.

 

Au total, avec son "Plan d'investissement pour une Europe durable", ce sont jusqu'à 1.000 milliards d'euros qui seraient mobilisés dans les 10 prochaines années en faveur de la transition d'un continent où les émissions de gaz à effet de serre seraient les plus faibles possibles. Et ce par le biais de multiples sources de financement.

Le Fonds de transition juste, selon des documents vus par l'AFP, serait en lui-même doté de 7,5 milliards d'euros entre 2021 et 2027 (le prochain budget pluriannuel de l'Union européenne) dans le projet de la Commission. De l'argent frais, assure-t-elle, pour un nouvel outil qui s'inscrira dans la politique de cohésion de l'UE qui, traditionnellement, aide au développement des régions.

Le Fonds fait partie de ce que la Commission appelle plus généralement le "mécanisme de transition juste". Il est accompagné d'autres moyens de financement, via des programmes d'investissement de l'Union mais aussi de la Banque européenne d'investissement (BEI), en pleine mue pour devenir la "banque du climat" de l'UE.

 

Viendront s'ajouter des dépenses en faveur du climat réparties dans les différentes catégories du budget de l'UE, par exemple les transports ou l'agriculture, ainsi que des investissements privés-publics. La Commission veut qu'un quart des dépenses du budget pluriannuel y soit consacré.

Soutien au nucléaire ?

Avec cette proposition législative sur le mécanisme de transition juste, qui sera soumise à négociation entre les Etats membres et le Parlement européen, la Commission tente aussi de rassurer les pays de l'Est encore réticents à s'engager pleinement.

Préoccupée par le coût économique et social de sa transition, la Pologne a refusé d'adhérer à l'objectif de neutralité climatique d'ici 2050 lors du sommet européen de décembre.

Dans leurs conclusions ce jour-là, les Etats membres s'étaient d'ores et déjà "félicités" des propositions futures qui "viseront à faciliter 100 milliards d'euros d'investissements" sur la décennie.

La transformation vers une économie européenne faible en émissions de carbone va peser sur les régions encore très dépendantes du charbon, très présent en Pologne, République tchèque, mais aussi certaines régions d'Allemagne.

La proposition détaillera les critères d'attribution du fonds. Il vise à soutenir les régions où les émissions de carbone liées à l'industrie et la production d'énergie sont les plus élevées, afin de soutenir le développement de nouvelles technologies et la reconversion ou la formation des populations dont l'emploi est lié aux énergies fossiles.

La question du soutien à l'énergie nucléaire, pas encore complètement tranchée au sein de l'UE dans le cadre de la réflexion sur la transition, se posera une nouvelle fois.

Bien moins émettrice en gaz à effet de serre que les énergies fossiles, certains Etats membres comme la République tchèque ou la Hongrie, mais aussi la France, ont défendu sa prise en compte dans le bouquet énergétique lors du dernier sommet européen.

AFP

La Convention pour la biodiversité biologique (CBD) propose de protéger au moins 30% de la planète d'ici 2030 pour lutter contre la dégradation accélérée de la nature, selon la première mouture d'un texte dévoilé lundi.

La 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15) se tiendra à Kunming, en Chine, en octobre. Cette réunion, jugée cruciale, doit définir une feuille de route, pour les 200 membres de la CBD, pour mieux protéger les écosystèmes au cours de la décennie.

L'objectif est de vivre "en harmonie avec la nature" d'ici 2050, rappelle la CBD.

L'ébauche de texte, qui sera négociée lors la COP15, prévoit notamment de "protéger les sites d'importance particulière pour la biodiversité au moyen d'aires protégées et d'autres mesures efficaces de conservation par zone" couvrant "au moins 30% des zones terrestres et marines avec au moins 10% sous stricte protection" d'ici 2030, ces pourcentages étant à négocier.

 

Aleksandar Rankovic, expert à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), y voit "une proposition ambitieuse".

Des ONG regroupées dans la coalition "Campaign for nature" s'inquiètent toutefois de l'absence de mention portant sur "l'efficacité de la gestion" de tels espaces.

Une autre mesure vise à "réduire d'au moins 50% la pollution causée par l'excès d'éléments nutritifs, les biocides, les déchets plastique et autres sources de pollution" d'ici la fin de la décennie.

Le texte reprend des conclusions des experts biodiversité de l'ONU (IPBES). Dans un vaste rapport publié en mai, ils soulignaient le rôle de l'agriculture, la déforestation, la pêche, la chasse, le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives, dans la dégradation accélérée de la nature.

La CBD souligne aussi l'importance des solutions basées sur la nature pour atteindre les objectifs de Paris pour réduire le réchauffement climatique.

 

Cette première mouture constitue "un grand pas" dans la définition d'objectifs pour protéger la biodiversité, mais le texte est "mince" en ce qui concerne leur mise en oeuvre et les moyens déployés, a estimé Li Shuo, de Greenpeace International.

La COP15 devrait aussi acter l'échec des "objectifs d'Aichi", définis en 2010. Ils visaient, entre autres, à mieux prendre en compte la biodiversité dans les stratégies nationales, à étendre les aires de conservation terrestres et aquatiques, à prévenir l'extinction des espèces menacées ou encore à éviter la surpêche et à gérer les surfaces agricoles de manière durable d'ici 2020. La plupart n'ont pas été atteints.

© 2020 AFP

Entre les indices boursiers et le monde réel, un gouffre se creuse. Ceci est frappant quand on regarde les cas de l’Australie et de la France. Dans le premier cas, le pays est train de partir en fumée, mais l’indice national bat des records. Aux antipodes, la crise sociale la plus longue de l’histoire n’empêche pas le CAC 40 de flirter avec les 6000 points.

Le CAC 40 a terminé l’année en tutoyant les 6000 points contre 4730 fin 2018. L’ASX 200, l’indice phare de la bourse australienne, a connu le même destin. Il a clôturé à 6 684 points, 1 000 points de plus que fin 2018. Ces records pourraient laisser penser que tout va bien, au moins sur la planète finance. Sur la planète Terre, c’est plus compliqué ! La France est bloquée par les grèves de transports et l’Australie brûle.

Les incendies australiens intensifient encore plus les émissions de gaz à effet de serre et nous amènent droit vers un réchauffement climatique bien plus élevé que ne le prévoit l’Accord de Paris. Ils ravagent un pays qui a pourtant contribué à bloquer la COP 25 en décembre. Ces crises environnementales et sociales ne semblent pas avoir de prise sur des bourses pour qui elles représentent malgré tout une épée de Damoclès.

En 2015, le secteur financier a adopté des politiques climat persuadé que le changement climatique était un risque systémique pour la stabilité financière mondiale. À ce moment-là, les indices qui sélectionnent les plus grandes entreprises mondiales semblaient regorger de "stranded assets", des actifs dévalorisables, parce qu’incompatibles avec l'Accord de Paris : énergies fossiles, voitures à essence, textiles en surproduction... Quatre ans plus tard, les records boursiers peuvent laisser penser que cette analyse n’est plus d’actualité. Total est toujours la troisième capitalisation du CAC 40, derrière LVMH et L’Oréal. Quant à l’ASX, il compte de nombreuses valeurs minières et pétrolières et une compagnie aérienne.

Des indices à +4 degrés

Leurs augmentations spectaculaires sont en quelque sorte un trompe-l’œil qui sacralise la gestion indicielle et entérine la décorrélation entre les mécanismes boursiers et les fondamentaux économiques des entreprises qui les composent ! Le poids toujours plus important de ce mode de gestion perturbe la capacité des variations boursières à refléter la valeur réelle des entreprises cotées, plus particulièrement sur le plan environnemental et social. La gestion indicielle gonfle mécaniquement chaque indice et attire des volumes toujours plus importants d’encours sans que l’investisseur fasse un choix actif de telle ou telle entreprise.

Il investit ainsi les yeux bandés dans un monde économique de valeurs sûres sur un plan financier. En revanche sur un plan climatique, elles ont plutôt tendance à aggraver la situation. Les rares études sur le sujet estiment que les grands indices de référence sont sur des trajectoires de réchauffement climatique qui varient entre 3 et 4 degrés.

Le succès de Vanguard et BlackRock

Le Groupe d’Experts de Haut Niveau sur la finance durable (HLEG), créé par la Commission Européenne en 2017, espérait que ces indices puissent calculer et publier leur "température" de climat. Cela aurait permis d’associer à leur volume de points, le chiffre de réchauffement financé : 2, 3, 4 degrés, voire plus. Mais la proposition n’a pas été retenue.

L’augmentation des volumes boursiers profite d’abord aux géants de la gestion indicielle comme Vanguard ou Blackrock, passé de 4721 milliards de dollars d’actifs à l’été 2015 à près de 7000 milliards d’actifs fin 2019. Un poids colossal qui fait d’eux les actionnaires de référence des plus grandes entreprises de la planète et les acteurs idéaux pour les pousser à adopter un modèle bas carbone. Mais là encore, le climat n’est pas la priorité. L’ONG américaine Majority Action a analysé leurs politiques de vote et révélé qu’elles étaient très rarement en faveur du climat.

En conclusion, la lutte contre le changement climatique suppose de renouer le lien entre les variations boursières et les réalités économiques et politiques. En Australie comme en France, il est inquiétant que les crises profondes traversées par ces pays n’affectent pas leurs bourses. C’est un signal fort de leur capacité à danser sur le pont du Titanic.

NOVETHIC

Le volcan Taal crachait lundi de la lave et une gigantesque colonne de cendres et de fumée zébrée d'éclairs au sud de la capitale philippine où des centaines de vols internationaux ont été annulés, de crainte d'une éruption "explosive".

Une fine pellicule recouvrait les maisons et les rues des environs du volcan, situé à 65 km de Manille et dont le réveil dimanche s'est accompagné d'une série de séismes. Au moins 10.000 personnes se sont réfugiées dans des centres d'évacuation.

"On ne pouvait pas dormir, car la maison tremblait dès qu'on fermait les yeux" a raconté à l'AFP Lia Monteverde, une restauratrice. "Aucun d'entre nous n'a dormi. On s'est juste préparés à partir."

Le volcan, qui se trouve au milieu d'un lac de cratère dans une zone très appréciée des touristes, est l'un des plus actifs de l'archipel qui est une zone d'intense activité sismique du fait de sa position sur la "Ceinture de feu du Pacifique".

Les écoles situées dans la région du volcan, les bureaux du gouvernement et la Bourse philippine sont demeurés fermés lundi par mesure de précaution.

Les habitants de la zone se sont rués dans les magasins sur les masques de protection après une mise en garde des autorités contre le risque de problèmes respiratoires du fait des poussières et des cendres.

Les avions ont recommencé à décoller du principal aéroport international de Manille, dont les opérations restaient partielles. Il avait été fermé dimanche en raison du risque que constituent pour les aéronefs les cendres projetées dans l'air.

Environ 240 vols ont été annulés sur l'aéroport international Ninoy Aquino, contrariant les déplacements de dizaines de milliers de passagers.

"Je suis déçu, car ce délai implique des dépenses en plus, et c'est fatigant d'attendre", a déclaré dans l'aéroport Joan Diocaras, un Philippin de 28 ans travaillant à Taïwan. "Mais il n'y a rien à faire."

 

L'éruption a débuté dimanche par une explosion de vapeur d'eau sous pression et de roches, avec une colonne de 15 kilomètres de haut. Lundi matin, des "fontaines" de lave étaient visibles sur le volcan, selon l'Institut de volcanologie et sismologie des Philippines (Phivolcs).

D'impressionnants éclairs pouvaient être observés de façon épisodique au-dessus du volcan, un phénomène qui n'est pas totalement expliqué par la science mais qui serait dû à l'électricité statique.

Les autorités ont relevé l'alerte au deuxième niveau le plus élevé en raison d'un risque d'éruption "explosive" qui pourrait se produire dans les prochaines heures ou les prochains jours.

Le chef du Phivolcs, Renato Solidum, a expliqué à l'AFP que la lave était un signe d'activité au sein du volcan mais qu'on ignorait si cette activité allait durer.

 

La dernière éruption du Taal date de 1977, a précisé M. Solidum.

Les sismologues des services gouvernementaux ont détecté du magma qui monte en direction du cratère tandis que des secousses étaient ressenties à proximité du volcan, dont le sommet était illuminé d'éclairs.

Le Phivolcs a indiqué que des débris allant jusqu'à plus de 6 centimètres de diamètre étaient retombés dans les zones entourant le cratère.

L'Institut a recensé plus d'une cinquantaine de secousses sismiques à ce stade.

La "Ceinture de feu" du Pacifique désigne ces zones où les plaques tectoniques entrent en collision, provoquant séismes et activité volcanique réguliers.

En janvier 2018, des dizaines de milliers de personnes avaient dû être évacuées en raison d'une éruption du Mont Mayon, dans la région centrale de Bicol.

 

La plus puissante éruption au cours des dernières décennies à été celle en 1991 du Mont Pinatubo, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Manille, qui a fait plus de 800 morts.

Le volcan avait craché un nuage de cendres qui avait parcouru des milliers de kilomètres en quelques jours.

© 2020 AFP

Dumisani Khumalo est un miraculé. Il y a deux mois, ce Zimbabwéen de 45 ans a été gravement blessé par un buffle. Il marche désormais avec peine mais s'estime heureux: en 2019, les animaux sauvages ont tué 36 personnes dans le pays.

"Je remercie Dieu d'avoir survécu à l'attaque", confie Dumisani Khumalo, assis à l'ombre d'un arbre de son village de Ndlovu-Kachechete, dans le district de Hwange (ouest).

Les attaques d'animaux sauvages contre les humains sont en hausse au Zimbabwe. Les autorités en ont recensées pas moins de 311 en 2019, contre 195, qui avaient fait 20 morts parmi la population, l'année précédente.

Les éléphants sont les plus souvent impliqués mais buffles, hippopotames, lions, hyènes et crocodiles ne sont pas en reste. En cause, la terrible sécheresse qui frappe toute l'Afrique australe depuis plusieurs saisons.

Elle atteint ces derniers mois des sommets, au point que près de la moitié des 16 millions de Zimbabwéens ne doivent aujourd'hui leur survie qu'à l'aide alimentaire.

 

Les animaux ne sont pas épargnés. Plus de 200 éléphants en sont morts en trois mois l'an dernier.

Ceux du parc de Hwange, le plus grand du pays à proximité des fameuses chutes Victoria, peuvent en sortir librement. Alors, faute de pluie, ils "vont là où ils peuvent trouver de l'eau et de la nourriture", explique un porte-parole des parcs nationaux du Zimbabwe, Tinashe Farawo.

"Je marchais dans la forêt près de mon village. J'allais me faire enregistrer pour recevoir de l'aide alimentaire quand j'ai entendu des chiens aboyer. Soudain, le buffle est apparu et m'a chargé", se rappelle Dumisani Khumalo. "Je suis tombé et la bête m'a donné des coups de corne à l'aine".

Un chef local, Phindile Ncube, émet des doutes sur la version du blessé, qu'il soupçonne d'avoir été en train de chasser. "Il est très rare que les buffles attaquent les hommes. Le plus souvent, les animaux se sentent menacés" et chargent.

 

Mais la sécheresse, concède-t-il, augmente les risques de conflit entre humains et animaux. Ils "viennent dans les zones habitées à la recherche d'eau (...) Rien que la semaine dernière, des éléphants ont tué deux vaches près d'un puits".

- Arsenal antifaune -

Dans le district de Hwange, les autorités locales ont armé des gardes pour protéger la population, en particulier pendant les périodes de récolte.

C'est en répondant à un appel des habitants qu'une femme a été accidentellement tuée par balle en avril.

"Des éléphants détruisaient des récoltes. Des gardes essayaient de les chasser quand un éléphant a chargé. Un garde a ouvert le feu" et tué une femme, explique Phindile Ncube.

Au-delà de la réponse armée, les habitants sont encouragés à utiliser des méthodes moins violentes pour éloigner la faune.

 

Celle dite du tambour est bien connue: à l'approche d'un animal jugé dangereux, les habitants se mettent à battre sur des percussions traditionnelles pour l'effrayer.

Mais "les animaux s'habituent à ce bruit et savent qu'il n'est pas synonyme de danger", explique George Mapuvire, à la tête de Bio-Hub Trust, une organisation spécialisée dans la gestion des conflits impliquant la faune.

Bio-Hub Trust propose une variété d'autres solutions pour éloigner la faune des habitations et des récoltes. Ainsi le gâteau au piment, une recette simple et bon marché.

"Mélanger de la poudre de piment à de la bouse de vache ou d'éléphant et en faire une sorte de brique", décrit George Mapuvire. "Une fois sèche, la brûler avec du charbon quand les éléphants approchent. Ils ne supportent pas l'odeur !".

Pour être alertés de l'arrivée des pachydermes, les villageois ont aussi recours à des clôtures faites de guirlandes de canettes vides. A l'arrivée d'animaux, elles tintinnabulent et leur laissent le temps d'allumer des gâteaux au piment.

 

Une autre solution consiste à recourir à un pistolet chargé de balles en plastique remplies d'huile et de piment. "Quand elle touche l'éléphant, elle explose et recouvre l'animal d'huile pimentée", décrit M. Mapuvire.

Mais attention, prévient le patron de Bio-Hub Trust, il arrive parfois que le pachyderme, énervé, se venge en chargeant...

© 2020 AFP

An 2100. Les glaciers de l'imposante chaîne montagneuse de l'Hindou Kouch et de l'Himalaya, au coeur des plus belles épopées de l'histoire, ont presque disparu, emportés par la crise climatique.

Avec eux s'est aussi évaporée l'eau indispensable à la survie et la croissance du continent asiatique.

L'or bleu est devenu plus précieux que le pétrole. La vie de centaines de millions de personnes en Inde, au Pakistan, en Chine et ailleurs en dépend, au risque de susciter des conflits.

En 2020 l'Asie, où vit la moitié de la population de la planète, est déjà la région du monde où le "stress hydrique" est le plus élevé.

Près de 1,65 milliard d'êtres humains installés dans les bassins fluviaux dépendent des grands fleuves qui dévalent les pentes escarpées de l'Hindou Kouch, comme le Yangtsé, le Brahmapoutre, le Mékong et l'Indus. Ces fleuves apportant de l'eau douce aux paysans et aux industries, tout en charriant poissons et nutriments, sont indispensables à la vie et la croissance.

 

La disparition de deux tiers des glaciers, annoncée par les scientifiques dans le cas où le réchauffement planétaire dépasserait 1,5°C, détraquerait à jamais la mécanique bien huilée des saisons: inondations, sécheresses, avalanches et éboulements seront le lot quotidien des habitants.

Les effets de la crise climatique sont déjà tangibles pour des millions d'Asiatiques, qui réalisent à quel point leurs fleuves sont source de vie.

En 2007, Nandiram Payeng, né à Majuli, dans l'Etat d'Assam, dans le nord-est de l'Inde, a dû quitter pour toujours sa maison, comme 10.000 autres personnes. Le Brahmapoutre avait dévoré la moitié de son île fluviale. Les habitants racontent qu'ils savaient vivre avec leur fleuve, déplaçant leurs huttes en bambou vers des zones élevées pour échapper aux inondations, mais le Brahmapoutre devient de plus en plus féroce, gonflé par la fonte des glaciers, et pourrait engloutir l'île complètement.

 

Pendant ce temps, les montagnards d'Hassanabad, au Pakistan, vivent la peur au ventre au pied d'une masse noire et acérée, le glacier Shisper, qui progresse et s'étend au risque de les enfouir sous des tonnes de glace et de roches.

"L'Asie est confrontée à trois défis en lien avec l'eau: son insuffisance dans certains pays, dont l'Inde et la Chine, sa raréfaction en raison du changement climatique, et le regroupement des populations et des villes sur les rives de fleuves déjà vulnérables", note Debra Tan, directrice de l'ONG China Water Risk.

Les riverains ont commencé à se mobiliser pour sauver leurs fleuves et trouver des solutions face au manque d'eau. En Thaïlande, des associations ont bloqué des projets de dragage sur le Mékong et dénoncent l'effet sur la biodiversité de dizaines de barrages qui bloquent la circulation des espèces et des sédiments. En Chine, un programme de grande ampleur est en oeuvre pour revitaliser le Yangtsé, dont la pollution a entraîné des milliers de cancers dans le centre du pays.

Au niveau mondial, il reste un espoir si les nations s'unissent pour limiter le réchauffement à 1,5 degré, assure David Molden, directeur général du Centre pour le développement intégré des montagnes (ICIMOD): "C'est faisable. Il faut que nous travaillions ensemble en ce sens, au niveau des nations et des individus".

© 2020 AFP

Mis en ligne fin 2019, le système "Water, peace and security" est destiné à prédire les affrontements liés à l'eau pour mieux les empêcher. Explications.

Prenez les données mondiales disponibles en matière de précipitations, de sécheresses, de mauvaises récoltes… et les variables socio-économiques nationales et régionales. Ajoutez les connaissances historiques sur les conflits violents et les corrélations de ces vingt dernières années entre tous ces facteurs. Mélangez bien. C'est prêt, vous obtenez l'outil WPS : "Water, peace and security" ("Eau, paix et sécurité").

Il s'agit du premier système destiné à prédire les affrontements liés à l'eau pour mieux les empêcher. Des conflits qui se multiplient et s'intensifient très nettement ces dernières années. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un œil à cette liste établie par la think tank Pacific Institute.

Les Pays-Bas à la manœuvre

Né fin 2019, WPS est le fruit d'une collaboration entre le ministère néerlandais des Affaires étrangères – les Pays-Bas sont en première ligne face à la montée des eaux – et un consortium de six partenaires dont l'IHE Delft Institute for Water Education (sous l'égide de l'Unesco) et le World Resources Institute.

 

"L'initiative vise à devenir un réseau ouvert qui peut rassembler des connaissances, des compétences et des activités visant à accélérer et à intensifier l'action préventive dans le contexte des conflits, des migrations ou d'autres formes de déstabilisation sociale induits par le stress hydrique", peut-on lire sur le site de WPS.

De mauvais eau-gure

Un outil d'autant plus utile qu'environ 3,6 milliards de personnes sur la planète (soit près de la moitié de la population mondiale) vivent déjà dans des zones potentielles de pénurie d’eau au moins un mois par an. Et le dérèglement climatique ne devrait pas arranger les choses. Ce chiffre "pourrait atteindre 4,8 milliards à 5,7 milliards en 2050", d'après le rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2018.

Conçu pour les décideurs, "Water, peace, security" est consultable en ligne par tout un chacun. D'ici à septembre 2020, il identifie en orange sur une carte interactive plusieurs zones à risques (conflits émergents, en cours ou à venir) au Sahel, en Libye, en Egypte, en Syrie, en Irak, à Madagascar, en Afghanistan, au Pakistan ou encore au Bangladesh.

GEO

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