Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Depuis le début des années 2000, les populations dakaroises ont vu leur offre en transport s’élargir avec l’arrivée des bus Tata. Ils sont venus améliorer tant soit peu le déplacement des populations notamment celles de la banlieue. Reportage.

Le croisement Texaco est l’un des endroits les plus animés de Pikine. Samedi 21 Décembre 2019. Il est 17 heures passées de quelques minutes. Ça grouille de monde à Texaco. Sur la route des Niayes, à l’arrêt des bus tata de la ligne 35, les passagers forment une longue que. Ils attendent que le bus qui va faire plein ouvre ses portes pour qu’ils prennent place. Fatou la trentaine bien sonnée est accompagnée par deux autres jeunes filles. Après plusieurs minutes d’échanges, Fatou nous révèle pourquoi elles ont préféré emprunter la ligne 35. « Nous allons à Ngor. Avec le bus, nous allons payer moins. Mais si vous prenez un taxi à Pikine pour aller à Ngor, c’est sûr que vous allez débourser 4 000 à 5 000 F, à l’aller seulement. Vous convenez avec moi que c’est moins avec les bus tata ». Elle ajoute : « Si vous faites le rang vous aurez la chance d’avoir une place assise. Vous êtes tranquille jusqu’à destination ».

Mais la jeune dame n’a pas manqué de fustiger la surcharge. « le seule problème : ce sont les surcharges. Parfois les bus sont bondés. Et cela n’est pas sûr. J’exhorte les chauffeurs, les receveurs et les contrôleurs à veiller à cela. A faire respecter la charge normale ou du moins faire le maximum pour éviter les surcharges », martèle Fatou.

  1. Cissé est assis en face du bus qui va faire le plein. Il tient une feuille entre les mains. C’est le régulateur de la ligne 35. « Les bus tata ont apporté beaucoup de changements dans le système de transport, surtout en banlieue. Nos bus arrivent dans des endroits où les populations avaient du mal à avoir un véhicule pour se mouvoir. Aujourd’hui si vous voulez allez au Lac Rose par exemple, vous prenez le bus de la ligne 73. Il vous amène jusqu’à destination sans payer beaucoup d’argent. Mais dans un passé récent, c’était impensable d’avoir un véhicule à Pikine qui va vous amener jusqu’au Lac Rose, en un seul trajet », explique M Cissé. Pour lui, aujourd’hui les responsables des bus doivent améliorer les conditions de travail des travailleurs. Du côté de l’Etat, il estime que les autorités doivent se pencher sur les infrastructures routières.

Ndongo Fall Transporteur, Président du Gie Darou Sall et Vice-Président de Aftu.

« Nous avons apporté une révolution dans le transport mais… »

C’est dans le but de renforcer et d’améliorer le transport que le réseau s’est densifié avec l’arrivée des bus tata. Depuis lors, ils font partis du décor. Plus d’un millier de personnes empruntent tous les jours les bus tata, surtout dans la banlieue de Dakar.

 Justement dans cette partie de la capitale, les bus tata jouent un rôle important dans le système de transport, selon Ndongo Fall. « Les bus ont apporté beaucoup de choses dans la banlieue. Avant pour quitter la ville de Guédiawaye pour se rendre à Dakar, les populations rencontraient d’énormes difficultés. Les cars « Ndiaga Ndiaye » et « Car rapide » sectionnaient le trajet. Le client déboursait près de 1 000 F avant d’arriver à Dakar. Mais aujourd’hui, à partir de Guédiawaye vous avez un bus qui vous amène directement à Dakar sans débourser 500 F. Idem à Pikine. De Bountou Pikine, vous pouvez aussi vous rendre à Keur Massar, à Tivaoune Peulh, à Niakhourab en empruntant un seul bus. Beaucoup de jeunes de la banlieue sont aussi recrutés dans les bus comme chauffeurs, receveurs ou contrôleurs. Ils y gagnent honnêtement leur vie. Je pense que c’est une chose importante », souligne le Président du Gie Darou Salam. Ne s’arrêtant pas là, le vice-président de AFTU ajoute : « Nous allons dans des endroits très lointains. A partir de la banlieue vous pouvez trouver un bus tata qui vous amène au lac rose, Diamniadio, Tivaoune Peulh, Niakhourab, Gorom etc. Nous avons apporté une grande révolution dans le transport » , se réjouit M Fall. Cependant à coté il y a des inquiétudes qui demeurent. Elles sont liées à l’arrivée prochaine du Bus rapid transit (Brt). « Le Gie Darou va voir sept (07) de ses lignes supprimées par le Brt. Les autorités nous avaient promis des dédommagements mais jusqu’à présent nous n’avons rien vu. Hormis cela le Cetud nous avait promis des terminus aménagés avec le minimum de commodités. Mais jusqu’à présent nous n’avons rien vu » se lamente M Fall.

Par Tounkang GANO

Du passage des trois vagues qui avaient rasé à 75% le village côtier de Dichato, il n'y a plus aucune trace: dix ans après le puissant séisme du 27 février 2010 qui avait fait 525 morts dans la région centre-sud du Chili, la reconstruction est désormais achevée.

"Dichato était un symbole de destruction, nous sommes désormais un symbole de la reconstruction", se félicite Maria Angélica Torres, à la tête d'une association d'habitants et propriétaire d'un restaurant sur le tout nouveau front de mer qui fait face au Pacifique.

Située à une trentaine de kilomètres de Concepcion (sud), la capitale de la région de Biobio, épicentre du séisme, la station balnéaire a retrouvé sa vie d'avant, attirant les touristes sur sa promenade côtière totalement réhabilitée.

Près de 3.000 habitants ont été relogés et des parcours d'évacuation, dûment signalés, ont été créés. Des ouvrages pour l'évacuation de l'eau ont été construits et des arbres plantés pour freiner la puissance de la vague, en cas de nouvelle catastrophe.

"Dichato a été reconstruit à 100%", explique Ivan Carter, professeur d'urbanisme à l'Université de Biobio (centre), qui souligne que la participation des habitants a été cruciale dans le projet de reconstruction.

Le Chili est un des pays les plus sismiques au monde, situé sur la "ceinture de feu" du Pacifique, une zone à forte activité tellurique. Avec une magnitude de 8,8, le séisme de 2010 a été le deuxième plus puissant de l'histoire du Chili, après celui de 1960 qui avait atteint une magnitude de 9,6.

La tragédie avait coûté la vie à 525 personnes, dont une centaine tuées par le tsunami qui avait suivi le séisme. Il avait causé 30 milliards de dollars de dégâts matériels.

Plus de 220.000 logements avaient été détruits, 3.700 établissements scolaires mis hors service, une quinzaine d'hôpitaux étaient devenus inutilisables et 1.550 km de routes ont été à refaire, essentiellement dans le centre et le sud du pays.

 

- Tissu social -

A Caleta Tumbes, un village de pêcheurs, situé à proximité de l'épicentre et également dévasté par le tsunami, les maisons ont été reconstruites sur la colline, à distance de la mer.

"Nous sommes en sécurité, la maison est jolie, mais nous regrettons notre crique", raconte à l'AFP Luisa Araya, laissant entrevoir la difficile équation de la reconstruction : protéger la vie des habitants, mais aussi reconstruire le tissu social, également mis en miettes par le séisme.

"Le bruit de la mer me manque... les gens aussi", raconte Luisa, dans sa nouvelle maison qu'elle partage avec son mari et son père. Quelque 200 familles ont été relogées dans le nouveau village, situé à dix minutes à pied de l'océan.

En bord de mer, une vingtaine de restaurants, principale source de revenus des habitants, ont été reconstruits, ainsi que quelques maisons perchées sur des pilotis.

 

"Le Chilien est un peu têtu. Nous prenons racine là où étaient les anciens et nous y restons", dit Juan Pedro Diaz, un pêcheur qui a décidé de rester en face de la mer, dans une de ces maisons "anti-tsunami".

Jesus Bravo a rouvert un restaurant, qu'il a baptisé "8,8", mais n'habite plus sur place, car "s'il y a un tsunami, il emporte tout avec lui".

Malgré la tragédie, le séisme de 2010 a été riche d'enseignements : le pays a consolidé ses technologies anti-sismiques qu'il exporte désormais à l'étranger.

"Aujourd'hui, on peut construire au Chili un bâtiment qui ne serait pas endommagé par un tremblement de terre comme celui de 1960", explique Juan Carlos de la Llera, ingénieur à l'Université catholique du Chili, qui a déposé plusieurs brevets en la matière.

"La réglementation sismique du Chili est très exigeante, ce qui a permis au tremblement de terre de 2010 de ne pas faire s'effondrer un nombre important de maisons", rappelle aussi le ministre du Logement et du développement urbain, Cristian Monckeberg.

 

C'est en vertu de cette législation que le plus haut bâtiment d'Amérique latine a été érigé à Santiago : avec ses 300 mètres de haut, la Gran torre Santiago, achevée en 2014, est devenue un des symboles de la capitale chilienne.

© 2020 AFP

Cinq mois après le gigantesque incendie qui a ravagé l'usine Lubrizol à Rouen, le groupe a été mis en examen pour sa responsabilité dans les dégâts environnementaux causés par le sinistre, dont l'origine reste encore inconnue.

Lubrizol France a été mis en examen lundi pour "déversement de substances nuisibles" et pour des manquements dans l'exploitation de son usine ayant porté une "atteinte grave" à l'environnement, a annoncé jeudi le procureur de la République de Paris Rémy Heitz dans un communiqué.

Au total, 9.505 tonnes de produits chimiques avaient brûlé dans l'incendie le 26 septembre qui avait provoqué un nuage de fumée noire de 22 km de long.

Il est reproché à l'entreprise "de ne pas avoir pris toutes les mesures pour empêcher la propagation importante de l'incendie et les dégâts environnementaux qui en ont découlé", a précisé une source proche du dossier.

Placé sous contrôle judiciaire, le groupe devra s'acquitter d'un cautionnement de 375.000 euros et constituer une "sûreté" de 4 millions d'euros visant à réparer les "dommages humains et environnementaux" éventuellement imputables à l'incendie, détaille le parquet.

"Ce statut permettra à Lubrizol d'exercer l'ensemble de ses moyens de défense afin de démontrer que la société a pleinement respecté ses obligations", a réagi en fin de journée le groupe dans un communiqué.

"Des réponses précises ont été apportées pour contester fermement les différents points soulevés par le rapport d'inspection dressé (par les services de l'Etat) après l'incendie", a-t-il souligné.

"C'est une très, très bonne nouvelle", a déclaré pour sa part à l'AFP Olivier Blond, président de Rouen Respire, association de défense des victimes, estimant que cela prouvait que le juge avait "pris au sérieux" les multiples plaintes déposées dans ce dossier.

"L'usine Lubrizol a été inspectée de nombreuses fois avant la catastrophe, ils n'ont jamais rien vu de significatif, et c'est l'enquête qui met au jour progressivement tous ces éléments qui auraient dû être mis au jour avant la catastrophe", a-t-il par ailleurs observé.

Cette mise en examen intervient dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 29 octobre pour faire la lumière sur les causes et les circonstances de l'incendie, et qui a été élargie en décembre à de possibles manquements de sécurité.

Le parquet de Paris avait relevé sur le site rouennais "un réseau de caniveaux et un dispositif de confinement insuffisants n'ayant pas permis de collecter l'ensemble de la nappe enflammée" et l'absence de "dispositif de détection incendie sur les lieux de stockage extérieur" situé près des deux bâtiments qui ont brûlé.

 

La société appartenant au milliardaire américain Warren Buffett est aussi soupçonnée de n'avoir pas prévu "de moyens suffisants en débit d'eau pour lutter efficacement contre l'incendie" et de ne "pas avoir étudié les effets dominos" d'un potentiel sinistre sur les sites voisins, classés Seveso.

Pour sa part, l'entreprise Normandie Logistique, dont des entrepôts jouxtant l'usine Lubrizol ont été détruits par le sinistre, a été placée mercredi sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

- "Immense chaudron" -

Le 23 octobre devant les députés, Jean-Yves Lagalle, directeur des pompiers de Seine-Maritime, avait expliqué avoir manqué d'eau le 26 septembre face à "un immense chaudron", un feu "hors norme" de "3 hectares de produits inflammables" sur le site Lubrizol, et de "7.000 m2 sur l'usine voisine".

 

Dans son communiqué, le procureur souligne par ailleurs que les investigations n'ont pas pour l'heure permis de "déterminer les causes de l'incendie ni de localiser son origine".

Outre l'enquête judiciaire, le pouvoir politique cherche à améliorer la réponse aux risques en la matière.

Les inspections annuelles de sites classés vont augmenter de 50% d'ici 2022 selon un plan d'action gouvernemental dévoilé mi-février par la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne.

Les députés qui ont participé à une mission parlementaire sur cet incendie ont eux proposé d'augmenter les sanctions contre les pollueurs, d'organiser des exercices d'évacuation de la population et d'augmenter les effectifs des inspecteurs d'usines.

Une commission d'enquête au Sénat doit de son côté rendre ses conclusions début avril.

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© 2020 AFP

Un imposant coco de mer de 10 kilos coincé entre les pieds, Christophe Bristol assène de violents coups de maillet sur un ciseau à bois pour extraire la précieuse pulpe de cet icône seychelloise, dont la forme suggestive et les prétendues vertus aphrodisiaques font la renommée mondiale.

"La pulpe est revendue très cher en Chine, donc chaque morceau compte", explique l'expérimenté découpeur de la plus grande graine du règne végétal, dont les contours de bassin féminin ont donné son nom le plus usuel à ce symbole national qui se trouve même sur les armoiries du pays: le "coco fesse".

Dans cet entrepôt d'Au Cap, sur la côte est de Mahé, la principale île des Seychelles, de larges perles de sueur glissent sur le front de M. Bristol, qui s'affaire sur ce fruit mythifié des siècles durant et dont le braconnage n'a été endigué que très récemment.

Car le coco de mer, dont moins de 2.000 noix seulement sont exploitées chaque année aux Seychelles sous un très strict contrôle des autorités, ne se donne pas facilement.

"Pour ouvrir et vider un coco de mer, cela prend environ 20 minutes, c'est beaucoup plus difficile qu'une noix de coco traditionnelle", assure M. Bristol, maître d'un savoir-faire unique au monde, les impressionnants cocotiers de mer ne poussant que sur deux îles des Seychelles, Praslin et Curieuse.

 

Cette difficulté tient à la fois à l'extrême dureté de la coque, ainsi qu'à la nécessité de ne pas trop endommager cette dernière.

La coque est coupée en deux, le long du sillon lui donnant sa forme particulière, vidée à l'aide de ciseaux à bois dont le tranchant s'émousse rapidement, puis recollée en vue d'être vendue dans des boutiques de souvenir, pour un prix moyen allant de 3.000 à 4.000 roupies seychelloises (de 200 à 265 euros), accompagnées d'un certificat.

"Maintenant, on coupe le coco en deux avec une puissante scie électrique, mais avant on faisait cela avec une scie à bras, et cela pouvait prendre jusqu'à une demi-heure (rien que pour ouvrir la noix) tellement la coque est dure", souligne l'artisan. "Elle est plus dure que la plupart des types de bois".

Liste rouge

La pulpe, ou kernel, peut être vendue jusqu'à 100 dollars le kilo (91 euros), selon le ministre du Tourisme, Didier Dogley, ancien ministre de l'Environnement.

"Les Chinois, mais aussi certains locaux, ont des superstitions", raconte M. Bristol, évoquant les vertus aphrodisiaques prêtées à ce fruit. "Ils le moulent, le mettent dans de l'alcool comme le whisky, le boivent, et cela leur donne de la force. C'est le mythe", dit-il.

Le coco de mer fait l'objet de convoitises depuis des siècles. En Europe et en Asie, dès le XVIe siècle, il passait pour avoir des vertus curatives exceptionnelles.

A l'origine, on trouvait la noix à la dérive en pleine mer, ou échouée sur des plages de l'océan Indien. Ne l'ayant jamais vu pousser sur terre, les marins pensaient qu'elle provenait d'arbres enracinés dans les fonds marins - d'où son nom, coco de mer.

Ce n'est qu'au XVIIe siècle que le lieu d'origine du fruit géant fut déterminé.

Après avoir légèrement perdu de son attrait - notamment en raison de son goût moins sucré que la noix de coco classique -, le coco de mer a connu un regain d'intérêt après l'indépendance des Seychelles en 1976, en parallèle au développement du tourisme.

A tel point que les autorités seychelloises décidèrent dès 1978 d'en contrôler le commerce. Des mesures qui n'ont toutefois pas empêché le développement du braconnage, qui a longtemps menacé le cocotier de mer, classé depuis 2011 sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les autorités seychelloises ont finalement réussi à mettre un terme au braconnage en durcissant dans les années 2010 la surveillance des zones où ils poussent, comme la vallée de Mai, classée au patrimoine de l'Unesco, ainsi que la régulation du commerce du coco de mer.

Interdiction d'exporter la graine

"La situation du coco de mer, je la mets toujours en parallèle avec ce qui arrive à l'éléphant en Afrique", souligne Didier Dogley.

Seules quatre entreprises disposent d'ailleurs d'une licence pour le traitement et l'exportation de la pulpe, parmi lesquelles Island scent, pour laquelle travaille Christophe Bristol.

 

Soigneusement numérotés, les cocos de mer sont pesés avant la découpe. M. Bristol mesure ensuite séparément le poids de la pulpe extraite et le consigne dans un carnet qui sera passé en revue par les autorités.

Il découpe ensuite les larges morceaux blancs en très fines tranches qui seront séchées, conditionnées, exportées pour au final être revendues en Asie.

"On se sent vraiment seychellois quand on fait ce genre de travail. C'est unique au monde, donc j'en suis très très fier", témoigne M. Bristol.

Désireuses de capitaliser sur cette ressource unique, une des rares disponibles dans ce pays devant importer plus de 90% de ses biens, les autorités interdisent l'exportation de la graine non vidée, qui pourrait être plantée ailleurs, et encouragent la transformation de la pulpe afin d'augmenter la valeur ajoutée produite sur leur territoire.

 

Liqueur, mets gastronomiques, cosmétiques... le coco de mer est décliné de multiples manières.

Le dernier venu de la gamme "coco fesse" est un "brandy des îles" dont la marque a été lancée fin novembre, et sera vendu à plusieurs centaines d'euros la bouteille.

Au Kenya, le ministère de l'Agriculture a annoncé sa décision d'interdire l'abattage commercial des ânes dont la peau est très prisée sur les marchés chinois. Les autorités ont dénoncé la hausse des vols d'animaux à travers le pays et leurs conséquences pour les communautés locales.

Plus aucun âne ne sera tué dans les abattoirs du Kenya. Le ministère de l'Agriculture a annoncé le 25 février sa décision d'interdire l'abattage commercial des animaux, près de huit ans après l'avoir légalisé pour alimenter la demande chinoise en forte hausse. La peau des ânes est en effet très prisée sur les marchés chinois où on lui prête de nombreuses vertus médicinales.

Depuis 2016, les autorités avaient autorisé la création de quatre abattoirs à travers le pays, destinés à exporter la viande et la peau des ânes vers l'Asie. Ce sont ainsi plus de 300.000 bêtes qui auraient été abattues en trois ans, selon la Kenya Agriculture and Livestock Research Organization (KALRO). Avec un rythme désormais passé à au moins 1.000 ânes tués par jour, a précisé le groupe Brooke East Africa.

 

Plus de 4.000 ânes volés à leurs propriétaires

Alors que le gouvernement kenyan voyait à travers cette activité l'opportunité de créer des emplois et d'augmenter la valeur commerciale des ânes, il en dénonce aujourd'hui les conséquences. Notamment l'augmentation des vols pour alimenter le marché noir : selon le KALRO, plus de 4.000 bêtes ont été dérobées entre avril 2016 et décembre 2018 dans le pays.

Ce trafic a déclenché une vague de protestations parmi les communautés qui dépendent des équidés pour survivre et se déplacer. "Nous voulons stopper cette criminalité. Nous voulons stopper cette violence", a assuré le ministre de l'Agriculture, Peter Munya, après une rencontre avec des propriétaires d'ânes à Nairobi.

"Nous voulons redonner à l'âne sa place légitime dans notre société - celle de soutenir nos conditions de vie et fournir un moyen de transport crucial qui n'est pas aisé à obtenir, en particulier pour ceux qui se trouvent en bas de l'échelle de notre société", a-t-il poursuivi repris par Reuters. Le ministre s'est également inquiété des conséquences pour la population animale.

 

D'après des données publiées par le gouvernement la semaine passée, le Kenya dénombre environ 1,2 million d'ânes, comparé à 1,8 million il y a dix ans. Et le rythme d'abattage serait devenu cinq fois supérieur au rythme de croissance de la population animale. Si le commerce se poursuit, cette dernière pourrait ainsi être décimée et ceci pourrait durement frapper l'économie du pays, a déclaré Peter Munya.

"La politique autour de l'abattage des ânes n'avait pas été bien réfléchie", a-t-il reconnu. "Les bénéfices apportés par le travail traditionnel que les ânes fournissent sont bien supérieurs aux quelconques bénéfices que vous pourriez tirer de l'abattage d'un âne et de la consommation de sa viande", a-t-il ajouté. Suite à l'interdiction adoptée, les abattoirs ont un mois pour fermer ou modifier leurs activités.

 

Une décision saluée par les défenseurs des ânes

La PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) s'est vivement réjouie de la décision du gouvernement kenyan. Cela faisait deux ans que cette interdiction était réclamée par l'ONG qui a mené une vaste enquête dénonçant les mauvais traitements réservés aux ânes venant souvent de pays limitrophes tels que l'Ethiopie.

Les propriétaires kenyans ont également salué cette nouvelle interdiction mais se sont inquiétés que le trafic et les vols ne se poursuivent, face à la demande toujours en hausse. "Nous avons perdu beaucoup d'argent à cause du vol de nos ânes", a déploré John Nduhiu Kuiyaki, à la tête d'une association de propriétaires à Naivasha, à une centaine de kilomètres de Nairobi.

Alors que ce groupe de trente habitants possédait cent bêtes, une cinquantaine d'entre elles ont été dérobées au cours des trois dernières années, a expliqué le Kenyan à la Thomson Reuters Foundation. Une fois volés, les ânes sont abattus illégalement puis leur peau est récupérée pour fabriquer une gélatine appelée ejiao.

Autrefois consommée par les élites, cette substance est devenue de plus en plus prisée par les classes moyennes aisées. Selon l'Africa Network for Animal Welfare, la valeur d'un âne adulte aurait quadruplé depuis 2012. Et la demande pour l'ejiao s'est multipliée par dix atteignant un total d'environ 6.000 tonnes par an en Chine.

Les défenseurs des animaux espèrent maintenant que le Kenya va encourager d'autres pays africains à faire de même. "Cette décision prise par le gouvernement kenyan peut changer la donne", a commenté Mike Baker, directeur général de The Donkey Sanctuary. D'après un rapport de cette ONG britannique, les peaux d'au moins trois millions d'ânes auraient été importées en Chine rien qu'en 2016.

 

"Des pays comme la Tanzanie se sont engagés dans ce commerce uniquement parce qu'ils perdaient des ânes en nombre vers le Kenya. Maintenant, ils n'ont plus aucune raison d'autoriser les abattoirs d'ânes et nous les appelons à suivre le chemin du Kenya", a-t-il conclu.

GEO

Dans le domaine du transport, les populations de la banlieue de Dakar font face à plusieurs offres. En sus des véhicules de transport appelés communément « Car Ndiaga Ndiaye et Car rapide », il y a les taxis « jaunes noirs » et les taxis dits « clandos ». Sans oublier les bus de Dakar Dem Dikk. Les bus tatas sont venus s’y greffer, apportant une amélioration dans le déplacement des populations, nonobstant quelques difficultés.

Les Taxis dits « clandos » : un mal nécessaire

Croisement Tally Bou Mag. Le soleil projette ses derniers rayons du jour. Un vent frais souffle. Les lieux grouillent de monde. Les va et vient sont intenses. Chacun hâte le pas pour rentrer chez soi, après une longue journée de travail, en ce vendredi 20 décembre. Les rabatteurs communément appelés « coxeurs » hèlent les clients. « Thiaroye-Yeumbeul ! Thiaroye-Yeumbeul ! Thiaroye-Yeumbeul ! ». Chaque apprenti tente de remplir très vite son véhicule. Idem à l’arrêt de Guédiawaye. Non loin, se trouve le garage des taxis dits « clandos ». Ici toutes les destinations vers Guédiawaye sont disponibles. Un groupe de clients attend l’arrivée d’un « clando ». Une dame d’une quarantaine d’années dégage l’air de quelqu’une qui est pressée. « Je rentre à Hamo 6. Je suis vraiment pressée. Il commence à faire nuit », dixit Rama Guèye. A la question de savoir si les taxis dits « clandos » sont importants dans le système du transport. Elle répond sans ambages. « Ah Oui. C’est un moyen de transport utile ici en banlieue. Ils vous acheminent jusque dans les coins les plus reculés de la banlieue. En plus le billet n’est pas cher. Moi je ne paye que 200 F jusqu’à Hamo 6. Vous voyez que c’est important. Et puis le service est presque continu. Et il y a un petit confort car vous n’êtes pas nombreux dans le véhicule », lâche-t-elle, avant de prendre place dans un « clando » qui vient de garer sous ses pieds. Seulement elle déplore le manque d’organisation des taxis dits « clandos ».

« Dans certains garages quand les clients viennent, ils font le rang. Mais ici ce n’est pas le cas. Les clients se bousculent pour avoir de la place. A mon avis, les responsables du garage doivent organiser les clients de sorte qu’il n’y ait pas de bousculade. Que les gens fassent le rang. C’est plus civilisé »,  déplore Mme Guèye.

 Non loin, un groupe de quatre chauffeurs est assis. Ils sirotent du café Touba. Abdou Aziz Ndiaye « brûle » sa quarante deuxième (42 ans) année. Il évolue dans le transport depuis une quinzaine d’années. Pour lui, les « taxis clandos » sont très importants dans la banlieue. « Parfois, ils nous arrivent d’amener un client à destination sans qu’il ne paye. Nous faisons du vrai social.  C’est vrai que les « clandos » sont d’office irréguliers mais nous jouons un rôle prépondérant dans le transport » dit-il. Des propos que corrobore le président du Réseau des taxis Banlieue (Retab). Selon Samba Guèye, les taxis dits « clandos » sont un mal nécessaire.

« Ce sont des jeunes qui viennent d’avoir leurs permis de conduire et des vieux qui sont le plus souvent dans le secteur. Ils y gagnent honnêtement leur vie. Ce sont les taxis clandos qui acheminent les populations jusque dans des endroits reculés. Les tarifs que nous fixons sont abordables pour les clients », explique M. Guèye. A l’en croire, les taxis dits « clandos » ont une histoire au Sénégal. Mais selon le Président du Retab, leur ambition est de moderniser le secteur. « Nous avons commencé le projet. Si vous allez à l’entrée de Pikine, appelée Bountou Pikine, vous verrez des véhicules de 7 places, qui roulent entre Bountou Pikine et la station Texaco. Ce sont ces véhicules-là qui vont remplacer les taxis clando », soupire Samba Guèye.

 Par Tounkang Gano

Si l’on en croit l’anthropologue et ethnologue français Claude Levis Strauss, « Tout est dans les origines ». A l’origine du concept de développement durable, le constat réalisé est celui du cumul des crises écologiques, économiques et sociales. « Il ne s’agit pas, en effet de crises isolées : une crise de l’environnement, une autre de développement, une autre énergétique. Non, de crise, il n’y a en qu’une ». Rapport Bruntland « notre avenir à tous » (CMED 1987). Pour le Professeur en sciences politiques, Bruno VILLALBA, cette réflexion est politique car, elle interroge le problème de la décision politique. Comment concilier les enjeux du développement humain et les limites environnementales ? Comment construire un ordre du monde compatible avec la finitude ?

Depuis la publication de ce rapport jusqu’à nos jours, c’est cette même notion de gouvernance qui va être diffusée en même temps que la notion de développement durable dont les trois piliers renvoient aux impératifs de la préservation de l’environnement. A savoir l’efficacité économique comme moyen, le développement individuel et collectif comme objectif et enfin l’équité comme un ensemble (condition, moyen et objectif).

Sur le terrain, l’on constate que malgré d’incontestables avancées sur le plan technique (mobilier, habitat, énergie), la question sociale est souvent négligée au profit des politiques strictement environnementales ou d’objectifs purement économiques. C’est ce qui fait que l’on a parfois du mal à définir les priorités et la finalité du développement durable.

En renonçant, en raison du mouvement de contestations, d’accueillir du 2 au 13 décembre 2019 la 25eme Conférence des parties (COP) sur les changements climatiques, le président du Chili Sebastian Piñera n’a manqué de manifester son impuissance. « Nous déplorons profondément les problèmes et les inconvénients que cette décision aura sur la COP 25. En tant que président de tous les Chiliens, je dois toujours donner la priorité aux problèmes et aux intérêts des Chiliens, à leurs besoins et à leurs espoirs ».

Finalement délocalisée à Madrid, sous la Présidence Chilienne, cette COP25 a été accueillie par une marche des Ongs et de la société civile pour réclamer des mesures radicales et immédiates pour limiter le réchauffement de la planète.  Placée sous le signe de l’action, la COP25 qui s’est finalement terminée sur une note de déceptions (un accord à minima avec des divergences qui persistent).

Bargny et Mbeubeuss se font entendre

C’est sur cette même terre espagnole que le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall a annoncé la transformation de la centrale à charbon de Bargny en une centrale à gaz. Une bonne nouvelle pour les populations locales et l’environnement dans son ensemble.

En décidant de décarboner le combustible par des procédés technologiques qui permettent réellement de réduire les émissions de Co2, le Sénégal prend une option sérieuse dans le respect de la matérialisation de la Contribution Déterminée Nationale (CDN). Un engagement juridique universel et contraignant, dont dépend l’avenir de l’humanité.

L’histoire pourrait presque s’arrêter là, mais parallèlement, les sénégalais sont sortis massivement le vendredi 13 décembre 2019 pour répondre à l’appel d’organisations de la société civile pour une marche contre la hausse du prix de l’électricité. Le samedi 14 décembre 2019, les habitants de la banlieue ont organisé un sit-in pour  exiger la fermeture de Mbeubeuss, la plus grande décharge d’ordures de Dakar, que certains qualifient de bombe écologique.

Si les manifestations sont d’ordre sociales au Chili, environnementales en Espagne, elles ont été à la fois économiques, sociales et environnementales au Sénégal.

Ainsi, l’horizon de synthèse des manifestions dans les trois capitales (Santiago, Madrid et Dakar) se trouvant dans trois différents continents, porte le visage et la signature des trois piliers du développement durable.

Toutes ces manifestations nous montrent que nous vivons dans des sociétés dans lesquelles la peur prospère.  Et ce qui est nouveau dans cette situation c’est que la peur est présentée aujourd’hui comme un facteur de sagesse et de prudence. C’est pourquoi de l’avis du philosophe français, Luc Ferry « la peur doit être appréhendée comme une passion positive qui doit nous conduire à la sagesse. Une activité dans laquelle la satisfaction de la population va se jouer dans la qualité de la relation que les gouvernants entretiennent avec les gouvernés ».

Selon le médecin, chercheur, et professeur en immunologie, Jean Claude Ameisen, dans le registre de la vie de tous les jours, nous devons toujours apprendre à faire la différence entre « survivre, continuer à vivre et véritablement vivre…. Et que….  Si les conditions nécessaires à la vie ne sont pas atteintes, la vie ne peut pas continuer à essayer d’atteindre quelque chose d’autre ».

Toute cette réflexion fait appel, de notre part, à trois niveaux de lecture :

 

  • D’abord, l’imbrication et la fréquence des manifestations posent incontestablement le problème de la gouvernance et du projet collectif que les uns et les autres veulent (Co-) construire ensemble.
  • Ensuite, l’émergence ne doit pas se faire n’importe comment ; mais elle doit se faire en suivant des règles et en fonction de l’environnement.
  • Enfin, chaque étape de la vie, doit être pensée comme une étape de métamorphose et de développement nous permettant d’acquérir quelque chose de nouveau au prix de la perte d’autres choses que nous considérons comme non essentielles dans le but d’atteindre un degré de richesse et d’interactions avec les autres. Ce qui est pour Amesein « l’essentiel de la vie ».

 

Baye Salla MAR

JPMorgan Chase a annoncé mardi 25 février vouloir faciliter dès cette année des projets et initiatives liés au développement durable à hauteur de 200 milliards de dollars. C'est une hausse de 14,3 % sur un an, a fait savoir la première banque américaine à l'occasion d'une journée de présentation de l'entreprise aux investisseurs. L’établissement américain reste toutefois l’un des principaux financeurs des énergies fossiles au monde.

La première banque américaine veut dédier 200 milliards de dollars au développement durable pour 2020. Elle envisage, soit d'octroyer des prêts, soit d'offrir des conseils financiers, soit d'aider des entreprises responsables à lever de l'argent frais auprès des marchés. JPMorgan souhaite ainsi soutenir les "initiatives climatiques", celles "contre la pollution de l'eau" et sur "la gestion du gaspillage". La priorité sera accordée aux projets portant sur le logement, l'éducation, la santé et le développement économique dans les pays émergents.

JPMorgan Chase va en outre arrêter de financer directement les projets d'exploration et de développement des hydrocarbures dans l'Arctique et va recadrer son financement du secteur minier et des projets liés au charbon. "Limiter le forage dans l'Arctique et le charbon sont des engagements gagnant-gagnant pour l'entreprise, ses actionnaires et la planète", a réagi Lila Holzman, une des responsables de As you Sow, dans un communiqué. L’ONG regrette néanmoins que la banque américaine ne se soit pas engagée à réduire son bilan carbone au niveau arrêté par l'Accord de Paris sur le climat.

65 milliards de dollars aux énergies polluantes

Au-delà de ces annonces, la banque semble prendre une position plus ferme sur le réchauffement. Dans une note envoyée en janvier à ses clients et révélée par des journaux britanniques,  elle écrit : "Nous ne pouvons pas exclure des conséquences catastrophiques là où la vie humaine telle que nous la connaissons est menacée". Les émissions de carbone émises dans les années à venir "continueront à affecter le climat pendant des siècles d'une manière qui sera probablement irréversible", écrivent les économistes qui préconisent l’instauration d’une taxe carbone.

Malgré ces bonnes intentions, il reste encore du chemin à faire pour la banque pointée du doigt par les ONG environnementales. Selon As you Sow, il s’agit de l'établissement finançant le plus les sociétés spécialisées dans les énergies polluantes. Elle leur a prêté ou aidé dans des transactions évaluées au total à 65 milliards de dollars en moyenne par an, affirme-t-elle. À l'inverse, la contribution de la firme aux projets et entreprises liées aux énergies renouvelables n'était que de 22 milliards de dollars sur les neuf dernières années.

L’annonce de JPMorgan intervient deux mois après celle de son concurrent Godlman Sachs qui est allé plus loin. La banque s’engage à ne plus financer directement les nouveaux projets de mines de charbon ou de centrales électriques liés à cette énergie fossile. Elle prévoit par ailleurs de sortir progressivement des projets miniers en cours, lorsque les entreprises ne lui fourniront pas de plan de sortie du charbon. Par ailleurs, Goldman Sachs s’engage désormais à ne plus financer de projets d’exploration ou de production pétrolière en Arctique.

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