Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Les objectifs de développement durable (ODD) définis en 2015 par l’ONU, sont de plus en plus utilisés par les entreprises. Mais ils sont souvent cantonnés à la communication. Pour les rendre plus opérationnels, le Global Compact, la branche entreprise de l’ONU et l’organisme de certification international B Lab se sont associés pour créer un outil d’auto-évaluation gratuit. Danone fait partie des entreprises qui l’ont testé et adopté.

Il reste tout juste 10 ans pour atteindre les Objectifs de Développement durable (ODD) définis par l’ONU. Il s'agit de 17 priorités environnementales, sociales et économiques. Le secrétaire général de l’ONU ne cesse de le répéter : "nous ne sommes pas du tout sur la bonne trajectoire" et "le rôle du secteur privé est clé". Mais les entreprises manquent d’indicateurs et d’une démarche standardisés pour les traduire les ODD dans la conduite des affaires.

C’est ce manque que va essayer de combler le "SDG action manager" (SDG signifie ODD en anglais), un outil gratuit développé par le Global Compact, la branche entreprise de l'ONU, et l’organisme de certification international B Lab. Fruit de trois ans de travail, il s’inspire de la démarche d’évaluation de la performance environnementale et sociale du label reconnu pour sa rigueur et s’appuie sur la légitimité de l’organisme onusien. Il vise à "aider les entreprises à s’auto-évaluer sur leur contribution aux ODD et à se comparer aux autres acteurs de leur secteur" puis "les aider à piloter leur stratégie en la matière", précise Lila Karbassi, Cheffe des programmes du UN Global Compact.

Un outil soutenu par Danone

La promesse a déjà séduit plus de 3 000 entreprises qui l’ont testé depuis son lancement, le 31 janvier 2020. Deux fois plus que prévu. L’outil bénéficie des soutiens financiers et d’ambassadeurs de poids comme Paul Polman, ancien PDG d’Unilever, la fondation Bill & Melinda Gates, et Emmanuel Faber le DG de Danone. Danone a détaché sa responsable relations investisseurs, Laura Palmeiro, au Global Compact pour cette mission spécifique. "Nous n'avons plus d'excuse" pour ne pas intégrer les ODD, a déclaré Emmanuel Faber, lors du lancement de l'outil, précisant qu'il lui servira de boussole pour sa stratégie ODD. 

"Les ODD sont le seul référentiel commun de l’impact partagé entre les acteurs privés et publics, rappelle Mathias Vicherat, le secrétaire général de Danone. Ils représentent un cap important pour la stratégie de Danone. Mais les entreprises manquent d’une forme d’objectivation de leur contribution et d’indicateurs pertinents pour s'évaluer, se comparer et en rendre compte." Si Danone est déjà bien avancée sur les ODD, l’outil devrait lui permettre d’aller plus loin sur ceux déjà identifiés et de corriger les éventuels "trous dans la raquette". À terme, elle espère aussi pouvoir en faire un outil de dialogue avec ses investisseurs, banques ou actionnaires.

Faire converger les acteurs dans la bonne direction

B Lab y voit un fort potentiel "pour faire converger les initiatives des différents acteurs sur les ODD dans la même direction", explique le DG France, Augustin Boulot. Pour l’une des petites entreprises qui a testé l’outil, New Angles Consulting, il permet d’une part de "voir quel est l’écart entre les grandes intentions souvent faites par les entreprises et la réalité de l’action" et de travailler sur un cadre d'actions commun et duplicable, estime l’un de ses dirigeants, Jacob Mayne. Ce cabinet de conseil compte d’ailleurs utiliser l’outil pour aider ses clients à élaborer leur stratégie ODD.

Une démarche d’accompagnement que songe à développer le Global Compact pour aider les entreprises à utiliser l’outil à son plein potentiel. Car celui-ci n’est pas toujours simple d’accès. Très orienté process, l’outil permet de comprendre la démarche à mettre en place mais peut déstabiliser des petites entreprises peu familières avec les ODD et la démarche d’évaluation B corp dont l'outil est très inspiré. La version actuelle de SDG Action Manager pourrait cependant évoluer pour mieux prendre en compte les spécificités des différentes tailles d’entreprise.

D'ici à 2100, 40 % de la population mondiale sera africaine, et en majorité citadine. Acteurs privés, pouvoirs publics et société civile se mobilisent pour repenser les déplacements urbains.

A Nairobi, les embouteillages coûteraient plus de 1 milliard de dollars de productivité par an, selon l'autorité des transports de la région métropolitaine de la capitale kényane. « Les coûts liés aux problèmes de circulation représentent près de 400 millions d'euros de perte par an », explique Romain Kouakou, directeur général des Transports terrestres et de la Circulation de Côte d'Ivoire.

Cette situation s'explique notamment par l'augmentation de la classe moyenne qui s'est accompagnée du triplement du nombre de voitures sur les vingt dernières années, sans être suivi d'aménagements adaptés. À Accra, surnommée la ville du « go slow », les problèmes de circulation feraient perdre chaque année 8,2 % de PIB au Ghana selon une étude du professeur Jonathan Annan de l'université Kwame Nkrumah publiée en 2017, et le même constat se décline pratiquement dans chaque grande métropole africaine.

Pour faire face à l'engorgement urbain, les solutions émergent de toutes parts. Talibi et Info Dakar Trafic, au Sénégal, Max Okada, à Lagos, la plus grande ville du Nigeria, ou Ma3Route, à Nairobi. On ne compte plus les applications mobiles qui proposent des informations sur le trafic routier en temps réel.

A Abidjan, une flotte d'autobus propres alimentés au gaz

La Côte d'Ivoire est devenue le premier pays africain à opter pour des autobus alimentés au gaz naturel, garantissant un faible impact environnemental. Le pays devrait bientôt être doté d'une flotte de bus de 750 unités.

Par ailleurs, Abidjan s'est engagée dans la transformation de ses transports publics urbains en faveur d'un réseau de bus à haut niveau de services (BHNS) rendu possible grâce à Iveco Bus, son partenaire français. Une option qui apparaît comme une solution pérenne sur un territoire riche en gaz naturel.

Plusieurs pays ont également choisi d'adopter des options multimodales pour stimuler l'usage des transports en commun. À Alger ou à Dakar, RATP Smart Systems a développé un dispositif de billetterie pour favoriser un transport public interopérable et multimodal.

Au Kenya, une offre de taxis électriques signée Uber

L'urbanisation du continent fait l'objet d'un soutien appuyé des bailleurs internationaux, pourvu que la solution soit « durable » à l'instar de l'initiative « Mobilise Your City » par exemple, lancée en 2015, qui rassemble plus de 100 villes autour de la mobilité dans les pays en développement. À Nairobi, le géant américain a développé un « Uber écologique » appelé Nopia Ride, dont la particularité repose sur sa flotte composée à 100 % de véhicules électriques. Grâce à cette solution, les chauffeurs voient leur salaire amélioré et gagneraient de 30 % à 50 % de plus que les conducteurs d'Uber ou de Bold (ex-Taxify), tandis que le prix des courses pour les passagers a nettement diminué.

À l'horizon 2021, le Kenya devrait disposer d'une flotte de 1 500 véhicules électriques et la solution pourrait à terme se décliner dans d'autres régions africaines. Parallèlement, les services « uberisés » se développent aussi localement comme celui de WaitMoi, l'application qui connecte les chauffeurs et les passagers camerounais, selon la même formule qu'Uber, ou encore Little, au Kenya, qui compte plus de 1 million d'utilisateurs et 10 000 conducteurs actifs

Suite aux incendies de 2017, le Chili s’est doté de capteurs installés dans les arbres. Les données récoltées sont utilisées par un système d’intelligence artificielle qui permet d’anticiper un départ de feu et de procéder plus rapidement à son extinction.

Ils sont tout petits mais peuvent sauver des forêts. 300 capteurs blancs peuvent aujourd’hui sauver d’immenses espaces verts au Chili. C’est Entel Ocean, l’unité numérique de la plus grande entreprise chilienne de télécommunications Entel, qui utilise le service américain d’intelligence artificielle de DataRobot. Une association qui porte ses fruits, avec 12 minutes de gagnées entre la détection d’un incendie et l’intervention sur le site concerné.

Comment fonctionne ce système ? Les « nez numériques » (nom donné à ces capteurs) sont chargés de collecter un nombre important de données concernant la forêt où ils sont installés. Cela va de la température aux particules, en passant par l’humidité de l’air. Ces données sont ensuite envoyées sur la plateforme d’intelligence artificielle DataRobot. Celle-ci va alors utiliser sa technologie de machine learning (en français « apprentissage automatique »), en confrontant les données collectées à celles relevées lors des précédents incendies.

 

Des forêts toujours plus propices aux feux

Ce type de technologie sera de plus en plus utilisé face à la hausse du nombre d’incendies et leur intensité dans le monde. Ces dernières années, le Chili a particulièrement été touché par la question. Le pays est confronté à un important débat autour de la sylviculture et la présence importante d’eucalyptus et de pins. En plus de remplacer les forêts millénaires des régions comme l’Araucanie, ces arbres sont hautement inflammables. Résultat : des incendies toujours plus dévastateurs, les derniers en dates (janvier 2017) ayant brûlés plus d’un million d’hectares de terre et tués au moins 11 personnes.

Le Qatar est davantage connu comme gros producteur de gaz et pour sa compagnie aérienne que pour ses initiatives "zéro déchet", mais, dans ce riche émirat du Golfe, certains habitants veulent s'initier à un mode de vie durable.

Dans un marché en plein air à Doha, les vendeurs tentent de convertir leurs clients à consommer tout en respectant l'environnement. Ils encouragent ainsi les acheteurs à éviter bouteilles, couverts et assiettes en plastique au profit de produits réutilisables.

"Si une ou trois personnes de plus finissent cette saison en ayant réduit leurs déchets ou leur empreinte carbone, je pense que ce sera formidable. Plus nous attirons des gens qui changent, mieux ce sera", assure à l'AFP Ghada al-Khater, directrice de l'innovation du marché de Torba, situé dans le nord-ouest de Doha.

Jusqu'à la création de ce marché de producteurs, dans le nord-ouest de Doha, "les gens n'avaient pas nécessairement les moyens ou l'endroit" pour changer leurs habitudes.

 

Expatriés et Qataris se côtoient dans les allées de ce marché, au milieu des plantes cultivées localement, achetant du café servi dans des tasses réutilisables et remplissant leurs sacs de pain au levain cuit de manière artisanale.

Un stand tenu par des bénévoles distribue gratuitement des tasses en porcelaine à condition qu'elles lui soient rendues, pour être ensuite lavées et réutilisées.

Les bouteilles en plastique à usage unique sont bannies et des fontaines offrent gratuitement de l'eau aux visiteurs et à leurs chiens.

Lancé en 2016, le marché compte désormais des dizaines d'étals et reçoit jusqu'à 5.000 visiteurs chaque week-end pendant l'automne et l'hiver de ce pays vite caniculaire le reste de l'année.

- Recyclage à la traîne -

"Je suis plongeur et j'ai vu ce que le plastique fait à l'océan. A Doha ou ailleurs, j'en vois les effets. C'est très beau de voir Doha prendre des initiatives", a déclaré Rachid al-Kuwari, 28 ans, un adepte du marché.

 

Dès 1974, le Qatar a adopté une loi de "propreté générale" et s'est engagé, dans sa constitution de 2004, à "protéger l'environnement et l'équilibre écologique".

Mais le plastique à usage unique reste omniprésent et le recyclage peu développé. Le pays produit 2,5 millions de tonnes de déchets solides, qu'ils soient d'usage domestique, pour ses industries ou le secteur du BTP.

Seulement 8% de ces déchets solides sont recyclés, selon les statistiques officielles.

Le Qatar vise à faire passer ce taux à 15% d'ici la Coupe du monde de 2022, dont il est le pays hôte. Mais les services municipaux ne trient pas les déchets collectés.

A titre de comparaison, l'Allemagne, leader mondial en la matière, recycle 67% des déchets ménagers, 70% des déchets industriels et 90 % des déchets du secteur du BTP.

Dans la région du Golfe, chaque habitant produit en moyenne 1,5 kg de déchets par jour, dont environ 14% sont en plastique, selon une étude de l'université du Qatar.

 

- "Frustrant" -

Devenue consultante pour le marché de Torba pour les modes de vie durable, la Néo-zélandaise Sarah Cameron ne ménage pas ses efforts.

"On m'a dit que je devrais avoir un badge de policière du plastique", s'amuse celle qui tient aussi un stand de jus de fruits au marché.

"Parfois, c'est frustrant. Nous sommes arrivés avec de grandes idées, puis nous avons réalisé que nous devions commencer d'un peu plus loin. Chaque année, nous avançons un peu plus et nous sommes plus stricts en matière de durabilité", dit-elle.

L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a promis en 2019 aux Nations unies que le Mondial-2022 aurait un bilan carbone neutre, sans donner de détails sur la manière dont le pays y parviendrait.

L'une des mesures envisagées par les organisateurs pourrait être l'interdiction des bouteilles en plastique à usage unique dans les stades.

 

Mais pour l'instant, le Qatar a le plus haut niveau de déchets plastiques par habitant de tous les pays du Golfe, selon le chercheur Sultan al-Salem.

Les Qataris remportent régulièrement la palme des émissions de CO2 par habitant les plus élevées au monde, et l'économie du Qatar est largement basée sur les combustibles fossiles.

Le pays fait ainsi partie des trois premiers producteurs de gaz au monde et partage un énorme gisement de gaz avec l'Iran.

Mais pour Youssef al-Derbasti, un étudiant de 18 ans venu avec ses proches au marché de Torba, "il est possible de divertir les gens (...) tout en les sensibilisant" aux modes de vie durables.

© 2020 AFP

Des centaines de vautours sont morts pour une raison mystérieuse ces derniers jours en Guinée-Bissau, ont indiqué mardi les autorités, qui ont recommandé aux populations d'éviter les contacts avec les cadavres des rapaces pour écarter les risques de contamination dans l'attente des résultats d'analyses vétérinaires.

Des dizaines de vautours morts ont notamment été retrouvés aux abords de l'abattoir principal de Bissau, où ils rôdent habituellement en grand nombre pour se nourrir de déchets de viande, ont indiqué des ouvriers de l'établissement.

Le phénomène a touché depuis environ une semaine plusieurs régions de cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest au climat tropical, notamment Bafata (est), Quebo (sud) et l'archipel des Bijagos (ouest), avant d'atteindre la capitale.

"J'ai été avisé par des bouchers et la population de la découverte des carcasses de vautours. Au total, on en a dénombré une centaine, mais nous n'avons pas encore une source médicale ou vétérinaire pour nous donner les raisons (expliquant) autant de morts de vautours", a déclaré à la presse le gouverneur de la région de Bafata, Dundu Sambù.

 

Quelque 135 rapaces ont été incinérés lundi dans cette région, à l'écart des zones habitées et sous la surveillance des autorités sanitaires et de représentants de l'Etat, selon le journal bissau-guinéen O Democrata, qui estime à plus de 240 le nombres de rapaces morts ces derniers jours dans le pays.

Des prélèvements ont été effectués et seront analysés dans un laboratoire de Dakar, au Sénégal voisin, afin de déterminer s'il s'agit d'"une grippe aviaire ou non", a déclaré à l'AFP un responsable national des services vétérinaires, Mboma Baldé.

Les populations ont été invitées à éviter tout contact avec les oiseau morts et à empêcher les animaux domestiques de s'en approcher ou de s'en nourrir, a indiqué le gouverneur de Bafata, cité par O Democrata.

 

Dans les îles des Bijagos, au large de Bissau, où le vautour est un animal totem, des habitants ont sacrifié des poulets et répandu de l'huile de palme sur l'autel lors de cérémonies traditionnelles pour conjurer ce qu'ils estiment être une malédiction, a expliqué à l'AFP le fils d'un féticheur local.

© 2020 AFP

L'Arche de Noé végétale", plus grosse réserve mondiale de semences située dans l'Arctique, doit accueillir mardi un important arrivage de semences, entreposées dans ses entrailles pour préserver la biodiversité face aux périls, notamment climatiques.

Plus de 60.000 échantillons de semences, propriété de 36 banques génétiques régionales et internationales, vont rejoindre la chambre forte enfouie dans une montagne près de Longyearbyen, le chef-lieu de l'archipel norvégien du Svalbard (Spitzberg), à un millier de kilomètres du Pôle Nord.

"A mesure que le rythme du changement climatique et que la perte de biodiversité augmentent, émerge une nouvelle urgence dans les efforts pour sauver les cultures vivrières menacées d'extinction", a déclaré Stefan Schmitz, directeur de la fondation Crop Trust, chargée de gérer la réserve.

"L'ampleur du dépôt de semences d'aujourd'hui (...) démontre un engagement mondial croissant (...) pour la conservation et l'utilisation de la diversité des cultures cruciale pour les agriculteurs dans leurs efforts d'adaptation à l'évolution des conditions de culture", a-t-il dit dans un communiqué.

 

Parmi les graines qui seront déposées par des institutions du Brésil, des Etats-Unis, d'Allemagne, du Maroc, du Mali, d'Israël ou encore de Mongolie figurent des cultures de base courantes mais aussi des variétés sauvages moins utilisées.

Cet arrivage va porter à environ 1,05 million le nombre de variétés entreposées dans les trois alcôves souterraines qui forment la "chambre forte du Jugement dernier", un autre surnom de la réserve.

Se voulant un filet de sécurité face aux catastrophes naturelles, aux guerres, au changement climatique, aux maladies ou encore aux impérities des hommes, la structure a vu le jour en 2008 grâce à un financement de la Norvège.

Son utilité a été crûment mise en lumière par le conflit syrien: en 2015, les chercheurs ont pu récupérer au Svalbard les doubles de graines disparues dans la destruction de la banque de gènes de la ville d'Alep.

 

Les Etats et institutions dépositaires restent propriétaires des semences et peuvent les récupérer à leur convenance.

Paradoxalement, la chambre forte a elle-même été rattrapée par le changement climatique: en 2016, elle a subi une infiltration d'eau au niveau du tunnel d'entrée en raison de la fonte du pergélisol, ce sol censé être gelé en permanence mais pourtant victime cette année-là de la hausse du thermomètre.

La Norvège a depuis financé des travaux pour accroître la résistance de la réserve dans un environnement appelé à devenir plus chaud et plus humide.

Selon les scientifiques, l'Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète.

Le coronavirus sauvera-t-il le pangolin? L'annonce par la Chine d'une interdiction "complète" du commerce et de la consommation d'animaux sauvages est une bonne nouvelle pour les défenseurs de la nature, mais devra être confirmée sur la durée.

Pékin a annoncé lundi l'interdiction "complète" du commerce et de la consommation d'animaux sauvages, pratique suspectée d'être à l'origine de l'épidémie de coronavirus apparue en décembre dans le centre du pays et qui menace désormais le monde d'une "pandémie" selon l'OMS. Mais la mesure devra encore être définitivement inscrite dans la loi, dans un pays où l'on consomme aussi des serpents ou des chauve-souris.

"Nous applaudissons cette interdiction, qui montre que le gouvernement chinois est déterminé à changer une tradition millénaire, totalement inappropriée dans la société actuelle," se félicite Jeff He, directeur pour la Chine du Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw), qui estime qu'une "révision plus stricte encore est en préparation".

Car, avec la deuxième crise sanitaire du genre en 17 ans, après le Sras, "je pense que le gouvernement a compris que le coût pour l'économie et le société est bien plus lourd que les avantages" de ce commerce, poursuit-il, tout en soulignant que "l'arrêt du commerce d'animaux sauvages doit être un effort conjoint de la communauté internationale".

 

Directeur de l'ONG internationale WildAid, qui lutte contre le trafic d’animaux sauvages, Peter Knights attend lui aussi la pérennisation de la décision chinoise: "Tout cela est très nécessaire et sensé, la seule question est: que se passera-t-il à long terme".

Pour lui, les enjeux vont désormais au delà de la seule protection animale: "il y a de toute évidence quelque chose de bien plus grand en jeu, la santé humaine et des dégâts économiques massifs". Or une interdiction chinoise d'envergure et confirmée pourrait changer la donne globale: "Nous espérons que la Chine pourra montrer la voie à une interdiction mondiale de ces marchés et user de son influence et de ses capacités" pour y aider, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique, où la consommation d'animaux sauvages reste aussi répandue.

"C'est un avertissement et si nous l'entendons j'espère que nous pourrons non seulement protéger la vie humaine mais même sauver des espèces comme le pangolin", petits mammifères dont la chair est prisée et les écailles utilisées en médecine traditionnelle chinoise. Menacés d'extinction ils sont très trafiqués en Asie et pourraient selon certains scientifiques avoir servi de vecteur de transmission du nouveau coronavirus vers l'homme.

 

Assécher le marché des animaux sauvages

Leur commerce est totalement interdit depuis 2016 par la Cites. Ivonne Higuero, secrétaire générale de cet organe qui surveille le commerce international des espèces menacées, se félicite de l'annonce chinoise "si elle signifie que la Chine va prendre des mesures plus strictes pour pouvoir respecter ses obligations" aux termes de la convention.

En effet "il y a beaucoup de trafic d'espèces sauvages à destination de la Chine", relève la responsable. Et un assèchement du marché chinois serait donc bénéfique: "Retirer ce qui motive ces organisations criminelles souvent internationales c'est exactement ce qu'il faut. S'il n'y a plus d'acheteurs, pourquoi continuer".

Ce trafic est estimé à plus de 15 milliards de dollars par an au niveau mondial rappelle de son côté le WWF, qui "applaudit" l'annonce chinoise, tout en soulignant lui aussi que "les seules interdictions ne stopperont pas le trafic si la demande persiste".

Les militants écolos en Afrique, un des réservoirs de biodiversité, source de nombre d'animaux trafiqués, observent également avec attention l'évolution chinoise.

"Les gens pourraient faire plus attention à la consommation des pangolins. Ils pourraient aussi les voir comme une menace, ce qui les mettrait en danger", nuance Ray Jansen, président du "groupe de travail africain sur la pangolin".

Le docteur Andrew Muir, patron de l'ONG sud-africaine Wilderness Foundation Africa, estime que la décision chinoise constitue "un pas positif face à la perte de biodiversité et au nombre d'espèces qui disparaissent".

Il espère que "ça permettra de laisser les espèces sauvages tranquilles dans la nature faire partie de l'écosystème. Pour le dire simplement par rapport à ce cas (le coronavirus): si on ne mange pas les bêtes sauvages elles ne nous feront pas de mal".

L'éolien devrait représenter plus tôt que prévu une part significative du mix énergétique du Sénégal, avec la production à plein régime prévue en mai du premier parc de turbines à dimension industrielle du pays, a-t-on appris lundi auprès de l'entreprise qui mène le projet.

Le parc éolien de Taïba Ndiaye (ouest), présenté par ses promoteurs comme le plus grand projet du genre en Afrique de l'Ouest, a été officiellement inauguré lundi par le président sénégalais Macky Sall. En réalité, 16 éoliennes injectent déjà depuis décembre 50 mégawatts dans le réseau national de la société nationale d'électricité, la Senelec, a-t-on appris auprès de l'entreprise britannique Lekela.

A terme, 158,7 mégawatts seront livrés par 46 turbines s'élevant jusqu'à 180 mètres de haut, l'équivalent d'un immeuble de 60 étages, dans cette zone rurale proche de l'Atlantique.

 

Or le projet est en avance sur le calendrier "et la totalité des 158 mégawatts sera sur le réseau au mois de mai", a affirmé dans un message transmis à l'AFP le directeur général de Lekela Senegal, Massaer Cissé. En octobre, Lekela se fixait 2020 pour horizon.

Le président sénégalais a présenté le parc comme un moyen d'atteindre l'objectif de fournir l'électricité à tous dans le pays et de combattre le réchauffement climatique.

Taïba Ndiaye "permettra d'éviter le rejet de 300.000 tonnes de gaz carbonique par an. Avec la dynamique que nous avons lancée depuis 2014, nous en sommes désormais à 22% d'énergie renouvelable disponible sur l'ensemble de notre réseau national", a-t-il déclaré.

Le parc alimentera avec 450.000 mégawattheures par an près de deux millions de Sénégalais, sur une population de 15 millions. M. Sall a évoqué la possibilité d'un nouveau contrat pour augmenter encore ces capacités.

Le mégawattheure correspond à la quantité d'énergie produite en une heure par un mégawatt.

Le développement énergétique est un chapitre capital du Plan Sénégal Emergent (PSE) élaboré par le pouvoir et qui vise à transformer l'économie du pays en croissance pour le mettre sur la voie de l'émergence d'ici à 2025.

Dans un pays où la pauvreté affecte environ 40% de la population, la part de ceux qui ont accès à l'électricité est chiffrée à plus de 60%, mais avec une forte disparité aux dépens des campagnes. Le pouvoir compte élargir l'accès à une électricité bon marché, augmenter les capacités de production et rééquilibrer le mix, où le pétrole et le charbon importés prédominent lourdement.

Avec son ensoleillement et plus de 500 km de côte, le Sénégal dispose d'un potentiel d'énergie propre appréciable. Avec le fonctionnement à plein régime de Taïba Ndiaye, l'éolien représentera la moitié de l'énergie renouvelable disponible au Sénégal, à côté du solaire.

 

Lekela a par ailleurs des projets éoliens en opération en Afrique du Sud, et à différents stades d'avancement, également en Afrique du Sud en Egypte et au Ghana.

© 2020 AFP

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