Baye Salla Mar

Baye Salla Mar

Initialement créée pour lutter contre le paludisme, le VIH et les violences faites aux femmes, SFBLSP-Burundi a, au fil des années, élargi sa mission à l’accompagnement des femmes vers une autonomie financière.

LTA : L'organisation Solidarité des femmes burundaises pour la lutte contre le sida et le paludisme (SFBLSP-Burundi) a été fondée en 2004. Quels sont aujourd'hui vos champs d'action ?

Espérance Ntirampeba : Notre organisation SFBSP-Burundi travaille sur la mobilisation des femmes pour les amener à une prise de conscience. L'objectif est d'aider les femmes de notre réseau à parvenir à une plus grande autonomie financière. Par ce mécanisme, Elles parviennent à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. SFBLSP-Burundi met particulièrement l'accent sur le renforcement de la capacité des femmes, en ce qui concerne des activités génératrices de revenus. Et nos actions auprès des femmes rurales sont principalement orientées vers une mobilisation sur des problématiques liées aux changements climatiques, pour trouver des solutions alternatives face l'impact des effets du changement climatique.

Par quels mécanismes, SFBLSP aide-t-elle ces femmes à devenir plus indépendantes financièrement ?

Nous leur octroyons des microcrédits rotatifs avec une approche de chaine de solidarité communautaire (CSC). Elles bénéficient également d'un renforcement de capacités et d'accompagnement des membres de la CSC. Nous avons aussi des formations au niveau des différents groupements de femmes et mettons en place des partenariats, des visites d'échanges pour rendre la CSC plus fonctionnelle. La CSC est considérée comme un puissant facteur de cohésion sociale, d'autopromotion et l'une des meilleures stratégies de développement rural au Burundi. Nos formations sont centrées sur le renforcement de capacité des femmes, sur le changement de paradigmes et de mentalité pour parvenir à leur autonomisation économique. L'objectif est de les rendre autonomes sur le plan financier. Mais mettons l'accent sur le renforcement de capacité des femmes sur la gestion des activités génératrices de revenus pour y parvenir.

Comment décrirez-vous la situation de la femme au Burundi ?

La femme a toujours eu un rôle important dans la société burundaise. Elle est la pierre angulaire de la famille au Burundi. Cependant, la position sociale de la femme burundaise reste toujours inférieure à celle de l'homme malgré quelques améliorations qui s'observent actuellement. L'image que la société burundaise a à l'égard de la femme empêche à cette dernière d'évoluer rapidement vers une position sociale égale à celle de l'homme. La femme burundaise reste toujours cantonnée dans le rôle de la femme au foyer, la ménagère. Aussi en Burundi, l'agriculture occupe la plus grande partie de la population et la majorité des travailleurs agricoles sont des femmes, des jeunes déscolarisés sans autre emploi et des groupes marginalisés. Maintenant le défi est de faire de la femme Burundaise, la principale bénéficiaire de cette production agricole.

Quelles sont les améliorations notées au cours de ces dernières années sur le plan réglementaire, juridique, dans le statut de la femme burundaise ?

D'une manière générale, le Burundi est parmi les pays qui musellent le plus les droits et libertés des organisations de la société civile en Afrique. De ce fait, sur le plan réglementaire, juridique on peut dire que rien à changer. Nous continuons de dire que le statut de la femme burundaise nécessite un renforcement et appui pour l'autonomisation économique et le développement.

Quelles sont aujourd'hui vos principales revendications ?

Nos principales revendications portent notamment sur la nécessité d'une meilleure ouverture de l'espace des droits humains. Au Burundi, l'espace politique est en train de se rétrécir notamment les droits de la personne à la liberté d'association et de rassemblement non violent. Nous voudrions que le gouvernement prenne toutes les mesures permettant à chaque Burundais et chaque Burundaise d'exercer ses droits à la liberté d'expression, d'association et de rassemblement non violent. Cela devrait aider la femme burundaise d'être mieux accompagnée pour mener des activités génératrices de revenus dans la paix et la sécurité.

LTA

Le National Health Service, le service de santé public du Royaume-Uni vise la neutralité carbone d’ici 2050. Un engagement inédit. Pourtant, le secteur de la santé pèse aujourd’hui près de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est deux fois plus que l’aviation.

Le National Health Service (NHS), le système de santé public britannique, s’engage à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. C’est loin d’être anodin quand on sait qu’il s’agit du plus important employeur en Angleterre avec 1,3 million de salariés et qu’il est responsable de 5,4 % des émissions du pays. Pour son directeur général, Sir Simon Stevens, il s’agit donc de jouer un rôle significatif dans la lutte contre le changement climatique mais aussi dans le domaine de la santé alors qu’on dénombre près de 700 morts chaque semaine liées à la pollution dans le pays.

"Le NHS fait à la fois partie du problème et de la solution, explique-t-il. Si les services de santé à travers le monde étaient un pays, ils seraient le cinquième plus gros émetteur de la planète. C'est pourquoi nous mobilisons aujourd'hui nos employés et que nous travaillerons avec les meilleurs experts mondiaux pour établir une feuille de route visant le zéro émissions nettes." 

L'équivalent de 514 centrales à charbon

Réduction de l’empreinte carbone des hôpitaux, de la consommation d’énergie et de la production de déchets, utilisation de gaz anesthésiques et d’inhalateurs moins polluants, promotion de modes de déplacements plus actifs pour le personnel et optimisation des allées et venues des patients et des visiteurs forment les principales mesures. Un comité d’experts devra rendre son rapport détaillé d’ici la COP26 sur le climat justement organisée par le Royaume-Uni en novembre prochain.

Selon l’ONG Health Care Without Harm, le secteur de la santé au niveau mondial est responsable de 4,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), soit l’équivalent des émissions annuelles produites par 514 centrales thermiques alimentées au charbon. Le secteur européen est le troisième émetteur, derrière les États-Unis et la Chine. 71 % des émissions proviennent de la chaîne d'approvisionnement (produits pharmaceutiques et autres produits chimiques, produits alimentaires et agricoles, appareils médicaux, équipements hospitaliers et instruments).

En France, l'Assistance Public-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a lancé un appel à projets en 2019 pour accélérer sa transition écologique. Parmi les lauréats, il y a les projets "Vers un bloc opératoire éco-responsable" et "Sub-Or" qui visent à éliminer les gaz anesthésiants les plus polluants, à recycler les métaux et à réduire la consommation d’énergie. Le jury a aussi retenu la mise en place de courses en vélo pour transporter par exemple les prélèvements biologiques d'un site à l'autre.

La guerre au Yémen transforme depuis cinq ans chaque jour en un défi pour les millions d'habitants de ce pays: comme eux, les animaux du zoo de Sanaa, ne savent pas de quoi demain sera fait.

Dans la capitale, prise en 2014 par les rebelles Houthis, un employé ouvre une grille pour jeter une carcasse d'âne à 31 lions affamés, qui se jettent sur leur déjeuner avant de le dévorer.

Quatre fauves sont déjà morts de faim en 2017, raconte à l'AFP leur gardien, Amin al-Majdi.

"Nous sommes confrontés à une hausse du prix des ânes", soupire-t-il. "Avant, nous abattions trois ou quatre ânes (par jour) pour nos six lions, mais maintenant (qu'ils sont) 31 nous sommes obligés d'en abattre 10 à 12."

A l'instar du reste du pays --où la guerre débutée en 2015 a provoqué la plus grave crise humanitaire au monde et poussé la population au bord de la famine selon l'ONU--, le zoo de Sanaa peine à fournir une nourriture suffisante à ses 1.159 animaux.

 

Parmi ces derniers, deux léopards arabes, une espèce menacée, se couchent souvent le ventre vide, comme les dizaines de singes qui survivent en grappillant des restes de nourriture lancés par les visiteurs.

- "Bouffée d'air" -

Le zoo de la capitale est pourtant en meilleur état que ceux de Taëz (sud-ouest) et d'Ibb (centre), affirme Kim Michelle Broderick, fondatrice de One World Actors Animal Rescues (OWAP), une ONG basée en France qui collecte des fonds en faveur des zoos yéménites.

A Ibb, les animaux ne sont "pas nourris du tout", dénonce-t-elle. Et quel que soit le zoo, "les cages sont minuscules et les animaux souffrent de traumatismes chroniques."

L'OWAP est l'une des rares organisations internationales de défense de la cause animale à intervenir au Yémen, où elle distribue des rations alimentaires d'urgence et de l'eau aux animaux, mais assure aussi des soins vétérinaires aux chevaux, aux animaux de ferme et aux animaux errants.

 

Outre l'envolée des prix pour une carcasse d'âne, la baisse du nombre de visiteurs joue sur les finances du zoo de Sanaa.

"Notre seul revenu provient de la vente des billets", explique à l'AFP le directeur adjoint du zoo, Mohammed Abou Aoun.

Selon lui, la vente de tickets d'entrée rapporte entre 2 et 3 millions de riyals (3.000 à 4.500 euros) par mois, ce qui est insuffisant pour nourrir les animaux et payer les employés.

Pour Tawheed al-Thahbi, un visiteur du zoo, le lieu reste pourtant l'un des rares endroits à offrir un peu d'évasion à une population épuisée par des années de conflit.

"Le zoo est devenu la seule bouffée d'air frais. Nous ne voyons que destruction, guerre et agression", confie-t-il à l'AFP.

Des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées et des millions ont été déplacées par le conflit au Yémen.

© 2020 AFP

A cause de la hausse des températures, de nouvelles espèces végétales font leur apparition à des altitudes très élevées. Les conséquences de ce phénomène ne sont pas encore connues.

Le réchauffement climatique continue de transformer l'environnement. C'est notamment le cas dans l'Himalaya, comme l'ont démontré des chercheurs de l'université d'Exeter. Dans un rapport publié dans le journal Global Change Biology, ils expliquent s'être servis de données satellitaires de la Nasa, allant de 1993 à 2018. Ils se sont concentrés sur la région subnivale, c'est à dire la zone entre la limite des derniers arbres et celle des premières neiges. Cela leur a permis de mesurer la progression de la végétation vers les sommets de l'Himalaya, y compris autour du mont Everest, le point culminant.

Les chercheurs se sont rendus compte que de la végétation était apparue à des endroits où elle n'existait pas auparavant, colonisant des zones autrefois glacées. Il s'agit de petites herbes et arbustes, cohabitant avec la neige saisonnière. "La tendance la plus forte dans l'augmentation de la couverture végétale se situe entre 5 000 mètres et 5 500 mètres d'altitude, a déclaré au Guardian le Dr Karen Anderson, une des auteures du rapport. À des altitudes plus élevées, l'expansion a été forte sur des zones plus plates, tandis qu'à des niveaux inférieurs, cela a été observé sur des pentes plus raides."

 

L'impact de cette végétation grandissante dans la région n'est pas encore connue, mais les scientifiques craignent notamment une augmentation des inondations. Des études réalisées en Arctique ont en effet permis de démonter que la présence de plantes réchauffe la zone où elles poussent. En absorbant la lumière, elles réchauffent le sol, entraînant la fonte de la neige. "Ce serait une mauvaise nouvelle pour l'Himalaya, a conclu Karen Anderson. L’écosystème subnival est l'endroit où la neige saisonnière est retenue et s'il fait plus chaud, vous obtiendrez une zone avec des taux de fonte encore plus rapides. Nous ne savons vraiment pas grand-chose sur ce domaine et nous devons y concentrer nos recherches car c'est une partie importante de l'histoire de l'approvisionnement en eau dans l'Himalaya qui se joue ici."

Geo

Une étude qui donne le bourdon: les populations de cet insecte en Europe et en Amérique du Nord ont fortement décliné à cause de la hausse des températures due au changement climatique, et certaines espèces pourraient même disparaître, selon des chercheurs canadiens.

"Des populations disparaissent dans des endroits où les températures s'élèvent. Si le déclin se poursuit à ce rythme, nombre de ces espèces pourraient s'éteindre pour toujours d'ici quelques décennies", a commenté l'auteur principal de l'étude, Peter Soroye, de l'université d'Ottawa.

Des conclusions d'autant plus préoccupantes en termes de biodiversité que le bourdon joue un rôle important de pollinisateur.

Pour parvenir à cette observation, les chercheurs ont pris en compte plus de 500.000 données sur 66 espèces de bourdons en Europe et en Amérique du Nord, portant sur la période 1901-1974 puis 2000-2014.

 

Ils ont mis en regard la distribution géographique et la diversité de ces populations avec les changements en termes de température et de précipitations.

Conclusion: la probabilité de voir un site occupé par les bourdons est nettement plus faible dans la période 2000-2014 que dans la période 1901-1974. Cette baisse se monte à 46% en Amérique du Nord et 17% en Europe.

"On peut s'attendre à un déclin encore plus important pour les bourdons en termes d'occupation de territoires et de biodiversité dans les endroits où les changements climatiques excèdent ce que l'espèce peut tolérer", écrivent les chercheurs.

Ces dernières années, d'autres études ont mis en évidence les menaces qui pèsent sur une multitude d'espèces animales. Il est toutefois compliqué de déterminer la part de responsabilité du changement climatique et celle des problèmes environnementaux (pesticides, etc.)

 

Selon les scientifiques, les canicules sont un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à encore se multiplier, s'allonger et s'intensifier.

En outre, avec le réchauffement climatique, l'intensité et la fréquence des épisodes de sécheresse risque encore d'augmenter même si le monde parvient à limiter la hausse des températures à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

© 2020 AFP

Quatre gorilles de montagne, une espèce protégée, ont été tués par la foudre dans un parc national en Ouganda, a annoncé un organisme transfrontalier de conservation d'aires protégées.

"Sur la base des lésions macroscopiques de (l'examen) post-mortem, l'observation sur le terrain et l'histoire de l'évaluation, la cause provisoire de la mort des quatre individus est susceptible d'être l'électrocution par la foudre", écrit la Collaboration transfrontalière du Grand Virunga (GVTC) dans un communiqué.

Des examens en laboratoires doivent cependant confirmer la cause des décès des quatre gorilles dans un délai de deux à trois semaines, est-il ajouté.

Ces trois femelles adultes et ce jeune mâle faisaient partie d'un groupe de 17 gorilles, dans le parc national Mgahinga (sud-ouest de l'Ouganda).

En 2008, on estimait qu'il ne restait que 680 de ces grands singes, mais grâce aux efforts de conservation et aux patrouilles anti-braconnage, leur population est passée à plus de 1.000.

 

Le gorille de montagne, une sous-espèce du gorille de l'est, est ainsi passé de la catégorie "en danger critique d'extinction" à "en danger", selon la nomenclature de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Le parc national Mgahinga fait partie du massif des Virunga, l'une des aires de conservation les plus importantes au monde, à cheval sur la RD Congo, le Rwanda et l'Ouganda.

La Collaboration transfrontalière du Grand Virunga (GVTC), établie sur base d'un traité en 2015 entre ces trois pays, cadre les programmes, plans et activités pour protéger cette zone.

© 2020 AFP

Les HFC-23 sont des gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant 13 000 fois plus important que celui du CO2. Méconnu du public, il est utilisé dans les climatiseurs ou les réfrigérateurs. Alors que son taux aurait drastiquement dû baisser depuis 2014, il bat des records. Les chercheurs pointent du doigt la Chine et l'Inde.

Alors que toute l'attention est focalisée sur le CO2, le dioxyde de carbone, un autre gaz à effet de serre est en train de battre tous les records. Il s’agit des HFC-23, les trifluorométhanes présents dans les climatiseurs ou les réfrigérateurs. Le problème, c’est que leur pouvoir réchauffant est près de 13 000 fois plus important que celui du CO2 et que leur durée de vie est de 228 ans.

Alors qu’ils auraient dû disparaître, leur concentration dans l’atmosphère augmente à des taux historiquement élevés. Ainsi l’écart entre la baisse attendue et le taux effectif de HFC-23 dans l’atmosphère représente l’équivalent des émissions de CO2 de l'Espagne sur une année. C’est ce qu’ont constaté des chercheurs dans une étude publiée le 21 janvier dans la revue Nature Communication (1). La Chine et l’Inde seraient à l’origine de cette hausse spectaculaire alors que les deux pays avaient affirmé une réduction drastique.

La baisse attendue était de 87 %

"À partir de 2015, la Chine et l’Inde, qui dominent la production mondiale de HCFC-22, dont le HFC-23 est un dérivé, ont défini des programmes ambitieux qui auraient dû entraîner une baisse des émissions mondiales de 87 % entre 2014 et 2017", écrivent les auteurs de l’étude. "Étant donné l’ampleur de l’écart entre les émissions attendues et celles déduites par observation, il est probable que les réductions signalées ne se sont pas pleinement matérialisées ou qu’il peut y avoir une production non déclarée importante de HCFC-22, entraînant des émissions de sous-produits de HFC-23 non comptabilisées".

En 2016, l’Accord de Kigali avait permis d’adopter un amendement au Protocole de Montréal sur la couche d’ozone afin d'éliminer progressivement les HFC. Car si ces-derniers s’avèrent efficaces pour lutter contre destruction de la couche d’ozone, ils se sont en revanche révélés désastreux pour le climat. Selon les experts, il est techniquement possible de remplacer les HFC à moindre coût. Leur élimination pourrait réduire de 0,5°C le réchauffement mondial à horizon 2100, selon une étude de l’IGSD (Intitute for governance and sustainable development). 

Novethic

Les majors pétrolières vivent bien au-dessus de leurs moyens, selon une étude de l’institut d’analyse économique et financière de l’énergie. Malgré un poids dans l’économie qui ne cesse de décroître, elles versent tous les ans de généreux dividendes à leurs actionnaires, qui dépassent largement leur trésorerie disponible. Face à la méfiance des investisseurs, qui craignent le risque d’actifs échoués, les compagnies pétrolières préfèrent donc s’endetter pour conserver leurs actionnaires.

Plus une entreprise gagne d’argent, plus elle pourra payer des dividendes à ses actionnaires. Ce principe classique de l’économie de marché est battu en brèche par les grandes compagnies pétrolières. Selon une étude réalisée par l’Institute for Energy and Financial Analysis (IEEFA, Institut de l’analyse économique et financière de l’énergie), cinq des plus grandes majors du pétrole versent plus de dividendes qu’elles ne génèrent d’argent.

L’étude, intitulée "Living beyond their means" (ils vivent au-dessus de leurs moyens), montre qu’entre 2010 et 2018, ExxonMobil, BP, Chevron, Total et Shell ont versé en tout 536 milliards de dollars de dividendes à leurs actionnaires. Mais, sur la même période, ces cinq entreprises n’ont généré que 329 milliards de dollars de flux de trésorerie disponible. Pour combler l’écart de 207 milliards de dollars, ces cinq majors ont eu recours soit à l’endettement, soit à la vente d’actifs.

L’étude de l’institut américain reflète en fait le déclin progressif du secteur des énergies fossiles, autrefois industrie majeure tirant l’économie mondiale. Selon Bloomberg, la part du secteur de l’énergie dans le S&P 500, l’indice phare américain, est tombée sous les 4 % fin janvier. Une chute dans l’indice phare américain, qui semble inexorable depuis 2009-2010.

Secteur sous pression

Les investisseurs craignent une perte de valeur des actifs des pétroliers du fait de l’évolution du marché. De plus en plus de pays prennent des engagements pour réduire leur empreinte carbone et poussent des secteurs, comme l’automobile, à se passer des énergies fossiles. Le modèle économique de ces entreprises s’en trouve donc fortement abîmé et le risque de voir des actifs échoués dans leurs portefeuilles devient de plus en plus fort. Plusieurs compagnies pétrolières ont même dû déprécier récemment certains de leurs actifs.

Le seul moyen que trouvent les grandes majors pour continuer d’attirer les investisseurs, consiste donc à leur verser de généreux dividendes, quitte à ce qu’ils soient décorrélés de la performance économique réelle de l’entreprise. Le paiement des dividendes ne serait donc qu’un pansement sur un "secteur en désarroi", selon Tom Sanzillo, co-auteur de l’étude et directeur pour la finance de l’IEEFA.

"Les majors pétrolières sous-performent constamment le marché et elles semblent penser que les actionnaires ne le remarqueront pas tant qu’elles versent de généreux dividendes", explique-t-il. Même la remontée du prix du baril ne suffit pas à rééquilibrer la balance. Selon l’IEEFA, les prix élevés en 2013 et 2014 ont simplement poussé les pétroliers à augmenter encore plus la distribution de dividendes ces années-là.

ExxonMobil est celui dont l’écart entre les dividendes versés et les flux de trésorerie disponibles est le plus grand, avec 64,5 milliards de dollars. C’est aussi l’une des majors les moins engagées dans la transition énergétique, elle a même fait face à un procès pour avoir menti à ses investisseurs sur la réalité du changement climatique. Les dividendes versés par le pétrolier américain n’ont cessé de croître depuis 37 ans. Et l’écart devrait encore se creuser cette année, vu qu’Exxon prévoit encore d’augmenter les versements aux actionnaires, malgré des résultats insatisfaisants. Il devrait ainsi couvrir 64 % des dividendes versés au titre de l’année 2019 avec de l’endettement ou des cessions d’actifs, contre 30 % en moyenne depuis 2010.

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