Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Ioane Teitiota, un citoyen de Kiribati qui demandait l’asile à la Nouvelle-Zélande depuis des années, aurait bien pu devenir le premier réfugié climatique du monde. Le 24 janvier dernier, le Comité des droits de l’homme de l’ONU (« le Comité ») a soutenu le refus opposé à sa demande par la Cour suprême de Nouvelle-Zélande, observant que la situation de M. Teitiota ne représentait pas un danger imminent ni une atteinte réelle à ses droits fondamentaux ; mais le Comité a également estimé que les personnes fuyant les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles ne devraient pas être renvoyées dans leur pays d’origine (le principe de « non-refoulement ») si leurs droits humains fondamentaux s’en trouvaient menacés.

Avant de revenir sur cette décision qualifiée d’historique et sur ses conséquences potentielles, rappelons brièvement les faits, la fonction du Comité ainsi que la définition d’un réfugié et les obligations étatiques de non-refoulement dans le contexte du droit international.

Le changement climatique aux Kiribati

M.Teitiota, de l’archipel des Kiribati, s’est expatrié en Nouvelle-Zélande d’où il demandait l’asile depuis 2007, arguant que le changement climatique et la montée des eaux rendaient la situation sur l’atoll de Tarawa de l’archipel intenable et dangereuse.

L’archipel des îles Kiribati compte parmi les plus exposés à la montée des eaux. Il est menacé de disparition dès 2050 selon une estimation du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Pour M. Teitiota, l’archipel pourrait même devenir inhabitable dans les dix à quinze prochaines années puisque les conséquences de la montée des eaux incluent entre autres la salinisation, ce qui entraîne la raréfaction de l’eau potable, la pollution, la destruction des récoltes, des inondations fréquentes et une diminution du terrain habitable créant des conflits souvent violents entre communautés.

En 2015, au terme d’un long processus juridique, les tribunaux de Nouvelle-Zélande ont finalement tous rejeté la demande d’asile de M. Teitiota et l’ont ainsi contraint à retourner aux Kiribati avec sa famille. Il s’est alors tourné vers le Comité des droits de l’homme pour demander un arbitrage, alléguant que la Nouvelle-Zélande avait enfreint l’articles 6 (droit à la vie) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (« le Pacte »).

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU : observateur du Pacte

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies est un organe composé de 18 experts indépendants qui surveillent la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États parties.

De manière générale, le Comité examine les rapports que sont tenus de présenter les 172 États parties sur la mise en œuvre des droits consacrés par le Pacte. Il fait ensuite part de ses préoccupations et de ses recommandations à l’État partie sous la forme d’observations finales.

Le premier Protocole facultatif du Pacte, ratifié quant à lui par 116 États – dont la Nouvelle Zélande –, permet également au Comité d’examiner des plaintes individuelles de particuliers tels que M. Teitiota qui s’estiment victimes d’une violation d’un ou de plusieurs droits reconnus par le Pacte, une fois tous les recours juridiques épuisés au niveau domestique.

Les observations données par le Comité dans ses rapports étatiques ou dans le cadre des procédures de plaintes individuelles ne sont pas juridiquement contraignantes en soi, bien qu’elles imposent une obligation pour les États parties de s’y conformer de bonne foi.

Ce que sont et ne sont pas les réfugiés

L’impact des facteurs environnementaux et des catastrophes résultant du changement climatique sont reconnus comme pouvant avoir « des effets complexes sur les pays, les communautés, le bien-être des individus et leur capacité à jouir et à exercer leurs droits ».

Cependant, ni le droit international ni la décision du Comité ne parlent de « réfugié climatique », et la raison est simple. Les personnes déplacées pour des raisons climatiques ne semblent pas pouvoir être reconnues comme réfugiées selon les termes de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés (dite Convention de Genève) puisqu’un réfugié est une personne qui « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».

La Convention de Genève et son protocole sont les instruments principaux de droit international définissant à la fois ce qu’est un réfugié, quels sont ses droits et enfin quelles sont les obligations des États signataires à son égard.

Bien que les cinq critères énoncés dans la définition ci-dessus semblent exhaustifs, d’autres instruments régionaux ainsi que la pratique de certains États ont permis d’élargir cette définition afin de l’adapter aux conflits modernes. En somme, de nos jours, sont généralement considérés comme réfugiés les personnes fuyant des conflits armés. Concernant ceux fuyant les effets du changement climatique, cela semble pour l’instant plus délicat.

Un des principes essentiels de la Convention de Genève est celui voulant que les réfugiés ne soient pas expulsés ni renvoyés vers une situation où leur vie et leur liberté seraient menacées : c’est le principe de non-refoulement. Celui-ci est donc ancré dans le droit international d’asile mais également dans le droit humanitaire et le droit coutumier. Il est en particulier inscrit dans l’article 6 du Pacte, et ainsi protège non seulement les réfugiés mais tous ceux pouvant démontrer que leur expulsion ou renvoi dans leur pays d’origine constituerait une menace réelle et personnelle pour leur vie et leur liberté. Cependant, la barre reste très haute.

Ce que pourrait être un réfugié climatique

Le Comité a ainsi estimé que la situation personnelle de M. Teitiota et de sa famille était insuffisante pour renverser la décision de la Cour suprême néo-zélandaise, et que celle-ci n’avait donc pas porté atteinte au principe de non-refoulement en renvoyant la famille Teitiota aux îles Kiribati en 2015.

Interrogé par les auteurs pour cet article, professeur Gentian Zyberi directeur du Centre norvégien des droits de l’homme et membre du Comité des droits de l’homme a ainsi expliqué :

« Il est très difficile de constituer une opinion contraire à la décision des tribunaux de Nouvelle-Zélande. Au vu des faits et de la loi, le jugement n’est ni erroné, ni arbitraire, ni ne viole les droits fondamentaux de M. Teitiota. »

Cependant, lorsque les risques d’inhabitabilité deviennent imminents, le Comité a observé qu’il pourrait être illégal pour les gouvernements de renvoyer des personnes dans des pays où les effets du changement climatique les exposent à des phénomènes mettant leur vie en danger (article 6 du Pacte) ou dans lesquels elles courent un risque réel de subir des traitements cruels, inhumains ou dégradants (article 7).

Bien que la catégorie de « réfugié climatique » n’existe pas encore aux yeux du droit international et qu’en conséquence, il n’existe pas de « seuil minimum » d’éligibilité, les personnes fuyant les effets néfastes du changement climatique et l’impact des catastrophes, que celles-ci soient soudaines ou lentes à se manifester, pourraient avoir des raisons valables de demander le statut de réfugié en vertu de la Convention de Genève ou d’autres instruments régionaux relatifs aux réfugiés. Pour le Comité, il est nécessaire que les évidences scientifiques soient examinées au cas par cas afin d’en tirer les conclusions légales qui s’imposeront.

Les tribunaux néo-zélandais avaient eux-mêmes au préalable estimé que les dégradations environnementales pourraient être interprétées comme répondant aux critères de définition d’un réfugié selon la Convention de Genève.

Ainsi, en pratique, l’importance des efforts nationaux et internationaux visant à contrer le changement climatique est un élément clé de la décision du Comité. Comme l’explique toujours le professeur Zyberi :

« Le Comité reconnaît au vu des évidences présentées que Tarawa pourrait bel et bien devenir inhabitable d’ici dix à quinze ans parce que les conditions se détériorent. Deux choses peuvent arriver dans cet intervalle. D’abord, il est possible que les autorités nationales ou internationales trouvent quelque solution en mettant en place des mesures qui retarderaient ou enrayeraient le processus de montée des eaux et ses conséquences. Ou alors, il est possible que la situation se détériore complètement et alors une personne qui s’exilerait dans une autre juridiction pour demander l’asile ne pourrait pas être retournée aux Kiribati selon la règle du non-refoulement. Tous les habitants des Kiribati seraient alors potentiellement dans cette situation. »

D’où l’importance de trouver des solutions structurelles – en particulier pour les petits États du Pacifique, par le biais de la coopération régionale et internationale entre les États, ou par celui d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU. En outre, il s’agit non seulement de contrer les effets du changement climatique par le développement de politiques environnementales, mais également de penser la relocalisation des futurs déplacés.

L’Australie, prochain pays à faire face à ses responsabilités climatiques devant le Comité ?

Si le Comité reconnaît que les politiques environnementales des Kiribati témoignent que les autorités nationales cherchent à remédier aux causes et effets du changement climatique, en 2019 il a reçu une communication des communautés aborigènes du Détroit de Torrès (nord de l’Australie) et de leurs avocats affirmant que le réchauffement climatique menace leur survie et que l’inaction des autorités australiennes constitue à ce titre une violation de leurs droits humains. Plus précisément, ils estiment que leur droit à la vie, à une vie de famille et à la culture garantis par le Pacte sont directement menacées par les politiques pro-charbon du gouvernement australien.

Bien que cette plainte soit présentement au stade d’admissibilité devant le Comité, elle a été qualifiée de « potentiellement révolutionnaire » par le professeur John Knox, premier rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l’environnement. En effet, en vertu du Pacte et selon une observation du Comité, la responsabilité étatique de protection des populations dépend, entre autres, « des mesures prises par les États parties pour préserver l’environnement et le protéger contre les dommages, la pollution et les changements climatiques résultant de l’activité des acteurs publics et privés ».

Même si le Comité prend en compte la plainte des habitants du Détroit de Torrès, sa décision ne pourra pas être légalement contraignante. Mais elle participerait à faire pression sur le gouvernement australien, de la même manière que le cas de M. Teitiota rappelle à la communauté internationale que le temps d’agir, et d’agir ensemble… c’était déjà hier.

Doctorante, Centre Kaldor de droit international pour les réfugiés, UNSW

Doctorant au Centre norvégien pour les droits de l'homme, University of Oslo

Le delta du Mékong vietnamien est l’une des régions les plus productives sur le plan agricole et revêt une importance mondiale pour ses exportations de riz, de crevettes et de fruits. Les 18 millions d’habitants de ce delta de basse altitude sont aussi parmi les plus vulnérables au changement climatique. Au cours des dix dernières années, environ 1,7 million de personnes ont émigré de ces vastes étendues de champs, de rivières et de canaux, alors que 700 000 seulement y sont arrivées.

Au niveau mondial, la migration vers les zones urbaines reste toujours aussi élevée : une personne sur 200 déménage des zones rurales pour aller vers la ville chaque année. Dans ce contexte, c’est difficile d’attribuer avec certitude la migration à des causes individuelles, notamment parce qu’il peut être compliqué de trouver des personnes qui ont quitté une région et de leur demander pourquoi elles sont parties, et parce que chaque contexte local est unique. Mais le taux de migration net depuis les provinces du delta du Mékong est plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale, et même plus élevé dans les zones les plus vulnérables au climat. Cela signifie qu’il y a quelque chose d’autre – probablement lié au climat – qui se passe ici.

En 2013, nous avons visité la commune d’An Thạnh Đông, dans la province de Sóc Trăng, dans l’objectif de recueillir des données sur les rendements agricoles. Nous avons vite réalisé que pratiquement aucun fermier d’An Thạnh Đông n’avait de rendement à déclarer. La commune avait perdu toute sa récolte de cannes à sucre après que des niveaux étonnamment élevés d’eau salée se sont infiltrés dans le sol et ont tué les plantes. Ceux qui n’avaient pas de filet de sécurité se sont retrouvés à vivre dans la pauvreté. Au cours des semaines suivantes, des centaines de petits exploitants, dont beaucoup avaient cultivé dans le delta pendant des générations, nous ont dit que les choses étaient en train de changer et que leurs moyens de subsistance deviendraient bientôt intenables.

En 2015-2016, le delta a dû affronter la pire sécheresse qu’il y ait eu en un siècle. Elle a provoqué une infiltration d’eau salée sur 80 kilomètres à l’intérieur des terres, et la destruction d’au moins 160 000 hectares de cultures. À Kiên Giang (1,7 million d’habitants), l’une des provinces les plus touchées, le taux de migration net local a bondi et, au cours de l’année qui a suivi, environ un habitant sur cent est parti.

Dans ce puzzle, un article rédigé par des universitaires vietnamiens, et passé relativement inaperçu, pourrait bien constituer une pièce essentielle. Cette étude, rédigée par Oanh Le Thi Kim et Truong Le Minh de l’Université de Van Lang, suggère que le changement climatique représente la raison principale de migration pour 14,5 % de ceux qui quittent le delta du Mékong.

Si cette estimation se révèle correcte, alors ce sont 24 000 personnes qui quittent cette zone chaque année à cause du changement climatique. Il est ici important de souligner que la première cause de migration pour les habitants de la région reste le fait de fuir la pauvreté. Sachant que les liens entre changement climatique et pauvreté sont croissants et complexes, ce chiffre de 14,5 % pourrait bien être en dessous de la réalité.

Il existe une multiplicité de critères liés au changement climatique dans ces phénomènes de migration touchant le Delta. Certaines habitations sont ainsi littéralement tombées dans l’eau, une conséquence de l’érosion du lirroral dans la portion sud-ouest du Delta ; à certains endroits, ce sont 100 mètres de zone côtière qui ont été perdus en un an. Des centaines de milliers de foyers sont d’autre part touchées par l’arrivée d’eau salée, conséquence de la montée des eaux ; et seuls certains d’entre eux peuvent faire évoluer leurs productions vers des denrées tolérantes à l’eau salée. D’autres encore sont touchés par l’incidence accrue des épisodes de sécheresse, un phénomène qu peut être à la fois attribué au changement climatique et à la construction de barrages.

Les gouvernements et les communautés locales dans les pays en voie de développement ont déjà mis en place des mesures d’adaptation pour faire face aux effets du changement climatique. Notre récente étude menée au Vietnam met toutefois en garde sur la façon dont cette adaptation est parfois conduite. Nous sommes ainsi intéressés à un groupe de personnes contraint de quitter le Mékong dans le cadre de mesures prises à l’origine pour protéger ces personnes du changement climatique. Des milliers de kilomètres de digues, dont plusieurs mesurent plus de quatre mètres de haut, sillonnent désormais le delta. Si ces digues ont été construites en premier lieu pour protéger les gens et les récoltes contre les inondations, elles ont fondamentalement modifié l’écosystème. Les plus pauvres et les paysans sans terre se battent pour trouver du poisson à manger et à vendre ; ces digues empêchent également les nutriments charriés par les crues d’atteindre les rizières.

Cet ensemble de phénomènes indique à quel point le changement climatique peut intensifier les tendances actuelles de la migration économique. Une étude à grande échelle de la migration au sein des deltas a ainsi montré que certains facteurs climatiques – inondations extrêmes, cyclones, érosion et dégradation des terres – rendent encore plus précaires les moyens de subsistance dépendants des ressources naturelles, incitant les habitants à migrer.

Jusqu’à présent, les approches traditionnelles basées sur la croissance économique n’auront pas été bénéfiques aux plus vulnérables, privilégiant ceux qui vivaient déjà dans une richesse relative. Un chiffre frappant témoigne de cette situation : le nombre de personnes sous-alimentées sur Terre a progressé en 2016 de 38 millions alors que le PIB mondial affichait une croissance de 2,4 %. Une telle augmentation est en partie imputable au changement climatique.

Ces données doivent être présentes dans notre esprit, à l’heure où il convient d’apporter une réponse équitable et durable au changement climatique et à ce qui semble être une crise migratoire imminente.

 

Research Fellow in Human Geography, University of Southampton

Head of the Department of Water Resources, Can Tho University

En 2007, la BBC décernait le titre de premier réfugié climatique à Ioane Teitiota, ressortissant de l’île de Kiribati dans le Pacifique. Parti avec sa famille en Nouvelle-Zélande en 2007, il avait demandé l’asile à ce titre. Il fut renvoyé vers son île d’origine par les tribunaux néo-zélandais en septembre 2011.

L’histoire humaine témoigne depuis toujours d’individus fuyant les catastrophes naturelles. Mais aujourd’hui, face aux effets de plus en plus marqués des changements climatiques, leur vulnérabilité se trouve exacerbée.

Des protestants aux migrants

L’usage du verbe « réfugier » est constaté en France dès 1435. Il s’applique d’abord aux protestants ayant quitté la France pour pratiquer leur foi.

Dans le cadre du fonctionnement des États-Nations européens souverains, ce terme a une portée plutôt politique en vertu de la convention de Genève du 28 juillet 1951. L’article premier de cette convention stipule que :

« Le terme “réfugié” s’appliquera à toute personne qui craigne avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».

À ces réfugiés politiques, la rhétorique politique a pris l’habitude d’opposer les réfugiés économiques, c’est-à-dire les migrants fuyant la misère. À l’intérieur de l’UE, la migration interne et volontaire est devenue un problème épineux, les migrants pauvres d’Europe de l’Est étant perçus comme des profiteurs de la politique sociale avantageuse des États riches du nord du continent.

Par ailleurs, les attaques terroristes aux États-Unis ou en Europe font état d’une nouvelle catégorie : des réfugiés transformés en terroristes ou des terroristes déguisés en réfugiés.

Réfugiés environnementaux, réfugiés climatiques, déplacés environnementaux…

L’expression de « réfugiés environnementaux » apparaît formellement dans le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement de 1985. Le mot « écoréfugié » – comme synonyme de « réfugié climatique » – est, lui, vulgarisé en France en 2009.

Il existe toutefois une petite différence entre réfugié environnemental et réfugié climatique. Le premier ne renvoie qu’aux victimes des catastrophes naturelles contraintes de quitter leur habitat, tandis que le second désigne des victimes du changement et du réchauffement climatiques dus aussi bien aux catastrophes naturelles qu’aux activités humaines.

De la même manière, on fait la distinction entre le « réfugié » qui a trouvé de l’asile international et le « déplacé » qui n’a pas traversé les frontières nationales, et par conséquent, se trouve sous la protection de son gouvernement.

Comme le souligne Christel Cournil, maître de conférences en droit public (Paris 13) et coauteure du livre Les Migrations environnementales, enjeux et gouvernance :

« Réfugiés environnementaux, réfugiés écologiques, réfugiés climatiques, migrants environnementaux, écoréfugiés, personnes déplacées en raison d’une catastrophe naturelle… constituent les nombreuses expressions utilisées pour décrire les déplacements de populations en raison de dégradations de l’environnement. »

Fin 2008, la HCR avait recensé 40 millions de ces déplacés environnementaux et une étude menée conjointement par Institut de l’UNU pour l’environnement et la sécurité humaine, l’ONG Care et le Centre pour un réseau d’information international en sciences de la terre de l’Université de Columbia prévoit qu’en 2050 qu’ils seront 200 millions.

Le mouvement de ces personnes qui se déplacent pour cause de dérèglements climatiques s’esquisse du sud vers le nord. Les pays développés se trouvent ainsi confrontés à un double problème : comme elles ne sont pas victimes de la persécution, le statut de réfugiés ne peut leur être octroyé ; l’immigration et le chômage divisent déjà fortement les sociétés occidentales.

L’accueil de ces migrants forcés s’avère dès lors économiquement, socialement et culturellement difficile, même s’il existe un égard politique dû au respect des droits de l’homme.

Vers un statut juridiquement contraignant

La Suède et la Finlande ont introduit dans leur législation un mécanisme de protection pour les personnes fuyant une catastrophe écologique ou naturelle (voir les Swedish Aliens Act (2005) et Finnish Aliens Act (2004). Ici, le désastre environnemental peut être une cause valable pour demander l’asile).

Les juristes de l’Université de Limoges avaient élaboré une convention pour leur protection dès 2008. Pour ces spécialistes, des commissions nationales devraient travailler sur cette question de concert avec une agence mondiale dotée d’un fonds mondial pour les déplacés environnementaux.

En 2009, le juriste britannique David Hodgkinson et ses collègues Tess Burton, Simon Dawkins, Lucy Young et Alex Coram plaident pour une reconnaissance collective des personnes déplacées par le changement climatique en proposant de leur côté un projet de convention.

Il s’agit pour les pays développés d’offrir à ces déplacés des plans de réinstallation et d’assistance en s’appuyant sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée des États et de prévoir un fond pour parer à des événements climatiques – qu’ils soient lents ou soudains – ainsi qu’un établissement scientifique pour évaluer les risques.

Le principe de la justice climatique mise en avant durant la COP15 de Copenhague voit naître la campagne internationale pour les réfugiés climatiques pour exiger un cadre légal. L’adoption du paragraphe 14(f) de l’Accord de Cancún en décembre 2010 par la COP16 indique, d’autre part, que les États ont reconnu que la migration induite par le changement climatique est un facteur dont on doit tenir compte.

Suite à la Conférence de Nansen organisée à Oslo en 2011, la Norvège et la Suisse avaient promis d’élaborer une approche cohérente pour mettre en œuvre les dix principes Nansen.

L’Initiative Nansen

C’est dans ce contexte que l’Initiative Nansen fut lancée en 2012. Les multiples parties prenantes de ce processus de consultation ont précisé que l’initiative ne vise pas à développer des normes juridiques nouvelles, mais à construire un consensus sur les éléments d’un agenda de protection. Aux acteurs politiques de différents niveaux (national, régional, mondial) de parvenir à des instruments juridiques ou à des accords bilatéraux ou à une convention internationale applicable.

L’Initiative Nansen se focalise sur les déplacés transfrontaliers et privilégie l’approche préventive, en essayant de réduire la vulnérabilité des pays exposés aux risques, d’augmenter leur capacité de résistance et de rendre efficace leur gestion des désastres. Elle n’oublie cependant pas l’assistance aux personnes déplacées.

Les parties envisagent ici la modification du droit international des réfugiés pour inclure les réfugiés environnementaux et climatiques, l’instauration d’une protection contraignante pour les personnes déplacées internes ou encore la rédaction d’une nouvelle convention pour les écoréfugiés ainsi que des accords régionaux pour faire face à des scénarios catastrophiques tels que la disparition des états insulaires.

Les critiques soulignent l’ambivalence du débat : il est difficile d’affirmer que c’est la dégradation environnementale qui cause la migration. De la même manière, il est difficile de distinguer entre les réfugiés économiques et les réfugiés environnementaux. La compétition entre les écoréfugiés et les réfugiés économiques pour des ressources vitales peut, à son tour, donner lieu à des conflits. La qualification de « réfugiés climatiques » peut, par ailleurs, amoindrir l’attention devant être accordée aux écoréfugiés en tant que tels.

Tous nomades, tous réfugiés ?

Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que le paradigme de l’État-nation qui pose la limitation de la migration comme condition sine qua non de sa stabilité doit être revu. La mobilité humaine induite par le dynamisme du système capitaliste et soutenue par les technologies mobiles interroge notre sens d’identité et d’appartenance.

Dans un monde de plus en plus globalisé, nous sommes à la fois de partout et de nulle part. La distinction entre l’enraciné et le migrant, l’hôte et l’invité est en train de s’estomper au profit d’une métamorphose perpétuelle et mutuelle. Et vu l’état actuel du climat, nous serons tous des réfugiés climatiques un jour et serons peut-être amenés à chercher de l’asile loin de la Terre.

Maîtresse de conférences HDR en anglais,

Université Sorbonne Paris Nord – USPC

Après deux années de hausse, les émissions de CO2 liées à l'usage de l'énergie se sont stabilisées dans le monde en 2019, grâce notamment au développement des énergies renouvelables dans les économies développées, a indiqué mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Les émissions de CO2 dans le monde ont atteint 33 gigatonnes en 2019, un niveau similaire à celui de l'année précédente, malgré une croissance économique mondiale de 2,9%, selon des données de l'AIE, qui prévoyait auparavant une hausse.

L'agence cite comme raisons de cette stabilisation "le développement des énergies renouvelables (principalement éolien et solaire), le passage du charbon au gaz naturel, et davantage de production issue du nucléaire" dans les économies développées.

"Nous devons à présent travailler dur pour nous assurer que 2019 reste un pic définitif dans les émissions de CO2 et pas seulement une nouvelle pause dans leur croissance", a commenté Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, cité dans un communiqué. "Nous avons les technologies nécessaires pour y parvenir, nous devons toutes les utiliser", a-t-il ajouté.

 

Selon l'AIE, les émissions du secteur de l'énergie dans les économies développées sont descendues à des niveaux qui n'avaient pas été vus depuis la fin des années 1980, une époque où la demande d'électricité était un tiers inférieure à celle d'aujourd'hui.

Une météo plus douce dans plusieurs pays et un ralentissement de la croissance économique dans plusieurs marchés émergents figurent aussi parmi les facteurs cités par l'AIE.

Par pays, les Etats-Unis ont enregistré la baisse la plus importante, avec un recul de 2,9% soit 140 millions de tonnes de CO2 en moins.

Dans l'Union européenne, les émissions se sont repliées de 5% (-160 millions de tonnes). Le gaz naturel a produit plus d'électricité que le charbon pour la première fois, souligne notamment l'AIE.

De leur côté, les émissions du Japon ont reculé de 4% après le récent redémarrage de réacteurs nucléaires.

 

"Cette pause bienvenue dans la croissance des émissions appelle à l'optimisme sur notre capacité à lutter contre le changement climatique au cours de cette décennie", se félicite M. Birol.

Dans le reste du monde, les émissions ont néanmoins augmenté de 400 millions de tonnes, une hausse principalement due aux centrales à charbon en Asie.

© 2020 AFP

Avec ses façades élégantes et ses avenues verdoyantes, le quartier huppé d'Héliopolis au Caire a longtemps été un havre de paix dans une mégalopole surpeuplée. Mais, depuis quelques mois, il subit des transformations radicales sous les yeux effarés de ses habitants.

Depuis l'été dernier, les autorités s'affairent à raccorder Le Caire à la nouvelle capitale administrative, objet d'un vaste chantier orchestré par l'armée en plein désert, à 45 km à l'est du coeur de la capitale égyptienne.

Ce méga projet de plusieurs dizaines de milliards de dollars, destiné à accueillir dès fin 2020 les institutions nationales et étrangères, est présenté comme un symbole du pouvoir autoritaire d'Abdel Fattah al-Sissi, président depuis 2014 et qui l'a mis en oeuvre.

Face à la nouvelle métropole, vouée notamment à soulager la pression démographique, Héliopolis abrite encore pour quelques temps la présidence et plusieurs institutions militaires.

 

Mais cette cité créée en 1906 par le baron Empain, un riche industriel belge, sur le modèle de la cité-jardin européenne, est déjà reléguée au second plan.

Dans le pays le plus peuplé du monde arabe (100 millions), dont la capitale absorbe un cinquième des habitants, Héliopolis est passé du statut de banlieue chic à celui de simple axe entre Le Caire et la future métropole, qui ne porte pas encore de nom.

- "Acte de sabotage" -

Ces derniers mois, au grand dam de ses habitants, les autorités ont procédé, sans préavis, à l'abattage massif des arbres de ce joyaux architectural, savant mélange de styles orientaux et européens.

Pas moins de six nouveaux ponts routiers reliant le quartier à la route de Suez, qui mène à la future capitale, doivent faciliter la circulation automobile.

"Héliopolis a été créée pour les piétons, les voitures y ont toujours été secondaires", s'indigne Aliaa Kassim, journaliste et bénévole de l'association Heliopolis Heritage Initiative (HHI) pour la défense du patrimoine de la ville, en évoquant les récents bouleversements.

 

En quatre mois, l'équivalent de 390.000 m2 de surface arborée, soit plus de 50 terrains de football, ont été rayés de la carte, selon les calculs réalisés par HHI.

La place Triomphe, les avenues al-Nozha et Abou Bakr al-Seddik, connues pour leurs palmiers et leurs ficus anciens, ont fait place à des axes dotés d'une douzaine de voies, qui dénaturent radicalement l'identité du quartier.

Pour Dalila al-Kerdani, professeure d'urbanisme à l'université du Caire, ces travaux s'apparentent à "un acte de sabotage" dans ce quartier, jusque-là rare poumon vert de la capitale égyptienne.

Ces transformations urbaines, dont le coût s'élève à près de 44 millions d'euros (7,5 milliards de livres égyptiennes) ont aussi achevé d'enterrer le projet de rénovation du tramway d'Héliopolis, qui avait pourtant reçu des financements internationaux en 2018.

 

Dans la cour du café Chantilly, une institution du quartier, Choucri Asmar, membre fondateur de HHI, regrette qu'un "moyen de transport durable ait été sacrifié pour plus de voitures".

Bien que certains reconnaissent une plus grande fluidité du trafic, les Héliopolitains dénoncent un projet mené à la hâte.

- "Fait accompli" -

"Nous avons été mis devant le fait accompli", déplore M. Asmar. Et pour cause: plusieurs étapes réglementaires, à commencer par la consultation des habitants, ont été brûlées.

Le projet a également été lancé sans l'autorisation de l'organisation nationale pour l'harmonie urbaine (NOUH), chargée de la mise en valeur du patrimoine urbain, souligne Mme Kerdani.

Excepté quelques députés, les autorités semblent assez peu préoccupées par les griefs des résidents, qui dénoncent notamment une multiplication des accidents meurtriers sur les routes élargies.

 

Lors d'une réunion publique mi-janvier, Oussama Okail, l'ingénieur qui a supervisé les travaux, a déclaré, sous les huées des Héliopolitains, qu'installer "des passages piétons revient aux résidents" et non à l'Etat.

Sollicité par l'AFP, le gouvernorat du Caire, dont dépend Héliopolis, n'a pas fait de commentaires.

Interpellée par HHI, l'Autorité du génie civil, puissant organe dépendant des forces armées qui pilote le projet, a elle botté en touche, au prétexte "que la décision venait de la présidence" selon M. Asmar.

Devant cette modernisation imposée, Mme Kerdani craint que Le Caire ne s'étende à terme "jusqu'à Suez", à 130 km d'Héliopolis, créant "un ensemble monstrueux et ingérable", aux dépens des espaces verts et du patrimoine.

Tandis qu'Héliopolis s'est transformée à contrecoeur, M. Asmar redoute elle que les quartiers populaires voisins d'al-Matariya et Nasr City, où des travaux ont commencé, ne subissent le même sort, dans une indifférence plus grande encore.

 

Les Héliopolitains, qui représentent plutôt une population aisée et influente, sont "sûrement les plus à même de critiquer ouvertement" ces changements, dit M. Asmar. "Si nous nous taisons, tout le monde se taira".

© 2020 AFP

Bagdad s'est réveillée mardi sous la neige, un phénomène rarissime dans ce pays du Moyen-Orient davantage habitué à souffrir de la chaleur extrême et qui n'avait connu qu'un précédent en plus d'un siècle, en 2008.

Il y a 12 ans, il s'agissait de neige fondue, mêlée à des averses de pluie. Cette fois, ce sont plusieurs centimètres de neige qui ont recouvert voitures, trottoirs et palmes des dattiers.

Mardi matin, outre Bagdad, la ville sainte chiite de Kerbala, plus au sud, était aussi recouverte de quelques centimètres de neige. Dans ces deux villes, les enfants s'en donnaient à coeur joie en se lançant des boules de neige dans les rues.

"Cet épisode neigeux va se prolonger mercredi", a indiqué à l'AFP Amer al-Jaberi, directeur du centre météorologique de Bagdad, précisant que cette vague de froid venait du continent européen.

Le nord irakien, montagneux, est tous les ans enneigé et des stations de ski ont même vu le jour au Kurdistan. Mais dans le sud, où la température dépasse 50 degrés en été, la neige est rarissime.

A Mossoul, la grande ville du Nord, la mosquée al-Nouri, où le "calife" autoproclamé du groupe Etat islamique (EI) avait fait son unique apparition publique, était mardi sous un manteau de neige, de même que les décombres de la Vieille ville ravagée par la guerre contre les jihadistes.

Ailleurs dans le Nord, la neige recouvrait également les tentes des camps des centaines de milliers de déplacés --chassés de leurs maisons par la percée de l'EI en 2014-- ou de réfugiés, venus de la Syrie voisine en guerre.

L'Irak, dont un tiers des 40 millions d'habitants vit de l'agriculture, souffre de sècheresse chronique et les autorités assurent espérer cette année une meilleure saison agricole en raison des pluies qui ont alimenté les fleuves, en partie asséchés par les barrages construits en Turquie et en Iran voisins.

© 2020 AFP

Comme un peu partout ailleurs, l’utilisation répétée d’engrais chimiques et de pesticides a fortement dégradé les terres du Burkina Faso, laissant aux agriculteurs des terres pauvres en nutriments, peu propices à l’agriculture. La baisse de production qui en résulte met leur sécurité alimentaire en danger. Cependant, l’agro écologie permet d’augmenter la productivité et donc d’améliorer les conditions de vie des producteurs tout en assurant le renouvellement de la fertilité des sols et des ressources naturelles. Créé en 1990, dans la perspective  de la recherche des solutions pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso, par des visionnaires, qui ont crue à la terre nourricière et aux capacités des vaillants producteurs à prendre en charge leur développement, l'Association pour le développement des techniques agro écologie (ADTAE) est aux côtés des femmes de Korsimoro depuis une trentaine d'années pour leur autosuffisance et épanouissement avec l'aide de la Mutuelle de microcrédit en milieu rural de ladite association.

 

30 ans après la formation des premiers élèves de Pierre Rabhi, pionnier de l'agriculture écologique en France, agriculteur, philosophe, auteur et inventeur du concept «Oasis en tous lieux» au Burkina Faso, la relève agro écologique se déploie en Afrique de l’Ouest. L'ADTAE fait partie aujourd'hui de ces associations qui accompagnent les femmes paysannes vers la reconquête de leur autonomie. Située dans le Centre-Nord du Burkina Faso, Korsimoro est une ville productrice de l'oignon grâce à ses vaillantes femmes qui ont fait de la culture de cette légume, une réalité au pays des Hommes intègres. Bien qu'elle soit peu organisée, la filière oignon est donc incontestablement en nette croissance et se hisse à la tête des cultures maraîchères au Burkina Faso. La culture de l'oignon génère annuellement d'importants revenus aux acteurs de la filière. Des femmes entrepreneures, on en trouve aux quatre coins du Burkina. Citées en exemple dans leur domaine, elles réussissent à force de persévérance et aussi grâce à l’appui de certains partenaires, à se faire une place au soleil, dans les fermes ou les marchés à l'image de ces femmes de Korsimoro.

Saïbata Sawadogo, présidente de la coopérative de productrices d'oignons Wend songda de Hanhui fait remarquer que c'était vraiment difficile pour elle avant qu'elle ne commence la culture d'oignons. "Depuis que j'ai commencé ce travail, je m'en sort très bien parce qu'aujourd'hui, j'arrive à prendre soin de moi-même, scolariser mes enfants, régler les problèmes de santé. Je me suis même acheté mon vélo pour me déplacer et également pour mes enfants. J'arrive à aider mon époux pour les dépenses quotidiennes", témoigne-t-elle.

Toutefois, des difficultés existent : "Nous avons besoins des machines pour moderniser la culture. Nous produisons mais nous n'avons pas de marchés pour la commercialisation parce qu'il est difficile de produire et de ne pas avoir de débouchées pour la vente. Nous souhaitons que l'Etat et les partenaires nous accompagne surtout pour conquérir les marchées du Ghana, du Togo, de la Côte d'Ivoire et du Bénin. Je compte vraiment développer cette activité pour répondre aux besoins de ma famille."

Pour le cas pratique de ces femmes de Korsimoro, Hanhui Naaba Boulga, chef du village de Hanhui explique que c'est depuis 1991 que l' initiative a vu le jour. En effet, les femmes louent la planche (30m/5m) à 5.000 FCFA et contribuent pour l'entretien et l'achat du carburant pour les motopompe à hauteur de 2500 FCFA par mois. "Il y a plus de femmes que d'hommes. Elles viennent de tous les villages environnants et chacun y gagne pour son compte. Nous avons besoins d'aide parce que la demande est forte mais malheureusement, nos moyens sont limités. Nous souhaitons également que la mutuelle nous accompagne davantage", explique le propriétaire terrien.

Difficultés rencontrées

Malheureusement la chaîne de valeurs des oignons de l’Afrique de l’Ouest en général et au Burkina en particulier, est caractérisée par une forte saisonnalité et d’importantes insuffisances structurelles et organisationnelles qui entravent la capacité des producteurs à satisfaire entièrement la demande du marché sous régional tout au long de l’année. En outre, la faible capacité des États à surveiller les flux transfrontaliers en particulier lorsqu’une grande partie des échanges est effectué par le secteur informel ne facilite pas une analyse et une compréhension plus exhaustive de la portée actuelle du commerce sous régional. Cette situation a permis à d’autres pays plus efficients et grands producteurs, de l’UE et d’ailleurs, d’exploiter ce qui constitue un fossé de compétitivité croissant en ciblant les marchés de l’Afrique de l’Ouest, particulièrement pendant les mois de morte-saison.

Ce qui justifie la pratique de l'agro écologie depuis bien des lustres au pays de Thomas Sankara. Yves Zongo est le président de l'Association pour le développement des techniques agro écologie (ADTAE). Il explique que l'agro écologie est l'ensemble des pratiques pour amender le sol et son environnement et attendre de ce sol et son environnement, ce qu'il a pour les humains. En effet, c'est tout un triangle vertueux qui consiste à utiliser tout ce que l'on produit comme matière organique pour produire du compost afin d'être utilisé dans le maraichage comme dans l'agriculture pour produire dans une dimension plus élevée et valeureux, de sorte qu'on puisse utiliser les produits pour nourrir l'humain et les animaux. Et les matières organiques que laissent les humains et les animaux peuvent être réutiliser. Ainsi, l'être humain se protège, arrange son environnement, utilise les animaux, les arbres et les herbes et est en perpétuelle amélioration et production. Cette pratique est entrée dans les pratiques au Burkina Faso depuis la crise de 1974 où il y a eu moins de pluie et surtout plus de famine. Selon Mr Zongo, avec cette pratique qui permet d'avoir de la fumure en 70 jours, il n'y a plus de sol non productif. "On peut comme en Israël, produire sur tous nos sols arides et les amender et les transformer en récupérant les sols pauvres et arides. Les onze millions de km2 utilisables pour l'agriculture peuvent s'améliorer en récupérant ces sols-là", insiste le spécialiste.

Membre de la coopérative Wend songda, Mariam Zabré indique qu'au début, elle utilisait les produits chimiques pour cultiver mais depuis qu'elle a fait l'expérience du compost, sa production s'est améliorée et est très appréciées des clients. "La terre ne demande pas assez d'eau pour la culture et nous constatons nous-mêmes que l'oignon est de très bonne qualité. En plus, l'engrais chimique détériore le sol. La conservation de l'oignon cultivé avec l'engrais chimique est plus difficile que celui produit avec le compost", témoigne dame Zabré.

Au-delà des difficultés liées à la commercialisation, le stockage des productions est une problématique à résoudre pour ces femmes en témoigne Rakieta Sawadogo, une grossiste : "Je viens acheter les oignons dans le jardin et je les revend aux commerçants de la Côte d'Ivoire, du Ghana etc. Etant donné que nous n'avons pas de magasin de stockage digne du nom, je suis obligée d'utiliser des techniques propres à moi pour la conservation. Même s'il est vrai que les clients sont satisfaits de la qualité de nos oignons, il n'en demeure pas moins qu'un bon magasin de stockage nous permettra de bien conserver afin de les vendre à plein temps. J'avoue que ce commerce me permet de bien gagner ma vie."

La mutuelle de microcrédit pour sauver les meubles…

la Mutuelle de microcrédit en milieu rural de ladite association que dirige Priscille Zongo semble être l'une des solutions pour venir en aide à ces braves femmes qui entendent obtenir une véritable autonomie financière à partir de la culture d'oignon. "C'est mutuelle est née de la volonté de l'ADTEA d'autonomiser la femme. L'agro écologie est un cercle fermé où on met tout en œuvre pour l'Homme puisse profiter de la production agricole. Et si cette production agricole n'est pas transformée, il manquera quelque chose dans la chaine. D'où l'importance de mettre l'accent sur la femme qui est responsable de la transformation des produits agricoles en milieu rurale. C'est ce qui justifie la création de cette mutuelle de microcrédit depuis 1990", explique Priscille Zongo.

En effet, ladite mutuelle joue le rôle d'interface entre les coopératives et les banques classiques. Mais au-delà, c'est une véritable course contre la montre pour cette passionnée de l'agro écologie qui se bat bec et ongles pour l'autonomisation de la femme en milieu rural. "L'objectif pour nous, c'est de transformer la production agricole mais surtout d'autonomiser la femme. Et il y a un vrai motif de satisfaction lorsque vous écoutez les témoignages des femmes qui disent qu'elles arrivent à subvenir à leurs besoins et qu'elles se sentent utiles dans la communauté", se réjouit-elle.

Ce qui emmène dame Zongo à se rendre régulièrement sur le site de production pour assister ces femmes afin de mener avec elles, cette aventure humaine. Fort de ce que le rapport travail fourni et résultat peut être amélioré, la coordonatrice de la mutuelle espère vivement l'accompagnement de partenaires publics et privées pour améliorer les conditions de travail et de vie de ces femmes. Parce que pour elle, il faut permettre aux indigents d'être pauvres et aux pauvres à atteindre l'autonomisation.

C’est un des légumes crus les plus commercialisés dans le monde grâce à sa durée de conservation relativement longue. Les pays d’Afrique de l’Ouest tels que le Nigeria, le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso, sont de grands producteurs d’oignon.  Toutefois, seuls le Nigeria et le Burkina Faso produisent des quantités qui excèdent la demande intérieure. Avec une production annuelle moyenne de 1,1 million de tonnes environ, l’Afrique de l’Ouest représente moins de 2% de la production mondiale d’oignon selon les experts. En termes d’exportation, le Niger et le Burkina sont les deux seuls pays en Afrique de l’Ouest qui produisent des oignons en quantité suffisante pour satisfaire la demande intérieure et pour exporter leur excédent. Au Burkina, la production et le surplus est exporté vers les pays voisins tels que le Ghana, la Cote d’ivoire et le Togo.

fasozine

La pression citoyenne et judiciaire pousse des géants de l'agrochimie à changer de stratégie. Corteva, le plus grand fabricant de chlorpyrifos au monde, vient d'annoncer qu'il ne produirait plus ce pesticide très controversé alors que l'Union européenne vient de l'interdire sur son territoire. Une annonce qui fait écho à une réflexion entamée chez Bayer-Monsanto de ne plus vendre de glyphosate aux particuliers pour éviter qu'ils viennent grossir les rangs des millions de plaignants du Roundup.

Pendant longtemps, les géants de l’agrochimie ont joué l’indifférence face à la pression citoyenne et judiciaire qui pesait sur leurs produits. Mais cette pression est désormais si forte qu’elle les pousse à revoir leur stratégie. L’exemple le plus criant est l’annonce diffusée par Corteva le 6 février. D'ici la fin de l'année, le géant issu de la fusion entre Dow et Dupont, plus grand fabricant de chlorpyrifos au monde, a annoncé mettre fin à la production de ce pesticide qu’il commercialisait depuis 1965 !

Cette décision est "difficile" selon la présidente de la protection des cultures de Corteva, Susanne Wasson, auprès de Reuters. Elle résulte d’une vraie pression, qui a mené les États membres de l’Union européenne à ne pas renouveler l’autorisation de mise sur le marché du chlorpyrifos à partir du 31 janvier 2020. Elle a été motivée par la nocivité du pesticide sur le cerveau des fœtus et des jeunes enfants. Selon une étude réalisée par un groupe de chercheurs internationaux publiée en 2015 dans la revue Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, la famille de pesticides à laquelle appartient le chlorpyrifos ferait perdre en moyenne 2,5 points de quotient intellectuel (QI) à chaque enfant européen.

Pour justifier sa décision, Corteva préfère évoquer une baisse des ventes. Il indique ainsi une chute de 20 % de la demande aux États-Unis, son plus gros marché, depuis les années 1990. Et la récente interdiction de son produit en Europe mais aussi en Californie devrait aggraver la situation.

Les géants doivent faire des compromis

Chez son concurrent, Bayer, qui a avalé Monsanto en 2018, c’est en revanche une véritable crise. Le groupe croule sous les menaces judiciaires liées au Roundup, le produit phare du géant des OGM. Le risque financier est énorme, estimé entre 15 et 20 milliards de dollars. Jusqu’ici, le géant s’était montré stoïque. Mais la stratégie des avocats spécialisés dans les class action (actions judiciaires collectives) a fait virer de bord le paquebot Bayer. Les avocats auraient dépensé plus de 50 millions de dollars en annonces télévisuelles pour attirer les plaignants.

Une stratégie payante puisque, selon les informations du journal allemand Handelsblatt, Bayer envisage désormais d’arrêter les ventes au détail de glyphosate tout en continuer de servir les agriculteurs. Ce sont en effet les particuliers qui composent la majorité des plaignants. Le groupe, déjà affaibli par une capitalisation boursière qui a fondu de moitié depuis la fusion avec Monsanto et un vote de défiance de la part des actionnaires, doit maintenant montrer patte blanche. Et cela passe par des compromis auquel des géants de l’agrochimie vont devoir s’accoutumer. 

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