Depuis 1947, les experts du Bulletin of Atomic Scientists règlent l’horloge de l’Apocalypse qui symbolise, à minuit, la fin du monde. Lors de leur dernière mise à jour, ils l’ont réglé à seulement 100 secondes de la fin. Jamais elle n’a été si avancée. Les principales menaces de l’humanité restent la guerre nucléaire et le changement climatique. Mais l’aggravation provient, pour les scientifiques, surtout de l’incapacité des décideurs mondiaux à répondre à l’urgence.
À travers le monde, face à une forme de déni de la réalité, beaucoup appellent à réécouter les scientifiques. Jeudi 22 janvier, ils ont pris la parole et nous aurions bon compte de les écouter. Les membres du Bulletin of Atomic Scientists, un groupe d’experts multidisciplinaires créé en 1947 par les scientifiques du projet Manhattan, ont mis à jour la Doomsday Clock, l’horloge de l’apocalypse. Sur cette horloge symbolique, minuit marque la fin du monde.
Ils viennent d’avancer les aiguilles à 23h58min20sec. Nous sommes donc à 100 secondes de l’apocalypse. Jamais l’aiguille n’a été aussi proche de l’heure fatidique. Auparavant elle avait atteint deux fois 23h58 : en 1953 au sommet des tensions de la guerre froide et en 2018 en raison du changement climatique. "Nous avons banalisé un monde très dangereux en termes de risques de guerre et de réchauffement", déplore Robert Rosner, Président du bureau science et sécurité du Bulletin.
Des outils de contrôle qui s’érodent
Et dans l’immédiat, les scientifiques ne voient aucun espoir que l’horloge recule. "L’humanité continue de faire face à deux dangers existentiels simultanés - la guerre nucléaire et le changement climatique - qui sont aggravés par la guerre de l’information, qui affaiblit la capacité de la société à réagir. La situation sur le plan de la sécurité internationale est désastreuse. Non seulement parce que ces menaces existent, mais parce que les dirigeants mondiaux ont laissé s’éroder les outils politiques internationaux qui les gèrent", écrivent-ils.
La première menace est celle du retour de la course à l’armement nucléaire, du fait de l’affaiblissement, si ce n’est de la disparition, des traités sur la prolifération. "Les conflits politiques concernant les programmes nucléaires en Iran et en Corée du Nord ne sont toujours pas résolus et ne font qu’empirer. La coopération américano-russe sur le contrôle des armements et le désarmement est pratiquement inexistante", explique le bulletin. "Une guerre nucléaire mettant fin à la civilisation - qu'elle soit déclenchée à dessein, par erreur ou à cause d’une simple mauvaise communication - est une possibilité réelle", décrivent-ils.
Sur le climat, les scientifiques constatent l’aggravation des évènements climatiques extrêmes, des feux géants, de la fonte des glaciers... Ils se félicitent de voir la jeunesse mondiale se mobiliser mais dénoncent très fermement la faible réponse politique. "De nombreux scientifiques utilisent le terme urgence climatique. Mais les politiques et les actions proposées par les gouvernements ne sont guère des réponses à une urgence". "Lors des réunions sur le climat de l’ONU l’année dernière, les délégués nationaux ont prononcé de beaux discours mais ont présenté peu de plans concrets pour limiter davantage les émissions de CO2".
Saper la paix et la planète
Enfin ces deux menaces existentielles sont accentuées par une guerre de la désinformation. "De nombreux gouvernements ont utilisé des campagnes de désinformation cybernétiques pour semer la méfiance envers les institutions et entre les nations, sapant ainsi les efforts nationaux et internationaux pour favoriser la paix et protéger la planète". Sans compter que ces menaces visibles cachent d’autres sources d’inquiétudes comme le développement des armes autonomes contrôlées par des intelligences artificielles, la guerre pour l’espace, le développement d’armes supersoniques ou encore les menaces d’épidémies.
La Présidente du Bulletin of Atomic Scientists, Rachel Bronson, spécialiste de la géopolitique de l’énergie, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la situation : "Si les politiques échouent à agir, les citoyens du monde devront faire écho aux paroles de Greta Thunberg et dire ‘Comment osez-vous ? ‘". C’est l’accusation que la jeune suédoise avait lancée lors de l’Assemblée générale de l’ONU en 2019. Elle ajoute : "Nous sommes maintenant confrontés à une véritable urgence - une situation des affaires du monde absolument inacceptable qui a éliminé toute marge d'erreur ou toute possibilité de retard supplémentaire".
L’édition de Davos 2020 aura marqué un changement profond dans les mentalités. Les modèles économiques ne sont pas encore remis en cause profondément pour sauver la planète, mais des questionnements sincères sont apparus de la part des dirigeants mondiaux sur leur rôle. Reste que des voix opposées continuent à se faire entendre.
Les temps changent. La preuve, à Davos, la contribution des énergies fossiles au changement climatique et la nécessité - ou pas - d'arrêter de les financer ont alimenté l’essentiel des débats. Cela a commencé la semaine dernière avec le rapport des risques, publié chaque année. Il a placé en-tête les différentes formes de risques environnementaux et s’inquiète particulièrement de l’incapacité du monde à lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
C’est pourquoi Greta Thunberg a été réinvitée pour demander une nouvelle fois qu'on arrête de financer les énergies fossiles qui représentent toujours 80 % de notre consommation d’énergie. Le Prince Charles a joint sa voix à la sienne. Son discours était un plaidoyer pour la protection du capital naturel. Son message très clair : "Il est temps pour l’économie et la finance de changer de modèle et de prendre le chemin de la transition vers une économie neutre carbone en s’appuyant sur des marchés financiers durables".
De là à dire que Davos est devenu un grand rassemblement d’écologistes ? Pas encore. Dans les participants au Forum il y a beaucoup de défenseurs des énergies fossiles et leur porte-parole emblématique avait fait le voyage. Donald Trump est venu lui aussi à Davos répéter que tout allait bien au Royaume américain, quasi-indépendant sur le plan énergétique oubliant au passage que les faillites s'enchaînent dans le gaz de schistes américain.
Des questions existentielles
Mais la voix de l’Amérique, c’est aussi celle de Larry Fink le patron du géant BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde. Il a annoncé être prêt à voter contre le management des entreprises qui ne s’engageaient pas assez dans la transition bas carbone. Il pensait qu’à Davos ses récents engagements lui vaudraient des attaques des entreprises les plus exposées à ce risque, dont les grands producteurs de pétrole. Il n’en a rien été.
Tous les financiers ne partagent cependant pas son point de vue. Lors du sommet économique, le dirigeant de la grande banque américaine City bank a jugé que ce n’était pas le travail des banques d’encourager les modèles économiques "ecofriendly". Son homologue d’AIG, le géant de l’assurance, a évoqué la nécessité d’aider les bonnes compagnies de charbon.
Il n’empêche qu’à l’occasion du 50ème anniversaire de l’évènement, les discours ont changé. Sur scène mais aussi en coulisse. La reporter du Financial Times, Gillian Tett, présente sur place, rapporte : "Le changement le plus frappant a été l'ambiance en privé. Jusqu'à récemment, la plupart des dirigeants ici étaient dans un déni furieux au sujet des critique sur les fossiles ou convaincus qu'ils pouvaient les étouffer en se penchant sur les renouvelables. Mais cette semaine à Davos, beaucoup d'entre eux se sont réunis avec des financiers, pour discuter sincèrement la question existentielle du rôle que les sociétés pétrolières et gazières joueront à l'avenir".
La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), est-elle coupable de ne pas en faire assez pour changer le monde ? Les politiques environnementales et sociales des entreprises, notamment des plus grandes, sont de plus en plus soupçonnées de greenwashing. Pour ses 20 ans, l’Observatoire de la RSE a pris les critiques au pied de la lettre et organisé le procès de la RSE dans un théâtre parisien.
Simple "supplément d’âme" pour entreprise en mal de réputation ? Voire "cache-misère" pour multinationales cyniques ? À quoi sert la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises, cette démarche environnementale et sociale volontaire dont tous les grands groupes se targuent aujourd’hui, jusque dans les couloirs de Davos ? À quoi sert-elle alors que les scandales – du Rana Plaza à l’affaire Ghosn, en passant par le Dieselgate ou Cambridge Analytica n’épargnent pas même les meilleurs élèves des classements qui misent sur la performance extra-financière des grands groupes ?
Coupable de ne pas avoir déjà changé le monde
Ces critiques sont de plus en plus présentes. Il existe une forte défiance, notamment des jeunes, envers les politiques RSE des grands groupes. A l'occasion de ses 20 ans, l’Observatoire de la RSE (ORSE), l’une des plus anciennes associations du secteur regroupant entreprises, syndicats et financiers, a donc voulu les matérialiser sous la forme d'un procès le 21 janvier dernier. La forme choisie, celle du Tribunal des Générations futures mise au point par le magazine Usbek & Rica, est désormais rodée. Sur le banc des accusés : la RSE. En guise de témoins : les ONG, les syndicats et l’ESS (Économie sociale et solidaire).
Sur scène, la charge commence, virulente : à quoi sert la RSE "quand le rapport entre les plus hauts et bas salaires des sociétés du CAC40 est de 1 à 200 ?" À quoi sert la RSE "alors que Danone continue de vendre des bouteilles d’eau en plastique et à exporter l’eau des montagnes françaises au Mexique ou au Japon ?", interroge Swann Bommier, chargé de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire. Si les bonnes volontés existent, elles sont certes bonnes à prendre, mais insuffisantes à changer le monde, résume-t-il en appelant à plus de régulation face à la "joyeuse irresponsabilité" qui règne aujourd’hui dans le monde économique et social, selon les mots du Pape François.
La RSE, outil de transition et de transformation
"On peut reprocher à la RSE de ne pas être assez efficace mais pas d’être inutile car elle est un formidable outil de dialogue social", défend Frédérique Lellouche, secrétaire confédérale de la CFDT en charge de la RSE. "Ces politiques permettent de mieux respecter les droits humains et environnementaux, d’assurer le plein exercice des droits fondamentaux des travailleurs et des populations locales, de répondre à un besoin de sens, de transparence, mais aussi de performance". Et même si parfois elle échoue, elle implique de "rendre des comptes", assure-t-elle.
"Sans la bonne volonté des entreprises engagées dans ces démarches, il n’y aurait pas eu la loi sur le devoir de vigilance ou la loi Pacte", abonde Hélène Valade, la présidente de l’ORSE et directrice du Développement durable de LVMH. Et sans l’apport de la RSE, "aurait-on vu les mobilisations et coopérations multi parties-prenantes pour pallier les reculades de certains États, comme l’initiative commune des entreprises, collectivités et investisseurs "We are Still In", après le retrait du gouvernement américain de l’Accord de Paris sur le climat ?"
Une RSE à réinventer
La "RSE alibi", celle "des fontaines à eau ou du reporting" a vécu. "Nous voulons une RSE qui fait bouger les lignes et qui ruissèle dans les métiers", plaide Basile Michardière, responsable de l’incubateur de MakeSense. Au final, la RSE n'est pas condamnée. Le juré – cinq personnes de l’assistance, essentiellement des membres de l’ORSE - s’est prononcé à l’unanimité : la RSE doit vivre.
Parce "qu’elle est trop jeune pour mourir" (70 ans de théorie et 30 ans de pratique). Parce qu'elle "doit encore infuser du bien commun jusqu’à ce qu’il soit dissous dans toutes les entreprises", estiment-ils encore. Ou parce qu'elle porte en elle "ceux qui sont capables de transformer le système" et qu’elle est "source de dialogue dans un monde d’opposition qui ne veut plus se parler", veulent-ils croire. Mais pour survivre, elle devra aussi "se remettre en cause, sortir de sa posture, se transformer, s’amplifier et accélérer la cadence". Bref, "créer les conditions du changement". L’Orse a son programme pour les 20 prochaines années.
C'est un record. L'économie mondiale consomme désormais plus de 100 milliards de tonnes de matériaux chaque année dont du sable, du gravier, du bois, du pétrole... Or, seuls 8,6 % de ces ressources limitées sont réutilisées, contre 9,1 % il y a encore deux ans.
C’est un chiffre choc. Selon le think tank Circular Economy, 100 milliards de tonnes de matériaux sont consommées chaque année par l’humanité. Un record pour l’économie mondiale et une mauvaise nouvelle pour la planète. Car l’organisation révèle dans un nouveau rapport publié le 21 janvier que la proportion de matériaux réutilisés, du sable au pétrole en passant par les métaux, s’est réduite, passant de 9,1 % il y a deux ans à 8,6 % aujourd'hui.
"La tendance négative globale s’explique par trois tendances sous-jacentes : des taux d’extraction élevés, une reconstitution des stocks et de faibles niveaux de traitement et de recyclage en fin de vie", expliquent les auteurs de l’étude. "Ces tendances sont profondément ancrées dans la tradition d’une production de déchets s’inscrivant dans une économie linéaire", estiment-ils.
La Chine utilise la moitié du béton dans le monde
Ainsi, au cours des cinq dernières décennies, le think tank estime que l’utilisation mondiale des matériaux a plus que triplé. Et les prévisions semblent tout aussi noires. L’International Resource Panel (IRP) calcule qu’en 2050, entre 170 et 184 milliards de tonnes de matériaux, seront utilisés.
La majorité des matériaux utilisés sont non métalliques et servent à la construction de logements et d’infrastructures. La Chine est pointée du doigt. Le pays prévoit de doubler son parc immobilier et ses infrastructures existantes d’ici 2050. Surtout, les auteurs notent que le pays, depuis 2003, "a utilisé plus de ciment, tous les deux ans, que les États-Unis pendant tout le XXe siècle, et malgré une baisse récente, utilise encore près de la moitié du béton du monde".
Les ressources mondiales ne sont pas illimitées
"Nous risquons une catastrophe mondiale si nous continuons à traiter les ressources mondiales comme si elles étaient illimitées", a déclaré au Guardian Harald Friedl, directeur général de Circle Economy. "Les gouvernements doivent adopter de toute urgence des solutions d'économie circulaire si nous voulons atteindre une qualité de vie élevée pour près de 10 milliards de personnes d'ici le milieu du siècle sans déstabiliser les processus planétaires critiques."
Les auteurs remarquent ainsi des initiatives positives mises en place dans plusieurs pays, du traitement des déchets au Nigéria aux collecteurs mis en place au Brésil. Seuls 13 pays, dont la France, ont rédigé pour l’instant une feuille de route sur l’économie circulaire. Il reste encore beaucoup à faire, mais les pays ont "le pouvoir" de sortir de cette économie linéaire, croient les auteurs, qui espèrent avoir sonné l'alerte.
Des vétérinaires soudanais ont prodigué des soins jeudi à quatre lions mal-nourris d'un parc zoologique à Khartoum pour tenter de les sauver après la mort d'un autre fauve des suites de déshydratation et malnutrition.
Ces lions vivant en captivité dans le parc d'Al-Qureshi souffrent depuis des semaines d'un manque de nourriture et de médicaments, ce qui a entraîné une campagne en ligne pour les sauver.
En dépit de soins fournis par intraveineuse après le lancement de la campagne, une lionne est décédée lundi.
"C'est la faute des administrateurs du parc. Ils ne donnent pas à manger aux animaux", affirme le vétérinaire Moudassar Abou Soufian, qui a été chargé de s'occuper de la santé des lions.
Jeudi, avec d'autres vétérinaires, il a donné des médicaments aux quatre autres lions et effectué des tests sur ces animaux alors que des volontaires nettoyaient leurs cages, a constaté un correspondant de l'AFP.
Badrelddine Suleiman, un des donateurs privés qui financent le parc avec la municipalité, pointe du doigt la police chargée de la protection des animaux.
"Nous avons un contrat avec eux selon lequel ils doivent fournir la viande", dit-il. "S'il y a un manque de nourriture, ils doivent y remédier."
"C'est tellement triste. Ces lions souffrent depuis si longtemps", a déploré de son côté Osman Salih, un ingénieur qui a lancé la campagne en ligne sous le hashtag #Sudananimalrescue.
"Nous avons été incapables de sauver celle qui est morte", a-t-il ajouté.
Une autre lionne est également malade mais son état semblait s'être amélioré jeudi, selon le correspondant de l'AFP.
M. Salih, qui a visité le parc zoologique jeudi, a affirmé qu'un groupe international de défense des animaux avait proposé de l'aider à sauver les fauves.
"Ce sont des spécialistes et ils prévoient de venir à Khartoum avec leur matériel", a-t-il indiqué à l'AFP.
Selon des responsables du parc, l'état de santé des lions s'est détérioré ces dernières semaines et certains ont perdu près de deux tiers de leur poids.
Le nombre de lions vivant au Soudan n'est pas connu, mais plusieurs sont présents dans le parc national Dinder près de la frontière avec l'Ethiopie.
Les lions sont une espèce "vulnérable", selon l'Union internationale pour la conservation de la nature. Leur population en Afrique a baissé de 43% entre 1993 et 2014 et seulement 20.000 survivent aujourd'hui.
Un an et un mois après le début d'un soulèvement contre le président Omar el-Béchir, destitué en avril 2019, le Soudan affronte une grave crise économique, en partie alimentée par 20 ans d'embargo américain (1997-2017), en raison de son soutien présumé à des groupes islamistes.
La tempête Gloria, qui a ravagé le littoral méditerranéen en Espagne, a fait au moins onze morts, selon un dernier bilan obtenu jeudi soir auprès des autorités locales qui continuaient à rechercher au moins quatre disparus.
La Protection civile de Catalogne (nord-est) a annoncé sur Twitter qu'une "nouvelle victime mortelle de la tempête Gloria" était à déplorer: "Un homme de 50 ans mort dans l'après-midi alors qu'il pêchait sur des rochers à L'Ametlla de Mar". Auparavant, ce service avait annoncé que "le corps sans vie de l'homme recherché à Cabacés (nord-est) avait été retrouvé" dans son véhicule.
Un autre homme avait été retrouvé plus tôt jeudi dans une rivière à Jorba également en Catalogne, ont indiqué à l'AFP les secours locaux.
Cela porte à au moins onze le nombre de morts causées par ces intempéries depuis dimanche.
Par ailleurs, la mort mercredi d'une femme de 75 ans dans l'effondrement de son immeuble dans la province d'Alicante est bien liée aux intempéries, l'immeuble s'étant effondré en raison des pluies intenses, ont indiqué les autorités locales.
En visite en Catalogne et aux Baléares, deux des régions les plus touchées, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez a annoncé la tenue vendredi d'une "réunion en urgence afin d'activer tous les mécanismes" pour répondre aux dégâts occasionnés par ces intempéries. "Nous n'allons pas lésiner sur les ressources", a-t-il promis.
Les autres sept victimes ont été retrouvées mortes depuis dimanche dans les régions de Valence (est), Catalogne (nord-est), d'Andalousie (sud) ou de Castille-et-Léon (centre).
L'est de l'Espagne a été frappé de dimanche à mercredi par des pluies torrentielles mais aussi des chutes de neige et des rafales de vent à 100 km/h. Des vagues de plus de 10 mètres se sont fracassées sur ce littoral parmi les plus touristiques d'Europe, où de nombreuses villes ont été inondées.
Le bilan pourrait encore grimper alors qu'au moins quatre autres personnes sont portées disparues en Catalogne et dans l'archipel des Baléares, selon les services d'urgence. Parmi eux figurent un Britannique de 25 ans, disparu à Ibiza, et un Espagnol de 27 ans qui faisait du canyoning sur l'île de Majorque.
L’Espagne a récemment été surprise par différents épisodes de pluies torrentielles d'une intensité rare. Sept personnes étaient mortes en septembre à cause de crues dans le sud-est et en 2018, 13 étaient décédées dans des intempéries à Majorque.
Le MedECC, réseau de plus de 600 scientifiques des pays méditerranéens, a souligné dans une étude publiée en octobre que les épisodes de fortes pluies dans la région pourrait augmenter à terme de "10 à 20%" en raison du changement climatique.
"C'est évident que les phénomènes météorologiques que nous vivons ne sont pas tous dus au changement climatique, mais ce qui est aussi évident, c'est que le changement climatique les accentue", a commenté Pedro Sanchez.
Gloria a également frappé la France depuis mardi. Dans le département des Pyrénées-orientales, quelque 1.500 personnes ont été évacuées mais regagnaient progressivement leur domicile jeudi.
Annonce conjointe de la prochaine présidence britannique de la COP26 et des Nations Unies sur les changements climatique. Nigel Topping aidera à stimuler l'action des entreprises, des investisseurs, des organisations, des villes et des régions sur le changement climatique et à coordonner ce travail avec les gouvernements et les parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Le rôle de Champion a été créé en 2015 lors de la conférence sur le climat à Paris pour aider à réaliser les ambitions de réduire les émissions de carbone et de renforcer la résilience au changement climatique.Il se tient pendant deux ans et M. Topping travaillera aux côtés du champion chilien COP25 de haut niveau pour l'action climatique, Gonzalo Muñoz.
Topping était tout récemment PDG de We Mean Business, une coalition d'entreprises travaillant à accélérer la transition vers une économie zéro carbone. Auparavant, il était directeur exécutif du Carbon Disclosure Project.Il apporte une expertise précieuse de 18 ans dans le secteur privé, ayant travaillé à travers le monde dans les marchés émergents et la fabrication.
Le champion de haut niveau de l'action pour le climat de la COP26, Nigel Topping, a déclaré:«Je suis ravi de jouer le rôle de champion de haut niveau pour soutenir une COP26 réussie. Je travaillerai sans relâche avec la communauté des acteurs non étatiques pour aider à apporter le meilleur de leur travail à Glasgow. 2020 est l'année pour nous tous de devenir des champions du climat et le début d'une décennie au cours de laquelle nous réduisons les émissions d'au moins 50%. Cela nécessitera chacun de nous de pousser nos actions à la limite, puis de faire un autre pas. "
La présidente désignée de la COP26, Claire O’Neill, a déclaré:«Je suis tellement heureux que Nigel Topping ait accepté de jouer ce rôle de champion d'une importance vitale dans l'année où nous devons motiver tout le monde, des gouvernements et des entreprises aux régions, villes et citoyens à s'engager dans une action climatique urgente. L’expérience incroyable de Nigel dans la constitution de coalitions et la concentration sur les objectifs et les actions signifie qu’il est la meilleure personne que nous pourrions avoir dans ce travail et j’ai hâte de travailler ensemble cette année. »
La Secrétaire exécutive de la CCNUCC, Patricia Espinosa, a déclaré:«Je suis très heureux d'accueillir Nigel Topping en tant que nouveau champion de haut niveau. Nous avons vu une dynamique incroyable de la part d'acteurs non étatiques alors que nous nous efforçons d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris et de continuer à stimuler l'ambition climatique dans tous les secteurs de la société. Je suis convaincu que M. Topping apporte les compétences et l'expérience nécessaires pour maintenir l'élan et réaliser la transformation profonde pour atteindre un avenir zéro carbone. "
Géants de l'internet, du pétrole ou de l'agroalimentaire multiplient les promesses de réduire leur empreinte environnementale et de s'adapter à une économie bas-carbone. Mais nombre de ces annonces relèvent du greenwashing, mettent en garde les experts.
A Davos, où sont réunis cette semaine entrepreneurs et responsables politiques pour le 50e Forum économique mondial, l'urgence climatique est sur toutes les lèvres. "Tout le monde ne parle que ça" et "il y a une vraie sincérité", assure à l'AFP Alain Roumilhac, patron de Manpower France.
Mais si certaines initiatives sont saluées, d'autres paraissent douteuses, voire trompeuses, estiment les spécialistes.
L'idée la plus en vogue parmi les chefs d'entreprises pour montrer leur engagement contre le réchauffement, y compris chez les grands groupes pétroliers comme Shell, BP ou ENI, est de planter des arbres qui absorbent et stockent le carbone.
"Nous faisons face à une crise climatique planétaire et les arbres sont l'un des meilleurs moyens de capter le carbone", a ainsi déclaré à Davos Marc Benioff, patron de l'éditeur de logiciels Salesforce.
Même le climato-sceptique président américain Donald Trump s'y est mis, soutenant cette semaine l'initiative "1.000 milliards d'arbres" (à planter ou sauver), basée sur une étude de chercheurs suisses parue l'an dernier et accueillie par la presse mondiale comme une solution miracle.
L'idée reviendrait à recouvrir d'arbres l'équivalent de près d'un milliard d'hectares, soit une surface plus grande que les Etats-Unis.
De nombreuses entreprises ont sauté sur cette occasion de compenser leurs émissions grâce aux arbres, sans pour autant les réduire.
Mais l'étude suisse, publiée dans Science, a été largement critiquée par les scientifiques à travers le monde, quatre d'entre eux la qualifiant dans la même revue de "scientifiquement incorrecte et dangereusement trompeuse".
"Oui, une reforestation héroïque peut s'avérer utile, mais il faut arrêter de dire qu'il existe une solution naturelle à l'utilisation des énergies fossiles. Il n'y en a pas. Désolé", soulignait alors Myles Allen, professeur de science du géosystème à Oxford.
Selon des dizaines de scientifiques, l'étude comporte de nombreuses failles, notamment une surestimation de la capacité d'absorption de CO2 des arbres, et n'évoque pas le problème de la concurrence entre ces plantations et les terres agricoles nécessaires pour nourrir 10 milliards d'humains en 2050.
Face à l'urgence climatique, "parfois, les politiques climat sont respectables. Mais souvent, en particulier quand elles viennent du secteur financier, elles sont trop progressives et sur la seule base du volontariat", commente la patronne de Greenpeace Jennifer Morgan, également présente à Davos.
Compensation carbone
"Le greenwashing, c'est de la désinformation, un brouillage de la réalité et, compte tenu de l'urgence climatique, nous n'avons plus de temps pour le baratin ou l'hypocrisie", insiste-t-elle.
Microsoft a annoncé la semaine dernière un plan pour non seulement atteindre la neutralité carbone en dix ans, mais aussi compenser l'ensemble de son empreinte carbone depuis sa création en 1975.
Or, cet objectif ne peut être atteint sans "compensation carbone", en plantant beaucoup d'arbres et en utilisant des technologies pas encore au point pour extraire à grande échelle le CO2 présent dans l'air.
Sans cela, les émissions de CO2 de l'entreprise américaine -- estimées à 59 millions de tonnes par an -- ne seraient réduites que de moitié d'ici 2030.
Mais les défenseurs de l'environnement pointent surtout du doigt les accords de Microsoft avec des géants du gaz et de l'énergie, comme ExxonMobil, auxquels il fournit des outils pour optimiser l'extraction fossile et les prévisions d'approvisionnement.
"Vous ne pouvez tout simplement pas assurer d'un côté soutenir une action climatique ambitieuse et de l'autre continuer à faire ami-ami avec des industries qui sont au coeur de cette crise", dénonce Sriram Madhusoodanan, de l'ONG Corporate Accountability.
Ce type de comportement est répandu dans tous les secteurs.
Par exemple, l'Alliance pour mettre fin aux déchets plastique, qui rassemble des industriels, investit un milliard de dollars dans le recyclage, tout en dépensant davantage encore pour construire de nouvelles usines de production plastique.
Par ailleurs, les promesses des entreprises sont aussi souvent accompagnées d'un lobbying intense auprès des gouvernements pour limiter la réglementation, selon certains experts.
"Une approche basée uniquement sur la responsabilité volontaire et non régulée des entreprises facilite la diffusion du greenwashing", selon une étude menée par Lucia Gatti, de l'université Svizzera Italiana.
Mais les gouvernements sont conscients de cette situation, certains imposant des amendes aux groupes utilisant abusivement la mention "vert" sur leurs produits.
En décembre, l'Union européenne a renforcé les règles pour qu'un investissement puisse être qualifié d'"environnementalement durable".
"Les normes vertes de l'UE signifient que les gens ne peuvent plus se voir proposer à l'achat de faux investissements verts", a estimé William Todts, de l'ONG Transport & Energy.