Baye Salla Mar

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2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, concluant une décennie record, selon le service européen Copernicus qui décrit des signes "inquiétants" alors que l'Australie brûle et que les événements météo extrêmes se multiplient.

"2019 a encore été une année exceptionnellement chaude, en fait la deuxième la plus chaude dans le monde selon nos bases de données, avec de nombreux mois qui ont battu des records", a commenté dans un communiqué Carlo Buontempo, patron du service européen Copernicus pour le changement climatique (C3S).

L'année écoulée se classe deuxième, à seulement 0,04°C derrière 2016, qui reste l'année la plus chaude, mais marquée par un épisode El Niño particulièrement intense.

Selon la NASA, cet exceptionnel El Niño en 2016, courant saisonnier équatorial chaud du Pacifique, avait augmenté la température mondiale de 0,2°C.

 

Au delà d'une seule année prise individuellement, Copernicus confirme que les cinq années les plus chaudes jamais enregistrées ont été relevées ces cinq dernières années: le mercure est monté entre 1,1 et 1,2°C au dessus de la température de l'ère pré-industrielle.

Et la décennie 2010-2019 a également été la plus chaude depuis le début des mesures.

"Ce sont incontestablement des signes inquiétants", a souligné Jean-Noël Thépaut, directeur du Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) dont dépend le C3S.

En raison des émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines, la planète a déjà gagné au moins +1°C par rapport à l'ère pré-industrielle, entraînant des impacts dévastateurs à travers le globe.

 

- Canicules record -

L'année 2019, marquée par la mobilisation sans précédent des jeunes réclamant des actions immédiates et radicales des gouvernements, a vu de nombreux événements extrêmes conformes aux prévisions des climatologues.

En Australie, les incendies précoces en cours, trouvant un terrain idéal avec une sécheresse et des températures exceptionnelles, ont déjà ravagé 80.000 km2, soit une superficie équivalente à celle de l'île de l'Irlande.

Pendant l'été de l'hémisphère nord, l'Europe a de son côté enregistré plusieurs périodes caniculaires sans précédent. Selon Copernicus, 2019 a d'ailleurs été l'année la plus chaude en Europe, juste devant 2014, 2015 et 2018. Les températures ont également été particulièrement élevées en Alaska et dans de grandes parties de l'Arctique.

 

Au rythme actuel, la planète pourrait gagner jusqu'à 4 ou 5°C d'ici la fin du siècle.

L'Accord de Paris de 2015 vise à limiter ce réchauffement à +2°C voire 1,5°C, mais même si les quelque 200 pays signataires respectent leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre, le réchauffement pourrait dépasser les 3°C. Les scientifiques ont déjà montré que chaque demi-degré supplémentaire augmente l'intensité et/ou la fréquence des canicules, tempêtes, sécheresses, ou inondations.

Malgré ce constat, la conférence climat de l'ONU (COP25) en décembre à Madrid n'a pas été à la hauteur de l'urgence climatique, une occasion ratée regrettée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui réclame plus d'ambition dans la lutte contre le réchauffement.

 

Selon l'ONU, pour que l'espoir de limiter le réchauffement à +1,5°C ne s'envole pas, il faudrait réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, dès 2020 et chaque année jusqu'à 2030, ce qui nécessiterait une transformation inédite de l'économie mondiale. Mais à l'inverse, les émissions continuent à croître.

Copernicus souligne d'ailleurs mercredi que la concentration de CO2 dans l'atmosphère a continué d'augmenter ces dernières années, y compris en 2019.

© 2020 AFP

Une étude de l'organisation Oxfam a démontré les grandes inégalités en matière d'émissions carbone entre les pays occidentaux et certaines nations africaines.

L'organisation Oxfam Scotland vient de publier un rapport édifiant. D'après ses recherches, en 2020, un Britannique ne mettra que cinq jours pour émettre autant de CO2 qu'un Rwandais en un an. Pour en arriver à cette conclusion, l'organisation s'est basée sur les derniers chiffres publiés, en 2017. On y apprend qu'un Britannique émet 8,3 tonnes de CO2 en un an. Un Rwandais, lui, n'en produit que 0,09 tonne. Oxfam indique également qu'au 12 janvier 2020, un Britannique aura déjà émis ce que six autres pays africains émettront sur l'année entière, par habitant. Il s'agit du Malawi, de l'Éthiopie, de l'Ouganda, de Madagascar, de la Guinée et du Burkina Faso. A titre de comparaison, les émissions de CO2 sur un an à l'échelle mondiale sont de 4,7 tonnes par personne. L'étude révèle également que 18 des 20 pays qui émettent le moins de CO2 se trouvent en Afrique. En France, les derniers chiffres disponibles datent de 2014, indiquant qu'un Français émet en moyenne 6,9 tonnes de CO2 par an.

 

Le directeur d'Oxfam Ecosse, Jamie Livingstone, a déclaré: "C'est un choc de réaliser qu'en quelques jours seulement, nos modes de vie à haute teneur en carbone à la maison produisent les mêmes émissions que l'empreinte annuelle des habitants de certains des pays les plus pauvres. Nous savons que les gens sont prêts à faire leur part pour lutter contre la crise climatique, mais nous devons voir cet engagement assorti d'une action des dirigeants politiques à tous les niveaux".

En avril dernier, le site Carbon Brief révélait que les enfants nés maintenant devraient émettre entre trois et huit fois moins de C02 que leurs grands-parents, selon les pays, afin de limiter le réchauffement climatique. Ainsi, afin de limiter le réchauffement à 2°C et respecter l'accord de Paris, un enfant français né en 2017 disposera au cours de sa vie d’un budget carbone de 170 tonnes de CO2. Cela représente environ le tiers de celui d’une personne née en 1950, avec 589 tonnes de CO2.

L'Indonésie a porté plainte devant l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) contre l'Union européenne dénonçant une politique qu'elle estime "discriminatoire" contre l'huile de palme, a annoncé le ministère indonésien du Commerce.

"L'Indonésie a officiellement envoyé une requête à l'Union européenne pour consultation le 9 décembre 2019 qui est la première étape d'une plainte", a expliqué Agus Suparmanto, le ministre du Commerce indonésien dans un communiqué dimanche. Cette plainte pourrait déboucher sur une bataille commerciale avec l'Indonésie, le premier producteur mondial d'huile de palme, et l'Union européenne inquiète de l'impact pour l'environnement de cette culture.

L'huile de palme, un agrocarburant non durable selon l'UE

Les Européens considèrent l'huile de palme comme un biocarburant non durable à cause de son effet sur la déforestation. En conséquence, dans le cadre de la directive "Red II", l'UE a décidé que le biocarburant à base d'huile de palme ne pourra pas être pris en compte pour atteindre les objectifs que s'est fixée l'Europe en termes d'utilisation des énergies renouvelables en 2030, ce qui devrait aboutir à restreindre son usage.

Le pays voisin, la Malaisie, deuxième producteur mondial d'huile de palme, a aussi brandi la menace d'une plainte devant l'OMC mais se donne encore un peu de temps. Teresa Kok, la ministre malaisienne en charge du secteur de l'huile de palme a indiqué à l'AFP lundi qu'elle se rendrait en Europe en mars et qu'une procédure ne serait pas enclenchée avant cette étape. "Je veux donner une chance à mon déplacement (de débloquer la situation, NDLR) et voir si on peut éviter de porter plainte devant l'OMC", a-t-elle précisé.

Une bataille commerciale

L'huile de palme est l'huile végétale la plus utilisée au monde et un ingrédient clé d'un grand nombre de produits, de la nourriture aux cosmétiques. Mais elle est montrée du doigt par les défenseurs de l'environnement pour la déforestation qu'elle entraîne en Asie du Sud-Est, et est vue comme l'une des plus grandes menaces pour la biodiversité tropicale.

L'Indonésie a déjà essayé plusieurs autres voies de négociations bilatérales sans parvenir à un accord, a indiqué Iman Pambagyo, directeur général des négociations commerciales internationales. "Nous avons besoin de réaffirmer la position de l'Indonésie vis-à-vis de la politique européenne", a-t-il indiqué pour justifier la plainte devant l'OMC.

La rédaction avec AFP

Quatre Sud-Africains qui tentaient de vendre des pattes de lions pour près de 20.000 euros ont été interpellés en Afrique du Sud, a annoncé mardi la police.

Après avoir reçu des informations, des policiers ont monté un guet-apens, lundi à Rustenburg (nord), aux quatre individus, âgés de 41 à 51 ans.

Ces derniers ont alors tenté de vendre quatre pattes de lions à un policier déguisé en civil pour la somme de 300.000 rands (21.000 dollars, 19.000 euros).

Ils ont été immédiatement arrêtés.

La police a estimé "prématuré" d'établir pour l'instant un lien entre ces individus et la découverte la semaine dernière, à une soixantaine de kilomètres de Rustenburg, de huit carcasses de lions dans une réserve privée où ils ont été illégalement abattus.

Les félins étaient amputés de leurs pattes.

 

Le trafic de membres de lions, prisés en Asie en médecine traditionnelle, est en augmentation depuis plusieurs années.

Le nombre de lions dans le monde a chuté de 39.000 à 23.000 entre 1993 et 2014, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

© 2020 AFP

Records de températures, déficit de neige et pluies qui transforment en patinoires les routes et les pâtures des rennes: des fjords norvégiens à la Russie, le Grand Nord de l'Europe attend désespérément l'hiver arctique.

Sunndalsøra, petite localité de l'ouest de la Norvège, a enregistré 19°C le 2 janvier, du jamais vu dans le pays scandinave en hiver. Cette température clémente est due à des vents chauds --le foehn-- qui devaient revenir balayer la région mardi soir, selon l'Institut météorologique norvégien.

Un maire de la région avait frappé les esprits au début de l'année en se faisant filmer en pleine baignade dans une eau beaucoup plus froide que l'air. Le phénomène du foehn n'est pas inhabituel et de tels épisodes de chaleur ne sont pas nécessairement liés au changement climatique, soulignent cependant les météorologues.

 

En Suède, les températures relevées ces derniers jours dépassent d'environ 5°C les normales de saison dans le sud, et de 10°C dans le nord.

"Le 2 janvier, trois stations du centre de la Suède ont signalé les températures les plus élevées pour un mois de janvier depuis 1971", a précisé à l'AFP Sverker Hellström, climatologue à l'Institut météorologique suédois.

Propriétaire d'une entreprise de chiens de traîneau à Ekorrsele, en Laponie suédoise, Donald Eriksson affirme vivre un des hivers les plus chauds de ces dernières décennies.

"Le 7 janvier 2019, il faisait -36°C ici, ce (mardi) matin il faisait +1°C", assure-t-il, joint au téléphone par l'AFP. Les écarts "peuvent dépendre de la météo, mais la tendance est claire: ces 15 dernières années, et surtout les 10 dernières, les hivers ont raccourci d'un mois et demi en moyenne", selon lui.

 

L'alternance de froid et de redoux accompagné de pluie pénalise aussi les éleveurs de rennes, dont les pâtures naturelles gèlent, empêchant les cervidés d'accéder au lichen dont ils raffolent.

- Hivers plus courts -

Le changement climatique rend les hivers norvégiens plus courts, a souligné mardi l'Institut météorologique. Dans ce contexte, l'hiver est défini comme le nombre total de journées avec des températures négatives.

"L'hiver s'est raccourci ces 30 dernières années et cela va continuer", a affirmé la chercheuse Reidun Gangstø Skaland. "En 2050, plus d'un million de Norvégiens vivront dans des zones avec moins d'un mois hivernal".

Selon l'Institut, Oslo a perdu 21 jours d'hiver au cours des trois dernières décennies, Tromsø (nord) 17 jours et Bergen et Trondheim (ouest) 7 et 15 jours respectivement.

Dans un récent rapport sur le réchauffement, le comté de Västerbotten, en Suède septentrionale, estime que ses stations de ski pourraient à terme voir la saison fondre de deux mois et le thermomètre grimper de cinq degrés.

 

Dans le sud de la Finlande, où les températures moyennes en décembre étaient déjà de 4,5°C au-dessus de la normale, l'hiver n'a même pas encore commencé, selon l'Institut météorologique local.

Les prévisions météorologiques montrent qu'en janvier, il n'y aura pas de véritable hiver dans la région.

Au coeur de l'Arctique, l'archipel norvégien du Svalbard (Spitzberg) en est quant à lui à son 109e mois d'affilée avec des températures excédant la normale, selon l'Institut météorologique norvégien.

Situation identique en Russie, où il faisait mardi 0°C à Mourmansk, plus grande ville du monde au-dessus du cercle polaire arctique, soit environ 6°C au-dessus des normales saisonnières, selon le centre météorologique national.

La journée de mercredi s'annonce encore plus chaude: les météorologues prévoient jusqu'à 2°C à Mourmansk et jusqu'à 4°C à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie (+12°C par rapport aux normales).

 

Reste que le nord-ouest de la Russie n'est pas le plus touché. "Tout le pays enregistre des anomalies positives", a indiqué à l'agence Ria Novosti le directeur du service météorologique national, Roman Vilfand.

"Les plus fortes anomalies touchent la région de Krasnoïarsk et la Iakoutie (Sibérie). En Iakoutie, l'une des régions les plus froides du monde, on est 20°C au-dessus des valeurs saisonnières" avec des températures montant à -15°C.

burs/gab/phy/glr

AFP

Les autorités de Porto Rico ont décrété mardi l'état d'urgence après un tremblement de terre de magnitude 6,4 ayant fait au moins un mort et plusieurs blessés dans le sud de l'île caribéenne, qui peine encore à se relever des dévastations subies en 2017 par les ouragans Irma et Maria.

Le séisme a frappé à 04H24 du matin (08H24 GMT) au large de la côte sud de ce territoire américain, selon l'institut de géophysique américain (USGS), qui a revu légèrement à la baisse sa mesure initiale de 6,6.

Le centre d'alerte au tsunami a rapidement levé sa mise en garde initiale.

Les villes de Guayanilla, Yauco, Guanica et Ponce, dans le Sud, ont subi le plus de dommages. Plusieurs voitures ont été détruites, écrasées sous les habitations bâties sur des pilotis en béton.

La secousse, qui a surpris les habitants en pleine nuit, a fait au moins un mort. Un homme de 73 ans est en effet décédé dans la ville de Ponce lorsqu'un mur s'est effondré sur lui, rapporte El Nuevo Dia, le plus grand quotidien portoricain.

 

Huit personnes ont également été blessées à Ponce, a dit la maire de la ville, Mayita Meléndez, à la télévision locale WAPA.

A Guayanilla, la population a été prise de "panique", selon le maire de la ville, Nelson Torres Yordán. L'église de l'Immaculée conception, bâtie en 1841, s'est partiellement écroulée sous la puissance du séisme.

Dans la matinée, les habitants ont fouillé les décombres pour les statues et autres reliques restées intactes.

Le célèbre chef américano-espagnol José Andres a annoncé sur Twitter que son organisation caritative World Central Kitchen avait commencé à livrer des plats préparés aux habitants des zones touchées, ainsi que des lampes à énergie solaire.

- Courant bientôt rétabli -

Les infrastructures locales ont également subi des dégâts. Des éboulements ont bloqué une partie du réseau routier dans le sud de l'île et l'autorité nationale de l'électricité (AEE) a confirmé que les lignes électriques avaient été endommagées.

 

Les deux centrales électriques de Guayanilla, les plus proches de l'épicentre, ont subi des "dégâts très importants", a expliqué au quotidien local El Nuevo Dia le directeur de l'AEE, Jose Ortiz.

La ville pourrait être privée de courant les deux prochaines semaines, a pour sa part estimé Nelson Torres Yordán lors d'une conférence de presse.

La secousse a aussi détruit l'une des attractions touristiques majeures de la région, la formation rocheuse de Punta Ventana dont la partie supérieure s'est effondrée.

Plusieurs répliques, de magnitude moindre, ont été ressenties toute au long de la journée alors que les secours fouillaient les bâtiments détruits à la recherche de survivants.

La déclaration d'état d'urgence, ainsi que la mobilisation de la garde nationale, va "permettre une action rapide du processus gouvernemental pour garantir une exécution efficace" des secours, a affirmé la gouverneure de ce territoire américain, Wanda Vazquez Garced.

 

Cette mesure exceptionnelle permet de mieux mobiliser les services publics du territoire et à recourir si besoin à l'aide du gouvernement fédéral.

Wanda Vazquez Garced a également annoncé le déblocage de 130 millions de dollars d'aide d'urgence pour l'île, qui a subi depuis depuis la fin décembre plusieurs centaines de séismes d'ampleur inférieure, selon l'USGS.

Le président américain Donald Trump a été informé de la situation sur l'île et le dirigeant de l'Agence des situations d'urgence (Fema), Pete Gaynor, est en contact avec les autorités de l'île, a indiqué la Maison Blanche.

Un séisme de magnitude 5,8 avait déjà secoué Porto Rico lundi, provoquant d'importantes coupures de courant et de gros dégâts matériels, sans causer de victimes.

Deux ans après le passage d'ouragans destructeurs, environ 30.000 maisons n'ont pas été réparées, selon les autorités locales qui ont été sévèrement critiquées pour leur mauvaise gestion des fonds alloués à la reconstruction.

 

Une étude, validée par les autorités portoricaines, estime à 3.000 le nombre de personnes tuées directement ou indirectement, les infrastructures de santé ayant été durablement mises hors service.

© 2020 AFP

Des batteries de téléphone qui s'éteignent constamment, des hôpitaux privés d'équipements modernes, le recours forcé aux lampes de poche à la nuit tombée: Kafule Yigzaw a connu tous les inconvénients de la vie sans électricité en grandissant dans la campagne éthiopienne.

Alors, il y a cinq ans, il a saisi la chance de travailler sur un projet destiné à électrifier le pays et la Corne de l'Afrique. Long de 1,8 km et haut de 145 m, le Grand barrage de la renaissance (GERD) doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique.

"Notre pays a un énorme problème avec l'électricité", explique à l'AFP Kafule, 22 ans, en cessant quelques instants son travail qui consiste à renforcer des tuyaux d'acier destinés à transporter l'eau du Nil bleu vers l'une des 13 turbines du barrage.

"Il s'agit de l'existence même de notre nation et, à mon avis, cela nous aidera à nous libérer de la servitude de la pauvreté", envisage-t-il.

Le barrage devrait commencer à produire de l'électricité d'ici fin 2020 et être complètement opérationnel d'ici à 2022.

Dans toute l’Éthiopie, les paysans pauvres comme les hommes d'affaires fortunés attendent avec impatience qu'il commence à fournir les 6.000 mégawatts prévus.

Des milliers d'ouvriers travaillent d'arrache-pied, jour et nuit, pour parachever le projet. Dans le même temps, de dures négociations opposent l’Éthiopie à ses voisins en aval, en particulier l’Égypte, inquiète pour ses ressources en eau.

La prochaine rencontre tripartite, avec également le Soudan, aura lieu les 9 et 10 janvier à Addis Abeba. Le Caire craint que la construction du barrage n'affecte des millions d’Égyptiens qui pourraient manquer d'eau et avoir du mal à se nourrir.

Les Éthiopiens œuvrant sur le site du barrage ne cachent pas une certaine irritation à l'idée que l’Éthiopie devrait montrer plus de considération envers ses voisins.

'Une menace existentielle'

"Quand on met en œuvre des projets ici, ce n'est pas pour nuire aux pays en aval", affirme le directeur adjoint du projet, Ephrem Woldekidan. "Il n'y a aucune raison que ces pays s'en plaignent, car c'est aussi notre ressource".

 

Le Nil Bleu, qui prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse le Soudan et l’Égypte avant de se jeter dans la Méditerranée.

Le Nil fournit 97% des besoins en eau de l’Égypte et ses rives abritent 95% des quelque 100 millions d'habitants du pays, selon les Nations unies.

Le Caire estime avoir des "droits historiques" sur le fleuve, garantis par les traités de 1929 et 1959. Depuis que l’Éthiopie a lancé ce projet en 2011, les tensions sont élevées dans le bassin du Nil.

Le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) a prévenu en mars que ces pays pourraient "être poussés à la guerre", car l’Égypte voit une "menace existentielle" dans tout ce qui menace son approvisionnement en eau.

En octobre, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, juste après avoir obtenu le prix Nobel de la paix 2019, avait assuré qu'"aucune force" ne pouvait empêcher la construction du barrage, et averti que des "millions" de personnes pouvaient être mobilisées pour le défendre si besoin était.

 

Neuf années de négociations entre l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan n'ont jusque-là abouti à aucun accord. Mais lors d'une réunion à Washington en novembre, ils se sont donné jusqu'au 15 janvier pour aboutir.

Le premier problème est le remplissage du réservoir, qui peut contenir 74 milliards de m3 d'eau. L’Égypte craint que si ce remplissage s'effectue trop rapidement, cela n'entraîne une réduction du débit du Nil.

Lors de la précédente rencontre, en décembre à Khartoum, le ministre soudanais de l'Irrigation, Yasser Abbas, a fait état de "progrès" dans les discussions, même s'il subsiste des "points de dispute".

'Un meilleur avenir'

Kevin Wheeler, un ingénieur à l'université d'Oxford qui a étudié le GERD, estime qu'un accord sur le remplissage du réservoir est possible d'ici le 15 janvier, mais que d'autres complications apparaîtront ensuite.

 

"Les opérations coordonnées entre les réservoirs le long du Nil sont susceptibles d'être un sujet de discussion continu, qui pourrait durer pour les années, les décennies et les siècles à venir", dit-il.

L’Éthiopie entend généraliser l'accès à l'électricité d'ici 2025. Actuellement, la moitié de sa population de 110 millions d'habitants vit sans électricité.

Même dans la capitale, les coupures sont courantes. Elles ont duré des semaines lors de la plus récente période de rationnement en électricité, en mai et juin 2019.

Dawit Moges, chef d'un laboratoire médical, explique que ces coupures ont augmenté sa facture pour son générateur et entraîné des retards pour les résultats d'examens sanguins.

A ses yeux, le barrage est le seul moyen de garantir une production électrique stable. "Je veux qu'il soit fini le plus tôt possible et commence à produire", lâche-t-il.

 

Cet avis est partagé par Harsh Kothari, patron du groupe Mohan, qui dispose de cinq usines produisant un peu de tout, des chaussures aux câbles électriques en passant par du fil barbelé.

Un approvisionnement régulier en électricité rendrait son entreprise "beaucoup plus compétitive" et lui permettrait de se développer.

Sur le barrage, ce genre de discours est exactement ce qui motive Workey Tadele, un opérateur radio, à travailler chaque jour. "Nous travaillons ici pour le bien du pays", confie-t-il. "Si nous avons de l'électricité, alors nous aurons un meilleur avenir."

Des études  ont identifié la production de charbon de bois comme l'un des principaux moteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts en Zambie. Les méthodes traditionnelles de fabrication du charbon de bois entraînent de fortes émissions de carbone et constituent un gaspillage des ressources en bois.

"Évidemment, je préférerais ne pas produire de charbon de bois. C'est mauvais pour ma santé, mais c'est aussi nocif pour les femmes qui l'utilisent pour cuisiner et cela détruit la forêt", regrette l'un des membres de l'Association Choma Charcoal en Zambie. "Mais que pouvons-nous faire d'autre ? La réalité est que nous en dépendons encore, surtout maintenant que nous connaissons une grave sécheresse. L'un des barrages est vide et l'électricité se fait rare, si bien que plus de gens dépendent du charbon de bois que jamais  auparavant. Moi-même, je ne peux pas cultiver à cause du manque d'eau et j'ai besoin de survivre et donc, donc j'ai recommencé à produire du charbon de bois."

Sous la direction de Mercy Mupeta Kandula, l'agent forestier provincial de Choma, en collaboration avec le Département forestier du Ministère des terres et des ressources naturelles de Zambie et le Forest and Farm Facility (en anglais), les producteurs de charbon de bois ont été sensibilisés à l'illégalité de la combustion du charbon de bois et formés à des méthodes améliorées.

" Nous avons impliqué les producteurs de charbon de bois dans les programmes d'établissement et de régénération des parcelles boisées, et nous avons également mis en place un système de garantie participatif pour certifier la production durable de charbon de bois. Le lien avec REDD+ est clair : nous aidons à réduire l'un des moteurs de la déforestation en améliorant les méthodes de production durable, en réduisant la nécessité de couper des arbres et en réduisant les émissions de carbone", explique Mercy Mupeta Kandula.

 

Le Programme ONU-REDD est le Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD+) dans les pays en développement (en anglais). Le Programme a été lancé en 2008. Il s’appuie sur le rôle fédérateur et l’expertise technique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Le Programme soutient les processus REDD+ menés au niveau national et encourage la participation éclairée et significative de toutes les parties prenantes, y compris les peuples autochtones et autres communautés dépendantes des forêts, à la mise en œuvre nationale et internationale de la REDD+. En outre, le programme soutient les efforts nationaux de préparation à la REDD+ dans 65 pays partenaires, en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique latine.

"Nous avons introduit un four amélioré dont la cheminée est faite de tambours", affirme le formateur Kelvin Phiri. "La façon traditionnelle de produire du charbon de bois consiste à couper de grosses bûches de bois dur, à les sabler et à les mettre au feu. Ensuite, elles brûlent sans oxygène pendant quelques jours et produisent du charbon de bois. Grâce au système amélioré, nous nous contentons d'élaguer les arbres, de ne prendre que les petites branches, de les mettre dans le four amélioré, de le sceller avec du sable et de le laisser brûler. La grande différence est que dans l'ancienne méthode, le carbone est retenu dans le charbon de bois, alors qu'avec le four à cheminée, le carbone reste dans les tambours, ce qui est moins nocif pour le producteur et l'utilisateur. Lors du nettoyage des tambours, nous reversons le carbone dans le sol".

"Le soutien de la Forest and Farm Facility est unique en Zambie", se réjouit George Okech, le représentant de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture en Zambie. "Cette façon durable de produire du charbon de bois permet de réduire les émissions en plus d'être bénéfique à l'environnement. Cette approche mérite d'être également étendue à d'autres provinces".

 

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